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Lire ''Au Bonheur des Dames'' d'Émile Zola

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Séquence 5 — séance 1<br />

Ah ! ma bonne1 , quelle lettre ! quelle peinture2 de l’état3 où vous avez été ! et que je<br />

vous aurais mal tenu ma parole, si je vous avais promis de n’être point effrayée d’un<br />

si grand péril ! Je sais bien qu’il est passé. Mais il est impossible de se représenter<br />

votre vie si proche de sa fin, sans frémir d’horreur. Et M. de Grignan vous laisse<br />

conduire la barque ; et quand vous êtes téméraire4 , il trouve plaisant de l’être encore<br />

plus que vous ; au lieu de vous faire attendre que l’orage fût passé, il veut bien vous<br />

exposer5 , et vogue la galère ! Ah mon Dieu ! qu’il eût été bien mieux d’être timide, et<br />

de vous dire que si vous n’aviez point de peur, il en avait, lui, et ne souffrirait6 point<br />

que vous traversassiez le Rhône par un temps comme celui qu’il faisait ! Que j’ai de<br />

la peine à comprendre sa tendresse en cette occasion ! Ce Rhône qui fait peur à tout<br />

le monde ! Ce pont d’Avignon où l’on aurait tort de passer en prenant de loin7 toutes<br />

ses mesures8 ! Un tourbillon de vent vous jette violemment sous une arche ! Et quel<br />

miracle que vous n’ayez pas été brisée et noyée dans un moment9 ! Ma bonne, je ne<br />

soutiens pas10 cette pensée, j’en frissonne, et m’en suis réveillée avec <strong>des</strong> sursauts<br />

dont je ne suis pas la maîtresse. Trouvez-vous toujours que le Rhône ne soit que<br />

de l’eau ? De bonne foi, n’avez-vous point été effrayée d’une mort si proche et si<br />

inévitable ? Avez-vous trouvé ce péril d’un bon goût ? Une autre fois ne serez-vous<br />

point un peu moins hasardeuse11 ? Une aventure comme celle-là ne vous fera-t-elle<br />

point voir les dangers aussi terribles qu’ils sont ? Je vous prie de m’avouer ce qui<br />

vous en est resté12 1<br />

5<br />

10<br />

15<br />

20<br />

; je crois du moins que vous avez rendu grâce à Dieu de vous avoir<br />

sauvée. Pour moi, je suis persuadée que les messes que j’ai fait dire tous les jours<br />

pour vous ont fait ce miracle […].<br />

Notes :<br />

1. « ma bonne » : expression familière et tendre pour désigner sa fille.<br />

2. « peinture » : <strong>des</strong>cription.<br />

3. « état » : situation.<br />

4. « téméraire » : imprudente.<br />

5. « vous exposer » : vous mettre en danger.<br />

6. « souffrirait » : supporterait.<br />

7. « de loin » : approximativement.<br />

8. « prendre toutes ses mesures » : prendre toutes ses précautions.<br />

9. « dans un moment » : en un instant.<br />

10. « je ne soutiens pas » : je ne supporte pas.<br />

11. « hasardeuse » : imprudente, qui s’en remet au hasard.<br />

12. « ce qui vous en est resté » : l’impression qu’il vous en reste.<br />

A La tendresse d’une mère<br />

As-tu bien lu ? Pour vérifier ta lecture, réponds aux questions suivantes, sur ton cahier, en<br />

rédigeant <strong>des</strong> phrases complètes.<br />

1- a) Qui écrit cette lettre ?<br />

158<br />

b) À qui est adressée cette lettre ?<br />

c) Quand la lettre a-t-elle été écrite ?<br />

Tu as certainement trouvé les bonnes réponses ; regarde tout de même dans le corrigé. Lis<br />

soigneusement le « Je retiens » suivant et mémorise-le, avant de poursuivre.<br />

— © Cned, Français 4 e

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