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a propos d'un cas clinique “désespéré” de parodontite agressive

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Jacques CHARON<br />

DCD, MS, Parodontiste<br />

Frédéric JOACHIM<br />

DCD, MS, Parodontiste<br />

A PROPOS D’UN CAS<br />

CLINIQUE “DÉSESPÉRÉ”<br />

DE PARODONTITE<br />

AGRESSIVE<br />

Afin d’illustrer notre <strong>propos</strong> et les<br />

concepts énoncés dans notre avant<strong>propos</strong>,<br />

nous voudrions présenter le<br />

<strong>cas</strong> d’une femme <strong>de</strong> 44 ans,<br />

employée administrative dans une<br />

banque, mariée, un enfant (né à<br />

terme) qui consulte le 4 mars 2002<br />

adressée par son chirurgien-<strong>de</strong>ntiste<br />

traitant qu’elle est allée voir pour -<br />

notamment - <strong>de</strong>s mobilités et <strong>de</strong>s saignements.<br />

Ce <strong>de</strong>rnier lui aurait dit<br />

qu’il n’y avait rien d’autre à faire que<br />

d’extraire toutes les <strong>de</strong>nts car son <strong>cas</strong><br />

était "désespéré".<br />

Lors <strong>de</strong> l’entretien, la patiente, sans<br />

antécé<strong>de</strong>nts médicaux particuliers<br />

(sauf <strong>de</strong>s céphalées traitées par un ß<br />

bloquant) se plaint <strong>de</strong>puis 2 ou 3 ans<br />

<strong>de</strong> saignements au brossage, <strong>de</strong> tassements<br />

alimentaires éliminés à<br />

l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> cure-<strong>de</strong>nts, d’abcès unique<br />

localisé dans le secteur postérieur<br />

maxillaire gauche ayant entraîné la<br />

prescription d’un antibiotique en<br />

novembre 2001 (peut-être une amoxicilline),<br />

<strong>de</strong> mobilités et <strong>de</strong> migrations<br />

(diastèmes au niveau <strong>de</strong>s <strong>de</strong>nts antérieures<br />

maxillaires). Le <strong>de</strong>rnier détartrage<br />

a été effectué en juillet 2000<br />

sans suites <strong>clinique</strong>s notables. On<br />

note par ailleurs un traitement orthodontique<br />

à dispositif mobile réalisé<br />

REALITES CLINIQUES Vol. 14 n° 3, 2003 pp. 249-252


1<br />

2<br />

2<br />

Fig. 1 - Aspect <strong>clinique</strong> à la première<br />

consultation<br />

Fig. 2 - Aspect radiologique à la<br />

première consultation<br />

pendant l’enfance. Les habitu<strong>de</strong>s<br />

d’hygiène bucco-<strong>de</strong>ntaire font intervenir<br />

une brosse à <strong>de</strong>nts souple avec<br />

T o n i g e n c y l ® comme <strong>de</strong>ntifrice. Enfin,<br />

il existe <strong>de</strong>s antécé<strong>de</strong>nts familiaux<br />

paternels <strong>de</strong> <strong>parodontite</strong> sévère. La<br />

patiente n’a jamais fumé.<br />

L’examen <strong>clinique</strong> confirme les éléments<br />

<strong>de</strong> l’entretien et objective <strong>de</strong>s<br />

signes infectieux et inflammatoires<br />

généralisés sévères avec présence<br />

<strong>de</strong> plaque et <strong>de</strong> tartre supra et sousgingivaux<br />

abondants (fig. 1). Aucune<br />

carie <strong>de</strong>ntaire n’est <strong>clinique</strong>ment<br />

décelable. On note également <strong>de</strong>s<br />

versions vestibulaires <strong>de</strong>s axes <strong>de</strong>ntaires.<br />

Enfin, il existe très probablement<br />

une parafonction (bruxisme<br />

nocturne). Compte tenu <strong>de</strong>s signes<br />

infectieux en présence, <strong>de</strong>s douleurs<br />

et <strong>de</strong> l’imprécision qu’il aurait entraîné,<br />

aucun sondage n’a été effectué.<br />

Le bilan radiologique long-cône met<br />

en évi<strong>de</strong>nce <strong>de</strong>s pertes d’attache<br />

interproximales généralisées <strong>de</strong><br />

l’ordre <strong>de</strong> 40 à 70 % avec présence<br />

<strong>de</strong> lésions intra-osseuses (fig. 2). La<br />

flore microbienne sous-gingivale,<br />

examinée au microscope à contraste<br />

<strong>de</strong> phase, est essentiellement com-<br />

posée <strong>de</strong> bactéries motiles incompatibles<br />

avec la santé parodontale (spirochètes,<br />

bâtonnets motiles). Afin<br />

d’évaluer les possibles conséquences<br />

systémiques <strong>de</strong> cette infection parodontale,<br />

une numération/formule, une<br />

vitesse <strong>de</strong> sédimentation, un dosage<br />

<strong>de</strong> la protéine C-réactive et du fibrinogène<br />

ont été <strong>de</strong>mandés et n’ont révélé<br />

qu’une glycémie à jeun légèrement<br />

élévée (1,17g/l).<br />

Le diagnostic est donc compatible<br />

avec celui <strong>de</strong> <strong>parodontite</strong> <strong>agressive</strong>,<br />

en phase active, avec 40 à 70 % <strong>de</strong><br />

pertes d’attache généralisées dans<br />

un fort contexte occlusal et un risque<br />

modéré à fort <strong>de</strong> récidive après traitement.<br />

REALITES CLINIQUES Vol. 14 n° 3 2003


3 4<br />

5<br />

Le pronostic global est considéré<br />

comme bon à excellent (sauf pour les<br />

<strong>de</strong>nts 45/25/26/36) pour autant que le<br />

contrôle <strong>de</strong> plaque soit extrêmement<br />

rigoureux. Il a été indiqué et démontré<br />

immédiatement à la patiente les<br />

métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong> contrôle <strong>de</strong> plaque<br />

supragingivale (surtout au niveau <strong>de</strong>s<br />

espaces inter<strong>de</strong>ntaires) : usage, <strong>de</strong>ux<br />

fois par jour, d’un mélange <strong>de</strong> peroxy<strong>de</strong><br />

d’hydrogène à 10 % et <strong>de</strong> bicarbonate<br />

<strong>de</strong> sou<strong>de</strong> (BiCare Plus) suivi<br />

d’un bain <strong>de</strong> bouche avec <strong>de</strong> la chlorhexidine<br />

à 0,2 % (Corsodyl). Le<br />

contrôle <strong>de</strong> plaque sous-gingivale est<br />

assuré par la prescription <strong>de</strong> BiRodogyl<br />

(<strong>de</strong>ux comprimés par jour pendant<br />

5 jours). Une brosse Inava<br />

15/100 et <strong>de</strong>s brossettes Butler 612<br />

J. CHARON et F. JOACHIM<br />

ont été prescrites. Le but <strong>de</strong> ce traitement<br />

anti-infectieux est <strong>de</strong> stopper<br />

l’évolution <strong>de</strong> la pathologie avant <strong>de</strong><br />

procé<strong>de</strong>r à l’élimination du tartre<br />

(aucun détartrage n’a été réalisé<br />

d’emblée).<br />

La patiente, revue un mois plus tard,<br />

indique que les saignements et l’halitose<br />

ont disparu. Par ailleurs, elle fait<br />

part du confort qu’elle éprouve car les<br />

<strong>de</strong>nts sont nettement moins mobiles<br />

(fig. 3). Il a donc pu être commencé,<br />

dans <strong>de</strong> bonnes conditions, l’élimination<br />

méticuleuse et la moins iatrogène<br />

possible d’une gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong>s spicules<br />

<strong>de</strong> tartre supragingival mais surtout<br />

sous-gingival par lithotritie parodontale<br />

non-chirurgicale (Charon et<br />

Mouton, 2003).<br />

Fig. 3 - Aspect <strong>clinique</strong> après 1 mois<br />

<strong>de</strong> contrôle <strong>de</strong> plaque supra<br />

et sous gingivale<br />

Fig. 4 - Aspect <strong>clinique</strong><br />

en avril 2003<br />

Fig. 5 - Aspect radiologique<br />

en avril 2003<br />

Cas <strong>clinique</strong> présenté "en temps réel"<br />

sur le site www.paroconcept.com<br />

3


4<br />

Correspondance :<br />

Jacques Charon<br />

27/29, quai du Wault<br />

59800 Lille<br />

FRANCE<br />

Email : jcharon@nordnet.fr<br />

Six séances <strong>de</strong> lithotritie parodontale<br />

non-chirurgicale d’une <strong>de</strong>mi-heure<br />

chacune ont été nécessaires et<br />

menées à 6 semaines d’intervalles.<br />

Fin février 2003, on observe un arrêt<br />

<strong>de</strong>s mobilités sans recours à la<br />

contention, une réduction "spontanée"<br />

du diastème 21/22, une fermeture <strong>de</strong>s<br />

poches parodontales et une amélioration<br />

<strong>de</strong>s images radiologiques (fig. 4<br />

et 5).<br />

Le traitement parodontal actif a été<br />

terminé en avril 2003. Il est prévu un<br />

traitement orthodontique pour améliorer<br />

l’esthétique (Technique Invisalign).<br />

CONCLUSION<br />

Ce <strong>cas</strong> <strong>clinique</strong> indique que le contrôle<br />

immédiat <strong>de</strong> l’infection par <strong>de</strong>s antimicrobiens<br />

(antiseptiques et antibiotiques<br />

en l’occurrence) a permis <strong>de</strong><br />

supprimer, en quelques semaines, la<br />

plus gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong>s symptômes<br />

invalidants et <strong>de</strong> mettre la pathologie<br />

au repos. L’abord mécanique <strong>de</strong>s<br />

lésions parodontales a pu ensuite se<br />

faire avec la sécurité nécessaire. Les<br />

gains d’attache et la fermeture <strong>de</strong>s<br />

poches parodontales ont été acquis<br />

en supprimant le tartre sous-gingival<br />

(obstacle le plus fréquent à la cicatri-<br />

sation <strong>de</strong>s lésions parodontales) en<br />

conservant le cément.<br />

Nous est-il permis d’émettre l’hypo-<br />

thèse qu’une attitu<strong>de</strong> "conventionnel-<br />

le" ne serait peut-être pas parvenue à<br />

rendre service à la patiente ce qui<br />

suggère que nous avons probable-<br />

ment fait <strong>de</strong>s progrès en parodontie<br />

<strong>de</strong>puis les 25 <strong>de</strong>rnières années ?<br />

REALITES CLINIQUES Vol. 14 n° 3 2003

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