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La greffe du sinus maxillaire par approche latérale - Information ...

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Spécial IMPLANTOLOGIE<br />

118<br />

<strong>La</strong> <strong>greffe</strong> <strong>du</strong> <strong>sinus</strong> <strong>maxillaire</strong> <strong>par</strong> <strong>approche</strong> <strong>latérale</strong> est aujourd’hui<br />

une technique de routine qui permet d’obtenir un taux de survie<br />

des implants supérieur à 96 % [2, 6, 7] dans la région <strong>maxillaire</strong> postérieure.<br />

Cette technique présente malgré tout des complications qui auront<br />

une influence plus ou moins importante sur le taux de survie des implants<br />

à long terme.<br />

Diagnostic et gestion<br />

pré-opératoire<br />

de la pathologie<br />

<strong>du</strong> <strong>sinus</strong> avant la <strong>greffe</strong><br />

Pascal Valentini<br />

Université de Corse<br />

Ces complications peuvent être classées<br />

en deux catégories : chirurgicales<br />

et infectieuses.<br />

<strong>La</strong> première catégorie regroupe les lésions de<br />

l’artère alvéolo-antrale et les perforations de la<br />

membrane de Schneider. Leur fréquence est<br />

inversement proportionnelle à la dextérité <strong>du</strong><br />

chirurgien et elles n’ont pas d’effets sur la survie<br />

implantaire si elles sont gérées correctement [4].<br />

<strong>La</strong> seconde catégorie regroupe les complications<br />

infectieuses qui se manifestent sous forme de<br />

<strong>sinus</strong>ite chronique ou aiguë. Leur fréquence varie<br />

de 3 à 5 % selon les auteurs [1, 3, 5]. Elles peuvent<br />

être la conséquence d’une mauvaise gestion des<br />

complications peropératoires ou d’une médiocre<br />

évaluation de la pathologie <strong>du</strong> <strong>sinus</strong> avant l’intervention.<br />

Dans les deux cas, elles peuvent avoir de<br />

graves conséquences (fig. 1 et 2).<br />

L’INFORMATION DENTAIRE n° 12 - 23 mars 2011


1. Communication<br />

oro-antrale.<br />

2. Abcès intra<br />

crânien.<br />

3. Le méat moyen<br />

(flèche) est libre.<br />

D’après Timmenga et coll [5], « les <strong>sinus</strong>ites postopératoires<br />

semblent limitées aux patients présentant<br />

une prédisposition pour cela ». Il est donc<br />

primordial de pouvoir identifier les pathologies<br />

ou les <strong>par</strong>ticularités anatomiques qui constituent<br />

ces prédispositions. C’est le but de cet article.<br />

Avant toute intervention de <strong>greffe</strong> <strong>du</strong> <strong>sinus</strong> <strong>maxillaire</strong><br />

afin de poser des implants, il est important<br />

de pouvoir répondre à deux questions.<br />

Le <strong>sinus</strong> à <strong>greffe</strong>r présente-t-il<br />

une pathologie quelconque ?<br />

Pour répondre à cette question, il est impératif<br />

que l’implantologiste se r<strong>approche</strong> de l’ORL qui<br />

est le seul à pouvoir répondre. Il faudra, à <strong>par</strong>tir<br />

d’un examen scanner prescrit <strong>par</strong> l’implanto-<br />

L’INFORMATION DENTAIRE n° 12 - 23 mars 2011<br />

1<br />

4 5 6<br />

7<br />

4. Sinusite<br />

<strong>maxillaire</strong> droite<br />

avec obturation<br />

<strong>du</strong> méat moyen.<br />

5. <strong>La</strong> méatotomie<br />

permet de rétablir<br />

la perméabilité<br />

<strong>du</strong> méat moyen<br />

(chirurgie<br />

Pr Philippe Herman,<br />

Hopital <strong>La</strong>riboisière<br />

Paris).<br />

6. Sinusite<br />

<strong>maxillaire</strong> d’origine<br />

dentaire.<br />

7. Communication<br />

oro-antrale<br />

<strong>par</strong> absence<br />

de fermeture<br />

<strong>du</strong> site d’extraction.<br />

pathologie <strong>du</strong> <strong>sinus</strong><br />

2 3<br />

logiste et (ou) d’un examen endoscopique réalisé<br />

<strong>par</strong> l’ORL, vérifier la perméabilité <strong>du</strong> méat moyen<br />

qui est l’orifice de drainage <strong>du</strong> <strong>sinus</strong> <strong>maxillaire</strong>. Le<br />

méat moyen est situé sous le cornet moyen (fig. 3).<br />

<strong>La</strong> pathologie <strong>du</strong> <strong>sinus</strong> est étroitement liée à l’état<br />

de cette zone. Si la membrane de Schneider est<br />

épaissie en l’absence de toute autre pathologie<br />

périphérique et que le méat est libre, le risque est<br />

nul. En revanche, si le méat est obturé (fig. 4),<br />

l’ORL prescrira un traitement adapté ou réalisera<br />

une méatotomie (fig. 5) pour rétablir la perméabilité.<br />

Après cela, dans les deux cas, la possibilité de<br />

réaliser la <strong>greffe</strong> devra être validée <strong>par</strong> l’ORL.<br />

Le patient peut présenter une <strong>sinus</strong>ite <strong>maxillaire</strong><br />

aiguë ou chronique d’origine dentaire (fig. 6). Si<br />

l’on procède à l’extraction directe des dents causales<br />

sans vérifier la perméabilité <strong>du</strong> méat moyen,<br />

il y a un risque de communication oro-antrale<br />

(fig. 7), le drainage se faisant à travers l’alvéole, car<br />

il sera impossible à travers le méat qui est obturé.<br />

Pour éviter une telle complication, il faudra systématiquement<br />

vérifier la perméabilité <strong>du</strong> méat,<br />

et le cas échéant demander à l’ORL de la rétablir<br />

avant d’extraire la ou les dents causales. Si, en<br />

revanche, le méat est libre, la dent causale pourra<br />

être extraite directement.<br />

119


Spécial IMPLANTOLOGIE<br />

8<br />

10<br />

Si le <strong>sinus</strong> est sain, existe-t-il<br />

un risque d’infection après<br />

la <strong>greffe</strong> ?<br />

<strong>La</strong> réponse à cette question nécessite de pouvoir<br />

anticiper le devenir de la physiologie <strong>du</strong> <strong>sinus</strong><br />

après la <strong>greffe</strong>. Il existe des facteurs locaux et<br />

généraux susceptibles d’entraîner des complications<br />

infectieuses postopératoires.<br />

Le premier facteur est anatomique et peut<br />

modifier la possibilité de drainage à travers le<br />

méat moyen. Toute intervention s’accompagne<br />

d’un œdème de la membrane de Schneider, ce<br />

qui peut entraîner une fermeture de ce méat si<br />

celui-ci est <strong>par</strong>ticulièrement étroit au dé<strong>par</strong>t<br />

(fig. 8).<br />

<strong>La</strong> présence d’une « conca bullosa » (fig. 9), qui<br />

est une hyper pneumatisation <strong>du</strong> cornet moyen,<br />

peut ré<strong>du</strong>ire la largeur <strong>du</strong> méat. Cela peut être<br />

d’autant plus dangereux si, à la suite d’une perforation<br />

non détectée de la membrane <strong>sinus</strong>ienne,<br />

des granules provenant <strong>du</strong> greffon restent bloqués<br />

dans le méat (fig. 10), ce qui provoquera une<br />

<strong>sinus</strong>ite aiguë. Une méatotomie sera alors faite<br />

en urgence pour pouvoir conserver le greffon et<br />

les implants. Afin de prévenir ce type de complication,<br />

il est impératif de procéder à une ablation<br />

(turbinectomie) de la conca bullosa avant<br />

120<br />

9<br />

11 12<br />

10. Des rési<strong>du</strong>s<br />

de greffon<br />

sont bloqués dans<br />

le méat (flèche),<br />

ce qui a provoqué<br />

une <strong>sinus</strong>ite aiguë.<br />

11. Contrairement<br />

au côté droit,<br />

le kyste muqueux<br />

au niveau <strong>du</strong> <strong>sinus</strong><br />

gauche peut obturer<br />

le méat à la suite<br />

de l’élévation<br />

de la membrane<br />

de Schneider.<br />

12. Radio préopératoire.<br />

Le kyste<br />

muqueux est visible<br />

au niveau <strong>du</strong> <strong>sinus</strong><br />

droit (flèche).<br />

13. Radiographie<br />

à 4 ans. Noter<br />

l’absence de récidive<br />

<strong>du</strong> kyste muqueux.<br />

13<br />

8. Après l’intervention,<br />

<strong>du</strong> fait de l’œdème<br />

postopératoire, la largeur<br />

<strong>du</strong> méat moyen droit (déjà étroit<br />

au dé<strong>par</strong>t) a été ré<strong>du</strong>ite.<br />

9. Conca bullosa (flèche).<br />

l’intervention. <strong>La</strong> présence d’une déviation de la<br />

cloison nasale peut présenter les mêmes inconvénients.<br />

<strong>La</strong> nécessité d’effectuer une turbinectomie<br />

ou une correction chirurgicale de la cloison<br />

nasale reste de la responsabilité de l’ORL. Pour<br />

ré<strong>du</strong>ire l’œdème de la membrane, il est prudent<br />

de prescrire des corticoïdes locaux (budénoside,<br />

mométasone) avant et après l’intervention. Le<br />

méat moyen peut être obturé après l’intervention<br />

<strong>du</strong> fait de l’impaction d’un kyste muqueux (fig. 11)<br />

à ce niveau, ce qui va bloquer toute possibilité de<br />

drainage <strong>du</strong> <strong>sinus</strong>. Il est impératif de drainer ce<br />

kyste au moment de la chirurgie de <strong>greffe</strong>, <strong>par</strong><br />

aspiration à l’aide d’une seringue à insuline. Le<br />

résultat à quatre ans révèle l’absence de récidive<br />

<strong>du</strong> kyste muqueux (fig. 12 et 13).<br />

L’INFORMATION DENTAIRE n° 12 - 23 mars 2011


14 15<br />

14. Situation en 1992.<br />

15. Situation intrabuccale<br />

après la perte<br />

des implants 24 et 25.<br />

16. Trajet fistuleux<br />

(flèche) au dé<strong>par</strong>t<br />

de 24.<br />

17. Fragmentation<br />

vestibulaire <strong>du</strong> greffon.<br />

18. Guérison à 4 mois.<br />

19. Résultat à 2 ans.<br />

20. Ostéonécrose bi<strong>latérale</strong><br />

suite à la prise de<br />

bisphophonates.<br />

Le deuxième facteur est dentaire. De la<br />

même façon que pour le kyste muqueux, la présence<br />

d’un rési<strong>du</strong> de pâte endodontique dans<br />

la lumière <strong>du</strong> <strong>sinus</strong> peut se révéler <strong>par</strong>ticulièrement<br />

dangereuse dans la mesure où il peut<br />

migrer et se bloquer dans le méat après l’intervention<br />

et provoquer une aspergillose. Il faudra<br />

impérativement qu’il soit retiré avant <strong>par</strong><br />

l’ORL.<br />

<strong>La</strong> conservation de certaines dents peut être risquée,<br />

comme le montre le cas clinique suivant.<br />

Une patiente a subi en 1992 une <strong>greffe</strong> <strong>du</strong> <strong>sinus</strong><br />

<strong>maxillaire</strong> gauche avec pose de deux implants<br />

en 25 et 26 (fig. 14). En 2004, cette patiente<br />

perd les deux implants et son bridge (fig. 15).<br />

Le scanner révèle la cause de l’infection (fig. 16).<br />

<strong>La</strong> dent 24, porteuse d’une restauration prothétique<br />

iatrogène, s’est fêlée, ce qui a provoqué<br />

une infection chronique <strong>du</strong> greffon et une<br />

perte des implants. Pour prévenir ce type de<br />

complication, il faut pouvoir identifier les dents<br />

à risque et les traiter <strong>par</strong>faitement sur le plan<br />

endodontique. Pour un diagnostic endodontique<br />

<strong>par</strong>fait, le scanner peut être un outil précieux.<br />

Elles devront être extraites si un doute<br />

subsiste au plan endodontique ou prothétique.<br />

Le dernier facteur susceptible d’in<strong>du</strong>ire des<br />

complications infectieuses est un facteur systémique.<br />

Les deux cas cliniques suivants le<br />

démontrent.<br />

L’INFORMATION DENTAIRE n° 12 - 23 mars 2011<br />

17 18<br />

19<br />

pathologie <strong>du</strong> <strong>sinus</strong><br />

16<br />

Un patient de 68 ans subit une <strong>greffe</strong> <strong>du</strong> <strong>sinus</strong> gauche avec pose d’implants<br />

simultanée au mois d’avril. Dix jours après l’intervention, il se<br />

présente à la consultation en urgence et se plaint de fortes douleurs<br />

<strong>du</strong> côté gauche. L’examen clinique révèle un œdème important avec<br />

une absence de signes infectieux. Le patient dit avoir éternué 30 à 40<br />

fois, car il souffre d’une allergie saisonnière au pollen. Malgré nos<br />

recommandations d’éternuer la bouche ouverte, le scanner réalisé en<br />

urgence révèle une fragmentation vestibulaire <strong>du</strong> greffon (fig. 17).<br />

Aussitôt, après avis de l’ORL, une antibothérapie avec des quinolones<br />

de 2e génération est mise en route et le patient est opéré le lendemain.<br />

Après avoir élevé un lambeau, les fragments de greffon désolidarisés<br />

<strong>du</strong> greffon principal sont éliminés à la curette, la stabilité des implants<br />

est testée et le site est rincé à la Bétadine ® verte. Le greffon est complété<br />

<strong>par</strong> un nouvel apport de biomatériau et on le recouvre d’une<br />

membrane collagène imbibée de Bétadine ® verte. Le scanner réalisé<br />

quatre mois plus tard révèle la <strong>par</strong>faite guérison <strong>du</strong> greffon (fig. 18), le<br />

résultat à deux ans le confirme (fig. 19). Il est clair qu’il est préférable<br />

de ne pas intervenir chez ce type de patient au printemps et en été.<br />

121


Spécial IMPLANTOLOGIE<br />

Le deuxième cas est celui d’une patiente de 63 ans<br />

édentée complète qui a subi une double <strong>greffe</strong> de<br />

<strong>sinus</strong> au mois de mars. Un scanner de contrôle réalisé<br />

met en évidence un greffon de très mauvaise<br />

qualité avec des lacunes centrales (fig. 20). À l’interrogatoire,<br />

la patiente reconnaît qu’elle a oublié<br />

de signaler qu’elle est traitée avec de l’alendronate<br />

(Fosamax ® ) depuis huit ans, ce qui explique le<br />

mauvais résultat obtenu. Il faudra donc récuser les<br />

patientes sous bisphosphonates depuis une longue<br />

période, même s’ils sont pris <strong>par</strong> voie orale.<br />

Conclusion<br />

<strong>La</strong> technique de <strong>greffe</strong> <strong>du</strong> <strong>sinus</strong> <strong>maxillaire</strong> <strong>par</strong><br />

<strong>approche</strong> <strong>latérale</strong> est fiable et prévisible. Dans<br />

ce but, la sélection <strong>du</strong> cas doit être faite de façon<br />

rigoureuse afin de pouvoir prévenir toute complication.<br />

Pour cela, l’examen scanner ou cone beam<br />

pré-opératoire et une <strong>par</strong>faite connaissance des<br />

antécédents médicaux <strong>du</strong> patient sont primordiaux.<br />

<strong>La</strong> collaboration étroite entre l’implantologiste<br />

et l’ORL restant la clef de la réussite.<br />

Correspondance<br />

Dr Pascal Valentini<br />

2 avenue Hoche - 75008 Paris<br />

pascalvalentini@aol.com<br />

Privilège abonnés<br />

122<br />

20<br />

20. Ostéonécrose bi<strong>latérale</strong> suite à la prise de bisphophonates.<br />

BiBliographie<br />

Téléchargement gratuit et illimité<br />

des archives de la revue sur<br />

www.information-dentaire.fr<br />

1. Bhattacharyya N. Bilateral chronic maxillary <strong>sinus</strong>itis after<br />

the <strong>sinus</strong> lift proce<strong>du</strong>re. Am J Otorinolaringol 1999 ; (2) :<br />

133-135.<br />

2. Del Fabbro M, Testori T, Francetti L, Weinstein R. Systematic<br />

review of survival rates for implants placed in the grafted<br />

<strong>sinus</strong>. Int J Perio Rest Dent 2004 ; 24 (6) : 565-577.<br />

3. Levin L, Herzberg R, Dolev E, Schwartz-Arad D. Smoking and<br />

complications of onlay grafts and <strong>sinus</strong> lift operations. Int J<br />

Oral Maxillofac Implants 2004 ; (3) : 369-373.<br />

4. Schwartz-Arad D, Herzberg R, Dolev E. The prevalence of surgical<br />

complications of the <strong>sinus</strong> graft proce<strong>du</strong>re and their<br />

impact on implant survival. J Periodontol 2004 ; 75 : 511-<br />

516.<br />

5. Timmenga NM, Raghoebar GM, Boering G, Van Weissenbruch<br />

R. Maxillary <strong>sinus</strong> function after <strong>sinus</strong> lifts for the insertion<br />

of dental implants. J Oral Maxillofac Surg 1997 ; (55) :<br />

936-939.<br />

6. Valentini P, Abensur DJ. Maxillary <strong>sinus</strong> grafting with anorganic<br />

bovine bone : a clinical report of long-term results. Int J<br />

Oral Maxillofac Implants 2003, 18 : 556-560.<br />

7. Wallace SS, Froum SJ. Effect of maxillary <strong>sinus</strong> augmentation<br />

on the survival of endosseous dental implants. A systematic<br />

review. Ann Periodontol 2003 ; 8 : 328-343.<br />

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