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de Liège, ne dépasse pas 750 000 francs; Pierre Depauw-Vanhasselt<br />
retire moins de 500 000 francs de son fourneau et des deux laminoirs<br />
de Grivegnée.<br />
Il existe alors, dans le département de l'Ourthe, une seconde ferblanterie,<br />
celle de Li<strong>be</strong>rt de Beaufraipont à Chênée, <strong>be</strong>aucoup plus<br />
modeste (10 % de la production globale). Ensemble, les deux fabriques<br />
de fer étamé du département sont estimées « les plus considérables<br />
de l'Europe après celles de l'Angleterre ». Mais cette prospérité,<br />
elles la doivent précisément à l'élimination de la concurrence<br />
anglaise, grâce au protectionnisme français aggravé par le blocus<br />
continental. Lorsqu'en 1815, cette concurrence se rétablit sur le continent,<br />
ses effets sont catastrophiques pour l'industrie du fer blanc de<br />
notre région. Faute d'être protégée sur le marché hollando-<strong>be</strong>lge<br />
comme sur le marché européen, désormais entravée par les barrières<br />
douanières dans son commerce avec la France, la ferblanterie du<br />
pays de Liège reçoit « un coup terrible et presque décisif ». Li<strong>be</strong>rt<br />
de Beaufraipont qui s'exprime ainsi, explique que l'Angleterre est<br />
favorisée par le bon marché de ses fers et par ses ressources en étain<br />
indigène. A la ferblanterie de Nicolas Delloye, la production tom<strong>be</strong><br />
en 1816 à 405 000 feuilles pour une valeur de 178 200 francs et<br />
l'effectif de main-d'œuvre se réduit à 50 ouvriers. C'est la ruine ( 1 ).<br />
Mais si l'industrie du fer blanc périclite, les laminoirs survivent<br />
à la crise. Nous reviendrons bientôt sur leur destin ultérieur. Il nous<br />
faut en effet évoquer auparavant la troisième « figure de proue » de<br />
la métallurgie du Hoyoux, dans les premières années du XIX e siècle.<br />
Nicolas Jaumenne appartient, comme Dautrebande, au milieu<br />
des maîtres de forges du comté de Namur ( 2 ), Dès 1794, il achète<br />
l'ancienne forge de Marche et y exploite une affinerie. 11 acquiert<br />
encore l'affinerie de Bivenne. Pour alimenter en fonte ces deux usines,<br />
il construit à Bivenne, en 1801, un haut fourneau à bois; il lui revient<br />
ainsi le mérite d'avoir entrepris de restaurer l'ancienne sidérurgie<br />
du Hoyoux. Malgré sa déconfiture rapide, il trouve des émules. Son<br />
(') Sur l'industrie liégeoise du fer blanc sous le régime impérial, voir THO-<br />
MASSIN, o. c., p. 446; N. CAULIF.R-MATHY, Statistiques de ta province de Liège sous<br />
te régime hollandais (Bruxelles, 1 vol. in-8", 1962); AEL, Gouvernement Provincial,<br />
1815-1823, n os 3258, 3270, 3594.<br />
( 2 ) G. MAIGRET DE PRICHES, O. c., p. 40; A. SPINEUX, J. J. Jaumenne, sidérurgiste<br />
namurois du XVIII'' siècle [Bull. Ass. <strong>be</strong>lge des Amateurs d'Armes et d'Armures,<br />
janvier-juillet 1955).