terre-neuve et alentours

26 CHAPITRE II
L'oncle de Clara, qui nous donnait ces renseignements,
ajouta :
- Dans Ie Discours de son Foyage, Cartier semble
etonne d'avoir trouve la un grand contraste avec Ie
Rocher. II ecrit : Ces isles sont de meilleure terre que
nous eussions oncques uues , en sorte qu'un champ
d'icelles vaut plus que toute la Terre-Neuue. II exagerait,
Ie brave fils de Saint-Malo; toutefois, ce qu'il
avait pu apercevoir de ladite Terre-Neuve n'avait pas
dl1 etre fort attrayant, puisque, de la mer, cette ile a
un aspect rebarbatif qui, sous Ie rapport de la desolation,
n'est inferieur qu'au Labrador! II est un autre
passage caracteristique sur I'ile de Brion. Clara, lis,
je te prie, a ces messieurs, Ie paragraphe que voici du
Discours, j'ai les yeux fatigues.
Je m'ernpressai, en etouffant un baillement, de
I'assurer qu'il etait inutile de prendre cette peine.
Mais en vain.
Clara lut: ... Nous la trouudmes pleine de grands
arbres , de prairies, de campagnes pleines de froment sauvage
et de pois, qui semblaient auoir he semes par des
laboureurs,
Ce Cartier, pour Brion, eut les yeux de Rodrigue,
ajouta la lectrice imperturbablement.
- Hein? Comment? fit Petitpas ahuri.
- Tranquillisez-vous, professeur, fit Clara, I'interpolation
est de moi. Cela ne compte pas!
Je pensai, a part moi, que les premiers explorateurs
etaient bien excusables de croire toujours avo ir
decouvert un pays de Cocagne. Tout etait si etrange,
si merveilleux a leurs yeux dans ce nouveau monde!