CHRONIQUE D'HISTOIRE MARITIME - Société Française d'Histoire ...

LA MARINE FRANÇAISE
ET LA SECURITE DES CHRETIENS DU LEVANT
AU XIX e SIECLE
(1815-1878).
Patrick LOUVIER,
Agrégé d’histoire, docteur en histoire,
enseignant au lycée Alexandre Dumas (Saint-Cloud)
Entre 1770 et 1815, la prééminence de l’Europe bouleverse le
rapport de force entre l’Occident chrétien et le monde arabo-musulman
et couronne de succès la plupart des interventions armées au Levant où
elles précipitent d’anciens mouvements centrifuges. Sans renoncer à
leurs sphères d’influence régionales, la Grande-Bretagne, la Russie et
l’Autriche définissent après l’effondrement du Premier Empire une
politique de statu quo en Méditerranée orientale. La France s’associe à
ce processus qui lui permet de renouer dès 1816 avec le vieux
partenariat franco-turc. Pour neutraliser la question d’Orient et
contrecarrer l’influence russe, l’Angleterre et la France encouragent
après 1830 l’Egypte et l’empire ottoman à conduire des réformes
libérales. Les enjeux religieux et humanitaires motivent également la
politique proche-orientale du Royaume-Uni et de la France dont les
opinions voient dans l’islam une « anti-civilisation », xénophobe et
fanatique, haineuse de tout progrès matériel et moral.
Les chrétiens d’Orient sont les premiers bénéficiaires de cette
occidentalisation. Leur spectaculaire essor se traduit par un fort
accroissement démographique, un enrichissement généralisé et une
place décisive dans la renaissance intellectuelle arabe en Syrie, au Liban
comme en Egypte. Ce dynamisme répond aux attentes de l’opinion
éclairée occidentale et tout particulièrement française. Aucun autre pays
n’arrive en effet avec une telle conviction sa présence au Proche-Orient
à la cause chrétienne. Au-delà des sympathies religieuses et des
motivations politiques, les Français voient dans ces chrétiens d’Orient
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