CHRONIQUE D'HISTOIRE MARITIME - Société Française d'Histoire ...
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L’armée ottomane : une protecteur incertain<br />
Engagée par Sélim III et Mahmûd II, la modernisation de l’armée<br />
régulière ottomane s’accélère après 1840 et produit une force de<br />
maintien de l’ordre d’une réelle efficacité. Il faut ainsi moins de trois<br />
semaines aux troupes de Syrie pour briser en novembre 1850 les<br />
troubles d’Alep dont les catholiques syriens avaient été les victimes, le<br />
16 octobre. Parvenant le 18 novembre à Beyrouth, le commandant de La<br />
Biche se félicite de cette « prompte » répression que les autorités turques<br />
s’empressent de faire connaître sur tout le littoral 51 . Dix années plus<br />
tard, aux lendemains des massacres de Syrie et du Liban, la marche des<br />
troupes ottomanes est une promenade militaire. Durant l’insurrection<br />
crétoise de 1866-1869 et pendant la crise d’Orient de 1875-1878, la<br />
discipline des forces régulières frappe les officiers de la station 52 . Au<br />
plus fort de la crise d’Orient, les rapports navals envisagent ainsi avec<br />
calme la sécurité des communautés européennes dans les villes où sont<br />
cantonnées des forces ottomanes. Si l’armée turque est bien devenue un<br />
outil de maintien de l’ordre efficace après 1840, la protection des<br />
chrétiens du Levant demeure doublement incertaine.<br />
En premier lieu, l’œuvre réformatrice ottomane implique une mise au<br />
pas des provinces semi-autonomes, comme le Liban où les Turcs<br />
attisent les rancœurs de la communauté druze pour affaiblir les clans<br />
maronites. Cette politique de division confessionnelle aboutit à la fin de<br />
1841, en 1842, puis en 1845 à des vagues de violences antimaronites. Le<br />
partenariat que les Ottomans tissent avec les Druzes sous-tend<br />
également quinze années plus tard le saccage du Sud Liban que l’armée<br />
abandonne aux pillards 53 . Ces violences terroristes ne sont pas<br />
circonscrites au Liban, mais éclatent en Syrie en 1850 à Alep, puis en<br />
1860 à Damas où sont massacrés plusieurs milliers de chrétiens arabes.<br />
La lutte contre les insurgés crétois entre 1866 et 1869 suscite également<br />
des émeutes anti-chrétiennes. A des degrés divers, ces désordres<br />
51<br />
BB 4/662, Commandant de « La Biche » au contre-amiral Tréhouart, 10 novembre<br />
1850.<br />
52<br />
BB 4/879, Contre-amiral Moulac au ministre de la Marine, 26 mars 1868.<br />
53<br />
La même ambiguïté caractérise la politique kurde du Sultan dans le plateau du Tour<br />
Abdin où les gouverneurs ottomans tolèrent et encouragent les raids antichrétiens des<br />
tribus kurdes hamidiés (les plus loyales).<br />
COURTOIS (S. de), Le Génocide oublié. Chrétiens d’Orient, les derniers Araméens, Paris,<br />
2002, p. 128-130.<br />
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