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CHRONIQUE D'HISTOIRE MARITIME - Société Française d'Histoire ...

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Le protectorat égyptien et l’émancipation des chrétiens du Levant<br />

(1832-1840)<br />

Le rapide déclin de l’empire ottoman accélère après 1821 les anciennes<br />

tendances centrifuges au bénéfice de trois puissances : la France, la<br />

Russie et l’Egypte de Muhammad ‘Alî (Méhémet Ali), qui s’empare<br />

entre 1831 et 1833 du Liban, de la Syrie, de la Cilicie puis de la Crète.<br />

Les marins de la Station du Levant sentent bien vite la brutalité de<br />

l’occupation égyptienne. Evoquant la résistance des montagnards<br />

crétois, le contre-amiral Hugon y voit en décembre 1833 le résultat<br />

d’une répression démesurée. Dès l’arrivée de La Mésange dans la baie<br />

de la Sude, une délégation de montagnards se rend à bord de la goëlette<br />

pour demander l’arrêt des impositions égyptiennes. Ces démarches<br />

tournent rapidement court et donnent lieu à une ferme mise au point du<br />

contre-amiral Hugon récusant toute intrigue pro-chrétienne. La première<br />

motivation est politique. L’Egypte paraît après la bataille de Konya (27<br />

décembre 1832) et le traité d’Unkiar-Skelesi (8 juillet 1833), le seul<br />

môle de résistance capable de repoussser les ambitions de la Russie et<br />

de l’Angleterre. L’effacement naval est d’autant plus sincère qu’il<br />

semble inopportun en Syrie comme au Liban.<br />

Au contact de ses collaborateurs français, Muhammad ‘Alî a<br />

judicieusement développé ses projets dans le prolongement de<br />

l’entreprise menée par Bonaparte en Egypte. Les bénéficiaires<br />

immédiats de cette politique sont les chrétiens d’Orient. Que leur<br />

émancipation juridique soit le prélude d’une hégémonie occidentale<br />

paraît d’autant moins douteux que l’on perçoit la reprise des efforts<br />

missionnaires. Un diplomate français, le baron de Boislecomte ne doute<br />

pas que les catholiques levantins sont voués à prendre part à la<br />

modernisation du Proche-Orient. « Leurs rapports avec Rome c’est-àdire<br />

avec l’Europe civilisée, écrit-il le 10 août 1833, leur maintiennent<br />

une véritable supériorité de connaissances et d’esprit (…). Les<br />

Lazaristes se disposent à établir à Antoura, dans le Liban, un collège qui<br />

offrira une instruction plus relevée aux principales familles<br />

chrétiennes » 50 . Si l’émancipation des catholiques du Levant et l’action<br />

des congrégations enseignantes peuvent enraciner les « valeurs »<br />

occidentales au Proche-Orient, ce processus repose in fine sur l’outil<br />

50 DOUIN (G.) La Mission du baron de Boislecomte, l’Egypte et la Syrie en 1833, Le<br />

Caire, 1927, p. 205-206.<br />

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