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Orthodontie et parodontie - Belbacha Dental

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Plan<br />

<strong>Orthodontie</strong> <strong>et</strong> <strong>parodontie</strong><br />

L. Massif, L. Frapier<br />

La complémentarité entre l’orthodontie <strong>et</strong> la <strong>parodontie</strong> n’est plus à prouver. Les limites du déplacement<br />

dentaire provoqué sont repoussées <strong>et</strong> ne cessent d’évoluer grâce aux progrès de la <strong>parodontie</strong> <strong>et</strong> de<br />

l’implantologie. L’orthodontie, par les remaniements tissulaires qu’elle génère, devient une alternative<br />

non chirurgicale à l’aménagement tissulaire des sites implantaires. Fontenelle, en 1982, eut c<strong>et</strong>te<br />

réflexion qui fait désormais office de référence : « La dent ne se déplace pas au travers de son os de<br />

soutien, tout se passe comme si elle entraînait avec elle son os de soutien. » Pour cela, les conditions<br />

anatomiques, non inflammatoires <strong>et</strong> biomécaniques doivent être réunies. Dans c<strong>et</strong> article, nous<br />

aborderons dans un premier temps les maladies parodontales, leurs facteurs aggravants <strong>et</strong> leur<br />

classification. Nous développerons ensuite les particularités histologiques du déplacement dentaire<br />

spontané <strong>et</strong> provoqué puis l’interaction entre l’orthodontie <strong>et</strong> la <strong>parodontie</strong>. Nous finirons par les moyens<br />

de maintien des résultats obtenus.<br />

© 2007 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.<br />

Mots clés : Parodontopathie ; Traitement orthodontique ; Déplacement dentaire provoqué ; Contention<br />

Introduction 1<br />

Maladies parodontales 1<br />

Définition 1<br />

Principaux facteurs étiologiques des parodontopathies 2<br />

Facteurs aggravants 2<br />

Facteurs favorisants 3<br />

Classification des maladies parodontales 3<br />

Histophysiologie du déplacement dentaire 4<br />

Acteurs du déplacement dentaire 4<br />

Déplacement dentaire physiologique 5<br />

Déplacement dentaire provoqué 5<br />

Particularités histophysiologiques du parodonte adulte 5<br />

Interaction orthodontie. Parodontie 6<br />

Conditions générales<br />

Thérapeutique initiale ou comment la <strong>parodontie</strong> aide<br />

6<br />

à la réalisation de l’orthodontie 6<br />

Eff<strong>et</strong>s directs du déplacement dentaire provoqué sur le parodonte 7<br />

Maintien des résultats orthoparodontaux 13<br />

Contentions 13<br />

Maintenance parodontale 13<br />

Conclusion 15<br />

■ Introduction<br />

Si l’orthodontie <strong>et</strong> la <strong>parodontie</strong> restent aujourd’hui deux<br />

spécialités à part entière, les relations qui les unissent, pourtant<br />

étudiées depuis longtemps, n’apparaissent véritablement<br />

essentielles que depuis quelques dizaines d’années.<br />

Ces deux disciplines ont comme point commun le parodonte.<br />

La première spécialité perm<strong>et</strong> de déplacer les dents avec leur<br />

tissu de soutien sous certaines conditions, la seconde contribue<br />

à assainir <strong>et</strong> à traiter l’environnement.<br />

Odontologie/Orthopédie dentofaciale<br />

La thérapeutique parodontale a pour but de contrôler<br />

l’inflammation <strong>et</strong> de prévenir la réinfection. C’est à ce niveau<br />

qu’intervient la thérapeutique orthodontique. L’orthodontie,<br />

par le biais des déplacements dentaires provoqués, perm<strong>et</strong> de<br />

rétablir un cadre anatomique <strong>et</strong> occlusofonctionnel favorable à<br />

une bonne maintenance parodontale.<br />

Nous aborderons, dans un premier temps, les maladies<br />

parodontales, leurs facteurs aggravants <strong>et</strong> leur classification.<br />

Nous développerons ensuite les particularités du déplacement<br />

dentaire provoqué puis l’interaction entre l’orthodontie <strong>et</strong> la<br />

<strong>parodontie</strong>. Nous finirons par les moyens de maintien des<br />

résultats obtenus.<br />

■ Maladies parodontales<br />

Définition<br />

23-490-A-07<br />

Selon Glickmann [1] : « La parodontite résulte de la propagation<br />

de l’inflammation gingivale dans les tissus de soutien<br />

parodontaux. »<br />

Classiquement, les parodontites sont définies comme des<br />

maladies infectieuses à forte composante inflammatoire,<br />

entraînant la destruction progressive des tissus de soutien de la<br />

dent (perte d’attache <strong>et</strong> alvéolyse) avec pour conséquence la<br />

formation de poches parodontales <strong>et</strong>/ou l’apparition de récessions<br />

parodontales [2] .<br />

En général, la parodontite se développe à partir d’une<br />

gingivite préexistante. Cependant, toute gingivite ne se transforme<br />

pas forcément en parodontite. La quantité <strong>et</strong> la virulence<br />

des micro-organismes pathogènes de la plaque, ainsi que la<br />

résistance de l’hôte détermineront l’activité inflammatoire <strong>et</strong> la<br />

destruction progressive du parodonte.<br />

La parodontite peut, le plus souvent, être prévenue par une<br />

bonne hygiène buccale [3] .<br />

1


23-490-A-07 <strong>Orthodontie</strong> <strong>et</strong> <strong>parodontie</strong><br />

L’orthodontie intervient dans l’amélioration de l’architecture<br />

dentoparodontale. Celle-ci est liée à trois facteurs :<br />

la morphologie coronaire exprimée par l’indice de Le Huche<br />

(rapport des diamètres mésiodistaux cervical <strong>et</strong> coronaire) ;<br />

la position de la dent par rapport à la crête alvéolaire ;<br />

l’orientation axiale mésiodistale <strong>et</strong> vestibulolinguale.<br />

Principaux facteurs étiologiques<br />

des parodontopathies<br />

En 1998, Bouchard [4] a mis en évidence l’aspect multifactoriel<br />

des maladies parodontales. L’unique présence de l’agent<br />

microbien étiologique ne suffit pas à déclencher le processus<br />

pathologique : il faut considérer l’impact des facteurs de risque<br />

sur l’état de santé perm<strong>et</strong>tant alors d’appréhender les patients à<br />

risque [5] .<br />

Facteurs généraux<br />

Facteur héréditaire<br />

Il existe une susceptibilité héréditaire à la plupart des formes<br />

précoces <strong>et</strong> sévères des parodontites [6] . En revanche, pour les<br />

formes les plus banales comme la parodontite chronique, il<br />

n’existerait aucune susceptibilité héréditaire.<br />

Âge<br />

La relation entre l’âge <strong>et</strong> la maladie parodontale a été<br />

démontrée par de nombreuses études épidémiologiques. L’altération<br />

des tissus parodontaux débute vers 30 ans <strong>et</strong> est maximale<br />

autour de 50 ans [7] . Cependant, il est difficile de<br />

distinguer signes de vieillissement <strong>et</strong> signes de maladie<br />

parodontale.<br />

Facteur hormonal<br />

Le parodonte est un organe cible des hormones stéroïdiennes<br />

[8] . On adm<strong>et</strong> en général que les modifications hormonales<br />

chez la femme lors de la puberté, de la menstruation, de la<br />

grossesse, de la prise de contraceptifs ou encore de la ménopause<br />

sont associées à une prédisposition aux maladies<br />

parodontales [9] .<br />

Maladies générales<br />

En 1999, le World Workshop <strong>et</strong> Armitage [10] ont mis en<br />

corrélation maladie parodontale <strong>et</strong> pathologie systémique. De<br />

nombreuses maladies perturbent le métabolisme tissulaire <strong>et</strong> les<br />

défenses immunitaires. Ces modifications rendent les suj<strong>et</strong>s plus<br />

vulnérables aux agressions bactériennes parodontales. Parmi<br />

celles-ci, nous trouvons :<br />

les maladies endocriniennes (hyperthyroïdie, hypothyroïdie...)<br />

;<br />

le diabète déséquilibré <strong>et</strong> non compensé ;<br />

les leucémies ;<br />

la mononucléose infectieuse ;<br />

le syndrome d’immunodéficience humaine acquise (SIDA)<br />

(manifestations gingivales <strong>et</strong> parodontales) ;<br />

le syndrome de Down (prédispositions aux maladies parodontales<br />

sévères).<br />

Médicaments<br />

Les principaux médicaments qui engendrent des perturbations<br />

au niveau du parodonte sont :<br />

les antiépileptiques du type phénytoïne qui entraînent une<br />

hypertrophie gingivale dans 20 % des cas ;<br />

la ciclosporine (inhibiteur des réactions immunitaires à<br />

médiation humorale <strong>et</strong> de la production d’interleukine 2<br />

[IL2]).<br />

Facteur local : la plaque bactérienne<br />

La plaque bactérienne est une structure adhérente à la dent<br />

constituée de cellules bactériennes, de cellules mortes, de<br />

polymères d’origine salivaire (mucus <strong>et</strong> protéines) <strong>et</strong> de polymères<br />

bactériens.<br />

Les bactéries virulentes peuvent exprimer leur potentiel<br />

pathogène à proximité ou au niveau de la jonction dentogingivale.<br />

Ces bactéries sont des Gram négatif anaérobies ou capnophiles<br />

; il s’agit surtout : d’Actinobacillus actinomyc<strong>et</strong>emcomitans,<br />

d’Actinomyces, de Porphyromonas gingivalis, de Fusobacterium, de<br />

Prevotella intermedia; deBacteroides forsythus, de certains spirochètes<br />

<strong>et</strong> parasites.<br />

Lors des maladies parodontales, la proportion de bacilles à<br />

Gram négatif est donc plus forte, ils agissent sur les cellules<br />

immunocompétentes, <strong>et</strong> peuvent dégrader les immunoglobulines<br />

destinées à les détruire. Ces bactéries virulentes sont<br />

absentes de la surface des dents lorsque le parodonte est<br />

sain [11] .<br />

La théorie « spécifique » de la plaque dentaire, d’après<br />

Charon, Joachim <strong>et</strong> Sandele, expose le fait que « les bactéries<br />

qui la composent sont différentes selon que le parodonte est<br />

sain ou malade, <strong>et</strong> probablement d’une maladie parodontale à<br />

l’autre », à la différence de la théorie non spécifique où il<br />

n’existerait que des différences quantitatives entre la plaque de<br />

dents malades <strong>et</strong> celle de dents saines [11] .<br />

Les maladies parodontales sont caractérisées par un déséquilibre<br />

de la flore en faveur des souches anaérobies à Gram<br />

négatif, sachant que la prévalence de certains germes peut varier<br />

en fonction des caractères cliniques de la maladie [12] .<br />

Facteurs aggravants<br />

Tabagisme<br />

Le tabac est actuellement considéré comme le premier facteur<br />

de risque dans le développement des maladies parodontales. Les<br />

études cliniques <strong>et</strong> épidémiologiques de ces dernières années<br />

ont montré une n<strong>et</strong>te association entre la consommation de<br />

tabac <strong>et</strong> la prévalence <strong>et</strong> la sévérité des parodontites <strong>et</strong> cela,<br />

même avec une bonne hygiène.<br />

Les fumeurs présentent un risque accru, proportionnel à la<br />

consommation de tabac, d’être infectés par Actinobacillus<br />

actinomyc<strong>et</strong>emcomitens, Porphyromonas gingivalis, <strong>et</strong> de développer<br />

une flore pathogène plus abondante que les non-fumeurs [13] .<br />

Facteurs iatrogènes<br />

Les débordements d’obturations dentaires contribuent à<br />

aggraver un processus initié par une agression bactérienne. Les<br />

obturations entraînent, à leur niveau, une perte osseuse plus<br />

importante avec des poches parodontales plus profondes<br />

comparées aux dents non restaurées ou comportant des restaurations<br />

non débordantes [14] .<br />

Les obturations dentaires débordantes modifient les conditions<br />

physicochimiques du milieu, notamment les pressions en<br />

oxygène, favorisant l’anaérobiose. En compliquant le contrôle<br />

de la plaque bactérienne, elles entraînent des modifications au<br />

niveau de la flore sous-gingivale car elles la font dériver (dérive<br />

anaérobie) d’une flore compatible avec la santé parodontale vers<br />

une flore caractéristique avec augmentation des bactéries à<br />

pigments noirs associée à la parodontite de l’adulte.<br />

Traumatisme occlusal<br />

Selon Benauwt [15] , parmi les étiologies des parodontites, le<br />

traumatisme occlusal doit r<strong>et</strong>enir notre attention, car il était<br />

considéré, il y a quelques années, comme l’un des facteurs<br />

majeurs favorisant les parodontopathies. Les considérations<br />

actuelles ne font pas du trauma occlusal un facteur déclenchant,<br />

cependant, sa participation dans l’aggravation de la maladie<br />

parodontale n’est pas négligeable.<br />

Les surcharges occlusales proviennent de malpositions<br />

dentaires, de malocclusions du sens vertical (supraclusion<br />

incisive), du sens sagittal ou transversal (occlusion inversée)<br />

(Fig. 1). Elles peuvent aussi être d’origine iatrogène en rapport<br />

avec de mauvaises restaurations conservatrices ou prothétiques,<br />

ou en rapport avec un traitement orthodontique inadéquat.<br />

Il est important de différencier la mobilité dentaire simplement<br />

augmentée, stable <strong>et</strong> adaptative, de la mobilité évolutive,<br />

instable <strong>et</strong> pathologique [3] .<br />

Toutes les études s’accordent à affirmer que le traumatisme<br />

occlusal provoque une réaction réversible du parodonte sain<br />

2 Odontologie/Orthopédie dentofaciale


Figure 1. Occlusion inversée traumatogène sur un parodonte jeune <strong>et</strong><br />

sain. Facteur aggravant mais non déclenchant de maladie parodontale.<br />

Figure 2.<br />

A. Parodontite agressive généralisée, absence de 36. Migrations dentaires<br />

généralisées.<br />

B. Radiographie rétroalvéolaire de 35 <strong>et</strong> 37 avec migrations compensatrices<br />

de l’avulsion de 36 dans un contexte de maladie parodontale avec<br />

perte osseuse.<br />

avec des signes de résorption osseuse, conduisant à une mobilité<br />

dentaire accrue, mais sans aucune perte d’attache. En présence<br />

de plaque bactérienne, le traumatisme occlusal agit comme<br />

cofacteur dans l’étiologie des maladies parodontales <strong>et</strong> peut<br />

provoquer l’approfondissement d’une lésion déjà existante [5] .<br />

Une analyse clinique approfondie de l’occlusion perm<strong>et</strong> de<br />

déceler les facteurs aggravants les plus importants tels que :<br />

les contacts prématurés en relation centrée perturbant le<br />

chemin de ferm<strong>et</strong>ure ;<br />

la direction <strong>et</strong> l’extension des glissements durant l’intercuspidation<br />

;<br />

les interférences du côté balançant <strong>et</strong> non balançant ;<br />

les parafonctions (bruxisme, onychophagie) ;<br />

les dysfonctions (position basse de la langue au repos <strong>et</strong> en<br />

fonction, associée à une mastication <strong>et</strong> à une déglutition-succion).<br />

Toute dent avulsée non remplacée aboutit à des situations de<br />

migration des dents voisines. Lors de la perte de la première<br />

molaire (Fig. 2), il se produit une migration mésiale de la<br />

deuxième molaire, une migration distale des prémolaires <strong>et</strong> une<br />

égression de la molaire antagoniste. Les dents adjacentes se<br />

versent <strong>et</strong> il y a formation d’une pseudo-poche, rendant difficile<br />

l’accès à l’hygiène. Un défaut parodontal peut rapidement<br />

Odontologie/Orthopédie dentofaciale<br />

survenir, d’autant plus s’il existe un trauma occlusal qui aggrave<br />

la lésion parodontale en augmentant sa sévérité <strong>et</strong> la rapidité de<br />

la destruction tissulaire [16, 17] .<br />

Facteurs favorisants<br />

<strong>Orthodontie</strong> <strong>et</strong> <strong>parodontie</strong> 23-490-A-07<br />

Anatomie dentaire défavorable<br />

On distingue :<br />

la projection de perle d’émail ;<br />

les anomalies radiculaires (taurodontisme, fêlures ou fissures<br />

radiculaires).<br />

Malpositions dentaires<br />

Rateitschak [3] distingue :<br />

les malpositions primaires, qui apparaissent lors de l’éruption<br />

des dents ;<br />

les malpositions secondaires ou migrations qui apparaissent<br />

lors d’une avulsion non restaurée, en raison soit d’une<br />

parafonction, soit d’une dysfonction. Ces migrations peuvent<br />

intervenir sur parodonte sain <strong>et</strong> favoriser ainsi une accumulation<br />

de plaque, mais elles sont le plus souvent la conséquence<br />

d’une perte osseuse suite à une phase aiguë de<br />

parodontopathie.<br />

Les malpositions dentaires rendent difficile l’accès à<br />

l’hygiène. La maintenance parodontale est donc plus aléatoire,<br />

ce qui favorise l’accumulation de plaque bactérienne.<br />

En cela, elles représentent un facteur favorisant de la maladie<br />

parodontale.<br />

Proximités radiculaires<br />

On parle de proximité radiculaire lorsque la largeur des septa<br />

osseux entre deux racines est inférieure à2mm [18] . Cela est le<br />

cas lors de malpositions dentaires, lorsque l’anatomie radiculaire<br />

ou coronaire est défavorable. Elles peuvent être d’origine<br />

iatrogène après un mauvais contrôle des axes ou un meulage<br />

proximal excessif.<br />

Les proximités radiculaires ne sont pas à l’origine de<br />

maladies parodontales, mais elles les favorisent <strong>et</strong> rendent<br />

difficile l’accès aux instruments de surfaçage radiculaire. Le<br />

traitement isolé des proximités radiculaires incisives mandibulaires<br />

ayant provoqué une atteinte parodontale peut être<br />

l’avulsion (Fig. 3).<br />

Classification des maladies parodontales<br />

La classification de 1999 de « l’International Workshop for<br />

a Classification of Periodontal Diseases and Conditions »<br />

(Tableau 1) est aujourd’hui celle utilisée pour la recherche<br />

clinique <strong>et</strong> épidémiologique. Elle tente d’harmoniser les points<br />

de vue des principales sociétés scientifiques mondiales (Académie<br />

américaine de parodontologie, Fédération européenne de<br />

parodontologie, <strong>et</strong>c.) au regard des connaissances scientifiques<br />

actuelles <strong>et</strong> des recherches entreprises au cours des dix dernières<br />

années.<br />

C<strong>et</strong>te nouvelle classification ne tient plus compte du critère<br />

de l’âge, ni de la progression de la maladie. Elle a le mérite<br />

d’adopter une terminologie assez vague bien que plus appropriée,<br />

mais elle reste aussi purement clinique, ne tenant pas<br />

compte des données microbiologiques, immunologiques <strong>et</strong><br />

génétiques récentes [19] .<br />

Les différences individuelles de susceptibilité génétique aux<br />

maladies parodontales, les notions récentes sur la nature des<br />

maladies parodontales qui semblent progresser par période<br />

d’exacerbation <strong>et</strong> de rémission, ainsi que l’existence de sites<br />

actifs <strong>et</strong> de sites inactifs cohabitant chez un même suj<strong>et</strong> ont<br />

poussé les cliniciens à rechercher d’autres critères de classification<br />

<strong>et</strong> notamment à y joindre des notions supplémentaires :<br />

l’activité immédiate des sites, le pronostic à long terme de la<br />

maladie <strong>et</strong>, surtout, le pronostic génétique.<br />

C<strong>et</strong>te dernière classification engendre des modifications<br />

importantes dans l’approche des maladies parodontales. Elle a<br />

été proposée dans un souci de simplification. Elle est le refl<strong>et</strong><br />

des données actuelles de la science (Tableau 1) [10] .<br />

3


23-490-A-07 <strong>Orthodontie</strong> <strong>et</strong> <strong>parodontie</strong><br />

Figure 3.<br />

A. Panoramique dentaire. Proximités radiculaires avec alvéolyse verticale<br />

sur 31.<br />

B. Photo endobuccale après avulsion de 31.<br />

C. Panoramique dentaire de fin de traitement après alignement incisif<br />

mandibulaire.<br />

D. Photo endobuccale. L’avulsion de 31 <strong>et</strong> l’alignement incisif favorisent<br />

l’accès à l’hygiène. Le contexte parodontal est amélioré.<br />

■ Histophysiologie du déplacement<br />

dentaire<br />

Acteurs du déplacement dentaire [20]<br />

Pour Nefussi [20] , les différents intervenants du déplacement<br />

dentaire constituent l’entité fonctionnelle odontologique (EFO)<br />

Tableau 1.<br />

Classification des maladies parodontales : Armitage [10] .<br />

Maladies gingivales<br />

Induites par la plaque dentaire Non induites par la plaque dentaire<br />

Gingivites associées avec la plaque Maladies gingivales d’origine<br />

dentaire uniquement<br />

bactérienne spécifique<br />

Maladies gingivales associées Maladies gingivales d’origine<br />

à des facteurs systémiques virale<br />

Maladies gingivales liées<br />

Maladies gingivales d’origine<br />

à des médicaments<br />

fongique<br />

Gingivites <strong>et</strong> malnutrition Lésions gingivales d’origine<br />

génétique<br />

Gingivites au cours de maladies<br />

systémiques<br />

Lésions traumatiques (factices,<br />

iatrogéniques, accidentelles)<br />

Réactions auto-immunes<br />

Non spécifiques<br />

Parodontites chroniques Parodontites agressives<br />

Localisées<br />

Généralisées<br />

Parodontites en tant que manifestations de maladies systémiques<br />

Associées à une hémopathie Associées à des anomalies génétiques<br />

Neutropénie acquise Neutropénie cyclique familiale<br />

Leucémie Syndrome de Down, trisomie 21<br />

Autres Syndrome de déficience d’adhésion<br />

leucocytaire<br />

Syndrome de Papillon-Lefèvre<br />

Syndrome de Chediack-Higashi<br />

Histiocytose, glycogénose,<br />

hypophosphatasie<br />

Agranulocytose génétique infantile<br />

Syndrome de Cohen<br />

Syndrome d’Ehlers-Danlos (type IV<br />

<strong>et</strong> VII)<br />

Maladies parodontales ulcéronécrotiques<br />

Gingivites ulcéronécrotiques (GUN)<br />

Parodontites ulcéronécrotiques (PUN)<br />

Abcès parodontaux<br />

Abcès gingival<br />

Abcès parodontal<br />

Abcès péricoronaire<br />

Parodontites associées à des lésions endodontiques<br />

Déformations <strong>et</strong> affections acquises ou du développement<br />

qui se compose de l’organe dentaire, du desmodonte <strong>et</strong> de l’os<br />

alvéolaire. Lors du mouvement orthodontique, c’est l’ensemble<br />

de c<strong>et</strong>te unité qui est remanié.<br />

Dent<br />

Sa morphologie radiculaire détermine la vitesse de déplacement.<br />

Un élément important est la capacité d’adaptation<br />

cémentaire. Le tissu cémentaire participe activement, par ses<br />

fibres d’ancrage, à la mise en place <strong>et</strong> au maintien de l’organe<br />

dentaire dans une position fonctionnelle.<br />

Desmodonte<br />

Le desmodonte joue un rôle majeur dans le déplacement<br />

dentaire, sa position anatomique centrale entre le tissu osseux<br />

<strong>et</strong> le tissu cémentaire <strong>et</strong> son taux de compressibilité supérieur<br />

aux autres composants de l’entité fonctionnelle odontologique<br />

perm<strong>et</strong>tent de le définir comme l’élément actif <strong>et</strong> régulateur du<br />

déplacement dentaire.<br />

Os alvéolaire<br />

C’est le troisième composant de l’entité fonctionnelle odontologique<br />

de Nefussi.<br />

4 Odontologie/Orthopédie dentofaciale


Les os cortical <strong>et</strong> spongieux présentent une différence fonctionnelle<br />

<strong>et</strong> structurelle.<br />

La différence structurelle repose sur la différence de densité<br />

osseuse : 80 à 90 % de l’os cortical est occupé par du tissu<br />

osseux contre 20 à 25 % au niveau du tissu spongieux.<br />

L’organisation fonctionnelle regroupe :<br />

les enveloppes osseuses ;<br />

les cellules osseuses (ostéoclastes, ostéoblastes <strong>et</strong> ostéocytes).<br />

Déplacement dentaire physiologique<br />

Le remodelage osseux est le mécanisme par lequel le tissu<br />

osseux est constamment renouvelé. Au niveau de l’os alvéolaire,<br />

ce remaniement est responsable de l’ancrage ligamentaire <strong>et</strong> de<br />

son maintien au cours de la migration physiologique ou<br />

provoquée des dents [21] . Chez l’homme, la migration physiologique<br />

est mésiale. L’ensemble des événements cellulaires du<br />

remaniement osseux se déroule au niveau de l’interface entre les<br />

tissus calcifiés <strong>et</strong> les tissus mous.<br />

Face en résorption<br />

Baron [22] , en 1973, a modifié le concept de Frost [23] concernant<br />

le cycle activation-résorption-formation (ARF) en ajoutant<br />

une phase d’inversion pour former le cycle ARIF. Ce cycle, qui<br />

consiste en une séquence d’événements immuables, traduit<br />

l’activité de l’unité multicellulaire ou bone multicellular unit<br />

(BMU). Le produit final de l’activité de remodelage forme une<br />

unité structurale osseuse ou bone squel<strong>et</strong>al unit (BSU). Les<br />

différents foyers de remaniement sont asynchrones ou incohérents<br />

dans le temps.<br />

Baron définit la notion de « balance » comme l’équilibre<br />

quantitatif entre les phénomènes de résorption <strong>et</strong> de formation<br />

au niveau de chaque BMU <strong>et</strong> la notion de « couplage » comme<br />

le rapport qualitatif entre ces deux activités cellulaires [21] .<br />

Face en apposition<br />

Elle est le siège d’une minéralisation progressive du desmodonte<br />

qui se transforme en os fasciculé. C<strong>et</strong> os est ensuite<br />

remanié par résorption <strong>et</strong> remplacé par de l’os lamellaire. Une<br />

ligne d’inversion sépare ces deux types d’os.<br />

Déplacement dentaire provoqué<br />

Le déplacement dentaire provoqué est une réaction biologique<br />

à l’application d’une force par le biais de systèmes mécaniques<br />

sur la dent ou un groupe de dents.<br />

Baron [24] insiste sur la propriété essentielle du parodonte<br />

(ligament <strong>et</strong> lame cribriforme) de conserver une largeur constante.<br />

Selon lui, toutes les réactions visent à recréer un état<br />

d’équilibre tissulaire momentanément perturbé.<br />

Eff<strong>et</strong>s mécaniques immédiats<br />

Ces eff<strong>et</strong>s immédiats correspondent aux capacités hydropneumatiques<br />

du desmodonte <strong>et</strong> aux déformations élastiques de<br />

l’os alvéolaire <strong>et</strong> de la dent. Ainsi, dès l’application de la force,<br />

un déplacement immédiat peut être observé. Il y a alors<br />

compression du desmodonte sur une face, dite face en pression.<br />

Sur l’autre face, dite en tension, le desmodonte est étiré. Ces<br />

deux phénomènes se produisent de façon concomitante. Si la<br />

force s’arrête, il s’ensuit un r<strong>et</strong>our à la normale plus ou moins<br />

rapide.<br />

Eff<strong>et</strong>s biologiques à court terme<br />

Face en pression<br />

Le mouvement dentaire présente deux phases.<br />

Première phase : phase de sidération. Du fait de l’écrasement<br />

vasculaire, une zone tissulaire d’extension variable va être<br />

partiellement ou totalement privée de l’apport métabolique<br />

vasculaire. Les faisceaux de collagène sont comprimés. La<br />

substance fondamentale <strong>et</strong> les cellules situées entre ces faisceaux<br />

sont chassées. C<strong>et</strong>te zone constituée de fibres tassées a un aspect<br />

vitreux en microscopie optique, d’ou le nom de zone hyaline<br />

décrite par Reitan [25] en 1951.<br />

Odontologie/Orthopédie dentofaciale<br />

Après le déplacement immédiat lié à la compression desmodontale,<br />

le mouvement va s’arrêter <strong>et</strong> ne pourra reprendre<br />

qu’après l’élimination de c<strong>et</strong>te zone hyaline <strong>et</strong> une colonisation<br />

par de nouvelles cellules.<br />

La hyalinisation augmente avec l’âge du patient (puisque le<br />

renouvellement cellulaire est plus long chez les adultes) <strong>et</strong> avec<br />

l’intensification de la densité osseuse. L’étendue de la zone<br />

hyaline est fonction de l’intensité de la force <strong>et</strong> du type de<br />

mouvement développé.<br />

Seconde phase : phase de remodelage osseux. La destruction<br />

de la zone hyaline est réalisée par des cellules provenant<br />

des parties latérales du desmodonte qui n’ont pas été altérées :<br />

d’abord par des fibroblastes, puis par des macrophages. La<br />

résorption peut être directe ou indirecte. Dans ce dernier cas, les<br />

ostéoclastes envahissent les espaces médullaires voisins de la<br />

zone hyaline, puis résorbent le mur alvéolaire jusqu’à atteindre<br />

c<strong>et</strong>te zone, recréant ainsi l’espace desmodontal.<br />

Après le temps de latence pour que la zone hyaline soit<br />

résorbée, le déplacement dentaire est possible.<br />

Fontenelle [26] souligne qu’il existe deux modalités de déplacement<br />

orthodontique sur parodonte sain :<br />

à travers l’os avec destruction d’une lame osseuse à chaque<br />

réactivation (résorption indirecte) ;<br />

avec l’os par modelage-remodelage sans aucune perte de tissu<br />

tant que la force est légère <strong>et</strong> constante (résorption directe).<br />

Face en tension<br />

On observe un élargissement desmodontal quantitativement<br />

égal au rétrécissement du côté opposé.<br />

Si la force est faible, on observe une apposition ostéoblastique<br />

immédiate.<br />

Si la force est importante, une hyperréaction ostéoclasique se<br />

produit dans un premier temps suivie d’une apposition<br />

ostéoblastique.<br />

Les ostéoblastes synthétisent un tissu ostéoïde qui se minéralise<br />

<strong>et</strong> perm<strong>et</strong> l’apposition osseuse. Les faisceaux de fibres<br />

desmodontales seront inclus dans l’os nouvellement formé.<br />

Eff<strong>et</strong>s biologiques à long terme<br />

Après c<strong>et</strong>te période initiale apparaît une phase d’adaptation<br />

cellulaire pendant laquelle le rythme du remaniement osseux<br />

est augmenté. C<strong>et</strong>te accélération est liée à la présence de<br />

nombreuses cellules très actives. Frost [23] appelle ce phénomène<br />

le regional acceleratory phenomenon (RAP).<br />

Notion de force optimale<br />

Pour maintenir le déplacement dentaire, il faut maintenir<br />

l’ostéoclasie, c’est-à-dire un niveau suffisant de force pour se<br />

maintenir au-dessus du seuil cellulaire <strong>et</strong> utiliser pleinement la<br />

réserve de cellules spécialisées déjà produites. Les forces<br />

intermittentes restent efficaces si les périodes d’interruption<br />

sont inférieures au temps de latence de dédifférenciation<br />

cellulaire.<br />

L’espace desmodontal, recréé à la fin des réactions initiales,<br />

est plus large que dans la situation physiologique. La force peut<br />

alors être augmentée sans pour autant atteindre le seuil de<br />

compression tissulaire suffisant pour entraîner une nouvelle<br />

hyalinisation. Pour Reitan [25] , la seule limite serait de ne pas<br />

franchir le seuil de résorption radiculaire.<br />

Particularités histophysiologiques<br />

du parodonte adulte<br />

<strong>Orthodontie</strong> <strong>et</strong> <strong>parodontie</strong> 23-490-A-07<br />

Le déplacement est lent : les corticales sont denses, l’apport<br />

cellulaire est moindre, la vitesse d’apposition <strong>et</strong> de résorption<br />

réduite. Le temps de latence (temps de réponse des tissus aux<br />

forces exercées) est allongé <strong>et</strong> peut durer plusieurs semaines.<br />

Les résorptions indirectes sont très importantes, ce qui<br />

entraîne une mobilité importante.<br />

La hyalinisation est longue : le turn-over cellulaire <strong>et</strong> fibrillaire<br />

est lent, il en résulte un r<strong>et</strong>ard du déplacement <strong>et</strong> des risques<br />

importants de destruction osseuse. Il faut adopter un système<br />

mécanique évitant les hyalinisations répétées.<br />

5


23-490-A-07 <strong>Orthodontie</strong> <strong>et</strong> <strong>parodontie</strong><br />

La cicatrisation est lente : la stabilisation devra être de longue<br />

durée, voire définitive dans certains cas.<br />

Pour Stutzmann <strong>et</strong> P<strong>et</strong>rovic [27] , la persistance, tout au long<br />

de la vie, d’un renouvellement de l’os alvéolaire significatif <strong>et</strong><br />

la possibilité de l’augmenter orthodontiquement rend réalisable<br />

le déplacement thérapeutique des dents à n’importe quel âge.<br />

Toutefois, le déplacement sera moins rapide à partir de l’âge de<br />

16-17 ans. Le turn-over de l’os alvéolaire <strong>et</strong> ses variations<br />

provoquées orthodontiquement ne semblent pas rendre le<br />

déplacement dentaire plus difficile chez l’adulte âgé de<br />

50-60 ans que chez celui âgé de 20-25 ans, sauf si le parodonte<br />

est déficient.<br />

Selon Fontenelle [28] , si l’on se réfère aux eff<strong>et</strong>s histophysiologiques<br />

induits, une seule orthodontie est valable, c’est celle<br />

qui produit un modelage-remodelage : les dents sont déplacées<br />

avec leur support parodontal sans perte tissulaire, si ce n’est<br />

celle induite par la hyalinisation initiale probablement inévitable<br />

<strong>et</strong> tant que la force est laissée constante grâce à la mise en<br />

jeu de phénomènes de résorption directe. Le mouvement de la<br />

dent doit se faire avec l’os <strong>et</strong> non pas à travers l’os.<br />

Pour Melsen [29, 30] , avec l’âge, la tendance générale est à la<br />

réduction de l’épaisseur moyenne de la corticale <strong>et</strong> du volume<br />

d’os trabéculaire. Cela implique qu’une moindre quantité d’os<br />

doive être résorbée pour qu’un certain déplacement dentaire se<br />

produise. Cependant, la perte d’os marginal influence la<br />

position du centre de résistance <strong>et</strong> a donc un impact sur le<br />

système de forces mises en œuvre.<br />

■ Interaction<br />

orthodontie. Parodontie<br />

L’orthodontie est utilisée comme thérapeutique complémentaire<br />

dans le traitement parodontal, elle perm<strong>et</strong> de créer ou de<br />

recréer des conditions plus favorables à l’élimination de la<br />

plaque dentaire, <strong>et</strong> de rétablir l’occlusion, l’esthétique. Pour<br />

Glickmann [1] , la seule contre-indication au traitement orthodontique<br />

chez des patients atteints de maladie parodontale est<br />

la persistance d’une inflammation gingivale. L’âge ne constitue<br />

pas une contre-indication, bien qu’il soit généralement établi<br />

que les processus de remodelage osseux se produisent plus<br />

lentement chez des patients âgés.<br />

Conditions générales<br />

En étudiant les déplacements dentaires orthodontiques,<br />

Fontenelle, en 1982 [28] , conclut par une réflexion qui fait<br />

désormais office de référence : « La dent ne se déplace pas au<br />

travers de son os de soutien, tout se passe comme si elle<br />

entraînait avec elle son os de soutien. » Pour cela, certaines<br />

conditions doivent être respectées.<br />

Conditions anatomiques<br />

La dent ne se déplacera avec ses tissus de soutien que si<br />

ceux-ci appartiennent à un parodonte compl<strong>et</strong> <strong>et</strong> sain. Celui-ci<br />

sera donc assaini pour ne pas risquer de créer des lésions<br />

gingivales <strong>et</strong> osseuses en déplaçant orthodontiquement les<br />

dents [31] .<br />

Conditions liées au contrôle de l’inflammation<br />

Lindhe [32] a montré que si des forces seules étaient incapables<br />

de générer des poches parodontales, la combinaison force<br />

<strong>et</strong> inflammation bactérienne aggrave les destructions tissulaires,<br />

entraînant des pertes d’attaches <strong>et</strong> une lyse osseuses<br />

irréversibles.<br />

La thérapeutique initiale apparaît dès lors indispensable : en<br />

supprimant l’inflammation (détartrage, surfaçage, traitement<br />

chirurgical des poches), elle autorise le déplacement<br />

orthodontique.<br />

Ainsi, l’orthodontie est possible chez des patients présentant<br />

un parodonte réduit, à condition toutefois de respecter certains<br />

principes mécaniques <strong>et</strong> d’établir une maintenance parodontale<br />

perorthodontique rigoureuse.<br />

Conditions mécaniques<br />

L’utilisation de forces légères selon Fontenelle [28] réduit la<br />

formation de zones hyalines, favorise la résorption directe de la<br />

lame cribriforme <strong>et</strong> oriente les cellules progénitrices vers des<br />

cellules ostéoblastiques.<br />

“ Point important<br />

Le déplacement dentaire orthodontique doit regrouper<br />

les conditions suivantes :<br />

conditions anatomiques : le parodonte doit être<br />

compl<strong>et</strong> <strong>et</strong> sain ;<br />

conditions non inflammatoires : détartrage, surfaçage,<br />

chirurgie des poches ;<br />

conditions mécaniques : utilisation de forces légères <strong>et</strong><br />

continues.<br />

Thérapeutique initiale ou comment<br />

la <strong>parodontie</strong> aide à la réalisation<br />

de l’orthodontie<br />

La phase initiale doit perm<strong>et</strong>tre l’élimination des facteurs<br />

étiologiques <strong>et</strong> aboutir à la stabilisation des processus évolutifs<br />

de la maladie.<br />

La suppression préorthodontique de l’inflammation parodontale<br />

est essentielle. En eff<strong>et</strong>, le déplacement des dents dont le<br />

parodonte présente un foyer congestif risque d’entraîner une<br />

perte osseuse ou d’aggraver une récession gingivale.<br />

La plaque sus-gingivale peut devenir sous-gingivale au cours<br />

d’un déplacement dentaire. Le traitement parodontal doit donc<br />

précéder <strong>et</strong> accompagner le traitement orthodontique.<br />

Étapes de la thérapeutique initiale<br />

Motivation du patient <strong>et</strong> conseils d’hygiène<br />

Le facteur étiologique primordial de la maladie parodontale<br />

étant la plaque bactérienne, les patients en traitement orthodontique<br />

devront en connaître le rôle néfaste <strong>et</strong> savoir<br />

l’éliminer.<br />

Thérapeutique parodontale<br />

Elle vise à réduire les facteurs favorisant la maladie parodontale,<br />

en particulier le facteur bactérien <strong>et</strong> les facteurs iatrogènes.<br />

La chirurgie parodontale peut, à tout moment, s’insérer dans le<br />

plan de traitement orthodontique pour l’optimiser, en perm<strong>et</strong>tant<br />

de prévenir, d’aider ou de corriger, <strong>et</strong> enfin d’assurer la<br />

pérennité des résultats obtenus.<br />

Détartrage <strong>et</strong> surfaçage radiculaire<br />

Selon Vanarsdall [33] , l’élément le plus important de la<br />

thérapeutique parodontale est le détartrage-surfaçage qui peut<br />

éliminer totalement les bactéries sous-gingivales <strong>et</strong> de maintenir<br />

à long terme la santé parodontale.<br />

Son but est de diminuer l’inflammation gingivale <strong>et</strong> la poche<br />

parodontale en éliminant le tartre sus- <strong>et</strong> sous-gingival, facteur<br />

de rétention de la plaque <strong>et</strong> source d’inflammation.<br />

Les antiseptiques, anti-inflammatoires <strong>et</strong> antibactériens sont<br />

destinés à augmenter l’efficacité des traitements parodontaux<br />

non chirurgicaux <strong>et</strong> chirurgicaux en éradiquant les agents<br />

pathogènes.<br />

Poser les éventuelles indications de chirurgie<br />

Chirurgie d’assainissement. En présence de poches parodontales<br />

résiduelles supérieures à 5 mm <strong>et</strong> d’une alvéolyse<br />

supérieure à 50 % de la hauteur radiculaire, des interventions<br />

de chirurgie parodontale, type lambeau mucopériosté d’assainissement,<br />

lambeau esthétique d’accès dans les secteurs<br />

antérieurs seront réalisées avant le traitement orthodontique,<br />

6 Odontologie/Orthopédie dentofaciale


de manière à favoriser la réparation des tissus parodontaux <strong>et</strong><br />

à ne pas engendrer de destruction plus importante.<br />

Chirurgie mucogingivale. L’amélioration des conditions<br />

mucogingivales, un problème fréquemment révélé au cours de<br />

l’examen initial de l’orthodontie, tient à la brièv<strong>et</strong>é de la<br />

gencive attachée, par sa finesse ou son inexistence. Les techniques<br />

d’approfondissement du vestibule, de greffes gingivales<br />

rendront le traitement orthodontique plus sûr.<br />

Autres moyens d’élimination des facteurs étiologiques<br />

La thérapeutique initiale comprend également [34] :<br />

l’élimination des prothèses mal ajustées <strong>et</strong> des obturations<br />

débordantes ;<br />

la réalisation des soins de dentisterie restauratrice <strong>et</strong> la reprise<br />

des traitements endodontiques défectueux ;<br />

la réalisation de prothèses transitoires.<br />

Maintenance parodontale<br />

À ce stade <strong>et</strong> avant de poursuivre le traitement, il est important<br />

de s’assurer, par une réévaluation, que les conditions d’une<br />

bonne maintenance parodontale sont remplies. Le traitement<br />

orthodontique peut alors commencer sous surveillance parodontale<br />

stricte. Les soins parodontaux de soutien se font tous<br />

les 2 mois : ils comprennent une évaluation de la qualité du<br />

contrôle de plaque, un sondage systématique des poches <strong>et</strong><br />

furcations, un contrôle des indices de saignement qui perm<strong>et</strong>tront<br />

de dépister tout début de perte d’attache, un contrôle<br />

radiographique des sites atteints de poches parodontales <strong>et</strong> une<br />

prophylaxie professionnelle [35] .<br />

Quel que soit l’état de santé parodontale initiale <strong>et</strong> quelle que<br />

soit l’indication du traitement, l’inflammation des tissus doit<br />

être rigoureusement contrôlée pendant toute la durée du<br />

déplacement, car, chez les patients adultes ayant présenté une<br />

maladie parodontale, la réaction inflammatoire se manifeste<br />

d’emblée par une récidive <strong>et</strong> une aggravation de l’atteinte<br />

osseuse [36] .<br />

Eff<strong>et</strong>s directs du déplacement dentaire<br />

provoqué sur le parodonte<br />

Mouvement de version<br />

Description du mouvement<br />

Version non contrôlée. Ce mouvement est caractérisé par un<br />

déplacement de la couronne dans une direction <strong>et</strong> de l’apex<br />

Odontologie/Orthopédie dentofaciale<br />

<strong>Orthodontie</strong> <strong>et</strong> <strong>parodontie</strong> 23-490-A-07<br />

Figure 4.<br />

A. Radiographie panoramique<br />

de début de traitement.<br />

Absence de 13, 23,<br />

35, 45.<br />

B. Téléradiographie de<br />

profil avant traitement. Décalage<br />

squel<strong>et</strong>tique de<br />

classe III.<br />

C. Radiographie panoramique<br />

de fin de traitement.<br />

Redressement axial des<br />

prémolaires maxillaires <strong>et</strong><br />

des molaires mandibulaires<br />

versées.<br />

D. Téléradiographie de<br />

profil en fin de traitement<br />

après ostéotomie bimaxillaire.<br />

dans la direction opposée [37] , il est obtenu par l’application<br />

d’une force sur une dent au niveau coronaire ; la version peut<br />

être mésiodistale ou vestibulolinguale. C<strong>et</strong>te force simple à<br />

distance du centre de résistance crée un moment propice aux<br />

déplacements en sens inverse de la couronne <strong>et</strong> de l’apex.<br />

Redressement contrôlé. Ce mouvement est une version<br />

caractérisée par un déplacement contrôlé de l’apex <strong>et</strong> du bord<br />

libre.<br />

D’autres possibilités existent comme le déplacement de l’apex<br />

sans que la couronne ne bouge. C’est un mouvement assez<br />

voisin de la version, mais la couronne est stabilisée <strong>et</strong> l’apex<br />

seul fait une version, nécessaire pour redresser l’axe d’une dent<br />

versée ; il s’applique au cours du mouvement de torque.<br />

La version thérapeutique sur parodonte réduit doit être<br />

conduite avec prudence [38] . En eff<strong>et</strong>, en présence d’une diminution<br />

de la hauteur alvéolaire qui déplace le centre de résistance<br />

en direction apicale, on observe, pour une force donnée,<br />

un moment beaucoup plus important.<br />

Indications <strong>et</strong> intérêts [39-41]<br />

Redressement d’axes molaires. L’avulsion de la première<br />

molaire inférieure est le cas le plus fréquent. Il s’ensuit une<br />

version de la deuxième molaire avec deux caractéristiques du<br />

côté mésial : aspect en rouleau de la gencive <strong>et</strong> présence d’une<br />

poche parodontale.<br />

Le traitement orthodontique associé au traitement parodontal<br />

(préparation initiale) va perm<strong>et</strong>tre de supprimer<br />

la version des dents concernées en redressant leurs axes en<br />

fonction du cas clinique <strong>et</strong> du plan de traitement prévu,<br />

notamment au niveau prothétique.<br />

Pour les molaires, deux possibilités s’offrent à nous :<br />

redressement de l’axe molaire avec réouverture d’espace pour<br />

une réhabilitation prothétique ;<br />

redressement <strong>et</strong> mésialisation molaire avec ferm<strong>et</strong>ure de<br />

l’espace (Fig. 4).<br />

Le redressement de l’axe de la dent mésioversée perm<strong>et</strong> :<br />

un meilleur accès à la thérapeutique parodontale ;<br />

une amélioration de la fonction occlusale ;<br />

une diminution de la profondeur de poche ;<br />

un meilleur contexte prothétique.<br />

Limites<br />

Le mouvement de version doit respecter les limites anatomiques<br />

sous peine de risquer des fenestrations. Cela s’applique<br />

particulièrement à la région des incisives mandibulaires.<br />

7


23-490-A-07 <strong>Orthodontie</strong> <strong>et</strong> <strong>parodontie</strong><br />

Mouvement d’égression<br />

Description du mouvement<br />

Ce mouvement déplace la dent dans le sens de son éruption,<br />

le long du grand axe de la dent. Le potentiel d’extrusion d’une<br />

dent peut aller jusqu’à l’avulsion orthodontique.<br />

L’attache épithéliale se déplaçant avec la dent en direction<br />

occlusale, on assiste à une augmentation de hauteur de<br />

gencive attachée, puisque la jonction mucogingivale reste<br />

constante [5] , <strong>et</strong> à une diminution de l’épaisseur des septa<br />

alvéolaires.<br />

Indications <strong>et</strong> intérêts<br />

L’égression lente d’une dent, en présence d’un parodonte<br />

assaini, est la méthode de choix préconisée en cas de défaut<br />

osseux vertical. Entraînant l’os <strong>et</strong> les tissus mous, elle corrige les<br />

poches en comblant les défauts osseux <strong>et</strong> en faisant migrer<br />

gingivalement le système d’attache. En contrepartie, un meulage<br />

occlusal de la dent égressée est souvent nécessaire [42] .<br />

En eff<strong>et</strong>, l’égression thérapeutique perm<strong>et</strong> de « sortir » la<br />

dent hors de la lésion en entraînant le fond de la lésion vers<br />

le niveau crestal correspondant aux dents voisines. La lésion<br />

est ainsi « supprimée », mais le support de la dent est<br />

réduit [31] .<br />

L’égression orthodontique convient également au traitement<br />

des lésions angulaires en mésial des molaires versées <strong>et</strong><br />

à celui de certaines lésions infraosseuses liées à la<br />

parodontite [38] .<br />

L’égression orthodontique peut ainsi venir en aide à la<br />

<strong>parodontie</strong> dans différents cas de figure (Fig. 5) :<br />

cas de dents incluses, en infraclusion ou encore présentant<br />

une perte de substance dentaire sous-gingivale, pouvant nuire<br />

à l’intégrité parodontale : caries, fractures, érosions, perforations<br />

endodontiques (Fig. 4) ;<br />

traitement des défauts parodontaux infraosseux ;<br />

amélioration de défauts esthétiques liés au parodonte :<br />

C défauts d’harmonie <strong>et</strong> de contour gingival des dents<br />

antérieures ;<br />

C prévention d’un effondrement inesthétique après extraction<br />

;<br />

C création de papilles.<br />

Par rapport à la chirurgie parodontale seule, l’égression,<br />

associée à une chirurgie parodontale mineure d’aménagement<br />

tissulaire, perm<strong>et</strong>, dans tous les cas, le respect d’une architecture<br />

gingivo-osseuse normale tout en exposant la lésion dentaire<br />

sous-gingivale interférant avec la santé parodontale. Cela offre<br />

deux avantages favorisant à long terme la pérennité des restaurations<br />

:<br />

une thérapeutique prothétique classique faisant appel à des<br />

techniques de préparations simples ;<br />

une prophylaxie aisée pour le patient, avec des techniques<br />

simples.<br />

L’aménagement des sites extractionnels par égression orthodontique<br />

à visée préimplantaire est une indication de choix<br />

souvent négligée. Quand le plan traitement prévoit la pose d’un<br />

implant à la place d’une dent parodontalement compromise, on<br />

peut s’attendre à des défauts locaux de complexité variable. Le<br />

mouvement orthodontique d’égression perm<strong>et</strong> de conserver ou<br />

de régénérer le volume osseux crestal facilitant l’implantologie<br />

postextractionnelle.<br />

La crête ainsi conservée perm<strong>et</strong> l’implantation dans l’épaisseur<br />

de l’os selon un axe privilégié ou perm<strong>et</strong> d’optimiser une<br />

technique de régénération osseuse guidée [43] . Les critères de<br />

traitement de ces sites sont discutés en fonction de la sévérité<br />

du défaut résiduel de l’environnement.<br />

Salama <strong>et</strong> Salama [44] proposent une classification qui tient<br />

compte des impératifs de l’implantologie en fonction :<br />

de la morphologie du défaut résiduel ;<br />

du potentiel de régénération du site de l’extraction ;<br />

de la qualité d’os cortical restant, en particulier dans les<br />

régions antérieures, déterminante pour l’esthétique.<br />

Figure 5.<br />

A. Radiographie panoramique avec 17 pseudo-ankylosée après avulsion<br />

de 16 dans un contexte parodontal sain.<br />

B. Égression orthodontique après désinclusion chirurgicale de 17. Traction<br />

élastique entre 17 <strong>et</strong> l’arcade mandibulaire renforcée par une minivis.<br />

C. Radiographie panoramique avec égression <strong>et</strong> redressement de<br />

17 <strong>et</strong> 18.<br />

Limites <strong>et</strong> contre-indications<br />

Les contre-indications les plus fréquentes sont :<br />

une anatomie radiculaire défavorable : racines courtes,<br />

divergences importantes, furcation haute, diamètre mésiodistal<br />

de la racine très inférieur à celui de la couronne, amenant<br />

à des difficultés esthétiques de restauration ;<br />

les fractures verticales ;<br />

les lésions endodontiques ;<br />

l’ankylose dentaire ;<br />

l’alvéolyse horizontale.<br />

Le mouvement d’égression ne pose, en général, pas de<br />

problème, lorsque l’épaisseur d’os est suffisante. Ce mouvement<br />

est plus dangereux au niveau des lames osseuses minces [18] .<br />

Melsen [38] limite l’indication de l’égression aux irrégularités<br />

des crêtes marginales <strong>et</strong> aux lésions à trois parois.<br />

Les risques encourus par ce mouvement sont l’aggravation<br />

de la mobilité <strong>et</strong> la perte du support osseux de la dent<br />

égressée [2] . L’égression thérapeutique devra donc être utilisée<br />

avec grande prudence dans le respect des conditions anatomiques.<br />

8 Odontologie/Orthopédie dentofaciale


Figure 6.<br />

A. Photo endobuccale avant traitement. Supraclusion incisive.<br />

B. Photo endobuccale en cours de traitement. Minivis d’ancrage localisée entre les racines de 11 <strong>et</strong> 21. Traction élastique entre la minivis <strong>et</strong> l’arc maxillaire entre<br />

11 <strong>et</strong> 21.<br />

C. Téléradiographie de profil avant traitement.<br />

D. Téléradiographie de profil après génioplastie de transposition antérieure <strong>et</strong> ingression incisive maxillaire.<br />

Mouvement d’ingression<br />

Description du mouvement<br />

Le mouvement d’ingression est le déplacement de la dent<br />

dans le sens inverse de l’éruption, selon le grand axe. C’est un<br />

mouvement non physiologique donc difficile à réaliser qui<br />

nécessite un appareillage multibagues <strong>et</strong> un ancrage important<br />

[18] . C’est le déplacement qui nécessite les forces les plus<br />

faibles (Fig. 6).<br />

D’un point de vue biologique, la question qui se pose est de<br />

savoir si, au cours de l’ingression, le long épithélium de<br />

jonction migre en direction apicale d’une part, <strong>et</strong> s’il yaune<br />

résorption de l’os alvéolaire au regard du front d’ingression<br />

d’autre part ou si, au contraire, il y a une véritable régénération<br />

parodontale le long de la paroi radiculaire ingressée. Pour<br />

répondre à c<strong>et</strong>te question, les différentes études, réalisées par<br />

Melsen à la fin des années 1980, apparaissent aujourd’hui<br />

encore comme une référence scientifique [42, 45] . Les analyses<br />

biologiques montrent, qu’après réalisation d’un lambeau<br />

chirurgical d’assainissement suivi de l’ingression orthodontique,<br />

on obtient un gain d’attache significatif <strong>et</strong> une néoformation<br />

cémentaire à condition que l’hygiène soit maintenue de<br />

manière stricte.<br />

En 1992, Melsen [46] montre que le résultat est lié à l’augmentation<br />

de l’activité des cellules ligamentaires induite par le<br />

mouvement d’intrusion. Ces résultats ont été confirmés en<br />

2001 par Isaka [47] .<br />

Indications <strong>et</strong> intérêts<br />

Les changements obtenus par ce mouvement obéissent aux<br />

mêmes lois que ceux obtenus par l’égression. Ainsi, l’attache<br />

épithéliale suit la dent en ingression, la ligne mucogingivale<br />

reste constante, donc la hauteur de gencive attachée diminue.<br />

Odontologie/Orthopédie dentofaciale<br />

<strong>Orthodontie</strong> <strong>et</strong> <strong>parodontie</strong> 23-490-A-07<br />

Cliniquement, il semblerait que l’on obtienne, au moins<br />

provisoirement, un épaississement de la gencive attachée [28] .<br />

L’ingression perm<strong>et</strong> d’obtenir de bons résultats sur les<br />

alvéolyses horizontales <strong>et</strong> les poches supraosseuses sur une<br />

dent isolée ou lorsque tout un groupe de dents est concerné,<br />

que ce soit pour des incisives ou des molaires. Cela grâce<br />

notamment aux nouveaux ancrages intraosseux (minivis,<br />

miniplaques).<br />

Limites <strong>et</strong> contre-indications<br />

L’ingression pure est de mise en œuvre difficile. Ce mouvement<br />

a fait l’obj<strong>et</strong> de nombreuses discussions portant sur la<br />

possibilité de la réaliser mais également sur la possibilité de<br />

l’obtenir sans résorption radiculaire ni destruction parodontale<br />

iatrogène [46] .<br />

Cependant, pour Melsen [42] , l’ingression est souvent nécessaire<br />

(en particulier au niveau des incisives supérieures) <strong>et</strong> peut<br />

être réalisée sans danger si les conditions suivantes sont<br />

remplies :<br />

suppression de l’inflammation (élimination des poches,<br />

surfaçage), forces légères <strong>et</strong> relativement constantes ;<br />

ingression pure passant par le centre de résistance, absence de<br />

lésion angulaire ;<br />

contrôle strict de l’hygiène.<br />

Mouvement de gression ou translation<br />

Description du mouvement<br />

Ce mouvement est caractérisé par le déplacement de l’apex <strong>et</strong><br />

de la couronne dans la même direction <strong>et</strong> de la même distance,<br />

soit un mouvement de la dent parallèle à son grand axe.<br />

Il se réalise en appliquant une force sur une dent, ou un<br />

groupe de dents, dont la ligne d’action passe par le centre de<br />

9


23-490-A-07 <strong>Orthodontie</strong> <strong>et</strong> <strong>parodontie</strong><br />

résistance de la dent, ou d’un groupe de dents. Il est très<br />

difficile de réaliser des systèmes orthodontiques produisant de<br />

telles forces [18] .<br />

En pratique, ce mouvement est difficile à accomplir en une<br />

seule manœuvre, il est souvent exécuté à l’aide d’une série de<br />

rectifications de trajectoire. Ce mouvement est possible grâce à<br />

l’utilisation d’un système de forces associant forces simples <strong>et</strong><br />

couples [37] .<br />

Ces mouvements ne peuvent être réalisés de manière efficace<br />

<strong>et</strong> contrôlée que par des appareillages multibagues.<br />

Indications <strong>et</strong> intérêts<br />

Ferm<strong>et</strong>ure des espaces d’avulsions. Le déplacement orthodontique<br />

mésiodistal va rétablir une continuité d’arcade <strong>et</strong><br />

assurer le parallélisme des racines.<br />

Aménagement des crêtes alvéolaires par gression latérale<br />

dans les cas d’édentements <strong>et</strong> de crêtes atrophiées suite à des<br />

avulsions anciennes. La distalisation d’une prémolaire dans un<br />

secteur parodontalement déficient perm<strong>et</strong> de recréer une<br />

architecture implantaire favorable. Ce mouvement difficilement<br />

réalisable peut être aidé par des ancrages temporaires (minivis,<br />

miniplaques) ou un implant définitif placé préalablement de<br />

manière stratégique. Un secteur édenté postérieur pourra être<br />

aménagé en :<br />

un secteur encastré ;<br />

un secteur édenté postérieur plus p<strong>et</strong>it susceptible d’améliorer<br />

le pronostic implantaire.<br />

Cas particulier de réouvertures d’espaces d’agénésies pour<br />

réhabilitations implantaires. L’aménagement tissulaire préimplantaire<br />

est assuré grâce aux particularités du mouvement de<br />

gression orthodontique, à savoir l’apposition osseuse compensatrice<br />

du côté en tension des dents déplacées de part <strong>et</strong> d’autre<br />

des secteurs d’agénésies (Fig. 7).<br />

Limites <strong>et</strong> contre-indications<br />

Tous les auteurs s’accordent à dire que le déplacement<br />

dentaire en translation peut remodeler le parodonte. En eff<strong>et</strong>, il<br />

se produit un modelage périosté de compensation du remodelage<br />

intéressant la face alvéolaire en pression [31] . Cela explique<br />

l’augmentation de gencive attachée pendant un déplacement<br />

dentaire contrôlé sur le plan mécanique <strong>et</strong> sur le plan de<br />

l’inflammation. Là encore, la dent ne s’est pas déplacée à travers<br />

ses tissus de soutien mais avec <strong>et</strong> en conservant une lame<br />

osseuse d’épaisseur constante.<br />

Dans les cas de corticales externes très fines, il est probable<br />

que le mouvement de gression, en direction vestibulaire, puisse<br />

avoir des conséquences défavorables. En eff<strong>et</strong>, l’os cortical étant<br />

peu labile, les risques de destruction sans apposition de compensation<br />

sont importants <strong>et</strong> ces risques augmentent avec l’âge.<br />

Les conséquences sont une réduction de la crête alvéolaire <strong>et</strong><br />

l’apparition de déhiscence associée à une récession gingivale.<br />

Au niveau gingival, la ferm<strong>et</strong>ure d’espace trop rapide dans un<br />

site d’extraction peut provoquer la formation de pli ou fissure<br />

parodontale.<br />

Mouvement de rotation<br />

Description du mouvement<br />

Ce mouvement est caractérisé par un déplacement de la dent<br />

sur elle-même autour d’un axe qui passe soit par son grand axe<br />

(c’est la rotation axiale), soit par un axe qui lui est parallèle<br />

(c’est la rotation marginale).<br />

La rotation est provoquée par un couple : double gression<br />

vestibulolinguale [37] .<br />

C’est un mouvement apparemment facile à obtenir, mais il<br />

est, en réalité, très délicat <strong>et</strong> suj<strong>et</strong> à la récidive.<br />

Trois éléments semblent essentiels pour la mécanique :<br />

la forme de la racine en section ;<br />

le nombre de racines de la dent ;<br />

la localisation de l’axe de rotation autour duquel se fait le<br />

mouvement de la dent.<br />

[28, 31]<br />

Indications <strong>et</strong> intérêts<br />

La rotation d’une dent peut être à l’origine de désordres<br />

esthétiques parodontaux ou occlusaux, elle doit donc être<br />

Figure 7. Réouverture d’espaces <strong>et</strong> implants dans une situation d’agénésie<br />

des incisives latérales maxillaires.<br />

A. Photo endobuccale d’une patiente adulte avec agénésie de 12 <strong>et</strong> 22.<br />

B. Panoramique dentaire qui confirme les agénésies avec persistance<br />

de 63.<br />

C. Photo endobuccale après réouverture d’espaces <strong>et</strong> implants 12 <strong>et</strong> 22.<br />

D. Panoramique dentaire. Déplacement en translation de 13 <strong>et</strong> 23 <strong>et</strong> mise<br />

en place d’implants 12 <strong>et</strong> 22.<br />

corrigée. Sur le plan parodontal, elle provoque des désordres<br />

dans l’agencement de la gencive marginale.<br />

Le mouvement de rotation induit un remaniement osseux <strong>et</strong><br />

mucogingival comparable à la gression.<br />

Indirectement, le mouvement de rotation perm<strong>et</strong>tant le<br />

rétablissement des points de contacts favorise la déflection<br />

alimentaire <strong>et</strong> protège les papilles interdentaires.<br />

Limites <strong>et</strong> contre-indications<br />

La correction des rotations est très récidivante. Il faut donc<br />

les corriger dès le début du traitement orthodontique afin de<br />

perm<strong>et</strong>tre la réorganisation tissulaire. L’hypercorrection ou la<br />

fibrotomie supracrestale peut s’avérer nécessaire.<br />

Par ailleurs, c’est un mouvement dangereux sur parodonte<br />

réduit. Le centre de résistance étant plus apical, il yaunrisque<br />

de produire une version non contrôlée néfaste.<br />

10 Odontologie/Orthopédie dentofaciale


Figure 8. Traitement ortho-paro-prothétique sur parodonte sain.<br />

A. Panoramique dentaire. Agénésie de la 12, lésion périapicale sur la 36.<br />

B. Téléradiographie de profil avant traitement.<br />

C. Photo endobuccale droite. Agénésie de la 12.<br />

D. Photo endobuccale de face. Occlusion inversée antérieure. Non-concordance des milieux interincisifs.<br />

E. Photo endobuccale gauche après avulsion de la 36. Occlusion inversée traumatogène.<br />

F. Panoramique dentaire en fin de traitement. Implants 12 <strong>et</strong> 36 sous couronnes provisoires.<br />

G. Téléradiographie de profil en fin de traitement.<br />

H. Photo endobuccale droite. Implant 12 sous couronne provisoire.<br />

I. Photo endobuccale de face. Correction de l’occlusion inversée antérieure. Correction des milieux interincisifs en cours de finitions.<br />

J. Photo endobuccale gauche. Correction de l’occlusion inversée. Implant 36 sous couronne provisoire.<br />

Situations cliniques pluridisciplinaires illustrant<br />

les mouvements orthodontiques<br />

Cas n° 1 (Fig. 8)<br />

Traitement pluridisciplinaire chez un jeune adulte au parodonte<br />

sain.<br />

L’objectif thérapeutique est de restaurer la continuité d’arcade<br />

<strong>et</strong> de rétablir un équilibre occlusal fonctionnel.<br />

Odontologie/Orthopédie dentofaciale<br />

<strong>Orthodontie</strong> <strong>et</strong> <strong>parodontie</strong> 23-490-A-07<br />

Le plan de traitement est le suivant :<br />

stratégie parodontale :<br />

C avulsion de la 36 pour motif infectieux endoparodontal ;<br />

C détartrage ;<br />

C réévaluation <strong>et</strong> maintenance ;<br />

stratégie orthodontique :<br />

C alignement-nivellement des arcades ;<br />

C correction de l’occlusion inversée ;<br />

11


23-490-A-07 <strong>Orthodontie</strong> <strong>et</strong> <strong>parodontie</strong><br />

Figure 9. Traitement ortho-paro-prothétique sur parodonte réduit.<br />

A. Photo endobuccale droite. Parodontite agressive stabilisée.<br />

B. Photo endobuccale de face. Migration verticale de la 21. Encombrement incisif mandibulaire.<br />

C. Photo endobuccale gauche. Migration mésiale de la 22. Absence de la 36 avec égression de la 26, mésioversion de la 37, distoversion de la 35.<br />

D. Panoramique dentaire avant traitement. Alvéolyse horizontale généralisée <strong>et</strong> alvéolyse verticale localisée. Proximités radiculaires incisives mandibulaires.<br />

E, F, G. Photos endobuccales après traitement (36 sous couronne provisoire).<br />

H. Panoramique dentaire après traitement.<br />

C concordance des milieux incisifs ;<br />

C intercuspidation ;<br />

C contention ;<br />

stratégie prothétique : prothèse implantoportée en place de<br />

12 <strong>et</strong> de 36.<br />

Cas n° 2 (Fig. 9)<br />

Traitement pluridisciplinaire chez un jeune adulte au parodonte<br />

très affaibli suite à une parodontite agressive généralisée.<br />

L’objectif thérapeutique est de rétablir une occlusion fonctionnelle<br />

<strong>et</strong> de favoriser la maintenance parodontale.<br />

Le plan de traitement est le suivant :<br />

stratégie parodontale :<br />

C détartrage ;<br />

C antibiothérapie (amoxicilline + métronidazole 7 jours) ;<br />

C surfaçage radiculaire ;<br />

C prophylaxie : chlorhexidine 0,2 % ;<br />

C motivation à l’hygiène ;<br />

12 Odontologie/Orthopédie dentofaciale


C techniques de brossage ;<br />

C réévaluation <strong>et</strong> maintenance ;<br />

stratégie orthodontique :<br />

C avulsion 32 ;<br />

C alignement des arcades ;<br />

C ingression 26 ;<br />

C nivellement 37, 38 ;<br />

C intercuspidation ;<br />

C contention définitive mandibulaire <strong>et</strong> maxillaire ;<br />

stratégie prothétique : prothèse implantoportée en place de<br />

36.<br />

■ Maintien des résultats<br />

orthoparodontaux<br />

Le maintien des résultats, étape décisive dans la prise en<br />

charge orthoparodontale des patients adultes, est assuré au<br />

cours de deux phases que sont la réalisation d’une contention<br />

orthoparodontale <strong>et</strong> la maintenance parodontale. Si la première<br />

peut être considérée comme étant une étape dont la réalisation<br />

est ponctuelle, la seconde verra la succession, à des intervalles<br />

réguliers, d’étapes assurant le maintien d’une flore compatible<br />

avec la santé parodontale.<br />

Contentions<br />

Indications<br />

La contention fait partie intégrante de la thérapeutique<br />

orthodontique, elle peut être provisoire ou définitive. La<br />

pérennité des résultats orthoparodontaux suppose de maintenir<br />

les dents ayant un support parodontal affaibli après avoir rétabli<br />

une occlusion fonctionnelle.<br />

La contention concilie les objectifs parodontaux <strong>et</strong> orthodontiques<br />

en favorisant la réorganisation tissulaire <strong>et</strong> en assurant la<br />

répartition des forces occlusales [48] .<br />

La différence de réactions tissulaires entre adultes <strong>et</strong> enfants<br />

explique la nécessité d’une période de contention longue, voire<br />

permanente chez l’adulte [49] .<br />

Objectifs de la contention<br />

Les objectifs sont les suivants :<br />

solidariser entre elles les dents afin de prévenir les récidives<br />

de migration <strong>et</strong> de maintenir le résultat orthodontique<br />

obtenu ;<br />

respecter les espaces interdentaires <strong>et</strong> les embrasures. La<br />

contention ne doit pas entraver le contrôle de plaque ;<br />

assurer au patient un confort fonctionnel <strong>et</strong> masticatoire.<br />

Principes de la contention<br />

L’attelle assure une répartition des forces <strong>et</strong> diminue les<br />

contraintes transversales nuisibles sur chacune des racines [2] .<br />

Contexte occlusal<br />

Les contacts occlusaux interarcades influencent le type de<br />

contention puisqu’il est nécessaire d’avoir un espace minimum<br />

pour l’épaisseur du matériau. Cela est vrai pour la contention<br />

du bloc incisivocanin maxillaire. Lorsque les rapports occ1usaux<br />

interfèrent avec l’attelle, il faut préparer l’émail afin de recevoir<br />

la contention.<br />

Valeur des dents contenues<br />

La valeur intrinsèque des dents contenues dépend de leur<br />

morphologie coronaire. La conception de l’attelle devra tenir<br />

compte de la morphologie de la couronne, <strong>et</strong> de sa translucidité<br />

(une contention métallique peut donner un aspect grisâtre).<br />

La valeur extrinsèque correspond à la mobilité de chaque<br />

dent. L’adhésif, fortement sollicité, n’est pas toujours suffisant.<br />

La stabilisation doit être augmentée en exploitant une plus<br />

grande surface de collage ou en incorporant des moyens de<br />

rétention supplémentaires.<br />

Pour Danan <strong>et</strong> al. [2] , le compromis est d’utiliser un matériau<br />

possédant un module d’élasticité élevé, afin qu’il soit suffisamment<br />

résistant à la contrainte sous de faibles épaisseurs (alliages<br />

Odontologie/Orthopédie dentofaciale<br />

non précieux), associé à l’emploi d’une résine adhésive possédant<br />

des propriétés viscoélastiques favorisant l’absorption des<br />

contraintes.<br />

Pour Philippe [50] , le choix du type de contention doit être<br />

guidé par quelques principes ; une bonne contention doit être<br />

immédiate, intelligente, prolongée <strong>et</strong>, chaque fois que possible,<br />

fixée.<br />

Dans le cadre de la prise en charge de patients au parodonte<br />

sain mais affaibli, l’orientation vers des techniques fixées <strong>et</strong><br />

durables semble inévitable.<br />

Dispositifs de contention<br />

Techniques de contention par méthode directe<br />

La contention par méthode directe présente l’avantage d’être<br />

réalisée en une séance. Elle est la solution aux problèmes<br />

mineurs de stabilisation.<br />

C<strong>et</strong>te méthode regroupe les attelles de contention à l’aide<br />

d’une grille métallique collée (la grille d’Ellman est la plus<br />

répandue), de composite fibré (fibres de polyéthylène), de fibre<br />

de Kevlar ou de fils métalliques rigides préformés.<br />

Techniques de contention par méthode indirecte<br />

Elles nécessitent souvent une préparation amélaire. Leur<br />

utilisation se justifie par la plus grande précision des dispositifs.<br />

Attelle coulée collée. C’est une structure métallique qui<br />

englobe les faces linguales <strong>et</strong> proximales des dents supports <strong>et</strong><br />

qui peut remplacer une ou plusieurs dents. L’utilisation d’une<br />

technique collée perm<strong>et</strong> de réduire la mutilation dentaire<br />

puisque les préparations sont limitées à l’émail.<br />

Elle perm<strong>et</strong> une contention de longue durée, mais sa réalisation<br />

est délicate. Le collage reste une étape primordiale pour la<br />

réussite de la thérapeutique.<br />

Attelle en composite fibré. La réalisation indirecte de c<strong>et</strong>te<br />

attelle perm<strong>et</strong> de gérer une meilleure imprégnation de la fibre<br />

avec le composite, ce qui augmente la résistance de l’ensemble.<br />

Plus récemment, les attelles en zirconium offrent de meilleures<br />

propriétés biomécaniques.<br />

Bridge de contention. Lorsque le délabrement des dents à<br />

contenir est très important, la contention doit s’inscrire dans<br />

une réhabilitation prothétique globale. La réalisation d’un<br />

bridge de contention présente l’avantage de remplacer les dents<br />

absentes <strong>et</strong> de contenir les dents au support affaibli.<br />

Intérêt de la contention longue durée (Fig. 10)<br />

Illustration par un cas clinique de l’intérêt d’une contention<br />

de longue durée. Chez ce patient âgé de 61 ans, les épisodes<br />

successifs de parodontopathie chronique ont abouti à une perte<br />

osseuse généralisée. L’égression pathogène des 38, 48, associée<br />

à l’alvéolyse généralisée, est à l’origine de l’effondrement<br />

postérieur <strong>et</strong> de l’ouverture de diastèmes antérieurs.<br />

La conduite à tenir passe en premier lieu par un assainissement<br />

parodontal <strong>et</strong> par la suppression des facteurs aggravants.<br />

Dans ce cas précis, la persistance des 38, 48 égressées sans<br />

antagoniste, est responsable de contacts prématurés accentuant<br />

la migration incisive.<br />

Le plan de traitement est le suivant :<br />

assainissement parodontal (détartrage, surfaçage, contrôle des<br />

soins endodontiques, prothétiques <strong>et</strong> conservateurs) ;<br />

avulsion de 38, 48 ;<br />

réévaluation parodontale ;<br />

traitement orthodontique multibagues. Alignement, nivellement<br />

des arcades, intercuspidation ;<br />

contention incisivocanine maxillaire définitive en zirconium ;<br />

maintenance parodontale de longue durée.<br />

Maintenance parodontale<br />

<strong>Orthodontie</strong> <strong>et</strong> <strong>parodontie</strong> 23-490-A-07<br />

La maintenance parodontale consiste au contrôle de la<br />

plaque dentaire bactérienne par le patient <strong>et</strong> à la mise en<br />

œuvre de soins parodontaux par le praticien. Il est maintenant<br />

largement admis que le contrôle de la plaque supragingivale<br />

assuré par le patient, associé à l’élimination de la plaque sousgingivale<br />

<strong>et</strong> du tartre par le praticien sont les deux conditions<br />

13


23-490-A-07 <strong>Orthodontie</strong> <strong>et</strong> <strong>parodontie</strong><br />

Figure 10.<br />

A. Photo endobuccale droite. Classe I molaire <strong>et</strong> canine. Migration sagittale des<br />

incisives avec ouverture de diastèmes.<br />

B. Photo endobuccale de face. Migration verticale des incisives avec augmentation<br />

du recouvrement.<br />

C. Photo endobuccale gauche. Migration sagittale des incisives avec ouverture de<br />

diastèmes.<br />

D. Radio panoramique. Alvéolyse horizontale généralisée. Absence de 15, 18, 26,<br />

28. Égression de 38, 48.<br />

E. Photo endobuccale droite après traitement orthodontique. Bonne intercuspidation<br />

<strong>et</strong> ferm<strong>et</strong>ure des diastèmes incisifs.<br />

F. Photo endobuccale de face.<br />

G. Photo endobuccale gauche.<br />

H. Radio panoramique de fin de traitement, attelle de contention en place.<br />

I. Photo endobuccale occlusale avec contention en zirconium incisivocanine<br />

maxillaire.<br />

14 Odontologie/Orthopédie dentofaciale


.<br />

pour la stabilité des résultats parodontaux. Durant la phase de<br />

maintenance, le praticien devra éviter les récidives ou les<br />

ralentir ; il aura donc à assurer une partie diagnostique visant<br />

à rechercher des éventuels sites en activité <strong>et</strong> une partie<br />

thérapeutique en maintenant au niveau sous-gingival une flore<br />

compatible avec la santé parodontale.<br />

La dépose des appareillages orthodontiques <strong>et</strong> la mise en<br />

place de systèmes de contention créent une nouvelle situation<br />

pour le patient dans son hygiène buccodentaire quotidienne.<br />

Une modification des techniques de brossage associée le plus<br />

souvent à une modification du matériel s’avère alors nécessaire.<br />

La dépose des appareillages signifie fréquemment pour le<br />

patient la fin de son traitement, entraînant un certain relâchement<br />

dans la motivation <strong>et</strong> donc dans le contrôle de plaque. Le<br />

rôle du praticien devient alors primordial puisqu’il va consister<br />

à renforcer c<strong>et</strong>te motivation sans laquelle la pérennité des<br />

résultats, tant parodontaux qu’orthodontiques, serait<br />

compromise.<br />

■ Conclusion<br />

L’orthodontie joue donc un rôle important dans le traitement<br />

des maladies parodontales.<br />

C<strong>et</strong>te approche pluridisciplinaire nécessite, comme nous<br />

l’avons vu :<br />

une parfaite coopération <strong>et</strong> une grande motivation du<br />

patient ;<br />

une étroite collaboration dans la conduite du plan de traitement<br />

entre orthodontiste <strong>et</strong> parodontiste, ne serait-ce que<br />

pour obtenir <strong>et</strong> maintenir un parodonte assaini, exempt<br />

d’inflammation, condition préalable indispensable au traitement<br />

orthodontique chez le patient adulte <strong>et</strong> ce, jusqu’à la<br />

fin de celui-ci ;<br />

une adaptation du traitement orthodontique en fonction des<br />

modifications parodontales liées à la maladie <strong>et</strong> à l’âge :<br />

utilisation de forces légères, contrôle de plaque <strong>et</strong> contention<br />

souvent définitive.<br />

La connaissance <strong>et</strong> la compréhension des règles de la physiologie<br />

<strong>et</strong> de la biomécanique perm<strong>et</strong>tent de réaliser les différents<br />

déplacements dentaires avec un maximum d’efficacité. Leur<br />

utilisation est plus difficile dans les situations de parodontes<br />

réduits <strong>et</strong> assainis qu’avec des parodontes sains mais, bien<br />

maniées, ces règles peuvent avoir la même efficacité dans les<br />

deux cas.<br />

L’application de celles-ci, en cas de parodonte réduit,<br />

demeure délicate, c’est au praticien de s’adapter à chaque cas<br />

avec toute sa compétence, sa prudence <strong>et</strong> sa modestie.<br />

Enfin, dans le cadre du remodelage <strong>et</strong> de l’aménagement<br />

parodontal orthodontique, il est important, pour les praticiens<br />

comme pour les patients, que les progrès, tant au niveau de la<br />

parodontologie que de l’orthodontie, soient connus <strong>et</strong> mis en<br />

pratique, dans le but d’optimiser <strong>et</strong> d’affiner les protocoles<br />

orthoparodontaux dans les années futures, mais aussi de servir<br />

la prothèse <strong>et</strong> l’implantologie.<br />

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Pour en savoir plus<br />

L. Massif, Assistant hospitalier universitaire.<br />

L. Frapier, Maître de conférences des Universités, praticien hospitalier (laure.frapier@univ-montp1.fr).<br />

20, rue Cavelier-de-la-Salle, résidence des Arts, 34000 Montpellier, France.<br />

Danan M, Fontanel F, Brion M. Parondotites sévères <strong>et</strong> orthodontie.<br />

Rueil-Malmaison: CdP; 2004 (183p).<br />

Toute référence à c<strong>et</strong> article doit porter la mention : Massif L., Frapier L. <strong>Orthodontie</strong> <strong>et</strong> <strong>parodontie</strong>. EMC (Elsevier Masson SAS, Paris),<br />

Odontologie/Orthopédie dentofaciale, 23-490-A-07, 2007.<br />

Disponibles sur www.emc-consulte.com<br />

Arbres<br />

décisionnels<br />

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supplémentaires<br />

Vidéos /<br />

Animations<br />

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