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Pathologie non traumatique de l'articulation ... - Belbacha Dental

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Encyclopédie Médico-Chirurgicale 23-446-D-10<br />

<strong>Pathologie</strong> <strong>non</strong> <strong>traumatique</strong><br />

<strong>de</strong> l’articulation temporomandibulaire<br />

JF Chassagne<br />

S Chassagne<br />

L Deblock<br />

P Gillet<br />

JP Kahn<br />

JE Bussienne<br />

F Pierucci<br />

JP Fyad<br />

E Simon<br />

Introduction<br />

Résumé. – Comme toute articulation, l’articulation temporomandibulaire peut être intéressée par toutes les<br />

affections rhumatologiques : arthrites septiques, rhumatismes inflammatoires, lésions dégénératives,<br />

arthropathies métaboliques, dont la prise en charge ne diffère pas alors fondamentalement <strong>de</strong>s atteintes<br />

rhumatologiques d’autres articulations. Elle peut aussi être le siège <strong>de</strong> lésions tumorales ou malformatives.<br />

Mais l’articulation temporomandibulaire est aussi une articulation particulière, d’une part en raison <strong>de</strong> la<br />

présence d’une structure tendineuse qui la traverse, et d’autre part du fait que ses conditions <strong>de</strong><br />

fonctionnement sont étroitement dépendantes <strong>de</strong> l’occlusion <strong>de</strong>ntaire. Ces caractéristiques expliquent les<br />

pathologies le plus fréquemment rencontrées : les dysfonctionnements discocondyliens et les luxations<br />

condyloglénoïdiennes.<br />

La prise en charge <strong>de</strong> cette pathologie est multidisciplinaire. Le traitement doit tendre à être étiologique :<br />

ajustement occlusal, réhabilitation prothétique, orthodontie, rééducation, orthophonie. Les prothèses<br />

amovibles <strong>de</strong> recouvrement occlusal constituent essentiellement un moyen <strong>de</strong> diagnostic et <strong>de</strong> détermination<br />

<strong>de</strong> la position mandibulaire souhaitable. Elles peuvent être utilisées comme un recours thérapeutique lorsque<br />

le traitement étiologique ne peut être fait. Les traitements symptomatiques sont parfois nécessaires :<br />

antalgiques, myorelaxants, arthrocentèses. Les indications chirurgicales sont rares et ne représentent bien<br />

souvent également qu’un traitement symptomatique.<br />

© 2003 Editions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS. Tous droits réservés.<br />

Mots-clés : dysfonctions <strong>de</strong> l’appareil manducateur, pathologie <strong>de</strong> l’articulation temporomandibulaire,<br />

luxation condylodiscale, luxation condyloglénoïdienne, dysfonctions <strong>de</strong> l’articulation<br />

temporomandibulaire.<br />

L’articulation temporomandibulaire est une articulation comme les<br />

autres : elle possè<strong>de</strong> <strong>de</strong>s surfaces articulaires, une synoviale, une<br />

capsule et <strong>de</strong>s ligaments. Elle peut être le siège <strong>de</strong> toutes les<br />

affections rhumatologiques, comme n’importe quelle articulation.<br />

Mais elle est également une articulation particulière car elle possè<strong>de</strong><br />

entre autres <strong>de</strong>ux caractéristiques uniques : elle est divisée en <strong>de</strong>ux<br />

par une structure fibrocartilagineuse, le disque, qui n’a pas <strong>de</strong> points<br />

communs avec une structure méniscale telle que l’on peut en<br />

rencontrer au genou et à la hanche (fig 1), et elle est le siège, outre<br />

<strong>de</strong> mouvements <strong>de</strong> rotation, <strong>de</strong> mouvements <strong>de</strong> translation qui n’ont<br />

pas d’équivalents (fig 2).<br />

De plus, elle fonctionne en synergie obligée avec l’articulation<br />

controlatérale et toute anomalie <strong>de</strong> l’une <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux articulations<br />

retentit à terme sur l’autre. Enfin, elle fonctionne aussi en relation<br />

avec une troisième articulation : l’articulation <strong>de</strong>nto<strong>de</strong>ntaire,<br />

constituée par l’occlusion <strong>de</strong>ntaire. Là aussi, toute anomalie <strong>de</strong> l’une<br />

<strong>de</strong> ces articulations retentit sur l’autre.<br />

Jean-François Chassagne : Professeur <strong>de</strong>s Universités, praticien hospitalier.<br />

Sorana Chassagne : Praticien adjoint contractuel.<br />

Jean-Pascal Fyad : Maître <strong>de</strong> conférence <strong>de</strong>s Universités, praticien hospitalier.<br />

Etienne Simon : Assistant-chef <strong>de</strong> clinique.<br />

Service <strong>de</strong> chirurgie maxillofaciale, hôpital Central, 54035 Nancy, France.<br />

Pierre Gillet : Professeur <strong>de</strong>s Universités, praticien hospitalier, laboratoire <strong>de</strong> pharmacologie, toxicologie et<br />

pharmacovigilance, hôpital Central, 54035 Nancy, France<br />

Jean-Pierre Kahn : Professeur <strong>de</strong>s Universités, praticien hospitalier, service <strong>de</strong> psychologie médicale, hôpital<br />

Jeanne d’Arc, CHU <strong>de</strong> Nancy<br />

Jean-Eric Bussienne : Attaché <strong>de</strong> mé<strong>de</strong>cine physique, service d’ORL.<br />

Francis Pierucci : Praticien hospitalier, service <strong>de</strong> radiologie.<br />

Hôpital central, 29, avenue du Maréchal-<strong>de</strong>-Lattre-<strong>de</strong>-Tassigny, 54035 Nancy ce<strong>de</strong>x, France.<br />

Louis Deblock : Professeur <strong>de</strong>s Universités, orthodontiste, Vandœuvre-les-Nancy, France<br />

Aspects cliniques<br />

SYMPTOMATOLOGIE CLINIQUE<br />

Syndromes douloureux<br />

23-446-D-10<br />

La douleur est la cause la plus fréquente <strong>de</strong> consultations dans le<br />

cadre <strong>de</strong> la pathologie <strong>de</strong> l’articulation temporomandibulaire.<br />

Il convient naturellement <strong>de</strong> préciser les caractéristiques <strong>de</strong> cette<br />

douleur : sa localisation, son caractère localisé ou diffus, son<br />

intensité, sa durée, sa fréquence, sa périodicité, son évolution dans<br />

le temps. Il faut essayer <strong>de</strong> déterminer les causes déclenchantes<br />

apparentes <strong>de</strong>s premières douleurs, les facteurs d’atténuation et les<br />

facteurs d’accentuation <strong>de</strong> cette douleur. On s’intéresse aussi à son<br />

évolution si <strong>de</strong>s traitements antérieurs ont été tentés.<br />

En pratique, la douleur peut être localisée dans la région<br />

prétragienne en regard <strong>de</strong> l’articulation elle-même et/ou se localiser<br />

aux différents muscles intéressés par la manducation (fig 3), voire<br />

siéger dans <strong>de</strong>s zones erratiques correspondant aux zones <strong>de</strong><br />

projections douloureuses classiques (fig 4).<br />

Naturellement, <strong>de</strong>s douleurs articulaires signent l’existence d’une<br />

inflammation capsulaire ou synoviale, alors que <strong>de</strong>s douleurs<br />

musculaires traduisent <strong>de</strong>s « contractures » ou <strong>de</strong>s « crampes »,<br />

créées par <strong>de</strong>s modifications biochimiques intramusculaires, dues à<br />

l’hyperfonction d’un muscle ou <strong>de</strong> faisceaux musculaires (ce que les<br />

Anglo-Saxons désignent sous le terme <strong>de</strong> « spasme » et qui peut être<br />

décrit comme une contracture douloureuse plus ou moins furtive).<br />

Les douleurs peuvent également traduire une tendinite, signe <strong>de</strong><br />

l’inflammation du tendon terminal d’un muscle, comme on en<br />

Toute référence à cet article doit porter la mention : Chassagne JF, Chassagne S, Deblock L, Gillet P, Kahn JP, Bussienne JE, Pierucci F, Fyad JP et Simon E. <strong>Pathologie</strong> <strong>non</strong> <strong>traumatique</strong> <strong>de</strong> l’articulation temporomandibulaire. Encycl<br />

Méd Chir (Editions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS, Paris, tous droits réservés), Stomatologie, 22-056-R-10, Odontologie, 23-446-D-10, 2003, 46 p.


23-446-D-10 <strong>Pathologie</strong> <strong>non</strong> <strong>traumatique</strong> <strong>de</strong> l’articulation temporomandibulaire Odontologie<br />

1<br />

1 Appareil discal.<br />

3<br />

5<br />

2 Les cinq <strong>de</strong>grés <strong>de</strong> liberté <strong>de</strong> la mandibule dans l’espace (d’après Meyer). 1. Abaissement<br />

en rotation pure (mouvement charnière) ; 2, 3. rotations condyliennes autour<br />

d’axes obliques (diduction droite et gauche) ; 4. mouvement <strong>de</strong> translation (mouvement<br />

<strong>de</strong> Bennet) ; 5. déplacement antérieur (propulsion).<br />

rencontre dans beaucoup d’autres pathologies, en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong><br />

l’appareil manducateur. Les caractéristiques du syndrome<br />

douloureux décrites par le patient doivent être notées, et on doit<br />

également apprécier leur retentissement, en particulier sur le<br />

sommeil.<br />

Une palpation <strong>de</strong> l’articulation, externe et endaurale, doit être<br />

effectuée, ainsi qu’une palpation <strong>de</strong>s différents muscles masticateurs,<br />

à la recherche <strong>de</strong> zones sensibles, en particulier aux zones d’insertion<br />

2<br />

2<br />

4<br />

7<br />

3<br />

6<br />

4<br />

1<br />

3 Sites <strong>de</strong> palpation musculaire à la recherche <strong>de</strong> points douloureux (d’après Rozencweig<br />

[77] ). 1. Faisceaux antérieurs, moyens et postérieurs du muscle temporal ; 2. tendon<br />

inférieur du temporal (voie buccale) ; 3. attaches supérieure et inférieure et corps<br />

du masséter ; 4. bord inférieur du ptérygoïdien médial ; 5. ventres antérieur et postérieur<br />

du digastrique ; 6. parties supérieure, moyenne et inférieure du sterno-cléidomastoïdien<br />

; 7. insertion supérieure et corps du trapèze.<br />

7<br />

3<br />

6<br />

4 Douleurs référées (d’après Rozencweig [77] ). 1. Masséter : région sous-orbitaire,<br />

région mandibulaire (branche horizontale), région frontotemporale, oreille ; 2. temporal<br />

: région maxillaire antérieure, région sus-temporale, région frontale ; 3. ptérygoïdien<br />

médial : région rétroangulomandibulaire, région préauriculaire ; 4. ptérygoïdien<br />

latéral : région maxillaire supérieure, oreille ; 5. digastrique : région sous-auriculaire et<br />

jugale ; 6. sterno-cléido-mastoïdien : région du vertex, région fronto-orbitaire, oreille,<br />

région jugale et mentonnière ; 7. trapèze : région temporale et fronto-orbitaire, région<br />

angulomandibulaire.<br />

musculaire. La palpation du masséter, du temporal, du ptérygoïdien<br />

médial, est facile. La palpation du ptérygoïdien latéral est presque<br />

impossible. On peut espérer atteindre avec le doigt ou avec une<br />

compression instrumentale le bord inférieur du chef inférieur du<br />

ptérygoïdien latéral <strong>de</strong>rrière la tubérosité maxillaire. On peut<br />

également compléter l’examen par la palpation <strong>de</strong>s muscles<br />

cervicaux (digastrique, sus-hyoïdien, sterno-cléido-mastoïdien,<br />

trapèze).<br />

On <strong>de</strong>man<strong>de</strong> au patient d’effectuer <strong>de</strong>s mouvements <strong>de</strong> la<br />

mandibule contre résistance. Ces mouvements sont ceux d’ouverture<br />

et <strong>de</strong> fermeture habituelles, mais il est surtout intéressant <strong>de</strong> faire<br />

2<br />

4<br />

1<br />

5<br />

5<br />

2


Odontologie <strong>Pathologie</strong> <strong>non</strong> <strong>traumatique</strong> <strong>de</strong> l’articulation temporomandibulaire 23-446-D-10<br />

effectuer <strong>de</strong>s mouvements d’ouverture et <strong>de</strong> fermeture en<br />

propulsion, ainsi que <strong>de</strong>s mouvements <strong>de</strong> latéralité, ce qui permet<br />

<strong>de</strong> tester le ptérygoïdien latéral, tant dans son chef inférieur que<br />

dans son chef supérieur, muscle difficilement explorable<br />

cliniquement.<br />

Le test <strong>de</strong> morsure d’un bâtonnet <strong>de</strong> bois (Krogh-Poulsen) est très<br />

facile à réaliser. Il suffit d’introduire une cale en bois (abaisselangue)<br />

entre les <strong>de</strong>rnières molaires et <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r au patient<br />

d’exercer une pression forte sur cette cale. Lorsque l’on met ce<br />

bâtonnet <strong>de</strong> bois du côté douloureux, une diminution <strong>de</strong> la douleur<br />

lors <strong>de</strong> la contraction musculaire évoque une participation articulaire<br />

dans la douleur, alors qu’une augmentation <strong>de</strong> la douleur signe<br />

plutôt l’existence d’une pathologie musculaire. Lorsque ce bâtonnet<br />

<strong>de</strong> bois est introduit du côté opposé au syndrome douloureux du<br />

patient, une augmentation <strong>de</strong> douleur lors <strong>de</strong> la contraction évoque<br />

une participation articulaire.<br />

On peut également réaliser le test <strong>de</strong> provocation <strong>de</strong>s bruxofacettes :<br />

on gui<strong>de</strong> la mandibule <strong>de</strong> manière à réaliser un contact entre <strong>de</strong>ux<br />

facettes d’usure opposées dues à un bruxisme. Le patient est alors<br />

invité à contracter fortement sa musculature pendant 3 minutes. Si<br />

une douleur apparaît, elle confirmerait l’étiologie parafonctionnelle<br />

<strong>de</strong> la pathologie [77] .<br />

On note parfois l’existence d’une hypertrophie musculaire du<br />

masséter ou du temporal cliniquement visible, pouvant faire<br />

évoquer à tort un diagnostic tumoral. Les hypertrophies musculaires<br />

sont classiques et un certain nombre <strong>de</strong> formes asymétriques ont été<br />

décrites dans la littérature. Le diagnostic positif est assuré par la<br />

palpation <strong>de</strong> l’hypertrophie et la perception <strong>de</strong> la contraction<br />

musculaire lors <strong>de</strong>s mouvements <strong>de</strong> fermeture buccale.<br />

Il n’y a que rarement <strong>de</strong>s problèmes <strong>de</strong> diagnostics différentiels : ils<br />

pourraient se poser essentiellement avec <strong>de</strong>s douleurs dues à une<br />

maladie <strong>de</strong> Horton, à un syndrome d’Eagle (styloï<strong>de</strong> longue), une<br />

bursite du crochet <strong>de</strong> la ptérygoï<strong>de</strong>, une carotidodynie.<br />

Bruits articulaires<br />

Les bruits articulaires sont également très fréquents et constituent<br />

un motif <strong>de</strong> consultation courant. Quelquefois très discrets, ils ne<br />

sont perçus que par le patient lui-même (alors que d’autres fois ils<br />

sont très intenses et peuvent être entendus à distance par<br />

l’entourage). Ils ont été étudiés par <strong>de</strong> nombreux auteurs dont<br />

Rohlin (1985), Gay [33] , Runge (1989), Motoyoshi (1994). Ces bruits<br />

articulaires sont habituellement perçus par l’examinateur, soit<br />

spontanément, soit par la palpation externe ou intra-auriculaire,<br />

éventuellement par l’auscultation <strong>de</strong>s articulations temporomandibulaires.<br />

Les bruits articulaires anormaux sont facilement différenciables <strong>de</strong>s<br />

bruits articulaires physiologiques qui peuvent exister dans toutes<br />

les articulations et qui sont créés par un mouvement d’écartement<br />

<strong>de</strong>s extrémités osseuses, par augmentation <strong>de</strong> la dépression<br />

articulaire : craquements secs, uniques, audibles et reproductibles<br />

seulement après un certain temps d’attente. Ce type <strong>de</strong> bruits<br />

physiologiques semble exceptionnel à l’articulation temporomandibulaire.<br />

Les bruits articulaires pathologiques se divisent essentiellement en<br />

<strong>de</strong>ux types : les claquements (ou craquements) et les crissements (ou<br />

grincements). Le premier type (claquements) correspond à un<br />

problème <strong>de</strong> dysfonctionnement discocondylien, le <strong>de</strong>uxième type<br />

(crissements) correspond au frottement <strong>de</strong>s extrémités osseuses<br />

dénudées <strong>de</strong> leur revêtement articulaire, ou <strong>de</strong>s surfaces articulaires<br />

cartilagineuses très irrégulières l’une sur l’autre. Il est intéressant <strong>de</strong><br />

noter la chronologie <strong>de</strong>s bruits articulaires lors <strong>de</strong>s mouvements <strong>de</strong><br />

la mandibule. Ces claquements articulaires surviennent<br />

habituellement d’une façon superposable lors <strong>de</strong>s mouvements<br />

d’ouverture et <strong>de</strong> fermeture buccale, mais selon les cas, ils peuvent<br />

n’exister qu’à l’ouverture ou qu’à la fermeture (ce qui ne s’observe<br />

que rarement). Plus le claquement est précoce lors <strong>de</strong> l’ouverture<br />

buccale, moins la luxation discale antérieure est importante (et<br />

inversement). Des claquements dans les mouvements <strong>de</strong> latéralité<br />

sont parfois rencontrés. Lorsqu’il existe un claquement en latéralité<br />

5 Latérodéviation à l’ouverture buccale.<br />

a b c d e<br />

6 Examen du trajet d’ouverture.<br />

a. Chemin rectiligne ; b. Ouverture en baïonnette ; c. Fermeture en baïonnette ; d. Déviation<br />

latérale avec réduction ; e. Mouvements erratiques.<br />

travaillante, il signe une luxation externe du disque (exceptionnelle).<br />

Lorsqu’il existe un claquement en latéralité <strong>non</strong> travaillante, il signe<br />

une luxation interne du disque.<br />

Troubles <strong>de</strong> la motilité mandibulaire<br />

Les limitations d’ouverture buccale sont également un motif<br />

fréquent <strong>de</strong> consultation. Cependant, les troubles <strong>de</strong> la motilité<br />

mandibulaire ne se résument pas à ces anomalies d’amplitu<strong>de</strong> en<br />

ouverture.<br />

Il convient <strong>non</strong> seulement <strong>de</strong> mesurer l’ouverture buccale en<br />

amplitu<strong>de</strong> maximale, mais également <strong>de</strong> vérifier ce trajet<br />

d’ouverture, qui doit se faire en rectitu<strong>de</strong>, et d’explorer les<br />

mouvements <strong>de</strong> propulsion et <strong>de</strong> latéralité <strong>de</strong> la mandibule (fig 5).<br />

On peut rappeler les mesures moyennes normales chez l’adulte<br />

(Cornu et Dechoux) : ouverture maximale à 50 mm (± 6), propulsion<br />

à7mm(± 2), latéralité à 9 mm (± 3). On regar<strong>de</strong> le trajet <strong>de</strong> la<br />

mandibule lors <strong>de</strong> l’ouverture, en observant attentivement le<br />

déplacement <strong>de</strong> la pointe du menton ou du point interincisif<br />

inférieur, <strong>de</strong> l’occlusion d’intercuspidation maximale à l’ouverture<br />

maximale (fig 6).<br />

3


23-446-D-10 <strong>Pathologie</strong> <strong>non</strong> <strong>traumatique</strong> <strong>de</strong> l’articulation temporomandibulaire Odontologie<br />

Les limitations d’ouverture buccale avec une ouverture rectiligne<br />

traduisent le plus souvent <strong>de</strong>s luxations discales antérieures<br />

irréductibles bilatérales. Les ouvertures buccales déviées d’une<br />

manière régulière orientent plutôt vers un dysfonctionnement<br />

musculaire, ou une inflammation articulaire, ou une contracture<br />

musculaire unilatérale, ou une luxation discale irréductible<br />

unilatérale. Les ouvertures buccales déviées amples avec<br />

mouvement en baïonnette évoquent une luxation discale réductible<br />

unilatérale ou, si elles se produisent en fin <strong>de</strong> mouvement, une<br />

luxation condyloglénoïdienne. Les ouvertures buccales déviées avec<br />

ressauts bilatéraux le plus souvent asynchrones évoquent <strong>de</strong>s<br />

luxations discales réductibles bilatérales asynchrones.<br />

Un cas particulier est en effet représenté par la déviation se<br />

produisant à la fin <strong>de</strong> l’ouverture buccale : « la mâchoire se<br />

déboîte ». Dans ce cas, un <strong>de</strong>s condyles translate trop et franchit en<br />

ouverture buccale maximale la racine transverse du zygoma<br />

(luxation condyloglénoïdienne).<br />

Il est intéressant d’effectuer une synthèse <strong>de</strong> ces observations sous<br />

la forme du diagramme <strong>de</strong> Farrar [28] (fig 7).<br />

Plus rarement, le motif <strong>de</strong> consultation est un phénomène <strong>de</strong><br />

blocage. Il s’agit généralement d’une limitation d’ouverture buccale<br />

qui peut être assez sévère, d’installation brutale, et qui traduit le<br />

plus souvent une luxation méniscale antérieure réductible ancienne<br />

<strong>de</strong>venue irréductible. Lorsqu’elle s’accompagne d’une<br />

latérodéviation, cette luxation est unilatérale, le menton se déviant<br />

du côté où existe la luxation. Exceptionnellement, on ne note pas<br />

une telle latérodéviation, la luxation irréductible s’est installée <strong>de</strong>s<br />

<strong>de</strong>ux côtés en même temps, ou bien il existait une ancienne<br />

latérodéviation due à une luxation irréductible ancienne et le côté<br />

opposé est le siège d’une luxation <strong>de</strong>venue irréductible.<br />

Lorsqu’il s’agit d’un blocage bouche ouverte, sans possibilité <strong>de</strong><br />

fermeture, il s’agit naturellement d’une luxation<br />

condyloglénoïdienne (anciennement appelée « luxation<br />

squelettique »). Il existe alors une béance incisive, avec une déviation<br />

<strong>de</strong> la pointe du menton vers le côté sain, en cas <strong>de</strong> lésion unilatérale.<br />

Sensations <strong>de</strong> ressaut<br />

Ces phénomènes perçus par le patient (« la mâchoire se décroche »)<br />

surviennent à l’ouverture et/ou à la fermeture buccale. Ils<br />

4<br />

8 4<br />

15<br />

4 9<br />

27<br />

10 10<br />

40<br />

8 6<br />

6<br />

21<br />

11 11<br />

35<br />

10<br />

44<br />

1<br />

12 12<br />

46<br />

12<br />

13 13<br />

60<br />

52 54<br />

2a 2b 3a 3b<br />

10<br />

10<br />

46<br />

12<br />

11<br />

48<br />

11 11<br />

11<br />

30<br />

13 13<br />

4a 4b 4c 5 6<br />

62<br />

s’accompagnent habituellement <strong>de</strong> claquements articulaires. Ils<br />

peuvent être unilatéraux ou successifs, d’abord d’un côté puis <strong>de</strong><br />

l’autre, et ils s’accompagnent d’une modification du chemin<br />

d’ouverture. Ils traduisent une (ou <strong>de</strong>s) luxation(s) discale(s)<br />

antérieure(s) réductible(s) ou bien, lorsqu’ils se produisent en fin<br />

d’ouverture buccale, une (ou <strong>de</strong>s) luxation(s) condyloglénoïdienne(s).<br />

Signes otologiques<br />

7 Diagramme <strong>de</strong> Farrar. 1. Trajet condylien physiologique<br />

; 2a, 2b. inflammation articulaire (déviation vers le côté<br />

sain, ouverture réduite) ; 3a. luxation discale réductible ;<br />

3b. luxation discale réductible à rattrapage tardif ; 4a. luxation<br />

discale irréductible (mouvements limités et déviation<br />

vers le côté bloqué) ; 4b. luxation discale irréductible chronique<br />

(augmentation <strong>de</strong> l’amplitu<strong>de</strong> d’ouverture) ; 4c. luxation<br />

discale irréductible ancienne ; 5. arthrose (réduction<br />

importante <strong>de</strong> l’amplitu<strong>de</strong>) ; 6. distension ligamentaire.<br />

Acouphènes, voire hypoacousie, sont parfois <strong>de</strong>s signes <strong>de</strong><br />

consultation ou coexistent avec une symptomatologie articulaire [64] .<br />

Historiquement, la relation acouphènes-occlusion a été suggérée par<br />

Prentiss en 1918. Deux explications ont été proposées.<br />

– Explication anatomoembryologique : lors <strong>de</strong> la formation <strong>de</strong><br />

l’articulation, la zone discale se trouve, dans sa partie distale, entre<br />

le blastème condylien et le blastème temporal. La partie distale du<br />

cartilage est alors reliée au malleus (marteau). Anatomiquement, le<br />

ligament <strong>de</strong> Pinto, qui est le résidu <strong>de</strong> cette union, glisse par la<br />

fissure pétro-tympano-squameuse, reliant les osselets <strong>de</strong> l’oreille<br />

moyenne à la zone bilaminaire (Alkofi<strong>de</strong>, 1997) et cette disposition<br />

anatomique pourrait rendre compte, dans certains cas, <strong>de</strong> la<br />

symptomatologie otologique. Cependant, la majorité <strong>de</strong>s auteurs<br />

pense qu’il n’y a pas <strong>de</strong> possibilité réelle <strong>de</strong> transmission <strong>de</strong>s<br />

contraintes articulaires sur les osselets <strong>de</strong> l’oreille via cette fissure.<br />

– Explication fonctionnelle : Myrhaug, en 1964, a observé les<br />

contractions du muscle tenseur du tympan lors du grincement ou<br />

du serrage <strong>de</strong>s <strong>de</strong>nts et, pour Gola [34] , les hypoacousies et les<br />

acouphènes s’expliqueraient par <strong>de</strong>s spasmes <strong>de</strong>s muscles tenseurs<br />

du voile et du tympan (en raison <strong>de</strong> leur innervation commune et<br />

<strong>de</strong> leur proprioception commune avec le ptérygoïdien médial), la<br />

preuve en étant apportée par la diminution ou l’abolition du réflexe<br />

<strong>de</strong> Klockoff (contraction brève du muscle tenseur du tympan après<br />

projection d’air sur la cornée, visible sur un oscilloscope). Un<br />

phénomène <strong>de</strong> myoclonie du tenseur du tympan semble <strong>de</strong> plus<br />

s’installer progressivement (ce qui expliquerait la difficulté <strong>de</strong> traiter<br />

les acouphènes anciens). Ren et Isberg (1995) ont mis en évi<strong>de</strong>nce <strong>de</strong><br />

telles relations entre les dérangements internes <strong>de</strong> l’articulation


Odontologie <strong>Pathologie</strong> <strong>non</strong> <strong>traumatique</strong> <strong>de</strong> l’articulation temporomandibulaire 23-446-D-10<br />

8 Courbes <strong>de</strong> compensation (d’après Dawson).<br />

A. La courbe <strong>de</strong> Spee commence à la pointe canine et suit les pointes cuspidiennes<br />

<strong>de</strong>s prémolaires et molaires.<br />

B. La courbe <strong>de</strong> Wilson est la courbe transversale passant par les pointes cuspidiennes<br />

vestibulaires et linguales <strong>de</strong>s <strong>de</strong>nts mandibulaires.<br />

temporomandibulaire et les acouphènes. Mais les thérapeutiques par<br />

gouttière ou par réhabilitation occlusale semblent ne donner que <strong>de</strong>s<br />

résultats partiellement positifs [78] .<br />

Lorsque le motif <strong>de</strong> consultation du patient consiste dans ces<br />

troubles otologiques, il convient d’envisager un bilan otologique.<br />

Mais, si une étiologie oto-rhino-laryngologique n’est pas découverte,<br />

on ne peut que lui expliquer qu’il est possible qu’il y ait un rapport<br />

avec une pathologie occlusale, mais que le résultat d’une<br />

thérapeutique ainsi orientée est incertain.<br />

EXAMEN DES DENTS ET DES RAPPORTS OCCLUSAUX<br />

Quelles que soient les hypothèses étiologiques évoquées, l’examen<br />

occlusal est indispensable dans tous les cas <strong>de</strong> pathologie <strong>de</strong><br />

l’articulation temporomandibulaire.<br />

Examen <strong>de</strong>ntaire<br />

Il faut bien sûr noter les malpositions <strong>de</strong>ntaires, les éventuelles caries<br />

et reconstitutions coronaires importantes, les é<strong>de</strong>ntations tant dans<br />

leur nombre que dans leur situation, l’alignement <strong>de</strong>s <strong>de</strong>nts sur<br />

l’arca<strong>de</strong>, ainsi que leur intégration dans la convexité <strong>de</strong>s courbes <strong>de</strong><br />

compensation, courbes <strong>de</strong> Wilson et <strong>de</strong> Spee (fig 8). Les facettes<br />

d’abrasion (facettes d’usure), fendillements, fêlures <strong>de</strong>s <strong>de</strong>nts dues à<br />

un bruxisme, l’existence d’atteinte parodontale, sont également<br />

notés.<br />

En effet, toute variation <strong>de</strong> la courbe <strong>de</strong> Spee peut entraîner une<br />

perturbation <strong>de</strong>s mouvements fonctionnels. Une courbe <strong>de</strong> Spee trop<br />

pro<strong>non</strong>cée au niveau <strong>de</strong>s molaires crée <strong>de</strong>s interférences durant les<br />

mouvements <strong>de</strong> protrusion et <strong>de</strong> latéralité.<br />

La perte d’une <strong>de</strong>nt <strong>non</strong> compensée, en particulier, provoque <strong>de</strong>s<br />

perturbations <strong>de</strong> la courbe occlusale (fig 9). La <strong>de</strong>nt postérieure à la<br />

zone é<strong>de</strong>ntée subit une mésioversion, tandis que la <strong>de</strong>nt antagoniste<br />

continue son éruption, tant que le contact n’est pas établi avec la<br />

<strong>de</strong>nt opposée : il en résulte un effondrement <strong>de</strong> la courbe <strong>de</strong> Spee.<br />

Les mouvements <strong>de</strong> protrusion et <strong>de</strong> latéralité ne peuvent plus être<br />

réalisés sans interférer avec les <strong>de</strong>nts versées ou égressées.<br />

Les modifications <strong>de</strong> la courbe <strong>de</strong> Wilson doivent également être<br />

notées : cuspi<strong>de</strong>s linguales inférieures trop hautes ou cuspi<strong>de</strong>s<br />

vestibulaires supérieures trop longues (qui provoquent <strong>de</strong>s<br />

interférences travaillantes latérales), inclinaison linguale trop<br />

marquée <strong>de</strong>s molaires inférieures ou inclinaison vestibulaire <strong>de</strong>s<br />

molaires supérieures (qui provoquent <strong>de</strong>s interférences <strong>non</strong><br />

travaillantes latérales).<br />

On note également les facettes d’usure résultantes d’un bruxisme,<br />

qui peut être soit centré (action parafonctionnelle <strong>de</strong> serrer fortement<br />

*A<br />

*B<br />

C. La courbe <strong>de</strong> Spee, la courbe <strong>de</strong> Wilson et la courbe <strong>de</strong>s bords incisifs forment<br />

la courbe d’occlusion (plan d’occlusion).<br />

9 Perte <strong>de</strong>ntaire <strong>non</strong> compensée (première molaire inférieure) (d’après Dupuis<br />

et Brunet). Mésialisation <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>rnières molaires, distalisation <strong>de</strong>s prémolaires<br />

inférieures, extrusion <strong>de</strong> la première molaire supérieure.<br />

les <strong>de</strong>nts en position d’intercuspidation maximale), soit excentré<br />

(action dysfonctionnelle <strong>de</strong> crisser ou <strong>de</strong> grincer les <strong>de</strong>nts lors <strong>de</strong>s<br />

excursions rétrusives, protrusives ou latérales). Dans le bruxisme<br />

centré, les facettes d’usure sont situées sur les cuspi<strong>de</strong>s support,<br />

dans les fosses ou sur les crêtes marginales <strong>de</strong>s <strong>de</strong>nts maxillaires et<br />

mandibulaires. Dans le bruxisme excentré, les facettes d’usure sont<br />

variables suivant les mouvements réalisés : en rétrusion, elles se<br />

rencontrent en général sur le versant mésial interne <strong>de</strong>s cuspi<strong>de</strong>s<br />

palatines supérieures ; en protrusion <strong>non</strong> travaillante, elles se<br />

rencontrent sur le versant distal interne <strong>de</strong>s cuspi<strong>de</strong>s vestibulaires<br />

supérieures ; en latéralité travaillante, elles se situent sur le versant<br />

mésial interne et le sommet <strong>de</strong>s cuspi<strong>de</strong>s vestibulaires supérieures ;<br />

en latéralité <strong>non</strong> travaillante, elles se trouvent sur le versant distal<br />

interne et le sommet <strong>de</strong>s cuspi<strong>de</strong>s palatines supérieures.<br />

Étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’occlusion d’intercuspidation maximale<br />

L’occlusion d’intercuspidation maximale (occlusion terminale, ou<br />

occlusion positive, ou occlusion <strong>de</strong> convenance) est l’occlusion<br />

obtenue en position habituelle <strong>de</strong> fermeture (fig 10), position <strong>de</strong><br />

laquelle partent et à laquelle reviennent tous les mouvements<br />

mandibulaires [3] .<br />

On recherche déjà simplement une instabilité mandibulaire dans<br />

cette position. L’inspection simple permet <strong>de</strong> noter les é<strong>de</strong>ntations,<br />

les supraclusions et les infraclusions, les occlusions croisées, les<br />

prématurités occlusales en intercuspidation maximale. Dans cette<br />

position, les points <strong>de</strong> contact sont évalués selon leur nombre, leur<br />

emplacement et leur intensité (marquage en bouche à l’ai<strong>de</strong> d’un<br />

papier encré fin et souple, <strong>de</strong> cire ou <strong>de</strong> silicone pour mordu, <strong>de</strong><br />

film plastique, <strong>de</strong> strips fins ou <strong>de</strong> rubans <strong>de</strong> Shimstock). En<br />

occlusion d’intercuspidation idéale, il existerait 172 points <strong>de</strong><br />

*C<br />

5


23-446-D-10 <strong>Pathologie</strong> <strong>non</strong> <strong>traumatique</strong> <strong>de</strong> l’articulation temporomandibulaire Odontologie<br />

contacts occlusaux représentant 3 mm2 <strong>de</strong> surface d’appui (Shaw).<br />

Les contacts occlusaux normaux doivent être multiples (plusieurs<br />

par <strong>de</strong>nt), répartis uniformément, bien marqués sur toutes les <strong>de</strong>nts<br />

postérieures et moins marqués sur les <strong>de</strong>nts antérieures (fig 10). Ils<br />

sont parfaitement répartis sur les <strong>de</strong>ux côtés, sans surcharge<br />

antérieure ni postérieure [77] . Dans le cas d’un véritable équilibre<br />

occlusal, la fermeture brusque <strong>de</strong>s arca<strong>de</strong>s produit un bruit clair et<br />

unique (test du claquement occlusal, recherche du déplacement <strong>de</strong>s<br />

<strong>de</strong>nts par l’occlusion ou du « fremitus »).<br />

En position d’intercuspidation maximale, la correspondance <strong>de</strong>s<br />

points interincisifs médians supérieurs et inférieurs est appréciée.<br />

La <strong>non</strong>-concordance <strong>de</strong>s médianes incisives entraîne obligatoirement<br />

une occlusion différente entre les hémiarca<strong>de</strong>s droite et gauche, avec<br />

un risque d’instabilité articulaire. Elle est extrêmement fréquente.<br />

Les étiologies en sont nombreuses et radicalement différentes, et<br />

l’observation clinique doit permettre <strong>de</strong> les classer dans différentes<br />

catégories [18] (fig 11).<br />

– Déviation fonctionnelle mandibulaire : elle est occasionnée par une<br />

déviation latérale du chemin <strong>de</strong> fermeture entre la position <strong>de</strong> repos<br />

et l’occlusion d’intercuspidation maximale. Les médianes incisives<br />

coïnci<strong>de</strong>nt au repos et en relation centrée, et leur discordance<br />

n’apparaît que pendant la fonction. Cette déviation fonctionnelle a<br />

pour origine une prématurité occlusale.<br />

– Latérognathie maxillaire et mandibulaire : il s’agit d’une<br />

déformation structurale dissymétrique <strong>de</strong> la mandibule ou/et du<br />

maxillaire. La déviation <strong>de</strong>s médianes incisives est donc d’origine<br />

squelettique. L’examen endobuccal montre que les médianes<br />

incisives restent déviées en relation centrée, au repos et en bouche<br />

gran<strong>de</strong> ouverte ; on note une occlusion croisée latérale, <strong>de</strong>s rapports<br />

molaires droites et gauches inversés, une forme d’arca<strong>de</strong> et une<br />

voûte palatine dissymétrique. Dans les formes sévères, il existe une<br />

asymétrie faciale visible ; dans les formes légères, il existe souvent<br />

<strong>de</strong>s compensations <strong>de</strong>ntoalvéolaires dans les secteurs latéraux,<br />

6<br />

*C<br />

*A *B<br />

10 A. Occlusion d’intercuspidation maximale (d’après<br />

Latino).<br />

B. Points <strong>de</strong> contact occlusaux (d’après Gola [34] ). a.<br />

Vestibulaire ; b. médian ; c. lingual ou palatin.<br />

C. Zones <strong>de</strong> contact en occlusion d’intercuspidation<br />

maximale (d’après Latino).<br />

a<br />

b<br />

c<br />

Intercuspidation<br />

maximale<br />

Relation<br />

centrée<br />

Repos<br />

physiologique<br />

Trajet<br />

mandibulaire<br />

Bouche<br />

gran<strong>de</strong> ouverte<br />

Intercuspidation<br />

maximale<br />

Relation<br />

centrée<br />

Repos<br />

physiologique<br />

Trajet<br />

mandibulaire<br />

Bouche<br />

gran<strong>de</strong> ouverte<br />

Intercuspidation<br />

maximale<br />

Relation<br />

centrée<br />

Repos<br />

physiologique<br />

Trajet<br />

mandibulaire<br />

Bouche<br />

gran<strong>de</strong> ouverte<br />

Intercuspidation<br />

maximale<br />

Relation<br />

centrée<br />

Repos<br />

physiologique<br />

Trajet<br />

mandibulaire<br />

Bouche<br />

gran<strong>de</strong> ouverte<br />

*A *B *C<br />

*D<br />

11 Déviation <strong>de</strong>s médianes incisives (d’après Deblock<br />

[18] ).<br />

A. Déviation fonctionnelle mandibulaire.<br />

B. Latérognathie.<br />

C. Déviation positionnelle mandibulaire.<br />

D. Schéma d’une déviation <strong>de</strong>ntaire.<br />

particulièrement à l’arca<strong>de</strong> inférieure avec, du côté <strong>de</strong> la déviation,<br />

<strong>de</strong>s versions mésiales et, du côté opposé, <strong>de</strong>s versions distales et<br />

vestibulaires.<br />

– Déviation positionnelle mandibulaire : elle est le résultat d’une<br />

luxation discale, surtout unilatérale. Les médianes incisives sont<br />

déviées en occlusion et au repos, mais elles correspon<strong>de</strong>nt lorsque<br />

la bouche est gran<strong>de</strong> ouverte (lors d’une luxation réductible).<br />

L’arca<strong>de</strong> inférieure est le plus souvent symétrique et ne présente<br />

pas <strong>de</strong> compensation <strong>de</strong>ntoalvéolaire.<br />

– Déviations <strong>de</strong>ntaires : les incisives maxillaires et/ou mandibulaires<br />

sont plus ou moins éversées latéralement au sein <strong>de</strong> leur propre<br />

arca<strong>de</strong>. Le point incisif et l’insertion du frein labial sont déviés,<br />

l’insertion du frein est oblique. Cette déviation persiste en relation<br />

centrée, au repos, et bouche gran<strong>de</strong> ouverte. Dans les cas où l’arca<strong>de</strong><br />

concernée est complète, on observe l’existence d’un encombrement<br />

plus important du côté <strong>de</strong> la déviation. Dans les cas d’agénésie du<br />

secteur antérieur, en présence <strong>de</strong> canine incluse ou ectopique, on<br />

observe fréquemment une déviation <strong>de</strong> la médiane du côté concerné.<br />

Étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> la relation centrée et recherche <strong>de</strong>s contacts<br />

prématurés<br />

Recherche <strong>de</strong> la relation centrée<br />

Cette position dite <strong>de</strong> relation centrée est une position <strong>de</strong> référence<br />

<strong>de</strong> l’équilibre articulaire (obtenue par le praticien). Définie<br />

initialement par Mc Cullum comme la position « la plus haute et la<br />

plus reculée, <strong>non</strong> forcée, <strong>de</strong>s condyles dans leur cavité glénoï<strong>de</strong>, d’où


Odontologie <strong>Pathologie</strong> <strong>non</strong> <strong>traumatique</strong> <strong>de</strong> l’articulation temporomandibulaire 23-446-D-10<br />

12 Recherche <strong>de</strong> la position centrée. E 13 A. Concordance <strong>de</strong> la relation centrée et <strong>de</strong> l’occlusion d’intercuspidation maximale<br />

(OIM).<br />

la mandibule peut effectuer <strong>de</strong>s mouvements latéraux », elle est<br />

actuellement considérée comme étant « la situation <strong>de</strong> coaptation<br />

condylo-disco-temporale bilatérale, haute, simultanée, enregistrable<br />

à partir d’un mouvement <strong>de</strong> rotation ». Elle est obtenue par<br />

« guidage, mais <strong>non</strong> forcé ». Elle est « répétitive avec précision, dans<br />

un temps donné, pour une position donnée » (Collège national<br />

d’occluso-odontologie, 1984). Cette évolution prend en compte le<br />

concept <strong>de</strong> relation myocentrée définie par Jankelson en 1965 [46]<br />

comme étant « la position statique mandibulaire, dans laquelle la<br />

mandibule se trouve en parfait état d’équilibre et <strong>de</strong> confort ».<br />

Comme le souligne Rozencweig [77] , avec la relation musculaire<br />

intégrale, toute relation centrée <strong>de</strong>vient automatiquement une<br />

relation myocentrée. Le corollaire en est que cette recherche <strong>de</strong><br />

relation centrée ne peut se faire qu’après avoir obtenu le relâchement<br />

le plus complet possible <strong>de</strong>s muscles masticateurs, grâce à une<br />

relaxation psychologique, gymnique, éventuellement créée par un<br />

training autogène, ou bio-feedback électromyographique, ou <strong>de</strong>s<br />

moyens mécaniques (rouleau <strong>de</strong> coton ou abaisse-langue placé entre<br />

les incisives pendant 20 minutes, interposition <strong>de</strong> plusieurs fils <strong>de</strong><br />

plomb ou <strong>de</strong> strip <strong>de</strong> celluloïd, plan <strong>de</strong> morsure rétro-incisif) et<br />

surtout grâce à une gouttière occlusale.<br />

De nombreuses techniques permettent <strong>de</strong> rechercher la position <strong>de</strong><br />

relation centrée. Elle peut être obtenue par le sujet lui-même s’il<br />

contracte fortement ses muscles rétracteurs en inclinant la tête vers<br />

l’arrière ou en portant la pointe <strong>de</strong> la langue au fond du palais<br />

(autoguidage par positionnement lingual) : dans la position bouche<br />

<strong>de</strong>mi-ouverte, le sujet place la pointe <strong>de</strong> la langue au point le plus<br />

profond et le plus postérieur <strong>de</strong> la voûte palatine, puis il doit<br />

s’efforcer <strong>de</strong> reculer la mandibule en gardant la langue dans cette<br />

position. Cette manœuvre conduit à une traction vers l’arrière <strong>de</strong> la<br />

langue et, par l’intermédiaire du génioglosse, la mandibule est<br />

placée dans une position postérieure satisfaisante.<br />

En pratique, cette position est recherchée par le mé<strong>de</strong>cin lui-même :<br />

<strong>de</strong>s différentes métho<strong>de</strong>s proposées (métho<strong>de</strong> <strong>de</strong> Lauritzen, métho<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong> Tomas, métho<strong>de</strong> Jankelson, métho<strong>de</strong> <strong>de</strong> Shore, métho<strong>de</strong> <strong>de</strong> Lucia,<br />

métho<strong>de</strong> <strong>de</strong> Wirth), la métho<strong>de</strong> la plus utilisée est celle <strong>de</strong> Dawson.<br />

Le patient est couché, l’opérateur assis <strong>de</strong>rrière lui, immobilisant la<br />

tête entre ses avant-bras et sa cage thoracique, les trois <strong>de</strong>rniers<br />

doigts <strong>de</strong> chaque main étant placés sous le bord oriental <strong>de</strong> la<br />

mandibule, les pouces et l’in<strong>de</strong>x encadrant la symphyse<br />

mentonnière, formant ainsi un losange sur l’éminence osseuse. La<br />

mandibule est dirigée en position axiale terminale par la pression<br />

en arrière <strong>de</strong>s pouces et <strong>de</strong>s in<strong>de</strong>x, et par la pression en haut <strong>de</strong>s<br />

autres doigts (fig 12).<br />

Théoriquement, il <strong>de</strong>vrait y avoir correspondance entre cette<br />

position <strong>de</strong> relation centrée et la position d’intercuspidation<br />

maximale. Cependant, il existe pratiquement toujours une différence<br />

entre ces <strong>de</strong>ux positions, sans que cela traduise une pathologie : les<br />

structures articulaires ont subi <strong>de</strong>s modifications, au fil du temps les<br />

<strong>de</strong>nts ont connu <strong>de</strong>s altérations (soit spontanées soit iatrogènes) ou<br />

<strong>de</strong>s déplacements (fig 13).<br />

B. Différence entre l’OIM et la relation centrée.<br />

RC<br />

*A *B<br />

14 Contact prématuré sur la 25 (d’après<br />

Latino). RC : relation centrée.<br />

Recherche <strong>de</strong>s contacts prématurés<br />

Lorsque l’on amène les <strong>de</strong>nts au contact en maintenant la mandibule<br />

en position <strong>de</strong> relation centrée, pour obtenir une relation en<br />

intercuspidation maximale, les <strong>de</strong>nts doivent glisser les unes sur les<br />

autres d’une certaine distance, dans une certaine direction [2] .<br />

Le plus souvent, la position <strong>de</strong> contact en relation centrée se situe<br />

en arrière <strong>de</strong> la position d’intercuspidation maximale. Ce<br />

mouvement <strong>de</strong> fermeture en relation centrée est alors interrompu<br />

par un contact sur une ou plusieurs <strong>de</strong>nts. À partir <strong>de</strong> ce premier<br />

contact, la mandibule glisse en haut et en avant pour joindre la<br />

position d’intercuspidation. Ce glissement antérieur est compris<br />

entre 0,1 et 1 mm. Ce glissement en position d’intercuspidation (sli<strong>de</strong><br />

in centric) doit se faire sans heurt, d’une manière continue, et la<br />

mandibule effectue un déplacement rectiligne jusqu’à la position<br />

intercuspidienne. Ce glissement est harmonieux dans la mesure où<br />

les surfaces occlusales <strong>de</strong> plusieurs <strong>de</strong>nts participent aux<br />

mouvements, sur tout le trajet. Si le premier contact en relation<br />

centrée est localisé à une seule <strong>de</strong>nt, ce contact <strong>de</strong>vient obstacle : il<br />

s’agit d’un contact prématuré (fig 14).<br />

Ce contact prématuré est le premier obstacle occlusal, lors <strong>de</strong> la<br />

fermeture en relation centrée. Il s’oppose au glissement harmonieux<br />

position en relation centrée/position d’intercuspidation maximale et<br />

engendre un dérapage mandibulaire qui peut être :<br />

– soit antérieur, dans le plan sagittal médian ;<br />

– soit antérolatéral, en <strong>de</strong>hors du plan sagittal médian ; dans ce cas,<br />

le <strong>de</strong>ntalé se déplace latéralement.<br />

Ce dérapage est considéré comme traumatisant pour la <strong>de</strong>nt<br />

incriminée sur l’antagoniste, <strong>non</strong> seulement pour les muscles<br />

masticateurs et l’articulation temporomandibulaire, mais également<br />

pour les <strong>de</strong>nts et les tissus <strong>de</strong> soutien.<br />

Dans ce mouvement <strong>de</strong> fermeture, le premier contact inter<strong>de</strong>ntaire<br />

qui se produit est donc appelé contact prématuré. Il se situe<br />

habituellement sur les versants mésiaux <strong>de</strong>s <strong>de</strong>nts maxillaires et sur<br />

les versants distaux <strong>de</strong>s <strong>de</strong>nts mandibulaires. Les mouvements <strong>de</strong><br />

glissement qui se produisent à partir <strong>de</strong> certains contacts jusqu’à la<br />

situation d’intercuspidation maximale doivent être notés. Lorsque le<br />

patient effectue spontanément son mouvement <strong>de</strong> fermeture, on ne<br />

7


23-446-D-10 <strong>Pathologie</strong> <strong>non</strong> <strong>traumatique</strong> <strong>de</strong> l’articulation temporomandibulaire Odontologie<br />

peut découvrir le contact prématuré car il est automatiquement<br />

contourné pour attendre l’occlusion d’intercuspidation maximale<br />

par un réflexe conditionné.<br />

Recherche <strong>de</strong>s interférences<br />

L’examen se poursuit à la recherche d’interférences, c’est-à-dire <strong>de</strong><br />

contacts <strong>de</strong>ntaires anormaux qui perturbent les mouvements <strong>de</strong> la<br />

mandibule dans le sens horizontal, soit lors <strong>de</strong>s mouvements<br />

latéraux, soit lors <strong>de</strong>s mouvements antéropostérieurs.<br />

On peut reprendre les définitions que donne Valentin (1996) pour<br />

les interférences. Ce sont :<br />

– <strong>de</strong>s rapports occlusaux qui empêchent l’accomplissement <strong>de</strong>s<br />

fonctions <strong>de</strong>ntaires ;<br />

– <strong>de</strong>s rapports occlusaux qui engendrent <strong>de</strong>s mouvements ou <strong>de</strong>s<br />

comportements délétères ;<br />

– <strong>de</strong>s rapports occlusaux qui engendrent <strong>de</strong>s adaptations <strong>de</strong>ntaires<br />

ou parodontales délétères ;<br />

– <strong>de</strong>s rapports occlusaux qui engendrent <strong>de</strong>s adaptations<br />

musculosquelettiques délétères.<br />

Examen <strong>de</strong>s contacts en protrusion<br />

Le mouvement fonctionnel <strong>de</strong> protrusion représente le trajet<br />

qu’effectue la mandibule, lorsque les incisives inférieures glissent<br />

sur les faces palatines <strong>de</strong>s incisives supérieures, <strong>de</strong>puis la position<br />

d’intercuspidation maximale jusqu’au bout à bout : c’est le trajet<br />

fonctionnel qui est à examiner. Ce trajet fonctionnel dépend <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux<br />

paramètres : le recouvrement et le surplomb. Le recouvrement est<br />

facilement déterminé : il suffit <strong>de</strong> tracer un trait sur les incisives<br />

inférieures en suivant le bord libre <strong>de</strong>s incisives centrales<br />

supérieures en position d’intercuspidation maximale, la distance du<br />

trait au bord libre <strong>de</strong>s incisives mandibulaires représente le<br />

recouvrement. L’inclinaison <strong>de</strong>s incisives supérieures se traduit,<br />

dans le plan horizontal, exception faite <strong>de</strong>s cas <strong>de</strong> classe II, par un<br />

espace entre le bord libre <strong>de</strong>s incisives supérieures et la face<br />

vestibulaire <strong>de</strong>s incisives inférieures. Cet espace, en position<br />

d’intercuspidation maximale, est appelé surplomb incisif.<br />

Tout obstacle empêchant d’aller d’une façon harmonieuse <strong>de</strong> la<br />

position d’intercuspidation maximale à la position <strong>de</strong> protrusion est<br />

appelé interférence protrusive. Les faces palatines <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux incisives<br />

centrales maxillaires (auxquelles s’ajoutent parfois celles <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux<br />

incisives latérales), <strong>de</strong>puis les points supérieurs <strong>de</strong> l’occlusion<br />

jusqu’au bord libre, constituent le gui<strong>de</strong> incisif. Ce gui<strong>de</strong> incisif doit<br />

permettre une désocclusion immédiate et totale <strong>de</strong> toutes les <strong>de</strong>nts<br />

postérieures. Il doit pouvoir conduire la protrusion sur un trajet<br />

rectiligne, dans le plan sagittal médian. Si une seule <strong>de</strong>nt entre en<br />

contact durant la protrusion, cette <strong>de</strong>nt constitue un obstacle qui<br />

peut entraîner une déviation en <strong>de</strong>hors du plan sagittal. C’est ce<br />

qu’on appelle une interférence travaillante protrusive. La localisation<br />

et la direction <strong>de</strong> ces interférences sont notées.<br />

Durant cette protrusion, la désocclusion <strong>de</strong>s <strong>de</strong>nts postérieures doit<br />

être immédiate et totale. Si le contact <strong>de</strong>s <strong>de</strong>nts antérieures est<br />

interrompu durant le glissement par un ou <strong>de</strong>s contacts postérieurs,<br />

ceci représente une interférence <strong>non</strong> travaillante protrusive.<br />

L’emplacement et la direction <strong>de</strong> ces interférences protrusives <strong>non</strong><br />

travaillantes sont notés. Elles sont généralement situées sur le<br />

versant interne distal <strong>de</strong>s cuspi<strong>de</strong>s vestibulaires supérieures.<br />

Examen <strong>de</strong>s contacts occlusaux en latéralité<br />

Le mouvement <strong>de</strong> latéralité représente le trajet qu’effectue la<br />

mandibule lorsque les <strong>de</strong>nts inférieures glissent latéralement sur les<br />

faces internes <strong>de</strong>s cuspi<strong>de</strong>s vestibulaires <strong>de</strong>s <strong>de</strong>nts maxillaires, et<br />

plus particulièrement sur la face palatine <strong>de</strong> la canine supérieure.<br />

Les surfaces sur lesquelles glissent les cuspi<strong>de</strong>s supéro-inférieures<br />

sont appelées surfaces <strong>de</strong> guidage. Elles comprennent la face<br />

palatine <strong>de</strong> la canine, <strong>de</strong>puis le point support jusqu’au sommet <strong>de</strong><br />

la canine, les versants internes <strong>de</strong>s cuspi<strong>de</strong>s vestibulaires<br />

8<br />

supérieures, <strong>de</strong>puis le point support jusqu’au sommet <strong>de</strong> la cuspi<strong>de</strong>.<br />

Les versants internes <strong>de</strong>s cuspi<strong>de</strong>s linguales et inférieures sont<br />

parfois appelés « surfaces <strong>de</strong> guidage », mais, en réalité, ces cuspi<strong>de</strong>s<br />

ne doivent pas participer à la fonction latérale. Lorsque la mandibule<br />

se déplace latéralement, il yauncôté travaillant et un côté <strong>non</strong><br />

travaillant. Ainsi, lorsque la mandibule se déplace vers la droite, le<br />

côté droit <strong>de</strong>vient le côté travaillant ; les cuspi<strong>de</strong>s vestibulaires <strong>de</strong>s<br />

<strong>de</strong>nts mandibulaires s’opposent aux cuspi<strong>de</strong>s vestibulaires <strong>de</strong>s <strong>de</strong>nts<br />

maxillaires : c’est le côté fonctionnel. Du côté gauche, les cuspi<strong>de</strong>s<br />

ne doivent pas en principe se rencontrer, c’est le côté <strong>non</strong> fonctionnel<br />

dénommé « côté <strong>non</strong> travaillant ».<br />

Du côté travaillant, on recherche la ou les surface(s) <strong>de</strong> guidage qui<br />

conduisent à cette fonction latérale :<br />

– soit fonction canine (la canine supérieure conduit seule le<br />

mouvement durant tout le trajet dès le départ et, durant tout le<br />

mouvement, la désocclusion <strong>de</strong> toutes les autres <strong>de</strong>nts est immédiate<br />

et totale) ; la fonction canine est très fréquente et peut être considérée<br />

comme la fonction latérale idéale ;<br />

– soit fonction groupe ; plusieurs <strong>de</strong>nts, y compris la canine, gui<strong>de</strong>nt<br />

la fonction latérale <strong>de</strong>puis la position d’intercuspidation maximale<br />

jusqu’au bout à bout ; les forces occlusales sont distribuées<br />

harmonieusement et il existe une désocclusion immédiate et totale<br />

du côté <strong>non</strong> travaillant.<br />

L’interférence travaillante en latéralité (fig 15) est un obstacle à ce<br />

glissement durant l’excursion latérale. Le mouvement est alors<br />

supporté par une autre <strong>de</strong>nt que la canine pendant une partie du<br />

mouvement, ou pendant la totalité du mouvement. Les interférences<br />

latérales sont généralement situées sur les versants mésiaux internes<br />

<strong>de</strong>s cuspi<strong>de</strong>s vestibulaires maxillaires.<br />

Lorsqu’il existe une fonction groupe, il faut contrôler, avec l’in<strong>de</strong>x<br />

placé sur la face vestibulaire <strong>de</strong>s <strong>de</strong>nts maxillaires, le déplacement<br />

que pourraient provoquer les forces latérales.<br />

De ce côté travaillant, la <strong>de</strong>rnière étape consiste à rechercher les<br />

interférences qui peuvent se produire sur les trajectoires<br />

fonctionnelles, qui peuvent être utilisées entre le mouvement <strong>de</strong><br />

protrusion et le mouvement <strong>de</strong> latéralité.<br />

Du côté <strong>non</strong> travaillant, durant l’excursion latérale, il ne doit pas y<br />

avoir <strong>de</strong> contact. Une interférence latérale du côté <strong>non</strong> travaillant<br />

détruit l’harmonie du mouvement <strong>de</strong> latéralité. Les interférences <strong>non</strong><br />

travaillantes sont généralement situées sur les <strong>de</strong>nts postérieures<br />

(troisième molaire inférieure en particulier).<br />

Évaluation <strong>de</strong> la dimension verticale<br />

15 Interférence en latéralité<br />

travaillante sur la 24<br />

(d’après Latino).<br />

« La dimension verticale d’occlusion est la hauteur <strong>de</strong> l’étage<br />

inférieur <strong>de</strong> la face quand les arca<strong>de</strong>s sont en occlusion centrée » [8] .<br />

Selon Dawson, la dimension verticale d’occlusion correspond à un<br />

positionnement musculaire <strong>de</strong> la mandibule. La position<br />

mandibulaire est déterminée par la longueur maximale <strong>de</strong><br />

contraction <strong>de</strong>s muscles élévateurs et elle est reproductible. Les<br />

<strong>de</strong>nts s’égressent jusqu’à rencontrer leurs antagonistes au point <strong>de</strong><br />

contraction musculaire optimale, déterminant ainsi la dimension<br />

verticale d’occlusion. Cette dimension est remarquablement stable,<br />

même s’il y a abrasion <strong>de</strong>ntaire (fig 16).


Odontologie <strong>Pathologie</strong> <strong>non</strong> <strong>traumatique</strong> <strong>de</strong> l’articulation temporomandibulaire 23-446-D-10<br />

16 Dimension verticale<br />

d’occlusion.<br />

17 Position <strong>de</strong> la langue dans la déglutition adulte normale.<br />

Cette hauteur <strong>de</strong> la face est donc en relation avec l’organisation<br />

squelettique et <strong>de</strong>ntaire, et le comportement neuromusculaire. C’est<br />

à cette dimension verticale que les <strong>de</strong>nts doivent être reconstruites.<br />

Toute augmentation <strong>de</strong> la hauteur <strong>de</strong> couronne clinique place les<br />

<strong>de</strong>nts en conflit direct avec la contraction musculaire d’intensité<br />

maximale et souvent conduit à <strong>de</strong>s contraintes préjudiciables [90] .<br />

L’effondrement <strong>de</strong> la dimension verticale d’occlusion est plus<br />

fréquent que son augmentation. Chez le sujet <strong>de</strong>nté, la recherche <strong>de</strong><br />

la bonne hauteur se fait par l’intermédiaire d’une gouttière occlusale<br />

qui rehausse la dimension, très pru<strong>de</strong>mment, par étapes <strong>de</strong> 1 mm<br />

environ. Chez l’é<strong>de</strong>nté, les prothèses existantes sont utilisées, avec<br />

<strong>de</strong>s ajouts <strong>de</strong> résine autopolymérisable dans les mêmes conditions.<br />

En cas d’augmentation toujours iatrogène, là aussi les prothèses<br />

existantes sont modifiées progressivement, très pru<strong>de</strong>mment.<br />

EXAMEN DE LA DÉGLUTITION, DES PARAFONCTIONS<br />

ET DE LA POSTURE<br />

La déglutition, première fonction coordonnée qui apparaît dans la<br />

vie intra-utérine est « innée », génétiquement déterminée. Son temps<br />

buccal est le précurseur <strong>de</strong> la succion-déglutition du nouveau-né.<br />

Vers le troisième anniversaire <strong>de</strong> l’enfant, il se produit un<br />

changement dans ce stéréotype nutritionnel, changement induit par<br />

la présence <strong>de</strong>s <strong>de</strong>nts temporaires et par la présentation <strong>de</strong>s aliments<br />

adaptés à la <strong>de</strong>nture lactéale et à la manducation. Dans la succiondéglutition<br />

initiale, la dynamique était labiolinguale antérieure,<br />

conjuguée à <strong>de</strong>s mouvements d’abaissement mandibulaires. Dès<br />

l’apparition <strong>de</strong> la manducation, normalement, le comportement<br />

change et la mise en tension <strong>de</strong>s élévateurs <strong>de</strong> la mandibule et du<br />

ptérygoïdien latéral entraîne un contact incisif « sécant » et un<br />

contact molaire « triturant », le dôme lingual venant en position<br />

haute contre la voûte palatine et le voile par la mise en tension du<br />

styloglosse (fig 17).<br />

Dans près <strong>de</strong> 30 % <strong>de</strong>s cas, ce passage <strong>de</strong> la déglutition <strong>de</strong> type<br />

infantile à une déglutition <strong>de</strong> type adulte ne se fait pas correctement<br />

et les anomalies <strong>de</strong> la déglutition constituent une parafonction qui<br />

joue un rôle sur la dynamique musculaire régionale [14] . La détection<br />

<strong>de</strong>s déglutitions anormales fait partie <strong>de</strong> l’examen clinique dans<br />

l’optique d’envisager une rééducation propre à les corriger.<br />

Lors <strong>de</strong> l’inocclusion physiologique (« position <strong>de</strong> repos »), les lèvres<br />

<strong>de</strong>vraient être au contact, et la langue appliquée contre la voûte<br />

palatine. Lors <strong>de</strong> la déglutition salivaire, il ne doit pas y avoir <strong>de</strong><br />

crispation <strong>de</strong> la musculature labiale, la distance nez-menton est<br />

stable ou diminue légèrement, avec apparition d’un angle droit<br />

cervico-pelvi-mandibulaire, contemporaine d’une contraction <strong>de</strong>s<br />

masséters, avec élévation du dôme lingual au niveau <strong>de</strong> la partie<br />

postérieure <strong>de</strong> la voûte palatine, la pointe <strong>de</strong> la langue s’appuyant<br />

au palais contre la papille rétro-incisive sur 1 cm en avant. Les<br />

anomalies <strong>de</strong> la déglutition (intimement liées au schéma <strong>de</strong><br />

mastication), quelles qu’elles soient, jouent certainement un rôle<br />

dans l’apparition <strong>de</strong>s syndromes <strong>de</strong> dysfonctionnements, à la fois<br />

par les anomalies occlusales dont elles sont responsables et par les<br />

dysfonctionnements musculaires qu’elles entraînent.<br />

Par ailleurs, le bruxisme doit être recherché (cf infra). Les autres<br />

parafonctions : succion <strong>de</strong> doigts, succion et pression <strong>de</strong> la langue,<br />

tics <strong>de</strong> mordillements <strong>de</strong>s lèvres ou <strong>de</strong> la face interne <strong>de</strong>s joues,<br />

mordillements d’un crayon ou <strong>de</strong>s ongles, doivent être notées.<br />

Enfin, la posture est appréciée, en particulier au niveau cervical.<br />

Selon Gola [34] , un trouble unilatéral <strong>de</strong>s muscles cervicaux provoque<br />

une rotation <strong>de</strong> la tête entraînant une modification <strong>de</strong> la position<br />

mandibulaire, avec trouble <strong>de</strong> l’occlusion par contraction réflexe <strong>de</strong>s<br />

muscles sous- et sus-hyoïdiens. De même, un trouble bilatéral<br />

musculaire cervical entraîne un recul mandibulaire, avec contact<br />

molaire prématuré et béance bascule réflexe du complexe tête-cou<br />

visant à maintenir l’horizontalité du regard.<br />

EXAMEN PSYCHOLOGIQUE<br />

Les relations entre les troubles <strong>de</strong> l’articulation<br />

temporomandibulaire et les troubles psychologiques constituent<br />

<strong>de</strong>puis <strong>de</strong> très nombreuses années un sujet discuté.<br />

Il est évi<strong>de</strong>nt que, comme dans toutes les pathologies, en particulier<br />

celles qui comprennent un élément « douleur », le comportement<br />

psychologique du patient joue un rôle très important [29] .<br />

Ces facteurs « psychologiques » jouent indirectement un rôle,<br />

certainement parfois très important, dans la genèse <strong>de</strong> cette<br />

pathologie, en particulier en générant un bruxisme. De là à faire <strong>de</strong><br />

la pathologie <strong>de</strong> l’appareil manducateur un syndrome d’origine<br />

psychosomatique, il yaunpastrès discutable à franchir. Dire qu’il<br />

y a « indépendance <strong>de</strong>s signes fonctionnels du syndrome » car<br />

« 15 % <strong>de</strong> la population n’ayant aucun signe fonctionnel présentent<br />

les mêmes déplacements méniscaux que ceux décrits dans le<br />

SADAM ( 1 1) » (Fleury, 1997) est méconnaître qu’il existe <strong>de</strong>s patients<br />

asymptomatiques dans <strong>de</strong> nombreuses autres pathologies, en<br />

particulier rhumatologiques. L’exemple <strong>de</strong> la coxarthrose, où existe<br />

là aussi, dans un certain nombre <strong>de</strong> cas, une dissociation entre les<br />

lésions radiologiques et leur traduction clinique, est le plus connu.<br />

Affirmer que, dans la population <strong>de</strong>s patients porteurs d’une<br />

pathologie <strong>de</strong> l’articulation temporomandibulaire, il y a un<br />

« terrain » particulier, « dystonique » ou autre, semble également<br />

discutable. Ce terrain « dystonique » ou « psychologique », ou<br />

« psychique », ou « psychiatrique », est-il plus fréquent ou plus<br />

marqué chez les patients porteurs d’une pathologie <strong>de</strong> l’articulation<br />

temporomandibulaire que dans la population générale ? Cela ne<br />

semble pas une notion établie (Marbach, 1992 ; Spruijt, 1995). Seules<br />

<strong>de</strong> rares publications amènent <strong>de</strong>s éléments chiffrés en ce qui<br />

concerne la pathologie <strong>de</strong> l’articulation temporomandibulaire<br />

(Vimpari, 1995 ; Korszun, 1996 ; Gatchel, 1996) et les chiffres y<br />

varient <strong>de</strong> 20 à 80 % ! Anxiété, angoisse et dépression y sont les<br />

signes le plus souvent rencontrés (Zautra, 1995 ; Madland, 2000).<br />

Il faut en rapprocher les chiffres concernant la population générale<br />

dans l’enquête réalisée dans le cadre du programme Epi<strong>de</strong>miologic<br />

Catchment Area (1991) : 15 % d’ « états anxieux » ; dans le cadre du<br />

National Comorbidity Survey (1991) : 13, 3 % <strong>de</strong> « phobies sociales »<br />

et 11, 3 % <strong>de</strong> « phobies simples » ; dans l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> Lépine [58] :<br />

17, 3 % <strong>de</strong> troubles anxieux chez les hommes et 36 % chez les<br />

femmes.<br />

(1) SADAM : syndrome algodysfonctionnel <strong>de</strong> l’appareil manducateur.<br />

9


23-446-D-10 <strong>Pathologie</strong> <strong>non</strong> <strong>traumatique</strong> <strong>de</strong> l’articulation temporomandibulaire Odontologie<br />

Hardy [37] estime que 30 à 45 % <strong>de</strong>s consultants <strong>de</strong> mé<strong>de</strong>cine générale<br />

présentent un niveau élevé <strong>de</strong> détresse psychologique d’après les<br />

questionnaires d’autoévaluation type general health questionnaire ou<br />

self reporting questionnaire tandis que 25 % d’entre eux souffrent d’un<br />

trouble psychiatrique repérable par les systèmes diagnostic and<br />

statistical manual of mental disor<strong>de</strong>rs-III (selon la classification <strong>de</strong><br />

l’Association psychiatrique américaine), research diagnostic criteria <strong>de</strong><br />

Spitzer (1978) ou PSE-PD-categories (Ormel, 1990). Les états anxieux<br />

et/ou dépressifs sont largement majoritaires : ils représentent 79 %<br />

<strong>de</strong>s troubles observés en mé<strong>de</strong>cine générale. Un grand nombre <strong>de</strong><br />

ces états est caractérisé par une évolution transitoire, une faible<br />

intensité et/ou une intrication <strong>de</strong> symptômes anxieux et dépressifs.<br />

Hardy souligne que « l’association entre un trouble mental et une<br />

pathologie organique peut occasionner un chevauchement<br />

symptomatique et une perte <strong>de</strong> la validité <strong>de</strong> la critériologie<br />

diagnostique. Elle impose que soit précisée l’existence ou l’absence<br />

<strong>de</strong> liens étiopathogéniques entre les pathologies, et éventuellement<br />

la nature <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>rniers ». Certains symptômes peuvent être à la<br />

fois la manifestation d’une affection somatique et celle d’une<br />

dépression et, en cas <strong>de</strong> pathologie organique, ces symptômes<br />

per<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> leur spécificité pour le diagnostic <strong>de</strong> dépression. Kathol<br />

et Petty (1981) ont montré que la prévalence <strong>de</strong>s symptômes<br />

dépressifs somatiques observée chez les patients organiques<br />

déprimés diffère peu <strong>de</strong> celle retrouvée chez les patients organiques<br />

<strong>non</strong> déprimés, cette différence étant d’autant moins nette que la<br />

maladie somatique est sévère.<br />

L’existence d’un chevauchement symptomatique peut être pour<br />

Hardy à l’origine <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux erreurs :<br />

– l’erreur par défaut, qui serait le plus souvent le fait <strong>de</strong>s<br />

somaticiens et qui consiste à attribuer le(s) symptôme(s) à l’affection<br />

organique, alors même que le patient développe une authentique<br />

dépression ;<br />

– l’erreur par excès, qui conduit à porter le diagnostic <strong>de</strong> dépression<br />

en se fondant sur la seule présence d’une telle symptomatologie, et<br />

qui serait le plus souvent celle <strong>de</strong> cliniciens qui méconnaissent la<br />

contribution <strong>de</strong> la maladie organique (Goldberg et Blackwell, 1970).<br />

À la vue <strong>de</strong> ces travaux, on peut se <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r en quoi les troubles<br />

<strong>de</strong> l’articulation temporomandibulaire diffèrent <strong>de</strong>s autres<br />

pathologies, quant à leurs relations avec les anomalies psychiques<br />

ou psychiatriques.<br />

Il faut également souligner que les psychiatres s’accor<strong>de</strong>nt pour<br />

juger que les termes <strong>de</strong> « terrain dystonique », <strong>de</strong> « terrain<br />

psychologique » ou <strong>de</strong> « dystonie neurovégétative » doivent être<br />

définitivement rayés du vocabulaire, ces notions ne recouvrant rien<br />

<strong>de</strong> précis en clinique psychiatrique et que l’ère « lyricointerprétative<br />

», où l’appréciation psychologique ou psychiatrique<br />

était plus liée à la subjectivité <strong>de</strong> l’évaluateur et à son lyrisme qu’à<br />

un certain nombre d’éléments cliniques, sémiologiques ou<br />

psychopathologiques objectifs et clairement définis, est terminée.<br />

Ainsi que le remarquent certains auteurs, il est vrai que la plus<br />

gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong>s consultations pour ce type <strong>de</strong> pathologies<br />

articulaires sont souvent le fait <strong>de</strong> patients (ou plutôt <strong>de</strong> patientes)<br />

qui semblent plus attentifs que le reste <strong>de</strong> la population à <strong>de</strong>s<br />

manifestations cliniques gênantes, mais <strong>non</strong> réellement invalidantes.<br />

Dans tous les cas, le facteur psychique ne peut jouer un rôle dans la<br />

genèse <strong>de</strong>s troubles dysfonctionnels, sans qu’existe un trouble<br />

organique [51] . En revanche, il est évi<strong>de</strong>nt que ces facteurs psychiques<br />

doivent être pris en compte dans la prise en charge du patient<br />

(Rugh, 1976 ; Parker [74] ).<br />

Examens complémentaires<br />

EXAMENS BIOLOGIQUES<br />

La réalisation d’un bilan biologique peut s’inscrire dans le cadre du<br />

suivi d’une pathologie rhumatismale, et est dans ce cas réduite au<br />

minimum, ou dans le bilan initial, pour lequel les résultats, qu’ils<br />

10<br />

soient positifs ou négatifs, prennent toute leur valeur, en<br />

complément <strong>de</strong> l’examen clinique, pour orienter l’enquête<br />

étiologique.<br />

Examens <strong>de</strong> l’inflammation et dosages biochimiques<br />

particuliers<br />

La présence d’un syndrome inflammatoire (élévation <strong>de</strong> la vitesse<br />

<strong>de</strong> sédimentation [VS], <strong>de</strong> la protéine C réactive) n’est en rien<br />

spécifique, mais permet, dans la plupart <strong>de</strong>s cas, <strong>de</strong> faire la part<br />

entre une atteinte dégénérative ou inflammatoire.<br />

Une perturbation <strong>de</strong> l’hémogramme peut être contingente <strong>de</strong><br />

certaines connectivites (anémie inflammatoire, éosinophilie,<br />

leuconeutropénie).<br />

Les stigmates d’auto-immunité se révèlent particulièrement<br />

informatifs si l’on suspecte une maladie <strong>de</strong> système : sérologie<br />

rhumatoï<strong>de</strong> (polyarthrite rhumatoï<strong>de</strong> [PR]), facteurs antinucléaires,<br />

anti-Sm, antiaci<strong>de</strong> désoxyribonucléique (ADN) natifs (lupus<br />

érythémateux systémique), recherche d’un syndrome <strong>de</strong>s<br />

antiphospholipi<strong>de</strong>s, voire mise en évi<strong>de</strong>nce d’autres anticorps<br />

antiorganes évocateurs d’entités cliniques et biologiques<br />

particulières : anti-SSA et anti-SSB (syndrome <strong>de</strong> Gougerot-Sjögren),<br />

anti-Scl70 (scléro<strong>de</strong>rmie), anticentromères (CREST (2) ), antirécepteurs<br />

à l’acétylcholine (myasthénie), antiribonucléoprotéines (syndrome <strong>de</strong><br />

Sharp), anti-JO1 (poly- et <strong>de</strong>rmatomyosite). Leur prescription reste<br />

du domaine spécialisé.<br />

La recherche <strong>de</strong> sérologies prend toute sa valeur dans le cadre <strong>de</strong><br />

certaines arthrites septiques à germes spécifiques (maladie <strong>de</strong> Lyme,<br />

brucellose), <strong>de</strong> rhumatismes postinfectieux (rhumatisme articulaire<br />

aigu), voire d’arthrites réactionnelles (Chlamydia, Shigella,<br />

Yersinia…).<br />

La présence <strong>de</strong> certains antigènes d’histocompatibilité peut orienter<br />

vers une spondylarthropathie (B27), une maladie <strong>de</strong> Behçet (B51),<br />

une PR (DR4) ou certains thésaurisomes comme l’hémochromatose<br />

(A3 B14).<br />

Les arthropathies métaboliques ont par ailleurs leurs propres<br />

stigmates : hyperuricémie et goutte, dyschromie <strong>de</strong>s urines et<br />

alcaptonurie, hypercuprémie et maladie <strong>de</strong> Wilson, diathèse<br />

métabolique et chondrocalcinose.<br />

Analyse du liqui<strong>de</strong> synovial<br />

L’analyse du liqui<strong>de</strong> synovial, exceptionnellement réalisée, peut être<br />

également informative : germe à l’examen direct, voire en culture<br />

(bacille <strong>de</strong> Koch) en cas d’arthrite septique, mise en évi<strong>de</strong>nce en<br />

microscopie <strong>de</strong> cristaux d’urate monosodique (goutte), <strong>de</strong><br />

pyrophosphate <strong>de</strong> calcium (chondrocalcinose), d’apatite, voire <strong>de</strong><br />

corps amyloï<strong>de</strong>s.<br />

En revanche, les nombreux éléments qui ont été i<strong>de</strong>ntifiés ces<br />

<strong>de</strong>rnières années dans le liqui<strong>de</strong> synovial <strong>de</strong> l’articulation<br />

temporomandibulaire ont un intérêt essentiellement pathogénique<br />

et encore peu ou pas d’applications cliniques, bien que <strong>de</strong> nombreux<br />

travaux sur ces nouvelles cibles pharmacologiques soient en cours.<br />

Ainsi, plusieurs acteurs prennent une part active à la modulation<br />

du processus dégénératif du cartilage :<br />

– les cytokines pro-inflammatoires dont le chef <strong>de</strong> file est<br />

l’interleukine (IL) 1 bêta (Kubota [53] ; Nordhal, 1998 ; Takahashi [88] ),<br />

mais également le tumor necrosis factor (TNF) alpha (Takahashi,<br />

1998), le leukemia inhibitory factor, l’IL6 (Sandler [79] ), et l’IL8<br />

(Takahashi, 1998), l’IL17, l’IL18 [27] , l’interféron gamma (Fang, 1999) ;<br />

(2) CREST (syndrome) : calcinose sous-cutanée, syndrome <strong>de</strong> Raynaud, dysfonction <strong>de</strong><br />

l’œsophage, sclérodactylie, télangiectasies.


Odontologie <strong>Pathologie</strong> <strong>non</strong> <strong>traumatique</strong> <strong>de</strong> l’articulation temporomandibulaire 23-446-D-10<br />

– certaines cytokines y exercent, en revanche, <strong>de</strong>s propriétés antiinflammatoires<br />

(IL 4, IL 10 [27] , IL 13) et <strong>de</strong>s facteurs <strong>de</strong> croissance<br />

(transforming growth factor beta [27] , insulin-like growth factor), font<br />

preuve, au sein du site articulaire, d’une activité proanabolique ;<br />

– <strong>de</strong>s neuropepti<strong>de</strong>s, comme la neurokinine A (Alstergren, 1995), le<br />

calcitonin gene-related pepti<strong>de</strong> [13] , le neuropepti<strong>de</strong> Y (Appelgren,<br />

1995), la substance P (Fu, 1996) participent activement aux<br />

phénomènes douloureux et/ou inflammatoires ;<br />

– les métalloprotéases (matrix metalloproteinase [MMP])<br />

interviennent dans la dégradation matricielle (Kubota [54] ;<br />

Zardaneta, 1998) : collagénase interstitielle (MMP1), gélatinases <strong>de</strong><br />

72 kDa (MMP2) et <strong>de</strong> 92 kDa (MMP9), stromélysine (MMP3)<br />

(Yoshida [99] ) et collagénase 3 (MMP13) ; les agrécanases<br />

interviennent également dans les processus <strong>de</strong> dégradation <strong>de</strong>s<br />

composés <strong>non</strong> collagéniques ;<br />

– le taux <strong>de</strong> protéoglycanes (Israel [45] ; Murakami [69] ; Axelsson,<br />

1992 ; Shibata, 1998) semble corrélé avec la sévérité <strong>de</strong>s lésions, mais<br />

également avec l’augmentation <strong>de</strong>s pressions intra-articulaires (Mao,<br />

1998) ;<br />

– l’hémoglobine intra-articulaire, en favorisant la production <strong>de</strong><br />

radicaux libres (Zar<strong>de</strong>neta [100] ), pourrait activer les voies du<br />

monoxy<strong>de</strong> d’azote (Takahasi, 1996 ; Anbar [6] ) et <strong>de</strong>s prostaglandines<br />

(Murakami [69] ) qui sont par ailleurs <strong>de</strong>s effecteurs majeurs <strong>de</strong> la<br />

réaction inflammatoire.<br />

IMAGERIE<br />

L’imagerie <strong>de</strong> l’articulation temporomandibulaire fait appel<br />

actuellement, soit à l’examen tomo<strong>de</strong>nsitométrique (TDM), soit à<br />

l’examen par résonance magnétique nucléaire (IRM). Les autres<br />

procédés n’ont plus que <strong>de</strong>s applications ponctuelles.<br />

Radiographies sans préparation<br />

Les radiographies standards ont été, à une certaine époque, l’unique<br />

moyen disponible pour l’exploration <strong>de</strong> cette articulation. Elles ont<br />

rendu <strong>de</strong> grands services, mais sont incapables <strong>de</strong> fournir<br />

précisément les informations désirées pour une prise en charge<br />

correcte <strong>de</strong>s troubles.<br />

On peut ainsi rappeler les inci<strong>de</strong>nces standards antérieurement<br />

utilisées.<br />

Inci<strong>de</strong>nces permettant d’avoir les <strong>de</strong>ux articulations sur le même<br />

cliché<br />

– De face : la face basse en bouche fermée ou mieux, en bouche<br />

ouverte, donnant une image <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux condyles <strong>de</strong> face et <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux<br />

cols du condyle, était surtout intéressante dans les asymétries.<br />

L’inci<strong>de</strong>nce sous-occipitofrontale (Worms et Breton) donne une<br />

image dans le sens antéropostérieur, l’inci<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> Bonneau est une<br />

variante <strong>de</strong> l’inci<strong>de</strong>nce précé<strong>de</strong>nte.<br />

– Verticale : inci<strong>de</strong>nce vertex-menton-plaque <strong>de</strong> Hirtz ; inci<strong>de</strong>nce<br />

rétrobregmatique sous-maxillaire <strong>de</strong> Frei<strong>de</strong>l ; inci<strong>de</strong>nce bregmatique<br />

sous-maxillaire <strong>de</strong> Dupuis.<br />

– De profil : elles donnent une superposition parasite <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux côtés<br />

et sont peu intéressantes.<br />

Inci<strong>de</strong>nces permettant d’obtenir séparément les <strong>de</strong>ux articulations<br />

– De face : inci<strong>de</strong>nces transorbitaires antéropostérieure et<br />

postéroantérieure ; inci<strong>de</strong>nce transsinusienne ; face latéralisée.<br />

– De profil : inci<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> Cielinski (position 3) ; inci<strong>de</strong>nce <strong>de</strong><br />

Lacronique ; inci<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> Parma ; inci<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> Schuller.<br />

Seule l’inci<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> Schuller, bouche fermée et éventuellement<br />

bouche ouverte, donne une image précise <strong>de</strong>s contours articulaires<br />

et pourrait intervenir en tout début <strong>de</strong> bilan. Certains programmes<br />

spécifiques d’appareillages particuliers (Scanora) ont le même<br />

intérêt.<br />

18 Tomographies <strong>de</strong> l’articulation temporomandibulaire (profil).<br />

Orthopantomogramme<br />

Les radiographies panoramiques (panorex, orthopantomogramme)<br />

sont <strong>de</strong>s clichés <strong>de</strong> débrouillage qui restent en revanche très utiles et<br />

qui font partie du bilan standard.<br />

Téléradiographies<br />

Un cas particulier est représenté par les téléradiographies (<strong>de</strong> face,<br />

<strong>de</strong> profil, et en position <strong>de</strong> Hirtz) qui sont presque toujours<br />

nécessaires pour établir un diagnostic dans le cadre d’une<br />

dysharmonie maxillo-mandibulo-<strong>de</strong>ntaire.<br />

Coupes tomographiques<br />

Il y a encore quelques années, la place primordiale revenait à ces<br />

tomographies en balayage complexe, pratiquées bouche ouverte et<br />

fermée, en inci<strong>de</strong>nce dite <strong>de</strong> « faux-profil ». L’examen commençait<br />

par un cliché en Hirtz ou en inci<strong>de</strong>nce axiale, qui permettait <strong>de</strong><br />

matérialiser l’axe transversal <strong>de</strong>s condyles. Il était donc possible, à<br />

partir <strong>de</strong> cette mesure, <strong>de</strong> connaître la position qu’il fallait donner à<br />

la tête du mala<strong>de</strong>, <strong>de</strong> manière à placer l’articulation<br />

temporomandibulaire strictement <strong>de</strong> profil [91] . Des coupes<br />

tomographiques, <strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> 2 mm d’épaisseur, jointives, étaient<br />

alors réalisées à l’ai<strong>de</strong> d’un balayage complexe hypocycloï<strong>de</strong>. Des<br />

séquences bouche fermée puis ouverte étaient pratiquées. Des<br />

coupes frontales, bouche fermée, étaient également faites (fig 18).<br />

Cette technique avait l’avantage d’être d’exécution facile : mala<strong>de</strong><br />

couché en décubitus, le crâne positionné <strong>de</strong> face, puis en « fauxprofil<br />

» (cf supra). Les amalgames <strong>de</strong>ntaires ou les éléments<br />

métalliques n’entraînaient aucun artefact, contrairement à ce qui se<br />

produit au scanner. Cette technique avait le handicap <strong>de</strong> ne montrer<br />

que l’état osseux et on <strong>de</strong>vait déduire <strong>de</strong> la comparaison <strong>de</strong>s images<br />

obtenues en bouche fermée ou ouverte la position du disque : un<br />

pincement articulaire avec déplacement <strong>de</strong> la tête condylienne en<br />

haut et en arrière, en position bouche fermée, évoquait un<br />

déplacement méniscal antérieur. Le faible déplacement antérieur du<br />

condyle, voire son absence <strong>de</strong> propulsion, était en faveur d’un<br />

déplacement irréductible. En <strong>de</strong>hors <strong>de</strong>s parties molles, dont la<br />

visualisation était purement « imaginative », cette technique donnait<br />

une bonne appréciation <strong>de</strong> l’état osseux : régularité <strong>de</strong>s contours,<br />

présence d’« encoches » corticales, état <strong>de</strong> l’os sous-chondral.<br />

Longtemps, la tomographie a occupé une place quasi exclusive dans<br />

l’exploration et la caractérisation <strong>de</strong>s dérangements internes <strong>de</strong><br />

l’articulation temporomandibulaire. Le remplacement <strong>de</strong>s<br />

installations qui les réalisaient par le scanner et l’IRM a eu<br />

11


23-446-D-10 <strong>Pathologie</strong> <strong>non</strong> <strong>traumatique</strong> <strong>de</strong> l’articulation temporomandibulaire Odontologie<br />

19 Examen tomo<strong>de</strong>nsitométrique.<br />

A. Examen standard.<br />

B. Surbrillance.<br />

C. Reconstruction tridimensionnelle.<br />

évi<strong>de</strong>mment pour conséquence leur quasi-disparition. Seules<br />

pourraient encore être pratiquées, <strong>de</strong> façon très ponctuelle, dans <strong>de</strong>s<br />

centres insuffisamment équipés, quelques coupes en balayage<br />

linéaire. Peut-être persistent encore quelques indications <strong>de</strong> cet<br />

examen, indications qui relèvent uniquement à notre sens <strong>de</strong>s<br />

contre-indications <strong>de</strong> la réalisation <strong>de</strong> l’étape TDM ou <strong>de</strong> l’examen<br />

IRM, soit pour <strong>de</strong>s raisons générales (claustrophobie), soit pour <strong>de</strong>s<br />

raisons techniques (présence d’éléments métalliques réalisant <strong>de</strong>s<br />

artefacts empêchant l’interprétation <strong>de</strong>s images).<br />

Arthrographie<br />

L’arthrographie, ou mieux la vidéoarthrographie, couramment<br />

pratiquée par certains auteurs, principalement dans les pays anglosaxons,<br />

a été longtemps le standard pour juger <strong>de</strong> la position<br />

méniscale. Métho<strong>de</strong> invasive et douloureuse, nécessitant la ponction<br />

d’au moins un, voire <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux étages <strong>de</strong> l’articulation, elle avait le<br />

mérite <strong>de</strong> donner du disque une image en soustraction, qui révélait<br />

fidèlement sa topographie et certaines anomalies <strong>de</strong> son frein<br />

postérieur. Malgré les améliorations (arthrographie gazeuse sous<br />

scanner), cette technique a perdu beaucoup <strong>de</strong> son intérêt. Très<br />

inconfortable pour le patient, <strong>non</strong> dénuée <strong>de</strong> complications<br />

potentielles, elle s’est tout naturellement effacée <strong>de</strong>vant la technique<br />

reine : la résonance magnétique nucléaire. Cependant, elle conserve<br />

l’intérêt <strong>de</strong> permettre la visualisation <strong>de</strong> la perforation méniscale,<br />

qu’il est pour le moment difficile <strong>de</strong> visualiser par une IRM.<br />

Scanner<br />

L’examen TDM a suscité <strong>de</strong> grands espoirs, en raison du traitement<br />

<strong>de</strong>s images, propre à faire apparaître successivement à partir d’une<br />

même coupe les éléments osseux et tissulaires <strong>de</strong> la région examinée,<br />

ce qui laissait entrevoir la possibilité d’avoir enfin du disque une<br />

image directe (fig 19). Il fallait au préalable obtenir <strong>de</strong>s coupes<br />

sagittales. Un équipement adéquat, positionné <strong>de</strong>rrière le gantry du<br />

scanner, a permis un temps leur acquisition directe. Toutefois, la<br />

position très inconfortable imposée au patient et la difficulté <strong>de</strong><br />

repérage précis <strong>de</strong>s coupes nécessaires l’ont fait rapi<strong>de</strong>ment<br />

abandonner, malgré la bonne qualité <strong>de</strong>s images obtenues.<br />

Un artifice technique (blink-mo<strong>de</strong>) faisant apparaître en surbrillance<br />

<strong>de</strong>s points d’une <strong>de</strong>nsité imposée (70 UH pour le ménisque) se<br />

révéla en pratique fournir <strong>de</strong>s informations aléatoires. Un autre<br />

moyen était <strong>de</strong> juger du déplacement méniscal éventuel, en s’aidant<br />

d’un repère facile à i<strong>de</strong>ntifier sur l’image tomo<strong>de</strong>nsitométrique : le<br />

bourrelet graisseux occupant l’espace entre les <strong>de</strong>ux faisceaux du<br />

ptérygoïdien latéral, immédiatement en avant <strong>de</strong> l’articulation. Sa<br />

disparition faisait déduire qu’il était occupé par une structure<br />

tissulaire, nécessairement représentée par le disque luxé en avant.<br />

Cette technique s’est également révélée trop aléatoire à l’usage,<br />

d’autant que le triangle graisseux préarticulaire n’apparaissait pas<br />

systématiquement sur tous les examens normaux.<br />

L’amélioration constante <strong>de</strong>s scanners avec, tout récemment,<br />

l’acquisition volumétrique multicoupes (quatre coupes simultanées<br />

12<br />

*A<br />

*B<br />

<strong>de</strong> 1 mm d’épaisseur actuellement sur notre équipement) a enfin<br />

ouvert la voie à l’obtention <strong>de</strong> coupes reconstruites <strong>de</strong> qualité<br />

comparable à celle <strong>de</strong>s images natives. Ainsi, l’examen effectué sur<br />

un patient en décubitus dorsal atteint désormais un niveau <strong>de</strong><br />

confort et <strong>de</strong> rapidité (quelques minutes) inégalé.<br />

L’exploitation sur une console dédiée à cet effet <strong>de</strong> la somme<br />

considérable <strong>de</strong>s données numériques acquises lors <strong>de</strong> l’examen,<br />

permet l’obtention <strong>de</strong> coupes reconstruites dans un plan déterminé<br />

(MPR [Multiplanar Reconstruction]), frontal ou sagittal par exemple,<br />

ainsi que d’un rendu volumique (VRT [Volume Ren<strong>de</strong>ring<br />

Technique]) <strong>de</strong> très gran<strong>de</strong> qualité informative sur l’état osseux <strong>de</strong><br />

l’articulation.<br />

Le scanner n’a donc pas, pour nous, d’indication pour l’étu<strong>de</strong> du<br />

système discoligamentaire, mais cette étape scanographique <strong>de</strong>vient<br />

à notre sens incontournable chaque fois que l’appréciation <strong>de</strong>s<br />

constituants osseux est utile (lésions post-<strong>traumatique</strong>s, lésions<br />

dégénératives, ankylose…).<br />

Imagerie par résonance magnétique<br />

L’IRM est actuellement l’examen le plus apte à montrer <strong>de</strong> façon<br />

a<strong>traumatique</strong>, indolore et sans irradiation, le disque, son<br />

environnement tissulaire, et également à donner <strong>de</strong> l’état osseux une<br />

image <strong>de</strong> plus en plus précise, notamment avec les aimants à haut<br />

champ (1,5 T), dont les informations sont supérieures aux imageurs<br />

à bas et moyen champ (0,3 à 0,5 T).<br />

Les appareillages munis <strong>de</strong> haut champ (1 ou 1,5 T) permettent les<br />

examens les plus rapi<strong>de</strong>s avec la plus gran<strong>de</strong> qualité<br />

iconographique. Les plans <strong>de</strong> référence sont les plans sagittal<br />

oblique et frontal. Le plan <strong>de</strong> repérage initial est axial, <strong>de</strong> manière à<br />

déterminer le grand axe <strong>de</strong>s condyles. L’utilisation d’antennes<br />

dédiées (antenne tête) permet d’imager simultanément les <strong>de</strong>ux<br />

articulations.<br />

On utilise habituellement <strong>de</strong>s séquences pondérées en T1, les plus<br />

informatives. Leur réalisation en écho <strong>de</strong> spin rapi<strong>de</strong> permet d’aller<br />

vers <strong>de</strong>s images en <strong>de</strong>nsité <strong>de</strong> protons dont le signal est <strong>de</strong> meilleure<br />

qualité, avec une résolution en contraste élevée entre le disque et<br />

son environnement tissulaire et osseux. Des coupes <strong>de</strong> 3à4mm<br />

d’épaisseur sont un bon compromis. La pondération T2 n’est pas<br />

systématique. Elle démontre bien un épanchement intra-articulaire<br />

(fig 20), voire une hypertrophie synoviale ou une pathologie<br />

intrinsèque (tumeur, fracture). L’injection <strong>de</strong> contraste<br />

paramagnétique est exceptionnelle, réservée à l’exploration <strong>de</strong>s<br />

processus tumoraux ou <strong>de</strong>s lésions <strong>de</strong>s parties molles.<br />

Le déroulement <strong>de</strong> l’examen est le suivant :<br />

– séquence <strong>de</strong> repérage, dans le plan axial, pour chaque articulation<br />

temporomandibulaire, d’acquisition rapi<strong>de</strong>, en écho <strong>de</strong> gradient ;<br />

– séquence sagittale en <strong>de</strong>nsité <strong>de</strong> protons, bouche fermée ;<br />

– séquence sagittale, en <strong>de</strong>nsité <strong>de</strong> protons, bouche ouverte ;<br />

– séquence frontale, en <strong>de</strong>nsité <strong>de</strong> protons, bouche fermée ;<br />

*C


Odontologie <strong>Pathologie</strong> <strong>non</strong> <strong>traumatique</strong> <strong>de</strong> l’articulation temporomandibulaire 23-446-D-10<br />

20 Imagerie par résonance magnétique normale.<br />

A. Profil, bouche fermée.<br />

– quand elles sont indiquées, <strong>de</strong>s séquences pondérées en T2,<br />

frontales et sagittales, bouche fermée, sont effectuées.<br />

Des séquences dynamiques sont parfois pratiquées par certaines<br />

équipes (ciné-IRM). Des coupes sont obtenues, pour chaque<br />

articulation, en inci<strong>de</strong>nce sagittale oblique, à <strong>de</strong>s <strong>de</strong>grés d’ouverture<br />

et <strong>de</strong> fermeture progressifs, en écho <strong>de</strong> gradient rapi<strong>de</strong> (au moins<br />

quatre positions différentes dans les <strong>de</strong>ux sens). Ces différentes<br />

images, obtenues chacune à un temps statique, sont ensuite montées<br />

en boucle par le logiciel et offrent, sur la console d’enregistrement,<br />

voire sur un magnétoscope, une « animation » <strong>de</strong> l’exploration. Il<br />

s’agit toutefois d’une dynamique artificielle, à la résolution spatiale<br />

et en contraste <strong>de</strong> qualité moyenne, du fait <strong>de</strong> la nécessaire rapidité<br />

d’acquisition. Leur obtention est souvent pénible pour le patient,<br />

<strong>de</strong>s artefacts dynamiques ou fausses images (perte du disque) sont<br />

fréquemment constatées. Cette séquence est actuellement moins<br />

utilisée.<br />

L’examen IRM permet d’apprécier l’état <strong>de</strong>s parties molles (disque,<br />

ligaments, muscles) et donne <strong>de</strong>s éléments osseux une appréciation<br />

satisfaisante.<br />

Vues sagittales<br />

Le disque apparaît normalement sous la forme d’un hyposignal, <strong>de</strong><br />

forme biconcave, sa partie centrale amincie mesurant environ 1 mm<br />

d’épaisseur et ses parties antérieure et postérieure étant « renflées »,<br />

plus épaisses, l’antérieure mesurant environ 2 mm d’épaisseur et la<br />

postérieure environ 3 à 4 mm. Le disque coiffe normalement<br />

fidèlement la tête du condyle mandibulaire, la zone d’attache<br />

postérieure étant précisément située à l’aplomb du point le plus<br />

élevé du condyle, ceci en position bouche fermée. On admet qu’un<br />

décalage <strong>de</strong> 2 mm vers l’avant est tolérable. Il pourrait s’agir d’une<br />

variante <strong>de</strong> la normale et <strong>non</strong> d’une situation pathologique, bien<br />

que cette notion reste discutable (pour certains cela peut préfigurer<br />

un dérangement interne à venir). La ban<strong>de</strong> d’attache postérieure ne<br />

dépasse jamais en arrière le sommet du condyle mandibulaire. La<br />

zone bilaminaire est visible dans environ 60 % <strong>de</strong>s cas. Le frein<br />

méniscal postérieur est habituellement vu, hyposignal linéaire,<br />

concave en bas, mais il est exceptionnellement suivi sur l’ensemble<br />

<strong>de</strong> son trajet. Les traumatismes répétés sur l’insertion méniscale du<br />

frein postérieur engendrent un état <strong>de</strong> fibrose exceptionnellement<br />

révélé par un hypersignal.<br />

Capsule, synoviale, ligaments articulaire et extra-articulaire ne sont<br />

pas aisément mis en évi<strong>de</strong>nce. En revanche, le système manducateur<br />

(en particulier les muscles ptérygoïdiens latéraux et masséter) est<br />

bien visualisé. Les muscles ont un signal intermédiaire, gris, en T1<br />

et T2. Les <strong>de</strong>ux faisceaux du ptérygoïdien latéral sont normalement<br />

séparés par un hypersignal, triangulaire, correspondant au bourrelet<br />

graisseux interptérygoïdien. Certains rapportent la possibilité <strong>de</strong> le<br />

voir remplacé par une image trompeuse, <strong>de</strong> même forme, mais <strong>de</strong><br />

*A *B *C<br />

B. Profil, bouche ouverte. C. Face.<br />

signal opposé (hyposignal), cloison fibreuse interfasciculaire que l’on<br />

pourrait à tort interpréter comme un disque déplacé.<br />

Les déplacements du disque lors <strong>de</strong> la dynamique articulaire sont<br />

évi<strong>de</strong>mment aisément appréciés. Leur analyse permet la<br />

classification <strong>de</strong>s éventuelles anomalies. Lors <strong>de</strong> l’ouverture buccale,<br />

il y a d’abord rotation <strong>de</strong>s condyles mandibulaires autour d’un axe<br />

transversal, puis l’appareil discocondylien, solidaire, se déplace vers<br />

l’avant, venant se placer sous l’éminence temporale. À la fin <strong>de</strong><br />

l’ouverture buccale, le condyle mandibulaire se trouve juste à<br />

l’aplomb, voire légèrement en avant <strong>de</strong> l’éminence temporale, la tête<br />

condylienne est alors en contact avec le bourrelet antérieur. Les<br />

bourrelets antérieur et postérieur viennent se placer <strong>de</strong> façon<br />

symétrique <strong>de</strong> part et d’autre du condyle mandibulaire (aspect en<br />

« nœud papillon »).<br />

La souffrance méniscale engendre <strong>de</strong>s variations morphologiques,<br />

épaississement <strong>de</strong> la partie centrale, puis ovalisation, et <strong>de</strong>s<br />

différences <strong>de</strong> comportement graphique : hypersignal d’une zone<br />

d’involution myxoï<strong>de</strong>, hyposignal <strong>de</strong> calcifications discales,<br />

traduction d’altérations histologiques jusque-là <strong>non</strong> documentées<br />

par l’imagerie. L’IRM se révèle cependant incapable <strong>de</strong> déceler une<br />

éventuelle perforation méniscale.<br />

L’image <strong>de</strong>s éléments osseux est bien connue : absence <strong>de</strong> réponse<br />

corticale (qui apparaît noire) et hypersignal médullaire. L’analyse<br />

<strong>de</strong> l’état osseux (aplatissement <strong>de</strong> la tête condylienne, microgéo<strong>de</strong>,<br />

ostéophytose antérieure, zone d’hyposignal médullaire évoquant<br />

une souffrance osseuse) est possible mais la précision <strong>de</strong> l’IRM<br />

<strong>de</strong>meure cependant présentement inférieure à celle <strong>de</strong>s vues<br />

sagittales directes du scanner (et même <strong>de</strong>s coupes<br />

polytomographiques en balayage complexe).<br />

Vues frontales<br />

En position bouche fermée, la coupe passe par l’éminence temporale,<br />

en avant du condyle mandibulaire. Le disque « coiffe » le condyle,<br />

son épaisseur diminuant habituellement <strong>de</strong> <strong>de</strong>hors en <strong>de</strong>dans. Si la<br />

coupe passe par le sommet du condyle mandibulaire, le disque n’est<br />

presque plus visible.<br />

L’IRM s’impose actuellement comme la technique <strong>de</strong> référence dans<br />

l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s dérangements internes temporomandibulaires. Elle est<br />

la seule à donner du disque une image directe, <strong>de</strong> qualité acceptable,<br />

suffisante pour définir le type <strong>de</strong> dérangement incriminé, sans<br />

désagrément notable pour le patient. Ses informations sont d’une<br />

qualité supérieure aux constatations peropératoires, faites sous<br />

anesthésie générale, dans <strong>de</strong>s conditions trop éloignées <strong>de</strong> l’état<br />

physiologique, qui donnent à l’appareil discoligamentaire un<br />

comportement impropre à l’analyse rigoureuse <strong>de</strong> son<br />

dysfonctionnement.<br />

Le déroulement <strong>de</strong> l’examen est fonction <strong>de</strong> l’appareillage et <strong>de</strong>s<br />

habitu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> chaque équipe. Certains discutent l’utilité <strong>de</strong> la<br />

13


23-446-D-10 <strong>Pathologie</strong> <strong>non</strong> <strong>traumatique</strong> <strong>de</strong> l’articulation temporomandibulaire Odontologie<br />

séquence en ouverture buccale maximale. Le maintien prolongé <strong>de</strong><br />

cette position inconfortable imposée par <strong>de</strong>s dispositifs rigi<strong>de</strong>s est<br />

source <strong>de</strong> fatigue, <strong>de</strong> spasmes musculaires, qui créent <strong>de</strong>s conditions<br />

néfastes à l’obtention d’imagerie <strong>de</strong> qualité, correspondant à la<br />

réalité. Ils pensent que l’examen <strong>de</strong>vrait être effectué en ouverture<br />

partielle, juste avant l’apparition du bruit articulaire, position où<br />

l’image du disque leur apparaît la meilleure. Il semble actuellement<br />

difficile <strong>de</strong> se passer du temps d’examen en « bouche ouverte », le<br />

<strong>de</strong>gré d’ouverture étant une affaire d’école et d’habitu<strong>de</strong>, sujet d’un<br />

débat que l’avenir arbitrera. Seuls les cas où la réductibilité est<br />

cliniquement certaine pourraient permettre <strong>de</strong> s’en dispenser.<br />

L’inci<strong>de</strong>nce frontale <strong>de</strong>vrait être systématique. Elle montre<br />

précisément l’éventuel déplacement discal en <strong>de</strong>dans ou en <strong>de</strong>hors<br />

du condyle, et révèle parfois un aspect <strong>de</strong>ntelé microgéodique <strong>de</strong>s<br />

contours <strong>de</strong> la tête condylienne, éventuellement méconnu sur le<br />

profil. L’imagerie pondérée en T2 apporte <strong>de</strong>s informations<br />

supplémentaires, notamment une meilleure appréciation <strong>de</strong> l’état<br />

méniscal, et révèle la présence <strong>de</strong> liqui<strong>de</strong> intra-articulaire ou<br />

d’adhérence capsulosynoviale. Il faut convenir que, pour<br />

intéressantes qu’elles soient, ces informations n’ont, pour l’instant,<br />

qu’une valeur décisionnelle mo<strong>de</strong>ste. Les séquences d’acquisition en<br />

T2 accroissent malheureusement le temps <strong>de</strong> l’examen, donc<br />

l’occupation d’un appareillage très fortement sollicité.<br />

L’IRM doit logiquement continuer à occuper une position<br />

dominante dans l’avenir. Le raccourcissement du temps d’examen<br />

par l’utilisation <strong>de</strong> séquences nouvelles (bascule angulaire partielle,<br />

GRASS [Gradient Recall Acquisition in the Steady State]) fournira<br />

probablement dans un avenir proche <strong>de</strong>s vues dynamiques,<br />

approchant la vision articulaire en temps réel, d’une qualité<br />

satisfaisante. D’implication bien plus lointaine nous semble l’analyse<br />

spectroscopique (pH, accumulation <strong>de</strong> lactate) <strong>de</strong> la structure<br />

méniscale et <strong>de</strong> son environnement immédiat. Les problèmes<br />

majeurs consistent en une accessibilité difficile <strong>de</strong> l’IRM compte tenu<br />

du petit nombre d’appareils en service, mais aussi en la réalisation<br />

d’examens parfois <strong>de</strong> piètre qualité qui ne vont pas rendre les<br />

services attendus. Cette mauvaise qualité <strong>de</strong> bon nombre d’examens<br />

nous semble directement fonction <strong>de</strong> l’intérêt que le radiologue<br />

porte à cette pathologie.<br />

Échographie<br />

La possibilité d’exploration échographique <strong>de</strong> l’articulation<br />

temporomandibulaire a été soulignée par Stefanoff [85] . Le disque<br />

articulaire est i<strong>de</strong>ntifié par une image hypoéchogène cernée par<br />

<strong>de</strong>ux liserés hyperéchogènes, se situant au pôle supérieur du<br />

condyle. Dans les articulations normales, en position <strong>de</strong> repos,<br />

l’image discale se situe à la partie antérosupérieure du condyle.<br />

Pendant les mouvements d’ouverture-fermeture, elle suit<br />

harmonieusement et sans à-coup les mouvements <strong>de</strong> translation<br />

condyliens. Dans les luxations discales réductibles, on peut juger <strong>de</strong><br />

la position antérieure du disque ainsi que du rattrapage<br />

condyloméniscal. Dans les luxations discales irréductibles, le disque<br />

est en général <strong>non</strong> visible. Il est parfois possible d’apprécier<br />

grossièrement les anomalies structurales méniscales.<br />

Cependant, cet examen semble dans l’ensemble difficile à interpréter<br />

dans la majorité <strong>de</strong>s cas, en raison <strong>de</strong> la distinction difficile entre<br />

disque et tissus rétrodiscaux, et <strong>de</strong>s difficultés anatomiques liées à<br />

l’existence <strong>de</strong> structures osseuses. Il s’agit d’un examen très<br />

opérateur-dépendant. Des progrès technologiques doivent être<br />

réalisés avant que cet examen ne soit utilisable, surtout comme<br />

examen <strong>de</strong> dépistage (Emshoff, 1997 ; Scheffer, 1997). Son intérêt<br />

actuel semble être surtout dans les étu<strong>de</strong>s épidémiologiques.<br />

Scintigraphie<br />

La scintigraphie osseuse a été proposée pour l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’articulation<br />

temporomandibulaire. Ses inconvénients majeurs sont bien sûr son<br />

absence <strong>de</strong> spécificité et son manque <strong>de</strong> résolution. La plupart <strong>de</strong>s<br />

lésions peuvent être détectées par une hyperfixation, mais l’examen<br />

est incapable <strong>de</strong> déterminer s’il s’agit d’une lésion tumorale,<br />

inflammatoire, ou dégénérative. La seule indication <strong>de</strong> la<br />

14<br />

scintigraphie semble concerner certaines tumeurs bénignes osseuses<br />

où l’on recherche une forme polyostotique par un balayage corporel.<br />

Allwright a évoqué plus récemment l’intérêt d’un examen <strong>de</strong> type<br />

single photon emission computed tomography pour évaluer l’évolutivité<br />

<strong>de</strong>s hyperplasies condyliennes, Katzberg (1984) propose <strong>de</strong> l’utiliser<br />

pour détecter les atteintes osseuses dans les dysfonctionnements<br />

articulaires.<br />

AXIOGRAPHIE<br />

L’axiographie est un enregistrement graphique <strong>de</strong>s mouvements du<br />

condyle mandibulaire. C’est Slavicek [83] qui a montré son intérêt<br />

dans l’étu<strong>de</strong> spécifique <strong>de</strong> la pathologie <strong>de</strong> l’articulation<br />

temporomandibulaire. Cet examen <strong>de</strong>vrait être réalisé dans tous les<br />

cas, mais il est indispensable lorsqu’un traitement orthodontique est<br />

programmé. Avant la réalisation <strong>de</strong> l’axiographie, il est souhaitable<br />

<strong>de</strong> lever les spasmes musculaires, et donc <strong>de</strong> faire porter au patient<br />

une plaque <strong>de</strong> libération occlusale. L’avantage <strong>de</strong> l’axiographie est<br />

d’être un témoin objectif <strong>de</strong> l’évolution du fonctionnement<br />

articulaire. Il s’agit d’un document médicolégal dans les traitements<br />

prothétiques <strong>de</strong> gran<strong>de</strong> envergure ou les traitements orthodontiques.<br />

L’axiographe est par conséquent un pantographe qui transcrit les<br />

mouvements <strong>de</strong>s condyles mandibulaires. Ces mouvements sont<br />

enregistrés dans les trois dimensions <strong>de</strong> l’espace. Un axiographe est<br />

donc composé <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux parties : un arc péricrânien, qui s’appuie sur<br />

la région frontonasale et supporte <strong>de</strong>s « drapeaux » d’enregistrement<br />

latéraux, et un arc mandibulaire mobile (arc d’enregistrement),<br />

solidarisé aux <strong>de</strong>nts mandibulaires au moyen d’une fourchette <strong>de</strong><br />

fixation occlusale. Cet arc d’enregistrement est relié à <strong>de</strong>ux bras<br />

latéraux qui supportent <strong>de</strong>s stylets <strong>de</strong> détermination <strong>de</strong> l’axe<br />

charnière, <strong>de</strong>s porte-mines pour tracer les mouvements condyliens<br />

dans le plan sagittal et un comparateur à cadran <strong>de</strong>stiné à<br />

enregistrer les mouvements transversaux <strong>de</strong>s condyles.<br />

L’examen débute par la localisation du point d’émergence <strong>de</strong> l’axe<br />

charnière, qui se fait par tâtonnements successifs, cette<br />

détermination nécessitant l’absence <strong>de</strong> contracture au niveau <strong>de</strong>s<br />

muscles masticateurs pour être valable. Deux séries <strong>de</strong> tracés sont<br />

effectuées <strong>de</strong> chaque côté, une série <strong>de</strong> tracés avec <strong>de</strong>s mouvements<br />

guidés par l’opérateur et une série avec <strong>de</strong>s mouvements <strong>non</strong> guidés<br />

(fig 21).<br />

Dans le plan horizontal, les tracés sont normalement rectilignes en<br />

propulsion et à l’ouverture. Une déviation supérieure à 0,5 mm<br />

montre une entrave à la translation antérieure. Lors <strong>de</strong>s<br />

mouvements <strong>de</strong> latéralité, le condyle <strong>non</strong> travaillant décrit une<br />

courbe à convexité interne qui résulte du mouvement <strong>de</strong> Bennet. Un<br />

mouvement transversal supérieur à 1 mm est considéré comme<br />

pathologique. Après 2 ou 3 mm d’excursion, le processus condylien<br />

suit une ligne orientée d’arrière en avant <strong>de</strong> 8° à 10° vers le côté<br />

médial. Toute déviation latérale du condyle évoque un processus<br />

pathologique.<br />

Dans le sens sagittal, les enregistrements décrivent une courbe à<br />

concavité supérieure. Les tracés d’ouverture <strong>de</strong> propulsion et <strong>de</strong><br />

médiotrusion sont superposés dans les 8à10premiers millimètres.<br />

Au-<strong>de</strong>là, le tracé d’ouverture remonte en direction crâniale et son<br />

rayon <strong>de</strong> courbure diminue. Les tracés d’aller et <strong>de</strong> retour sont<br />

confondus. L’amplitu<strong>de</strong> moyenne <strong>de</strong>s enregistrements est <strong>de</strong> 14 mm<br />

à l’ouverture, 11 mm en propulsion et 13 mm en latéralité. La pente<br />

<strong>de</strong>s tracés par rapport au plan axio-orbitaire <strong>de</strong> référence est<br />

comprise entre 40° et 60° dans les 5 premiers millimètres d’excursion<br />

condylienne. Les mouvements <strong>de</strong> retour doivent se terminer au<br />

point <strong>de</strong> référence.<br />

Ces tracés axiographiques peuvent subir un grand nombre<br />

d’altérations, suivant les pathologies rencontrées.<br />

– En cas <strong>de</strong> luxation discale réductible, l’amplitu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s tracés est<br />

souvent augmentée à l’ouverture et on observe une déviation<br />

caudale du tracé signant le passage <strong>de</strong> la tête condylienne sous le<br />

bourrelet postérieur, la déviation se reproduit lors <strong>de</strong>s mouvements<br />

<strong>de</strong> fermeture. Dans le sens horizontal, les tracés indiquent les


Odontologie <strong>Pathologie</strong> <strong>non</strong> <strong>traumatique</strong> <strong>de</strong> l’articulation temporomandibulaire 23-446-D-10<br />

1<br />

6<br />

2<br />

3<br />

5<br />

4<br />

2<br />

1<br />

a<br />

5mm<br />

c d<br />

g<br />

i<br />

P<br />

O<br />

M<br />

déviations transversales <strong>de</strong> la translation condylienne à l’ouverture<br />

et à la propulsion. En latéralité, ils indiquent <strong>de</strong>s déviations du<br />

mouvement <strong>de</strong> Bennet.<br />

– En cas <strong>de</strong> luxation discale irréductible, l’amplitu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s tracés<br />

axiographiques est réduite. Dans le plan sagittal, les tracés sont<br />

courts et pentus. Dans le plan horizontal, les enregistrements sont<br />

déviés latéralement.<br />

– En cas d’hyperlaxité ligamentaire, l’amplitu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s tracés est<br />

exagérée : les enregistrements à l’ouverture et en latéralité atteignent<br />

20 mm et la course du processus condylien en propulsion approche<br />

14 mm. Les tracés d’aller et retour dans le sens vertical peuvent être<br />

dissociés.<br />

– Dans les phénomènes arthrosiques, la pente <strong>de</strong>s enregistrements est<br />

faible et les tracés <strong>de</strong>s mouvements mandibulaires qui impliquent<br />

une rotation dans l’articulation quand elle est discale sont dissociés<br />

<strong>de</strong>s mouvements qui s’opèrent par translation pure. Dans les cas <strong>de</strong><br />

lésions avancées, les tracés axiographiques sont particulièrement<br />

heurtés.<br />

– Au sta<strong>de</strong> <strong>de</strong> la pathologie musculaire, les tracés <strong>de</strong>s mouvements<br />

<strong>de</strong> retour s’arrêtent en <strong>de</strong>ssous et en avant du point <strong>de</strong> référence, en<br />

P<br />

O<br />

M<br />

RC<br />

PAO<br />

P O<br />

M<br />

P<br />

b<br />

M<br />

O<br />

e f<br />

21 Axiographie (d’après Rozencweig [77] ).<br />

a. Axiographe ; b. tracés normaux en propulsion (P), à l’ouverture (O), en médiotrusion<br />

(M) ; c. tracé <strong>de</strong> luxation discale antérieure réductible - 1 : position <strong>de</strong> fermeture -<br />

2 : moment où le condyle atteint le bord postérieur du disque lors <strong>de</strong> l’ouverture - 3 : position<br />

<strong>de</strong> relation normale discocondylienne à l’ouverture - 4 : position d’ouverture<br />

maximale - 5 : position <strong>de</strong> relation normale discocondylienne en fermeture - 6 : moment<br />

où le condyle quitte sa relation normale avec le disque <strong>de</strong> fermeture ; d. tracé <strong>de</strong> luxation<br />

discale antérieure irréductible ; e. tracé <strong>de</strong> luxation discale interne ; f. tracé <strong>de</strong> phénomènes<br />

arthrosiques (aplatissement du processus condylien) ; g. tracé d’hyperlaxité<br />

ligamentaire aller (1), retour (2) ; h. tracé <strong>de</strong> luxation condyloglénoïdienne ; i. tracé<br />

d’hyperactivité du muscle temporal ; j. tracé d’hyperactivité <strong>de</strong>s muscles abaisseurs.<br />

h<br />

j<br />

cas d’hyperactivité <strong>de</strong>s muscles abaisseurs. On note un arc <strong>de</strong> cercle<br />

à concavité inférieure lors <strong>de</strong>s mouvements <strong>de</strong> retour en cas<br />

d’hyperactivité du muscle temporal. Ces enregistrements ne sont pas<br />

reproductibles (Slavicek [84] ).<br />

Une version électronique <strong>de</strong> cet appareillage existe, qui offre <strong>de</strong><br />

nombreux avantages par rapport au système mécanique, mais qui<br />

est naturellement d’un coût plus élevé.<br />

MODÈLES D’ÉTUDE DENTAIRES<br />

L’examen occlusal clinique doit être complété par la réalisation <strong>de</strong><br />

moulages, qui reproduisent fidèlement les arca<strong>de</strong>s et qui permettent<br />

d’examiner en détail les anomalies parfois difficiles à voir<br />

cliniquement : facettes d’usure, orientation <strong>de</strong>s cuspi<strong>de</strong>s, orientation<br />

coronaire, points <strong>de</strong> contact inter<strong>de</strong>ntaires, etc. Ces modèles doivent<br />

être particulièrement précis, réalisés selon une technique analogue à<br />

celle décrite par Lauritzen [57] . Leur validité doit être vérifiée une<br />

fois les modèles en plâtre réalisés, en transcrivant sur le modèle la<br />

situation <strong>de</strong>s contacts relevés en bouche et en effectuant<br />

d’éventuelles retouches sur ces modèles [77] . Il convient souvent <strong>de</strong><br />

monter ces modèles sur articulateur. Rappelons que l’articulateur<br />

est un instrument analogique <strong>de</strong>stiné à simuler les déplacements <strong>de</strong><br />

l’appareil manducateur et à reproduire les contacts <strong>de</strong>nto<strong>de</strong>ntaires<br />

dans les différentes positions d’occlusion.<br />

Cet examen facilite l’observation <strong>de</strong>s rapports occlusaux et donc<br />

l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s prématurités et <strong>de</strong>s interférences occlusales.<br />

L’articulateur semi-adaptable est parfaitement indiqué dans ce type<br />

d’étu<strong>de</strong>. La situation <strong>de</strong>s modèles maxillaires doit naturellement<br />

reproduire la relation spatiale existant entre l’arca<strong>de</strong> <strong>de</strong>ntaire<br />

supérieure et les articulations temporomandibulaires par<br />

l’intermédiaire d’un arc <strong>de</strong> transfert. Le moulage mandibulaire est<br />

positionné sur le moulage maxillaire grâce à un mordu en cire, puis<br />

solidarisé à l’articulateur, mordu réalisé en relation centrée. La<br />

programmation <strong>de</strong> la position condylienne est réalisée à partir <strong>de</strong>s<br />

mesures axiographiques ou à l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong>s mordus en cire enregistrant<br />

les occlusions en propulsion et en diduction. L’analyse occlusale est<br />

reprise <strong>de</strong> la même manière que cliniquement sur les modèles<br />

montés en articulateur permettant <strong>de</strong> visualiser les prématurités et<br />

les interférences.<br />

EXAMEN ÉLECTRIQUE<br />

Il n’existe pas <strong>de</strong> tableau typique dans les altérations<br />

électromyographiques ou électrophysiologiques en pathologie <strong>de</strong><br />

l’articulation temporomandibulaire. L’examen électromyographique<br />

peut permettre d’apprécier l’existence d’une activité spastique et<br />

peut analyser l’aspect symétrique ou asymétrique <strong>de</strong>s contractions<br />

musculaires, lors <strong>de</strong>s mouvements physiologiques et lors <strong>de</strong> la<br />

position <strong>de</strong> repos. L’exploration électromyographique est facile pour<br />

le masséter et pour le temporal, mais l’exploration la plus<br />

intéressante, celle du muscle ptérygoïdien latéral, est difficile à<br />

envisager comme examen <strong>de</strong> routine. Ces électromyographies <strong>de</strong>s<br />

muscles masticateurs ont été pratiquées par <strong>de</strong> nombreux auteurs,<br />

en particulier pour le ptérygoïdien latéral par Ekholn et Grand, pour<br />

le temporal et pour le masséter avec en particulier l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> la<br />

pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> silence électrique (De Laat et Lavigne) et pour l’étu<strong>de</strong> du<br />

temps <strong>de</strong> latence, du réflexe d’étirement et <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> la phase<br />

d’activité initiale (Verkin<strong>de</strong>re).<br />

Ont également été étudiés les réflexes <strong>de</strong> clignement, anormaux dans<br />

64 % <strong>de</strong>s syndromes dysfonctionnels <strong>de</strong> l’articulation<br />

temporomandibulaire, avec existence d’une réponse R1<br />

controlatérale, existence d’asymétries supérieures à 1,5 ms entre les<br />

<strong>de</strong>ux côtés ou modification <strong>de</strong> la réponse tardive R2 (latence<br />

supérieure à 43 ms, différence <strong>de</strong> latence supérieure à5msentre les<br />

<strong>de</strong>ux côtés, diminution relative <strong>de</strong> la latence, absence <strong>de</strong> R2<br />

homolatérale). Les potentiels évoqués somesthésiques du trijumeau<br />

sont anormaux dans 60 % <strong>de</strong> ces cas, avec en particulier <strong>de</strong>s<br />

différences d’amplitu<strong>de</strong> droite-gauche importantes.<br />

L’examen électromyographique n’est pas un examen courant dans<br />

la pathologie <strong>de</strong> l’articulation temporomandibulaire. Il pourrait être<br />

15


23-446-D-10 <strong>Pathologie</strong> <strong>non</strong> <strong>traumatique</strong> <strong>de</strong> l’articulation temporomandibulaire Odontologie<br />

utile dans certains cas difficiles, soit <strong>de</strong> trismus inexpliqué pour<br />

confirmer une contracture partielle du ptérygoïdien latéral, soit dans<br />

<strong>de</strong>s cas exceptionnels <strong>de</strong> difficultés <strong>de</strong> détermination <strong>de</strong> la<br />

dimension verticale où une réhabilitation prothétique peut être<br />

parfois aidée par la mesure du tonus musculaire.<br />

THERMOGRAPHIE<br />

La thermographie met en évi<strong>de</strong>nce <strong>de</strong>s modifications <strong>de</strong> la<br />

température cutanée, parfois corrélées avec les anomalies <strong>de</strong>s<br />

structures articulaires sous-jacentes (Gratt, 1993 ; Kalili, 1996). Dans<br />

l’absolu, cet examen pourrait ai<strong>de</strong>r à un diagnostic différentiel<br />

difficile. En pratique, il n’est plus utilisé, sauf cas exceptionnels.<br />

SONOGRAPHIE<br />

Elle enregistre les vibrations temporomandibulaires à l’ai<strong>de</strong> d’un<br />

appareillage adapté (Ekensten, 1952). La sonographie a l’avantage<br />

sur l’examen clinique <strong>de</strong> pouvoir gar<strong>de</strong>r une trace <strong>de</strong> ces bruits<br />

articulaires et <strong>de</strong> leur évolution dans le temps, et <strong>de</strong> bien préciser<br />

leur chronologie d’apparition par rapport aux mouvements<br />

(Combadazou, 1991). Selon Gay et Bertolami, à chaque pathologie<br />

articulaire correspond une condition mécanique différente, qui a<br />

pour effet d’émettre un bruit particulier à un moment donné.<br />

Cependant, elle n’a guère d’autre supériorité par rapport à l’examen<br />

clinique.<br />

ANALYSEUR DES CONTACTS OCCLUSAUX<br />

Des appareillages (T-scan) permettent d’enregistrer la chronologie<br />

(au 1/100e <strong>de</strong> secon<strong>de</strong>), la pression et la répartition <strong>de</strong>s points <strong>de</strong><br />

contact occlusaux. Les résultats obtenus par cet appareillage sont<br />

comparables à ceux obtenus à l’ai<strong>de</strong> d’un ruban d’occlusion pour la<br />

mesure <strong>de</strong> la répartition ou la chronologie <strong>de</strong>s points <strong>de</strong> contact<br />

(fig 22). L’intérêt majeur <strong>de</strong> ce type d’appareillage est là aussi <strong>de</strong><br />

gar<strong>de</strong>r une trace <strong>de</strong> ces points <strong>de</strong> contact occlusaux et <strong>de</strong> leur<br />

évolution dans le temps, soit spontanée, soit sous l’influence d’une<br />

thérapeutique (Mizui, 1994). Il permet également <strong>de</strong> mesurer<br />

l’intensité <strong>de</strong> la pression occlusale [16] . Incontestablement, il serait<br />

souhaitable <strong>de</strong> pouvoir pratiquer systématiquement cet examen,<br />

mais son coût fait qu’il n’est pas utilisé actuellement.<br />

ANALYSEUR DES MOUVEMENTS MANDIBULAIRES<br />

(MANDIBULOGRAPHE)<br />

Ces appareillages permettent un enregistrement <strong>de</strong> la cinématique<br />

mandibulaire. Cet enregistrement est réalisé grâce à <strong>de</strong>s aimants (ou<br />

<strong>de</strong>s dio<strong>de</strong>s) qui sont appliqués sur les incisives mandibulaires. Les<br />

on<strong>de</strong>s ou les champs magnétiques sont captés par une antenne<br />

réceptrice (ou une caméra) placée sur le visage. Cet appareil <strong>de</strong><br />

détection transmet <strong>de</strong>s signaux à un ordinateur qui permet une<br />

représentation graphique <strong>de</strong> ces mouvements, en fonction du temps,<br />

<strong>de</strong> la vitesse et <strong>de</strong> l’accélération. Là aussi, cet examen<br />

complémentaire est théoriquement intéressant, mais <strong>non</strong> utilisé en<br />

pratique.<br />

ARTHROSCOPIE<br />

La première arthroscopie temporomandibulaire a été réalisée en 1964<br />

par Ohnishi. Pour l’articulation temporomandibulaire sont utilisés<br />

<strong>de</strong>s arthroscopes <strong>de</strong> faible diamètre (1,7 à 2,4 mm <strong>de</strong> diamètre). Il<br />

16<br />

22 Exemple <strong>de</strong> diagramme fourni par le T-scan (d’après<br />

Combadazou [16] ).<br />

existe un système d’irrigation articulaire. Le grossissement utilisé<br />

est d’environ 10 à 50 fois. Des arthroscopes sont disponibles en<br />

vision directe ou oblique (10°, 25°, 30°, 70°, 90°).<br />

Le point <strong>de</strong> ponction classique est situé 2 mm en <strong>de</strong>ssous d’une ligne<br />

allant du tragus au canthus externe, 10 mm en avant du tragus.<br />

Après distension <strong>de</strong> la cavité articulaire par une aiguille <strong>de</strong> type<br />

intramusculaire introduite dans le compartiment supérieur <strong>de</strong><br />

l’articulation, l’arthroscope est introduit à travers un trocart-gui<strong>de</strong>.<br />

Une irrigation continue du compartiment supérieur est associée à<br />

un drainage à haut débit, à l’ai<strong>de</strong> d’une aiguille <strong>de</strong> drainage <strong>de</strong> petit<br />

diamètre. Il est possible d’explorer les différents secteurs <strong>de</strong> ce<br />

compartiment supérieur <strong>de</strong> l’articulation en faisant exécuter à<br />

l’arthroscope <strong>de</strong>s mouvements <strong>de</strong> balayage, <strong>de</strong> piston ou <strong>de</strong> rotation.<br />

On y combine <strong>de</strong>s mouvements mandibulaires permettant ainsi à<br />

l’exploration d’être à la fois statique et dynamique.<br />

Il est ainsi possible d’examiner les surfaces articulaires au niveau<br />

condylien ou glénoïdien, les anomalies <strong>de</strong> position, <strong>de</strong> mobilité ou<br />

<strong>de</strong> structure <strong>de</strong> l’appareil discal, les réactions synoviales et<br />

éventuellement ainsi certains corps flottants. Le compartiment<br />

inférieur <strong>de</strong> l’articulation n’est pratiquement jamais exploré. Il<br />

n’existe pas <strong>de</strong> technique fiable pour la ponction <strong>de</strong> ce<br />

compartiment.<br />

Les complications sont possibles et <strong>de</strong> fréquence variable selon les<br />

auteurs : par exemple 1,77 % pour Carls (1996), 10,3 % pour<br />

Tsuyama [92] . Il s’agit habituellement <strong>de</strong> lésion nerveuse, souvent<br />

transitoire dans la littérature, <strong>de</strong> lésions <strong>de</strong>s structures articulaires<br />

(raclage <strong>de</strong> la surface articulaire), <strong>de</strong> plaie du conduit auditif, <strong>de</strong><br />

baisse d’acuité auditive (peut-être dans les cas <strong>de</strong> persistance du<br />

foramen <strong>de</strong> Huschke selon Herzog, 1989), <strong>de</strong> vertiges séquellaires,<br />

d’exceptionnelle perforation <strong>de</strong> la fosse glénoï<strong>de</strong> avec brèche<br />

méningée (Sugisaki, 1995). La complication la plus à craindre<br />

potentiellement est bien sûr l’arthrite postopératoire. Il semble<br />

exister expérimentalement un risque d’induction <strong>de</strong> lésion<br />

dégénérative (Bjornland, 1994). Le problème le plus fréquent est<br />

représenté par les lésions vasculaires qui, si elles sont sans gravité,<br />

empêchent la réalisation <strong>de</strong> l’examen dans <strong>de</strong>s conditions correctes.<br />

L’arthroscopie se réalise sous anesthésie générale, bien qu’il soit<br />

théoriquement possible <strong>de</strong> la réaliser sous anesthésie locale. Après<br />

une gran<strong>de</strong> vogue dans les années 1980, l’arthroscopie diagnostique<br />

n’est plus qu’exceptionnellement réalisée en raison <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong>s<br />

renseignements fournis par l’IRM.<br />

Différentes atteintes articulaires<br />

et leur prise en charge<br />

L’articulation temporomandibulaire possè<strong>de</strong> <strong>de</strong>s structures<br />

i<strong>de</strong>ntiques à celles <strong>de</strong>s autres jointures : cartilage hyalin <strong>de</strong><br />

recouvrement <strong>de</strong>s surfaces articulaires (sans périchondre), synoviale,<br />

capsule, ligaments. Elle peut donc être le siège <strong>de</strong>s différents<br />

rhumatismes inflammatoires ou dégénératifs. De plus, ses<br />

caractéristiques anatomiques et physiologiques propres (en<br />

particulier l’existence du « disque », qui a une structure<br />

fibrocartilagineuse) lui confèrent quelques originalités<br />

physiopathologiques.<br />

ARTHRITES SEPTIQUES<br />

Les arthrites septiques évoluent selon les cas sur le mo<strong>de</strong> aigu,<br />

subaigu ou chronique. Comme pour toute articulation, l’expression<br />

clinique est marquée par la douleur locale, la tuméfaction


Odontologie <strong>Pathologie</strong> <strong>non</strong> <strong>traumatique</strong> <strong>de</strong> l’articulation temporomandibulaire 23-446-D-10<br />

inflammatoire <strong>de</strong> l’articulation et par l’impotence fonctionnelle qui<br />

se traduit ici par une limitation <strong>de</strong>s mouvements (trismus). La<br />

bouche reste entrouverte et les tentatives <strong>de</strong> mobilisation active ou<br />

passive sont douloureuses. L’examen otoscopique peut mettre en<br />

évi<strong>de</strong>nce un mouvement douloureux du conduit auditif externe. Des<br />

adénopathies prétragiennes et cervicales spatiales basses sont parfois<br />

perçues. Une hyperthermie est fréquente.<br />

Le bilan radiologique ne révèle pas d’anomalie à la phase initiale.<br />

Vers le huitième jour, une hypertransparence osseuse apparaît,<br />

associée à un pincement <strong>de</strong> l’interligne articulaire, précédant la<br />

survenue (en l’absence <strong>de</strong> traitement) d’érosions osseuses floues et<br />

mal limitées, puis <strong>de</strong> <strong>de</strong>structions plus sévères (irréversibles). Une<br />

scintigraphie osseuse, rarement réalisée en pratique, permettrait <strong>de</strong><br />

montrer un foyer hyperfixant avec le gallium 67 et les complexes<br />

phosphatés technétiés. L’IRM confirme la présence d’un<br />

épanchement articulaire, d’une prolifération synoviale et d’une<br />

éventuelle ostéite <strong>de</strong> contiguïté, d’une atteinte <strong>de</strong> l’interligne, voire<br />

d’une collection. Le bilan biologique montre inconstamment une<br />

hyperleucocytose à polynucléaires neutrophiles, mais la présence<br />

d’un syndrome inflammatoire est très fréquente.<br />

Devant un tableau <strong>de</strong> monoarthrite aiguë fébrile, ce diagnostic est<br />

assez facilement évoqué, le plus souvent dans un contexte évocateur,<br />

conduisant à une ponction articulaire qui permet l’examen direct du<br />

liqui<strong>de</strong> retiré (cellularité supérieure à 25 000/mm3 ), sa mise en<br />

culture avec i<strong>de</strong>ntification <strong>de</strong>s germes et antibiogramme.<br />

Les arthrites aiguës sont classiquement, soit la conséquence d’une<br />

effraction articulaire, soit la conséquence <strong>de</strong> l’extension d’une<br />

affection <strong>de</strong> voisinage (ostéite mandibulaire, otite, otomastoïdite,<br />

parotidite, cellule massétérine), soit d’une localisation hématogène.<br />

Les germes le plus souvent retrouvés sont les staphylocoques (60 %)<br />

ou les streptocoques (10 %), mais d’autres germes peuvent être en<br />

cause. Ces arthrites aiguës sont <strong>de</strong>venues exceptionnelles, et on ne<br />

rencontre plus guère que <strong>de</strong>s arthrites au décours d’injections intraarticulaires,<br />

particulièrement <strong>de</strong> corticoï<strong>de</strong>s locaux.<br />

Les arthrites subaiguës et chroniques sont le plus souvent dues soit<br />

à Actinomyces (où l’atteinte articulaire est secondaire à l’atteinte<br />

osseuse) ou au bacille <strong>de</strong> Koch, toutes les <strong>de</strong>ux exceptionnelles. Les<br />

arthrites <strong>de</strong> la syphilis survenant dans sa pério<strong>de</strong> secondaire<br />

s’expriment par <strong>de</strong>s réactions séreuses régressives et sont également<br />

exceptionnelles.<br />

L’arthrite gonococcique est à citer, et, malgré la recru<strong>de</strong>scence <strong>de</strong>s<br />

maladies sexuellement transmissibles, elle reste elle aussi très rare<br />

(elle apparaît après un délai <strong>de</strong> quelques semaines après<br />

l’écoulement blennorragique).<br />

Autrefois, l’évolution <strong>de</strong> ces arthrites se faisait vers une collection<br />

suppurée intra-articulaire, avec accentuation du trismus et fièvre<br />

oscillante, insomnie, altération <strong>de</strong> l’état général. On observait ensuite<br />

une fistulisation vers la peau, le conduit auditif externe ou la cavité<br />

buccale. Il existait <strong>de</strong>s délabrements articulaires qui aboutissaient en<br />

général à l’ankylose temporomandibulaire. Ces évolutions ne se<br />

voient plus.<br />

Le traitement <strong>de</strong> toute arthrite septique constitue une urgence<br />

médicale et dans certains cas une urgence chirurgicale.<br />

L’antibiothérapie doit être mise en œuvre le plus rapi<strong>de</strong>ment<br />

possible une fois les prélèvements bactériologiques effectués<br />

(hémoculture et ponction articulaire), afin d’éradiquer<br />

définitivement le germe intra-articulaire et <strong>de</strong> préserver l’état<br />

anatomique et fonctionnel <strong>de</strong> l’articulation temporomandibulaire. Le<br />

choix <strong>de</strong>s antibiotiques est dicté par l’antibiogramme, leur capacité<br />

<strong>de</strong> diffusion au sein du site articulaire et <strong>de</strong> l’os adjacent, leur spectre<br />

d’activité antibactérienne et bien entendu les antécé<strong>de</strong>nts du patient.<br />

L’association initiale <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux antibiotiques bactérici<strong>de</strong>s et<br />

synergiques administrés par voie intraveineuse est le plus souvent<br />

indispensable en traitement d’attaque.<br />

En cas d’infections à staphylocoques sensibles à la méticilline, les<br />

associations font volontiers appel à la rifampicine, la fosfomycine,<br />

l’oxacilline, les fluoroquinolones et l’aci<strong>de</strong> fusidique. En cas <strong>de</strong><br />

staphylocoque doré résistant à la méticilline, les associations le plus<br />

régulièrement efficaces sont actuellement : rifampicinefluoroquinolone<br />

ou fosfomycine-fluoroquinolone. Les infections à<br />

streptocoques (ou à méningocoques, ou à pneumocoques) peuvent<br />

bénéficier d’un traitement par amoxicilline ou d’une céphalosporine<br />

<strong>de</strong> troisième génération, voire d’une association amoxicillineaminosi<strong>de</strong>.<br />

Pour les infections à Gram négatif, il semble possible <strong>de</strong><br />

proposer une association bêta-lactamine-aminosi<strong>de</strong> ou une<br />

association fluoroquinolone-céphalosporine <strong>de</strong> troisième génération<br />

(en cas d’infection à pyocyanique). En cas d’infections à anaérobies<br />

à Gram négatif, on associe céphalosporines <strong>de</strong> troisième génération<br />

et métronidazole.<br />

L’évacuation articulaire est recommandée, permettant <strong>de</strong><br />

débarrasser l’articulation du matériel nécrotique : soit évacuation<br />

médicale à l’aiguille, soit drainage chirurgical. Il est rare que l’on<br />

soit amené à réaliser une immobilisation mandibulaire par blocage<br />

intermaxillaire, bien que l’immobilisation fasse partie du traitement<br />

<strong>de</strong> début <strong>de</strong>s arthrites. Une mobilisation douce et progressive,<br />

pluriquotidienne, indolore, doit être entreprise dès l’infection<br />

maîtrisée.<br />

Un cas particulier est représenté par l’arthrite <strong>de</strong> Lyme qui intéresse<br />

parfois les articulations temporomandibulaires [55] . La<br />

symptomatologie est intermittente, avec plusieurs crises<br />

monoarticulaires ou oligoarticulaires asymétriques <strong>de</strong> quelques jours<br />

à quelques semaines, pouvant persister plusieurs mois, séparées par<br />

<strong>de</strong>s rémissions <strong>de</strong> quelques semaines. Entre les accès, la rémission<br />

n’est pas toujours complète, le patient gardant un gonflement<br />

articulaire modéré et une rai<strong>de</strong>ur matinale. Le diagnostic est fait sur<br />

la notion <strong>de</strong> piqûre <strong>de</strong> tique 1à6mois auparavant et l’association<br />

éventuelle à d’autres signes <strong>de</strong> la maladie (neurologique ou<br />

cardiologique). Il est confirmé par une sérologie spécifique (enzymelinked<br />

immunosorbent assay et western blot). Le traitement antibiotique<br />

est d’autant plus efficace que le diagnostic est porté précocement.<br />

RHUMATISMES INFLAMMATOIRES<br />

La localisation à l’articulation temporomandibulaire <strong>de</strong>s<br />

rhumatismes inflammatoires est assez fréquente, avec une certaine<br />

prédilection pour la polyarthrite rhumatoï<strong>de</strong> (PR).<br />

Polyarthrite rhumatoï<strong>de</strong><br />

La PR est une polysynovite <strong>de</strong>structrice à médiation immune. Elle<br />

affecterait <strong>de</strong> 0,4 à 0,8 % <strong>de</strong> la population, avec une très nette<br />

prédominance chez la femme, atteinte <strong>de</strong>ux fois plus souvent que<br />

l’homme, le plus souvent entre 30 et 50 ans. L’articulation<br />

temporomandibulaire est atteinte en moyenne 3 ans après l’âge <strong>de</strong><br />

début <strong>de</strong> la maladie. Ce tropisme est connu <strong>de</strong>puis Garrod en 1859.<br />

La prévalence <strong>de</strong> l’atteinte <strong>de</strong> l’articulation temporomandibulaire<br />

lors <strong>de</strong> la PR varie selon les statistiques <strong>de</strong> 4à71%<strong>de</strong>spatients, la<br />

plupart <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s semblant montrer qu’elle est supérieure à 50 %<br />

<strong>de</strong>s cas.<br />

L’atteinte <strong>de</strong> l’articulation temporomandibulaire peut être révélatrice<br />

<strong>de</strong> l’affection, ce qui est un cas exceptionnel. Elle se révèle par une<br />

douleur unilatérale, accompagnée <strong>de</strong> sensations <strong>de</strong> froissement à<br />

l’ouverture buccale. Le bilan radiologique est très longtemps normal,<br />

puisque l’atteinte initiale est synoviale. Les images radiologiques ont<br />

été décrites en 1941 par Zimmer (fig 23). La fréquence <strong>de</strong> l’atteinte<br />

radiologique a été soulignée par Ca<strong>de</strong>nat et Blanc en 1958 (71 %).<br />

Les étu<strong>de</strong>s ultérieures font varier cette atteinte radiologique <strong>de</strong> 19 à<br />

86 %. L’IRM visualise au début l’intégrité <strong>de</strong>s surfaces articulaires,<br />

le pincement <strong>de</strong> l’interligne, les signes dégénératifs <strong>de</strong> la médullaire<br />

osseuse (perte du signal normal intraspongieux), un épanchement<br />

intra-articulaire donnant un hypersignal en T2. Les tableaux<br />

cliniques et radiologiques peuvent être plus ou moins évolués,<br />

pouvant aller jusqu’à la lyse osseuse, avec ankylose articulaire<br />

fibreuse ou installation d’une rétromandibulie induisant parfois un<br />

syndrome d’apnée du sommeil (Izumiyama, 1994 ; Omaya, 1995).<br />

L’inflammation synoviale est l’élément pathologique majeur. La<br />

synovite rhumatoï<strong>de</strong> s’accompagne d’une importante<br />

néovascularisation facilitant le recrutement local <strong>de</strong> nombreux<br />

17


23-446-D-10 <strong>Pathologie</strong> <strong>non</strong> <strong>traumatique</strong> <strong>de</strong> l’articulation temporomandibulaire Odontologie<br />

éléments figurés du sang. Les lymphocytes B intrasynoviaux sont<br />

responsables <strong>de</strong> la production d’autoanticorps, dont les facteurs<br />

rhumatoï<strong>de</strong>s. L’activation <strong>de</strong>s autres contingents cellulaires,<br />

notamment macrophagiques et fibroblastiques, conduit alors à la<br />

production <strong>de</strong> cytokines pro-inflammatoires (IL1, TNF…),<br />

d’enzymes <strong>de</strong> type métalloprotéases, <strong>de</strong> monoxy<strong>de</strong> d’azote et <strong>de</strong><br />

prostaglandines. De plus, une diminution <strong>de</strong>s phénomènes<br />

apoptiques (mort cellulaire programmée) participe activement au<br />

caractère invasif et prolifératif du pannus synovial. Dans la PR, la<br />

quantité <strong>de</strong> liqui<strong>de</strong> synovial est augmentée, le liqui<strong>de</strong> est plus flui<strong>de</strong>,<br />

et ses qualités <strong>de</strong> lubrification et <strong>de</strong> nutrition sont également<br />

altérées. Ainsi la distension <strong>de</strong> l’articulation est due <strong>non</strong> seulement<br />

à l’exsudat inflammatoire, mais aussi à l’épaississement <strong>de</strong> la<br />

synoviale.<br />

Au fur et à mesure <strong>de</strong> l’évolution, le pannus synovial éro<strong>de</strong> le<br />

cartilage et altère les surfaces osseuses adjacentes. Ce tissu entraîne<br />

<strong>de</strong>s érosions osseuses, <strong>de</strong>s géo<strong>de</strong>s osseuses, qui vont confluer et<br />

éventuellement entraîner le collapsus du condyle. Des <strong>de</strong>structions<br />

ligamentaires vont ajouter au tableau une instabilité <strong>de</strong> l’articulation.<br />

Il est admis que le tissu synovial est immunologiquement actif.<br />

Munthe et Pahle ont montré que les <strong>de</strong>structions étaient en relation<br />

avec les niveaux <strong>de</strong> complexe immunoglobuline (Ig) G <strong>de</strong> facteurs<br />

rhumatoï<strong>de</strong>s dans la membrane synoviale.<br />

Le diagnostic repose sur un faisceau <strong>de</strong> données :<br />

– contexte clinique (arthrites inflammatoires avec synovite),<br />

ténosynovites, bursites, nodules rhumatoï<strong>de</strong>s… ;<br />

– manifestations extra-articulaires (atteinte <strong>de</strong> l’état général,<br />

syndrome sec, pleuropéricardite, vascularite, éventuelle<br />

splénomégalie) ;<br />

– signes radiologiques, scanographiques ou IRM ;<br />

– perturbations immunologiques : présence <strong>de</strong> facteurs<br />

rhumatoï<strong>de</strong>s, anticorps antifilagrine ;<br />

– biopsie synoviale, présence <strong>de</strong> l’antigène tissulaire human leucocyte<br />

antigen (HLA)-DR4…<br />

Le traitement est habituellement pris en charge par le rhumatologue.<br />

Lors <strong>de</strong>s phases initiales <strong>de</strong> la PR, la thérapeutique repose sur les<br />

antalgiques banals <strong>de</strong> niveau 1 ou 2 et les anti-inflammatoires <strong>non</strong><br />

18<br />

23 Lésions <strong>de</strong> polyarthrite rhumatoï<strong>de</strong>.<br />

stéroïdiens classiques ou sélectifs <strong>de</strong> la cyclo-oxygénase <strong>de</strong> type 2 en<br />

cas <strong>de</strong> facteurs <strong>de</strong> risque digestifs (célécoxib). Les corticoï<strong>de</strong>s ne sont<br />

habituellement pas prescrits en première intention, sauf exceptions<br />

particulières (vascularite, atteinte viscérale grave, effets indésirables<br />

sévères <strong>de</strong>s traitements <strong>de</strong> la PR…). La corticothérapie locale est en<br />

revanche volontiers utilisée. Les traitements <strong>de</strong> fond<br />

(antirhumatismaux d’action lente), instaurés une fois le diagnostic<br />

confirmé, nécessitent une surveillance régulière, leur efficacité<br />

durant parfois plusieurs semaines avant <strong>de</strong> se manifester ;<br />

– les antipaludéens <strong>de</strong> synthèse (Plaquenilt) sont habituellement<br />

prescrits lors <strong>de</strong>s formes bénignes ou débutantes ;<br />

– les dérivés <strong>de</strong> l’or (Ridaurant, Allochrysinet), les sulfhydrilés<br />

(Trolovolt et Acadionet) et la sulfasalazine (Salazopyrinet) sont<br />

classiquement préconisés pour les formes intermédiaires, bien que<br />

le méthotrexate (Novatrext) y soit <strong>de</strong> plus en plus souvent prescrit<br />

en première intention ;<br />

– les immunomodulateurs comme le léflunomi<strong>de</strong> (Aravat) oula<br />

ciclosporine (Néoralt) sont habituellement réservés aux formes plus<br />

sévères, formes qui peuvent bénéficier en secon<strong>de</strong> intention, en<br />

milieu spécialisé et sous surveillance stricte, d’agents anti-TNF<br />

(Embrelt et Rémica<strong>de</strong>t) dont l’efficacité est parfois rapi<strong>de</strong> mais le<br />

coût particulièrement élevé.<br />

Une corticothérapie générale (0,1 mg/kg/j d’équivalent prednisone)<br />

est parfois associée, sous couvert <strong>de</strong>s mesures hygiénodiététiques<br />

d’usage, en cas d’inefficacité ou <strong>de</strong> contre-indications <strong>de</strong>s antiinflammatoires<br />

<strong>non</strong> stéroïdiens, <strong>de</strong> PR particulièrement actives<br />

(cliniquement et biologiquement) ou <strong>non</strong> contrôlées par les<br />

traitements <strong>de</strong> fond successifs. Les traitements locaux<br />

(synoviorthèses à l’Hexatrionet ou isotopique) peuvent enfin se<br />

révéler d’un appoint thérapeutique utile, en permettant la<br />

<strong>de</strong>struction du pannus synovial. Dans tous les cas, la kinésithérapie<br />

est à associer.<br />

Les lésions séquellaires sont parfois importantes et peuvent<br />

nécessiter un geste chirurgical. Une fois l’apaisement du processus<br />

évolutif, on peut parfois être amené à poser l’indication d’un<br />

remplacement prothétique ou biologique d’une tête condylienne<br />

détruite (Ferguson, 1993 ; Bettega [11] ).<br />

Arthrite chronique juvénile (ACJ)<br />

Les rhumatismes inflammatoires <strong>de</strong> l’enfant (ACJ, décrite par Still<br />

en 1896) sont fréquemment à l’origine <strong>de</strong> localisation au niveau <strong>de</strong><br />

l’articulation temporomandibulaire, avec <strong>de</strong>s <strong>de</strong>structions osseuses<br />

majeures malgré le traitement médical, pouvant aboutir à une<br />

<strong>de</strong>struction totale d’un ou le plus souvent <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux condyles<br />

mandibulaires, entraînant le cortège habituel <strong>de</strong> troubles <strong>de</strong><br />

croissance au niveau <strong>de</strong> la mandibule, localisation que Still luimême<br />

avait déjà évoquée. La nosologie, la classification et les<br />

rapports <strong>de</strong> cette affection avec les rhumatismes inflammatoires <strong>de</strong><br />

l’adulte restent discutés.<br />

On distingue actuellement :<br />

– les formes systémiques (maladie <strong>de</strong> Still) touchant aussi souvent<br />

les filles que les garçons, qui associent <strong>de</strong>s manifestations<br />

articulaires, une fièvre, <strong>de</strong>s signes cutanés, <strong>de</strong>s adénopathies, une<br />

atteinte hépatique, splénique et <strong>de</strong>s séreuses ; s’il n’existe aucun<br />

signe biologique spécifique, on note classiquement une<br />

hyperleucocytose pro<strong>non</strong>cée, une hyperplaquettose et <strong>de</strong>s signes<br />

<strong>non</strong> spécifiques d’inflammation ;<br />

– les formes pauciarticulaires (moins <strong>de</strong> cinq articulations affectées),<br />

parmi lesquelles on distingue les ACJ à début précoce (moins <strong>de</strong> 5<br />

ans) affectant quatre filles pour un garçon (avec présence <strong>de</strong> facteurs<br />

antinucléaires) et les formes à début tardif, en majorité masculines ;<br />

ces <strong>de</strong>rnières, souvent porteuses <strong>de</strong> l’antigène HLA B27, sont pour<br />

la plupart <strong>de</strong>s formes <strong>de</strong> début <strong>de</strong>s spondylarthropathies ;<br />

– les formes polyarticulaires représentent le tiers <strong>de</strong>s ACJ ; elles sont<br />

constituées <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux groupes d’importance inégale, les unes<br />

séronégatives, plus nombreuses, et les autres avec présence <strong>de</strong>


Odontologie <strong>Pathologie</strong> <strong>non</strong> <strong>traumatique</strong> <strong>de</strong> l’articulation temporomandibulaire 23-446-D-10<br />

facteurs rhumatoï<strong>de</strong>s (IgM, <strong>de</strong> titre élevé, à au moins <strong>de</strong>ux reprises<br />

à 3 mois d’intervalle), plus rares (6 % <strong>de</strong>s ACJ) mais s’accompagnant<br />

<strong>de</strong> manifestations extra-articulaires.<br />

Les formes à début aigu ou subaigu commencent en général entre 2<br />

et 7 ans avec fièvre, érythème, adénopathies, splénomégalie et<br />

arthralgies intéressant surtout les genoux, les poignets, les chevilles<br />

et le rachis cervical. L’articulation temporomandibulaire est dans<br />

cette forme rarement atteinte. L’aspect est parfois celui d’un<br />

syndrome <strong>de</strong> Wissler-Fanconi. Les signes radiologiques restent<br />

longtemps discrets, se résumant en une déminéralisation en ban<strong>de</strong><br />

sans pincement articulaire, sans atteinte <strong>de</strong>s épiphyses et sans<br />

ankylose. L’évolution est en général favorable grâce à la<br />

corticothérapie, mais certaines formes passent à la chronicité avec<br />

<strong>de</strong>struction articulaire (François).<br />

Les formes chroniques d’emblée apparaissent vers l’âge <strong>de</strong> 8 ans,<br />

avec une prépondérance féminine. L’atteinte mandibulaire est plus<br />

fréquente. Karhulahti (1993) et Tanchik (1994) l’estiment à plus <strong>de</strong><br />

50 % <strong>de</strong>s cas, Mericle (1996) parle <strong>de</strong> 62 % <strong>de</strong> déformations<br />

radiovisibles <strong>de</strong>s articulations temporomandibulaires dans cette<br />

pathologie. Douleur et rai<strong>de</strong>ur s’installent rapi<strong>de</strong>ment et l’atrophie<br />

musculaire peut <strong>de</strong>venir importante si l’on n’y prend gar<strong>de</strong>. Dans<br />

l’articulation temporomandibulaire les condyles sont aplatis,<br />

diminués <strong>de</strong> volume, à contours irréguliers, voire totalement<br />

détruits [25] , l’ankylose ne s’installant que dans <strong>de</strong> rares cas (Ogus,<br />

1975) (fig 24). Le retentissement, à la fois <strong>de</strong> cette perte <strong>de</strong> hauteur et<br />

<strong>de</strong> la <strong>de</strong>struction du cartilage <strong>de</strong> croissance, amène l’existence d’une<br />

rétromandibulie, voire d’une brachygnathie importante, confinant<br />

au profil en bec d’oiseau (Larheim, 1983). Il peut exister une<br />

rétromandibulie <strong>de</strong> ce type sans <strong>de</strong>struction articulaire<br />

radiologiquement visible (Ronning et Valiaho, 1978).<br />

Le traitement <strong>de</strong>s formes systémiques repose sur l’aspirine et, en cas<br />

d’inefficacité, sur la corticothérapie par voie générale. Les formes<br />

oligoarticulaires sont l’indication <strong>de</strong> choix d’une corticothérapie par<br />

voie locale. Les formes polyarticulaires et systémiques en bénéficient<br />

et ne nécessitent que rarement un traitement par méthotrexate, et<br />

les immunosuppresseurs restent d’indication exceptionnelle et<br />

spécialisée (syndromes d’activation macrophagique ou amylose<br />

notamment). La rééducation doit être effectuée dès qu’une atteinte<br />

articulaire persiste.<br />

Les indications chirurgicales à l’articulation temporomandibulaire<br />

concernent essentiellement une reconstruction par <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s<br />

biologiques (en général par greffes chondrocostales [87] ) ou<br />

prothétiques <strong>de</strong> l’articulation détruite, ces reconstructions étant pour<br />

certains repoussées à la fin <strong>de</strong> la croissance et la correction <strong>de</strong>s<br />

troubles <strong>de</strong> croissance entraînés par l’affection par ostéotomie ou<br />

distraction mandibulaire.<br />

Spondylarthrite ankylosante (fig 25)<br />

24 Lésions d’arthrite chronique<br />

juvénile. D : droite ;<br />

G : gauche ; BF : bouche fermée.<br />

25 Lésions <strong>de</strong> spondylarthrite ankylosante. D : droite ; G : gauche.<br />

La spondylarthrite ankylosante est une affection fréquente,<br />

essentiellement <strong>de</strong> l’homme, et qui atteint les articulations<br />

temporomandibulaires dans un nombre <strong>de</strong> cas relativement<br />

important : 24 % pour Resnick (1974), 11 % pour Davidson (1975).<br />

Dans la gran<strong>de</strong> majorité <strong>de</strong>s cas, il existe <strong>de</strong>s manifestations<br />

rachidiennes et sacro-iliaques qui sont révélatrices (60 %) et qui<br />

continuent <strong>de</strong> dominer le tableau clinique ultérieurement.<br />

À l’articulation temporomandibulaire, au début, les manifestations<br />

radiologiques les plus évocatrices sont <strong>de</strong>s érosions condyliennes sur<br />

ses parties antérieure et postérieure, et la présence d’ostéophytes.<br />

19


23-446-D-10 <strong>Pathologie</strong> <strong>non</strong> <strong>traumatique</strong> <strong>de</strong> l’articulation temporomandibulaire Odontologie<br />

Selon Hu (1996), le scanner révèle <strong>de</strong>s <strong>de</strong>structions osseuses dans<br />

62 % <strong>de</strong>s cas et l’examen clinique est insuffisant pour les détecter.<br />

Dans les formes évoluées, on peut se retrouver <strong>de</strong>vant une ankylose<br />

osseuse complète <strong>de</strong> l’articulation (Resnick).<br />

L’antigène tissulaire HLA B27 (et plus particulièrement les soustypes<br />

B*2702, B*2704, B*2705) est retrouvé dans 90 % <strong>de</strong>s cas dans<br />

les populations caucasoï<strong>de</strong>s. Un syndrome inflammatoire avec<br />

accélération <strong>de</strong> la VS est inconstant. Les autres manifestations<br />

biologiques sont rares et modérées : discrète augmentation <strong>de</strong>s IgA<br />

ou <strong>de</strong>s phosphatases alcalines d’origine osseuse et <strong>de</strong> la créatine<br />

phosphokinase.<br />

Le traitement est pris en charge par les rhumatologues. Il repose<br />

essentiellement sur les anti-inflammatoires <strong>non</strong> stéroïdiens, les<br />

antalgiques associés dans certains cas à <strong>de</strong> la Salazopyrinet et la<br />

physiothérapie. Des injections intra-articulaires <strong>de</strong> corticoï<strong>de</strong>s<br />

peuvent donner <strong>de</strong> bons résultats sur les signes fonctionnels <strong>de</strong><br />

l’articulation temporomandibulaire (Wenneberg, 1983).<br />

La reconstruction osseuse par <strong>de</strong>s moyens biologiques (greffe<br />

chondrocostale) dans les cas <strong>de</strong> <strong>de</strong>struction importante semble<br />

souhaitable pour minimiser les troubles <strong>de</strong> croissance<br />

mandibulaire [87] . Une indication chirurgicale <strong>de</strong> traitement d’une<br />

véritable ankylose est parfois nécessaire, comprenant la levée du<br />

bloc d’ankylose et éventuellement la mise en place d’une prothèse<br />

d’articulation.<br />

Les troubles <strong>de</strong> la croissance induits par l’atteinte <strong>de</strong> l’articulation<br />

temporomandibulaire doivent être combattus par un traitement<br />

orthopédique (Kjelberg, 1995).<br />

Rhumatisme psoriasique<br />

Le rhumatisme psoriasique est un rhumatisme inflammatoire<br />

chronique appartenant au groupe <strong>de</strong>s spondylarthropathies. Il est<br />

caractérisé par l’existence <strong>de</strong> formes axiales et périphériques avec<br />

une liaison moindre avec l’antigène tissulaire B27. Dans la<br />

population, la fréquence du psoriasis est <strong>de</strong> 1 à 3 %. Chez les<br />

psoriasiques, la prévalence du rhumatisme psoriasique est <strong>de</strong> 5 à<br />

8 % (Bourdillon, 1818). La localisation au niveau <strong>de</strong> l’articulation<br />

temporomandibulaire est relativement peu fréquente (Zhu, 1996).<br />

Elle se traduit radiologiquement habituellement par <strong>de</strong>s érosions<br />

osseuses (Ko<strong>non</strong>en, 1986).<br />

Pour envisager ce diagnostic, il doit exister un psoriasis (cutané ou<br />

unguéal) associé à <strong>de</strong>s manifestations articulaires (douleurs,<br />

tuméfaction et/ou limitation <strong>de</strong>s mobilités d’au moins une<br />

articulation <strong>de</strong>puis plus <strong>de</strong> 6 semaines). Les critères secondaires <strong>de</strong><br />

diagnostic prennent en compte l’atteinte polyarticulaire axiale ou<br />

périphérique (atteinte volontiers asymétrique), la présence <strong>de</strong> signes<br />

inflammatoires dans les articulations interphalangiennes distales, la<br />

présence <strong>de</strong> doigts ou orteils en « saucisse », l’absence <strong>de</strong> nodules<br />

sous-cutanés, l’absence <strong>de</strong> facteurs rhumatoï<strong>de</strong>s, l’existence d’un<br />

liqui<strong>de</strong> synovial inflammatoire, <strong>de</strong>s signes radiologiques <strong>de</strong> sacroiliite<br />

et/ou d’érosion et/ou d’enthésites. La majorité <strong>de</strong>s patients ont<br />

<strong>de</strong>s formes <strong>de</strong> rhumatisme psoriasique oligoarticulaires, d’évolution<br />

capricieuse faite <strong>de</strong> poussées durant quelques semaines à quelques<br />

mois, entrecoupées <strong>de</strong> rémissions souvent prolongées, ne laissant<br />

aucune séquelle clinique ni radiologique. Plus rarement, certaines<br />

formes évoluent progressivement d’un seul tenant et sont à l’origine<br />

<strong>de</strong> graves lésions ostéocartilagineuses, pouvant aller jusqu’à<br />

l’ankylose (Kudryk, 1985).<br />

Le traitement est similaire à celui <strong>de</strong>s rhumatismes inflammatoires<br />

chroniques : antalgiques, anti-inflammatoires <strong>non</strong> stéroïdiens (en<br />

<strong>de</strong>hors <strong>de</strong> l’aspirine classiquement contre-indiquée, tout comme la<br />

corticothérapie générale). Certains traitements <strong>de</strong> fond peuvent être<br />

actifs sur la <strong>de</strong>rmatose et le rhumatisme psoriasique, comme la<br />

Salazopyrinet (hors autorisation <strong>de</strong> mise sur le marché [AMM]), le<br />

méthotrexate et la ciclosporine qui restent réservés à certaines<br />

formes cliniques graves et rebelles. Les traitements locaux (injections<br />

intra-articulaires <strong>de</strong> corticoï<strong>de</strong>s, synoviorthèses, physiothérapie)<br />

représentent un appoint thérapeutique utile. Bien entendu, il<br />

convient d’y associer un traitement <strong>de</strong>rmatologique adapté, local<br />

et/ou général (PUVA-thérapie, rétinoï<strong>de</strong>…).<br />

20<br />

Arthrites réactionnelles<br />

On désigne sous le nom d’arthrites réactionnelles un ensemble <strong>de</strong><br />

rhumatismes postinfectieux caractérisés par un terrain génétique<br />

prédisposé, avec présence <strong>de</strong> l’antigène tissulaire B27 et leur<br />

survenue à la suite d’infections extra-articulaires à certains germes :<br />

infections génitales (Chlamydia trachomatis ou Ureaplasma<br />

urealyticum), infections intestinales (Yersinia, Shigella, Salmonella…),<br />

infections pulmonaires (Chlamydia pneumoniae, Klebsiella<br />

pneumoniae). La symptomatologie <strong>de</strong>s arthrites réactionnelles et leur<br />

liaison avec l’antigène B27 expliquent leur rattachement nosologique<br />

aux spondylarthropathies inflammatoires.<br />

Les manifestations cliniques sont indépendantes du germe. Les<br />

diverses combinaisons cliniques « conjonctivite, urétrite, entérite,<br />

arthrite » sont très évocatrices, évoquant un syndrome <strong>de</strong> Fiessinger-<br />

Leroy-Reiter, mais ce tableau clinique est souvent observé sous une<br />

forme incomplète. La porte d’entrée génitale est la plus fréquente, et<br />

Chlamydia trachomatis est le premier germe responsable, les autres<br />

cas étant dus essentiellement à Shigella, Salmonella, Yersinia ou<br />

Campylobacter. Pour Henry [42] , on note la présence <strong>de</strong> Chlamydia<br />

trachomatis dans 20 % <strong>de</strong>s ATM opérées pour un dysfonctionnement<br />

discocondylien. D’après cet auteur, cette infection pourrait jouer un<br />

rôle dans la pathogénie <strong>de</strong>s dysfonctionnements et même expliquer<br />

la prédominance féminine <strong>de</strong> cette affection.<br />

Le diagnostic se fait <strong>de</strong>vant une séquence clinique évocatrice, un<br />

syndrome inflammatoire biologique, la présence <strong>de</strong> l’antigène<br />

tissulaire B27, l’isolement <strong>de</strong> la bactérie responsable à la porte<br />

d’entrée extra-articulaire, et par étu<strong>de</strong> sérologique (avec<br />

séroconversion en 15 jours). Il a été mis en évi<strong>de</strong>nce, grâce à <strong>de</strong>s<br />

techniques <strong>de</strong> biologie moléculaire, <strong>de</strong>s antigènes bactériens ou <strong>de</strong>s<br />

micro-organismes vivant dans les articulations atteintes.<br />

Les traitements symptomatiques par antalgiques et antiinflammatoires<br />

sont habituellement utilisés, éventuellement<br />

complétés par <strong>de</strong>s gestes locaux (infiltration ou synoviorthèse).<br />

L’antibiothérapie s’impose si persiste une infection <strong>de</strong> la porte<br />

d’entrée. En cas <strong>de</strong> porte d’entrée génitale, elle doit être précoce et<br />

peut être prolongée. Les formes chroniques peuvent bénéficier <strong>de</strong><br />

traitements <strong>de</strong> fond par Salazopyrinet.<br />

LÉSIONS DÉGÉNÉRATIVES<br />

La plupart <strong>de</strong>s articulations montrent <strong>de</strong> bonne heure <strong>de</strong>s lésions<br />

érosives du cartilage peu évolutives, cliniquement silencieuses, dont<br />

la fréquence et la précocité contrastent avec le caractère plus tardif<br />

et plus clairsemé <strong>de</strong>s altérations arthrosiques vraies, bien que la<br />

lésion élémentaire initiale soit la même. La séparation définitive<br />

entre la lésion du cartilage « vieillissant » et celle du cartilage<br />

arthrosique ne remonte qu’à une vingtaine d’années (Mazières [65] ,<br />

Tressol-Verrouil).<br />

Selon la définition <strong>de</strong> l’American Aca<strong>de</strong>my of Orthopaedic Surgeons<br />

(1994), « l’arthrose est la résultante <strong>de</strong>s phénomènes mécaniques et<br />

biologiques qui déstabilisent l’équilibre entre la synthèse et la<br />

dégradation du cartilage et <strong>de</strong> l’os sous-chondral ». Ce déséquilibre<br />

peut être initié par <strong>de</strong> multiples facteurs : génétiques, <strong>de</strong><br />

développement, métaboliques et <strong>traumatique</strong>s. L’arthrose touche<br />

tous les tissus <strong>de</strong> l’articulation dite arthrodiale et se manifeste par<br />

<strong>de</strong>s modifications morphologiques, biochimiques, moléculaires et<br />

biomécaniques <strong>de</strong>s cellules et <strong>de</strong> la matrice cartilagineuse,<br />

conduisant à un ramollissement, une fissuration, une ulcération et<br />

une perte du cartilage articulaire, une sclérose <strong>de</strong> l’os sous-chondral<br />

avec production d’ostéophytes et <strong>de</strong> kystes sous-chondraux.<br />

Quand elle <strong>de</strong>vient symptomatique, l’arthrose entraîne douleurs et<br />

rai<strong>de</strong>urs articulaires, un éventuel épanchement articulaire avec <strong>de</strong>s<br />

<strong>de</strong>grés variables d’inflammation locale. L’histoire naturelle <strong>de</strong> la<br />

maladie est mal connue. On sait cependant que, 10 à 15 ans après le<br />

diagnostic d’une gonarthrose, 50 % <strong>de</strong>s mala<strong>de</strong>s se sont aggravés et<br />

que 50 % sont dans un état stable. Pour la hanche, 10 à 15 % <strong>de</strong> cas<br />

d’amélioration importante sont observés 10 ans après le début <strong>de</strong> la<br />

maladie (Mazières).<br />

Sa prévalence générale relevée par <strong>de</strong>s dépistages radiologiques<br />

systématiques est <strong>de</strong> 52 % <strong>de</strong>s adultes. Dans les tranches d’âge les


Odontologie <strong>Pathologie</strong> <strong>non</strong> <strong>traumatique</strong> <strong>de</strong> l’articulation temporomandibulaire 23-446-D-10<br />

plus élevées, cette prévalence est <strong>de</strong> 85 %. La corrélation entre<br />

arthrose radiologique et arthrose clinique est variable suivant les<br />

articulations. Selon l’enquête National Health Nutrition Examination<br />

Survey (1989), 40 % <strong>de</strong>s mala<strong>de</strong>s ayant une arthrose modérée<br />

radiologique sont symptomatiques, pour 60 % <strong>de</strong> ceux ayant une<br />

arthrose avancée.<br />

Cliniquement, douleurs et limitations <strong>de</strong>s mouvements sont les<br />

signes essentiels. La douleur est typiquement une douleur d’effort,<br />

<strong>de</strong> mise en charge. Elle se produit après un certain temps<br />

d’utilisation <strong>de</strong> l’articulation et donc se manifeste plus volontiers en<br />

fin <strong>de</strong> journée. Elle est calmée par le repos. Classiquement, elle ne<br />

réveille pas le mala<strong>de</strong> endormi, cependant la douleur arthrosique<br />

peut réveiller le mala<strong>de</strong> lors <strong>de</strong>s mouvements dans son sommeil<br />

(bruxisme). Ce type <strong>de</strong> douleur peut également s’accompagner <strong>de</strong><br />

dérouillage matinal, comme dans le cadre d’une douleur<br />

« inflammatoire ». La rai<strong>de</strong>ur articulaire <strong>de</strong> l’arthrose n’apparaît que<br />

tardivement, au début discrète et limitée, pouvant réveiller la<br />

douleur spontanée du mala<strong>de</strong>. Elle peut entraîner <strong>de</strong>s déformations<br />

considérables <strong>de</strong> la tête condylienne et génère, lorsqu’il existe une<br />

rupture ou une perforation méniscale, <strong>de</strong>s crépitations intraarticulaires<br />

(crissements, grincements, crepitus) témoignant d’un<br />

frottement <strong>de</strong>s surfaces articulaires l’une sur l’autre, comme dans<br />

toute articulation arthrosique. Ces bruits articulaires, fort différents<br />

<strong>de</strong>s claquements évoqués précé<strong>de</strong>mment, sont perceptibles à tous<br />

les <strong>de</strong>grés d’ouverture ou <strong>de</strong> fermeture buccale et sont d’une<br />

intensité variable, ressentis comme un frottement <strong>de</strong> papier <strong>de</strong> verre<br />

ou un bruit <strong>de</strong> sable. Dans les formes évoluées, la hauteur<br />

condylienne peut être diminuée, engendrant une béance antérieure<br />

ou une latéralité mandibulaire dans les atteintes unilatérales.<br />

Sur le bilan radiologique, les signes cardinaux classiques <strong>de</strong><br />

l’arthrose sont une sclérose sous-chondrale plus ou moins associée à<br />

<strong>de</strong>s géo<strong>de</strong>s, une ostéophytose implantée à la jonction os-cartilage et<br />

un pincement articulaire longtemps localisé. Ce <strong>de</strong>rnier signe est<br />

d’interprétation délicate à l’articulation temporomandibulaire en<br />

raison <strong>de</strong> l’existence du disque (fig 26).<br />

À l’articulation temporomandibulaire, l’IRM visualise<br />

l’aplatissement et la perte <strong>de</strong> sphéricité <strong>de</strong>s condyles, les formations<br />

26 Lésions arthrosiques : lacunes, déformations osseuses et ostéophytes. ATM : articulation temporomandibulaire.<br />

ostéophytiques, tant du versant temporal que condylien (à ce niveau<br />

elles sont souvent antérosupérieures). Les con<strong>de</strong>nsations<br />

ostéochondrales <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux condyles, <strong>de</strong> même que les géo<strong>de</strong>s souschondrales,<br />

sont fréquentes.<br />

Classiquement, on distingue <strong>de</strong>ux grands groupes étiologiques<br />

d’arthrose :<br />

– les arthroses « mécaniques » ont un cartilage, normal au départ, qui<br />

supporte <strong>de</strong>s pressions trop importantes ; ces arthroses mécaniques<br />

existent dans les dysplasies (dysplasie du cotyle), les désaxations<br />

(Reimann, 1973), les instabilités (rupture du ligament croisé<br />

antérieur : Pond, 1973), les surcharges (pondérales ou fonctionnelles)<br />

ou les compressions élastiques (Gritzka, 1983) ou permanentes<br />

(Salter, 1960), les incongruences articulaires (Bennet, 1937 ;<br />

Moskowitz, 1973) ; ces arthroses recouvrent le groupe <strong>de</strong>s arthroses<br />

dites habituellement secondaires ;<br />

– les arthroses « structurales » où le fonctionnement du jeu articulaire<br />

est normal, mais la structure anormale du cartilage le rend plus<br />

fragile aux pressions s’exerçant habituellement sur lui ; il s’agit donc<br />

d’une hyperpression relative pour ce cartilage moins résistant que<br />

la moyenne ; les causes <strong>de</strong> cette fragilisation peuvent être<br />

intracartilagineuses (chondrocalcinose, contusion du cartilage), dans<br />

l’os sous-chondral (ostéonécrose épiphysaire, hyperparathyroïdie),<br />

ou à point <strong>de</strong> départ synovial (synoviale inflammatoire donc<br />

fragilisation par IL1 et la collagénase MMP1 venant d’une synoviale<br />

inflammatoire).<br />

La physiopatholologie est encore mal connue et il semble que le<br />

facteur <strong>de</strong> départ soit une hyperpression sur un cartilage normal,<br />

ou une mauvaise répartition <strong>de</strong>s pressions en raison d’un os souschondral<br />

anormal, ou une pression normale sur une fibre anormale.<br />

Ces facteurs mécaniques ont <strong>de</strong>s conséquences intriquées : <strong>de</strong>s<br />

modifications <strong>de</strong> la trame fibrillaire et une « activation<br />

chondrocytaire ». Le filet collagénique se rompt par place,<br />

permettant une hyperhydratation du cartilage et une expansion<br />

anormale <strong>de</strong>s protéoglycanes. Cet œdème cartilagineux est le<br />

premier signe biologique <strong>de</strong> l’arthrose. Sous l’effet <strong>de</strong> la persistance<br />

<strong>de</strong>s pressions, ce cartilage hyperhydraté perd ses caractéristiques<br />

21


23-446-D-10 <strong>Pathologie</strong> <strong>non</strong> <strong>traumatique</strong> <strong>de</strong> l’articulation temporomandibulaire Odontologie<br />

biomécaniques. L’élasticité du cartilage diminue. On note une<br />

diminution <strong>de</strong> la teneur en aci<strong>de</strong> hyaluronique et une<br />

dépolymérisation <strong>de</strong>s agrégats <strong>de</strong> protéoglycanes. Cette perte<br />

d’élasticité cartilagineuse entraîne une mauvaise transmission <strong>de</strong>s<br />

pressions à l’os sous-chondral, qui réagit en se con<strong>de</strong>nsant et en<br />

développant une ostéophytose réactionnelle. Cette anomalie <strong>de</strong> la<br />

trame fibrillaire permet une augmentation <strong>de</strong> perméabilité aux<br />

enzymes synoviales, qui vont, associées aux facteurs mécaniques<br />

eux-mêmes, réaliser une activation chondrocytaire. Les chondrocytes<br />

<strong>de</strong>viennent hyperactifs (« activés ») : on note une prolifération<br />

chondrocytaire avec perte <strong>de</strong> la répartition normale en colonne <strong>de</strong><br />

ces chondrocytes qui se réunissent en grappes avec une<br />

augmentation <strong>de</strong> leur métabolisme (synthèse accrue <strong>de</strong> collagène et<br />

<strong>de</strong> protéoglycanes) qui traduisent une tentative <strong>de</strong> réparation qui<br />

reste insuffisante. Les chondrocytes s’épuisent, dégénèrent et se<br />

nécrosent. Cette phase d’activation <strong>de</strong>s chondrocytes s’est<br />

accompagnée d’un certain nombre <strong>de</strong> modifications dans leur<br />

sécrétion, en particulier une augmentation <strong>de</strong> la production<br />

d’enzymes <strong>de</strong> dégradation <strong>de</strong> la matrice. On note ainsi une<br />

augmentation <strong>de</strong>s MMP1, <strong>de</strong> stromélysine (MMP3), <strong>de</strong> protéases<br />

aci<strong>de</strong>s, <strong>de</strong> prostaglandines E, <strong>de</strong> radicaux libres et d’oxy<strong>de</strong>s<br />

nitriques. Les produits <strong>de</strong> dégradation <strong>de</strong> la matrice, les cytokines,<br />

également sécrétés par les chondrocytes activés sont libérés dans le<br />

liqui<strong>de</strong> synovial et phagocytés par la synoviale, qui répond par un<br />

processus inflammatoire avec comme conséquence la production <strong>de</strong><br />

radicaux libres, <strong>de</strong> prostaglandines et <strong>de</strong> métalloprotéases qui<br />

viennent renforcer la <strong>de</strong>struction du cartilage. Tous ces mécanismes<br />

incomplètement connus s’intriquent et interagissent les uns sur les<br />

autres.<br />

Dans l’articulation temporomandibulaire, tous les facteurs<br />

déclenchants évoqués précé<strong>de</strong>mment, valables pour les autres<br />

articulations, s’appliquent certainement. L’existence d’anomalies<br />

occlusales, en particulier <strong>de</strong> perte <strong>de</strong> hauteur occlusale, est<br />

susceptible <strong>de</strong> générer un déséquilibre <strong>de</strong>s forces musculaires dans<br />

les articulations temporomandibulaires, ce qui explique que les<br />

lésions <strong>de</strong> type arthrosique soient quasi constantes au niveau <strong>de</strong>s<br />

articulations dans le cadre <strong>de</strong> la pathologie articulaire d’origine<br />

occlusale. Ce n’en est certainement pas la cause unique, mais sans<br />

doute la cause prédominante.<br />

L’arthrose étant une maladie plurifactorielle, les troubles <strong>de</strong> l’articulé<br />

<strong>de</strong>ntaire y jouent certainement un rôle. Que ces troubles <strong>de</strong> l’articulé<br />

<strong>de</strong>ntaire soient réellement le facteur étiologique principal ou qu’il<br />

s’agisse d’un facteur favorisant, cette coexistence pose <strong>de</strong> nombreux<br />

problèmes. Même si une apparition <strong>de</strong> l’arthrose est estimée sans<br />

rapport avec l’anomalie d’occlusion, on ne peut affirmer que<br />

l’évolutivité <strong>de</strong> l’arthrose ne soit pas conditionnée par la persistance<br />

ou la disparition <strong>de</strong> ce trouble occlusal. Si l’arthrose a été induite<br />

par ce trouble occlusal, y a t-il <strong>de</strong>s cas où son évolution est <strong>de</strong>venue<br />

indépendante ? On peut estimer que dans tous les cas <strong>de</strong> lésions<br />

arthrosiques il serait souhaitable <strong>de</strong> normaliser les forces occlusales.<br />

Le traitement <strong>de</strong> l’arthrose, en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> cette normalisation <strong>de</strong>s<br />

forces intra-articulaires, ne peut être que similaire à celui <strong>de</strong><br />

l’arthrose en général (Boering, 1990). Il faut simplement rappeler ici<br />

que :<br />

– au début <strong>de</strong> la maladie arthrosique, il n’existe que quelques<br />

douleurs vagues et on peut conseiller le respect d’une économie<br />

articulaire et la prescription d’un traitement <strong>de</strong> fond ; ces traitements<br />

<strong>de</strong> fond ou antiarthritiques d’action lente ont une activité<br />

essentiellement symptomatique, retardée et rémanente par rapport<br />

à celle obtenue par les anti-inflammatoires <strong>non</strong> stéroïdiens. Ces<br />

traitements <strong>de</strong> type diacéréine (Art 50t), chondroïtine-sulfate<br />

(Structumt, Chondrosulft), insaponifiables d’huiles d’avocat et <strong>de</strong><br />

soja (Piasclédinet 300), constituent un traitement d’appoint <strong>de</strong> la<br />

douleur arthrosique ; ils sont habituellement prescrits lors d’arthrose<br />

<strong>de</strong>s membres, celle du genou (gonarthrose) pouvant par ailleurs<br />

conduire à un traitement local par aci<strong>de</strong> hyaluronique (Hyalgant) ;<br />

– lors <strong>de</strong>s poussées douloureuses, il faut conseiller un repos<br />

articulaire associé à <strong>de</strong>s anti-inflammatoires <strong>non</strong> stéroïdiens prescrits<br />

pour une courte pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> 2à3semaines, en y associant bien sûr<br />

22<br />

<strong>de</strong>s antalgiques périphériques, essentiellement le paracétamol ; au<br />

sortir <strong>de</strong> la crise, en fonction <strong>de</strong> l’état articulaire, on peut prescrire la<br />

poursuite ou la mise en route d’un traitement antiarthrosique<br />

d’action lente précé<strong>de</strong>mment évoqué, associé à une kinésithérapie ;<br />

– dans les formes invalidantes, avancées, dans lesquelles la<br />

<strong>de</strong>struction articulaire est importante radiologiquement et dans<br />

lesquelles le traitement médical se révèle insuffisant, se pose la<br />

question, comme pour toute articulation, d’envisager un<br />

remplacement prothétique. Cette indication reste exceptionnelle,<br />

compte tenu <strong>de</strong> la fréquence <strong>de</strong> ces lésions arthrosiques.<br />

Pour le moment, il n’existe pas <strong>de</strong> médicament capable <strong>de</strong> prévenir<br />

la détérioration du cartilage quand celui-ci n’est pas encore touché,<br />

voire <strong>de</strong> médicament capable <strong>de</strong> restaurer un cartilage altéré.<br />

CHONDROMATOSE SYNOVIALE<br />

La chondromatose (Reichel, 1900) est la conséquence d’une<br />

métaplasie chondroï<strong>de</strong> du tissu synovial (métaplasie <strong>de</strong>s cellules B).<br />

Cette affection est responsable <strong>de</strong> la formation intra-articulaire <strong>de</strong><br />

multiples petites images arrondies. Elle se caractérise par la présence<br />

<strong>de</strong> corps cartilagineux, enchâssés ou libres, secondairement calcifiés.<br />

Cliniquement, elle associe <strong>de</strong>s signes articulaires (douleurs, bruits,<br />

limitation d’ouverture buccale) avec une tuméfaction articulaire<br />

(hydarthrose) et parfois <strong>de</strong>s phénomènes <strong>de</strong> blocage.<br />

Le diagnostic est confirmé par <strong>de</strong>s explorations radiologiques, qui<br />

montrent <strong>de</strong> multiples petites images arrondies, hypo-intenses à<br />

l’IRM, <strong>de</strong> nodules synoviaux, pouvant se situer dans l’articulation.<br />

La radiographie standard pourrait montrer ces petits nodules s’ils<br />

sont très calcifiés. L’examen TDM les visualise finalement mieux que<br />

l’IRM. Des signes <strong>de</strong> dégénérescence osseuse sont souvent associés<br />

(encoche osseuse temporale ou condylienne).<br />

Plus <strong>de</strong> 250 cas ont été publiés à l’articulation temporomandibulaire<br />

(Noyek, 1977 ; Blankestinj, 1985 ; Norman, 1988 ; Quinn, 1992).<br />

Le traitement est chirurgical, permettant la découverte et l’ablation<br />

<strong>de</strong> ces corps étrangers, éventuellement réalisable sous arthroscopie.<br />

En cas <strong>de</strong> récidive, une discectomie avec synovectomie peut être<br />

proposée [62] .<br />

SYNOVITE VILLONODULAIRE<br />

Décrite en 1882 par Chassaignac, la synovite villonodulaire ou<br />

synovite villonodulaire hémopigmentée atteint parfois l’articulation<br />

temporomandibulaire [89] .<br />

Les principaux signes sont une douleur mécanique et un<br />

gonflement ; au début intermittents et modérés, ils augmentent et<br />

peuvent <strong>de</strong>venir permanents. Des blocages peuvent aussi survenir.<br />

L’extension dans les parties molles peut être telle qu’elle évoque une<br />

tumeur maligne, cette extension pouvant intéresser la fosse<br />

infratemporale, voire la fosse cérébrale moyenne (Kessler, 1997). Les<br />

examens biologiques montrent l’absence <strong>de</strong> syndrome<br />

inflammatoire. La ponction articulaire, si elle est pratiquée, montre<br />

un liqui<strong>de</strong> sérosanglant avec une teneur moyenne en cellules <strong>de</strong><br />

3 000/mm3 dont 25 % <strong>de</strong> polynucléaires. Les radiographies<br />

standards sont parfois normales, voire montrent parfois <strong>de</strong>s érosions<br />

en « coups d’ongles » situées à la zone <strong>de</strong> réflexion <strong>de</strong> la synoviale<br />

et surtout <strong>de</strong>s géo<strong>de</strong>s polycyliques cernées d’un liseré fin, opaque.<br />

L’IRM montre, sur les séquences pondérées en T2, <strong>de</strong>s zones<br />

d’hypersignal modéré et <strong>de</strong>s zones d’hyposignal. L’injection <strong>de</strong><br />

gadolinium rehausse en partie les zones d’hyposignal (tissu<br />

synovial). En séquences pondérées en T2, les zones d’hypersignal<br />

modéré en T1 restent en hypersignal (graisse) et les zones<br />

d’hyposignal en T1 rehaussé par le produit <strong>de</strong> contraste restent en<br />

hypersignal mais surtout les zones d’hyposignal en T1 <strong>non</strong> rehaussé<br />

par le gadolinium restent en hyposignal (calcifications ou<br />

ossifications ou dépôts d’hémosidérine). L’IRM permet d’évoquer le<br />

diagnostic et d’évaluer l’extension <strong>de</strong>s lésions osseuses.<br />

L’étu<strong>de</strong> histologique reste indispensable, par arthrotomie ou sous<br />

arthroscopie. La tumeur apparaît comme une masse lobulée bien


Odontologie <strong>Pathologie</strong> <strong>non</strong> <strong>traumatique</strong> <strong>de</strong> l’articulation temporomandibulaire 23-446-D-10<br />

circonscrite, <strong>de</strong> coloration allant du jaune au brun, <strong>de</strong> quelques<br />

millimètres à quelques centimètres. Dans les formes diffuses, la<br />

tumeur s’étend dans le tissu osseux, dans la capsule, voire dans les<br />

parties molles.<br />

L’hypothèse pathogénique la plus probable est l’hypothèse<br />

proliférative : la présence d’une trisomie 7, observée dans 35 % <strong>de</strong>s<br />

métaphases <strong>de</strong>s cellules, semble être assez spécifique <strong>de</strong>s tumeurs<br />

bénignes, <strong>de</strong> même que l’hyperexpression <strong>de</strong> l’oncogène C-erB.<br />

Le traitement repose sur la synovectomie qui peut être chirurgicale,<br />

arthroscopique, chimique ou isotopique. Dans les formes agressives,<br />

l’exérèse chirurgicale doit se faire en zone saine comme pour toute<br />

pathologie tumorale (Tanaka [89] ; Chow, 1998).<br />

OSTÉONÉCROSES DU CONDYLE<br />

L’ostéochondrite disséquante, ou ostéonécrose idiopathique du<br />

condyle, touche essentiellement la jeune fille (cheer-lad<strong>de</strong>r). Elle se<br />

traduit par <strong>de</strong>s douleurs articulaires et une limitation d’ouverture<br />

buccale d’apparition brutale. La radiographie met en évi<strong>de</strong>nce une<br />

encoche puis une lacune souvent sur le contour articulaire condylien<br />

autrement normal. Le scanner, en coupes fines, voire avec<br />

reconstruction tridimensionnelle, est très efficace pour montrer une<br />

atteinte osseuse précoce. L’IRM montre que l’appareil discal est<br />

normal et en place. Elle peut montrer l’aplatissement voire, à un<br />

sta<strong>de</strong> plus évolué, la déformation en cupule <strong>de</strong> la tête condylienne.<br />

La nécrose condylienne se traduit en IRM par une hétérogénéité <strong>de</strong>s<br />

surfaces articulaires et <strong>de</strong>s zones hypo<strong>de</strong>nses dans les régions souschondrales.<br />

L’association d’amincissements corticaux et<br />

d’hypo<strong>de</strong>nsité T1 <strong>de</strong> la médullaire spongieuse se rencontre dans ce<br />

type <strong>de</strong> nécrose aseptique. Les tests biologiques sont normaux.<br />

L’évolution se fait classiquement spontanément en quelques mois<br />

vers la guérison <strong>de</strong> l’ostéonécrose avec remo<strong>de</strong>lage et parfois<br />

raccourcissement <strong>de</strong> la hauteur condylienne.<br />

Le traitement habituellement recommandé se limite à éviter les<br />

surcharges articulaires (mise en place d’une gouttière), mais cette<br />

ostéonécrose « idiopathique » survient le plus souvent chez <strong>de</strong>s<br />

jeunes filles en classe II avec ou sans béance et il semble souhaitable<br />

d’envisager la correction orthodonticochirurgicale <strong>de</strong> ces<br />

dysmorphoses, d’autant que cette lésion peut être à l’origine <strong>de</strong><br />

lésions arthrosiques sévères (Wolford [98] ; Hoppenreijs, 1999).<br />

Des cas d’ostéonécrose du condyle ont été rapportés après<br />

traumatisme. Leur traitement est similaire et, dans la mesure du<br />

possible, conservateur.<br />

L’ostéonécrose du condyle peut également faire partie du tableau<br />

clinique d’un lupus érythémateux aigu disséminé, ainsi que l’ont<br />

rapporté Jonsson (1983) et Grinin (1999), ou d’une <strong>de</strong>rmatomyosite<br />

(Brennan, 1999).<br />

Enfin, il faut noter la possibilité <strong>de</strong> survenue <strong>de</strong> résorption<br />

condylienne après chirurgie orthognathique, éventuellement après<br />

traitement orthodontique (De Clercq, 1994 ; Hoppenreijs, 1998 ; Kato,<br />

1999).<br />

Toutes ces résorptions condyliennes posent le problème d’une<br />

chirurgie reconstructrice.<br />

Chondrocalcinose<br />

ARTHROPATHIES MÉTABOLIQUES<br />

Les manifestations pathologiques sont liées à la présence, dans les<br />

diverses structures <strong>de</strong> l’articulation, <strong>de</strong> microcristaux constitués dans<br />

la très gran<strong>de</strong> majorité <strong>de</strong>s cas <strong>de</strong> pyrophosphate <strong>de</strong> calcium<br />

dihydraté sous forme tricalcique. Beaucoup plus rarement ou à titre<br />

d’association, ces cristaux peuvent aussi être faits <strong>de</strong> phosphate<br />

dicalcique dihydraté (ou hydrogénophosphate <strong>de</strong> calcium). Les<br />

microcristaux n’incrustent pas seulement les formations<br />

cartilagineuses (cartilages hyalins et fibrocartilages), ils précipitent<br />

et/ou pénètrent le liqui<strong>de</strong> articulaire et imprègnent aussi la<br />

synoviale. Cette affection est pour cette raison dénommée aussi<br />

« maladie à dépôts <strong>de</strong> cristaux <strong>de</strong> pyrophosphate <strong>de</strong> calcium<br />

dihydraté », crystal <strong>de</strong>position disease, ou « arthropathie à<br />

pyrophosphate » ou « pseudogoutte » ou « goutte calcique ».<br />

Individualisée par Sitaj et Zitnan (1957), la chondrocalcinose est une<br />

affection fréquente, apparaissant essentiellement à partir <strong>de</strong> 50 à 60<br />

ans. Elle évolue <strong>de</strong> pair avec une autre affection, ostéoarticulaire ou<br />

<strong>non</strong>, dans 10 à 15 % <strong>de</strong>s cas (hyperparathyroïdie, hémochromatose,<br />

goutte…). Toutes les articulations peuvent être intéressées.<br />

Considérée comme rare à l’articulation temporomandibulaire, il faut<br />

cependant noter qu’on retrouve <strong>de</strong> nombreuses publications qui<br />

présentent <strong>de</strong>s cas <strong>de</strong> ce type (Pritzker, 1976 ; <strong>de</strong> Vos, 1981 ; Good,<br />

1982 ; Mogi, 1987 ; Zemplenyi, 1985 ; Combelles, 1992 ; Ishida [43] ).<br />

Les crises fluxionnaires aiguës, dites <strong>de</strong> pseudogoutte, constituent<br />

les manifestations les plus évocatrices, mais l’aspect clinique peut<br />

être celui d’une inflammation d’apparence rhumatismale subaiguë<br />

ou chronique : douleurs et signes fluxionnaires modérés, volontiers<br />

polyarticulaires. L’association à <strong>de</strong>s lésions d’apparence<br />

dégénérative est considérée comme très fréquente. Parfois, la<br />

chondrocalcinose peut ne se traduire que par <strong>de</strong>s douleurs <strong>de</strong> type<br />

mécanique ou par une hydarthrose. Elle peut prendre l’apparence<br />

d’une ostéochondromatose synoviale où existent <strong>de</strong>s corps étrangers<br />

intra-articulaires dus à l’hypertrophie et à l’ossification secondaire<br />

<strong>de</strong>s îlots <strong>de</strong> métaplasie chondroï<strong>de</strong> qui parsèment les synoviales<br />

soumises à l’irritation microcristalline. De nombreux auteurs ont<br />

décrit <strong>de</strong>s <strong>de</strong>structions articulaires parfois majeures : effondrement<br />

<strong>de</strong> la plaque sous-chondrale, érosion ou ulcération <strong>de</strong>s massifs<br />

osseux sous-jacents, disparition <strong>de</strong>s extrémités articulaires,<br />

apparition d’ostéophytes exubérants, corps étrangers articulaires.<br />

Le diagnostic repose sur la démonstration <strong>de</strong> la présence <strong>de</strong>s<br />

microcristaux <strong>de</strong> pyrophosphate <strong>de</strong> calcium dihydraté dans les<br />

tuniques articulaires, les aspects radiologiques, l’analyse du liqui<strong>de</strong><br />

articulaire et la biopsie <strong>de</strong> la synoviale (sous arthroscopie). La<br />

radiographie montre une incrustation du fibrocartilage <strong>de</strong>ssinant <strong>de</strong><br />

petits amas à bords flous. Il existe souvent <strong>de</strong>s calcifications<br />

périarticulaires.<br />

Le traitement <strong>de</strong> la crise <strong>de</strong> pseudogoutte repose sur la prescription<br />

d’anti-inflammatoires <strong>non</strong> stéroïdiens, associés en cas d’échec à la<br />

colchicine (2 à 3 mg les 2 premiers jours). Les formes chroniques<br />

<strong>non</strong> <strong>de</strong>structives sont traitées par l’association d’antalgiques banals<br />

et/ou d’anti-inflammatoires <strong>non</strong> stéroïdiens, complétés<br />

éventuellement par une corticothérapie locale. Les formes<br />

<strong>de</strong>structives peuvent mener à la mise en place d’une prothèse<br />

articulaire.<br />

Goutte<br />

La goutte est un syndrome constitué d’arthrites aiguës récidivantes<br />

(accès goutteux) et d’infiltration urique <strong>de</strong>s tissus qui progresse<br />

lentement. Sans traitement, cette infiltration finit par provoquer une<br />

détérioration articulaire, par créer <strong>de</strong>s dépôts d’urate <strong>de</strong> sodium<br />

visibles sous la peau (tophus) et par altérer la fonction rénale.<br />

L’accès goutteux atteint rarement l’articulation<br />

temporomandibulaire, surtout dans les formes monoarticulaires. Les<br />

caractéristiques cliniques sont bien connues : brutalité d’apparition<br />

<strong>de</strong> la crise, intensité douloureuse à type <strong>de</strong> broiement, caractère très<br />

inflammatoire localement. Le diagnostic repose sur un faisceau<br />

d’arguments cliniques (terrain goutteux, éventuel facteur<br />

déclenchant), biologiques (hyperuricémie, présence <strong>de</strong> microcristaux<br />

uriques dans le liqui<strong>de</strong> synovial) et thérapeutiques (effet<br />

habituellement spectaculaire <strong>de</strong> la colchicine). L’arthropathie urique<br />

chronique touche également rarement l’articulation<br />

temporomandibulaire. Les dépôts <strong>de</strong> cristaux d’urate <strong>de</strong> sodium<br />

entraînent une <strong>de</strong>struction du cartilage et <strong>de</strong>s érosions osseuses<br />

(tophus intraosseux).<br />

Le traitement <strong>de</strong> la crise continue <strong>de</strong> reposer sur la colchicine et/ou<br />

les anti-inflammatoires <strong>non</strong> stéroïdiens. Durant l’intercrise, la<br />

présence d’une maladie goutteuse (plus <strong>de</strong> trois crises) peut faire<br />

retenir l’indication d’un traitement hypo-uricémiant<br />

(uricofreinateurs ou uricoéliminateurs), si le patient adhère à un tel<br />

traitement prolongé en plus <strong>de</strong>s mesures hygiénodiététiques<br />

d’usage.<br />

23


23-446-D-10 <strong>Pathologie</strong> <strong>non</strong> <strong>traumatique</strong> <strong>de</strong> l’articulation temporomandibulaire Odontologie<br />

MALFORMATIONS<br />

Agénésie et hypoplasie condylienne<br />

Il existe parfois <strong>de</strong>s lésions congénitales se traduisant par une<br />

agénésie ou une hypoplasie <strong>de</strong> l’articulation temporomandibulaire<br />

(fig 27). Il est tout à fait exceptionnel que cette malformation<br />

n’atteigne que l’articulation et, le plus souvent, ces anomalies<br />

intéressent à un <strong>de</strong>gré plus ou moins sévère la branche montante ou<br />

l’hémimandibule. Ces hypoplasies entrent habituellement dans le<br />

cadre <strong>de</strong>s syndromes du premier arc (fig 28), plus ou moins associées<br />

à une atteinte du <strong>de</strong>uxième arc. Elles sortent alors du cadre <strong>de</strong> la<br />

pathologie <strong>de</strong> l’articulation temporomandibulaire proprement dite,<br />

pour entrer dans celui <strong>de</strong>s syndromes malformatifs.<br />

Ces différentes atteintes sont parfaitement connues, ainsi que leur<br />

retentissement régional, avec en particulier les troubles <strong>de</strong><br />

l’occlusion qu’elles vont entraîner. Lorsqu’il existe une articulation<br />

temporomandibulaire fonctionnelle, le traitement s’oriente vers la<br />

distraction. Lorsqu’il existe une absence d’articulation<br />

temporomandibulaire, il est envisagé habituellement <strong>de</strong> mettre en<br />

place une greffe costale chondro-osseuse ou éventuellement, dans<br />

<strong>de</strong>s cas exceptionnels, un lambeau libre microanastomosé <strong>de</strong><br />

métatarsien.<br />

Anomalies <strong>de</strong> développement<br />

Les anomalies <strong>de</strong> développement <strong>de</strong> la région condylienne sont<br />

classiquement <strong>de</strong> cause infectieuse ou post-<strong>traumatique</strong><br />

(éventuellement obstétricale). Les <strong>de</strong>structions d’origine infectieuse<br />

<strong>de</strong> l’articulation temporomandibulaire par affection <strong>de</strong> voisinage <strong>de</strong><br />

type otite ou mastoïdite sont <strong>de</strong>venues actuellement tout à fait<br />

exceptionnelles ; en revanche, les troubles <strong>de</strong> croissance entraînés<br />

par une fracture condylienne ou sous-condylienne sont relativement<br />

plus fréquents. Ces <strong>de</strong>ux causes peuvent naturellement entraîner <strong>de</strong>s<br />

ankyloses temporomandibulaires qu’il convient <strong>de</strong> lever le plus tôt<br />

possible et qui doivent être suivies par la reconstruction <strong>de</strong><br />

l’articulation temporomandibulaire par <strong>de</strong>s matériaux biologiques<br />

chez l’enfant (cf supra).<br />

Il était classique <strong>de</strong> décrire <strong>de</strong>s troubles <strong>de</strong> développement condylien<br />

à la suite <strong>de</strong> traitement radiothérapique. Ces étiologies sont<br />

24<br />

27 Malformation bilatérale <strong>de</strong>s articulations temporomandibulaires.<br />

28 Syndrome du premier<br />

arc.<br />

<strong>de</strong>venues également exceptionnelles puisque la radiothérapie est<br />

formellement contre-indiquée pour tout traitement d’une tumeur<br />

bénigne <strong>de</strong> type angiome ou lymphangiome, et puisque, dans les<br />

tumeurs malignes <strong>de</strong> la face, les oncologues pédiatriques essayent<br />

d’éviter toute irradiation, la base du traitement reposant sur la<br />

chimiothérapie.<br />

TUMEURS ET HYPERPLASIE CONDYLIENNE<br />

Comme toute structure articulaire, l’articulation<br />

temporomandibulaire peut être le siège <strong>de</strong> tumeurs d’origine<br />

osseuse, cartilagineuse ou synoviale. Les manifestations cliniques<br />

intra-articulaires ne sont pas spécifiques : ces tumeurs peuvent<br />

entraîner <strong>de</strong>s douleurs locales, une symptomatologie d’apparence<br />

dysfonctionnelle <strong>de</strong> l’articulation, surtout <strong>de</strong>s troubles ostéitiques<br />

mandibulaires, soit limitation d’ouverture <strong>de</strong> bouche, soit<br />

latérodéviation à l’ouverture <strong>de</strong> la bouche. Plus tardivement,<br />

apparaît naturellement une tuméfaction dans la région articulaire<br />

en avant du tragus.<br />

Le bilan radiologique <strong>de</strong> débrouillage est naturellement fait sur<br />

l’orthopantomogramme, mais le bilan tumoral impose la réalisation<br />

d’un examen TDM et éventuellement d’une IRM. Ce bilan<br />

d’imagerie, dans le cadre <strong>de</strong>s tumeurs malignes, sert <strong>de</strong> bilan<br />

d’extension locale et d’opérabilité.<br />

Tumeurs bénignes<br />

29 Ostéochondrome du<br />

condyle.<br />

Les tumeurs bénignes sont relativement rares. On peut rencontrer<br />

<strong>de</strong>s ostéomes (Weinberg, 1977) et <strong>de</strong>s ostéochondromes (Allan, 1974 ;<br />

Chaussé, 1978 ; Pellerin, 1981) (fig 29). Les autres tumeurs sont<br />

exceptionnelles : tumeurs à cellules géantes, fibrome, localisation<br />

d’une dysplasie fibreuse (Donazzan, 1981 ; Deboise [19] ). On rencontre<br />

occasionnellement <strong>de</strong>s tumeurs bénignes développées aux dépens<br />

<strong>de</strong> la région glénoïdienne, surtout dans le cadre <strong>de</strong>s dysplasies<br />

fibreuses ou <strong>de</strong>s méningiomes.<br />

Un cas <strong>de</strong> figure particulier est représenté par les kystes synoviaux<br />

(Heydt, 1977 ; Chang, 1997), pathologie qui regroupe le kyste<br />

synovial (synovial cyst), expansion <strong>de</strong> la synoviale <strong>de</strong>s articulations,<br />

et le pseudokyste synovial (ganglial cyst), tuméfaction développée<br />

au voisinage <strong>de</strong>s articulations mais également dans l’épiphyse<br />

osseuse, résultat d’une dégénérescence mucoï<strong>de</strong> du tissu conjonctif<br />

para-articulaire. Le diagnostic en est essentiellement clinique,<br />

l’échographie et/ou l’IRM pouvant être utiles dans les formes<br />

douteuses. Les coupes axiales IRM montrent une image liquidienne<br />

juxtacondylienne (hypo-intense en T1, hyperintense en T2).<br />

Pour les tumeurs bénignes, le traitement est bien entendu<br />

chirurgical, <strong>de</strong>vant assurer la résection <strong>de</strong> la tumeur avec une marge<br />

<strong>de</strong> sécurité satisfaisante adaptée à la nature histologique. Lorsque<br />

l’exérèse tumorale est limitée au condyle et/ou au col condylien,


Odontologie <strong>Pathologie</strong> <strong>non</strong> <strong>traumatique</strong> <strong>de</strong> l’articulation temporomandibulaire 23-446-D-10<br />

30 « Hypercondylie ».<br />

une reconstruction est naturellement envisagée, habituellement par<br />

la mise en place d’une prothèse d’articulation temporomandibulaire<br />

chez l’adulte, et par une métho<strong>de</strong> biologique chez l’enfant (greffe<br />

chondrocostale, lambeau libre <strong>de</strong> métatarsien). L’abord chirurgical<br />

habituel comprend une dissection du nerf facial pour permettre <strong>de</strong>s<br />

gestes opératoires en sécurité.<br />

Hypercondylie<br />

À la limite <strong>de</strong> la pathologie tumorale, on trouve le concept<br />

d’« hypercondylie » ou d’« hypertrophie » condylienne. La situation<br />

nosologique <strong>de</strong> ces pathologies n’est pas claire. Pour certains, les<br />

condyles mandibulaires présenteraient la particularité d’échapper à<br />

la régulation <strong>de</strong> la croissance générale, le centre <strong>de</strong> croissance<br />

condylien exagérant, poursuivant ou reprenant son activité en<br />

fonction <strong>de</strong> certains états pathologiques : traumatisme (Ciuffeda),<br />

infection ou inflammation connue ou supposée [15] . Par ailleurs, <strong>de</strong>s<br />

états d’hypertrophie condylienne sont notés dans <strong>de</strong>s cadres<br />

pathologiques variés (angiome <strong>de</strong> la face probablement par<br />

hypervascularisation locale, maladie <strong>de</strong> Paget, acromégalie,<br />

hémigigantisme facial).<br />

L’hyperactivité condylienne est presque toujours unilatérale. La<br />

modification la plus caractéristique est l’allongement du col du<br />

condyle, qui peut être considérable. Classiquement, cette<br />

hypercondylie se manifeste généralement au cours <strong>de</strong> la <strong>de</strong>uxième<br />

enfance, dans la pério<strong>de</strong> prépubertaire, entraînant une asymétrie<br />

faciale associée à une augmentation <strong>de</strong> hauteur mandibulaire, avec<br />

un abaissement du bord basilaire et une déviation du menton vers<br />

le côté opposé. Cette hypercondylie entraîne naturellement <strong>de</strong>s<br />

troubles occlusaux : les <strong>de</strong>nts sont au contact, mais le plan<br />

d’occlusion est oblique vers le haut du côté sain ; on note une béance<br />

prémolomolaire du côté pathologique avec un articulé incisif<br />

controlatéral croisé. Ces « hypercondylies » peuvent survenir chez<br />

l’adulte, avec une date <strong>de</strong> départ difficile à préciser en raison <strong>de</strong><br />

l’habituelle croissance lente (fig 30).<br />

L’analyse téléradiographique et les moulages <strong>de</strong>ntaires sont<br />

naturellement indispensables dans l’optique <strong>de</strong> la prise en charge<br />

<strong>de</strong>s troubles occlusaux. Un bilan TDM tridimensionnel fait partie<br />

également du bilan préopératoire. Norman et Painter ont proposé<br />

d’effectuer <strong>de</strong>s scintigraphies pour différencier les formes « actives »<br />

et « inactives ».<br />

Les formes d’hypertrophie <strong>de</strong> l’hémimandibule (telles que décrites<br />

par Obwegeser et Makek sous la dénomination d’élongation <strong>de</strong><br />

l’hémimandibule) sont à différencier <strong>de</strong> ces hyperplasies<br />

condyliennes et sortent <strong>de</strong> la pathologie articulaire proprement dite.<br />

Le traitement <strong>de</strong> ces hypercondylies est chirurgical. Il s’agit d’une<br />

simple condylectomie étendue habituellement à la tête condylienne<br />

et au col du condyle. Une reconstruction prothétique ou par un<br />

matériau biologique doit être envisagée. Le traitement comprend<br />

naturellement la prise en charge <strong>de</strong>s troubles occlusaux séquellaires<br />

et, selon les cas, ceux-ci vont nécessiter un traitement orthodontique<br />

ou orthodonticochirurgical pour corriger l’asymétrie mandibulaire<br />

et maxillaire qui peut exister. Le fragment retiré est naturellement<br />

soumis à un examen anatomopathologique et le diagnostic est<br />

habituellement celui <strong>de</strong> chondrome, ce qui peut laisser <strong>de</strong>s doutes<br />

quant à l’individualisation <strong>de</strong> cette pathologie.<br />

Tumeurs malignes<br />

Les tumeurs malignes sont exceptionnelles. Il s’agit essentiellement<br />

<strong>de</strong> synovialosarcomes. Des adénopathies sont découvertes dans 25 %<br />

<strong>de</strong>s cas. Les radiographies montrent un semis <strong>de</strong> calcifications, plus<br />

<strong>de</strong>nse à la périphérie, et/ou une anomalie osseuse sous forme<br />

d’apposition périostée et d’érosion osseuse. L’IRM permet<br />

d’apprécier l’extension <strong>de</strong> la tumeur qui semble bien limitée dans la<br />

majorité <strong>de</strong>s cas. L’aspect est évocateur lorsqu’il est hétérogène,<br />

associant <strong>de</strong>s niveaux liqui<strong>de</strong>s, <strong>de</strong>s zones graisseuses en iso- ou<br />

hypersignal et <strong>de</strong>s zones fibreuses qui restent en hypersignal, mais<br />

il peut être dans certains cas homogène et évoquer une lésion<br />

bénigne. Les métastases ne sont pas rares. Le taux <strong>de</strong> survie à5ans<br />

est <strong>de</strong> 55 % et à 10 ans <strong>de</strong> 27 %. Les principales autres tumeurs<br />

malignes <strong>de</strong> l’articulation sont les chondrosarcomes (Ca<strong>de</strong>nat, 1979),<br />

les fibrosarcomes (Deboise [19] ) et les ostéosarcomes (Abubaker, 1986).<br />

On peut rencontrer d’exceptionnelles localisations condyliennes <strong>de</strong><br />

métastases.<br />

Dans le cas <strong>de</strong>s tumeurs malignes, la décision thérapeutique doit<br />

être prise après concertation multidisciplinaire avec les oncologues<br />

radiothérapeutes et chimiothérapeutes. Les synovialosarcomes et les<br />

chondrosarcomes sont du ressort du traitement chirurgical primaire ;<br />

les ostéosarcomes ont habituellement un traitement<br />

chimiothérapique premier suivi d’un traitement chirurgical, selon<br />

<strong>de</strong>s protocoles analogues à celui <strong>de</strong> Rosen. Certaines extensions<br />

tumorales vers la base du crâne, au niveau <strong>de</strong> la cavité glénoï<strong>de</strong>,<br />

imposent une planification du geste opératoire en commun avec les<br />

neurochirurgiens pour permettre un contrôle <strong>de</strong> la fosse temporale.<br />

Extension à l’articulation <strong>de</strong> tumeurs <strong>de</strong> voisinage<br />

Lorsqu’il s’agit d’une extension tumorale maligne à l’articulation,<br />

mais que la tumeur a un point <strong>de</strong> départ sur la branche montante<br />

<strong>de</strong> la mandibule, l’atteinte articulaire condamne habituellement à<br />

une mandibulectomie plus ou moins étendue, pouvant aller<br />

naturellement jusqu’à une hémimandibulectomie.<br />

La reconstruction <strong>de</strong> cette perte <strong>de</strong> substance osseuse est<br />

habituellement assurée par un lambeau libre osseux, dont le meilleur<br />

nous semble être le lambeau libre <strong>de</strong> crête iliaque antérieure<br />

vascularisée par les vaisseaux circonflexes iliaques profonds. On<br />

peut se contenter <strong>de</strong> mo<strong>de</strong>ler la partie supérieure <strong>de</strong> cette greffe<br />

osseuse pour former un néocondyle, comme l’a proposé Taylor<br />

(dans cette hypothèse il est souhaitable d’avoir pu conserver les<br />

structures méniscales qui sont éventuellement réinsérées au bord<br />

postérieur <strong>de</strong> l’extrémité supérieure du greffon), ou bien on peut<br />

mettre en place une prothèse d’articulation temporomandibulaire<br />

surmontant cet apport osseux.<br />

Un cas particulier, relativement plus fréquent, est l’envahissement<br />

du col du condyle et éventuellement <strong>de</strong> la tête condylienne par une<br />

tumeur bénigne d’origine mandibulaire, que cette tumeur soit<br />

d’origine <strong>de</strong>ntaire (améloblastome, kyste corono<strong>de</strong>ntaire) ou<br />

d’origine <strong>non</strong> <strong>de</strong>ntaire (kyste épi<strong>de</strong>rmoï<strong>de</strong>, dysplasie fibreuse par<br />

exemple). Une thérapeutique conservatrice peut être habituellement<br />

faite, mais certaines formes peuvent amener un sacrifice articulaire<br />

et une reconstruction.<br />

25


23-446-D-10 <strong>Pathologie</strong> <strong>non</strong> <strong>traumatique</strong> <strong>de</strong> l’articulation temporomandibulaire Odontologie<br />

PATHOLOGIE DISCALE<br />

Luxation condylodiscale antérieure<br />

Incontestablement, les anomalies <strong>de</strong> l’appareil discal <strong>de</strong> l’articulation<br />

temporomandibulaire représentent, et <strong>de</strong> loin, l’atteinte la plus<br />

fréquente <strong>de</strong> cette articulation.<br />

Les atteintes <strong>de</strong> l’appareil discal ne sont certainement pas univoques,<br />

et il en existe un certain nombre d’origines intrinsèques,<br />

« constitutionnelles », ou résultant d’une perte <strong>de</strong> l’intégrité <strong>de</strong> cet<br />

appareil sous l’effet <strong>de</strong> maladies générales ou rhumatologiques. Mais<br />

l’immense majorité <strong>de</strong>s anomalies est due à <strong>de</strong>s troubles<br />

fonctionnels.<br />

Deux facteurs étiologiques sont difficilement discutables : les<br />

relations occlusales dysharmonieuses et l’hyperfonction musculaire,<br />

ces <strong>de</strong>ux facteurs étant le plus souvent intriqués entre eux, dans une<br />

relation <strong>de</strong> cause à effet qui n’est pas univoque. Le troisième facteur<br />

le plus souvent évoqué est un facteur psychique. S’il est indiscutable<br />

que ce facteur psychique joue un rôle, soit dans la perception et<br />

l’expression <strong>de</strong> la symptomatologie, soit sur le fonctionnement<br />

musculaire, on peut difficilement le considérer comme causal. Il est<br />

évi<strong>de</strong>nt qu’il convient d’en tenir compte.<br />

Ces difficultés expliquent les différentes approches <strong>de</strong> cette<br />

pathologie. Déjà au niveau <strong>de</strong> cette dénomination, il existe une<br />

gran<strong>de</strong> variété. La plus ancienne dénomination, qui reste une <strong>de</strong>s<br />

plus connues, est celle <strong>de</strong> syndrome <strong>de</strong> Costen. James Costen, en<br />

1934 [17] , avait décrit ce syndrome dû d’après lui à une « compression<br />

du toit <strong>de</strong> la fosse mandibulaire », générateur <strong>de</strong> troubles<br />

auriculaires, <strong>de</strong> douleurs du vertex, <strong>de</strong> l’occiput et <strong>de</strong> douleurs<br />

temporales, le tout provoqué par <strong>de</strong>s é<strong>de</strong>ntations partielles.<br />

Schwartz [82] , en 1956, avait parlé <strong>de</strong> syndrome algique<br />

dysfonctionnel <strong>de</strong> l’articulation temporomandibulaire, insistant sur<br />

l’incoordination musculaire dans l’étiopathogénie <strong>de</strong> ces troubles.<br />

En 1970, Rozencweig et Gosserez ont proposé le terme <strong>de</strong> SADAM,<br />

permettant <strong>de</strong> réunir les différentes variantes symptomatiques<br />

musculaires, articulaires ou musculoarticulaires. À la même époque,<br />

Farrar [28] propose le terme <strong>de</strong> troubles craniomandibulaires ou celui<br />

<strong>de</strong> désordre craniomandibulaire. Rozencweig en 1994 [77] , propose le<br />

terme générique d’« algies et dysfonctionnement <strong>de</strong> l’appareil<br />

manducateur ». On parle également habituellement <strong>de</strong><br />

dysfonctionnement discocondylien ou <strong>de</strong> « dérangement interne »<br />

<strong>de</strong> l’articulation. Aucune <strong>de</strong> ces dénominations n’est entièrement<br />

satisfaisante. Sans doute celle <strong>de</strong> Rozencweig est-elle la plus<br />

appropriée.<br />

Les différentes classifications proposées ne semblent pas<br />

satisfaisantes. Si l’on prend comme exemple celle recommandée par<br />

l’International Headache Society (Ma, 1998) ou bien la classification<br />

<strong>de</strong> Stegenga [86] , on se rend compte que ces classifications n’ont pas<br />

<strong>de</strong> connotations étiologiques ou pathogéniques et qu’elles ne<br />

peuvent prendre en charge les patients présentant <strong>de</strong>s atteintes<br />

portant sur plusieurs systèmes (musculaires, ligamentaires,<br />

osseux…). Surtout, elles ne ren<strong>de</strong>nt pas compte <strong>de</strong> l’évolution dans<br />

le temps <strong>de</strong>s différentes atteintes.<br />

Ces troubles comprennent en effet une gran<strong>de</strong> variété <strong>de</strong><br />

symptômes, car l’atteinte peut y être, temporairement ou <strong>non</strong>,<br />

musculaire, articulaire ou musculoarticulaire, et/ou osseuse.<br />

Épidémiologie<br />

Les syndromes <strong>de</strong> dysfonctionnement sont <strong>de</strong>s affections très<br />

courantes. Selon l’American Aca<strong>de</strong>my of Cranio-Mandibular<br />

Disor<strong>de</strong>rs (1990), 75 % <strong>de</strong> la population examinée présentent un<br />

signe <strong>de</strong> dysfonction <strong>de</strong> l’articulation temporomandibulaire. Sans<br />

aller jusqu’à ces chiffres, les étu<strong>de</strong>s retrouvent dans la population<br />

examinée environ 30 à 40 % <strong>de</strong> signes cliniques <strong>de</strong><br />

dysfonctionnement plus ou moins sévères chez les adultes<br />

(Axelsson, 1987 ; Locker, 1988 ; Agerberg, 1989 ; De Kanter, 1993 ;<br />

Goulet, 1995 ; Matsuka, 1996), <strong>de</strong> 30 à 40 % chez les adolescents<br />

(Ab<strong>de</strong>l-Hakim, 1996 ; Conti, 1996), <strong>de</strong> 7 % à 17 % chez les enfants<br />

(Keeling, 1994 ; Deng, 1995 ; Stockstill, 1998), les chiffres étant<br />

beaucoup plus variables, <strong>de</strong> 22 à 80 %, chez les personnes âgées (Ow,<br />

1995 ; Hiltunen, 1995).<br />

26<br />

La prédominance féminine <strong>de</strong>s patients est bien connue : les chiffres<br />

varient dans la proportion <strong>de</strong> trois pour un à neuf pour un.<br />

Cependant, dans la population courante, les signes et symptômes<br />

sont à peine légèrement supérieurs pour le genre féminin<br />

(Rozencweig). L’explication <strong>de</strong> cette prédominance féminine n’est<br />

pas claire : plus gran<strong>de</strong> fréquentation <strong>de</strong>s cabinets médicaux par les<br />

femmes ? Plus gran<strong>de</strong> attention portée à la symptomatologie ?<br />

Prédisposition génétique ? Facteurs hormonaux (Abubaker) ?<br />

Posture favorisante ? Facteurs psychiques ou psychologiques ?<br />

Infection à Chlamydia ?<br />

Facteurs étiologiques<br />

• Trouble occlusal<br />

Les idées sur l’étiologie <strong>de</strong>s dysfonctionnements discocondyliens<br />

sont passées par plusieurs sta<strong>de</strong>s, <strong>de</strong>puis la <strong>de</strong>scription par Costen<br />

en 1934 <strong>de</strong> son syndrome. Dans les premières années, Costen et<br />

Sicher en 1948 (même si <strong>de</strong>s désaccords existaient entre eux sur un<br />

certain nombre <strong>de</strong> détails, en particulier sur la responsabilité <strong>de</strong><br />

l’articulation temporomandibulaire dans les troubles otologiques),<br />

Ackermann en 1953 [3] , Schwartz en 1956, étaient partisans d’une<br />

étiologie essentiellement occlusale <strong>de</strong> ces troubles. Laskin [56] en 1969,<br />

par sa théorie psychophysiologique, insiste sur l’importance <strong>de</strong><br />

l’action musculaire dans l’occlusion et différencie la malocclusion<br />

primaire, considérée comme facteur étiologique, <strong>de</strong> la malocclusion<br />

acquise, résultat d’un déséquilibre musculaire. Depuis quelques<br />

années, on a tendance à nier l’importance <strong>de</strong>s troubles occlusaux<br />

dans la genèse <strong>de</strong> ce syndrome, l’expliquant soit par <strong>de</strong>s troubles<br />

psychologiques, soit par un dysfonctionnement musculaire primaire.<br />

Les données épidémiologiques réalisées sur les liens entre troubles<br />

occlusaux et pathologie articulaire ne sont pas significatives et<br />

semblent difficiles à interpréter en raison <strong>de</strong> leur dispersion en<br />

termes d’âge, <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> variété <strong>de</strong>s troubles occlusaux<br />

susceptibles d’êtres rencontrés et qui ne sont pas tous différenciés,<br />

<strong>de</strong> la prise en compte <strong>de</strong> la symptomatologie articulaire et <strong>non</strong> <strong>de</strong>s<br />

lésions articulaires existantes, <strong>de</strong> la <strong>non</strong>-prise en compte <strong>de</strong> la<br />

pathologie <strong>de</strong> type rhumatologique ou post-<strong>traumatique</strong> <strong>de</strong><br />

l’articulation.<br />

Certaines étu<strong>de</strong>s semblent montrer <strong>de</strong>s corrélations (Egermark [23] ;<br />

Gazit, 1984 ; Brandt, 1985 ; Nesbitt, 1985 ; Thilan<strong>de</strong>r, 1985 ; Nilner,<br />

1986 ; Solberg, 1986 ; Riolo, 1987 ; Pullinger, 1988 ; Seligman, 1989 ;<br />

Fuschima, 1989 ; Blanchard, 1990 ; Kernstein, 1991 ; Motegi [68] ;<br />

Paesani, 1992 ; Wang, 1994 ; Miyazaki, 1994 ; De Clercq, 1995 ;<br />

Morrant, 1996 ; Katzberg [49] ; Pilley, 1997 ; Muto, 1998 ; Sonnesen,<br />

1998 ; Bosio, 1998 ; Liu, 1998 ; Inu, 1999 ; Koyabashi, 1999 ; Fushima,<br />

1999 ; Zhou, 1999 ; Ciancaglini, 1999). Certaines n’en trouvent pas,<br />

en particulier en ce qui concerne la responsabilité <strong>de</strong> l’extraction<br />

controversée <strong>de</strong>s prémolaires (Deboever, 1983 ; Gunn, 1988 ; Tosa,<br />

1990 ; Lipp, 1991 ; Beattie, 1994 ; Mc Namara, 1995 ; Ab<strong>de</strong>l-Hakim,<br />

1996 ; Conti, 1996 ; Rodriguez-Garcia, 1998), et d’autres<br />

reconnaissent qu’une conclusion est impossible (Eriksson, 1987 ;<br />

Wadhwa, 1993 ; Le Resche, 1997).<br />

Les étu<strong>de</strong>s cliniques impliquant les troubles occlusaux semblent<br />

confortées par un certain nombre <strong>de</strong> travaux expérimentaux<br />

(Ishimaru [44] ;Fu [31] ).<br />

Un certain nombre d’étu<strong>de</strong>s montrent qu’un nombre important <strong>de</strong><br />

signes <strong>de</strong> dysfonctionnement constatés pendant l’enfance<br />

disparaissent spontanément (et l’on peut penser qu’ils surviennent<br />

lors <strong>de</strong>s changements <strong>de</strong> <strong>de</strong>ntition, alors que l’articulation n’a pu<br />

s’adapter au même rythme) (Ko<strong>non</strong>en, 1996).<br />

Sans doute existe-t-il <strong>de</strong>s douleurs musculaires (dues à <strong>de</strong>s spasmes<br />

selon la terminologie anglo-saxonne) dues à <strong>de</strong>s parafonctions. Dans<br />

ce cadre cependant, il nous semble qu’il vaudrait mieux évoquer les<br />

conséquences musculaires <strong>de</strong>s parafonctions (y compris le<br />

bruxisme). Sans doute ces parafonctions ont-elles une composante<br />

psychique. Que ce type d’anomalie entre dans le cadre du syndrome<br />

<strong>de</strong> dérangement interne <strong>de</strong> l’articulation est hautement discutable.<br />

Que ces parafonctions aggravent un dérangement interne <strong>de</strong><br />

l’appareil manducateur paraît évi<strong>de</strong>nt. Mais l’étiologie la plus


Odontologie <strong>Pathologie</strong> <strong>non</strong> <strong>traumatique</strong> <strong>de</strong> l’articulation temporomandibulaire 23-446-D-10<br />

probable et la plus fréquente [4] semble bien être une distension<br />

progressive <strong>de</strong>s attaches capsuloligamentaires sous l’effet <strong>de</strong>s<br />

tractions musculaires anormales en intensité et/ou en durée et/à en<br />

moment <strong>de</strong> survenue, en particulier <strong>de</strong>s ptérygoïdiens latéraux,<br />

induites par un trouble occlusal. Ces anomalies <strong>de</strong> fonctionnement<br />

sont d’ailleurs connues <strong>de</strong>puis longtemps au plan<br />

électromyographique (Lehr, 1980 ; Belser, 1985 ; Kerstein, 1991). Ces<br />

troubles occlusaux induisent <strong>de</strong> plus <strong>de</strong>s forces intra-articulaires<br />

anormales (Korioth, 1990 ; Boyd [12] ; Tanne [90] ) dont la traduction<br />

histologique peut être mise en évi<strong>de</strong>nce à l’articulation (Ulrici, 1988).<br />

Tous les troubles occlusaux ne sont pas cause <strong>de</strong> pathologie<br />

articulaire et les plus nocifs sont sans doute (fig 31) :<br />

– l’existence d’une béance antérieure ;<br />

– l’existence d’une occlusion croisée ;<br />

– une forte supraclusion incisive ;<br />

– les classes II ;<br />

– une déficience du guidage antérieur ;<br />

– <strong>de</strong>s é<strong>de</strong>ntations postérieures <strong>non</strong> compensées ;<br />

– les déviations asymétriques en occlusion d’intercuspidation<br />

maximale ;<br />

– les interférences, surtout en latéralité ;<br />

– les classes III.<br />

La quasi-totalité <strong>de</strong>s patients consultant pour un trouble articulaire<br />

entre dans ces cadres. La plupart <strong>de</strong>s auteurs reconnaissent d’ailleurs<br />

que l’utilité <strong>de</strong>s « gouttières » est <strong>de</strong> supprimer les contacts<br />

prématurés en répartissant les forces occlusales <strong>de</strong> manière<br />

homogène sur la totalité <strong>de</strong> la <strong>de</strong>nture et en « détendant » les fibres<br />

musculaires, ce qui montre qu’ils sont bien d’accord sur le fait que<br />

les troubles musculaires sont induits par ces anomalies occlusales<br />

(Forssell [30] ).<br />

Enfin, alors que certaines publications montrent la supériorité <strong>de</strong> la<br />

réhabilitation occlusale par rapport aux traitements symptomatiques<br />

(Vallon [94] ), d’autres lui dénient cet avantage (Yatai, 1998 ; Forssell,<br />

1999). Très peu <strong>de</strong> publications cherchent à prouver le rôle d’une<br />

réhabilitation occlusale dans la prévention <strong>de</strong>s troubles<br />

dysfonctionnels (Motegi [68] ; Kirveskari, 1998).<br />

• Forme <strong>de</strong> la cavité glénoï<strong>de</strong><br />

Les différentes étu<strong>de</strong>s réalisées n’amènent pas <strong>de</strong> résultats probants<br />

quant à l’influence <strong>de</strong> la profon<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> la cavité glénoï<strong>de</strong> ou <strong>de</strong> la<br />

31 Quelques exemples <strong>de</strong> troubles occlusaux responsables<br />

<strong>de</strong> dysfonctionnement articulaire.<br />

taille du tubercule temporal sur la survenue <strong>de</strong> syndromes<br />

dysfonctionnels (Savastan, 1991 ; Galante, 1995 ; Ren, 1995 ; Sato,<br />

1996 ; Zhou, 1999 ; Kurita, 2000), même si <strong>de</strong>s corrélations sont<br />

retrouvées.<br />

• Rôle <strong>de</strong>s traumatismes<br />

Une étiologie <strong>traumatique</strong> dans certaines circonstances est souvent<br />

mise en cause, en particulier dans le traumatisme rachidien par<br />

« coup du lapin » : lors d’un choc frontal, la tête est brutalement<br />

déjetée en arrière, puis repart en avant avec souvent choc du menton<br />

sur la poitrine, ces circonstances entraînant un étirement capsulaire<br />

et ligamentaire, puis un écrasement articulaire <strong>de</strong>s articulations<br />

temporomandibulaires (Evans [26] ; O’Shaughnessy, 1994). Cette<br />

étiologie paraît cependant rare (Heise, 1992), malgré certaines<br />

publications (De Boever, 1996), et son existence même contestée<br />

(Howard, 1995 ; Kolbinson, 1997 ; Mc Kay, 1998). Certaines étu<strong>de</strong>s<br />

IRM faisant malgré tout état <strong>de</strong> signes d’œdème, d’hémorragies ou<br />

d’épanchements intra-articulaires après <strong>de</strong>s traumatismes <strong>de</strong> ce type<br />

(Garcia, 1996), les déplacements discaux constatés lors <strong>de</strong> ces<br />

examens étaient <strong>de</strong> signification discutable, étant donné leur<br />

fréquence dans une population <strong>de</strong> patients asymptomatiques. Cette<br />

agression articulaire pourrait être à l’origine d’altérations qui se<br />

manifesteraient beaucoup plus tardivement (un traitement précoce<br />

par gouttière occlusale, rééducation <strong>de</strong>s mouvements et antiinflammatoires<br />

y est d’ailleurs conseillé). Il est difficile d’affirmer ou<br />

d’infirmer la responsabilité d’un tel traumatisme, ce qui peut poser<br />

<strong>de</strong>s problèmes médicolégaux (Bedrune, 1992 ; Sapanet [80] ). Il semble<br />

qu’il puisse se produire dans ce type <strong>de</strong> circonstances une élongation<br />

ligamentaire, qui peut peut-être être le primum movens d’une<br />

pathologie articulaire ou bien, plus souvent, décompenser un état<br />

articulaire qui était déjà auparavant à la limite <strong>de</strong> l’instabilité<br />

(Pullinger, 1991 ; Romanelli, 1992 ; Plesh, 1999).<br />

De la même manière, l’apparition <strong>de</strong> la symptomatologie articulaire<br />

fait très fréquemment suite à une anesthésie générale avec<br />

intubation trachéale. L’ouverture buccale forcée réalisée pour<br />

l’intubation associée au relâchement musculaire nous semble là aussi<br />

plus l’élément qui décompense une situation articulaire limite qu’un<br />

facteur réellement causal <strong>de</strong> la pathologie.<br />

• Anomalies posturales<br />

En ce qui concerne les pathologies <strong>de</strong> l’articulation temporomandibulaire<br />

attribuées à <strong>de</strong>s causes posturales (Hackney [36] ; Lee,<br />

1995 ; Bailey, 1995 ; Zonnenberg, 1996 ; Palazzi, 1996 ; Gonzales,<br />

1996), s’il est certain que tous les muscles sont en relation d’équilibre<br />

27


23-446-D-10 <strong>Pathologie</strong> <strong>non</strong> <strong>traumatique</strong> <strong>de</strong> l’articulation temporomandibulaire Odontologie<br />

direct ou indirect entre eux et s’il existe <strong>de</strong>s postures pathogènes <strong>de</strong><br />

type professionnel ou dues à <strong>de</strong>s activités particulières, vouloir<br />

établir une relation avec une asymétrie corporelle extra-craniocervicale<br />

semble discutable (Tad<strong>de</strong>y, 1992 ; <strong>de</strong> Wijer, 1996).<br />

Le retentissement <strong>de</strong> certaines activités, comme celle <strong>de</strong> violoniste,<br />

est unanimement souligné (Kovero, 1996), <strong>de</strong> même que celle <strong>de</strong><br />

joueur d’instrument à vent. Le retentissement d’anomalies<br />

musculaires cervicales <strong>de</strong> type torticolis semble également évi<strong>de</strong>nt.<br />

Certaines postures considérées comme nocives (sommeil en<br />

décubitus ventral avec appui mandibulaire permanent, certaines<br />

positions <strong>de</strong> lecture en décubitus latéral) semblent plus être un<br />

facteur aggravant que déclenchant dans la pathologie articulaire.<br />

Les attitu<strong>de</strong>s scoliotiques, l’asymétrie <strong>de</strong>s membres inférieurs, les<br />

malformations du pied, peuvent naturellement entraîner un<br />

déséquilibre postural. Vouloir en faire une étiologie <strong>de</strong><br />

dysfonctionnement articulaire semble discutable (Michelotti, 1999),<br />

même s’il est certain que le phénomène d’appui asymétrique peut<br />

créer une pathologie ascendante par l’intermédiaire <strong>de</strong>s groupes<br />

musculaires et peut aboutir à modifier la position <strong>de</strong> la tête. Il est<br />

certain que les modifications <strong>de</strong> position <strong>de</strong> la tête font varier les<br />

contacts occlusaux, ainsi que le souligne Rozencweig. Là aussi, il<br />

nous semble que ces pathologies posturales jouent un rôle plus<br />

aggravant qu’étiologique. Quoi qu’il en soit, les techniques <strong>de</strong><br />

modifications <strong>de</strong> la posture ne peuvent avoir qu’un effet bénéfique<br />

sur les chaînes musculaires intéressées (Komiyama, 1999 ; Wright,<br />

2000).<br />

• Infections à « Chlamydia trachomatis »<br />

En 1999, Henry [42] a noté la présence <strong>de</strong> ce germe dans 20 % <strong>de</strong>s<br />

articulations temporomandibulaires opérées pour un<br />

dysfonctionnement discocondylien (et dans 39 % <strong>de</strong>s cas, il existe<br />

une recherche positive d’ADN <strong>de</strong> ce germe dans les tissus<br />

rétrodiscaux). Cette infection joue-t-elle un rôle dans la pathogénie<br />

<strong>de</strong>s dysfonctionnements ? Il semble que cette hypothèse mérite <strong>de</strong>s<br />

travaux <strong>de</strong> recherche complémentaires.<br />

• <strong>Pathologie</strong> articulaire et fibromyalgie<br />

L’existence <strong>de</strong> la fibromyalgie en tant qu’entité reste discutée. Il<br />

s’agit d’un syndrome comprenant <strong>de</strong>s douleurs chroniques <strong>de</strong>s<br />

muscles squelettiques, <strong>de</strong>s insertions tendineuses, éventuellement<br />

<strong>de</strong>s bourses séreuses. Il existe une sensibilité généralisée <strong>de</strong>s muscles<br />

à la palpation, une sensibilité douloureuse généralisée <strong>de</strong>s muscles<br />

et une fatigue musculaire ressentie <strong>de</strong>puis plus <strong>de</strong> 3 mois<br />

accompagnée d’une fatigue matinale (Waylonis [95] ; Avon, 1996).<br />

D’après Starlanyl (1996), le diagnostic serait posé sur une sensibilité<br />

douloureuse au niveau <strong>de</strong> 11 sites sur 18 considérés comme<br />

spécifiques. Ces sites sont aux niveaux nucal, cervical bas,<br />

sternoclaviculaire, acromioclaviculaire et <strong>de</strong>ltoïdien, fessier<br />

supérieur, face externe <strong>de</strong>s cuisses, face interne <strong>de</strong>s genoux et face<br />

externe <strong>de</strong>s cou<strong>de</strong>s. La symptomatologie s’aggrave à la suite <strong>de</strong><br />

stress ou <strong>de</strong> changement climatique. Le syndrome s’accompagne <strong>de</strong><br />

signes psychiques <strong>de</strong> dépression. L’étiologie évoquée <strong>de</strong> la<br />

fibromyalgie est un traumatisme physique (acci<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la voie<br />

publique, chute, chirurgie), <strong>de</strong>s changements hormonaux<br />

(ménopause) ou un traumatisme émotionnel.<br />

Certains auteurs soulèvent <strong>de</strong>s problèmes <strong>de</strong> diagnostic différentiel<br />

entre une fibromyalgie et <strong>de</strong>s douleurs <strong>de</strong>s muscles <strong>de</strong> l’appareil<br />

manducateur. Pour certains, il peut y avoir une association entre les<br />

<strong>de</strong>ux éléments. Certains individualisent même une forme<br />

particulière, sous le terme myofascial pain dysfunction syndrom<br />

(MPDS), dont les limites, tant avec la fibromyalgie qu’avec un<br />

syndrome <strong>de</strong> dysfonctionnement <strong>de</strong> l’appareil manducateur, restent<br />

très floues (Dao, 1997 ; Aaron, 2000).<br />

On considère habituellement que ce MPDS traduit simplement une<br />

partie <strong>de</strong>s signes cliniques d’un dysfonctionnement <strong>de</strong> l’appareil<br />

manducateur (Plesh, 1996 ; Klineberg, 1998 ; He<strong>de</strong>nberg-<br />

Magnusson [39] ).<br />

28<br />

• Bruxisme et parafonctions<br />

Quels rapports entre le bruxisme et la pathologie articulaire ? Le<br />

terme <strong>de</strong> bruxomanie est dû à Marie et Pietrkiewicz (1907). Le<br />

bruxisme se caractérise par « <strong>de</strong>s contractions involontaires et<br />

inconscientes <strong>de</strong>s muscles masticateurs, en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> la fonction<br />

physiologique » (Rozencweig).<br />

Le bruxisme peut être nocturne ou diurne, avec toute une gamme<br />

<strong>de</strong> sévérité variable. Le patient bruxomane serre les <strong>de</strong>nts en<br />

position d’intercuspidation maximale (bruxisme centré) ou grince<br />

<strong>de</strong>s <strong>de</strong>nts lors d’excursions rétrusives, protrusives et/ou latérales<br />

(bruxisme excentré). La manifestation clinique essentielle est le<br />

grincement <strong>de</strong>s <strong>de</strong>nts pendant la nuit. L’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s facettes d’usure<br />

permet <strong>de</strong> confirmer le diagnostic et le type du bruxisme :<br />

– dans un bruxisme centré, les facettes d’usure sont situées sur les<br />

cuspi<strong>de</strong>s supports, dans les fosses ou sur les crêtes marginales <strong>de</strong><br />

<strong>de</strong>nts maxillaires et mandibulaires ;<br />

– dans le bruxisme excentré, les facettes d’usure, provoquées par le<br />

déplacement <strong>de</strong>s cuspi<strong>de</strong>s supports inférieures sur les faces<br />

occlusales supérieures, se rencontrent :<br />

– sur le versant mésial interne <strong>de</strong>s cuspi<strong>de</strong>s palatines supérieures<br />

(facettes d’usure en rétrusion) ;<br />

– sur le versant palatin et sur le bord libre <strong>de</strong>s incisives<br />

supérieures (facettes protrusives travaillantes) ou sur le versant<br />

distal interne <strong>de</strong>s cuspi<strong>de</strong>s vestibulaires supérieures (facettes<br />

protrusives <strong>non</strong> travaillantes) ;<br />

– sur le versant mésial interne et le sommet <strong>de</strong>s cuspi<strong>de</strong>s<br />

vestibulaires supérieures (facettes en latéralité travaillante) ou sur<br />

le versant distal interne et le sommet <strong>de</strong>s cuspi<strong>de</strong>s palatines<br />

supérieures (facettes en latéralité <strong>non</strong> travaillante).<br />

Les étu<strong>de</strong>s électromyographiques, telles que celles réalisées par<br />

Reding (1969) chez <strong>de</strong>s sujets porteurs <strong>de</strong> bruxisme, ont montré qu’il<br />

existe une hypertonie musculaire avec incapacité du muscle à se<br />

détendre entre <strong>de</strong>ux contacts occlusaux. Cette hypertonie musculaire<br />

a pour conséquence la fatigue musculaire et les patients atteints <strong>de</strong><br />

bruxisme nocturne se plaignent <strong>de</strong> sensation <strong>de</strong> fatigue au réveil<br />

(Christensen, 1981). Les muscles sont sensibles à la palpation, en<br />

particulier au niveau <strong>de</strong> leurs insertions, et on note cliniquement<br />

souvent une hypertrophie <strong>de</strong> ces muscles, en particulier du masséter<br />

(Dupuis, 1968 ; Roncevic, 1986). Il existe normalement <strong>de</strong>s réflexes<br />

protecteurs qui évitent la mise en contact forcée et fréquente <strong>de</strong>s<br />

<strong>de</strong>ux arca<strong>de</strong>s <strong>de</strong>ntaires : le réflexe postural d’inocclusion<br />

physiologique, le réflexe d’ouverture et le réflexe <strong>de</strong> protection<br />

occlusale. Dans cette pathologie, ces réflexes sont perturbés ou<br />

supprimés.<br />

L’étiopathogénie du bruxisme reste toujours très discutée, mais il<br />

semble que, dans la majorité <strong>de</strong>s cas, il y ait à la fois un facteur<br />

occlusal et un facteur psychologique. Selon Ramfjord (1966)<br />

« n’importe quel type d’interférence occlusale, lorsqu’il est combiné<br />

avec une tension psychique, peut donner naissance au bruxisme et<br />

l’entretenir ». Les anomalies psychiques <strong>de</strong> type « agression<br />

refoulée », « autopunition », « manies », et « tension émotionnelle »<br />

ont été décrites par beaucoup d’auteurs comme étant le facteur<br />

déclenchant le plus important. Cependant, il faut noter que cette<br />

terminologie <strong>de</strong> nature subjective, ayant une connotation « grand<br />

public », ne peut être acceptée comme telle par les psychiatres. Les<br />

analyses psychologiques font état <strong>de</strong> frustration, d’anxiété,<br />

d’angoisse, <strong>de</strong> tension psychique et d’obsessions.<br />

Les conséquences du bruxisme se font naturellement sentir aux<br />

<strong>de</strong>nts en particulier. On va noter une usure <strong>de</strong>ntaire qui au début se<br />

traduit par l’existence <strong>de</strong> facettes d’usure qu’il convient<br />

naturellement <strong>de</strong> rechercher, puis <strong>de</strong> réelles abrasions <strong>de</strong>ntaires qui<br />

amènent une diminution <strong>de</strong> la hauteur coronaire. Il existe parfois<br />

un retentissement sur le parodonte sous la forme d’une pathologie<br />

inflammatoire ou <strong>de</strong>structrice.<br />

Le bruxisme a <strong>de</strong>s relations évi<strong>de</strong>ntes avec la pathologie <strong>de</strong><br />

l’articulation temporomandibulaire, d’une part par les lésions<br />

<strong>de</strong>ntaires, en particulier la perte <strong>de</strong> hauteur coronaire qu’elle


Odontologie <strong>Pathologie</strong> <strong>non</strong> <strong>traumatique</strong> <strong>de</strong> l’articulation temporomandibulaire 23-446-D-10<br />

entraîne, d’autre part en constituant un facteur aggravant d’une<br />

pathologie dysfonctionnelle induite par un trouble occlusal, voire<br />

un facteur déclenchant <strong>de</strong> cette pathologie sur un trouble occlusal<br />

qui autrement aurait été toléré par les articulations<br />

temporomandibulaires et le système manducateur dans son<br />

ensemble. Selon Molina [66] , plus <strong>de</strong> la moitié <strong>de</strong>s patients présentant<br />

une pathologie articulaire présentent un bruxisme.<br />

Il serait souhaitable <strong>de</strong> pouvoir solliciter pour ces patients<br />

bruxomanes le concours d’un psychiatre, mais la majorité <strong>de</strong> ces<br />

patients, même s’ils sont conscients <strong>de</strong> souffrir d’anxiété chronique,<br />

ne désirent pas avoir recours à <strong>de</strong>s soins psychiatriques. Bien<br />

souvent, la seule possibilité thérapeutique se résume à mettre en<br />

place une gouttière <strong>de</strong> relaxation musculaire à port nocturne qui,<br />

lorsqu’elle suffit pour obtenir une décontraction musculaire pour<br />

préciser les interférences existantes, va permettre <strong>de</strong> supprimer<br />

celles-ci.<br />

Les autres parafonctions semblent également bien corrélées avec les<br />

dysfonctionnements articulaires sans que les étu<strong>de</strong>s réalisées ne<br />

puissent aller plus avant dans l’explication (Van<strong>de</strong>ras, 1995 ;<br />

Widmalm, 1995 ; Moss, 1995 ; Miller, 1998 ; Glaros, 1998 ; Israel,<br />

1999 ; Gavish, 2000).<br />

• <strong>Pathologie</strong> articulaire et traitements orthodontiques<br />

Un <strong>de</strong>s problèmes que l’on retrouve souvent dans la littérature est :<br />

les traitements orthodontiques sont-ils responsables <strong>de</strong> la survenue<br />

<strong>de</strong> dysfonction <strong>de</strong> l’appareil manducateur ? Cette question, sans<br />

doute mal formulée, <strong>de</strong>vrait plutôt être : les traitements<br />

orthodontiques peuvent-ils être responsables <strong>de</strong> dysfonction <strong>de</strong><br />

l’appareil manducateur ?<br />

La réponse semble <strong>de</strong>voir être oui, ou plutôt oui si ce traitement<br />

orthodontique n’est pas logique. Dans l’expérience clinique, cette<br />

réponse nous semble évi<strong>de</strong>nte, même si <strong>de</strong> nombreuses publications<br />

orthodontiques ne trouvent aucune relation entre les traitements<br />

orthodontiques et la pathologie <strong>de</strong> l’articulation<br />

temporomandibulaire (Dibbets [21] ; Krenenak, 1992 ; Lagerstrom,<br />

1998 ; Henrikson [41] ). Cependant, la plupart <strong>de</strong> ces publications<br />

orthodontiques font référence à une pathologie articulaire<br />

extrêmement hétérogène et à un éventail <strong>de</strong> troubles orthodontiques<br />

très variés, ce qui pourrait expliquer la dispersion <strong>de</strong>s résultats.<br />

La survenue <strong>de</strong> troubles articulaires transitoires pendant le<br />

déroulement du traitement orthodontique est un fait relativement<br />

courant, qui semble <strong>de</strong>voir s’expliquer par les mauvais équilibres<br />

existant à certains sta<strong>de</strong>s du traitement. Ces troubles disparaissent<br />

normalement rapi<strong>de</strong>ment (Egermark [23] ; Ngan, 1997).<br />

Selon nous, les traitements orthodontiques responsables <strong>de</strong><br />

pathologies <strong>de</strong> l’articulation temporomandibulaire sont ceux dont la<br />

motivation a été (à tort) <strong>de</strong> vouloir corriger par <strong>de</strong>s moyens<br />

orthodontiques seuls un décalage <strong>de</strong>s bases osseuses qui aurait<br />

relevé d’un traitement orthopédique et/ou orthodonticochirurgical,<br />

dans le but d’éviter au patient le port d’appareil lourd et/ou un<br />

geste chirurgical <strong>non</strong> dénué <strong>de</strong> complications potentielles (fig 32).<br />

En particulier, nous partageons l’avis <strong>de</strong> Slavicek [84] sur la nocivité<br />

<strong>de</strong> l’extraction <strong>de</strong>s prémolaires réalisée à l’arca<strong>de</strong> supérieure dans le<br />

but <strong>de</strong> pseudocorriger une classe II d’origine mandibulaire. Arguer<br />

<strong>de</strong> résultats d’étu<strong>de</strong>s portant sur <strong>de</strong>s adolescents sans traitement<br />

orthodontique ou <strong>de</strong>s patients traités orthodontiquement sans que<br />

ne soit apparu un dysfonctionnement ne nous paraît pas valable. En<br />

32 Trouble occlusal majeur responsable <strong>de</strong> pathologie articulaire<br />

après « traitement orthodontique » avec extraction<br />

<strong>de</strong>s prémolaires.<br />

effet, certaines anomalies occlusales ne seront jamais (ou très<br />

tardivement) génératrices <strong>de</strong> dysfonctionnement (sans facteur<br />

surajouté) réalisant un équilibre entre les différents constituants <strong>de</strong><br />

l’appareil manducateur, même si cet appareil manducateur peut être<br />

considéré comme anormal, alors que leur correction mal conçue peut<br />

entraîner l’apparition d’un dysfonctionnement supprimant<br />

l’équilibre existant sans lui en substituer un autre (Keller [50] ).<br />

Inversement, un traitement orthodontique bien conçu (et bien<br />

réalisé) n’a jamais été mis en cause dans l’induction d’un<br />

dysfonctionnement.<br />

Dans la quasi-totalité <strong>de</strong>s syndromes <strong>de</strong> dysfonctionnement<br />

apparaissant après certains traitements orthodontiques, l’expérience<br />

prouve que la simple mise en place d’une gouttière <strong>de</strong> relaxation<br />

musculaire suffit pour faire disparaître la symptomatologie et voir<br />

s’instaurer une nouvelle position mandibulaire (si les troubles ne<br />

sont pas trop anciens), ce qui semble une preuve suffisante.<br />

Il est certain que la réponse positive à la question soulevée entraîne<br />

<strong>de</strong> très importants problèmes tant déontologiques que relationnels<br />

avec le patient, ainsi que <strong>de</strong>s problèmes thérapeutiques. Être obligé<br />

d’expliquer au patient qu’il va falloir compléter (<strong>de</strong> préférence à<br />

recommencer) un traitement orthodontique, voire envisager un<br />

traitement orthodonticochirurgical, n’est pas toujours chose aisée.<br />

Une autre question fréquemment soulevée est : les traitements<br />

orthodontiques peuvent-ils empêcher la survenue d’une<br />

dysfonction ? Il n’y a pas, à notre sens, effectivement, <strong>de</strong> réponse à<br />

cette question à l’heure actuelle et il semble difficile d’en apporter la<br />

preuve scientifique malgré certains résultats encourageants et la<br />

logique, qui voudrait que le traitement d’un trouble occlusal ait un<br />

effet préventif (Nielsen, 1990 ; Egermark [24] ; Karjalainen [48] ;<br />

Henrikson [41] ). Encore ne faudrait-il considérer que les traitements<br />

orthodontiques parfaitement conçus et réalisés.<br />

À la question : la chirurgie orthognathique peut-elle être responsable<br />

<strong>de</strong> la survenue <strong>de</strong> dysfonction ? La réponse est la même que pour<br />

un traitement orthodontique pur. Il semble évi<strong>de</strong>nt qu’une chirurgie<br />

orthognathique sans résultat occlusal équilibré ou qui laisse <strong>de</strong>rrière<br />

elle un mauvais positionnement <strong>de</strong> la tête condylienne peut être<br />

génératrice <strong>de</strong> dysfonctionnement [7] .<br />

• Caractère plurifactoriel<br />

On ne peut que partager l’avis <strong>de</strong> Gola [34] qui répartit les facteurs<br />

étiologiques en quatre catégories : anomalies somatiques <strong>de</strong>s tissus<br />

articulaires, anomalies fonctionnelles, anomalies occlusales,<br />

anomalies psychiques.<br />

Gola distingue ainsi :<br />

– les facteurs prédisposants qui vont faire le lit <strong>de</strong> la pathologie<br />

articulaire : fragilité articulaire notamment par laxité congénitale (et<br />

pour Morrow [67] les patients présentant une pathologie <strong>de</strong><br />

l’articulation temporomandibulaire présentent quatre fois plus<br />

souvent que la normale <strong>de</strong>s problèmes au niveau d’autres<br />

articulations [dus à une hyperlaxité], une fragilité psychique<br />

recouvrant un terrain anxiodépressif, <strong>de</strong>s parafonctions<br />

manducatrices dont celles le plus fréquemment retrouvées sont le<br />

bruxisme et les dysfonctions linguales et <strong>de</strong>s troubles <strong>de</strong> l’occlusion<br />

[soit anomalies <strong>de</strong> position par décentrage condylien en position<br />

d’intercuspidation maximale, soit anomalies <strong>de</strong> calage responsables<br />

d’une instabilité mandibulaire permanente par perte <strong>de</strong> calage<br />

postérieur, béance antérieure ou altération <strong>de</strong> la dimension verticale,<br />

29


23-446-D-10 <strong>Pathologie</strong> <strong>non</strong> <strong>traumatique</strong> <strong>de</strong> l’articulation temporomandibulaire Odontologie<br />

soit anomalies <strong>de</strong> gui<strong>de</strong>]), bien que pour nous ces anomalies<br />

occlusales soient un facteur à considérer plus comme étiologique<br />

que comme prédisposant ;<br />

– les facteurs déclenchants, qui sont <strong>de</strong>s modifications brutales sur<br />

un appareil manducateur déjà fragilisé par <strong>de</strong>s facteurs<br />

prédisposants : les traumatismes mandibulaires, les perturbations<br />

comportementales, les perturbations occlusales souvent iatrogènes<br />

et les traumatismes psychiques par choc émotionnel majorant les<br />

parafonctions ;<br />

– les facteurs entretenants, qui pérennisent les lésions en créant <strong>de</strong>s<br />

cercles vicieux : le vieillissement qui limite les possibilités<br />

d’adaptation <strong>de</strong>s tissus, le syndrome dépressif induit par les<br />

douleurs chroniques, les modifications <strong>de</strong> la proprioception<br />

parodontale et les modifications alvéolo<strong>de</strong>ntaires secondaires (une<br />

désunion discocondylienne peut modifier les rapports entre les<br />

arca<strong>de</strong>s <strong>de</strong>ntaires).<br />

Sta<strong>de</strong>s <strong>de</strong> l’atteinte<br />

D’après une étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> List [61] , 76 % <strong>de</strong>s patients suivis pour un<br />

dysfonctionnement <strong>de</strong> l’articulation temporomandibulaire<br />

présentaient une symptomatologie musculaire, 32 % à 39 % (suivant<br />

le côté) une luxation discale antérieure, 25 à 32 % (suivant le côté)<br />

<strong>de</strong>s lésions <strong>de</strong> type arthrosique ou arthritique. Cependant, toutes les<br />

lésions anatomiques ne se traduisent pas cliniquement, au moins<br />

pour un temps : chez les sujets asymptomatiques, Katzberg [49] a ainsi<br />

trouvé 33 % <strong>de</strong> luxation discale, Ribeiro (1997) 25 %.<br />

Le premier sta<strong>de</strong> <strong>de</strong> ces syndromes semble être les anomalies <strong>de</strong><br />

fonctionnement musculaire (Laskin) qui sont induites par <strong>de</strong>s<br />

compensations musculaires <strong>de</strong> l’instabilité occlusale, et/ou <strong>de</strong>s<br />

mouvements d’évitement, <strong>de</strong> prématurité ou d’interférence, et/ou<br />

<strong>de</strong>s parafonctions.<br />

Tous les muscles masticateurs peuvent être intéressés et participer à<br />

différents <strong>de</strong>grés aux manifestations pathologiques, mais le muscle<br />

ptérygoïdien latéral est le plus souvent en cause. Ce muscle est en<br />

effet particulièrement sollicité dans tous les mouvements à<br />

composante horizontale. Les mêmes contraintes musculaires<br />

entraînent un retentissement sur les structures ligamentocapsulaires<br />

<strong>de</strong> l’articulation. Les contractions musculaires anormales en force,<br />

en intensité, en durée ou en chronologie, en particulier du faisceau<br />

supérieur du ptérygoïdien latéral, associées aux distensions<br />

ligamentocapsulaires, entraînent un relâchement progressif <strong>de</strong>s<br />

structures rétrodiscales. Ceci permet une luxation antérieure ou<br />

antéromédiale du disque, sanctionnée par un recul du processus<br />

condylien. Une fois le disque luxé en avant, la tête condylienne doit<br />

franchir son rebord postérieur, avant que l’ouverture buccale ne<br />

puisse se poursuivre dans <strong>de</strong>s relations condylodiscales normales.<br />

Au fur et à mesure <strong>de</strong> la détérioration <strong>de</strong>s tissus, le disque se luxe<br />

<strong>de</strong> plus en plus en avant et arrive un moment où il ne parvient plus<br />

à réintégrer sa position sur la tête condylienne (date <strong>de</strong> la luxation<br />

discale dite irréductible). On observe alors une discisation <strong>de</strong>s<br />

structures rétrodiscales interposées entre les <strong>de</strong>ux surfaces<br />

articulaires et, parallèlement, <strong>de</strong>s phénomènes arthrosiques avec <strong>de</strong>s<br />

modifications parfois majeures <strong>de</strong> la tête condylienne surviennent.<br />

Cette évolution habituelle n’est pas toujours respectée. Certains<br />

sta<strong>de</strong>s peuvent ne pas apparaître cliniquement. L’évolution est plus<br />

ou moins longue ou précipitée, probablement selon <strong>de</strong>s facteurs<br />

mécaniques, fonctionnels, constitutionnels et psychiques.<br />

• Sta<strong>de</strong> musculaire et capsuloligamentaire<br />

À ce sta<strong>de</strong>, il existe essentiellement <strong>de</strong>s douleurs qui sont liées à<br />

une souffrance <strong>de</strong>s muscles masticateurs (appelés volontiers<br />

« spasmes »), à <strong>de</strong>s lésions <strong>de</strong> type fasciite ou tendinite (syndrome<br />

myofascial) ou à une capsulite et/ou une synovite <strong>de</strong> l’articulation.<br />

Les douleurs spontanées sont un <strong>de</strong>s motifs principaux <strong>de</strong>s<br />

consultations (cf supra). Leur topographie est très variable, soit à<br />

l’articulation elle-même, soit aux différents corps musculaires<br />

(région temporale, massétérine, rétromolaire, cervicale antérieure,<br />

nucale), soit aux zones <strong>de</strong> projection douloureuse (région orbitaire,<br />

région mandibulaire, région maxillaire, région frontale, région<br />

occipitale).<br />

30<br />

33 Hypertrophie musculaire temporale.<br />

La palpation <strong>de</strong> ces muscles et surtout <strong>de</strong>s insertions permet <strong>de</strong><br />

préciser ces secteurs algiques. Les tests cliniques d’activité<br />

musculaire sont pratiqués (mouvements passifs et mouvements<br />

actifs contre résistance), tests <strong>de</strong> Krogh-Poulsen [52] .<br />

Les limitations <strong>de</strong>s mouvements mandibulaires, qui sont liées soit<br />

aux spasmes, soit à la douleur, sont souvent associées. Elles peuvent<br />

concerner différents mouvements (ouverture, propulsion, diduction)<br />

et sont variables dans le temps.<br />

On note parfois une hypertrophie musculaire liée à l’hyperfonction,<br />

particulièrement visible au masséter et au temporal, pouvant être<br />

parfois très importante (fig 33).<br />

Il est parfois évoqué la responsabilité <strong>de</strong> ces troubles musculaires<br />

dans <strong>de</strong>s manifestations otologiques. Cette responsabilité est très<br />

difficile à affirmer et une preuve éventuelle ne peut être fournie que<br />

si elles cè<strong>de</strong>nt au traitement <strong>de</strong> leur cause supposée. Les otalgies,<br />

acouphènes ou bourdonnements, sensations d’oreille bouchée, font<br />

évoquer une atteinte <strong>de</strong> l’oreille moyenne qui pourrait parfois<br />

s’expliquer par l’extension du spasme du muscle ptérygoïdien<br />

latéral au muscle tenseur du voile et/ou muscle tenseur du tympan.<br />

La responsabilité <strong>de</strong> la mobilisation <strong>de</strong>s ligaments malléaires<br />

antérieurs ou l’influence du ligament discomalléaire sur la mobilité<br />

<strong>de</strong>s osselets chez l’adulte semblent peu probables.<br />

• Sta<strong>de</strong> <strong>de</strong> luxation antérieure réductible<br />

À ce sta<strong>de</strong>, on peut toujours noter l’existence <strong>de</strong>s différents signes<br />

cliniques précé<strong>de</strong>mment évoqués (douleurs musculaires et<br />

articulaires, limitation <strong>de</strong>s mouvements mandibulaires, hypertrophie<br />

musculaire), mais viennent s’y ajouter <strong>de</strong>s signes d’une perte <strong>de</strong>s<br />

relations normales entre le disque et le condyle mandibulaire lors<br />

<strong>de</strong>s mouvements.<br />

Certains auteurs avaient suggéré que la position antérieure du<br />

disque pourrait être considérée comme une variante anatomique<br />

normale. L’étu<strong>de</strong> IRM <strong>de</strong> Paesani [73] montre que ce déplacement<br />

discal n’existe chez aucun <strong>de</strong>s enfants examinés avant 5 ans et qu’il<br />

est donc une conséquence <strong>de</strong> facteurs acquis.<br />

Permis par les distensions ligamentocapsulaires, en particulier celles<br />

<strong>de</strong> la lame inférieure <strong>de</strong> la zone bilaminaire qui s’insère sur la face<br />

postérieure du condyle, favorisé par une perte <strong>de</strong>s propriétés<br />

élastiques <strong>de</strong> la lame supérieure (ligament <strong>de</strong> rappel <strong>de</strong> Poirier), le<br />

déplacement discal en avant par rapport à la tête condylienne est<br />

antéromédial, dans l’axe <strong>de</strong> traction du muscle ptérygoïdien latéral<br />

qui le provoque pour l’essentiel, les luxations médiales pures étant<br />

d’existence discutable (Kurita, 1992).<br />

Ce déplacement est générateur <strong>de</strong> claquements qui viennent se<br />

surajouter à la symptomatologie précé<strong>de</strong>nte ou qui parfois peuvent<br />

être le premier signe, le seul signe pendant un certain temps. Ces<br />

claquements articulaires sont uni- ou bilatéraux, suivant qu’il existe<br />

une atteinte d’une ou <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux articulations temporomandibulaires.<br />

Ces claquements (clicking) peuvent être entendus uniquement à<br />

l’ouverture ou uniquement à la fermeture buccale, ou bien<br />

successivement à l’ouverture puis à la fermeture buccale<br />

(claquements dits « alternatifs » ou « réciproques » [reciprocal<br />

clicking]). Le claquement qui survient lors <strong>de</strong>s mouvements


Odontologie <strong>Pathologie</strong> <strong>non</strong> <strong>traumatique</strong> <strong>de</strong> l’articulation temporomandibulaire 23-446-D-10<br />

d’ouverture est plus ou moins tardif et, plus ce claquement est tardif,<br />

plus la luxation antérieure est importante, ce qui constitue<br />

naturellement un signe <strong>de</strong> gravité d’atteinte ligamentocapsulaire. Le<br />

claquement <strong>de</strong> fermeture est également variable dans le temps et,<br />

<strong>de</strong> la même manière, plus ce claquement est proche du début <strong>de</strong> la<br />

fermeture, plus il s’agit d’un signe <strong>de</strong> gravité. Ces claquements<br />

s’accompagnent habituellement d’une sensation <strong>de</strong> ressaut<br />

articulaire, donnant au sujet l’impression <strong>de</strong> « décrochement <strong>de</strong> la<br />

mâchoire » à l’ouverture buccale.<br />

L’ouverture buccale se fait avec une amplitu<strong>de</strong> habituellement<br />

normale, sauf s’il existe <strong>de</strong>s spasmes musculaires surajoutés. Cette<br />

ouverture buccale se fait en baïonnette, d’abord déviée vers le côté<br />

luxé, puis retrouvant une position médiane.<br />

En bouche fermée, le déplacement discal entraîne une petite<br />

diminution <strong>de</strong> hauteur <strong>de</strong> l’articulation, et donc un petit contact<br />

molaire prématuré du côté atteint.<br />

Lorsque les lésions sont bilatérales, il existe en général un<br />

asynchronisme entre les <strong>de</strong>ux luxations réductibles discales et les<br />

bruits ne sont pas habituellement simultanés. Ceci traduit le fait qu’il<br />

est rare que les <strong>de</strong>ux lésions soient totalement i<strong>de</strong>ntiques en gravité.<br />

Le trajet d’ouverture est ainsi dévié d’une manière un peu variable,<br />

éventuellement d’un côté puis <strong>de</strong> l’autre, avant <strong>de</strong> retrouver une<br />

position médiane. Dans ces cas <strong>de</strong> luxation discale réductible, on<br />

parle aussi <strong>de</strong> dérangement intracapsulaire <strong>de</strong> type 1.<br />

À l’IRM, en bouche fermée, le disque est en situation anormalement<br />

antérieure, le bourrelet postérieur se situant en avant du sommet du<br />

condyle mandibulaire, le dépassant <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 2 mm. En ouverture<br />

buccale, le disque vient se placer normalement entre les condyles<br />

mandibulaire et temporal. Comme le remarque Gola [34] , en fait,<br />

lorsqu’on observe les images d’IRM, on s’aperçoit que le disque reste<br />

le plus souvent dans sa position, et que le condyle vient se placer<br />

sous lui, continuant son mouvement ensuite dans <strong>de</strong>s relations<br />

discocondyliennes normales ou subnormales. Il ne s’agit pas à<br />

véritablement parler d’une réduction <strong>de</strong> la luxation antérieure<br />

discale, puisque celle-ci va persister lors <strong>de</strong>s mouvements <strong>de</strong><br />

fermeture, le condyle quittant alors le disque pour retourner dans la<br />

cavité glénoï<strong>de</strong> (fig 34).<br />

L’IRM peut éventuellement découvrir d’autres déplacements<br />

discaux qui sont exceptionnels, comme l’association d’une<br />

composante externe à la luxation antérieure ou à un déplacement<br />

discal postérieur.<br />

• Sta<strong>de</strong> <strong>de</strong> luxation discale irréductible<br />

Ce déplacement discal irréductible (ou closed lock, ou blocage en<br />

bouche fermée) traduit le fait que le condyle ne récupère pas lors <strong>de</strong><br />

l’ouverture buccale <strong>de</strong>s relations normales avec le disque.<br />

Lorsque la luxation discale irréductible vient <strong>de</strong> se produire, la<br />

luxation discale antérieure constitue un obstacle à la propulsion du<br />

condyle. Il s’instaure alors une limitation douloureuse <strong>de</strong> l’ouverture<br />

buccale.<br />

34 Imagerie par résonance magnétique : luxation discale antérieure<br />

réductible.<br />

Dans une luxation discale antérieure irréductible, l’ouverture<br />

buccale est réduite, en général inférieure à 35 mm, on note une<br />

déviation lors <strong>de</strong> l’ouverture buccale vers le côté atteint. Cette<br />

déviation n’est pas corrigée en ouverture et en protrusion (dans les<br />

cas unilatéraux). Il n’y a plus <strong>de</strong> bruit articulaire du côté où existe la<br />

luxation irréductible.<br />

Lorsque les lésions sont bilatérales, il est exceptionnel également que<br />

les luxations discales <strong>de</strong>viennent irréductibles <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux côtés en<br />

même temps et on se retrouve <strong>de</strong>vant un tableau comprenant <strong>de</strong>s<br />

signes cliniques <strong>de</strong> luxation irréductible d’un côté, et <strong>de</strong>s signes<br />

cliniques <strong>de</strong> luxation réductible <strong>de</strong> l’autre.<br />

Parfois, on note <strong>de</strong>s épiso<strong>de</strong>s d’irréductibilité dans une histoire plus<br />

ou moins ancienne <strong>de</strong> luxation discale réductible ; ces épiso<strong>de</strong>s<br />

d’irréductibilité se résolvent spontanément en quelques minutes ou<br />

au pire en quelques heures.<br />

Que <strong>de</strong>s épiso<strong>de</strong>s intermittents ou <strong>non</strong> se soient produits, on assiste<br />

ensuite à l’installation d’une luxation discale antérieure irréductible<br />

constituée. La caractéristique principale <strong>de</strong> ce tableau clinique est<br />

que, après ses antécé<strong>de</strong>nts <strong>de</strong> claquement et <strong>de</strong> ressaut, le patient<br />

présente la disparition <strong>de</strong> ces bruits articulaires.<br />

Parfois enfin, l’apparition d’une luxation discale antérieure<br />

irréductible est brutale, sans qu’il y ait <strong>de</strong>s antécé<strong>de</strong>nts cliniques <strong>de</strong><br />

luxation réductible. Dans ce cas <strong>de</strong> figure, la douleur intense au<br />

niveau <strong>de</strong> l’articulation atteinte est le signe prédominant et la<br />

limitation <strong>de</strong> l’ouverture buccale est plus sévère (inférieure à 20 mm,<br />

voire à 10 mm) et associée à une limitation <strong>de</strong>s autres mouvements<br />

mandibulaires.<br />

Sans prise en charge thérapeutique, l’évolution spontanée se fait vers<br />

une amélioration <strong>de</strong> l’amplitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’ouverture buccale, qui reste<br />

malgré tout limitée, en général inférieure à 35 mm. Dans les<br />

déplacements discaux irréductibles et unilatéraux, l’ouverture est<br />

moins diminuée que dans les bilatéraux. Il persiste toujours une<br />

déviation du point interincisif vers le côté atteint, ainsi qu’une<br />

latérodéviation vers le côté atteint à l’ouverture buccale. La<br />

diduction est altérée dans les mouvements vers le côté sain. Dans<br />

les formes bilatérales, il n’existe pas ces déviations du point<br />

interincisif. Cependant, on observe, après une durée très variable<br />

selon les patients, la survenue <strong>de</strong> signes arthrosiques (s’ils<br />

n’existaient pas déjà auparavant) (<strong>de</strong> Leeuw, 1995 ; Kai [47] ).<br />

Enfin, dans les luxations irréductibles unilatérales, l’articulation<br />

temporomandibulaire du côté opposé développe une mobilité<br />

articulaire exagérée, compensant la limitation <strong>de</strong>s mouvements <strong>de</strong><br />

l’articulation atteinte, et pouvant à elle seule induire un<br />

dysfonctionnement articulaire <strong>de</strong> cette articulation primitivement<br />

saine.<br />

À l’IRM, en position bouche fermée, le disque est anormalement<br />

déplacé en avant. Lors <strong>de</strong> l’ouverture <strong>de</strong> bouche, la course<br />

condylienne est très limitée. L’anomalie <strong>de</strong> position méniscale ne se<br />

réduit pas. Le disque a, <strong>de</strong> plus, perdu sa forme habituelle : il est<br />

31


23-446-D-10 <strong>Pathologie</strong> <strong>non</strong> <strong>traumatique</strong> <strong>de</strong> l’articulation temporomandibulaire Odontologie<br />

plicaturé, pelotonné en avant <strong>de</strong> la tête condylienne, celle-ci venant<br />

régulièrement buter sur la zone d’attache postérieure à chaque<br />

tentative d’ouverture buccale (fig 35).<br />

Il est à souligner que les images que l’on obtient à la suite <strong>de</strong> cet<br />

examen IRM correspon<strong>de</strong>nt à l’état <strong>de</strong> l’articulation au moment et<br />

dans les conditions <strong>de</strong> cet examen. En particulier, une luxation qui<br />

apparaît irréductible sur les images d’IRM peut n’être irréductible<br />

que d’une façon intermittente ou que dans les conditions <strong>de</strong> l’IRM<br />

qui ne sont pas toujours très physiologiques, puisque beaucoup<br />

d’examens IRM se font en position d’ouverture buccale forcée et,<br />

pour le patient, dans <strong>de</strong>s conditions éventuelles <strong>de</strong> stress qui<br />

peuvent modifier la pathologie articulaire temporairement. Il est<br />

évi<strong>de</strong>nt que, comme pour tous ces types <strong>de</strong> techniques d’examens<br />

complémentaires, l’examen clinique gar<strong>de</strong> sa primauté.<br />

• Lésions discales<br />

Il existe assez souvent <strong>de</strong>s anomalies structurales discales, soit au<br />

sein d’un tableau <strong>de</strong> luxation discale antérieure, soit même<br />

isolément. On peut citer, parmi les anomalies les plus fréquentes,<br />

celle <strong>de</strong> la dégénérescence mucoï<strong>de</strong> du disque, et surtout l’existence<br />

32<br />

37 Perforation discale.<br />

35 Imagerie par résonance magnétique : luxation discale antérieure<br />

irréductible.<br />

36 Imagerie par résonance magnétique : luxation discale antérieure<br />

irréductible bilatérale. ATM : articulation temporomandibulaire<br />

; B : bouche.<br />

<strong>de</strong> perforation. Les perforations peuvent exister sur le disque luimême<br />

dans la zone centrale, mais elles se font surtout<br />

essentiellement dans la zone bilaminaire qui s’est interposée entre<br />

les <strong>de</strong>ux surfaces articulaires, après une luxation irréductible<br />

antérieure du disque (fig 36). Cette zone bilaminaire a subi une<br />

transformation histologique et a évolué vers une discisation,<br />

simulant un néodisque, mais qui reste plus fragile et qui n’assure<br />

plus les mêmes fonctions <strong>de</strong> protection que pour le disque. Ces<br />

perforations se traduisent par <strong>de</strong>s douleurs articulaires, parfois<br />

violentes, lors <strong>de</strong>s mouvements d’ouverture/fermeture <strong>de</strong> la bouche<br />

(fig 37).<br />

Macher [63] a montré qu’une luxation discale induite (chez le lapin)<br />

crée <strong>de</strong>s lésions arthrosiques <strong>de</strong>s surfaces articulaires (érosions<br />

osseuses, irrégularités et fissures cartilagineuses, ostéophytose).<br />

D’autres auteurs ont montré que <strong>de</strong>s perforations discales induisent<br />

à elles seules <strong>de</strong>s lésions arthrosiques du même type (Helmy [40] sur<br />

le singe, Lekkas (1994) et Sato (1998) sur le rat, Axelsson (1992) sur<br />

le lapin, Bosanquet (1991) sur le mouton).<br />

L’IRM a la possibilité <strong>de</strong> montrer <strong>de</strong>s anomalies <strong>de</strong> son signal, ce<br />

qui peut traduire l’existence <strong>de</strong> lésions tissulaires. Dans la<br />

dégénérescence mucoï<strong>de</strong>, le disque ne présente plus sa morphologie<br />

harmonieuse. Il est surtout le siège d’une augmentation du signal,<br />

particulièrement bien visible dans la zone intermédiaire et le<br />

bourrelet postérieur. Le diagnostic est évoqué <strong>de</strong>vant l’hétérogénéité<br />

<strong>de</strong> l’image méniscale. La certitu<strong>de</strong> ne peut être que chirurgicale et<br />

histologique. Les calcifications discales traduisent une atteinte<br />

discale, soit ancienne dans le cadre d’une pathologie dégénérative<br />

évoluée, soit <strong>de</strong> constitution plus aiguë, post-<strong>traumatique</strong> par<br />

exemple. Elles provoquent <strong>de</strong>s zones d’hyposignal intraméniscal, <strong>de</strong><br />

topographie plutôt périphérique (fig 38).<br />

Les perforations discales peuvent être centrodiscales, par usure <strong>de</strong><br />

la zone intermédiaire, ou plus souvent postérieures, dans la partie<br />

antérolatérale <strong>de</strong> la zone bilaminaire, souvent associées à une


Odontologie <strong>Pathologie</strong> <strong>non</strong> <strong>traumatique</strong> <strong>de</strong> l’articulation temporomandibulaire 23-446-D-10<br />

38 Imagerie par résonance<br />

magnétique : hétérogénéité<br />

discale. ATM : articulationtemporomandibulaire<br />

; B : bouche.<br />

luxation méniscale irréductible. Elles se traduisent théoriquement en<br />

IRM par une <strong>non</strong>-visibilité <strong>de</strong> la zone intermédiaire, alors que les<br />

bourrelets antérieur et postérieur sont bien exposés. Il existe <strong>de</strong> plus<br />

un pincement <strong>de</strong> l’interligne, les surfaces articulaires étant<br />

pratiquement au contact. Le diagnostic <strong>de</strong> perforation reste toutefois<br />

difficile en IRM. L’arthrographie, dans ce cas nettement supérieure,<br />

montrerait, si elle était pratiquée, le passage du produit <strong>de</strong> contraste<br />

d’un compartiment articulaire à l’autre.<br />

• Anomalies synoviales<br />

L’articulation peut présenter <strong>de</strong>s adhérences intra-articulaires<br />

essentiellement <strong>de</strong> nature synoviale, qui unissent surtout le disque à<br />

la surface temporale, et beaucoup plus exceptionnellement le disque<br />

à la tête condylienne. Ces adhérences, dans le cas d’un syndrome <strong>de</strong><br />

dysfonctionnement <strong>de</strong>s articulations temporomandibulaires,<br />

peuvent compliquer un tableau <strong>de</strong> syndrome <strong>de</strong> dysfonctionnement<br />

que nous avons vu, ou en être une <strong>de</strong>s premières manifestations.<br />

Elles sont rendues responsables soit d’une limitation <strong>de</strong>s<br />

mouvements articulaires, soit d’une certaine rai<strong>de</strong>ur articulaire<br />

essentiellement matinale. D’autres types <strong>de</strong> lésions d’adhérence<br />

peuvent se voir, en particulier dans les cas <strong>de</strong> luxation méniscale<br />

irréductible antérieure ancienne où le disque est <strong>non</strong> seulement luxé<br />

en avant, mais fixé par <strong>de</strong>s adhérences dans sa position <strong>de</strong> luxation.<br />

Ces adhérences au niveau du récessus antérieur sont alors<br />

d’installation relativement tardive. Elles n’ont pas <strong>de</strong> traduction<br />

clinique, mais vont gêner un éventuel geste chirurgical <strong>de</strong>stiné à<br />

libérer le disque pour le remettre en position normale ou<br />

subnormale.<br />

La synovite se traduit en IRM par un comblement (hyposignal) <strong>de</strong><br />

l’espace interbilaminaire. L’injection <strong>de</strong> gadolinium montre une<br />

prise <strong>de</strong> contraste intense <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux compartiments articulaires,<br />

temporoméniscal et discocondylien.<br />

• Anomalies osseuses<br />

Des lésions arthrosiques existent souvent dans le syndrome <strong>de</strong><br />

dysfonctionnement, qu’elles se manifestent cliniquement ou <strong>non</strong><br />

(Mejersjo, 1984). Les luxations discales par elles-mêmes sont bien<br />

susceptibles d’induire expérimentalement (et/ou <strong>de</strong> favoriser<br />

cliniquement) <strong>de</strong>s lésions <strong>de</strong> type arthrosique (Macher, 1992 ;<br />

Schellas, 1992 ; Ali, 1994).<br />

L’IRM visualise ces lésions osseuses avec la modification <strong>de</strong> la forme<br />

<strong>de</strong>s condyles et les formations ostéophytiques. On note également<br />

<strong>de</strong>s con<strong>de</strong>nsations ostéochondrales et <strong>de</strong>s géo<strong>de</strong>s sous-chondrales.<br />

Il existe très souvent une hétérogénéité <strong>de</strong>s surfaces articulaires et<br />

<strong>de</strong>s zones hypo<strong>de</strong>nses dans les régions sous-chondrales, association<br />

d’amincissement cortical et d’hypo<strong>de</strong>nsité T1 <strong>de</strong> la médullaire<br />

spongieuse, montrant une souffrance vasculaire dans le tissu osseux.<br />

Parfois, on note un épanchement intra-articulaire qui donne un<br />

hypersignal en T2.<br />

Moyens thérapeutiques<br />

• Traitements symptomatiques<br />

– Traitements antalgiques.<br />

Les antalgiques sont couramment prescrits en cas <strong>de</strong> pathologie <strong>de</strong><br />

l’articulation temporomandibulaire en pratique quotidienne, qu’il<br />

s’agisse d’antalgiques banals (paracétamol notamment) ou d’antiinflammatoires<br />

<strong>non</strong> stéroïdiens (aspirine, ibuprofène, kétoprofène,<br />

diclofénac).<br />

Certains auteurs ont proposé l’utilisation <strong>de</strong> la stimulation électrique<br />

transcutanée (Sugimoto, 1995), éventuellement <strong>de</strong> l’acupuncture<br />

(Raustia, 1986 ; List, 1987) qui restent naturellement <strong>de</strong>s traitements<br />

purement symptomatiques dont l’efficacité est multifactorielle,<br />

procédant pour partie d’un effet placebo, mais également <strong>de</strong> la<br />

production d’endorphines selon certains auteurs. Enfin, Conti (1997)<br />

a utilisé un low laser (830 nm Ga-Al-As, 4 joules) sans résultats<br />

probants.<br />

– Décontracturants musculaires.<br />

Le traitement symptomatique fait souvent appel à <strong>de</strong>s myorelaxants<br />

qui agissent à différents niveaux : fibres musculaires ou système<br />

nerveux. Il s’agit essentiellement :<br />

– <strong>de</strong> molécules inhibant les réflexes médullaires polysynaptiques<br />

comme le thiocolchicosi<strong>de</strong> (Miorelt, Myoplèget, Coltramylt), le<br />

méthocarbamol (Lumirelaxt), la méphénésine (Décontractylt) ;il<br />

s’agit <strong>de</strong> produits dont la durée d’action est brève et dont l’in<strong>de</strong>x<br />

thérapeutique est faible (dose toxique très proche <strong>de</strong> la dose<br />

thérapeutique), ce qui nécessite une surveillance toute particulière<br />

(risque important <strong>de</strong> somnolence) ;<br />

– <strong>de</strong> myorelaxants agissant directement sur les fibres musculaires<br />

striées en inhibant les mouvements du calcium au niveau<br />

cellulaire, comme le dantrolène (Dantriumt), produit qui présente<br />

un risque <strong>de</strong> somnolence, <strong>de</strong> céphalées, <strong>de</strong> malaises intestinaux et<br />

d’hépatotoxicité <strong>non</strong> négligeable ;<br />

– <strong>de</strong> benzodiazépines comme le tétrazépam (Myolastant,<br />

Panost), augmentant l’activité <strong>de</strong>s interneurones inhibiteurs,<br />

supprimant ainsi l’activité réflexe mono- et polysynaptique ;<br />

– d’antispastiques agissant au niveau médullaire présynaptique,<br />

déprimant les réflexes mono- ou polysynaptiques et réduisant<br />

l’activité réflexe myotatique par réduction <strong>de</strong> l’action <strong>de</strong>s<br />

motoneurones, comme le baclofène (Liorésalt) qui entraîne peu<br />

d’effets indésirables aux doses thérapeutiques (à hautes doses, il<br />

provoque une dépression généralisée du système nerveux central<br />

avec somnolence, hypotonie musculaire et dépression<br />

cardiorespiratoire).<br />

D’autres produits existent dans la pharmacopée tels que le<br />

phenbrobanate (Gamaquilt ou Isotonilt) et la chlorméza<strong>non</strong>e<br />

(Trancopalt) (produits <strong>non</strong> commercialisés en France).<br />

L’inconvénient majeur <strong>de</strong>s myorésolutifs est représenté par les<br />

risques <strong>de</strong> somnolence dont il faut prévenir les sujets, en<br />

particulier pour la conduite automobile.<br />

– Toxine botulique.<br />

La toxine botulique (Botoxt, Dysportt) permet <strong>de</strong> lever <strong>de</strong>s spasmes<br />

musculaires. Son intérêt est essentiellement contre les spasmes du<br />

ptérygoïdien latéral, permettant <strong>de</strong> faire cé<strong>de</strong>r un trismus qui<br />

empêche la réalisation d’un traitement étiologique. L’injection dans<br />

le ptérygoïdien latéral se fait par voie intraorale, bouche <strong>de</strong>miouverte<br />

et placée vers le côté à injecter, le point <strong>de</strong> pénétration <strong>de</strong><br />

l’aiguille est en arrière <strong>de</strong> la tubérosité, en direction postérieure,<br />

supérieure et médiane, l’injection étant effectuée à 3 cm <strong>de</strong><br />

profon<strong>de</strong>ur environ.<br />

Il s’agit là aussi d’un traitement purement symptomatique. L’effet<br />

<strong>de</strong> la toxine botulique s’installe en 2à3jours. La durée d’action est<br />

d’environ 2 à 3 mois. Nous n’avons pas d’expérience <strong>de</strong> cette<br />

technique en tant que traitement proprement dit <strong>de</strong>s syndromes<br />

dysfonctionnels (Freund, 1999), mais celle-ci nous y semble illogique.<br />

– Infiltrations et injections.<br />

– Injections <strong>de</strong> produit sclérosant.<br />

Ces injections <strong>de</strong> produit sclérosant (alcool, teinture d’io<strong>de</strong>,<br />

33


23-446-D-10 <strong>Pathologie</strong> <strong>non</strong> <strong>traumatique</strong> <strong>de</strong> l’articulation temporomandibulaire Odontologie<br />

psylliate <strong>de</strong> sodium) ont été proposées dans la région<br />

périarticulaire pour le traitement <strong>de</strong>s luxations récidivantes<br />

(Poswillo). Ces procédures n’ont qu’un intérêt historique.<br />

– Anesthésie locale musculaire.<br />

L’anesthésie locale musculaire entraîne la disparition momentanée<br />

<strong>de</strong>s contractures (Schwartz et Tausig). L’anesthésie favorise le<br />

diagnostic différentiel entre les douleurs primaires et les douleurs<br />

référées et, en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> ce rôle diagnostique, son utilisation n’a<br />

qu’un effet temporaire ou un effet placebo (Scicchitano, 1996).<br />

– Infiltration intra-articulaire <strong>de</strong> corticoï<strong>de</strong>s.<br />

Les injections intra-articulaires <strong>de</strong> corticoï<strong>de</strong>s (Hollan<strong>de</strong>r, 1951)<br />

sont souvent proposées dans différents cadres pathologiques. S’il<br />

existe <strong>de</strong>s indications indiscutables <strong>de</strong> ce type d’injection dans le<br />

cadre <strong>de</strong> PR par exemple, ces injections dans le cadre<br />

d’inflammation post-<strong>traumatique</strong> ou dans le cas <strong>de</strong> rétrodiscite<br />

ou <strong>de</strong> capsulite sont plus discutables. Il est certain qu’elles<br />

procurent <strong>de</strong>s résultats très appréciables sur un plan fonctionnel<br />

(douleur et/ou motilité), mais il ne s’agit que d’un traitement<br />

symptomatique, la souffrance articulaire témoignant <strong>de</strong><br />

contraintes mécaniques anormales qui persistent au sein <strong>de</strong><br />

l’articulation malgré ce traitement infiltratif.<br />

Il convient bien entendu <strong>de</strong> respecter les contre-indications<br />

classiques à la corticothérapie (locales et générales) et les<br />

précautions d’usage <strong>de</strong> la corticothérapie locale (respect <strong>de</strong><br />

l’antisepsie). Les produits utilisés sont nombreux (Diprostènet,<br />

Célestène chronodoset, Kenacort retard 40t, Dépo-médrolt).<br />

L’injection est pratiquée au niveau <strong>de</strong> la dépression prétragienne<br />

qui se creuse lors d’une ouverture buccale maximale, l’aiguille<br />

étant enfoncée perpendiculairement, immédiatement sous le<br />

zygoma, à environ 3 cm <strong>de</strong> profon<strong>de</strong>ur.<br />

L’inconvénient majeur est bien entendu le risque infectieux. Deux<br />

à trois injections par an semblent être un maximum. Nous n’avons<br />

jamais recours à ces injections dans le cadre <strong>de</strong>s<br />

dysfonctionnements.<br />

– Autres injections intra-articulaires.<br />

Les injections d’hyaluronate <strong>de</strong> sodium (viscosupplémentation)<br />

ont été essayées dans les luxations condylodiscales (Bertolami [10] ;<br />

Yustin, 1995 ; Sato, 1999) sans résultat sur la luxation discale, mais<br />

avec une amélioration clinique qui semble davantage due à un<br />

effet arthrocentèse qu’au produit utilisé.<br />

Lin [60] rapporte un taux intéressant <strong>de</strong> succès avec <strong>de</strong>s injections<br />

intra-articulaires <strong>de</strong> superoxy<strong>de</strong> dismutase (<strong>non</strong> disponible en<br />

France), un inhibiteur <strong>de</strong>s métalloprotéases.<br />

Cependant ces produits, qui n’ont pas d’AMM en France pour<br />

l’articulation temporomandibulaire, seraient, pour certains<br />

auteurs, éventuellement plus indiqués pour le traitement <strong>de</strong>s<br />

lésions arthrosiques que pour les dysfonctions condylodiscales<br />

(Neo, 1997 ; Hirota, 1998).<br />

– Arthrocenthèse.<br />

Nitzan [71] a décrit une technique d’irrigation du compartiment<br />

supérieur <strong>de</strong> l’articulation à l’ai<strong>de</strong> d’une solution <strong>de</strong> liqui<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

Ringer. Ce lavage articulaire amène une amélioration clinique tant<br />

sur la limitation d’ouverture <strong>de</strong> bouche que sur les douleurs, ce qui<br />

est confirmé par Dimitroulis (1995), Sato (1997), Gu (1998) et Goudot<br />

(2000), effet jugé supérieur à celui <strong>de</strong> l’injection <strong>de</strong> corticoï<strong>de</strong>s intraarticulaires<br />

(Miyamoto, 1999). L’efficacité semble limitée dans le<br />

temps (Gynther, 1998) bien que l’on ne dispose pas d’étu<strong>de</strong>s<br />

comprenant <strong>de</strong>s suivis à long terme (Cascone, 1998). Le mo<strong>de</strong><br />

d’action semble être surtout l’élimination temporaire <strong>de</strong>s substances<br />

intra-articulaires telles que les cytokines (Gu, 1996) ou les dérivés<br />

nitrés (Alpaslan [5] ).<br />

• Prothèses amovibles <strong>de</strong> recouvrement occlusal (gouttières)<br />

Les gouttières occlusales sont les plus utilisées. Ce sont <strong>de</strong>s appareils<br />

en résine acrylique couvrant toutes les surfaces occlusales, soit <strong>de</strong>s<br />

<strong>de</strong>nts maxillaires, soit <strong>de</strong>s <strong>de</strong>nts mandibulaires.<br />

À la suite <strong>de</strong> Karolyi, qui a réalisé une prothèse <strong>de</strong> recouvrement en<br />

vulcanite pour traiter le bruxisme et les parodontopathies en 1906,<br />

34<br />

<strong>de</strong> nombreux auteurs ont utilisé ce type <strong>de</strong> prothèse amovible pour<br />

le traitement <strong>de</strong>s anomalies occlusales entraînant un retentissement<br />

sur l’articulation temporomandibulaire : plan <strong>de</strong> morsure rétroincisif<br />

maxillaire <strong>de</strong> Hawley (1919), modifié par Sved, puis plaque<br />

maxillaire ou mandibulaire en résine dure ou souple, en métal ou<br />

en composite, fixe ou amovible, proposée par différents auteurs à<br />

partir <strong>de</strong>s années 1950 (Brunner, Shore, Schwartz, Ramfjord,<br />

Kessling, Mitchel, Krogh-Poulsen, Lerman, Rozencweig). Il existe<br />

toujours une multiplicité <strong>de</strong> ce type d’appareillages qui ont reçu <strong>de</strong>s<br />

noms différents, ce qui peut entretenir une certaine confusion. Leur<br />

motivation d’utilisation peut être également assez variable.<br />

Pour nous, l’utilisation <strong>de</strong> ces plaques, <strong>de</strong> ces appareils « inhibiteurs<br />

<strong>de</strong> l’occlusion », <strong>de</strong> « déprogrammation neuromusculaire » a avant<br />

tout une valeur diagnostique, en particulier en cas d’hésitation sur<br />

l’implication d’un trouble occlusal dans l’étiologie <strong>de</strong>s<br />

manifestations cliniques présentées par le patient. Elle permet aussi<br />

(et surtout) <strong>de</strong> déterminer la relation occlusale optimale du patient.<br />

La mise en place d’une plaque correctement ajustée fait disparaître<br />

les malocclusions, disparition immédiate et bien sûr transitoire, car<br />

interrompue par la dépose <strong>de</strong> l’appareil. Comme Rozencweig le<br />

souligne, cet appareillage n’entraîne pas <strong>de</strong> modification définitive<br />

ou surtout irréversible <strong>de</strong> l’occlusion : c’est un débrayage temporaire<br />

(à condition qu’un port permanent ne dure pas trop longtemps,<br />

si<strong>non</strong> on s’expose à <strong>de</strong>s effets orthodontiques [Brown, 1994]).<br />

Lorsque la plaque est correctement équilibrée ou est correctement<br />

ajustée, on doit obtenir une résolution <strong>de</strong>s contractures musculaires<br />

et donc <strong>de</strong>s phénomènes douloureux présentés par le patient,<br />

éventuellement une normalisation du fonctionnement articulaire.<br />

Emshoff (1998) a d’ailleurs montré que le port d’une gouttière a un<br />

effet rapi<strong>de</strong> sur le volume <strong>de</strong>s muscles masticateurs (contrôlé à<br />

l’échographie), Sheikholeslam (1986) et Abekura [1] que la gouttière<br />

supprime les asymétries <strong>de</strong> contractions musculaires (par examens<br />

électromyographiques).<br />

Différents types d’appareillages <strong>de</strong>stinés à « débrayer » les rapports<br />

occlusaux ont été proposés, parmi lesquels on peut citer les<br />

dispositifs suivants.<br />

– Plans <strong>de</strong> morsure rétro-incisifs : JIG <strong>de</strong> Lucia (1924), plan <strong>de</strong><br />

morsure rétro-incisif <strong>de</strong> type Karolyi (1905), plaque <strong>de</strong> Hawley<br />

(1919), plaque <strong>de</strong> Sved (1944), autorepositionneur <strong>de</strong> Shore (1959).<br />

– Gouttières en résine élastique souple : elles <strong>de</strong>vraient être<br />

abandonnées en raison <strong>de</strong>s possibilités <strong>de</strong> déformation, <strong>de</strong>s<br />

difficultés <strong>de</strong> polissage, du fait qu’elles peuvent entraîner une<br />

exaspération <strong>de</strong> crispation inconsciente et une augmentation <strong>de</strong><br />

l’envie <strong>de</strong> mâcher.<br />

– Gouttière à pivot <strong>de</strong> Krogh-Poulsen : il s’agit d’une gouttière<br />

recouvrant toutes les <strong>de</strong>nts, à laquelle ont été ajoutés <strong>de</strong>ux cônes <strong>de</strong><br />

résine, munie <strong>de</strong> vis autorisant un réglage en hauteur en regard <strong>de</strong><br />

la face centrale du surplomb molaire supérieur. Elle a pour but <strong>de</strong><br />

limiter ou <strong>de</strong> supprimer la pression au niveau <strong>de</strong>s condyles. Elle est<br />

associée à la mise en place d’une fron<strong>de</strong> mentonnière.<br />

– Gouttière hydrostatique <strong>de</strong> Lerman [59] : il s’agit d’un coussin en<br />

forme <strong>de</strong> H, en vinyle, contenant <strong>de</strong> l’eau, qui est interposé entre les<br />

arca<strong>de</strong>s <strong>de</strong>ntaires et qui permet un latéropositionnement<br />

mandibulaire par le seul jeu musculaire, la quantité <strong>de</strong> liqui<strong>de</strong> dans<br />

la prothèse étant fonction <strong>de</strong> la dimension verticale d’occlusion<br />

souhaitée (en principe 1,5 mm). Ce système clos, dans lequel un<br />

liqui<strong>de</strong> se répartit en fonction <strong>de</strong>s pressions, supprime ainsi tout<br />

contact occlusal direct. La vérification <strong>de</strong> l’égalisation <strong>de</strong>s pressions<br />

est possible en interposant une feuille <strong>de</strong> cire entre la mandibule et<br />

la gouttière. Aucune perforation ne doit être visible, si<strong>non</strong> ceci<br />

correspond à un contact prématuré qui doit être éliminé. Une fois<br />

l’occlusion souhaitée en relation centrée obtenue, la gouttière est<br />

déposée et remplacée par une gouttière en résine dure, équilibrée<br />

par le patient lui-même qui mobilise sa mandibule, mo<strong>de</strong>lant la<br />

surface occlusale <strong>de</strong> la résine. Cette technique originale semble<br />

relativement satisfaisante, lorsqu’on envisage un traitement<br />

purement par meulage sélectif.<br />

– Gouttière <strong>de</strong> Ramfjord [76] , dite aussi gouttière du Michigan : c’est<br />

une gouttière maxillaire en résine dure transparente. Cette gouttière


Odontologie <strong>Pathologie</strong> <strong>non</strong> <strong>traumatique</strong> <strong>de</strong> l’articulation temporomandibulaire 23-446-D-10<br />

recouvre toutes les <strong>de</strong>nts maxillaires, les surfaces occlusales <strong>de</strong><br />

contact sont lisses et plates, sur toutes les cuspi<strong>de</strong>s d’appui<br />

mandibulaire, sauf la canine où existe un plan incliné <strong>de</strong><br />

désengrènement. La dimension verticale occlusale est minimale.<br />

Cette gouttière est élaborée sur un articulateur semi-adaptable. Les<br />

modèles sont montés en relation centrée si l’écart entre l’occlusion<br />

d’intercuspidation maximale et l’occlusion en relation centrée est<br />

faible, et s’il n’y a pas <strong>de</strong> déviation latérale importante à l’ouverture.<br />

Si<strong>non</strong>, le modèle mandibulaire est monté en béance verticale, au<strong>de</strong>là<br />

du point où apparaît la douleur dans <strong>de</strong>s mouvements <strong>de</strong><br />

fermeture. C’est le modèle <strong>de</strong> base <strong>de</strong>s gouttières <strong>de</strong> relaxation<br />

musculaire.<br />

– Gouttière évolutive <strong>de</strong> Rozencweig [77] : elle est réalisée sur un<br />

occluseur simple. Elle est confectionnée avec une épaisseur minimale<br />

au niveau molaire, les surfaces lisses, un appui canin incisif avec<br />

désocclusion <strong>de</strong>s <strong>de</strong>nts cuspidées. L’ajustement est effectué sur le<br />

patient. Il permet d’obtenir <strong>de</strong>s contacts généralisés <strong>de</strong>s <strong>de</strong>nts<br />

mandibulaires sur la surface occlusale qui doivent être disséminés<br />

et d’égale intensité. La désocclusion <strong>de</strong>s secteurs postérieurs est<br />

vérifiée lors <strong>de</strong>s mouvements <strong>de</strong> propulsion. Les zones canines sont<br />

retouchées pour obtenir les désocclusions <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux secteurs latéraux<br />

lors <strong>de</strong>s mouvements <strong>de</strong> diduction. Dans un premier temps, la<br />

gouttière occlusale est transformée en plan <strong>de</strong> morsure rétro-incisif<br />

en éliminant une épaisseur d’environ un dixième <strong>de</strong> millimètre au<br />

niveau <strong>de</strong>s secteurs cuspidés. Lorsque, lors <strong>de</strong>s contrôles, on obtient<br />

une absence <strong>de</strong> contacts en arrière <strong>de</strong> la canine, l’appareil est<br />

retransformé en gouttière occlusale par meulage <strong>de</strong> la région<br />

incisive. Un contact généralisé sur toute la surface <strong>de</strong> l’arca<strong>de</strong><br />

antagoniste est rétabli et soigneusement équilibré. L’absence<br />

d’interférences lors <strong>de</strong>s mouvements excentrés est vérifiée.<br />

En pratique, on peut distinguer trois modalités d’utilisation <strong>de</strong>s<br />

gouttières.<br />

– Gouttière <strong>de</strong> relaxation musculaire : pour nous, la gouttière <strong>de</strong><br />

relaxation musculaire est en résine acrylique dure réalisée à partir<br />

<strong>de</strong> plaques thermoformées (permettant l’obtention <strong>de</strong> gouttières<br />

fines), couvrant la surface occlusale <strong>de</strong> toute une arca<strong>de</strong> (maxillaire<br />

ou mandibulaire).<br />

Nous l’utilisons :<br />

– comme appareil <strong>de</strong> protection <strong>de</strong>ntaire contre l’usure excessive<br />

liée à <strong>de</strong>s parafonctions ;<br />

– dans les contractures musculaires douloureuses ;<br />

– dans les pathologies complexes, mêlant atteinte musculaire et<br />

articulaire, comme atteinte préliminaire (avec comme but la<br />

suppression <strong>de</strong>s contractures musculaires) ;<br />

– en tant qu’épreuve diagnostique dans les pathologies<br />

douloureuses mal définies ou dans certains troubles otologiques<br />

quand une éventuelle étiologie occlusale est soupçonnée ;<br />

– mais son but principal est <strong>de</strong> déterminer la position<br />

mandibulaire souhaitable pour le patient, position qui sera à<br />

pérenniser par un traitement étiologique.<br />

La gouttière est réalisée au laboratoire sur les modèles en plâtre.<br />

Après le thermoformage, une couche <strong>de</strong> résine autopolymérisable<br />

est additionnée sur la face occlusale <strong>de</strong> la gouttière. Le but <strong>de</strong><br />

l’opération est l’obtention d’une épaisseur homogène <strong>de</strong> 1à2mm<br />

<strong>de</strong> résine sur toute la surface occlusale, épaisseur qui consoli<strong>de</strong> la<br />

gouttière et en même temps compense l’irrégularité <strong>de</strong>s courbes<br />

occlusales. Pour nous, il n’y a pas d’arguments qui plai<strong>de</strong>nt d’une<br />

façon convaincante pour l’utilisation d’une gouttière maxillaire<br />

plutôt que mandibulaire. Maxillaire ou mandibulaire, les<br />

impératifs à respecter sont liés à l’épaisseur et au réglage en<br />

occlusion. Le réglage <strong>de</strong> la gouttière peut se réaliser en clinique<br />

ou au laboratoire avec les modèles <strong>de</strong> travail montés sur<br />

articulateurs. Le réglage réalisé en laboratoire est en fait un<br />

préréglage et il doit être impérativement vérifié en clinique : en<br />

raison <strong>de</strong>s spasmes musculaires, la position mandibulaire peut<br />

varier entre le moment d’enregistrement <strong>de</strong> la relation<br />

intermaxillaire et le moment <strong>de</strong> la mise en place <strong>de</strong> la gouttière.<br />

Les contacts <strong>de</strong>ntaires sur la gouttière sont marqués grâce à un<br />

papier d’articulé encré d’épaisseur variable (40 à 100 µm), rouge<br />

ou bleu. Pour les mouvements <strong>de</strong> propulsion ou <strong>de</strong> latéralité, un<br />

papier encré <strong>de</strong> couleur différente est utilisé. L’ajustage <strong>de</strong> la<br />

gouttière se fait avec une fraise résine tenue par une pièce à main.<br />

Les points qui apparaissent sur la gouttière sont effacés<br />

progressivement par <strong>de</strong>s modifications successives, jusqu’à<br />

obtention <strong>de</strong>s contacts simultanés.<br />

Les principes à respecter sont :<br />

– gouttière plate, lisse (<strong>non</strong> sculptée) ;<br />

– épaisseur minimale avec <strong>de</strong>s contacts simultanés et<br />

punctiformes <strong>de</strong> toutes les cuspi<strong>de</strong>s supports <strong>de</strong>s <strong>de</strong>nts<br />

antagonistes (exception faite <strong>de</strong>s <strong>de</strong>nts en malposition) ;<br />

– désocclusion postérieure dans les mouvements <strong>de</strong> propulsion<br />

et <strong>de</strong> latéralité, si possible avec un guidage canin.<br />

À la fin <strong>de</strong> la première séance, <strong>de</strong>s conseils <strong>de</strong> pose, <strong>de</strong> port et<br />

d’hygiène <strong>de</strong> la gouttière doivent être donnés au patient.<br />

Ces gouttières doivent être portées 24 h sur 24, mais il faut laisser<br />

le temps au patient <strong>de</strong> s’y habituer. La gouttière représente un<br />

corps étranger qui va le gêner pour la phonation et la mastication<br />

au début. La gouttière est contrôlée toutes les 3à4semaines. La<br />

décontraction musculaire obtenue peut générer une modification<br />

<strong>de</strong> la position mandibulaire. L’équilibration <strong>de</strong> la gouttière doit<br />

être reprise dans la nouvelle position, pour obtenir à nouveau <strong>de</strong>s<br />

contacts occlusaux simultanés sur toute la surface. Le protocole<br />

est répété jusqu’au moment où les contacts ne se sont pas<br />

modifiés d’une séance à l’autre. Cette gouttière est portée pendant<br />

un minimum <strong>de</strong> 2à3mois. À la fin <strong>de</strong> cette pério<strong>de</strong>, le montage<br />

sur articulateur, l’analyse <strong>de</strong> la nouvelle position mandibulaire<br />

vont orienter le choix thérapeutique (équilibration occlusale,<br />

orthodontie, prothèse).<br />

Une gran<strong>de</strong> rigueur doit être <strong>de</strong> mise tant pour la mise en place<br />

que pour la surveillance <strong>de</strong> cet appareillage, si<strong>non</strong> on ne peut<br />

tirer aucune conclusion <strong>de</strong> ce qui n’est le plus souvent qu’un<br />

moyen diagnostique. Malheureusement, en pratique journalière,<br />

il nous est donné <strong>de</strong> voir un grand nombre <strong>de</strong> soi-disant<br />

gouttières réalisées par <strong>de</strong>s praticiens mal informés sans tenir<br />

compte <strong>de</strong> ces règles ou <strong>de</strong> gouttières <strong>non</strong> surveillées, ce qui<br />

naturellement peut amener à porter un jugement péjoratif sur<br />

l’efficacité <strong>de</strong> ces gouttières dans leur ensemble.<br />

– Gouttière <strong>de</strong> repositionnement ou gouttière <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong> luxation<br />

discale : elle est utilisée dans les cas <strong>de</strong> luxation discale réductible et<br />

éventuellement dans les cas <strong>de</strong> luxation discale irréductible récente,<br />

après avoir effectué une manœuvre <strong>de</strong> réduction discale (Farrar et<br />

Mc Carthy) (fig 39). Elle est envisageable quand le disque est<br />

raisonnablement récupérable. Elle est donc <strong>de</strong>stinée à stabiliser la<br />

mandibule dans une position thérapeutique qui assure la coaptation<br />

condylodiscale. Cette position thérapeutique va déterminer une<br />

position plus antérieure du condyle dans la cavité glénoï<strong>de</strong>. Plus le<br />

claquement d’ouverture est précoce, plus cette position est peu<br />

différente <strong>de</strong> la position habituelle (1 à 2 mm), plus le claquement<br />

est tardif ou dans les cas <strong>de</strong> luxation discale irréductible récente,<br />

plus la position <strong>de</strong> la mandibule est avancée et abaissée (jusqu’à<br />

3 mm <strong>de</strong> propulsion et 5 mm d’abaissement). Il existe dans la<br />

littérature <strong>de</strong>s chiffres qui correspon<strong>de</strong>nt au déplacement antérieur<br />

mandibulaire maximal possible (Farrar, Dawson). En pratique, c’est<br />

le contrôle clinique qui va permettre au praticien <strong>de</strong> déterminer s’il<br />

peut stabiliser la position thérapeutique par la suite ou s’il est obligé<br />

<strong>de</strong> réaliser le traitement en <strong>de</strong>hors du disque, et si l’avancée<br />

mandibulaire nécessaire pour obtenir une ouverture sans<br />

claquement articulaire est possible. Si l’antéposition discale est<br />

asymétrique, souvent le repositionnement <strong>de</strong> la mandibule doit se<br />

réaliser en latéropropulsion.<br />

La gouttière <strong>de</strong> repositionnement est habituellement maxillaire. On<br />

confectionne un appareil comportant un mur <strong>de</strong> guidage qui, à la<br />

fermeture, entraîne la mandibule vers ce point, et qui comporte <strong>de</strong>s<br />

in<strong>de</strong>ntations pour l’y maintenir. Le réglage <strong>de</strong> ce type <strong>de</strong> gouttière<br />

peut être réalisé en bouche ou en laboratoire, après avoir déterminé<br />

la position thérapeutique. Le repérage clinique <strong>de</strong> cette position est<br />

35


23-446-D-10 <strong>Pathologie</strong> <strong>non</strong> <strong>traumatique</strong> <strong>de</strong> l’articulation temporomandibulaire Odontologie<br />

proposé par la plupart <strong>de</strong>s auteurs : le patient doit ouvrir la bouche<br />

au-<strong>de</strong>là du claquement d’ouverture (qui correspond à la recaptation<br />

<strong>de</strong>s pièces articulaires) puis refermer dans une position propulsée,<br />

au moins en bout à bout incisif ; il doit ensuite reculer très lentement<br />

afin <strong>de</strong> permettre au praticien <strong>de</strong> percevoir le claquement <strong>de</strong> retour.<br />

La position thérapeutique se trouve juste avant la perte <strong>de</strong> la<br />

coaptation <strong>de</strong>s surfaces condylodiscales. Cette position est marquée<br />

sur la gouttière, soit directement en bouche (par ajout <strong>de</strong> résine<br />

autopolymérisable), soit en laboratoire. Pour la réalisation en<br />

laboratoire, il faut réaliser une cire d’occlusion (cire Moyco) dans la<br />

position thérapeutique, cire qui va servir au montage sur<br />

l’articulateur. Pour ces gouttières confectionnées en laboratoire, la<br />

vérification clinique est obligatoire, l’existence d’interférences lors<br />

du mouvement <strong>de</strong> fermeture dans les in<strong>de</strong>ntations nécessite un<br />

refaçonnage clinique <strong>de</strong> la face occlusale. Les in<strong>de</strong>ntations doivent<br />

être bien marquées pour assurer un bon calage <strong>de</strong> la mandibule dans<br />

la position thérapeutique, sans permettre le recul mandibulaire.<br />

La coaptation condylodiscale a comme conséquence une inocclusion<br />

postérieure et le patient doit être informé <strong>de</strong> l’obligation du<br />

traitement <strong>de</strong> stabilisation. Pendant la durée du traitement,<br />

l’inocclusion molaire est compensée par l’épaisseur <strong>de</strong> la gouttière.<br />

Au retrait <strong>de</strong> celle-ci, en absence <strong>de</strong> traitement <strong>de</strong> stabilisation, le<br />

patient recherchera inconsciemment le contact <strong>de</strong>s faces triturantes<br />

afin <strong>de</strong> pouvoir écraser le bol alimentaire, le condyle va alors être<br />

refoulé en arrière dans la cavité glénoï<strong>de</strong> et il y aura décoaptation<br />

condylodiscale, se manifestant cliniquement par la réapparition du<br />

claquement à l’ouverture.<br />

Cette gouttière est portée <strong>de</strong> 4à6mois, impérativement 24 h sur 24,<br />

même pendant les repas. Les contrôles s’effectuent toutes les<br />

3 semaines. Lors <strong>de</strong>s visites <strong>de</strong> contrôle, le praticien doit vérifier<br />

l’intégrité <strong>de</strong> la face occlusale <strong>de</strong> la gouttière, ainsi que la tolérance<br />

musculaire par rapport à cette nouvelle position (et l’absence <strong>de</strong><br />

bruits articulaires). La réapparition <strong>de</strong> bruits articulaires doit rendre<br />

le praticien très pru<strong>de</strong>nt par rapport à la réussite du traitement. Elle<br />

signifie soit l’existence d’un bruxisme (qui a déterminé l’usure <strong>de</strong>s<br />

in<strong>de</strong>ntations et par conséquent une instabilité mandibulaire), soit<br />

une hyperlaxité ligamentaire. Si cette situation se renouvelle, il est<br />

pru<strong>de</strong>nt quelquefois <strong>de</strong> re<strong>non</strong>cer au repositionnement et <strong>de</strong> se<br />

concentrer alors uniquement sur les problèmes algiques.<br />

Selon certains auteurs, après 2à3mois, on effectue <strong>de</strong>s tentatives<br />

<strong>de</strong> recul mandibulaire par meulages progressifs <strong>de</strong>s in<strong>de</strong>ntations et<br />

lorsque le claquement réapparaît, ces auteurs considèrent que l’on<br />

atteint une position qui ne peut être dépassée. Nous ne partageons<br />

pas cette analyse. Pour nous, une fois la position asymptomatique<br />

découverte, il convient d’effectuer le traitement en la prenant comme<br />

référence.<br />

Il est inutile, même dangereux, <strong>de</strong> débuter le protocole <strong>de</strong><br />

repositionnement mandibulaire avant d’avoir la certitu<strong>de</strong> que le<br />

36<br />

1<br />

3<br />

2<br />

39 Manœuvre <strong>de</strong> Farrar et<br />

Mc Carthy (d’après Rozencweig<br />

[77] ).<br />

patient ait compris ce à quoi il s’engage et d’avoir son engagement<br />

à suivre ce traitement <strong>de</strong> stabilisation jusqu’à son terme.<br />

Dans les cas <strong>de</strong> luxation discale réductible tardive, ainsi que dans<br />

les cas où il faut réaliser une latéropropulsion mandibulaire, le<br />

praticien peut difficilement prévoir avec exactitu<strong>de</strong> la nature du<br />

traitement <strong>de</strong> stabilisation : orthodontique, orthodonticochirurgical,<br />

prothétique. Le patient doit être informé <strong>de</strong> toutes les éventualités<br />

possibles.<br />

Dans les cas <strong>de</strong> luxation condylodiscale réductible, la gouttière <strong>de</strong><br />

repositionnement est la suite logique d’une gouttière <strong>de</strong><br />

reconditionnement neuromusculaire (« Même si j’ai constaté <strong>de</strong>s<br />

claquements réciproques, j’ai intérêt à avoir une bonne résolution<br />

musculaire et à faire porter une gouttière lisse ». Valentin [93] ),<br />

d’autant plus que le port d’une gouttière lisse va permettre au<br />

patient <strong>de</strong> s’habituer à une gouttière et <strong>de</strong> réfléchir au traitement <strong>de</strong><br />

stabilisation (qui va <strong>de</strong>voir être réalisé après le port <strong>de</strong> la gouttière<br />

<strong>de</strong> repositionnement).<br />

– Gouttière <strong>de</strong> décompression : elle a été proposée pour favoriser la<br />

transformation du ligament rétrodiscal en néodisque (discisation).<br />

Cette gouttière est indiquée dans tous les cas où le traitement se<br />

réalise en <strong>de</strong>hors du disque, donc dans les cas <strong>de</strong> luxation discale<br />

irréductible et certains cas <strong>de</strong> luxation discale réductible tardive où<br />

une indication chirurgicale <strong>de</strong> repositionnement discal n’a pas été<br />

posée. Ce type <strong>de</strong> gouttière favorise une bascule mandibulaire<br />

antérieure lors <strong>de</strong> la mastication, bascule qui entraîne un<br />

abaissement du condyle ; le ligament rétrodiscal n’étant plus<br />

comprimé s’épaissit et se modifie en néodisque. Certes, ce néodisque<br />

est plus fragile (moins résistant à la pression) que le disque luimême,<br />

mais la réalisation par la suite d’un bon équilibre occlusal<br />

<strong>de</strong>vrait assurer sa pérennité.<br />

La gouttière <strong>de</strong> décompression est réalisée au laboratoire. Les<br />

modèles sont montés sur articulateur en « relation centrée » (fausse<br />

relation centrée en raison du déplacement discal, mais seule position<br />

enregistrable). Une feuille d’étain <strong>de</strong> 0,5 mm d’épaisseur est<br />

introduite dans le boîtier condylien <strong>de</strong> l’articulateur au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> la<br />

boule condylienne. Cette épaisseur est équivalente à la<br />

décompression qui va être obtenue avec la gouttière. Le réglage sur<br />

articulateur se fait comme pour une gouttière <strong>de</strong> reconditionnement<br />

neuromusculaire, avec <strong>de</strong>s contacts punctiformes simultanés <strong>de</strong><br />

toutes les pointes cuspidiennes antagonistes. Lors <strong>de</strong> l’application<br />

intraorale, les contacts vont se manifester uniquement en région<br />

postérieure, avec une inocclusion antérieure d’environ 1 mm. Cette<br />

gouttière est portée 24 h sur 24 pendant 6à8mois. Lors <strong>de</strong> chaque<br />

contrôle, le praticien vérifie l’apparition <strong>de</strong> contacts antérieurs. Pour<br />

continuer la décompression, il peut rajouter une fine couche <strong>de</strong><br />

résine autopolymérisable en zone postérieure. Lorsqu’il y a absence<br />

<strong>de</strong>s contacts antérieurs, la décompression est considérée comme


Odontologie <strong>Pathologie</strong> <strong>non</strong> <strong>traumatique</strong> <strong>de</strong> l’articulation temporomandibulaire 23-446-D-10<br />

40 Exemple <strong>de</strong> gouttière <strong>de</strong> relaxation musculaire.<br />

terminée. À partir <strong>de</strong> ce moment, on estime que le néodisque est<br />

formé. La gouttière peut être transformée en fonction <strong>de</strong> la<br />

pathologie restante en gouttière musculaire ou en gouttière <strong>de</strong><br />

repositionnement (fig 40)<br />

Nous n’y voyons que <strong>de</strong> rares indications en raison <strong>de</strong> la longueur<br />

<strong>de</strong> port nécessaire et du risque <strong>de</strong> changements <strong>de</strong> position <strong>de</strong>ntaire<br />

<strong>de</strong> nature orthodontique qui se produisent en regard <strong>de</strong> la béance<br />

antérieure entraînée.<br />

.<br />

• Ajustement occlusal<br />

L’ajustement occlusal par meulages sélectifs a été décrit par Bonwill<br />

en 1887. Cette proposition fut ensuite reprise par un grand nombre<br />

d’auteurs, parmi lesquels Lauritzen, Lindblom, Jankelson, Wirth,<br />

Smukler, Solnit. Schuyler [81] a défini en 1935 les principes généraux<br />

<strong>de</strong> ce type <strong>de</strong> correction occlusale.<br />

Il est indéniable que l’ajustement occlusal par meulages sélectifs a<br />

un certain nombre d’indications dans la pathologie dysfonctionnelle<br />

<strong>de</strong> l’articulation temporomandibulaire, mais cette technique n’est<br />

pas une panacée et ne saurait être opposée à tous les cas <strong>de</strong> trouble<br />

occlusal. L’ajustement occlusal peut être utilisé seul ou en<br />

association avec d’autres thérapeutiques prothétiques ou<br />

orthodontiques par exemple.<br />

Le but <strong>de</strong> l’ajustement occlusal n’est pas <strong>de</strong> transformer les surfaces<br />

occlusales <strong>de</strong>s <strong>de</strong>nts en surface plane, mais bien <strong>de</strong> supprimer les<br />

contacts prématurés et les interférences éventuellement existantes. Il<br />

faut souligner que cette technique est une technique mutilante, et<br />

que son indication et sa réalisation doivent obéir à un certain<br />

nombre <strong>de</strong> règles précises (fig 41).<br />

Pratiquement tous les patients exempts <strong>de</strong> pathologie présentent une<br />

différence <strong>de</strong> position entre la relation centrée et l’occlusion<br />

d’intercuspidation maximale (cf supra). Cette différence semble<br />

indispensable à un bon fonctionnement <strong>de</strong> l’appareil manducateur,<br />

ainsi que le souligne Rozencweig [77] . Les ajustements occlusaux<br />

doivent ménager cet espace <strong>de</strong> liberté, en permettant un glissement<br />

entre la position <strong>de</strong> relation centrée et la position d’intercuspidation<br />

maximale, ce glissement <strong>de</strong>vant se produire habituellement sur une<br />

longueur <strong>de</strong> 0,2 à 0,7 mm. C’est ce que l’on dénomme long centric<br />

physiologic, que Spirgi a montré qu’il est indispensable <strong>de</strong> ménager.<br />

Cet ajustement occlusal ne doit être entrepris qu’après l’étu<strong>de</strong><br />

parfaite <strong>de</strong>s points supports <strong>de</strong> l’occlusion et <strong>de</strong>s contacts<br />

prématurés et <strong>de</strong>s interférences. Ceci impose donc que l’on ait<br />

obtenu au préalable une décontraction musculaire, ce qui passe<br />

pratiquement toujours par le port préalable d’une gouttière <strong>de</strong><br />

relaxation musculaire.<br />

Selon Rozencweig, sauf s’il existe <strong>de</strong>s interférences latérales<br />

grossières, il semble souhaitable :<br />

– d’effectuer un ajustement occlusal en éliminant dans l’ordre :<br />

– les prématurités en relation centrée ;<br />

– les interférences sur le trajet <strong>de</strong> la relation centrée à<br />

l’intercuspidation maximale ;<br />

– les interférences en latéralité ;<br />

– les interférences en propulsion ;<br />

– et <strong>de</strong> finir par aménager le guidage antérieur.<br />

– Élimination <strong>de</strong>s prématurités en relation centrée.<br />

Certains contacts prématurés surviennent au cours <strong>de</strong>s mouvements<br />

<strong>de</strong> fermeture en relation centrée et provoquent un déplacement <strong>de</strong><br />

la mandibule dans le plan sagittal. Ce contact prématuré est alors<br />

situé sur le versant mésial <strong>de</strong>s <strong>de</strong>nts supérieures ou sur le versant<br />

distal <strong>de</strong>s <strong>de</strong>nts inférieures. La règle du meulage consiste à corriger<br />

le versant mésial <strong>de</strong>s <strong>de</strong>nts supérieures ou le versant distal <strong>de</strong>s <strong>de</strong>nts<br />

inférieures : règle MSDI (mésial supérieur distal inférieur). Le<br />

meulage doit respecter les butées d’occlusion en intercuspidation<br />

maximale sur les <strong>de</strong>nts considérées.<br />

– Correction <strong>de</strong>s interférences <strong>de</strong> la position <strong>de</strong> relation centrée à la<br />

position d’intercuspidation maximale.<br />

Les interférences provoquent un déplacement <strong>de</strong> la mandibule à<br />

droite ou à gauche. Le contact prématuré sur un versant vestibulaire<br />

maxillaire donne lieu à un glissement en direction vestibulaire. Le<br />

meulage s’effectue sur le versant vestibulaire <strong>de</strong>s <strong>de</strong>nts maxillaires<br />

et sur le versant lingual <strong>de</strong>s <strong>de</strong>nts mandibulaires : règle VSLI<br />

(vestibulaire supérieur lingual inférieur). Le contact prématuré sur<br />

un versant palatin maxillaire donne lieu à un glissement en direction<br />

palatine. Le meulage s’effectue sur le versant palatin <strong>de</strong>s <strong>de</strong>nts<br />

maxillaires et le versant vestibulaire <strong>de</strong>s <strong>de</strong>nts mandibulaires : règle<br />

LSVI (lingual supérieur vestibulaire inférieur).<br />

– Élimination <strong>de</strong>s interférences au cours <strong>de</strong>s mouvements latéraux.<br />

– Du côté <strong>non</strong> travaillant : le but est d’éliminer tout contact<br />

apparaissant lorsque les <strong>de</strong>nts inférieures quittent la relation<br />

centrée en direction linguale. La règle <strong>de</strong> meulage pour le côté<br />

<strong>non</strong> travaillant est la règle VSLI : meuler les versants vestibulaires<br />

<strong>de</strong>s <strong>de</strong>nts maxillaires supérieures et/ou les versants linguaux <strong>de</strong>s<br />

<strong>de</strong>nts mandibulaires.<br />

– Du côté travaillant : une fois choisie une fonction groupe ou<br />

une fonction canine, la règle <strong>de</strong> correction appliquée est LSVI :<br />

meulage <strong>de</strong>s versants palatins <strong>de</strong>s <strong>de</strong>nts maxillaires et/ou <strong>de</strong>s<br />

versants vestibulaires <strong>de</strong>s <strong>de</strong>nts mandibulaires. Le meulage<br />

s’effectue généralement en créant <strong>de</strong>s sillons dans le sens <strong>de</strong>s<br />

mouvements.<br />

– Élimination <strong>de</strong>s interférences en propulsion.<br />

Seules les <strong>de</strong>nts antérieures doivent entrer en contact. Si <strong>de</strong>s contacts<br />

apparaissent sur les <strong>de</strong>nts postérieures, ils doivent être éliminés et<br />

la règle <strong>de</strong> correction est DSMI : meuler les versants distaux <strong>de</strong>s<br />

<strong>de</strong>nts supérieures ou dans certains cas les versants mésiaux <strong>de</strong>s<br />

<strong>de</strong>nts inférieures.<br />

– Harmonisation du guidage antérieur.<br />

La correction du groupe incisivocanin tend vers l’harmonisation du<br />

guidage antérieur par meulage <strong>de</strong>s surfaces linguales <strong>de</strong>s <strong>de</strong>nts<br />

maxillaires ou <strong>de</strong>s surfaces vestibulaires <strong>de</strong>s <strong>de</strong>nts mandibulaires,<br />

sans réduire les butées occlusales. Les contacts doivent être assurés<br />

sur le plus grand nombre <strong>de</strong> <strong>de</strong>nts pour une prise en charge<br />

37


23-446-D-10 <strong>Pathologie</strong> <strong>non</strong> <strong>traumatique</strong> <strong>de</strong> l’articulation temporomandibulaire Odontologie<br />

V L L<br />

41 Ajustement occlusal (d’après Abjean et Latino).<br />

A. Remo<strong>de</strong>lage d’une facette d’usure située sur une cuspi<strong>de</strong> support.<br />

B. Remo<strong>de</strong>lage d’une facette d’usure située près d’une fosse.<br />

C. Élimination d’un contact prématuré (sur 24).<br />

D. Régularisation <strong>de</strong> la courbe <strong>de</strong> Spee (élimination d’un contact prématuré sur<br />

35).<br />

E. Régularisation <strong>de</strong> la courbe <strong>de</strong> Wilson (élimination d’un contact prématuré sur<br />

46).<br />

V côté vestibulaire, L côté lingual.<br />

équilibrée et divisée par l’ensemble <strong>de</strong>s <strong>de</strong>nts antérieures<br />

(Rozencweig [77] ).<br />

– L’ajustement occlusal est terminé en corrigeant éventuellement les<br />

contacts <strong>de</strong>ntaires lors <strong>de</strong> la déglutition, <strong>de</strong> façon à obtenir <strong>de</strong>s<br />

contacts ponctuels et répartis sur le plus grand nombre <strong>de</strong> <strong>de</strong>nts,<br />

pendant ce mouvement physiologique.<br />

– La coronoplastie est parfois associée à l’orthodontie pendant ou<br />

après le traitement pour affiner les contacts ou éliminer les<br />

interférences. L’ajustement occlusal est également souvent associé à<br />

une réfection prothétique : les <strong>de</strong>nts antagonistes <strong>de</strong>s prothèses sont<br />

souvent égressées, versées, éventuellement porteuses <strong>de</strong><br />

reconstruction ou <strong>de</strong> reconstitution inadéquate et se doivent d’être<br />

modifiées avant la réalisation <strong>de</strong> celles-ci.<br />

• Traitement prothétique<br />

Les reconstructions prothétiques sont très souvent indispensables.<br />

Elles sont envisagées naturellement pour compléter les arca<strong>de</strong>s<br />

é<strong>de</strong>ntées, mais aussi en remplacement d’anciennes prothèses<br />

inadaptées et/ou pour compenser une perte <strong>de</strong> la dimension<br />

verticale d’occlusion. Là aussi, la thérapeutique occlusale est<br />

rarement utilisée seule. Elle peut être utilisée en association avec<br />

<strong>de</strong>s coronoplasties et/ou <strong>de</strong>s meulages occlusaux ou bien avec un<br />

traitement orthodontique. Elle peut faire appel à <strong>de</strong>s techniques<br />

implantaires.<br />

La restauration prothétique est bien entendu précédée d’une analyse<br />

occlusale clinique et d’une analyse occlusale sur articulateur, <strong>de</strong> la<br />

38<br />

*A *B *C *D *E<br />

*F *G *H *I<br />

*J *K<br />

F. Correction <strong>de</strong>s interférences <strong>de</strong> déviation vers la joue.<br />

G. Correction <strong>de</strong>s interférences <strong>de</strong> déviation vers la langue.<br />

H. Correction <strong>de</strong>s interférences en latéralité <strong>non</strong> travaillante.<br />

I. Correction <strong>de</strong>s interférences en latéralité travaillante.<br />

J. Élimination <strong>de</strong>s interférences en protrusion.<br />

K. Harmonisation du guidage antérieur (meulage <strong>de</strong>s surfaces linguales <strong>de</strong>s incisives<br />

maxillaires ou <strong>de</strong>s surfaces vestibulaires <strong>de</strong>s incisives mandibulaires sans réduire les<br />

butées occlusales).<br />

mise en place d’une gouttière occlusale <strong>de</strong> relaxation musculaire et<br />

<strong>de</strong>s éliminations <strong>de</strong>s interférences par meulages sélectifs.<br />

Dans le cas <strong>de</strong> réalisation <strong>de</strong> prothèses conjointes, il convient <strong>de</strong><br />

passer par la réalisation d’une prothèse transitoire qui, entre autres,<br />

permet le contrôle <strong>de</strong> la fonction occlusale et permet d’apporter une<br />

confirmation <strong>de</strong>s hypothèses thérapeutiques. Cette prothèse<br />

transitoire est réalisée selon la technique décrite par Colin (1989),<br />

qui comprend un montage sur articulateur, une réalisation <strong>de</strong> la<br />

maquette en cire ajoutée (wax up), la confection <strong>de</strong> la gouttière<br />

thermoformée et enfin la réalisation <strong>de</strong> la prothèse transitoire en<br />

bouche. Dans le cas <strong>de</strong>s prothèses adjointes, on envisage là aussi le<br />

port d’une prothèse transitoire, <strong>de</strong> préférence selon la métho<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

Tench.<br />

Il convient <strong>de</strong> redonner une dimension verticale d’occlusion ou <strong>de</strong><br />

la modifier si elle avait été perturbée par une prothèse antérieure.<br />

La diminution <strong>de</strong> cette dimension est d’ailleurs beaucoup plus<br />

fréquente que son augmentation (iatrogène). Pour redonner cette<br />

dimension, <strong>de</strong> nombreux auteurs ont décrit <strong>de</strong>s techniques<br />

utilisables lorsque l’on peut réaliser <strong>de</strong>s examens avant les<br />

extractions <strong>de</strong>ntaires ou lorsque l’on peut disposer <strong>de</strong> documents<br />

réalisés avant que les extractions n’aient été faites : mesure <strong>de</strong> la<br />

distance entre <strong>de</strong>ux points tatoués au niveau <strong>de</strong> la gencive attachée<br />

<strong>de</strong> l’espace interradiculaire canine-incisive latérale (Silvermann) ;<br />

enregistrement du profil sur une téléradiographie (Crabtree) ou sur<br />

un document photographique (Wright) ; masque en résine


Odontologie <strong>Pathologie</strong> <strong>non</strong> <strong>traumatique</strong> <strong>de</strong> l’articulation temporomandibulaire 23-446-D-10<br />

(Swenson)… Lorsqu’on ne dispose pas <strong>de</strong> documents préextractionnels,<br />

la détermination <strong>de</strong> cette dimension <strong>de</strong>vient plus<br />

délicate. Elle est alors :<br />

– ou relativement empirique et opérateur-dépendante : recherche <strong>de</strong><br />

la dimension verticale d’occlusion (DVO) préférée du patient en<br />

utilisant son sens tactile (Orifino et Héraud) à l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> cales<br />

micrométriques ; détermination <strong>de</strong> la hauteur à l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> la<br />

déglutition en utilisant <strong>de</strong>s cônes <strong>de</strong> cire au niveau <strong>de</strong> certaines<br />

<strong>de</strong>nts (Shanahan, Buchman), qui doivent être écrasés lors <strong>de</strong> la<br />

déglutition ; appréciation <strong>de</strong> la régularité du trajet du cartilage<br />

thyroï<strong>de</strong> lors <strong>de</strong> la déglutition (Malson) ;<br />

– ou fondée sur <strong>de</strong>s données statistiques anthropométriques dont il<br />

convient naturellement <strong>de</strong> relativiser la valeur pour un cas<br />

particulier : il existe différentes règles <strong>de</strong> proportions classiques<br />

(Sigaud, Willis, Landa, Mc Gee, Boyanov, Appenrodt) ou<br />

céphalométriques (57 % <strong>de</strong> la hauteur faciale totale) ; certains<br />

auteurs cherchent à évaluer la DVO par l’intermédiaire <strong>de</strong> la<br />

dimension verticale <strong>de</strong> repos (soit critères esthétiques,<br />

photographiques ou téléradiographiques, soit métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong><br />

« relaxation » ou métho<strong>de</strong>s cinématographiques) ou <strong>de</strong> la dimension<br />

verticale phonétique (Silverman, Pound, Klein, Pouysségur).<br />

La prothèse provisoire est testée en bouche pendant 3à6mois. La<br />

mise en place <strong>de</strong> la restauration définitive est effectuée par secteur<br />

d’arca<strong>de</strong>, en remplaçant successivement les prothèses provisoires,<br />

selon la séquence [34] : restauration du secteur incisif mandibulaire ;<br />

restauration du secteur postérieur mandibulaire ; restauration du<br />

secteur postérieur maxillaire ; restauration du secteur incisif<br />

maxillaire.<br />

• Traitement orthodontique<br />

L’immense majorité <strong>de</strong>s cas <strong>de</strong>vrait relever dans l’absolu d’un<br />

traitement orthodontique. Ce traitement orthodontique peut être<br />

conçu soit seul, soit associé naturellement à une thérapeutique<br />

prothétique. Il existe parfois <strong>de</strong>s indications implantaires<br />

préorthodontiques pour constituer un point d’ancrage postérieur<br />

pour l’orthodontie, implant qui sert éventuellement également plus<br />

tard pour la prothèse.<br />

Pratiquement toutes les malocclusions <strong>de</strong>vraient être traitées par<br />

cette technique, en particulier celles qui entraînent <strong>de</strong>s anomalies<br />

du guidage antérieur : les béances verticales, les anomalies<br />

transversales entraînant <strong>de</strong>s interférences postérieures, les<br />

inocclusions canines en intercuspidation entraînant <strong>de</strong>s interférences<br />

<strong>non</strong> travaillantes et surtout le recouvrement trop important<br />

(supracclusion <strong>de</strong> classe II 2).<br />

Outre le bilan habituel préorthodontique, l’axiographie semble<br />

indispensable. Il faut naturellement envisager <strong>de</strong>s montages<br />

prévisionnels sur articulateur pour simuler l’objectif thérapeutique<br />

dans tous les cas.<br />

Dans le cas <strong>de</strong>s dysmorphoses squelettiques, le traitement doit être<br />

orthodonticochirurgical et bien entendu commencer par la correction<br />

<strong>de</strong>s compensations <strong>de</strong>ntoalvéolaires qui se sont produites<br />

spontanément ou qui, malheureusement parfois, ont été créées par<br />

un traitement orthodontique préalable qui a voulu éviter au patient<br />

une chirurgie qui était indispensable. Dans ces cas, le plan <strong>de</strong><br />

traitement doit être établi en fonction <strong>de</strong>s besoins en association avec<br />

le chirurgien et les spécialistes <strong>de</strong> prothèse.<br />

Ce traitement orthodontique n’est conduit qu’une fois la position<br />

thérapeutique déterminée par une gouttière <strong>de</strong> libération occlusale<br />

et (ou <strong>non</strong>) par une gouttière <strong>de</strong> repositionnement.<br />

Compte tenu <strong>de</strong> la durée du traitement orthodontique, pour pouvoir<br />

gar<strong>de</strong>r la référence <strong>de</strong> la position condylienne thérapeutique<br />

déterminée préalablement, il faut réaliser le plus souvent<br />

l’orthodontie sur gouttière par <strong>de</strong>s procédés tels que celui décrit par<br />

Lumbrosco (1991), c’est-à-dire réaliser un traitement orthodontique<br />

selon la technique segmentée (type Burstone).<br />

À la fin du traitement orthodontique, une finition par meulage<br />

sélectif est le plus souvent indispensable pour parfaire l’équilibre<br />

occlusal. Plus encore que d’autres traitements orthodontiques, la<br />

surveillance doit être très prolongée chez ce type <strong>de</strong> patients.<br />

• Rééducation<br />

Quelle que soit l’expression clinique et l’évolutivité du<br />

dysfonctionnement mandibulaire, les contractures musculaires,<br />

habituellement unilatérales, peuvent induire à elles seules<br />

l’ensemble <strong>de</strong>s troubles rapportés par le patient : bruit masticatoire,<br />

douleur sour<strong>de</strong>, déviation <strong>de</strong> la mandibule au repos puis à<br />

l’ouverture, limitation antalgique <strong>de</strong> la mobilité mandibulaire<br />

pouvant aller jusqu’au trismus.<br />

L’examen du patient, mais pas seulement <strong>de</strong> la mâchoire, permet<br />

habituellement <strong>de</strong> mettre en évi<strong>de</strong>nce :<br />

– bien sûr les contractures <strong>de</strong> la musculature élévatrice d’une ou<br />

rarement <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux articulations temporomandibulaires (masséter,<br />

temporal, ptérygoïdien), sans omettre l’ensemble <strong>de</strong> la musculature<br />

<strong>de</strong> la face et <strong>de</strong> la région ;<br />

– presque toujours un état <strong>de</strong> stress au sens large musculaire ou<br />

psychologique avec les dystonies qu’habituellement il engendre ;<br />

– une irritation cervicale supérieure segmentaire et métamérique,<br />

homolatérale, C1 C2, mais surtout C2 C3, habituellement secondaire<br />

à <strong>de</strong>s troubles <strong>de</strong> la statique vertébrale ;<br />

– <strong>de</strong>s praxies anormales, respiratoires fréquentes (respiration<br />

buccale exclusive), linguale, (malposition) ou <strong>de</strong> la déglutition (<strong>de</strong><br />

type infantile) ;<br />

– <strong>de</strong>s parafonctions (bruxisme, succion <strong>de</strong> pouce...).<br />

Objectifs du traitement kinésithérapique.<br />

À partir d’un bilan musculaire palpatoire et articulaire précis, qui<br />

objective les amplitu<strong>de</strong>s et déviations <strong>de</strong> la mandibule, le<br />

rééducateur doit pouvoir hiérarchiser la prise en charge du patient<br />

et avoir pour ambition :<br />

– la levée <strong>de</strong>s contractures musculaires et la symétrisation <strong>de</strong>s<br />

courses condyliennes ;<br />

– la libération du rachis cervical haut, très souvent impliqué, et la<br />

relaxation tant <strong>de</strong> la face que du patient ;<br />

– à chaque fois que nécessaire, la rééducation <strong>de</strong> la statique<br />

vertébrale, l’inhibition <strong>de</strong>s dyskinésies orofaciales, la modification<br />

du mo<strong>de</strong> respiratoire ou la rééducation <strong>de</strong> la déglutition ;<br />

– sans omettre l’accompagnement psychologique du patient tout au<br />

long du processus rééducatif.<br />

Moyens <strong>de</strong> la kinésithérapie.<br />

– Lutte contre les contractures musculaires.<br />

Elle relève <strong>de</strong> moyens simples, peu coûteux en matériel, mais lourds<br />

en temps :<br />

– la thermothérapie chau<strong>de</strong> est indispensable au début <strong>de</strong> chaque<br />

séance, <strong>de</strong> par <strong>de</strong>s effets sédatifs et décontracturants ; d’une durée<br />

<strong>de</strong> 15 à 20 minutes, notre préférence va aux coussins chauffants ;<br />

– les massages décontracturants complètent immédiatement et<br />

efficacement la thermothérapie ; ils sont complets, locaux bien sûr<br />

(exo- et endobuccaux), locorégionaux (muscles <strong>de</strong> la face et <strong>de</strong>s<br />

peauciers du cou), régionaux (latérocervicaux et trapèze).<br />

– Travail <strong>de</strong> la symétrisation articulaire <strong>de</strong> l’ouverture buccale.<br />

– Propulsion d’abord. Sachant qu’aucune ouverture buccale<br />

supérieure à 2 cm n’est possible sans une propulsion associée et<br />

que toute ouverture buccale est latérodéviée si la propulsion est<br />

asymétrique, il apparaît à l’évi<strong>de</strong>nce que le gain d’amplitu<strong>de</strong> doit<br />

laisser la priorité à la symétrisation préalable d’une antépulsion<br />

permettant <strong>de</strong> retrouver une relation intercondylienne paire et<br />

symétrique.<br />

Ce travail, nécessairement facilité par la relaxation musculaire<br />

initiale, se fait en feed-back (<strong>de</strong>vant miroir en station assise), seul<br />

moyen <strong>de</strong> permettre, par la répétition <strong>de</strong>s gestes, l’autocorrection<br />

<strong>de</strong> la cinèse puis sa corticalisation. À ce sta<strong>de</strong> <strong>de</strong> difficulté majeure<br />

peuvent être rencontrés :<br />

– l’inhibition totale <strong>de</strong> l’antépulsion active avec perte <strong>de</strong><br />

conscience du mouvement ; le recours à <strong>de</strong>s exercices<br />

facilitateurs (protraction <strong>de</strong> langue par exemple) permet <strong>de</strong><br />

passer le cap ;<br />

39


23-446-D-10 <strong>Pathologie</strong> <strong>non</strong> <strong>traumatique</strong> <strong>de</strong> l’articulation temporomandibulaire Odontologie<br />

– l’hypertonie <strong>de</strong>s rétropulseurs <strong>de</strong> la face (houppe du menton)<br />

ou du plancher <strong>de</strong> bouche nécessite un travail préalable<br />

d’inhibition <strong>de</strong> cette musculature.<br />

– Ouverture buccale ensuite, dans les mêmes conditions, avec les<br />

mêmes impératifs <strong>de</strong> symétrisation. Le travail <strong>de</strong> l’ouverture buccale<br />

complète la séance, nécessairement associé à une propulsion, et ce<br />

jusqu’à l’obtention d’une course articulaire symétrique et<br />

satisfaisante en amplitu<strong>de</strong>. À ce sta<strong>de</strong>, trois erreurs doivent être<br />

évitées :<br />

– évi<strong>de</strong>mment le travail <strong>de</strong> l’ouverture buccale sans antépulsion<br />

au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> 2 cm d’ouverture, ce qui majorerait le conflit du<br />

complexe méniscoptérygoïdien ;<br />

– l’augmentation <strong>de</strong>s amplitu<strong>de</strong>s d’ouverture sur une course<br />

sinusoïdale ou latérodéviée, ce qui entérinerait le conflit ;<br />

– le recours aux postures <strong>de</strong> la mandibule sur <strong>de</strong>s muscles <strong>non</strong><br />

relaxés, ce qui majorerait les contractures, les douleurs et bien sûr<br />

la perte d’amplitu<strong>de</strong>.<br />

– Douleurs projetées d’origine cervicale<br />

Très fréquemment associées dans la genèse du syndrome, la<br />

rééducation du rachis cervical supérieur est le plus souvent<br />

indispensable et relève <strong>de</strong> techniques traditionnelles, à la limite du<br />

sujet :<br />

– traitement décontracturant par massages et/ou physiothérapie<br />

adaptée ;<br />

– réharmonisation articulaire manuelle douce type traction axiale<br />

ou technique myotensive ;<br />

– autograndissement axial symétrique en fixation <strong>de</strong> la ceinture<br />

scapulaire.<br />

– Relaxation.<br />

Les répercussions du dysfonctionnement mandibulaire sur la vie<br />

sociale, familiale, professionnelle, relationnelle, communicative,<br />

conviviale, ne peuvent qu’aggraver la situation <strong>de</strong> « stress »,<br />

cofacteur toujours présent.<br />

Dès lors, la relaxation <strong>de</strong>vient un complément thérapeutique<br />

intéressant, pouvant relever <strong>de</strong> techniques spécifiques ou tout<br />

simplement <strong>de</strong> l’apprentissage d’une respiration naso-abdominodiaphragmatique.<br />

– Traitements associés.<br />

La rééducation <strong>de</strong>s contractures musculaires à l’origine du<br />

dysfonctionnement mandibulaire bien souvent nécessite un<br />

complément thérapeutique.<br />

Celui-ci peut être :<br />

– médicamenteux, à base essentiellement <strong>de</strong> myorelaxants,<br />

d’antalgiques, plus rarement d’anxiolytiques ;<br />

– orthophonique souvent pour la rééducation <strong>de</strong> la déglutition ;<br />

– et enfin kinésithérapie orthopédique du rachis chaque fois<br />

qu’un dysstatisme vertébral entretient une souffrance du rachis<br />

cervical supérieur.<br />

– Orthophonie et rééducation <strong>de</strong> la déglutition.<br />

Indiquée dans toutes les déglutitions atypiques, la prise en charge<br />

orthophonique a été parfaitement décrite par Deffez et al [20] .<br />

• Traitement chirurgical<br />

De très nombreuses techniques chirurgicales ont été proposées pour<br />

traiter les troubles discoligamentaires et les lésions osseuses dans le<br />

cadre <strong>de</strong> ces syndromes <strong>de</strong> dysfonctionnements. Elles sont<br />

envisagées dans un autre fascicule <strong>de</strong> l’Encyclopédie médicochirurgicale.<br />

Ont été ainsi utilisés :<br />

– <strong>de</strong>s gestes chirurgicaux sur le condyle mandibulaire à type <strong>de</strong><br />

condylectomie, <strong>de</strong> condylotomie, <strong>de</strong> condyloplastie, <strong>de</strong> forage<br />

décompressif ; dans ce groupe <strong>de</strong> techniques, pour nous, seuls les<br />

gestes <strong>de</strong> régularisation <strong>de</strong> la tête condylienne consistant en la<br />

40<br />

suppression d’ostéophytes agressifs, qualifiés par certains <strong>de</strong><br />

« condyloplastie <strong>de</strong> resurfaçage » sont utiles ;<br />

– <strong>de</strong>s gestes sur le versant glénoïdien : pour nous ces gestes n’ont<br />

pas d’indications dans ce cadre ;<br />

– <strong>de</strong>s gestes sur l’appareil discoligamentaire : repositionnement<br />

méniscal, discectomies, discoplasties, discopexies, capsulorraphie.<br />

Nous don<strong>non</strong>s la préférence au repositionnement discal suivi <strong>de</strong><br />

discopexie. La technique <strong>de</strong> discopexie qui a notre préférence est<br />

le renforcement <strong>de</strong>s attaches postéroexternes du disque par<br />

l’intermédiaire d’un lambeau d’aponévrose temporale. Si<strong>non</strong>, ou<br />

en cas d’échec <strong>de</strong> cette technique, nous pensons que la procédure<br />

la plus logique est la fixation du disque au condyle mandibulaire,<br />

<strong>de</strong> préférence sur sa face postérieure. Lorsque le disque est<br />

inutilisable, nous pensons qu’il convient <strong>de</strong> pratiquer une<br />

discectomie suivie d’interposition : la technique que nous utilisons<br />

est simplement la mise en place d’une feuille <strong>de</strong> silicone renforcée<br />

Dacront fixée à l’arca<strong>de</strong> zygomatique, si<strong>non</strong>, ou en cas d’échec <strong>de</strong><br />

cette technique, l’utilisation d’un lambeau <strong>de</strong> temporal à pédicule<br />

antérieur.<br />

• Traitement « psychologique »<br />

Où est la place du traitement « psychologique » ? Qu’est-ce qu’un<br />

traitement <strong>de</strong> ce type ? À quels patients s’adresse-t-il ? Les réponses<br />

à ces questions sont controversées.<br />

Ce type <strong>de</strong> traitement pourrait s’adresser aux patients qui présentent<br />

un bruxisme.<br />

Différents types <strong>de</strong> techniques propres à induire une « relaxation »<br />

ont été proposés au fil du temps : autohypnose <strong>de</strong> Vogt (1893),<br />

« training autogène » <strong>de</strong> Schultz (1912), « rééducation » active du<br />

tonus musculaire <strong>de</strong> Stokvis (1940), hypnose fractionnée progressive<br />

<strong>de</strong> Kretschmer (1949), « rééducation psychotonique » <strong>de</strong><br />

Ajuriaguerra (1959).<br />

En ce qui concerne les techniques <strong>de</strong> bio-feedback que certains auteurs<br />

comme Greene et Laskin [35] , Dahlstrom (1984), Dalen (1986), Ash<br />

(1986) conseillent d’utiliser, les résultats sont discutés : Hutt et<br />

Neigert (1988) notent que s’il existe <strong>de</strong> bons résultats à court terme,<br />

ceux-ci s’estompent assez rapi<strong>de</strong>ment.<br />

Prise en charge du patient<br />

L’examen clinique s’intéresse donc aux différents éléments<br />

précé<strong>de</strong>mment énumérés et comprend naturellement un examen<br />

occlusal approfondi. Les examens paracliniques comprennent un<br />

orthopantomogramme pour permettre d’évaluer grossièrement<br />

l’aspect osseux, ainsi que l’état <strong>de</strong>ntaire. Des téléradiographies <strong>de</strong><br />

face, <strong>de</strong> profil et en position <strong>de</strong> Hirtz sont pratiquement toujours<br />

indispensables. L’examen-clé <strong>de</strong> ce dysfonctionnement est l’examen<br />

IRM <strong>de</strong>s articulations temporomandibulaires.<br />

Dans l’idéal, il conviendrait <strong>de</strong> réaliser une axiographie. Il est vrai<br />

que cet examen n’apporte guère d’éléments supplémentaires au plan<br />

diagnostique par rapport à l’examen clinique et à l’examen IRM,<br />

mais il a l’immense avantage <strong>de</strong> permettre <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>r une trace<br />

objective <strong>de</strong> la situation <strong>de</strong> l’appareil manducateur à un moment<br />

donné et également l’avantage <strong>de</strong> pouvoir suivre d’une manière<br />

objective l’évolution et les résultats <strong>de</strong>s thérapeutiques éventuelles.<br />

Le plus souvent, l’examen clinique et les examens complémentaires<br />

permettent d’affirmer le diagnostic. Parfois cependant, un doute<br />

subsiste quant à la responsabilité d’un trouble <strong>de</strong> l’articulé <strong>de</strong>ntaire<br />

sur la pathologie présentée par le patient, surtout en cas <strong>de</strong> douleurs<br />

erratiques <strong>non</strong> caractéristiques ou <strong>de</strong> signes qui pourraient être<br />

attribués à la pathologie articulaire, tels que les signes otologiques.<br />

Une attitu<strong>de</strong> répandue est <strong>de</strong> considérer que « comme aucune<br />

thérapeutique n’a fait la preuve <strong>de</strong> sa supériorité, étant donné<br />

l’histoire <strong>de</strong> la maladie qui évolue cliniquement par poussées, le<br />

consensus est qu’il est préférable <strong>de</strong> privilégier <strong>de</strong>s traitements <strong>non</strong><br />

agressifs et réversibles ». Certains auteurs invoquent un manque <strong>de</strong><br />

succès <strong>de</strong>s traitements « définitifs » et la baisse du taux <strong>de</strong> succès <strong>de</strong><br />

ces traitements passé un délai <strong>de</strong> 3 ou 4 ans jusqu’à 20 ou 40 %<br />

(We<strong>de</strong>l et Carlsson en 1986, Moloney et Holuard en 1986), sans que


Odontologie <strong>Pathologie</strong> <strong>non</strong> <strong>traumatique</strong> <strong>de</strong> l’articulation temporomandibulaire 23-446-D-10<br />

soient vraiment explicités la nature et le mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> réalisation <strong>de</strong> tels<br />

traitements. D’autres soulignent l’efficacité <strong>de</strong>s placebos (dans 52 %<br />

<strong>de</strong>s cas pour Laskin et Greene, 1972) bien que ce taux ne semble pas<br />

différent <strong>de</strong> celui relevé dans d’autres pathologies.<br />

Cette attitu<strong>de</strong> est éminemment discutable, d’autant plus que<br />

l’évolution à long terme <strong>de</strong> ces dysfonctionnements est très mal<br />

connue (<strong>de</strong> Leeuw, 1996). S’il semble évi<strong>de</strong>nt qu’il convient <strong>de</strong><br />

privilégier dans tous les cas <strong>de</strong>s traitements <strong>non</strong> agressifs à résultats<br />

i<strong>de</strong>ntiques, il semble qu’il convient en fait <strong>de</strong> privilégier les<br />

thérapeutiques logiques et surtout les thérapeutiques étiologiques.<br />

Ce n’est que <strong>de</strong>vant l’absence ou l’impossibilité <strong>de</strong> traitement<br />

étiologique que l’on doit se résoudre à une autre thérapeutique, qui<br />

n’est alors que symptomatique, en rappelant que cette thérapeutique<br />

symptomatique ne peut éviter l’aggravation progressive <strong>de</strong><br />

l’affection.<br />

Un <strong>de</strong>s problèmes soulevés par l’assertion précé<strong>de</strong>mment citée est :<br />

qu’est-ce qu’un traitement agressif ? Nous ne considérons pas<br />

qu’une normalisation <strong>de</strong> l’occlusion soit un traitement agressif. Il<br />

nous semble qu’un traitement étiologique est toujours nécessaire,<br />

mais qu’il peut ne plus être suffisant. Au sta<strong>de</strong> <strong>de</strong> la<br />

symptomatologie purement musculaire, un traitement étiologique<br />

bien conduit <strong>de</strong>vrait toujours être suffisant. Le problème est <strong>de</strong><br />

déterminer quel est le traitement étiologique adapté, en particulier<br />

dans la normalisation <strong>de</strong>s conditions mécaniques <strong>de</strong> fonctionnement<br />

<strong>de</strong>s articulations. Ceci n’empêche pas, au contraire, qu’il faille<br />

éliminer, ou essayer d’éliminer les parafonctions.<br />

Dire que la maladie évolue par poussées semble un raccourci<br />

discutable. La maladie évolue vers une aggravation progressive,<br />

mais cette notion d’aggravation est tempérée par <strong>de</strong>s phénomènes<br />

itératifs d’adaptation <strong>de</strong> l’articulation telle la discision par exemple,<br />

et <strong>de</strong> mauvaises conditions mécaniques ou physiques. L’évolution<br />

n’est pas fondamentalement différente <strong>de</strong> celle <strong>de</strong>s maladies<br />

arthrosiques d’autres articulations. Attendre un sta<strong>de</strong> évolutif<br />

avancé ne semble pas être une bonne recommandation dans la<br />

mesure où, à ce sta<strong>de</strong>, <strong>de</strong>s traitements étiologiques seront toujours<br />

nécessaires mais ne seront sans doute plus suffisants, compte tenu<br />

<strong>de</strong>s lésions articulaires organiques qui se seront constituées, et qu’il<br />

faudra alors y adjoindre <strong>de</strong>s thérapeutiques qui <strong>de</strong>viendraient<br />

réellement agressives.<br />

Il nous semble qu’il faut considérer les lésions articulaires en regard<br />

<strong>de</strong> la taille <strong>de</strong> l’articulation. Une luxation discale antérieure<br />

réductible et a fortiori irréductible sous-entend une distension<br />

ligamentaire considérable, eu égard justement à la taille <strong>de</strong> cette<br />

articulation.<br />

Il nous semble que l’attitu<strong>de</strong> la plus logique, lorsque la pathologie<br />

articulaire est sans rapport avec un trouble <strong>de</strong> l’articulé <strong>de</strong>ntaire<br />

et/ou une parafonction, est qu’il faille naturellement se tourner vers<br />

le traitement étiologique. Le traitement est habituellement médical,<br />

d’obédience rhumatologique. Cependant, un certain nombre <strong>de</strong><br />

pathologies <strong>de</strong> ce type ont induit <strong>de</strong>s <strong>de</strong>structions articulaires telles<br />

qu’un geste chirurgical à visée reconstructrice peut être envisagé<br />

dans certains cas sur l’articulation.<br />

Une pathologie articulaire rhumatologique peut être associée à un<br />

trouble <strong>de</strong> l’occlusion. Dans les cas précé<strong>de</strong>mment énumérés, où les<br />

troubles <strong>de</strong> l’occlusion sont potentiellement générateurs <strong>de</strong><br />

dysfonctions articulaires, il nous semble qu’il est logique <strong>de</strong><br />

proposer leur correction pour éviter que ce trouble <strong>de</strong> l’occlusion ne<br />

vienne aggraver la pathologie rhumatologique elle-même. De la<br />

même manière, lorsqu’il existe une parafonction associée, il semble<br />

logique d’en proposer l’éradication.<br />

Lorsqu’il s’agit d’une pathologie articulaire que l’on juge en rapport<br />

avec un trouble <strong>de</strong> l’articulé <strong>de</strong>ntaire et/ou une parafonction, on<br />

distingue trois sta<strong>de</strong>s :<br />

– le sta<strong>de</strong> d’une symptomatologie musculaire pure ;<br />

– le sta<strong>de</strong> d’une luxation discale antérieure ;<br />

– le sta<strong>de</strong> d’une atteinte osseuse.<br />

• Au sta<strong>de</strong> <strong>de</strong> la symptomatologie musculaire pure<br />

Les thérapeutiques symptomatiques peuvent bien sûr être utilisées<br />

(antalgiques, décontracturants musculaires). Les parafonctions<br />

doivent être éradiquées (kinésithérapie, « psychothérapie », gouttière<br />

<strong>de</strong> relaxation musculaire à port nocturne...).<br />

Pour nous, les troubles <strong>de</strong> l’occlusion doivent être corrigés à ce<br />

sta<strong>de</strong>. Ceci suppose leur détermination exacte, passant le plus<br />

souvent par le port d’une gouttière <strong>de</strong> relaxation musculaire.<br />

Généralement, cette gouttière est portée 24 heures sur 24 pendant<br />

un laps <strong>de</strong> temps court (<strong>de</strong> 2à3mois).<br />

Le traitement occlusal doit être entrepris, même s’il sous-entend <strong>de</strong>s<br />

thérapeutiques qui peuvent être qualifiées d’« agressives » ou<br />

d’« irréversibles ». Ce traitement occlusal peut être suivant les cas<br />

d’obédience occlusodontiste (meulages sélectifs, coronoplasties),<br />

d’obédience prothétique, d’obédience orthodontique, médicoorthodontique<br />

ou orthodonticochirurgicale (ce qui est le cas le plus<br />

fréquent), voire faisant appel à plusieurs <strong>de</strong> ces moyens<br />

conjointement ou successivement, et s’intéressant aux anomalies<br />

dans les trois plans <strong>de</strong> l’espace.<br />

Le problème majeur est que, à ce sta<strong>de</strong> <strong>de</strong> symptomatologie<br />

musculaire pure, si les thérapeutiques symptomatiques donnent<br />

habituellement <strong>de</strong> bons résultats, le traitement étiologique occlusal<br />

est astreignant pour le patient, surtout lorsqu’il comporte un<br />

traitement orthodontique. Ce traitement orthodontique est assez mal<br />

accepté du point <strong>de</strong> vue psychologique par les patients adultes<br />

(d’autant qu’ils ont souvent déjà eu dans l’enfance un traitement<br />

orthodontique). De plus, un obstacle majeur est représenté par la<br />

<strong>non</strong>-prise en charge <strong>de</strong> ce traitement orthodontique (ce qui nous<br />

semble tout à fait anormal). Il est donc difficile <strong>de</strong> motiver les<br />

patients pour envisager une telle thérapeutique à ce sta<strong>de</strong>, et c’est<br />

pourtant à ce sta<strong>de</strong> que les résultats seraient les meilleurs puisque<br />

les lésions articulaires ne sont pas encore constituées. Nous sommes<br />

à ce sujet d’accord avec Farrar qui déclarait en 1985 : « Seuls les cas<br />

<strong>de</strong> troubles internes pris à leur début peuvent être traités avec<br />

succès, <strong>de</strong> façon à ce que l’on retrouve la bonne position du disque<br />

par occlusothérapie. »<br />

En cas d’impossibilité <strong>de</strong> réaliser ce traitement (impossibilité<br />

technique, ou surtout impossibilité financière ou refus du patient),<br />

le port prolongé d’une gouttière <strong>de</strong> relaxation musculaire peut être<br />

envisagé en tant que pis-aller, en explicitant bien au patient<br />

l’évolution probable du trouble.<br />

• Au sta<strong>de</strong> <strong>de</strong> luxation discale antérieure<br />

Exactement les mêmes recommandations peuvent être faites, la<br />

gouttière <strong>de</strong> relaxation musculaire est habituellement suivie d’une<br />

gouttière <strong>de</strong> repositionnement, voire d’une gouttière <strong>de</strong><br />

décompression en cas <strong>de</strong> luxation irréductible. Les thérapeutiques<br />

symptomatiques peuvent être bien sûr utilisées. Les parafonctions<br />

doivent être éradiquées. Les troubles <strong>de</strong> l’occlusion <strong>de</strong>vraient être<br />

corrigés. Après un traitement étiologique bien conduit, il faut<br />

apprécier l’importance <strong>de</strong>s troubles cliniques résiduels, car il est<br />

quasiment exclu, déjà à ce sta<strong>de</strong>, d’observer une restitutio ad<br />

integrum <strong>de</strong> l’articulation et <strong>de</strong> ses fonctions, en raison <strong>de</strong>s lésions<br />

articulaires déjà constituées. En fonction <strong>de</strong> l’importance <strong>de</strong>s<br />

troubles résiduels, avec un recul suffisant (plusieurs mois) après le<br />

traitement étiologique, <strong>de</strong>vant l’échec d’une thérapeutique<br />

symptomatique, on peut envisager alors <strong>de</strong> discuter avec le patient<br />

d’une indication chirurgicale sur l’articulation, à type <strong>de</strong> discopexie.<br />

Ce n’est que dans <strong>de</strong>s cas particuliers qu’un geste chirurgical pourra<br />

être envisagé avant la réalisation d’un traitement étiologique, c’està-dire<br />

lorsque la symptomatologie clinique empêche la réalisation<br />

d’un traitement étiologique, donc essentiellement dans les cas <strong>de</strong><br />

limitation d’ouverture <strong>de</strong> bouche ne cédant pas aux moyens<br />

habituels médicaux (décontracturants musculaires, kinésithérapie,<br />

toxine botulique) ou lorsqu’il existe une symptomatologie clinique<br />

invalidante incompatible avec un traitement étiologique <strong>de</strong> longue<br />

durée accepté (orthodontie par exemple). Ce geste chirurgical <strong>de</strong><br />

discopexie ou <strong>de</strong> repositionnement méniscal et <strong>de</strong> discopexie doit<br />

être alors immédiatement suivi <strong>de</strong> la mise en place d’une plaque <strong>de</strong><br />

41


23-446-D-10 <strong>Pathologie</strong> <strong>non</strong> <strong>traumatique</strong> <strong>de</strong> l’articulation temporomandibulaire Odontologie<br />

libération occlusale, puis du traitement étiologique. Le problème <strong>de</strong><br />

cette attitu<strong>de</strong> est qu’habituellement un bon résultat est obtenu à la<br />

suite du geste chirurgical, qui fait disparaître la symptomatologie<br />

articulaire et souvent améliore la symptomatologie douloureuse, et<br />

que les patients, <strong>de</strong>vant ce bon résultat immédiat, ne poursuivent<br />

pas le traitement qui leur a été recommandé. À moyen terme, on<br />

aboutit à une récidive <strong>de</strong> la symptomatologie.<br />

À ce sta<strong>de</strong> <strong>de</strong> luxation discale antérieure, lorsqu’il existe une<br />

luxation irréductible, on peut adopter éventuellement une attitu<strong>de</strong><br />

différente, considérant que si, à l’issue du traitement occlusal, il<br />

convient d’envisager une intervention chirurgicale pour les séquelles<br />

à type <strong>de</strong> repositionnement méniscal avec discopexie ou <strong>de</strong><br />

discectomie avec remplacement méniscal, on risque d’entraîner <strong>de</strong>s<br />

modifications occlusales secondaires qui peuvent perturber le<br />

résultat et risquent d’entraîner la nécessité d’une reprise d’une<br />

thérapeutique occlusale. Dans ces cas, on peut envisager, d’une<br />

manière systématique, <strong>de</strong> pratiquer la correction <strong>de</strong> la luxation<br />

méniscale irréductible avant le traitement étiologique. Ce n’est pas<br />

actuellement notre attitu<strong>de</strong>, mais nous pensons qu’elle est également<br />

logique. En effet, si l’assertion « <strong>de</strong>s patients peuvent vivre avec un<br />

disque luxé sans aucune symptomatologie clinique » est vraie, il est<br />

impossible <strong>de</strong> dire combien <strong>de</strong> temps ils pourront vivre ainsi sans<br />

que <strong>de</strong> nouvelles manifestations cliniques apparaissent. En effet, la<br />

réorganisation spontanée <strong>de</strong> la structure bilaminaire est<br />

incontestablement une réalité mais, sur une longue durée, il semble<br />

que ce « néodisque » subisse une dégradation (perforation<br />

essentiellement), et il est très ambitieux <strong>de</strong> prétendre que ce<br />

néodisque possè<strong>de</strong> les mêmes qualités que le disque lui-même.<br />

L’adoption d’une telle attitu<strong>de</strong> rend naturellement les indications<br />

chirurgicales beaucoup plus fréquentes.<br />

• Au sta<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’atteinte osseuse<br />

Les mêmes propositions que dans le paragraphe précé<strong>de</strong>nt se<br />

discutent, en connaissant les limites <strong>de</strong>s diverses thérapeutiques et<br />

sans espérer un résultat parfait.<br />

Dans les cas d’ostéophytose, <strong>de</strong> déformation majeure <strong>de</strong> la tête<br />

condylienne, <strong>de</strong>s techniques chirurgicales complémentaires <strong>de</strong> type<br />

suppression d’ostéophytes agressifs, voire prothèse articulaire,<br />

peuvent être exceptionnellement discutées <strong>de</strong>vant <strong>de</strong>s signes<br />

cliniques très invalidants. Lorsque s’y associe une perforation<br />

méniscale, on peut discuter d’une exceptionnelle réparation<br />

méniscale, mais plus habituellement d’une discectomie avec<br />

remplacement du disque. Ces gestes chirurgicaux sur les lésions<br />

osseuses nous semblent, là aussi, <strong>de</strong>voir être effectués seulement<br />

après une normalisation occlusale.<br />

Il faut signaler les recommandations émises par le groupe <strong>de</strong> travail<br />

<strong>de</strong> l’Agence nationale pour le développement <strong>de</strong> l’évaluation<br />

médicale (Buyle-Bodin, 1996), même si elles semblent relativement<br />

décevantes et ne traduire que <strong>de</strong>s évi<strong>de</strong>nces, ce qui probablement<br />

reflète d’une part la difficulté d’arriver à un consensus au sein d’un<br />

groupe pluridisciplinaire, et d’autre part la gran<strong>de</strong> hétérogénéité <strong>de</strong>s<br />

patients [96] .<br />

– Recommandation n° 1.<br />

L’entretien spécifique doit permettre d’obtenir <strong>de</strong>s informations<br />

précises sur : le motif <strong>de</strong> consultation et les attentes éventuelles du<br />

patient, la douleur et ses caractéristiques, les symptômes<br />

dysfonctionnels (bruits articulaires, dyskinésies, restrictions<br />

fonctionnelles, troubles <strong>de</strong> la sensibilité), l’état général, les<br />

pathologies associées, les éventuelles prises <strong>de</strong> médicaments, les<br />

conditions psychosociales et comportementales, l’historique <strong>de</strong>ntaire<br />

et les résultats d’examens ou traitements précé<strong>de</strong>nts.<br />

– Recommandation n° 2.<br />

L’examen clinique doit comporter : un examen systématique <strong>de</strong> la<br />

musculature masticatrice et environnante, un examen systématique<br />

<strong>de</strong>s composantes <strong>de</strong> la cinématique mandibulaire et un bilan<br />

<strong>de</strong>ntaire clinique anatomique, occlusal et parodontal. L’examen<br />

clinique doit être complété par un examen radiologique<br />

panoramique, permettant la visualisation nette <strong>de</strong>s structures<br />

<strong>de</strong>ntaires, osseuses et articulaires dans leur intégralité.<br />

42<br />

– Recommandation n° 3.<br />

L’imagerie spécifique <strong>de</strong>s articulations temporomandibulaires ne<br />

sera envisagée comme élément <strong>de</strong> confirmation diagnostique que<br />

dans l’hypothèse <strong>de</strong> l’existence d’une lésion anatomique susceptible<br />

d’expliquer la symptomatologie clinique (phénomènes dégénératifs,<br />

<strong>traumatique</strong>s ou désunion condylodiscale). Le libellé <strong>de</strong> la<br />

prescription <strong>de</strong>vra préciser l’hypothèse diagnostique, la nature <strong>de</strong> la<br />

technique d’imagerie à utiliser, le ou les côtés ainsi qu’une<br />

<strong>de</strong>scription précise <strong>de</strong> la ou <strong>de</strong>s positions mandibulaires à explorer.<br />

– Recommandation n° 4.<br />

À ce niveau <strong>de</strong> l’examen, une analyse occlusale sur articulateur est<br />

souvent nécessaire.<br />

– Recommandation n° 5.<br />

Un enregistrement graphique <strong>de</strong> la cinématique mandibulaire peut<br />

être requis selon les cas.<br />

– Recommandation n° 6.<br />

La valeur diagnostique <strong>de</strong>s tests dits kinésiologiques, énergétiques,<br />

ostéopathiques ou posturaux n’a pas reçu à ce jour <strong>de</strong> validation<br />

scientifique.<br />

Dans le cadre <strong>de</strong> la pathologie dysfonctionelle <strong>de</strong> l’articulation<br />

temporomandibulaire, nous nous permettons <strong>de</strong> suggérer les<br />

recommandations suivantes :<br />

– l’examen clinique suffit pour faire le diagnostic d’un dérangement<br />

interne <strong>de</strong> l’articulation temporomandibulaire ;<br />

– le bilan <strong>de</strong> départ d’une luxation condyloméniscale comprend :<br />

un examen clinique <strong>de</strong> la <strong>de</strong>nture avec recherche d’une anomalie<br />

intra-arca<strong>de</strong>, recherche <strong>de</strong> contacts <strong>de</strong>ntaires anormaux lors <strong>de</strong>s<br />

différents mouvements mandibulaires et étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s rapports<br />

statiques et cinétiques entre les <strong>de</strong>ux arca<strong>de</strong>s dans les trois plans <strong>de</strong><br />

l’espace, un panoramique <strong>de</strong>ntaire, un examen IRM <strong>de</strong>s articulations<br />

temporomandibulaires et une étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s modèles en plâtre ;<br />

– il convient <strong>de</strong> privilégier le traitement étiologique par rapport au<br />

traitement symptomatique ;<br />

– lorsqu’une réhabilitation occlusale doit avoir lieu, il convient<br />

d’effectuer un choix justifié parmi les différents moyens<br />

thérapeutiques : meulages sélectifs, coronoplasties, prothèses,<br />

orthodontie, orthopédie, chirurgie orthognathique après<br />

détermination <strong>de</strong> la position mandibulaire asymptomatique à l’ai<strong>de</strong><br />

d’une gouttière <strong>de</strong> relaxation musculaire et/ou d’une gouttière <strong>de</strong><br />

repositionnement ;<br />

– les traitements chirurgicaux (ou arthroscopiques) articulaires ne<br />

doivent être envisagés qu’une fois une normalisation occlusale<br />

effectuée ou dans le cadre d’une prise en charge thérapeutique<br />

comprenant une normalisation occlusale ;<br />

– l’évolution <strong>de</strong>s syndromes <strong>de</strong> dysfonctionnement <strong>de</strong> l’appareil<br />

manducateur doit être contrôlée à plusieurs reprises sur <strong>de</strong><br />

nombreuses années ;<br />

– les critères d’évaluation sont : les signes fonctionnels, les signes<br />

physiques et le retentissement éventuel sur la vie<br />

socioprofessionnelle et familiale du patient.<br />

Il semble qu’il soit souhaitable d’envisager <strong>de</strong> mettre sur pied <strong>de</strong><br />

véritables étu<strong>de</strong>s cliniques scientifiques sur les résultats <strong>de</strong>s<br />

différentes modalités <strong>de</strong> prise en charge avec une vision à long terme<br />

(30 ans). Il serait sans doute souhaitable <strong>de</strong> favoriser l’apparition,<br />

ou <strong>de</strong> permettre le développement, d’équipes véritablement<br />

pluridisciplinaires pour la prise en charge <strong>de</strong> ces pathologies afin<br />

d’apprécier le résultat <strong>de</strong> ce type <strong>de</strong> prise en charge.<br />

Luxation condylodiscale postérieure<br />

Elle est rare (Bellot [9] ), contrairement à l’opinion d’Obwegeser et<br />

Aarnes (1973). Aucun cas n’a été découvert chez <strong>de</strong>s sujets<br />

asymptomatiques (Westesson, 1998).<br />

Pour Bellot, le déplacement discal postérieur peut être « réductible »<br />

(le disque peut venir se remettre en bonne position par rapport au<br />

condyle au cours <strong>de</strong>s mouvements mandibulaires) ou


Odontologie <strong>Pathologie</strong> <strong>non</strong> <strong>traumatique</strong> <strong>de</strong> l’articulation temporomandibulaire 23-446-D-10<br />

42 Luxation condyloglénoïdienne « bloquée ». D : droite ; G : gauche.<br />

« irréductible » dans le cas contraire. Dans le déplacement discal<br />

postérieur réductible, le disque est situé en arrière du condyle en<br />

bouche fermée, le bourrelet postérieur étant à moins <strong>de</strong> 11 heures<br />

d’une horloge dont le centre serait le centre du condyle<br />

mandibulaire et dont midi serait représenté par le sommet du<br />

condyle. Au cours <strong>de</strong> l’ouverture buccale, le disque reprend sa place<br />

au-<strong>de</strong>ssus du condyle. En cas <strong>de</strong> déplacement permanent, le disque<br />

reste en position postérieure en bouche fermée et en bouche<br />

ouverte : soit il y a désunion totale entre le condyle et le disque<br />

(formes <strong>traumatique</strong>s ?), soit disque et condyle restent partiellement<br />

unis.<br />

La pathogénie en est inconnue ; une origine <strong>traumatique</strong><br />

(éventuellement par ouverture buccale forcée) est le plus souvent<br />

invoquée (Blankestijn, 1985) : hématome intra-articulaire, adhérences<br />

temporodiscales <strong>de</strong> nature dégénérative. Un facteur d’hyperlaxité<br />

ligamentaire pourrait intervenir. Selon Honda (1994), une béance<br />

incisive et <strong>de</strong>s anomalies du gui<strong>de</strong> incisif favoriseraient ces<br />

luxations.<br />

Elle se traduit cliniquement par la survenue brutale d’une béance<br />

molaire unilatérale avec une sensation <strong>de</strong> corps étranger intraarticulaire,<br />

habituellement sans épiso<strong>de</strong>s douloureux (à l’occasion<br />

d’une ouverture buccale forcée ou exagérée, ou en post<strong>traumatique</strong>).<br />

L’ouverture <strong>de</strong> bouche est légèrement limitée. Les<br />

bruits articulaires ne sont pas caractéristiques. L’examen IRM va<br />

montrer la position rétrocondyienne du disque luxé. Le bourrelet<br />

postérieur est situé en arrière d’une ligne verticale passant par le<br />

sommet du condyle mandibulaire.<br />

Il n’y a pas <strong>de</strong> consensus thérapeutique. Un traitement<br />

« conservateur » est conseillé en première intention : réduction <strong>de</strong> la<br />

luxation sous anesthésie locale (Blankesjin, 1985), myorelaxants et<br />

antalgiques (Paty, 1990), gouttière occlusale et tractions élastiques<br />

intermaxillaires (Honda, 1994). Un repositionnement chirurgical<br />

peut être fait en cas d’échec (Gallagher [32] ).<br />

LUXATION CONDYLOGLÉNOÏDIENNE<br />

Les luxations condyloglénoïdiennes traduisent une véritable<br />

luxation anatomique, la tête du condyle sortant <strong>de</strong>s limites<br />

anatomiques <strong>de</strong> l’articulation, dépassant le sommet du tubercule<br />

zygomatique et se luxant en avant <strong>de</strong> celui-ci.<br />

Il est classique d’en distinguer <strong>de</strong>ux types : les luxations « bloquées »<br />

et les luxations récidivantes.<br />

Luxations « bloquées »<br />

La luxation « bloquée » est l’acci<strong>de</strong>nt classique qui survient<br />

brutalement : au cours d’un bâillement, d’une ouverture buccale<br />

forcée, surviennent une douleur et un craquement avec une<br />

impossibilité <strong>de</strong> refermer la bouche (fig 42).<br />

Ces luxations nécessitent naturellement une réduction qui doit se<br />

faire précocement. Lorsque le patient est vu dans les minutes ou les<br />

2<br />

1<br />

43 Manœuvre <strong>de</strong> Nélaton (d’après Rozencweig<br />

[77] ).<br />

heures qui suivent la luxation, on peut réussir une réduction<br />

manuelle sans anesthésie. Cette réduction se fait par la classique<br />

manœuvre <strong>de</strong> Nélaton (fig 43) qui réussit dans 90 % <strong>de</strong>s cas au<br />

moins. Il suffit <strong>de</strong> placer ses pouces dans la cavité buccale au niveau<br />

<strong>de</strong>s cuspi<strong>de</strong>s molaires <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux hémiarca<strong>de</strong>s inférieures, les autres<br />

doigts extrabuccaux empoignant les branches horizontales <strong>de</strong>s<br />

maxillaires. Le premier temps est naturellement un mouvement<br />

d’abaissement qui aggrave la béance et qui permet <strong>de</strong> mettre la tête<br />

condylienne à hauteur du tubercule zygomatique, le second<br />

mouvement est un mouvement <strong>de</strong> rétropulsion en maintenant<br />

l’abaissement <strong>de</strong> la branche montante, pour replacer la tête du<br />

condyle dans sa glène.<br />

Lorsque cette manœuvre échoue, il ne convient pas d’aller au-<strong>de</strong>là<br />

<strong>de</strong> <strong>de</strong>ux ou trois tentatives. On peut, comme conseillé classiquement<br />

(Dupuis), réaliser du côté <strong>de</strong> la luxation ou <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux côtés une<br />

anesthésie régionale du nerf <strong>de</strong>ntaire au niveau du trou ovale, ou<br />

bien un attouchement par voie nasale du ganglion sphénopalatin,<br />

mais habituellement, après échec <strong>de</strong> la manœuvre manuelle, cette<br />

réduction est effectuée sous anesthésie générale avec curarisation. Il<br />

est tout à fait exceptionnel que, sous anesthésie générale, il soit<br />

impossible <strong>de</strong> réduire la luxation condyloglénoïdienne, sauf si le<br />

délai écoulé <strong>de</strong>puis la luxation a été très long (plus <strong>de</strong> 3à4jours),<br />

ce qui actuellement ne se rencontre pratiquement plus.<br />

Devant un tel cas <strong>de</strong> figure, il faudrait alors envisager un traitement<br />

chirurgical, sous anesthésie générale (Gottlieb, 1952 ; A<strong>de</strong>keye, 1976 ;<br />

Mizuno, 1980 ; Riquet-Bricard, 1994). Parfois, il suffit <strong>de</strong> réaliser un<br />

abord sous-angulomandibulaire limité pour abor<strong>de</strong>r l’angle<br />

mandibulaire qui est dégagé en sous-périosté. Un orifice y est foré à<br />

la fraise, ce qui permet <strong>de</strong> passer un fil d’acier, d’exercer une traction<br />

vers le bas et d’abaisser la tête du condyle <strong>de</strong> manière plus aisée<br />

que dans la classique manœuvre <strong>de</strong> Nélaton. Ceci permet <strong>de</strong> réduire<br />

la luxation. En cas d’échec <strong>de</strong> cette technique, on peut envisager<br />

l’abord chirurgical <strong>de</strong> l’articulation par une voie d’abord<br />

préauriculaire classique ; la tête articulaire absente <strong>de</strong> la cavité<br />

glénoï<strong>de</strong> est recherchée au-<strong>de</strong>là du tubercule articulaire et réduite<br />

en s’aidant <strong>de</strong> manœuvres instrumentales, en effectuant <strong>de</strong>s<br />

mouvements <strong>de</strong> levier à l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> rugine. Il faut bien entendu<br />

essayer d’éviter <strong>de</strong> léser les surfaces articulaires <strong>de</strong> la cavité glénoï<strong>de</strong><br />

et veiller à ne pas provoquer une fracture du col du condyle.<br />

Il est classique <strong>de</strong> dire que dans ces cas exceptionnels se pose le<br />

problème <strong>de</strong> la conduite à tenir vis-à-vis du disque articulaire. Il est<br />

évi<strong>de</strong>nt que cette luxation antérieure condylienne crée <strong>de</strong>s dégâts<br />

ligamentocapsulaires importants. Le disque est parfois resté dans la<br />

cavité articulaire, perdant ses relations normales avec la tête<br />

condylienne. S’il a gardé par ailleurs ses attaches antérieures et<br />

postérieures, on peut se contenter <strong>de</strong> le refixer lors <strong>de</strong> la fermeture<br />

<strong>de</strong> l’arthrotomie au plan externe <strong>de</strong> la capsule. Le plus souvent, le<br />

disque a suivi la tête condylienne, et il faut essayer <strong>de</strong> le<br />

repositionner sur la tête condylienne réduite et d’assurer un<br />

amarrage postérieur, soit par une réparation <strong>de</strong> cette rupture <strong>de</strong> son<br />

attache postérieure, soit par une discopexie à l’ai<strong>de</strong> d’une ban<strong>de</strong>lette<br />

d’aponévrose temporale, ou encore en fixant le disque à la tête du<br />

condyle. Si ce disque est dilacéré, on doit envisager une discectomie,<br />

suivie <strong>de</strong> la mise en place d’une interposition.<br />

43


23-446-D-10 <strong>Pathologie</strong> <strong>non</strong> <strong>traumatique</strong> <strong>de</strong> l’articulation temporomandibulaire Odontologie<br />

Dans les cas habituels, la réduction manuelle <strong>de</strong> la luxation est<br />

suivie par la mise en place d’une fron<strong>de</strong> mentonnière visant à limiter<br />

les mouvements d’ouverture pendant quelques jours, puis <strong>de</strong>s<br />

conseils alimentaires sont donnés au patient pour éviter une récidive<br />

<strong>de</strong> la luxation pendant la pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> cicatrisation <strong>de</strong>s lésions<br />

ligamentocapsulaires. Un bilan étiologique doit être fait à la<br />

recherche <strong>de</strong> causes favorisantes <strong>de</strong> cette luxation (cf infra), qui se<br />

doivent d’être habituellement traitées.<br />

Luxations récidivantes<br />

Les luxations « bloquées » <strong>de</strong> l’articulation temporomandibulaire,<br />

même correctement réduites et suivies d’une immobilisation<br />

suffisamment prolongée, peuvent récidiver. Les premières récidives<br />

peuvent nécessiter <strong>de</strong> nouvelles manœuvres <strong>de</strong> réduction, soit<br />

manuelle, soit sous anesthésie générale, mais au fil du temps et au<br />

fil <strong>de</strong>s récidives, ces luxations <strong>de</strong>viennent <strong>de</strong> plus en plus faciles à<br />

réduire, mais aussi <strong>de</strong> plus en plus fréquentes (fig 44).<br />

Elles peuvent constituer une véritable infirmité, même quand le<br />

patient arrive à réduire lui-même sa luxation. Tôt ou tard, la<br />

répétition <strong>de</strong> ces épiso<strong>de</strong>s <strong>de</strong> blocage fait envisager un traitement,<br />

qui doit être précédé d’un bilan à la recherche d’une éventuelle<br />

étiologie. Il ne semble cependant pas, curieusement, que ces<br />

luxations condyloglénoïdiennes soient un facteur favorisant la<br />

survenue d’arthrose [22] .<br />

La luxation condyloglénoïdienne est permise par une distension ou<br />

une hyperlaxité <strong>de</strong>s structures ligamentocapsulaires. Il y a d’ailleurs<br />

corrélation entre luxation condyloglénoïdienne et luxation<br />

condylodiscale [75] . Cette distension ligamentaire peut rentrer dans<br />

le cadre d’une hyperlaxité ligamentaire localisée ou généralisée à<br />

l’ensemble <strong>de</strong>s articulations. Elle peut également être la conséquence<br />

d’un dysfonctionnement articulaire induit par un trouble occlusal.<br />

Le bilan étiologique et le traitement s’orientent donc dans ces <strong>de</strong>ux<br />

directions.<br />

44<br />

44 Luxation condyloglénoïdienne récidivante.<br />

– Dans les cas <strong>de</strong> trouble occlusal (essentiellement perte <strong>de</strong> hauteur<br />

postérieure ou absence <strong>de</strong> gui<strong>de</strong> incisif avec proglissement <strong>de</strong><br />

classe II 1 selon Gola [34] ), celui-ci se doit d’être corrigé avant tout<br />

geste chirurgical éventuel s’adressant à la prévention <strong>de</strong> la luxation.<br />

Ce traitement occlusal passe d’abord par sa détermination et bien<br />

souvent par le port d’une gouttière <strong>de</strong> relaxation musculaire (cf<br />

supra). Une fois le trouble occlusal traité par un moyen adéquat<br />

(meulages sélectifs ou coronoplasties, traitement orthodontique,<br />

réfection ou traitement prothétique, traitement chirurgicoorthodontique),<br />

on n’observe plus habituellement <strong>de</strong> récidive <strong>de</strong> ces<br />

luxations. Si malgré le traitement occlusal la luxation récidivante<br />

persiste, il est alors envisagé un geste chirurgical visant à limiter la<br />

course condylienne.<br />

– L’hyperlaxité ligamentaire, qui est une anomalie relativement<br />

fréquente puisqu’elle touche 7 % <strong>de</strong> la population, entre dans le<br />

cadre <strong>de</strong>s syndromes d’Ehlers-Danlos ou <strong>de</strong>s syndromes <strong>de</strong> Marfan.<br />

Il y a, d’après Harinstein [38] et Westling [97] une corrélation entre<br />

pathologie articulaire et hyperlaxité systémique. On distingue <strong>de</strong>s<br />

hyperlaxités ligamentaires isolées et <strong>de</strong>s syndromes complexes, où<br />

la dysplasie touche également la peau et les viscères. La plupart <strong>de</strong><br />

ces affections sont héréditaires (autosomiques dominantes) et liées à<br />

<strong>de</strong>s troubles structuraux du collagène ou <strong>de</strong> ses précurseurs. Les<br />

syndromes d’Ehlers-Danlos constituent un groupe hétérogène<br />

d’anomalies du tissu conjonctif caractérisées par une hyperlaxité<br />

articulaire, une extensibilité cutanée et une fragilité tissulaire. Le<br />

diagnostic d’hyperlaxité articulaire repose sur l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s<br />

amplitu<strong>de</strong>s articulaires et la codification <strong>de</strong>s résultats, d’après la<br />

classification <strong>de</strong> Beighton (1988). Un score <strong>de</strong> cinq points permet<br />

d’assurer le diagnostic :<br />

– possibilité d’extension à 90° du médius ou <strong>de</strong> l’annulaire par<br />

rapport au plan du dos <strong>de</strong> la main (un point par côté) ;<br />

– possibilité <strong>de</strong> toucher l’avant-bras avec le pouce en fléchissant<br />

le poignet (un point par côté) ;<br />

– possibilité d’hyperextension du cou<strong>de</strong> supérieure à 10° (un<br />

point par côté) ;<br />

– possibilité d’hyperextension du genou supérieure à 10° (un<br />

point par côté) ;<br />

– possibilité <strong>de</strong> fléchir le tronc en avant <strong>de</strong> façon à toucher le sol<br />

<strong>de</strong>s mains à plat (un point).<br />

– Dans ces cas d’hyperlaxité ou dans les cas <strong>de</strong> luxation persistante<br />

après traitement occlusal, si les manifestations cliniques sont<br />

invalidantes, on propose un geste chirurgical. Les techniques<br />

proposées sont envisagées dans un autre fascicule <strong>de</strong> l’Encyclopédie<br />

médico-chirurgicale.<br />

Le geste chirurgical qui nous semble le plus satisfaisant est la<br />

mise en place d’une butée en titane préfabriquée <strong>de</strong> type Aubry-<br />

Palfer, encastrée dans une saillie verticale juste en avant du<br />

tubercule antérieur du zygomatique et fixée à l’arca<strong>de</strong><br />

zygomatique, ou l’augmentation <strong>de</strong> hauteur du tubercule<br />

zygomatique selon une technique chirurgicale <strong>de</strong> type<br />

Norman [72] . Les interventions <strong>de</strong> type Myrhaug [70] (suppression<br />

du condyle temporal) semblent <strong>de</strong>voir être réservées aux patients<br />

âgés, car il ne nous semble pas logique <strong>de</strong> pérenniser une sortie<br />

<strong>de</strong> la tête condylienne hors <strong>de</strong> sa cavité articulaire en raison d’un<br />

retentissement à long terme potentiellement préjudiciable chez<br />

<strong>de</strong>s personnes jeunes.


Odontologie <strong>Pathologie</strong> <strong>non</strong> <strong>traumatique</strong> <strong>de</strong> l’articulation temporomandibulaire 23-446-D-10<br />

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