Pathologie non traumatique de l'articulation ... - Belbacha Dental
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23-446-D-10 <strong>Pathologie</strong> <strong>non</strong> <strong>traumatique</strong> <strong>de</strong> l’articulation temporomandibulaire Odontologie<br />
Hardy [37] estime que 30 à 45 % <strong>de</strong>s consultants <strong>de</strong> mé<strong>de</strong>cine générale<br />
présentent un niveau élevé <strong>de</strong> détresse psychologique d’après les<br />
questionnaires d’autoévaluation type general health questionnaire ou<br />
self reporting questionnaire tandis que 25 % d’entre eux souffrent d’un<br />
trouble psychiatrique repérable par les systèmes diagnostic and<br />
statistical manual of mental disor<strong>de</strong>rs-III (selon la classification <strong>de</strong><br />
l’Association psychiatrique américaine), research diagnostic criteria <strong>de</strong><br />
Spitzer (1978) ou PSE-PD-categories (Ormel, 1990). Les états anxieux<br />
et/ou dépressifs sont largement majoritaires : ils représentent 79 %<br />
<strong>de</strong>s troubles observés en mé<strong>de</strong>cine générale. Un grand nombre <strong>de</strong><br />
ces états est caractérisé par une évolution transitoire, une faible<br />
intensité et/ou une intrication <strong>de</strong> symptômes anxieux et dépressifs.<br />
Hardy souligne que « l’association entre un trouble mental et une<br />
pathologie organique peut occasionner un chevauchement<br />
symptomatique et une perte <strong>de</strong> la validité <strong>de</strong> la critériologie<br />
diagnostique. Elle impose que soit précisée l’existence ou l’absence<br />
<strong>de</strong> liens étiopathogéniques entre les pathologies, et éventuellement<br />
la nature <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>rniers ». Certains symptômes peuvent être à la<br />
fois la manifestation d’une affection somatique et celle d’une<br />
dépression et, en cas <strong>de</strong> pathologie organique, ces symptômes<br />
per<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> leur spécificité pour le diagnostic <strong>de</strong> dépression. Kathol<br />
et Petty (1981) ont montré que la prévalence <strong>de</strong>s symptômes<br />
dépressifs somatiques observée chez les patients organiques<br />
déprimés diffère peu <strong>de</strong> celle retrouvée chez les patients organiques<br />
<strong>non</strong> déprimés, cette différence étant d’autant moins nette que la<br />
maladie somatique est sévère.<br />
L’existence d’un chevauchement symptomatique peut être pour<br />
Hardy à l’origine <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux erreurs :<br />
– l’erreur par défaut, qui serait le plus souvent le fait <strong>de</strong>s<br />
somaticiens et qui consiste à attribuer le(s) symptôme(s) à l’affection<br />
organique, alors même que le patient développe une authentique<br />
dépression ;<br />
– l’erreur par excès, qui conduit à porter le diagnostic <strong>de</strong> dépression<br />
en se fondant sur la seule présence d’une telle symptomatologie, et<br />
qui serait le plus souvent celle <strong>de</strong> cliniciens qui méconnaissent la<br />
contribution <strong>de</strong> la maladie organique (Goldberg et Blackwell, 1970).<br />
À la vue <strong>de</strong> ces travaux, on peut se <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r en quoi les troubles<br />
<strong>de</strong> l’articulation temporomandibulaire diffèrent <strong>de</strong>s autres<br />
pathologies, quant à leurs relations avec les anomalies psychiques<br />
ou psychiatriques.<br />
Il faut également souligner que les psychiatres s’accor<strong>de</strong>nt pour<br />
juger que les termes <strong>de</strong> « terrain dystonique », <strong>de</strong> « terrain<br />
psychologique » ou <strong>de</strong> « dystonie neurovégétative » doivent être<br />
définitivement rayés du vocabulaire, ces notions ne recouvrant rien<br />
<strong>de</strong> précis en clinique psychiatrique et que l’ère « lyricointerprétative<br />
», où l’appréciation psychologique ou psychiatrique<br />
était plus liée à la subjectivité <strong>de</strong> l’évaluateur et à son lyrisme qu’à<br />
un certain nombre d’éléments cliniques, sémiologiques ou<br />
psychopathologiques objectifs et clairement définis, est terminée.<br />
Ainsi que le remarquent certains auteurs, il est vrai que la plus<br />
gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong>s consultations pour ce type <strong>de</strong> pathologies<br />
articulaires sont souvent le fait <strong>de</strong> patients (ou plutôt <strong>de</strong> patientes)<br />
qui semblent plus attentifs que le reste <strong>de</strong> la population à <strong>de</strong>s<br />
manifestations cliniques gênantes, mais <strong>non</strong> réellement invalidantes.<br />
Dans tous les cas, le facteur psychique ne peut jouer un rôle dans la<br />
genèse <strong>de</strong>s troubles dysfonctionnels, sans qu’existe un trouble<br />
organique [51] . En revanche, il est évi<strong>de</strong>nt que ces facteurs psychiques<br />
doivent être pris en compte dans la prise en charge du patient<br />
(Rugh, 1976 ; Parker [74] ).<br />
Examens complémentaires<br />
EXAMENS BIOLOGIQUES<br />
La réalisation d’un bilan biologique peut s’inscrire dans le cadre du<br />
suivi d’une pathologie rhumatismale, et est dans ce cas réduite au<br />
minimum, ou dans le bilan initial, pour lequel les résultats, qu’ils<br />
10<br />
soient positifs ou négatifs, prennent toute leur valeur, en<br />
complément <strong>de</strong> l’examen clinique, pour orienter l’enquête<br />
étiologique.<br />
Examens <strong>de</strong> l’inflammation et dosages biochimiques<br />
particuliers<br />
La présence d’un syndrome inflammatoire (élévation <strong>de</strong> la vitesse<br />
<strong>de</strong> sédimentation [VS], <strong>de</strong> la protéine C réactive) n’est en rien<br />
spécifique, mais permet, dans la plupart <strong>de</strong>s cas, <strong>de</strong> faire la part<br />
entre une atteinte dégénérative ou inflammatoire.<br />
Une perturbation <strong>de</strong> l’hémogramme peut être contingente <strong>de</strong><br />
certaines connectivites (anémie inflammatoire, éosinophilie,<br />
leuconeutropénie).<br />
Les stigmates d’auto-immunité se révèlent particulièrement<br />
informatifs si l’on suspecte une maladie <strong>de</strong> système : sérologie<br />
rhumatoï<strong>de</strong> (polyarthrite rhumatoï<strong>de</strong> [PR]), facteurs antinucléaires,<br />
anti-Sm, antiaci<strong>de</strong> désoxyribonucléique (ADN) natifs (lupus<br />
érythémateux systémique), recherche d’un syndrome <strong>de</strong>s<br />
antiphospholipi<strong>de</strong>s, voire mise en évi<strong>de</strong>nce d’autres anticorps<br />
antiorganes évocateurs d’entités cliniques et biologiques<br />
particulières : anti-SSA et anti-SSB (syndrome <strong>de</strong> Gougerot-Sjögren),<br />
anti-Scl70 (scléro<strong>de</strong>rmie), anticentromères (CREST (2) ), antirécepteurs<br />
à l’acétylcholine (myasthénie), antiribonucléoprotéines (syndrome <strong>de</strong><br />
Sharp), anti-JO1 (poly- et <strong>de</strong>rmatomyosite). Leur prescription reste<br />
du domaine spécialisé.<br />
La recherche <strong>de</strong> sérologies prend toute sa valeur dans le cadre <strong>de</strong><br />
certaines arthrites septiques à germes spécifiques (maladie <strong>de</strong> Lyme,<br />
brucellose), <strong>de</strong> rhumatismes postinfectieux (rhumatisme articulaire<br />
aigu), voire d’arthrites réactionnelles (Chlamydia, Shigella,<br />
Yersinia…).<br />
La présence <strong>de</strong> certains antigènes d’histocompatibilité peut orienter<br />
vers une spondylarthropathie (B27), une maladie <strong>de</strong> Behçet (B51),<br />
une PR (DR4) ou certains thésaurisomes comme l’hémochromatose<br />
(A3 B14).<br />
Les arthropathies métaboliques ont par ailleurs leurs propres<br />
stigmates : hyperuricémie et goutte, dyschromie <strong>de</strong>s urines et<br />
alcaptonurie, hypercuprémie et maladie <strong>de</strong> Wilson, diathèse<br />
métabolique et chondrocalcinose.<br />
Analyse du liqui<strong>de</strong> synovial<br />
L’analyse du liqui<strong>de</strong> synovial, exceptionnellement réalisée, peut être<br />
également informative : germe à l’examen direct, voire en culture<br />
(bacille <strong>de</strong> Koch) en cas d’arthrite septique, mise en évi<strong>de</strong>nce en<br />
microscopie <strong>de</strong> cristaux d’urate monosodique (goutte), <strong>de</strong><br />
pyrophosphate <strong>de</strong> calcium (chondrocalcinose), d’apatite, voire <strong>de</strong><br />
corps amyloï<strong>de</strong>s.<br />
En revanche, les nombreux éléments qui ont été i<strong>de</strong>ntifiés ces<br />
<strong>de</strong>rnières années dans le liqui<strong>de</strong> synovial <strong>de</strong> l’articulation<br />
temporomandibulaire ont un intérêt essentiellement pathogénique<br />
et encore peu ou pas d’applications cliniques, bien que <strong>de</strong> nombreux<br />
travaux sur ces nouvelles cibles pharmacologiques soient en cours.<br />
Ainsi, plusieurs acteurs prennent une part active à la modulation<br />
du processus dégénératif du cartilage :<br />
– les cytokines pro-inflammatoires dont le chef <strong>de</strong> file est<br />
l’interleukine (IL) 1 bêta (Kubota [53] ; Nordhal, 1998 ; Takahashi [88] ),<br />
mais également le tumor necrosis factor (TNF) alpha (Takahashi,<br />
1998), le leukemia inhibitory factor, l’IL6 (Sandler [79] ), et l’IL8<br />
(Takahashi, 1998), l’IL17, l’IL18 [27] , l’interféron gamma (Fang, 1999) ;<br />
(2) CREST (syndrome) : calcinose sous-cutanée, syndrome <strong>de</strong> Raynaud, dysfonction <strong>de</strong><br />
l’œsophage, sclérodactylie, télangiectasies.