Ebauche préliminaire de Plan - Les Classiques des sciences sociales
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CALVIN<br />
A suivre Calvin 31 , il serait aisé <strong>de</strong> sombrer dans le désespoir.<br />
Pour lui, l’homme est absolument dénué <strong>de</strong> tout bien. Le cœur humain est entièrement<br />
mauvais 32 . Tout en l’homme est souillé 33 . Son âme est un gouffre, un abîme 34 , une caverne<br />
d’ordures et <strong>de</strong> puantises 35 . La nature humaine aime le mal, et jouit à le multiplier 36 .<br />
L’homme est aveugle, dominé par la bêtise, et son cœur est pervers 37 . Livré à lui-même il est<br />
comme une bête 38 . Tous ses désirs sont vicieux 39 . Cette souillure corrompt l’âme<br />
entièrement 40 . Et cette corruption lui apporte la mort 41 . L’homme n’est que pourriture, <strong>de</strong> père<br />
en fils 42 , et le diable règne sur le mon<strong>de</strong> 43 .<br />
Déchéance et néant <strong>de</strong> l’homme.<br />
Le désespoir <strong>de</strong> sa vision est total. Dans toute cette pourriture et cette corruption, nul recours.<br />
L’homme est solitaire et impuissant. Le mon<strong>de</strong> et la société <strong>de</strong>s hommes ne lui sont d’aucune<br />
ai<strong>de</strong>. L’homme est profondément, irrémédiablement déchu 44 . Quoi qu’il fasse, quelles que<br />
soient ses actions, il est damnable 45 . Conséquence directe <strong>de</strong> cette souillure et déchéance : la<br />
mort. 46 Conséquence <strong>de</strong> la mort : le néant, car « la vie humaine est semblable à une ombre ou<br />
fumée » 47 .<br />
Pour Calvin, la pauvreté est une maladie, ou un péché, dommageable à la gloire <strong>de</strong> Dieu. Il<br />
avait d’ailleurs strictement interdit la mendicité, alors que le Moyen Age non seulement<br />
l’avait toléré, mais l’avait même exalté avec François d’Assise et les ordres mendiants. Plus<br />
tard, la dureté <strong>de</strong> la législation anglaise sur l’assistance aux indigents fut largement influencée<br />
par cet ascétisme indifférent. Michaël Walzer 48 note chez Calvin comme dans la littérature<br />
puritaine anglaise, la fréquence <strong>de</strong>s mises en gar<strong>de</strong> contre la foi en l’entrai<strong>de</strong> et en l’amitié<br />
31 <strong>Les</strong> citations ci-<strong>de</strong>ssous sont tirées <strong>de</strong> l’ouvrage <strong>de</strong> Calvin, L’institution chrétienne.<br />
32 Tout ce que peut forger le coeur humain est entièrement mauvais (Ps 94 :11, Gen 6 :3 ; 8 :21) . II,2,25<br />
33 Toutes les parties <strong>de</strong> l’homme, <strong>de</strong>puis l’enten<strong>de</strong>ment jusqu’à la volonté, <strong>de</strong>puis l’âme jusqu’à la chair, sont souillées. II,1,8<br />
34 L’âme étant abîmée en ce gouffre d’iniquité, non seulement est vicieuse, mais aussi vi<strong>de</strong> <strong>de</strong> tout bien. II,3,2<br />
35 Bref nous savons que l’âme est une caverne <strong>de</strong> toutes ordures et puantises. I,15,5<br />
36 Notre nature n’est pas seulement vi<strong>de</strong> et <strong>de</strong>stituée <strong>de</strong> tous biens, mais elle est tellement fertile en toute espèce <strong>de</strong> mal, qu’elle ne peut être<br />
oisive. II,1,8<br />
37 L’enten<strong>de</strong>ment est entièrement asservi à bêtise et aveuglement, et le cœur adonné à la perversité. II,1,9<br />
38 L’homme : sans raison et sans conseil, il suit le mouvement <strong>de</strong> sa nature comme une bête. II,2,26<br />
39 Nous disons que tous les désirs et appétits <strong>de</strong>s hommes sont mauvais, et les condamnons comme péché (…) il ne peut rien procé<strong>de</strong>r <strong>de</strong> pur<br />
ni d’entier <strong>de</strong> notre nature vicieuse et souillée. III,3,12<br />
40 Toutes les parties <strong>de</strong> notre âme sont tellement corrompues par la perversité <strong>de</strong> notre nature (…) III,3,12<br />
41 Quelque part où aille l’homme, il porte plusieurs espèces <strong>de</strong> mort avec soi, tellement qu’il traîne sa vie quasi enveloppée avec la mort.<br />
I,17,10<br />
42 Comme d’une racine pourrie ne procè<strong>de</strong>nt que rameaux pourris, qui transportent leur pourriture en toutes les branches et feuilles qu’ils<br />
produisent, ainsi les enfants d’Adam ont été contaminés en leur père. II,1,7<br />
43 Il est dit que Satan a le mon<strong>de</strong> en sa possession sans contredit. Il est dit <strong>de</strong> tous les réprouvés , qu’ils ont le diable pour père (Jean 8 :44 ;<br />
1 Jean 3 :8). I,14,18<br />
44 Une révolte universelle, par laquelle les réprouvés se retranchent <strong>de</strong> tout espoir <strong>de</strong> salut …. Ceux qui ont une fois renoncé Jésus Christ <strong>de</strong><br />
leur su et bonne volonté, ne peuvent jamais avoir part en lui. III,3,23<br />
45 Il nous faut fermement arrêter à ces <strong>de</strong>ux points : le premier, qu’il ne s’est jamais trouvé œuvre d’homme fidèle qui ne fût damnable, si elle<br />
eût été examinée selon la rigueur du jugement <strong>de</strong> Dieu ; le second, que quand il se trouverait une telle œuvre – ce qui est impossible à<br />
l’homme – néanmoins, étant souillée par les péchés qui seraient en la personne, elle perdrait toute grâce et estime. III,14,11<br />
46 Tout péché est mortel (…) vu que c’est la transgression <strong>de</strong> la Loi, sur laquelle est dénoncée la mort éternelle sans exception aucune II,8,59<br />
47 L’institution chrétienne III,9,2<br />
48 in La révolution <strong>de</strong>s saints. 1965<br />
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