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Les 36 cordes sensibles des Québécois - Concept, cration et ...

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Note de l’auteur : La revanche <strong>des</strong> cerveaux<br />

Étant né avant la télévision, je suis de ceux qui s’émerveillent encore quand ils appuient sur la commande <strong>et</strong> voient<br />

l’image apparaître dans la lucarne. Je me souviens de l’arrivée <strong>des</strong> premiers appareils de télévision dans les vitrines du grand<br />

magasin Dupuis Frères, rue Sainte-Catherine; <strong>des</strong> centaines de «téléspectateurs» venaient admirer la tête immobile du chef<br />

indien qui servait de mire à Radio-Canada. Cinquante ans ont passé.<br />

Et voilà que les sorciers de la toile réalisent une grande première en numérisant les «<strong>36</strong> <strong>cor<strong>des</strong></strong> », ses trois cents pages<br />

au grand compl<strong>et</strong>. Ils méritent toute mon admiration pour c<strong>et</strong>te prouesse technique, <strong>et</strong> mes remerciements les plus empressés.<br />

À l’époque où fut écrit c<strong>et</strong> essai, il n’y avait pas encore d’ordinateur, ni de traitement de texte. Il fut rédigé «à la plume<br />

fontaine» comme dans le bon vieux temps. Je trimbalais trente-six dossiers que je nourrissais patiemment de mes notes de<br />

lecture <strong>et</strong> de mes prémonitions, <strong>des</strong> centaines de p<strong>et</strong>its bouts de papier, sautillants, indisciplinés, qu’il eût été si facile de ranger<br />

dans un ordinateur. C’était en 1978.<br />

On me demande souvent si ce polaroïd <strong>des</strong> <strong>Québécois</strong> tient encore la route après tant d’années. Le livre étant<br />

devenu un jeu de société, plusieurs chercheurs <strong>et</strong> communicateurs en ont proposé <strong>des</strong> versions améliorées, revues <strong>et</strong> corrigées,<br />

<strong>des</strong> mises à jour, non sans à-propos, j’en conviens, <strong>et</strong> toujours dans les meilleures intentions du monde. Que répondre? Un<br />

quart de siècle est un laps de temps bien court dans la vie d’une société. On le saura mieux plus tard. Certaines <strong>cor<strong>des</strong></strong> sont<br />

devenues «plus ou moins <strong>sensibles</strong> », d’autres ont disparu ou apparu, c’est selon; elles ont évolué avec les suj<strong>et</strong>s qu’elles<br />

décrivent. Je n’avais pas proposé une version idyllique de ceux que l’on appelait alors les Canadiens français; encore<br />

aujourd’hui, il faut nous regarder avec nos faiblesses <strong>et</strong> nos qualités sans nous prendre pour le nombril du monde, mais non plus<br />

pour <strong>des</strong> demeurés.<br />

Marx (un penseur rarement cité de nos jours) disait que l’on ne fait pas son histoire de son plein gré, «que la tradition<br />

de toutes les générations mortes pèse comme un cauchemar sur le cerveau <strong>des</strong> vivants ». Sans minimiser la fragilité de notre<br />

société, ne tombons pas dans le fatalisme de la corde numéro 22. Il en va <strong>des</strong> peuples comme <strong>des</strong> individus : nos défauts<br />

semblent nous coller à la peau alors qu’il paraît plus difficile de monter nos qualités en épingle. Mais impossible n’est pas<br />

français. Sentir que notre évolution est positive, que nous ne stagnons pas en tant qu’individus <strong>et</strong> en tant que société serait déjà<br />

fort louable.<br />

Plus inquiétante est c<strong>et</strong>te balance démographique qui pèse de moins en moins en notre faveur. Comme il ne semble<br />

pas que nous voulions répéter la fameuse «revanche <strong>des</strong> berceaux» de nos grands-mères, force nous est faite d’entreprendre<br />

la revanche <strong>des</strong> cerveaux. Notre défi pour le millénaire qui commence est bien simple : il faut créer <strong>des</strong> cerveaux <strong>et</strong> les r<strong>et</strong>enir<br />

chez nous; il faut pousser l’éducation <strong>des</strong> jeunes «à marche forcée», pallier le décrochage scolaire, promouvoir la culture <strong>et</strong> le<br />

respect de la langue française, devenue notre grand, notre seul dénominateur commun; il faut profiter de tous les courants<br />

porteurs de nos <strong>cor<strong>des</strong></strong> américaines, s’associer aux nouveautés culturelles par nos <strong>cor<strong>des</strong></strong> européennes, <strong>et</strong> ne pas rater la<br />

mondialisation.<br />

Il est vrai que <strong>des</strong> <strong>Québécois</strong> dirigent de grands organismes internationaux comme l’OCDE <strong>et</strong> l’IATA ; <strong>des</strong> dizaines<br />

d’entreprises québécoises, dont Quebecor <strong>et</strong> Bombardier, prospèrent à l’échelle mondiale; nos artistes, pour ne nommer que<br />

Céline Dion <strong>et</strong> le Cirque du Soleil, recrutent <strong>des</strong> fans planétaires; néanmoins, il nous faudrait multiplier par mille ces exemples<br />

pour que s’accomplisse la revanche <strong>des</strong> cerveaux.<br />

Autrement, il se pourrait que les <strong>Québécois</strong> disparaissent dans un siècle, plus ou moins, pour rejoindre la nébuleuse<br />

<strong>des</strong> Kazars, <strong>des</strong> Romains <strong>et</strong> <strong>des</strong> Aztèques. <strong>Les</strong> historiens <strong>des</strong> civilisations perdues qui se pencheraient sur c<strong>et</strong> ultime<br />

phénomène québécois s’étonneraient : «Pourtant, ces gens-là ne manquaient pas de <strong>cor<strong>des</strong></strong> <strong>sensibles</strong> à leur arc.».<br />

Jacques Bouchard<br />

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