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Partir pour rester : survie et mutation des sociétés paysannes ... - IRD

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218<br />

« Dans le Valle Alto,<br />

il y a un paradoxe.<br />

La terre est très<br />

chère <strong>et</strong> continue<br />

<strong>pour</strong>tant d'être<br />

recherchée<br />

<strong>et</strong> ach<strong>et</strong>ée. »<br />

(Dandler <strong>et</strong> al ,<br />

1982 : 3i;.<br />

Geneviève Cortes<br />

<strong>Partir</strong> <strong>pour</strong> <strong>rester</strong><br />

L'investissement foncier grâce aux revenus de la migration internatio¬<br />

nale n'est pas une tendance récente. Dans une étude réalisée en 1985<br />

dans plusieurs villages du Valle Alto (Villa Rosa, Uruceria), J. Dandler<br />

<strong>et</strong> al. (1982) constatent que 14% <strong>des</strong> migrants en Argentine investis¬<br />

sent dans la terre à leur r<strong>et</strong>our.<br />

Ces investissements sont doublement paradoxaux. Ils représentent,<br />

d'une part, un réel sacrifice financier <strong>pour</strong> les familles qui parviennent<br />

difficilement à épargner. D'autre part, il est fréquent que les parcelles<br />

ach<strong>et</strong>ées ne soient pas utilisées <strong>et</strong> qu'elles restent en friche plusieurs<br />

années, soit par manque de moyens, soit par manque de temps. Est-ce<br />

l'expression de la permanence d'une identité paysanne qui se reconnaît<br />

d'abord dans la possession de terres?<br />

« Même si la famille sait qu'elle ne disposera pas d'une grande superficie,<br />

même si la terre n'est pas utilisée à <strong>des</strong> fins agricoles, l'acquérir répond à<br />

trois types d'objectifs : garantir un crédit, posséder un bien qui ne perdra<br />

pas de sa valeur <strong>et</strong> réaffirmer les liens de l'unité domestique avec la com¬<br />

munauté. » (Dandler <strong>et</strong> al., op. cit. : 35).<br />

Dans un pays comme la Bolivie, le rapport à la terre (à la Pachamama)<br />

est présent à chaque moment de la vie quotidienne. Le métissage de<br />

ces populations <strong>et</strong> leur forte intégration à l'espace urbain, qui auraient<br />

pu gommer les identités culturelles, n'ont pas suffi à détourner le pay¬<br />

san de certaines valeurs ancestrales. La migration prolongée vers ces<br />

pays étrangers, où il est difficile de penser qu'un paysan quechua<br />

puisse se reconnaître, n'aboutit pas au déracinement du migrant. Au<br />

contraire, la migration, parce qu'elle perm<strong>et</strong> d'ach<strong>et</strong>er <strong>des</strong> terres,<br />

assure la permanence d'une appartenance à un groupe social, à<br />

savoir la communauté paysanne. La simple possession de terres dans<br />

c<strong>et</strong>te région rend un paysan plus riche qu'un autre. C<strong>et</strong>te richesse ne<br />

fait pas seulement référence à une valeur marchande, elle est égale¬<br />

ment sociale <strong>et</strong> culturelle.<br />

Les jeunes générations face à la migration<br />

La trajectoire <strong>des</strong> enfants<br />

Quel que soit le degré de consolidation de l'économie familiale, le dernier<br />

cycle de migration, résultat décisif <strong>des</strong> expériences migratoires précé¬<br />

dentes, fait apparaître le rôle fondamental <strong>des</strong> enfants. Lorsqu'il y a

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