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Partir pour rester : survie et mutation des sociétés paysannes ... - IRD

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Geneviève Cortes<br />

280 <strong>Partir</strong> <strong>pour</strong> <strong>rester</strong><br />

Argentine engagent une dépense alimentaire plus importante. Ces<br />

foyers, les plus pénalisés dans la <strong>mutation</strong> <strong>des</strong> systèmes de produc¬<br />

tion (manque de ressources monétaires <strong>et</strong> de main-d'uuvre <strong>pour</strong> la<br />

mise en culture <strong>des</strong> terres), ont une faible autosuffisance alimentaire<br />

(88 % <strong>des</strong> calories consommées sont ach<strong>et</strong>ées). Les femmes sont<br />

donc contraintes de compenser en s'approvisionnant davantage sur le<br />

marché.<br />

Par contre, les familles de riches migrants qui ont investi dans leur<br />

exploitation tout en maintenant <strong>des</strong> cultures traditionnelles de subsis¬<br />

tance, parviennent à un taux d'autosuffisance alimentaire de l'ordre<br />

de 28 %, ce qui représente 20 % en termes de calories. C<strong>et</strong>te propor¬<br />

tion est largement supérieure à celle <strong>des</strong> deux autres groupes de<br />

familles (respectivement 11% <strong>et</strong> 15%). Les foyers d'émigrants aux<br />

États-Unis, en Israël ou au Japon se distinguent également par une<br />

part plus importante du troc. Bien que sa participation demeure<br />

minime par rapport aux achats, il fournit 3,5% <strong>des</strong> calories consom¬<br />

mées, tandis que la proportion n'atteint même pas 1 % <strong>pour</strong> les autres<br />

foyers.<br />

L'exemple de la famille 20 est significatif : au terme de plusieurs cycles<br />

de migration réussis, elle a diversifié au maximum ses activités tout en<br />

maintenant les cultures de subsistance. Les suivis alimentaires mon¬<br />

trent que 26% <strong>des</strong> calories consommées sont issues de sa production<br />

<strong>et</strong> 7% du troc. La famille 16, dont deux membres sont actuellement aux<br />

États-Unis, présente <strong>des</strong> caractéristiques similaires : 26% <strong>des</strong> calories<br />

totales proviennent de la production, tandis que 5% sont fournies par<br />

le troc.<br />

Grâce aux revenus de l'émigration, les familles de riches migrants peu¬<br />

vent compenser les manques de la production par le troc « semimonétarisé<br />

» avec les communautés d'altitude. Elles ont les moyens<br />

d'ach<strong>et</strong>er une grande quantité de produits sur le marché de Cliza ou<br />

de Cochabamba <strong>pour</strong> les échanger contre du blé ou <strong>des</strong> pommes de<br />

terre. De même, dans la mesure où elles ont davantage de terres, elles<br />

complètent leur approvisionnement alimentaire en pommes de terre en<br />

les troquant contre les produits de leur exploitation (chicha, légumi¬<br />

neuses, légumes). Elles échangent ces produits à l'occasion de courts<br />

séjours dans les régions spécialisées dans la culture de pommes de<br />

terre (en particulier Colomi), où elles entr<strong>et</strong>iennent <strong>des</strong> relations privi¬<br />

légiées de compadrazgo avec <strong>des</strong> familles de communautés pay¬<br />

sannes plus traditionnelles.

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