Context N° 3 2012 - Jeunesse (PDF, 8021 kb) - Sec Suisse
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context 03-<strong>2012</strong><br />
Un fléau toujours plus intrusif<br />
Internet envahit les salles de classe et les cours d’école. Mais ce n’est pas<br />
toujours pour le bien des élèves. Certains d’entre eux peuvent devenir de<br />
véritables bourreaux. D’autres des victimes expiatoires.<br />
Le phénomène du harcèlement par<br />
Internet prend actuellement une telle<br />
ampleur qu’il devient préoccupant pour les<br />
jeunes et leurs parents. Les cas de cybermobbing<br />
sont toujours plus préoccupants<br />
et se multiplient. Plaisanteries de mauvais<br />
goût, commentaires désobligeants sur l’habillement<br />
d’une personne, qu’il s’agisse<br />
Les téléphones portables sont souvent utilisés pour<br />
exprimer, au vu et au su de tous, des sentiments<br />
plus ou moins louables sur les réseaux sociaux.<br />
d’un élève ou d’un professeur, font désormais<br />
partie du quotidien des cours d’école.<br />
Un phénomène qui fait tache d’huile<br />
L’irruption du cybermobbing chez les<br />
jeunes prend une dimension inquiétante.<br />
Les conflits naissant dans les salles de<br />
classe trouvent leur prolongation sur les réseaux<br />
sociaux. Les différents antagonismes<br />
qui apparaissent immanquablement entre<br />
les jeunes en raison de leurs origines,<br />
classes sociales, cultures et habitudes familiales<br />
ne manquent pas d’avoir des répercussions<br />
dans le cadre scolaire ou dans leur<br />
environnement de vie.<br />
Les clans de quartier sont aussi fortement<br />
influencés par ce phénomène. L’essor<br />
des réseaux sociaux exacerbe l’impact<br />
des conflits qui naissent dans la vie réelle.<br />
Ceux-ci ne peuvent plus être qualifiés de<br />
broutilles, car même si leur expression ne<br />
s’affiche que sur les réseaux sociaux, ils<br />
peuvent largement dépasser le seuil de<br />
l’acceptable et provoquer des réactions<br />
inattendues de la part des personnes touchées<br />
par ces attaques de cybermobbing.<br />
Leurs conséquences sont multiples et on<br />
a même recensé des suicides de la part<br />
d’élèves qui en étaient la cible. Quand on<br />
est victime de ce genre d’attaque, il ne faut<br />
pas hésiter à en parler à ses parents, à ses<br />
professeurs ou à des tiers en qui on a<br />
pleine confiance.<br />
Ce phénomène touche aussi la <strong>Suisse</strong><br />
Les jeunes victimes de ces agressions virtuelles<br />
risquent de se renfermer sur ellesmême,<br />
de tomber en dépression et de se couper<br />
de tout lien social. «Les élèves deviennent<br />
paranoïaques, et c’est justifié», confiait récemment<br />
Sébastien Gognat, enseignant et<br />
collaborateur pédagogique du canton de<br />
Vaud à un journaliste de 24 Heures. Lors<br />
d’un camp, il a par exemple constaté avec effarement<br />
que les élèves conservaient leurs<br />
caleçons quand ils se douchaient, de crainte<br />
de retrouver leur photo prise dans leur<br />
simple appareil sur les réseaux sociaux.<br />
Selon un sondage réalisé par l’université<br />
de Zurich, un écolier sur cinq a déjà<br />
été victime de cybermobbing au cours des<br />
quatre derniers mois. Cela peut même<br />
pousser la famille à déménager. Les photos<br />
de victimes de ces comportements irrévérencieux<br />
sont parfois retouchées pour<br />
accentuer encore leur humiliation. «Le<br />
plus effrayant est de constater que certains<br />
jeunes créent de faux comptes facebook»<br />
relève Nadia Garcia, du portail de<br />
conseil au parent elternet.ch.<br />
Mais facebook est aussi utilisé par les<br />
jeunes pour exprimer leur mécontentement.<br />
Par exemple quand un garçon se<br />
Pierre-Henri Badel<br />
fait larguer par sa petite amie. Et dans de<br />
tels cas, certains n’hésitent pas à afficher<br />
la lâcheuse en petite tenue sur le réseau<br />
social pour l’humilier aux yeux des autres.<br />
Il ne faut pas hésiter à en parler<br />
Les actes de harcèlement sur les réseaux sociaux<br />
sont répréhensibles et on peut déposer<br />
une plainte pour faire cesser ce phénomène.<br />
L’association Telme – qui regroupe<br />
une quarantaine de répondants spécialisés<br />
dans l’enfance (psychologues, éducateurs<br />
et assistants sociaux) – est mandatée par<br />
Pro Juventute pour gérer les appels sur la<br />
ligne 147. Cette dernière fonctionne 24 h sur<br />
24. Les appels sont gratuits. Ce numéro est<br />
aussi opérationnel par SMS. Tous les moins<br />
de 18 ans peuvent en faire usage pour être<br />
écoutés et conseillés, quelle que soit la nature<br />
de leur problème. Telme propose des<br />
consultations personnelles, pour les parents,<br />
les enfants ou en famille. De nombreux<br />
conseils et informations sont également<br />
disponibles sur le site Ciao, destiné<br />
aux jeunes Romands de 13 à 20 ans.<br />
Pour en savoir plus:<br />
www.telme.ch www.ciao.ch<br />
LES INSULTES SUR fACE-<br />
Book SoNT PUNISSABLES<br />
Une jeune Saint-Galloise a été condamnée<br />
à une amende en décembre 2010 pour<br />
avoir traité un homme de «couillon» sur<br />
facebook. L’affaire avait débuté au printemps<br />
2010, rapportait à cette époque le<br />
journal 20 minutes. En raison du bruit occasionné<br />
par les concerts qui étaient donnés<br />
dans un local culturel jusqu’à 5 heures<br />
du matin en fin de semaine, un citoyen<br />
avait obtenu de limiter ses heures d’ouverture.<br />
Ce qui déplut à la jeune femme de<br />
19 ans qui dut s’acquitter d’une peine de<br />
7 jours-amende de 30 francs ainsi que<br />
d’un montant 100 francs.<br />
5<br />
Cybermobbing