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24<br />

Nikolaus Kuhnert<br />

L’architecture off désigne un nouveau<br />

type de culture en réseau. De<br />

Hambourg à Leipzig, de Cologne à<br />

Berlin, de plus en plus de groupes<br />

s’associent et se définissent<br />

comme des “groupes de travail<br />

mobile”. Simultanément dans les<br />

villes, des plateaux se constituent:<br />

un grand nombre d’architectes ont<br />

recours aux échanges, se font<br />

connaître du public, travaillent en<br />

réseau.<br />

Architectes off 1960 / 2000<br />

Cette nouvelle culture en réseau<br />

commence en Off. Elle se caractérise<br />

par l’abandon de l’égomanie de<br />

la génération paternelle. Des<br />

réseaux apparaissent en substitution<br />

aux architectes stars.<br />

Aujourd’hui, ces réseaux s’appellent<br />

Netzwerke AA_Anonyme<br />

Architekten, osa_Office for subversive<br />

Architecture, Team 444,<br />

Raumlabor, SNAG (Super New<br />

Action Group), tandis que dans les<br />

années soixante ils se nommaient<br />

Coop Himmelb(l)au, Haus-Rucker-<br />

Co et Missing Link. Que signifie<br />

cette nouvelle vague (allemande)<br />

de réseaux?<br />

Dans les années soixante, les noms<br />

étaient un programme. Ils représentaient<br />

une nouvelle culture politique,<br />

analogue à la culture pop, en<br />

partie même inspirée par celle-ci,<br />

alors qu’aujourd’hui ils se justifient<br />

différemment.<br />

«Les groupes se constituent pour<br />

une occasion, un projet, puis se dissocient<br />

de nouveau ou continuent à<br />

exister en tant que potentialité. On<br />

reste en contact, on garde le label et<br />

si un nouveau projet se présente:<br />

let’s (start again) ». La structure<br />

ouverte des réseaux, ainsi définie<br />

par Christophe Dell, n’est en fait à<br />

première vue qu’un mode de gestion<br />

d’une crise due à des conditions<br />

économiques pitoyables.<br />

L’état des commandes et les perspectives<br />

économiques ne permettent<br />

guère les engagements à long<br />

terme et encore moins une adresse<br />

fixe. Les groupes vivent de travaux<br />

alimentaires. L’un travaille une fois<br />

là, une fois ailleurs, pendant que<br />

l’autre a un poste à l’université et<br />

que le troisième passe son diplôme.<br />

Comparativement, les années 1960<br />

donnent l’impression d’avoir été un<br />

pays de cocagne. Un optimisme<br />

novateur permanent et peu entaché<br />

par la critique régnait alors. Une<br />

fois les dommages de guerre disparus,<br />

les villes commencèrent à se<br />

moderniser profondément, tout<br />

d’abord au niveau de leur infrastructure,<br />

puis des cités périphéri-<br />

Architecture off<br />

ques simultanément à la réhabilitation de quartiers<br />

ouvriers situés à l’intérieur des villes. Les<br />

architectes radicaux ont été les premiers à s’élever<br />

contre ce mouvement moderne déprécié visant à<br />

la modernisation. Cela démarra en Angleterre<br />

avec Archigram, puis en Italie avec Superstudio et<br />

Archizoom et en Autriche, avec Coop-<br />

Himmelb(l)au, Haus-Rucker-Co et Missing Link,<br />

pour finir dans toute l’Europe. Le programme, ainsi<br />

que l’écrit Wilfried Kühn en prenant l’exemple de<br />

la situation en Autriche, tentait de baser la culture<br />

sur la politique et de renoncer à un message de<br />

combat, ce qui paraît étrangement paradoxal<br />

aujourd’hui: «Tout est architecture » (Hans<br />

Hollein).<br />

Les écrits de Reyner Banham, réédités sous le titre<br />

Design by Choice, constituent un indicateur des<br />

combats culturels des années 1960 qui se retrouvaient<br />

dans cette déclaration. Ils procurent une<br />

impression exacte des bouleversements se profilant<br />

après la fin du Fordisme. L’objet du débat était<br />

une culture égalitaire: se libérer de fausses<br />

contraintes et recouvrer la liberté ici et<br />

aujourd’hui. Bien que ce programme se soit attaché<br />

même aux détails –au sein des bureaux d’architecture<br />

une nouvelle familiarité avait cours, on<br />

se tutoyait, les hiérarchies semblaient abolies et si<br />

ce n’était pas le cas, leur fondement était objectif<br />

– l’égalitarisme euphorique n’a pas préservé ces<br />

groupes du fait que, de façon sous-jacente, un certain<br />

degré d’égomanie et plus tard, avec la réussite<br />

économique, un certain degré de culte du<br />

génie, inconnus jusque-là, puissent se développer:<br />

Archigram – Peter Cook, OMA – Rem Koolhaas,<br />

Coop-Himmelb(l)au – Wolf Prix, Missing Link –<br />

Adolf Krischanitz. D’anciens architectes radicaux<br />

étaient devenus des stars et les groupes égalitaires,<br />

des machines de travail ancestrales.<br />

Le «projet de l’architecture conceptuelle impulsé<br />

par l’Architettura Radicale (demeure malgré sa fin<br />

peu glorieuse) la promesse à tenir » (Kühn) des<br />

années 1960. Ce projet a pourtant essayé pour la<br />

première fois de thématiser le changement culturel<br />

intervenu lors du passage de la société industrielle<br />

à la société de consommation. Un moyen fut<br />

de se réfugier dans l’art pour mobiliser son potentiel<br />

subversif. Mais, à la différence des années<br />

1960, aujourd’hui ni le fait de se réfugier dans l’art<br />

ou de se replier dans l’architecture ne sont d’une<br />

quelconque aide. Car aujourd’hui le problème,<br />

c’est l’architecture. La formulation pointue de<br />

Wilfried Kühn, «Aujourd’hui, une génération plus<br />

tard, tout n’est pas architecture, mais l’architecture<br />

est tout » signifie: la société de masse a<br />

usurpé l’architecture depuis longtemps et l’a déconstruite<br />

en international styling, les radicaux<br />

d’autrefois étant les protagonistes de ce tournant.<br />

Cette évolution est irréversible et ne peut être<br />

annulée que ce soit par l’évocation du caractère<br />

statique de l’architecture ou par l’exagération de<br />

son caractère symbolique comme on le croit dans<br />

la tradition d’Aldo Rossi (IBA Neu / Planwerk<br />

Innenstadt) ou de Robert Venturi. Le temps est<br />

également passé outre ces espoirs.<br />

Utilisation intermédiaire, construction intermédiaire,<br />

ville intermédiaire<br />

Une autre voie semble être plus instructive. Elle<br />

interroge la potentialité de la ville et tente de la<br />

Off Architecture<br />

saisir dans des stratégies allant des questions de l’utilisation<br />

à celles de l’architecture et de la ville. Il faut en outre ajouter<br />

que la question de la potentialité de la ville ne peut être<br />

confondue avec une compréhension traditionnelle du vide, ce<br />

qui se conçoit aisément lorsque l’on se rappelle que les<br />

débats autour du “Enable” – l’incitation à, la stimulation à –<br />

renvoient aux deux grands projets d’Alison et Peter<br />

Smithson et d’Oswald M.Ungers: Berlin – la ville ouverte, et<br />

Berlin – l’archipel urbain vert. Cela signifie qu’en insistant sur<br />

la potentialité de la ville, il ne faut pas attiser à nouveau un<br />

débat autour du «vide, du rien, du Nevada conceptuel »<br />

(Koolhaas), des espaces intermédiaires entre les<br />

“Landcastles” (Smithson) ou les “archipels” (Ungers).<br />

L’accent se trouve plutôt mis sur la ville dans son ensemble et<br />

à cet égard sur la «ville dans la forme du possible », ainsi que<br />

la nomme Urs Füssler, alors que Wilfried Kühn reconnaît de<br />

toute façon que ce décalage de l’accent est une condition<br />

préalable des “pratiques situatives”. Ce revirement n’est pas<br />

non plus nouveau au sens propre. Città analoga ou Entwerfen<br />

und Denken in Vorstellungen, Metaphern und Analogien de<br />

Rossi ou Ungers l‘anticipaient. À l’inverse, le réalisme sans<br />

illusion est nouveau. Il projette des questions de l’architecture<br />

non plus sur les contre-mondes d’une Città analoga ou<br />

d’une ville européenne, mais voit dans la ville, comme elle est<br />

“trouvée” – “as found” disait-on dans les années 1960 – uniquement<br />

la matière de «situations qui incitaient à penser à<br />

l’avenir, à faire des projets dans l’avenir, à progresser »<br />

(Füssler). Il s’agit d’une ville post-européenne et d’une mise<br />

en situation qui ne sont plus liées dans un projet envahissant,<br />

motivé politiquement. Aujourd’hui, la devise pourrait être non<br />

plus progetto e utopia, mais progetto e realismo, à l’exemple<br />

de Manfredo Tafuri.<br />

Dans un manifeste rétroactif pour Berlin, Wilfried Kühn pose<br />

les bases de cette mise en situation. Le point de départ se<br />

trouve dans les efforts des Smithson à lire la ville d’aprèsguerre<br />

avec les yeux de Guy Debord et à passer à un nouveau<br />

concept de ville. Ce concept ordonne la ville non plus d’après<br />

la dichotomie moderniste de la vieille ville et de la ville nouvelle,<br />

mais d’après les “Landcastles” et “Greenways”, archipels<br />

et vides, «lieux de densité atmosphérique » et de flux de<br />

circulation. Il permet ainsi d’identifier les «générateur(s) defacto<br />

d’urbanité » que Wilfried Kühn repère dans des «projets<br />

situatifs. Berlin aujourd’hui: (le) projet Urban Catalyst [...]<br />

intitulé Utilisation intermédiaire du Palais de la<br />

République». Avec ce projet, le groupe Studio Urban<br />

Catalyst essaie de réaffecter de façon productive le Palais de<br />

la République de Berlin, actuellement vide, afin d’essayer,<br />

d’une part, de trouver de nouvelles utilisations pour des bâtiments<br />

inoccupés et, d’autre part, de faire de la politique pour<br />

et avec ces concepts d’utilisation. Car il est prévu de raser le<br />

Palais de la République et de le remplacer par un remake du<br />

Château de Berlin démoli dans les années 1950.<br />

Dans sa présentation, l’agence Urban Catalyst explique<br />

qu’avec les utilisations intermédiaires, il ne peut plus s’agir<br />

«de concevoir des espaces pour un programme donné», mais<br />

de trouver des programmes pour des espaces donnés, de<br />

développer un projet, de déclencher une campagne de médias<br />

et de faire un travail d’intérêts à la manière du lobbying. Cela<br />

veut dire : devenir actif et communicatif dans chaque situation<br />

spécifique.<br />

Des projets comme celui de l’Utilisation intermédiaire du<br />

Palais ne sont plus orientés ni sur l’objet, ni sur le processus<br />

au sens classique du terme. Il s’agit d’une orientation sur le<br />

processus qui est l’un des nouveaux sujets dominants. Les<br />

projets d’utilisation intermédiaire sont des projets de mouvement<br />

classiques. Ils veulent s’immiscer, mettre quelque<br />

chose en mouvement, mais ne pas se réduire à mobiliser des<br />

militants de projets. Politiquement, ils se voient d’une<br />

manière différente de celle des années 1960. Ils recherchent la<br />

publicité, et non plus la contre-publicité, mais la publicité<br />

dominante des médias afin d’éveiller l’attention et l’intérêt<br />

pour la publicité partielle du projet. Pour cela ils ont recours à<br />

toutes les techniques possibles pouvant permettre au projet<br />

de communiquer, qu’il s’agisse de bandes dessinées, de logiciels<br />

d’animations ou d’images informatiques pour visualiser<br />

le contexte politique, de plans ou de maquettes pour l’articulation<br />

du programme – à chaque fois il s’agit de rendre le projet<br />

apte à la communication indépendamment des techniques<br />

et des médias utilisés. La communication se trouve alors à<br />

égalité avec la fonction, donc à côté de l’arsenal traditionnel<br />

des techniques architectoniques. Plus encore: la communication<br />

devient un mode de projet autonome, avec ses pratiques<br />

spécifiques qui s’approprient et refaçonnent l’arsenal des<br />

techniques. Ainsi se dessinent les contours d’un nouveau profil<br />

professionnel: l’architecte en tant qu’acteur de communication;<br />

à ce titre, il réagit progressivement au déclin de la<br />

publicité bourgeoise: d’une part, en essayant de réactiver le<br />

flux d’informations interrompu entre le caractère partiellement<br />

public et le caractère totalement public des médias et,<br />

d’autre part, du fait que pour réussir à imposer le projet, il<br />

crée des partenariats qui passent au-dessus des partis dans<br />

le but d’appliquer une politique réaliste et réalisable pour le<br />

projet.<br />

Le projet Utilisation intermédiaire du Palais montre en outre<br />

à quel réalisme conceptuel a conduit le tournant situationniste<br />

de la théorie architecturale. Une utilisation intermédiaire<br />

est générée à partir d’un “contenant vide”, une<br />

construction intermédiaire et une ville intermédiaire à partir<br />

d’une architecture conceptuelle. Des concepts qui étaient<br />

autrefois le privilège de cercles d’architecture s’apprêtent à<br />

passer entre les mains de la majorité. L’utilisation intermédiaire<br />

du Palais de la République peut mobiliser l’opinion<br />

publique alors que le renvoi à la potentialité abstraite du<br />

Palais désaffecté demeure académique.<br />

Il faut encore remarquer qu’à la différence de la ville intermédiaire,<br />

le concept de construction intermédiaire désigne pour<br />

le moment et avant tout une perspective. Alors que la désignation<br />

de ville intermédiaire s’est imposée pour la ville fondée<br />

sur la voiture, pour la ville post-européenne, celle donc<br />

des agglomérats fonctionnels de type insulaire et reliés<br />

ensemble par des voies de circulation à vitesse variable. Elle<br />

a remplacé les anciennes désignations de sprawl et metropolitan<br />

area; les derniers exemples de construction intermédiaire<br />

remontent au métabolisme des années 1960.<br />

Mégastructures et cellules. Le métabolisme était la première<br />

tentative par accentuation du service et de la cellule habitat,<br />

à donner forme aux besoins modifiés d’après l’individualisme<br />

et les liens interchangeables. Alors que le langage formel du<br />

métabolisme s’est apparemment épuisé, la tendance à l’individualisme<br />

ne s’est pas seulement développée mais s’est<br />

aussi élargie socialement. Pourtant, la ville post-européenne,<br />

tout comme les conditions d’existence individualistes qui lui<br />

correspondent, manque apparemment de représentations<br />

claires. Nous cherchons à saisir ces représentations avec les<br />

concepts de construction intermédiaire et de ville intermédiaire<br />

et à les anticiper en termes de politique de l’architecture.<br />

Bureau plus, projet plus, architecture plus<br />

Christopher Dell voit naître dans ces groupes une nouvelle<br />

“sociabilité light” utilisant “l’amitié (comme) force de motivation”.<br />

Même si l’on ne va pas jusqu’à y voir déjà les signes<br />

précurseurs d’un nouveau contrat de social, l’on peut tout de<br />

même affirmer que les débuts d’un changement de génération<br />

se dessinent. Cela s’exprime d’abord et avant tout dans<br />

la question du profil professionnel et dans le fait de savoir<br />

sous quelle forme appréhender les besoins de communication<br />

des sociétés de masse.<br />

Deuxième exemple: la façade-médias de la<br />

Kunsthaus de Graz en Autriche –Maison de l’Art –<br />

du groupe Realities United, résultant de l’association<br />

[kunst und technik]eV, dont le profil professionnel<br />

varie en fonction des situations, entre planificateurs<br />

de médias, programmeurs d’interfaces<br />

et designers, n’ont pu obtenir la mission de développement<br />

de la façade media de la Kunsthaus de<br />

Graz que lorsqu’il est devenu de plus en plus manifeste<br />

que le concept de départ des architectes<br />

Peter Cook et Colin Fournier ne devait pas être<br />

réalisé. La façade était conçue comme une “membrane<br />

communicative”; “communicative” signifiant<br />

un lien; la diffusion de la lumière étant restée<br />

indéterminée lors du concours. La pénétration de<br />

la lumière devait se faire au moyen de ce que l’on<br />

appelle des “canons de lumière”, sortes d’yeux<br />

sortant de la façade, et de plaques acryliques<br />

transparentes intégrées dans la façade. Ce dernier<br />

point n’a pas pu être réalisé et le premier demeure<br />

presque inefficace.<br />

Ce n’est qu’avec l’installation d’une façademédias<br />

entre le soubassement et l’enveloppe latérale<br />

en plexiglas que le concept de départ d’une<br />

“membrane communicative” a pu être réalisé au<br />

moins en partie. Dans la réalité, la façade est une<br />

machine énorme avec une interface et un modulateur<br />

visuel qui traite les informations et organise<br />

les vues. Par sa fonction d’interface, la façade<br />

informe au moyen de textes, d’icônes et de films<br />

du programme en cours à la Kunsthaus et par làmême<br />

agrandit sa surface d’exposition à presque<br />

1000 m 2 – pour les installations et les performances,<br />

tandis que par sa fonction de modulateur visuel et,<br />

tout comme pour l’Appartement Charles de<br />

Beistegui de Le Corbusier, elle dégage seulement<br />

certaines vues sur la ville: sur le Schloßberg, sur la<br />

vieille ville et ses environs.<br />

Contrairement à l’impression d’une transparence<br />

inondée de lumière donnée par la Kunsthaus du<br />

fait de sa “peau” en plexiglas pré-exposée, les salles<br />

d’exposition sont isolées hermétiquement du<br />

monde extérieur. Guidé par les escaliers roulants,<br />

stimulé par de la musique, on glisse jusqu’aux salles<br />

d’exposition situées au premier et au deuxième<br />

étages pour pénétrer ensuite au sein de ce<br />

“friendly alien” ainsi que Peter Cook et Colin<br />

Fournier ont eux-mêmes baptisé leur vaisseau<br />

spatial ayant atterri de façon si inopinée à Graz.<br />

Du reste, il n’y a qu’à Graz qu’il pouvait s’arrimer<br />

car la ville devenait capitale culturelle de l’Europe<br />

en 2003. Cette impression de vaisseau spatial se<br />

renforce encore lorsqu’on repart de la Kunsthaus,<br />

en particulier le soir, lorsque le bâtiment s’enfonce<br />

dans le gris de la nuit et que les icônes de la<br />

façade-médias resplendissent alors d’autant plus<br />

clairement dans le ciel sombre.<br />

Cette façade-médias est l’événement de la<br />

Kunsthaus de Graz. Grâce à elle et en très peu de<br />

temps, la Kunsthaus de Graz est elle-même devenue<br />

une icône.<br />

Issue des exigences contradictoires de communication<br />

et de lévitation, la façade-médias y répond<br />

unilatéralement dans le sens de la communication<br />

et anticipe ainsi un conflit inter-générations touchant<br />

au futur profil professionnel des architectes.<br />

Des générations qui se retrouvent face à face dans<br />

le conflit: d’une part, une jeune génération ayant<br />

une grande compétence en matière de communication<br />

et un profil professionnel incertain; d’autre<br />

part, un architecte-star ayant un<br />

profil professionnel généraliste et<br />

un flair sûr de ce qui est moderne.<br />

La question porte sur la perspective<br />

professionnelle des architectes:<br />

l’architecte va-t-il évoluer vers l’acteur<br />

de communication et le médiateur<br />

afin de satisfaire aux exigences<br />

de communication des sociétés<br />

de masse développées, ou bien vat-il<br />

rester le généraliste d’autrefois<br />

qui, en raison de ces évolutions, se<br />

recroqueville encore un peu plus<br />

dans sa coquille? La question de la<br />

compétence communicative est le<br />

premier tournant décisif:<br />

La compétence communicative<br />

commence. Le bureau n’est plus le<br />

bureau classique. Le bureau est une<br />

salle d’exposition, une plate-forme<br />

de discussion, un bar. Bureau plus.<br />

Elle se poursuit par le projet. Le projet<br />

n’est plus le projet classique. Le<br />

projet est communicatif, situatif et<br />

temporaire. Projet plus.<br />

Et elle se termine par l’architecture.<br />

L’architecture n’est plus l’architecture<br />

classique. L’architecture est<br />

une architecture communicative :<br />

Architecture plus. archplus.<br />

Ce facteur “plus” ouvre des perspectives.<br />

Les débats et les pratiques<br />

à venir auront pour tâche de les<br />

dégager.<br />

Cet article est une version révisée de l’éditorial<br />

de Off-Architektur 1, Szenen, archplus<br />

166, octobre 2003; les citations sont de<br />

Christopher Dell, Improvisation braucht<br />

Methode. Sieben Takes; Urs Füssler, Das<br />

Carambol-Prinzip; et de Wilfried Kühn,<br />

Situationen, Modelle entnommen, Off-<br />

Architektur 1 und 2, Szenen und Netzwerke,<br />

archplus 166 und 167, octobre 2003.<br />

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