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SOIRÉES <strong>NUS</strong> & <strong>CULOTTÉS</strong><br />
N. : Le critère de base est que chaque destination nous<br />
fasse rêver tous les deux. On ne peut pas se lancer dans<br />
ces voyages sans un réel enthousiasme et une motivation<br />
profonde. Le véritable objet de ces périples étant la rencontre,<br />
il nous faut trouver un équilibre entre un rêve à la<br />
fois osé et réalisable pour pouvoir éveiller la curiosité des<br />
gens en prenant le temps de les rencontrer.<br />
A chaque fois, pour vous l’idée d’échange est très importante.<br />
Pourquoi ?<br />
N. : Une des questions que nous nous posons est de savoir<br />
s’il existe d’autres moyens que l’argent pour répondre à nos<br />
besoins de base. Pour le voyageur sans le sou, l’échange se<br />
situe beaucoup dans l’écoute et la présence, mais il peut<br />
aussi prendre forme matériellement avec des cadeaux, un<br />
coup de main ou un troc. Pour nous, insister là-dessus, c’est<br />
entrer dans une autre dimension de la rencontre et aussi<br />
rendre possible une façon différente de voyager.<br />
M. : C’est important pour nous d’apporter quelque chose,<br />
c’est le cœur de nos voyages. Que peuvent avoir des inconnus,<br />
certains sédentaires, d’autres nomades, à échanger<br />
lorsqu’ils se rencontrent ? Des cadeaux, des rires, des<br />
services, des discussions, de l’écoute, une simple présence,<br />
un toit, un repas ? Finalement, ces échanges ne sont qu’un<br />
prétexte à se voir soi-même dans les yeux de l’autre.<br />
Quel est votre meilleur et votre pire souvenir de ces<br />
six voyages ?<br />
N. : Un très mauvais ? Dans l’épisode Objectif Auvergne, se<br />
réveiller chaque matin pendant une semaine sans savoir<br />
si on allait pouvoir remettre notre vieux camion en état de<br />
marche. Nous nous étions engagés dans les réparations<br />
sans rien y connaître et, franchement, j’avais l’impression<br />
de m’embourber dans un projet sans fin et de passer à<br />
côté des rencontres. Un beau souvenir : la communauté<br />
de Treynas, et Paco qui nous a au final aidés à réparer le<br />
camion ! Il y avait une telle bienveillance et générosité de sa<br />
part que nous étions presque prêts à rester vivre avec eux...<br />
Une belle inspiration !<br />
M. : Je garde le souvenir d’une peur immense avant le<br />
voyage Objectif Auvergne, sachant que nous allions partir<br />
sous la neige, par des températures négatives la nuit. Grâce<br />
à un stage d’entraînement au froid, au moment du départ,<br />
la peur a laissé place à l’action. Un beau souvenir ? Notre<br />
halte chez Papé et Mamé, sur la route des Alpes. Pour les<br />
remercier de leur accueil, nous leur avons offert une flûte<br />
de pan et une couronne de fleurs confectionnées dans les<br />
marais. Papé a pris la couronne et l’a posée en évidence<br />
dans la salle à manger en disant : « Voilà, ça ne bougera<br />
plus ! » L’émotion était forte !<br />
Comment s’est déroulé le tournage ? Vos caméras<br />
étaient branchées combien de temps par jour ?<br />
N. et M. : En fait, elles tournent assez peu, environ deux<br />
heures par caméra. L’un prend le baluchon, l’autre la caméra<br />
de poing et puis nous alternons.<br />
Si on vous dit que vous êtes les héritiers d’Antoine de<br />
Maximy, que répondez-vous ?<br />
N. et M. : Antoine de Maximy a ouvert une voie dans le<br />
genre des documentaires de voyages incarnés, il a montré<br />
qu’on peut aller dormir chez les gens, que c’est possible et<br />
riche en émotions. Nous sommes dans cette filiation.