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Connaissance, étude et protection des tortues dans le

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t) A gauche / Portrait de Maximilian zu<br />

Wied-Neuwied, découvreur de la<br />

lTydromedusa maximiliani.<br />

O En bas à gauche / Femel<strong>le</strong> adulte<br />

Hydromedusa maximilianf de la réserve<br />

de Santa Candida (Juiz de Fora). Son long<br />

cou justifie p<strong>le</strong>inement son nom<br />

vernaculaire de "tortue à long cou du<br />

Brésil".<br />

O Gi-contre / C<strong>et</strong>te mare artificiel<strong>le</strong> a été<br />

creusée à I'entrée de la réserve de Santa<br />

Candida. El<strong>le</strong> est exceptionnel<strong>le</strong>ment<br />

fréquentée par H. maximiliani qul préfère<br />

en principe <strong>le</strong>s eaux limpi<strong>des</strong> Et peu<br />

profon<strong>des</strong> <strong>des</strong> ruisseaux de la forêt<br />

pluvia<strong>le</strong> atlantique (en arrière plan).<br />

profond en moyenne de 10 à 15 cm. Il cou<strong>le</strong> entre deux<br />

montagnes couvertes d'une forêt dont <strong>le</strong>s arbres<br />

atteignent une vingtaine de mètres de hauteur. Le fond du<br />

ruisseau est constitué d'une terre rougeâtre collante<br />

recouverte d'une couche de sab<strong>le</strong> <strong>et</strong> de gal<strong>et</strong>s. L'eau est<br />

d'une limpidité tel<strong>le</strong> qu'il est possib<strong>le</strong> d'observer <strong>le</strong><br />

moindre invertébré aquatique. Le ruisseau est jalonné de<br />

p<strong>et</strong>ites casca<strong>des</strong> qui forment <strong>des</strong> trous d'eau de 40 à 50<br />

centimètres de profondeur. C<strong>et</strong> écosystème représente <strong>le</strong><br />

biotope de prédi<strong>le</strong>ction de I'Hydroméduse de<br />

Maximilien.<br />

e constate avec surprise que la température de I'eau<br />

n'excède pas l8oC. L'air ambiant est tout aussi<br />

frais. Comment une tortue a-t-ellp pu s'adapter à<br />

<strong>des</strong> conditions pareil<strong>le</strong>s ? La tortue est un repti<strong>le</strong><br />

qui a besoin, en principe, de cha<strong>le</strong>ur pour viwe ou <strong>le</strong> cas<br />

échéant de lieux d'insolation pour se chauffer. Dans la<br />

forêt pluvia<strong>le</strong> atlantique, la température annuel<strong>le</strong><br />

moyenne ne dépasse pas 20"C. Et la température interne<br />

de I'Hydroméduse est très souvent plus é<strong>le</strong>vée que cel<strong>le</strong><br />

du milieu. Tout cela me laisse perp<strong>le</strong>xe ; la régulation<br />

interne d'une tortue s'effectue grâce à <strong>des</strong> adaptations<br />

phys.iologiques très fines, dont <strong>le</strong>s mécanismes sont<br />

parfois bien obscurs pour <strong>le</strong>s naturalistes.<br />

La pénombre est percée par quelques rayons de so<strong>le</strong>il qui<br />

illuminent <strong>le</strong>s ai<strong>le</strong>s d'une multitude de papillons jaune<br />

citron, b<strong>le</strong>u turquoise <strong>et</strong> vert émeraude. Malgré <strong>le</strong><br />

redoub<strong>le</strong>ment de mon attention, je n'observe pas de<br />

torfue. Je poursuis mes prospections. Je découvre bientôt<br />

une mare artificiel<strong>le</strong>, formée après la construction d'un<br />

p<strong>et</strong>it banage. Une digue construite à l'aide de grosses<br />

pierres rectangulaires délimite un bassin de 15 mètres de<br />

long sur 12,60 mètres de large. La profondeur n'excède<br />

pas I mètre, <strong>et</strong> en sondant <strong>le</strong> fond je constate la présence<br />

d'une couche de vase qui atteint par endroits presque I<br />

mètre d'épaisseur. La clarté de I'eau me perm<strong>et</strong><br />

d'observer <strong>le</strong> moindre mouvement <strong>des</strong> têtards, <strong>des</strong> p<strong>et</strong>its<br />

73 - LA TORTUE, N'74, Juill<strong>et</strong> 2006<br />

poissons, <strong>des</strong> escargots <strong>et</strong> de nombreuses larves de<br />

libellu<strong>le</strong>s qui constituent I'essentiel de la faune<br />

aquatique. La végétation est représentée par une plante,<br />

semblab<strong>le</strong> à une élodée, dotée de longues feuil<strong>le</strong>s (10-12<br />

cm) étroites, non recourbées <strong>et</strong> couvertes par endroit de<br />

grappes d'æufs d'amphibiens. J'aperçois ma première<br />

Hydroméduse de Maximilien, immobi<strong>le</strong> sur <strong>le</strong> fond. El<strong>le</strong><br />

ne cherche pas à fuir lorsque je la saisis. En I'espace<br />

d'une heure, je capture cinq autres <strong>tortues</strong> (PHOTO à<br />

gauche).<br />

L'Hydroméduse de Maximilien passe pour être I'une <strong>des</strong><br />

plus p<strong>et</strong>ites <strong>tortues</strong> aquatiques du Brésil. El<strong>le</strong> mesure<br />

moins de 20 cm de long pour un poids de 530 grammes.<br />

Sa carapace basse est carénée sur <strong>le</strong>s vertébra<strong>le</strong>s 2 à4.La<br />

dossière est généra<strong>le</strong>ment noire à malron clair <strong>et</strong> <strong>le</strong><br />

plastron de cou<strong>le</strong>ur crème. La dossière <strong>et</strong> <strong>le</strong> plastron sont<br />

souvent recouverts d'un dépôt sombre de substance<br />

terreuse qui dissimu<strong>le</strong> sa cou<strong>le</strong>ur d'origine. Le plastron<br />

<strong>des</strong> nouveau-nés est entièrement noir. Le mâ<strong>le</strong> est plus<br />

grand <strong>et</strong> plus léger que la femel<strong>le</strong>, sa queue est éga<strong>le</strong>ment<br />

plus longue, <strong>et</strong> son plastron concave au niveau <strong>des</strong><br />

fémora<strong>le</strong>s <strong>et</strong> <strong>des</strong> ana<strong>le</strong>s. Sa carapace étroite est éga<strong>le</strong>ment<br />

resserrée au milieu, en forme de huit. La peau est brunegrisâtre<br />

<strong>dans</strong> sa partie supérieure <strong>et</strong> blanc-jaunâtre <strong>dans</strong><br />

sa partie inférieure. Le <strong>des</strong>sous de la tête <strong>et</strong> du cou est<br />

uniformément brun. Le cou possède de nombreuses<br />

épines de cou<strong>le</strong>ur jaune ou brun. L'iris est noir <strong>et</strong> la<br />

pupil<strong>le</strong> jaune teintée de vert. Les pattes sont terminées<br />

par cinq griffes à I'avant <strong>et</strong> quatre à I'arrière. Lors de la<br />

manipulation, <strong>le</strong>s griffes acérées transpercent à plusieurs<br />

reprises la peau de mes mains. C'est <strong>le</strong> seul inconvénient<br />

auquel je suis confronté car c<strong>et</strong>te tortue ne présente<br />

d'ordinaire aucun signe d'agressivité. Les torlires sont<br />

parasitées par de nombreuses sangsues jaunes qui se<br />

rassemb<strong>le</strong>nt de préference entre la base du cou <strong>et</strong> <strong>le</strong>s<br />

pattes avant. cI.<br />

'6t<br />

Hydromedusa maximiliani sera décrite par Johann Christian Mikan (TôpliE,<br />

1769 - Prague, 1844). Ce professeur d'histoire naturel<strong>le</strong> €t de botanique a<br />

enseigné à l'Université de Prague. ll a publié un lravail mémorab<strong>le</strong> sur la faune<br />

<strong>et</strong> la flore du Brésil intitulé "De<strong>le</strong>ctus Florâe <strong>et</strong> Faunae Brasiliensis iussu <strong>et</strong><br />

Auspiciis Francisci l. Auskiae lmperatoris Investigatae".

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