A NOS AMOURS
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A NOS AMOURS
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13.<br />
Matin. Suzanne constate que sa mère a fouillé dans ses affaires,<br />
jeté une robe, déchiré des lettres de Bernard. Elles se battent.<br />
Robert tente de les séparer, frappe sa sœur, calme la mère…<br />
> 14.<br />
Soir. Betty annonce que Robert ne rentre pas manger.<br />
Suzanne décide de partir, elle aussi.<br />
> 15.<br />
Dans un appartement, Suzanne, Solange, Anne, Bernard,<br />
Martine et quelques autres préparent à manger, puis, dans la<br />
nuit, Suzanne laisse Martine discuter avec Angelo pour<br />
rejoindre Bernard avec lequel elle parle des « conneries »<br />
qu’elle a faites avec Luc.<br />
> 16.<br />
Suzanne rentre chez elle.Sa mère l’attend et appelle immédiatement<br />
Robert, qui la frappe et veut la forcer à demander<br />
pardon à la mère. Suzanne se défend, la mère pleure en<br />
demandant pourquoi sa fille ne l’aime pas. « Fallait pas me<br />
chier ! », lance Suzanne.<br />
> 17.<br />
Après un nouvel échange fielleux entre mère et fille, Suzanne<br />
annonce à Robert qu’elle ne peut plus vivre comme ça et va<br />
entrer en pension.<br />
> 18.<br />
Suzanne rencontre Anne, qui est avec Luc, dans un magasin<br />
d’habillement. Elle passe un moment seule sous la pluie,<br />
sous un Abribus.<br />
> 20.<br />
Au retour, Robert l’accueille en la frappant. Ils s’écroulent sur<br />
le lit de la mère et se battent tous les trois.<br />
ANALYSE Désormais, ce sont les relations de Suzanne avec sa mère (et<br />
Robert) qui prennent le devant, dans une alternance implacable de<br />
scènes assez courtes qui illustrent parfaitement la construction générale<br />
du film, en constant balancement : Suzanne à l’extérieur, en compagnie<br />
de ses amants successifs, partagée entre le plaisir et le désespoir (relations<br />
avec Luc et plans de l’Abribus).<br />
> 22.<br />
Suzanne, la nuit, dans la rue, demande à Jean-Pierre de ne<br />
pas la quitter. Celui-ci va voir Robert et lui reproche de battre<br />
Suzanne. Il rétorque qu’elle est volage et qu’il protégera toujours<br />
sa mère.<br />
> 23.<br />
Suzanne et Jean-Pierre cherchent un hôtel pour la nuit.<br />
> 24.<br />
Suzanne essaie une robe sous le regard apaisé de sa mère, de<br />
Jean-Pierre et de la mère de celui-ci. Luc téléphone et<br />
Suzanne accepte de le voir dans un café. Il l’aime. Elle ne veut<br />
pas faire de mal à Jean-Pierre et puis, elle a changé.<br />
ANALYSE Ces trois scènes constituent la seule articulation logique et traditionnelle<br />
dans la construction du film : la violence familiale ayant<br />
atteint son comble dans le segment précédent, Suzanne se raccroche à<br />
Jean-Pierre, l’épouse, repousse une dernière fois Luc. La situation familiale<br />
est apaisée mais la souffrance intérieure de Suzanne est toujours<br />
présente.<br />
> 25.<br />
Une fête dans l’appartement. Robert présente Jean-Pierre,<br />
marié depuis six mois avec Suzanne, à Jacques, son beaufrère.<br />
Des remarques troubles sont échangées sur les rapports<br />
entre frères et sœurs. Robert se félicite de sa réussite,<br />
vante son épouse Marie-France auprès de sa mère. Soudain<br />
débarque le père, qui s’installe à table, reproche à Robert<br />
d’épouser Marie-France pour sa carrière. Citant Van Gogh,<br />
il conclut : « La tristesse durera toujours… » Betty le force à<br />
partir.<br />
> 26.<br />
Roger accompagne sa fille en bus à l’aéroport, d’où elle part<br />
pour San Diego avec Michel. Il lui dit gentiment qu’elle croit<br />
aimer mais qu’elle attend seulement qu’on l’aime, évoque la<br />
fossette… Lui en bus, elle en avion, ils partent dubitatifs et un<br />
peu tristes…<br />
ANALYSE Ces deux dernières scènes concluent le film dans le même principe<br />
: deux blocs indépendants (voire contradictoires), sans continuité<br />
logique avec ce qui précède. Une phrase nous apprend, dans la séquence<br />
25, que Suzanne est mariée depuis six mois. Dans la 26, elle a quitté<br />
Jean-Pierre. Depuis combien de temps ? Surtout, la grande scène du<br />
dîner (25) est un petit film à l’intérieur du film, comme tombé là arbitrairement<br />
(ce qui est d’ailleurs le cas, voir « Questions de méthode »,<br />
p. 8-9). Cette construction et cette fin ouverte qui ne conclut rien (le<br />
film pourrait parfaitement continuer) produisent cet effet très particulier<br />
à Pialat : le sentiment de voir vivre des personnages comme dans la vie<br />
et non dans une construction et une épaisseur romanesque. Les événements<br />
arrivent sans raison apparente, d’autres nous restent cachés. Le<br />
monde de Pialat vit et existe en dehors de ce qui nous est montré.<br />
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