04.07.2013 Views

cahier complet - Le Centre de Doctrine d'Emploi des Forces ...

cahier complet - Le Centre de Doctrine d'Emploi des Forces ...

cahier complet - Le Centre de Doctrine d'Emploi des Forces ...

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

Chapitre I – « Alger nous abandonne ! »<br />

51<br />

troisième partie – <strong>Le</strong> sacrifice du vercors<br />

<strong>Le</strong> message que Huet envoie à Alger dans la nuit du 25 au 26 juillet traduit ce sentiment d’abandon :<br />

« Défenses Vercors percées le 23 à 16 h 00 après lutte <strong>de</strong> 56 heures. Ai ordonné dispersion par petits<br />

groupes en vue <strong>de</strong> reprendre lutte si possibilités. Tous ont fait courageusement leur <strong>de</strong>voir dans une lutte<br />

désespérée et portent la tristesse d’avoir dû cé<strong>de</strong>r sous nombre et d’avoir été abandonnés seuls au<br />

moment du combat ». <strong>Le</strong> message <strong>de</strong> Chavant envoyé un peu plus tôt accuse ouvertement Alger : « La<br />

Chapelle, Vassieux, Saint-Martin bombardés par l’aviation alleman<strong>de</strong>. Troupes ennemies parachutées<br />

sur Vassieux. Demandons ravitaillement en hommes, vivres et matériel. Moral <strong>de</strong> la population excellent,<br />

mais se retournera rapi<strong>de</strong>ment contre vous si vous ne prenez pas dispositions immédiates et nous serons<br />

d’accord avec eux pour dire que ceux qui sont à Londres et à Alger n’ont rien compris à la situation<br />

dans laquelle nous nous trouvons et sont considérés comme <strong>de</strong>s criminels et <strong>de</strong>s lâches. Nous disons<br />

bien : criminels et lâches ». Ce télégramme fait l’objet d’un électrochoc à Alger. <strong>Le</strong> général Bethouart,<br />

chef d’état-major <strong>de</strong> la Défense nationale est chargé immédiatement par <strong>de</strong> Gaulle <strong>de</strong> s’occuper <strong>de</strong> cette<br />

affaire. Mais le temps <strong>de</strong> trouver <strong>de</strong>s hommes à parachuter, la situation du Vercors a évolué… et l’ordre<br />

<strong>de</strong> dispersion donné.<br />

Henri Michel 96 explique qu’après les massacres <strong>de</strong> maquisards et <strong>de</strong> civils, « tous eurent la conviction<br />

d’avoir été incompris, abandonnés, voire trahis. A vrai dire, à l’enthousiasme <strong>de</strong>s résistants, à leurs<br />

besoins, ne correspondaient pas, à Alger, <strong>de</strong>s moyens suffisants chez les Français ni, chez les Alliés qui<br />

les détenaient, la volonté <strong>de</strong> les fournir ». <strong>Le</strong>s Alliés n’ont certainement pas trahi un maquis auquel ils<br />

avaient signalé qu’il n’était pas prioritaire, et à qui ils ont envoyé un armement, certes léger, mais en<br />

quantité importante pour remplir les missions qu’ils attribuaient à la Résistance.<br />

« <strong>Le</strong>s Alliés, seuls dispensateurs <strong>de</strong> l’armement, ne livreront à la Résistance que les armes nécessaires<br />

aux missions spécialement prévues par eux-mêmes et le B.C.R.A. dans la perspective du débarquement<br />

et ce, dans le cadre <strong>de</strong> groupements organisés » 97 .<br />

De plus, il semble que du côté français, la préparation <strong>de</strong> l’attaque finale n’était pas inconnue. L’étu<strong>de</strong><br />

minutieuse menée par Fernand Ru<strong>de</strong> <strong>de</strong>s télégrammes échangés entre le Vercors et Alger montre que,<br />

dès le 13 juillet les services du général Cochet, à Alger, avaient prévenu Descour et Huet <strong>de</strong> l’imminence<br />

d’une offensive alleman<strong>de</strong>, ceux-ci étant renseignés <strong>de</strong> leur côté par leurs propres structures et par la<br />

Résistance <strong>de</strong> la Drôme et <strong>de</strong> l’Isère 98 . Pourquoi alors ont-ils été surpris ? Pourquoi le terrain <strong>de</strong> Vassieux<br />

était-il dépourvu d’une simple DCA ?<br />

Il faut noter aussi que le Vercors ne représentait pas grand-chose dans le contexte général <strong>de</strong> la guerre.<br />

Au même moment, en Normandie se déclenchait l’opération Goodwood, tandis que l’opération Cobra<br />

en direction d’Avranches débutait le 25 juillet. Sans oublier les conditions atmosphériques peu favorables<br />

à une intervention alliée aérienne à la mi-juillet.<br />

96 « <strong>Le</strong>s Maquis en France » dans La Secon<strong>de</strong> Guerre mondiale, page 1857.<br />

97 Général Delmas « Conception et préparation <strong>de</strong> l’insurrection nationale » actes du colloque La Libération <strong>de</strong> la<br />

France, ibid., page 452. François-Georges Dreyfus souligne que les F.F.I. (pas seulement au Vercors) n’admettront<br />

jamais que les parachutages sont d’abord liés à la place que les Résistants sont sensés tenir dans le déroulement<br />

<strong>de</strong> la campagne du débarquement, et que c’est la raison pour laquelle les Résistants sont « presque tous déçus <strong>de</strong><br />

la médiocrité <strong>de</strong> l’ai<strong>de</strong> alliée » (« Comptes rendus <strong>de</strong> lecture » dans Guerres mondiales et conflits contemporains,<br />

n° 197/2000, page 183).<br />

98 Gilles Vergnon, <strong>Le</strong> Vercors, histoire et mémoire d’un maquis, op. cit., p. 108.

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!