Dossier du film - Ben X.
Dossier du film - Ben X.
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quelqu’un se comporte-t-il authentiquement et quand joue-t-il un jeu ?<br />
Aujourd’hui, ces vieilles questions reviennent sous une nouvelle forme. Le<br />
monde des images virtuelles des jeux de rôle est-il vrai ou faux ? Les<br />
enfants et a<strong>du</strong>ltes qui jouent perdent-ils ou non leur sens de la réalité ?<br />
Dans <strong>Ben</strong>X, ces questions surgissent dès le prologue. Et cela se pro<strong>du</strong>it<br />
précisément dans le monde virtuel. La première conversation dans le <strong>film</strong><br />
entre <strong>Ben</strong>X et Scarlite a trait à cette authenticité quand Scarlite rappelle à<br />
<strong>Ben</strong> que sa princesse pourrait bien être un homme dans la réalité.<br />
Le cinéaste étudie la problématique au niveau humain et psychique<br />
<strong>du</strong> personnage principal. Pour <strong>Ben</strong>, Archlord fonctionne comme un miroir<br />
dans lequel il cherche à tâtons la véritable réalité de son existence et celle<br />
de la véritable réalité, le monde extérieur. Cet aspect seul rend le <strong>film</strong><br />
particulièrement original et passionnant. Le pseudo-monde fictif <strong>du</strong> jeu<br />
présente une dose de réalité que <strong>Ben</strong> ne rencontre pas dans la vraie<br />
réalité. Au niveau <strong>du</strong> spectateur, le réalisateur travaille également avec le<br />
jeu entre la réalité et l’imagination. Le cinéaste rend en outre la narration<br />
plus passionnante qu’elle ne l’est déjà en jouant un double jeu avec le<br />
spectateur même. Lorsque la mère annonce qu’il fallait d’abord un mort,<br />
le spectateur imagine que ce mort est <strong>Ben</strong>. Qu’il s’agit d’un suicide, ce que<br />
viennent corroborer les séquences qui se déroulent en gare de Bruxelles-<br />
Nord. Mais les choses ne sont pas aussi simples. <strong>Ben</strong> surmonte finalement<br />
son angoisse <strong>du</strong> suicide et imagine une stratégie propre pour réagir aux<br />
humiliations incessantes : il va organiser son pseudo-enterrement. Le<br />
spectateur découvre alors qu’un certain nombre de personnages (la mère,<br />
le père et dans une certaine mesure Scarlite) conspirent contre le monde<br />
extérieur (l’école, les médias) pour aider <strong>Ben</strong> à pouvoir continuer à vivre<br />
dans un monde où il ne doit plus supporter ces intolérables angoisses.<br />
C’est pour cela que la mère déclare dans le dernier extrait d’interview :<br />
« <strong>Ben</strong> est parti, mais heureusement il vit encore. Il vit, dans son propre<br />
univers peut-être, mais il vit à présent ». Celui qui devait finalement<br />
mourir est le <strong>Ben</strong> qui était la cible permanente des harcèlements<br />
inhumains. Ce <strong>Ben</strong>-là est désormais mort, et <strong>Ben</strong> peut à présent trouver le<br />
repos dans son propre monde qui fait partie <strong>du</strong> monde réel.<br />
LEITMOTIVE<br />
Le riche univers de sens de <strong>Ben</strong>X est créé par la forme particulière<br />
<strong>du</strong> dénouement dramatique. Le réalisateur y utilise plusieurs artifices<br />
cinématographiques particuliers mettent particulièrement en valeur<br />
l’interprétation <strong>du</strong> genre <strong>du</strong> thriller psychologique à partir de celle <strong>du</strong> <strong>film</strong><br />
spirituel. Outre les éléments techniques et narratifs, il utilise des<br />
leitmotive. Dans <strong>Ben</strong>X, Nic Balthazar utilise quelques motifs imagés très<br />
parlants. Ces derniers font office de fils rouges dans l’univers <strong>du</strong> sens <strong>du</strong><br />
<strong>film</strong>. Trois d’entre eux sautent aux yeux : la guerre, le miroir et le crucifix.<br />
LA GUERRE<br />
<strong>Ben</strong>X - <strong>Dossier</strong> <strong>du</strong> <strong>film</strong> - partie réservée aux enseignants - Sylvain De Bleeckere<br />
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