etude de cas sur la prostitution des jeunes femmes a ... - afesip

DFD2 – Phouvanh Khamdavong Rapport d’étude de terrain
3.2.3. Leurs situations et conditions de vie
Leurs lieux de vie
A Paksé, selon une dizaine de jeunes femmes rapidement interviewées (elles ne
figurent pas dans la liste de 8 entretiens), 7 habitent derrière le bar à bière ou la
boîte de nuit où elles travaillent et 3 habitent dans une guesthouse.
A Vientiane, 5 jeunes femmes interviewées habitent dans un appartement loué,
seule ou avec leur copain ou une amie. Une seule habite derrière le bar à bière
où elle travaille
Problèmes familiaux
Parmi les 8 jeunes femmes interviewées, une seule, Toui, dit qu’elle a été
frappée par son père lorsqu’elle était enfant. Elle se sentait isolée, exclue par
rapport aux autres enfants de sa famille.
L’histoire de Nounou
Les parents de Nounou ont divorcé lorsqu’elle était enfant (elle avait environ 8 ans). Son
père a refait sa vie ailleurs. Sa mère est allée travailler en Thaïlande. Il ne restait que
Nounou et son grand avec leurs deux petits frères. Ils devaient travailler pour se nourrir.
« Quand je vendais de légumes au marché les autres femmes me disaient que je les
dérangeais. Certaines personnes m’insultaient, je ne savais pas pourquoi. Mais j’était
patiente. Certaines personnes m’arrosaient avec de l’eau quand je vendais au marché. Je
ramassais aussi des légumes dans les champs, des escargots, des crabes, pour vendre et
acheter des repas pour la maison. Et aussi je transportais de l’eau (avec un palanquin)
pour les gens. » Ils vivaient seuls sans leurs parents. Elle s’arrangeait pour élever ses
petits frères parce qu’ils buvaient encore du lait tellement ils étaient petits.
Jusqu’à la première année de collège (M1) Nounou était une très bonne étudiante et elle a
fait un concours des meilleurs étudiants. Elle a aussi fait un concours de course à pied
avec les étudiants d’autres écoles. Elle faisait du sport, du katorh (jeu de balle en rotin),
du football. Quand elle gagnait une compétition elle recevait un peu d’argent et elle
achetait à manger pour ses petits frères.
Sa mère est revenue de la Thaïlande lorsque Nounou était en troisième année de collège.
A cette époque elle vendait des légumes au marché du matin, des citrons, des tomates, des
aubergines (2 sacs pour 0,25 USD). Sa mère n’a jamais montré d’argent à ses enfants. Elle
n’achetait que du riz. Chose intéressante, la famille de Nounou a du riz qui vient des
paysans qui cultivent les rizières qui appartiennent à sa famille. Les paysans leur donnent
environ 2 sacs de 50 kilos par année. Mais ça ne suffit pas et il faut acheter encore du riz.
Nounou dit que comme ils étaient des enfants ils ne savaient pas négocier avec les
agriculteurs qui cultivaient leurs rizières.
Nounou a donné des cours de danse pour gagner de l’argent. Elle jouait au théâtre. Elle a
composé aussi une histoire et une chanson concernant la drogue qui peut tuer un frère.
Elle chantait la nuit dans un bar et le jour elle étudiait au collège. Mais elle a du quitter
son école car elle ne pouvait pas supporter la fatigue. Finalement elle est devenue
serveuse « sao drink » et se prostitue dans le bar où elle chantait pour nourrir sa famille.
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