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DFD2 – Phouvanh Khamdavong Rapport d’étude de terrain faudra voir si leurs enfants voudront s’adapter à l’usine ou si l’industrie du sexe fleurissante leur proposera des emplois plus rémunérateurs. 4.3.2. L’influence de la Thaïlande sur le Laos L’influence de la Thaïlande est importante : TV, musique, radio, mode vestimentaire, présence de plus en plus importante de touristes thaïs qui viennent dépenser leur argent dans un pays qui a gardé les traditions que les thaïs ont perdues en se modernisant. Il y a une dépendance culturelle, un besoin de consommer comme chez les voisins (les cousins) de l’autre côté du Mékong. Pour acquérir des choses que leurs parents ne peuvent pas leur donner (téléphone portable, vêtements à la mode, etc.) les jeunes ont besoin d’argent. « Globalisation is in the process of transforming Laos's relations with the world at large. […] The Lao are equally ambivalent about the Thai. On the one hand they admire their modernity and sophistication, which since the late 1980s they have followed via Thai TV. On the other hand, via this same medium, they are exposed daily to all of the most unattractive and frightening consequences of Thailand's rapid economic ascent […], whether they be problems of drug addiction, gangsterism, prostitution, corruption or marital breakdown » (Evans 2003 : 226). De nombreux lao (on parle de 300 000 personnes) tentent leur chance en Thaïlande pour y trouver du travail. Ils parlent la langue de leurs voisins (surtout les jeunes) et tous ne finissent pas enfermés dans une usine ou un bordel. Lorsqu’ils reviennent au Laos ils tentent les plus jeunes, ceux qui hésitent. Mais selon l’AFESIP-Laos, il y aurait environ 10 000 jeunes femmes lao qui seraient impliquées dans la prostitution en Thaïlande. 4.3.3. Changements de valeurs dans la société La société lao change, quelle le veuille ou non, pour les bons aspects comme pour les mauvais. Certes, l’ouverture du pays apportera une dynamique économique qui n’existait pas, créera des emplois, apportera des facilités pour les nouvelles générations, ou du moins celles des classes sociales les moins défavorisées. L’ouverture à un mode de décisions politiques plus participatif sera aussi bénéfique pour ce pays resté longtemps fermé sur lui-même. Les jeunes femmes sans qualification n’ont pas tellement d’opportunités entre le travail à l’usine ou dans les services (restaurants, bars à bière, etc.) qui rapportent de toute manière plus que la seule riziculture. C’est une main d’œuvre pas chère et docile qui vient servir les intérêts de l’élite bourgeoise et urbaine qui a l’argent et le pouvoir. On retrouve ce que Barbier (1975) décrivait avant la révolution :« […] le fossé s'élargit de plus en plus entre la classe dirigeante, hauts fonctionnaires et bourgeoisie commerçante compradore, où sévissent corruption et lutte pour le prestige social, et le reste de la population. » Page 40
DFD2 – Phouvanh Khamdavong Rapport d’étude de terrain Cette attraction du mode de vie des classes riches provoque des changements de mentalité et de valeurs morales. Il s’agit de satisfaire des désirs matérialistes, des besoins nouveaux. Parallèlement il y a une évolution des mœurs et des pratiques sexuelles. Toutefois, les jeunes femmes ne sont pas toujours bien préparées à évoluer dans un monde différent de celui dans lequel elles ont été élevées. Elles ne réussissent pas toutes à s’en sortir sans dommages. 4.4. QUI FAIT QUOI POUR AIDER CES JEUNES FEMMES ? 4.4.1. Les interventions du gouvernement Il est difficile de discuter de ce que fait ou ne fait pas le gouvernement au sujet de la prostitution. En effet, nous avons téléphoné à deux fonctionnaires du tribunal de Vientiane pour prendre un rendez-vous pour discuter sur « les jeunes femmes qui se prostituent ». Ils nous ont répondu : « la prostitution n’existe pas » et ont refusé de donner un rendez-vous. Selon une discussion informelle avec un policier : « Quand on arrête des prostituées, on éduque celles qui sont mineures et on fait payer des amendes à celles qui recommencent. Mais, la plupart continuent parce qu’elles ne savent pas quoi faire d’autre et ce que c’est un travail qu’elles peuvent faire. » Le rôle de la justice Nous avons interviewé une femme fonctionnaire en charge des dossiers au bureau de procureur de Paksé. Selon elle, les affaires de prostitution ne remontent jamais au bureau de procureur. Cela reste géré au niveau de la police (il y a des arrangements monnayés). Le Tribunal n’est impliqué à des affaires de prostitution qu’en cas d’un autre problème pénal (meurtre par exemple). Pourtant, la prostitution et le proxénétisme sont de la responsabilité pénale. Les articles 122 et 123 de la loi pénale stipulent : « A person engaging in prostitution is punishable by three months to one year of imprisonment or by reformatory measures without privation of liberty and fines from Kip 50,000 to Kip 500,000. Assistance or facilitation of prostitution is punishable by three months to one year of imprisonment or reformation without privation of liberty and fines from Kip 300,000 to Kip 1,000,000 ». Le rôle de l’Union des femmes Selon une discussion avec une dame qui s’occupe de la sensibilisation du SIDA, l’UFL collabore avec plusieurs secteurs comme le Ministère de la Santé, PSI, pour la sensibilisation sur le SIDA. Page 41
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