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Joseph Césarini et Jimmy Glasberg - Arald

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Dernier R<strong>et</strong>our en détention<br />

Dernier R<strong>et</strong>our en détention<br />

2007, 53', couleur, documentaire<br />

réalisation : Hélène Trigueros<br />

production : Dynamo production, France 3<br />

participation : CNC, CR Bourgogne, Procirep,<br />

Angoa-Agicoa<br />

Au centre de détention de Joux-la-Ville,<br />

après plusieurs années d’incarcération,<br />

Claire va être libérée <strong>et</strong> Manon va bénéficier<br />

d’une sortie conditionnelle. Hélène Trigueros<br />

suit leurs dernières semaines de détention.<br />

Dans l’intimité <strong>et</strong> le contre-jour<br />

de leurs cellules, les deux femmes livrent leurs<br />

expériences passées <strong>et</strong> leur appréhension<br />

du futur : la question de la culpabilité, toujours,<br />

<strong>et</strong> la libération, pourtant longuement préparée.<br />

La confiance en soi perdue, les sens mis<br />

en sommeil, le repliement sur soi, Claire<br />

<strong>et</strong> Manon ont les mêmes mots pour décrire<br />

leur début de détention. Chacune a effectué<br />

un long travail de psychothérapie<br />

pour r<strong>et</strong>rouver la parole, analyser le chemin<br />

qui les a conduites là <strong>et</strong> pouvoir à nouveau<br />

“se regarder en face”, “se reconstruire”.<br />

“Assagies”, “apaisées”, elles ne regr<strong>et</strong>tent<br />

pas ce temps douloureux qu’elles ont passé<br />

face à elles-mêmes. Au r<strong>et</strong>our de sa dernière<br />

permission, Claire s’exprime sur l’angoisse<br />

de sa sortie définitive : “R<strong>et</strong>rouver la relation<br />

avec mes enfants, la difficulté va être là.”<br />

Pour les deux femmes, la perspective<br />

de la sortie c’est “gérer, assumer<br />

une culpabilité qui ne partira jamais.”<br />

On les r<strong>et</strong>rouve quelques temps après<br />

leur libération. Pour chacune, malgré la joie<br />

d’un entourage familial chaleureux,<br />

elles disent leur besoin de s’isoler parfois,<br />

peut-être pour r<strong>et</strong>rouver le cocon de la cellule.<br />

T. G.<br />

Surveillante en prison,<br />

le contrechamp des barreaux<br />

2008, 53', couleur, documentaire<br />

réalisation : Hélène Trigueros<br />

production : Dynamo production, France 3<br />

participation : CNC, Planète Justice,<br />

CR Bourgogne, ministère de la Culture<br />

<strong>et</strong> de la Communication (DAPA-mission<br />

du patrimoine <strong>et</strong>hnologique)<br />

Depuis 2000 en France, les femmes ont fait<br />

leur entrée dans les équipes de surveillants<br />

des quartiers hommes des maisons d’arrêt.<br />

A celle de Dijon, 11 femmes (<strong>et</strong> 86 hommes)<br />

y travaillent – en plus des surveillantes<br />

du quartier femmes, qui témoignent aussi<br />

dans le film. En suivant leur quotidien,<br />

Hélène Trigueros enquête sur ce qui a<br />

évolué dans ce métier ces dernières années<br />

<strong>et</strong> comment les femmes l’abordent<br />

spécifiquement.<br />

Curiosité pour ce milieu particulier<br />

ou reconversion (Patricia était coiffeuse),<br />

elles reviennent sur ce qui les a motivées<br />

pour ce métier. Corinne appréhendait<br />

d’abandonner sa féminité sous l’uniforme,<br />

il n’en est rien. Les détenus la complimentent<br />

parfois, elle apprécie mais veille à m<strong>et</strong>tre<br />

rapidement des limites. Les surveillants jugent<br />

positivement l’arrivée de leurs collègues<br />

femmes <strong>et</strong> leurs témoignages corroborent<br />

ceux des détenus : plus de rondeur<br />

dans les ordres, plus de psychologie,<br />

apaisement des tensions. Patricia, surveillante<br />

de parloirs, répond à ceux qui la critiquent<br />

de faire trop de “social”, qu’elle tâche<br />

simplement de rester humaine. Elle avoue<br />

que là où elle a le plus de mal, c’est avec<br />

les condamnés pour violences sur enfant,<br />

mais elle n’est pas là pour juger.<br />

Toutes s’accordent à dire que le rôle<br />

du “maton” s’est beaucoup humanisé,<br />

qu’il manque encore d’“estime”,<br />

de reconnaissance, <strong>et</strong> qu’il faut, pour le mener<br />

à bien, avoir “à l’extérieur” une vie<br />

très équilibrée. T. G.<br />

mité, sachant que toute la détention allait<br />

découvrir ce qu’elles “avaient dans le bide”. Ce<br />

que l’on m’a rapporté lorsque je suis revenue<br />

en prison est intéressant, à savoir que c<strong>et</strong>te<br />

parole, qui était somme toute personnelle, avait<br />

une portée générale. Certaines sont venues<br />

me voir en me disant : “Je vis la même chose, je<br />

ressens la même chose, mais je ne sais pas le<br />

dire.” Elles étaient heureuses que l’on puisse<br />

voir qu’elles avaient gardé une humanité derrière<br />

les grilles. Les femmes filmées m’ont dit<br />

que je n’avais pas trahi leur parole <strong>et</strong> c’était<br />

très important pour moi. Lorsque quelqu’un<br />

accepte de livrer son intimité, on se doit de<br />

jouer franc jeu.<br />

Qu’est-ce qui vous a donné envie de faire<br />

un second film avec quelques-unes<br />

d’entre elles ?<br />

H. T. : Quand j’ai tourné Les Résidentes, deux<br />

des cinq femmes détenues allaient sortir l’année<br />

suivante. Comme nous évoquions déjà<br />

l’angoisse de la sortie, des permissions, je me<br />

suis dit que ce pourrait être intéressant d’approfondir<br />

c<strong>et</strong>te question-là. J’en ai parlé avec<br />

mon producteur <strong>et</strong> il m’a dit : “Allons-y, on va<br />

poursuivre ce travail.” Nous avons donc exploré<br />

ce dernier mois de détention avec ces deux<br />

femmes <strong>et</strong> Dernier R<strong>et</strong>our en détention est né.<br />

Dans les deux films, quels sont les thèmes<br />

que vous avez souhaité privilégier ?<br />

H. T. : La féminité surtout, la reconstruction du<br />

corps, la sexualité ; est-ce qu’après toutes ces<br />

années on éprouve encore du désir ? Ces questions<br />

sont totalement niées en prison ; il fallait<br />

en parler. Je ne les ai pas posées systématiquement,<br />

je les ai évoquées quand cela me<br />

semblait pertinent ou bien elles sont arrivées<br />

naturellement au cours des entr<strong>et</strong>iens. Je me<br />

suis adaptée à la sensibilité <strong>et</strong> à la personnalité<br />

de chacune des détenues.<br />

Tout au long des entr<strong>et</strong>iens, elles évoquent<br />

le sens qu’elles souhaitent donner<br />

à leur peine. Comment l’avez-vous interprété?<br />

H. T. : J’avais envie de montrer que, quels que<br />

soient leur niveau d’études <strong>et</strong> leurs origines<br />

sociales, nombre de ces femmes utilisent le<br />

temps de la détention pour faire un travail sur<br />

elles-mêmes. Mais toutes n’en ont pas la capacité,<br />

la force ou tout simplement l’envie. Pour<br />

certaines, l’isolement leur perm<strong>et</strong> d’opérer un<br />

r<strong>et</strong>our sur elles-mêmes en profondeur. Elles<br />

se demandent ce qui a fait que, dans leur parcours,<br />

leur vie a basculé du jour au lendemain.<br />

Elles se sont dit qu’elles n’allaient pas passer<br />

leur temps “à fumer des clopes <strong>et</strong> à regarder la<br />

télé” mais qu’il fallait qu’elles réfléchissent à<br />

toutes ces questions. C’est une étape douloureuse<br />

mais essentielle dans le processus de<br />

reconstruction, la première, fondamentale, étant<br />

contrechamp des barreaux 99

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