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Untitled - Le chasseur abstrait

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sessions : Essai de simulation de la paralysie générale )<br />

*<br />

* *<br />

Nous savons trop bien ce qu’il convient de<br />

penser de pareils propos. Que j’aie pris un malin<br />

plaisir à les cerner de noir comme sujets<br />

de vitrail n’est pas la question. Cartésien dans<br />

l’âme, comme l’est tout esprit qui s’apprête à<br />

croire à l’intérêt de penser plutôt que de ne<br />

rien faire pour exister au moins sur le papier, ce<br />

serait en principe sur des considérations critiques<br />

des sciences que je devrais commencer à<br />

élever mon petit monument ( une stèle ? ) cogitatif.<br />

On voit mal en effet comment extraire de<br />

la méthode de cette cueillette réaliste et il faut<br />

bien constater, autre effet, que ces fragments<br />

d’une conversation fragile n’en promettent<br />

aucune. C’est qu’il ne s’agit pas de considérer<br />

et moins encore de critiquer.<br />

Si toute philosophie consiste à concevoir les<br />

commencements d’une éthique, en cela provisoire,<br />

et en cela seulement et non pas à cause<br />

du caractère ironique qui en forme le murmure,<br />

alors il est impératif de n’avoir pour objet<br />

critique que ce qui a l’air d’être scientifique en<br />

attendant de l’être vraiment ou de rejoindre<br />

l’ensemble des irrationnels fantasmagoriques.<br />

Il faudrait ne s’intéresser qu’à la matière des<br />

expériences et non pas à des choses aussi superficielles<br />

et éphémères que les éclats de verre<br />

à boire de la conversation courante.<br />

De la critique à la méthode et de celle-ci à une<br />

éthique prometteuse, les pas seraient ceux de la<br />

patience aiguë, des avancements minutieux, de<br />

la colère rentrée et de l’indifférence opératoire.<br />

Or, ce sont les conversations qui me parviennent<br />

d’abord, avant que ne me touchent ( je<br />

songe ici à Thomas l’obscur ) leurs personnages<br />

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porteurs des feux de la langue et des angles de<br />

leurs lieux patronymiques et mythiques. Je saisis<br />

d’abord cette présence que j’ai tort de concevoir<br />

comme une fragmentation là où c’est ma<br />

perception qui est prise en défaut d’attention<br />

et de compétence. Je reçois le monde comme<br />

un antireflet, comme une agitation de fond<br />

d’éprouvette qui n’est pas renvoyée par une surface<br />

( mentale ) qui laisserait présager des possibilités<br />

ontologiques de l’imagination.<br />

Ce qui m’arrive n’a rien de commun avec le<br />

chant ni avec le récit. C’est une plongée dans<br />

les liquides de la société. Et que je me sente<br />

ainsi étranger ou pas n’entre pas en ligne de<br />

compte. Je n’oppose que la résistance modérée<br />

de celui qui s’installe dans la réception pour<br />

ne pas sombrer dans le sentiment d’être persécuté<br />

( avec ou sans raison ). Si ce n’est pas une<br />

méthode qui s’en déduit, et si en effet faute de<br />

méthode il faut s’en remettre à l’esthétique [1]<br />

plutôt qu’à l’éthique [2], cette esthétique, tout<br />

aussi provisoire, n’est pas un objectif à atteindre<br />

sous peine de n’être pas philosophe ou... qu’estce<br />

que je tends à être si je ne suis pas le philosophe<br />

d’un provisoire systématique ?<br />

<strong>Le</strong> monde qui vient, qui ne revient pas, qui<br />

vient, est d’abord ce monde des conversations<br />

fragiles. Il y en a d’autres, peut-être inutiles,<br />

mais elles n’arrivent pas, elles ne sont pas le récit,<br />

elles peuplent le chant et c’est une affaire<br />

de poètes.<br />

Tandis que le provisoire est un arrêt, la fragilité<br />

est une attente. On pourrait alors penser<br />

que je me suis simplement arrêté pour écouter,<br />

pour saisir comme avec les mains, par curiosité,<br />

par intérêt, par jalousie, poussé en somme par<br />

ma structure sentimentale ( j’ose à peine parler<br />

de psychologie ), pour finalement fragmenter<br />

ce qui n’apparaît pas tout de suite comme une

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