29 Edition originale de Nanine de Voltaire, reliée à l’époque en maroquin rouge aux armes de son conseiller et ami, le comte de Pont de Veyle. Nanine pose à la société inégalitaire la question politique du droit à la mésalliance. VOLTAIRE. Nanine, comédie. Représentée par les Comédiens ordinaires du Roi aux mois de Juin & Juillet 1749. Paris, Par la Compagnie des Libraires Associés, 1749. In-12 de xvi pp., (1) f., 92 pp. Maroquin rouge de l’époque, double filet doré encadrant les plats, grandes armes frappées or au centre, dos lisse orné de fleurons dorés, pièce de titre de maroquin vert, filet or sur les coupes, roulette intérieure dorée, tranches dorées sur marbrure. Etui. Reliure de l’époque. 165 x 94 mm. RARE ÉDITION ORIGINALE DE CETTE COMÉDIE PHILOSOPHIQUE DE VOLTAIRE QUI EUT UN GRAND SUCCÈS DÈS SA PREMIÈRE REPRÉSENTATION, EN JUIN 1749. Bengesco 195 ; Soleinne 1680. « ‘Nanine’ fut jouée pour la première fois le 16 juin 1749 (et non le 17 juillet 1748, comme l’indiquent et le ‘Commentaire historique’ et la Préface de la première édition de ‘Nanine’, et la ‘Bibliothèque du théâtre français’, etc…). Elle fut reprise le 16 décembre 1754, avec un grand succès, et jouée devant la Cour, le 31 décembre de la même année. Le succès ne fit que grandir aux reprises suivantes ; quand une pièce nouvelle était mal reçue, et ne pouvait être achevée, c’est par ‘Nanine’ qu’on finissait la soirée (‘L’Odéon’, par MM. Porel et Monval, Paris, Lemerre, 1876)». (Bengesco) « Cette comédie dont le sujet est emprunté à ‘Paméla’ de Richardson eut un grand succès. Elle fut donnée avec ‘Irène’ à la fameuse représentation du 30 mars 1778, pendant laquelle le buste de l’auteur fut couronné sur la scène de la Comédie-Française et fut également jouée au Théâtre de la Montausier le jour de la translation des restes de Voltaire au Panthéon (11 juillet 1791)». (Bibliothèque de Backer, n°1173 pour une autre édition de 1749). Dans Nanine, la situation initiale est la suivante : un seigneur et maître est secrètement amoureux d’une jeune servante elle aussi amoureuse, et il s’agit de revendiquer l’égalité des êtres quelle que soit leur naissance. Et avec la sanction de sa propre mère, personnage excentrique qui fait fi des convenances, le comte d’Olban épouse sa Nanine qui du coup le débarrasse de sa fiancée officielle, une baronne importune et jalouse. Avec Nanine, Voltaire néglige la question morale et pose à la société inégalitaire la question politique du droit à la mésalliance pour un cœur amoureux et un esprit éclairé: la comédie devient ainsi philosophique. PRÉCIEUX EXEMPLAIRE RELIÉ À L’ÉPOQUE EN MAROQUIN ROUGE AUX ARMES D’ANTOINE DE FERRIOL, COMTE DE PONT DE VEYLE (1697-1744), CONSEILLER ET AMI DE VOLTAIRE. Homme de lettres, neveu de la marquise de Tencin et amant de Madame du Deffand, il avait été nommé, sous l’administration de Maurepas, intendant des classes de la marine. « A l’âge de 22 ans, en 1719, il avait fait la connaissance de Mme du Deffand ; et cette connaissance, dit cette dame elle-même, était devenue une ‘liaison intime’, nonobstant le président Hénault… PONT DE VEYLE ÉTAIT DU CONSEIL LITTÉRAIRE DE VOLTAIRE, ET FORMAIT, AVEC SON FRÈRE, LE COMTE D’ARGENTAL ET THIERIOT (plus connu sous le nom de Thiriot, parce que Voltaire écrivait son nom Tiriot), CE QUE LE GRAND HOMME APPELAIT SON TRIUMVIRAT. CE TRIUMVIRAT ÉTAIT CHARGÉ D’EXAMINER, AVANT LEUR PARUTION, LES OUVRAGES DE VOLTAIRE. » (Biographie universelle, XXXV, pp. 372-374). 70
« Le comte de Pont de Veyle s’était constitué une splendide bibliothèque dramatique avec les débris des collections de Caumartin Saint-Ange, de Crozat, de Mme de Pompadour et autres bibliophiles distingués. Après avoir appartenue au duc d’Orléans, puis à Mme de Montesson, sa veuve, ensuite au général Valence, cette bibliothèque fut enfin réunie à celle de M. de Soleinne. » (Guigard, 403). BEL EXEMPLAIRE DE CETTE RARE ÉDITION ORIGINALE D’UNE COMÉDIE DE VOLTAIRE, DU PLUS HAUT INTÉRÊT CAR PROVENANT DE LA COLLECTION DE L’UN DES CONDISCIPLES DU PHILOSOPHE, CHARGÉ D’EXAMINER SES OUVRAGES AVANT LEUR PUBLICATION. Provenance : Antoine de Ferriol, comte de Pont de Veyle (1697-1744) (reliure à ses armes), Duc d’Orléans, Martineau de Soleinne (vente de 1844), Hans Furstenberg (ex libris Ex Musaeo Hans Furstenberg sur la page de garde), Otto Schaefer (vente Sotheby’s du 8 décembre 1995, lot 645).