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La rentrée doit être offensive - Le Travailleur Catalan

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TC 3275 16/07/08 22:07 Page 11<br />

N°3275 - Semaine du 18 au 24 juillet 2008<br />

Paulilles aujourd’hui<br />

«L’avenir d’une mémoire», l’intitulé du<br />

projet signé par l’architecte Gilles Marty<br />

et le paysagiste Philippe Deliau est sans<br />

équivoque. Et à coup sûr, ils ont atteint<br />

leur objectif tant les lieux respirent à la<br />

fois la mémoire industrielle et ouvrière<br />

du site et nous laissent entrevoir ce qu’ils<br />

adviendront dans quelques décennies.<br />

De l’aire de stationnement, située à l’écart<br />

du site de l’autre côté de la RD 914, nous<br />

ne savons rien encore de Paulilles. <strong>Le</strong> pavillon<br />

d’accueil, en construction bois, et son<br />

personnel nous livrent bien tous les renseignements<br />

nécessaires. Mais il nous est<br />

impossible d’imaginer ce qui nous attend à<br />

200 mètres de là, même pour qui la plage<br />

est l’unique destination projetée.<br />

Nous nous engageons donc sur le chemin<br />

d’accès au site, bordé de jeunes arbres qui<br />

dans quelques années fournira une ombre<br />

sans doute bienvenue. Un peu insouciants,<br />

les yeux perdus dans les contreforts des<br />

Albères, nous nous laissons porter en<br />

pleine nature jusqu’au tunnel piéton qui<br />

nous glisse de l’autre côté de la route. <strong>La</strong><br />

remontée en pente douce nous conduit<br />

jusqu’à l’esplanade des chênes verts et<br />

enfin nous arrivons au site. Cela ne nous a<br />

pas pris plus de cinq minutes.<br />

Derrière le lourd portail ouvert, nous entrevoyons<br />

« un parc, un domaine, un grand<br />

espace » comme l’architecte Gilles Marty<br />

définit lui-même le site. Et là, à l’entrée,<br />

surgit la Maison de site, anciennement la<br />

Maison du directeur de l’usine. Sur le<br />

pignon qui s’offre à l’oeil du visiteur, une<br />

fresque gigantesque nous accueille, montrant<br />

un groupe de cinq ouvrières et un<br />

ouvrier qui semblent sortir des lieux,<br />

comme si la cloche venait de retentir<br />

signalant la fin du travail. Dans cette<br />

Maison de site se tient une exposition permanente<br />

sur la vie sociale de la dynamiterie,<br />

constituée d’archives collectées par<br />

l’association « AMIC ».<br />

Aux détours des chemins<br />

Nous prenons le parti de traverser « le jardin<br />

du directeur » où l’on recense bon<br />

nombre d’essences méditerranéennes. De<br />

là nous empruntons « l’arc panoramique »<br />

qui longe « la grande prairie » dans<br />

laquelle se dresse majestueusement « la<br />

grande halle », vestige des neufs bâtiments<br />

restaurés du site sur cinquante<br />

abattus. Cette halle abritera les barques<br />

catalanes en attente de restauration. Nous<br />

arrivons à « la Vigie », ancien château<br />

d’eau devenu observatoire à 360° de la<br />

baie de Paulilles. Puis vient le tour du<br />

Hameau, symbole du passé industriel avec<br />

sa haute cheminée de briques et son atelier<br />

dans lequel seront restaurées les barques.<br />

Enfin, nous joignons la plage au tra-<br />

clos de paulilles<br />

vers d’espèces végétales protégées et<br />

d’agaves en fleur.<br />

Aujourd’hui il ne fait pas bon se tremper<br />

dans l’eau. Aussi, après avoir déambulé le<br />

long de « l’arc littoral » avec sa pinède,<br />

nous accédons à la dynamiterie originelle,<br />

parsemée de rails et de tronçons de tunnel<br />

qui devaient couper la force du souffle en<br />

cas d’explosion. S’y déroule le parcours<br />

muséographique des Quatre Alcôves où<br />

trônent des maquettes fort pédagogiques<br />

déclinant la géographie du lieu, la fabrication<br />

de la dynamite, les voyages de la<br />

11<br />

Paulilles, «l’Avenir d’une Mémoire»<br />

Au bout de dix-sept mois de travaux et 12,5 millions d’euros investis, dix-sept hectares sur les trente-deux<br />

que compte l’ancienne friche industrielle s’offrent de nouveau au public dans un écrin de beauté. Paulilles, la<br />

perle de la Côte Vermeille, est aujourd’hui un havre de paix, un enchantement paysager, un lieu de mémoire<br />

ouvrière. Déambulation entre plage et nature, entre contemplation et histoire.<br />

L’atelier de restauration des barques catalanes<br />

dynamite dans le monde.<br />

Ceux qui se sont précipités à la plage peuvent<br />

prendre leur temps au retour. Tout un<br />

réseau de chemins signalés discrètement<br />

peut servir de voies secondaires, pour peu<br />

que l’on soit à la recherche de calme,<br />

d’ombre ou de secrets (comme ce recoin<br />

dit « des confidences »…). <strong>Le</strong>s concepteurs<br />

avouent d’ailleurs espérer voir le<br />

public se perdre un peu, allant de luimême<br />

à la rencontre des différents points<br />

d’âme de Paulilles. Car Paulilles a une âme<br />

et à chaque détour de chemin nous croisons<br />

des témoignages de son activité<br />

industrielle. Là, un morceau de cuve en<br />

pierre ayant servi à la dénitrification. Ici,<br />

des poutrelles métalliques, ou plus loin des<br />

bouchons minéraux ayant fermé des récipients<br />

contenant des acides. Ou encore ces<br />

deux immenses puits en pierre où l’eau<br />

affleure, signe peut-<strong>être</strong> qu’avant même<br />

l’installation de l’usine en 1870 des mas<br />

exploitaient les alluvions fertiles du<br />

Cosprons.<br />

L’heure du retour a déjà sonné et c’est une<br />

prochaine fois que nous emprunterons l’allée<br />

des Platanes, flânerons dans le Verger<br />

et nous perdrons dans <strong>Le</strong> Boulingrin, en<br />

attendant cinquante ans de plus pour visiter<br />

« l’avenir d’une mémoire ».<br />

Textes et réalisation Sébastien Pouilly<br />

Photos R. Pumareda et G. Bartoli

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