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Aurore BERLAND

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<strong>Aurore</strong> Berland – Communication et intégration sociale d’adolescents sourds porteurs d’un implant cochléaire<br />

en intégration scolaire.<br />

retrouve donc avec cette autre jeune. Ceci ne favorise donc pas son intégration sociale avec les<br />

autres entendants, mais elle peut prendre plaisir à échanger : coder ne lui demande pas d’effort, elle<br />

peut ainsi mobiliser moins d’attention sur ce qui est articulé.<br />

Prendre plaisir à communiquer reste une joie qui n’est pas encore offerte aux jeunes implantés en<br />

intégration. Ils doivent toujours faire des efforts, porter attention à ce qui est dit, et à qui le dit, ce<br />

qui est extrêmement fatigant pour eux. Il paraît donc important de réfléchir aux moyens à mettre en<br />

place pour leur laisser cet espace de parole plus libre.<br />

Résultats de notre échantillon d’enfants implantés :<br />

A l’instant T où a été réalisée l’étude, nous avons pu dire que les jeunes rencontrés étaient bien<br />

intégrés dans leur classe. En effet, même si la passation du questionnaire s’est avérée infructueuse,<br />

car les notions abordées étaient trop complexes et parfois même inadaptées pour des enfants de<br />

primaire (ils ne voient, par exemple, pas forcément de copains pendant les vacances, cela dépendant<br />

beaucoup à cet âge des souhaits des parents), les échanges que nous avons eus avec ces enfants<br />

nous ont montré des enfants souriants, curieux et épanouis. Aucune difficulté majeure n’a été<br />

pointée par leurs parents par ailleurs.<br />

Lors des tests de langage oral, nous avons mis en évidence un décalage compris entre 2 et 4 ans,<br />

relativement homogène en expression comme en réception, ce qui correspond au décalage normal<br />

admis chez les enfants sourds. Sur le plan de l’intelligibilité, deux enfants sur quatre ont une<br />

intelligibilité de 5 sur l’échelle de Nottingham, ce qui signifie qu’ils peuvent être compris par tous. Les<br />

résultats paraissent donc satisfaisants, même si des difficultés langagières restent présentes.<br />

Cependant, après avoir contacté l’orthophoniste de deux d’entre eux, certains obstacles ont pu être<br />

mis en évidence. Leurs observations cliniques se recoupent pour dire que les enfants sourds<br />

scolarisés en intégration ne communiquent que peu avec les autres jeunes sourds (notamment s’ils<br />

oralisent peu) : les échanges passent essentiellement par l’adulte, et quand ils sont sollicités pour<br />

interagir entre eux, un enfant sourd ne fait pas forcément attention à ce que l’autre comprenne bien<br />

ce qu’il dit (parle la main devant la bouche, de dos…). Ils se trouvent alors démunis pour<br />

communiquer, avec leurs pairs oralisants qui « articulent mal » ou avec les sourds signants.<br />

Or, même si les bilans annuels réalisés par les équipes d’implantation permettent de faire le point et<br />

de repérer si l’enfant ou le jeune a des difficultés majeures, ils ne permettent pas de dépister les<br />

difficultés plus fines des enfants. Seules des observations répétées de l’enfant dans différents types<br />

de situations (en groupe avec des copains, en classe, lors d’activités extra-scolaires…) nous<br />

permettent de les mettre en exergue.<br />

Des questions s’imposent également à nous quant à la construction de leur identité. Tous se posent à<br />

un moment donné la question de leur identité : se sentent-ils sourds? S’identifient-ils davantage aux<br />

entendants ? Le contact d’autres sourds leur permet d’échanger autour de leur quotidien et ainsi de<br />

commencer à construire leur identité.<br />

Nous pensons alors que plus les jeunes s’interrogeront tôt sur cette question, moins ils auront de<br />

difficultés à l’adolescence, même si ceci reste à prouver par une étude psychologique… Mais cela ne<br />

sera possible que lorsque, dans les équipes soignantes et dans l’environnement des jeunes sourds<br />

Les Carnets de la Persagotière n° 25-2010 – Institut public la Persagotière<br />

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