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Aurore BERLAND

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<strong>Aurore</strong> Berland – Communication et intégration sociale d’adolescents sourds porteurs d’un implant cochléaire<br />

en intégration scolaire.<br />

Par ailleurs, plus le nombre d’individus dans le groupe est important, plus les situations de<br />

colocutions, de chevauchements, de changements de thème etc… sont susceptibles de se produire.<br />

Les conversations sont rapides, « du tac au tac », la sélection des locuteurs pour le changement de<br />

tour, se fait de manière floue (Traverso, 1999 : 32).<br />

Kerbrat-Orecchioni (1990 : 197) ajoute que « pour être en mesure d’enchaîner correctement, il faut<br />

avoir au préalable écouté, ou du moins entendu, les propos précédemment énoncés » : une<br />

attention soutenue, ainsi que de bonnes facultés de perception et de compréhension des messages<br />

émis, sont donc nécessaires afin de construire un échange cohérent.<br />

Or, dans toute situation de communication, le jeune sourd implanté doit écouter : il ne possède pas<br />

la capacité qu’ont les entendants d’écouter de manière passive. Il ne peut pas localiser un son, a des<br />

difficultés importantes de perception dans le bruit et à distance («l’efficacité complète de l’implant<br />

demande de bonnes conditions acoustiques», Juarez-Sanchez, 2005 : 221) , doit nécessairement être<br />

concentré pour entendre ce que son interlocuteur lui dit, et utilise la lecture labiale surtout pour les<br />

conversations en groupe (Vieu, 2004) : il doit prendre des indices visuels rapides, afin d’analyser la<br />

nouvelle situation de communication, et ainsi suivre au mieux la conversation, en essayant de laisser<br />

passer le moins d’informations possibles. Il est également gêné, comme le précise Beaussant (2003 :<br />

25), pour repérer les « unités fonctionnelles qui se combinent au message », telles que les chutes<br />

d’intonation de la voix de son interlocuteur, qui introduisent une alternance dans la communication :<br />

il ne peut donc pas savoir d’emblée que c’est à son tour de parler et peut ainsi se retrouver en<br />

décalage dans l’interaction.<br />

Toutes ces données vont donc influer sur la réception du message, ce qui rend donc les échanges<br />

verbaux plus laborieux.<br />

Sur le plan de la production du message oral, la surdité va également influer : le niveau<br />

d’intelligibilité du jeune va lui permettre de pouvoir communiquer aisément ou non. Si l’adolescent<br />

est peu intelligible, son interlocuteur doit prêter une grande attention pour le comprendre, ce qui<br />

entraîne une fatigue du récepteur.<br />

Par ailleurs, les autres évolutions langagières à l’adolescence que sont par exemple l’apprentissage<br />

de mots nouveaux et la maîtrise de l’argumentation, sont des capacités qui vont aussi générer des<br />

difficultés et nécessiter, de la part de ces jeunes, des efforts considérables.<br />

Et si l’on convient que le langage propre aux adolescents ne s’apprend pas dans les livres, mais<br />

s’acquiert en situation, nous pouvons aisément comprendre les difficultés que peuvent avoir les<br />

jeunes sourds à l’acquérir. Or certains auteurs démontrent que ceux qui ne possèdent pas le code<br />

spécifique instauré au sein du groupe, peuvent s’en trouver exclus.<br />

Cela peut d’ailleurs être accentué par les nouveaux médias : en effet, les adolescents communiquent<br />

aujourd’hui beaucoup par téléphone. De nombreuses informations s’échangent, plus affectives<br />

qu’informatives, mais ce type de communication est devenu un moment privilégié de partage. Or, il<br />

est difficile pour un adolescent sourd implanté de comprendre une conversation téléphonique. Par<br />

ailleurs, l’utilisation des S.M.S. (short message service), peut également s’avérer compliquée au vu de<br />

leurs difficultés à maîtriser l’écrit, et ici, le code phonétique.<br />

Les Carnets de la Persagotière n° 25-2010 – Institut public la Persagotière<br />

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