Aurore BERLAND

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<strong>Aurore</strong> Berland – Communication et intégration sociale d’adolescents sourds porteurs d’un implant cochléaire en intégration scolaire. Des rencontres peuvent alors être pensées comme des après-midi autour de loisirs décidés entre eux avec l’adulte, ou encore comme des groupes de parole, et ce dès qu’ils sont enfants. Ainsi, ils pourront se créer des liens avec leurs pairs sourds. Bien entendu, ce ne sont pas les mêmes choses qui se jouent dans un groupe d’enfants et dans un groupe d’adolescents : des jeux communs pourront être proposés aux plus jeunes, tandis que des temps de discussion en LSF pourront être offerts aux plus grands. Dès lors, même si les adolescents ne viennent plus à ces groupes après un certain âge, ils connaîtront d’autres sourds et auront une langue qu’ils pourront utiliser entre eux s’ils le souhaitent. Qui nous dit alors qu’ils ne se retrouveront pas entre eux hors de ce cadre imposé par l’adulte ? Mais cela ne sera possible que lorsque tous les enfants implantés pourront, conjointement à l’apprentissage de la langue orale, continuer à apprendre la Langue des Signes Française, apprentissage qui est, pour eux, plus facile. Ainsi tous pourront communiquer entre eux sans effort. Et pourquoi ne pas imaginer même que la langue des signes puisse être apprise par tous, sourds comme entendants, en tant que langue vivante ? Cela permettrait alors aux jeunes sourds qui l’utilisent ou qui n’osent pas l’utiliser de peur d’être remarqués, de ne pas se sentir stigmatisés, et ainsi, peut-être, d’être mieux intégrés dans la société. CONCLUSION ET PERSPECTIVES L’intégration sociale des adolescents sourds porteurs d’implant, pour être abordée sous tous ses angles, demanderait plusieurs années de travail, et des études pluridisciplinaires. Cependant, grâce aux témoignages des jeunes et aux résultats obtenus, cette étude nous a permis d’apporter des réflexions cliniques. C’est une première approche, permettant de sensibiliser les équipes et les parents sur les difficultés engendrées par la surdité à l’adolescence. Car, s’il facilite beaucoup de choses, l’implant, même posé très tôt, ne règle pas tout pour autant : bien sûr les enfants implantés tôt seront plus intelligibles que leurs aînés implantés plus tard, et développeront leurs acquisitions plus facilement. Cependant, nous ne pourrons jamais supprimer tous les obstacles que rencontrent les jeunes implantés en intégration. En effet, à l’adolescence, les interactions sociales s’établissent entre pairs et, les interactions verbales en groupe sont un type d’interaction sociale particulièrement prisé à cette période. C’est pourquoi il nous paraît nécessaire que tous les enfants sourds implantés aient des moments pour se retrouver, afin de pouvoir communiquer sans entrave et avec plaisir. Cela sera également positif pour leur construction identitaire. Il est donc de notre rôle d’orthophoniste d’alerter les parents des enfants qui vont ou viennent d’être implantés sur l’importance du bilinguisme : ainsi, devenus adolescents, les jeunes pourront choisir la modalité de communication qu’ils souhaitent utiliser, en fonction de leurs interlocuteurs. Ils pourront alors communiquer plus facilement, autant avec les entendants qu’avec leurs homologues sourds. Bibliogaphie Amado G. & Guittet A. (1975) Dynamique des conversations en groupe. Armand Colin, Paris, ré-ed. 4ème édition 2003. Baud’huin C. (2007) « L’estime de soi chez les adolescents sourds porteurs d’un implant cochléaire ». Mémoire de Master de Psychologie et Sciences de l’éducation, Université Libre de Bruxelles. Les Carnets de la Persagotière n° 25-2010 – Institut public la Persagotière 18
<strong>Aurore</strong> Berland – Communication et intégration sociale d’adolescents sourds porteurs d’un implant cochléaire en intégration scolaire. Beaussant M. (2003) La scolarité d’un enfant sourd. L’Harmattan, Paris. Berland A. (2008) « Communication et intégration sociale d’adolescents sourds porteurs d’un implant cochléaire en intégration scolaire ». Mémoire pour l’obtention du Certificat de Capacité d’Orthophonie, Université François-Rabelais, Ecole d’Orthophonie, Tours. Berthelot J.M. (1988) « Réflexions sur la pertinence du concept de socialisation », in Guy Vincent (ed), Analyse des modes de socialisation, confrontations et perspectives, Actes de la table-ronde de Lyon, 4-5 février 1988, Cahiers de recherche, pp. 171-180. Chirac J., Raffarin J.P., Fillon F., De Villepin D., Borloo J.L., Douste-Blazy P., Perben D., Gaymard H., De Robien G., Dutreil R., Bussereau D., Donnedieu de Vabres R., Jacob C., Girardin B., Roig M.J., Copé J.F., D’Aubert F., Larcher G., Daubresse M.P., Montchamp M.A., Vautrin C., Woerth E., Goulard F. & Forissier N. (2005) Loi n° 2005-102 du 11 février 2005 pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées, Journal Officiel n° 36 du 12 février 2005. Colleau-Attou A. (2006) « Du côté des adolescents implantés » Rééducation Orthophonique 228: 18- 21. De Beaucorps S. & Prouteau C. (2000) « Etude de deux interactions verbales filmées entre un adulte devenu sourd et deux personnes entendantes ». Mémoire pour le certificat de capacité d'Orthophoniste, Université François-Rabelais, Ecole d’orthophonie, Tours. Florin A. (2003) Introduction à la psychologie du développement (Enfance et adolescence). Dunod, Paris. Fischer G. N. (1988) Les concepts fondamentaux de la psychologie sociale. Dunod, Paris, réed. 3ème édition 2005. Juarez A. & Monfort M. (2001) Savoir dire : un savoir-faire. Entha ediciones, Madrid, trad. 2003. Juarez-Sanchez A. (2005) « La compréhension du langage chez l’enfant sourd porteur d’un implant cochléaire » Rééducation Orthophonique 223 : 217-223. Kerbrat-Orecchioni C. (1990) Les interactions verbales, Tome 1 : Approche interactionnelle et structure des conversations. Armand Colin / Masson, Paris. Kerbrat-Orecchioni C. (1996) La conversation. Editions du Seuil, Paris. Khomsi A. (2001) Evaluation du Langage Oral (E.L.O.). Editions du Centre de Psychologie Appliquée, Paris. Laborit E. (1994) Le cri de la mouette, Ed. Robert Laffont, Paris, ré-ed in Pocket éd. 2003. Laborit M.F. (2001) « La souffrance psychique liée à la surdité », in Pellion F. (dir.) Surdité et souffrance psychique. Ellipses Edition, Paris, pp. 44-61. Lhomer L. & Veau T. (2006) « Devenir linguistique et social de 19 jeunes sourds implantés cochléaires depuis plus de 5 ans ». Mémoire pour le certificat de capacité d'Orthophoniste, Université François- Rabelais, Ecole d’orthophonie, Tours. Loundon N. (2002), «L’irrésistible progression de l’implantation cochléaire des enfants sourds» Connaissances surdités 2002-1 : 22-25. Maurin N. (2006) Test de Langage Oral Complexe pour Collégiens (T.L.O.C.C.). Ortho Edition. Isbergues. Michel A.S. (1999) « Y-a-t-il une corrélation entre les résultats au bilan de langage et la vie quotidienne chez l’adulte devenu sourd implanté cochléaire ? ». Mémoire pour le certificat de capacité d'Orthophoniste, Université François-Rabelais, Ecole d’orthophonie, Tours. Les Carnets de la Persagotière n° 25-2010 – Institut public la Persagotière 19
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