Reynaldo - Naxos Music Library

et l’élément terrien, tel ce rythme « un peu lourd, comme la croupe des chevaux flamands » ; sous
les « ciels uniformément gris » de Potter, le ruminement morne et mélancolique des vaches
bataves ; l’élégance, le raffinement diaphane émanant des portraits de Van Dyck ; la grâce et les
irisations des Fêtes galantes observées par Watteau. Après Daudet et Proust, voici que surgit une
autre figure du cercle intime de Reynaldo Hahn : Sarah Bernhardt, La Grande Sarah 2 ! Pour elle,
il écrivit de nombreuses musiques de scène, dont cet enregistrement propose deux exemples : les
transcriptions pour piano de la Pavane d’Angelo (CD III - 33) destinée au drame de Victor Hugo
et l’arrangement du petit fragment Avant l’hommage des poètes (CD III - 32) composé
spécialement pour la fête donnée en 1914 en l’honneur de la nomination de l’actrice dans l’ordre
de la Légion d’honneur.
Même si la musique pure ne constitue pas son domaine de prédilection, Reynaldo Hahn a composé
quelques œuvres pour piano qui relèvent de cette catégorie. Le Thème varié sur le nom de
Haydn (CD IV - 19), prend place dans un « Hommage à Haydn » regroupant également des
œuvres de Debussy, Dukas, D’Indy, Ravel et Widor. Pour sa contribution pleine de verve, Reynaldo
Hahn choisit l’esprit du pastiche qu’il affectionne particulièrement. Sans support littéraire ni source
d’inspiration sentimentale, la Sonatine (CD IV - 16 à 18) de 1907 s’épanouit dans une légèreté,
une vitalité très néo-rococo qui s’autorise de temps à autre quelques incursions dans une modernité
toute relative. L’Allegro moderato initial séduit par sa franche carrure et son harmonie claire teintée
de modalité – un souci de dépouillement dont se départit le second mouvement : cet Andantino
rubato en forme de variations sur un thème à la ligne mélodique volubile ruisselle en une floraison
d’ornements qui évoque l’art des clavecinistes français. Placé sous l’égide de Rameau, le
Tambourin clôt brillamment cette œuvre par d’espiègles cabrioles.
La dernière pièce de ce coffret (CD IV - 21) constitue une révélation à plus d’un titre. Il s’agit de la
« préface en musique » destinée à orner La Création du Monde revue et corrigée selon l’esprit
du siècle par René Peter. Avec cet ouvrage subtilement déjanté qui mêle les pastiches de Reboux
et Muller aux dessins burlesques de Peter, nous sommes bien loin de l’univers de Massenet ; La
Création du monde lève le voile sur une facette inattendue de Reynaldo Hahn, révélant des