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NDINDA Joseph : Femmes africaines en littérature. Aperçu panoramique et diachronique 31<br />

révolution amène la jeune à chercher sa voie, mais à quel prix : « Elle pourrait bien lui<br />

tirer des choses sans se laisser cracher dans les cuisses. Ou, si les moyens refusaient<br />

d’obéir à cette hauteur des choses, elles se laisserait...Après, elle irait se frotter de tous<br />

les savons du monde. Et ça partirait. La Conscience. Elle n’avait qu’à obéir aux<br />

réalités, la conscience »(p. 161).<br />

Ces affirmations résument les souffrances de la femme en révolution des années 70-<br />

80.<br />

Les années 90 voient l’avènement d’un nouveau visage féminin, visage amélioré de la<br />

révolutionnaire des années 80. Il s’agit de la révolutionnaire accomplie qui lutte sans<br />

complexe et sans compromission, en accord avec sa conscience, et dotée d’une<br />

formidable capacité d’organisation. Ce visage sublime et sublimé surgit de la plume de<br />

Mandé Alpha Diarra avec son roman La nièce de l’imam(1994).<br />

Le paratexte de ce récit est en soi un hommage aux femmes :<br />

A toutes les héroïnes, connues et inconnues,<br />

catalyseurs conscients ou inconscients<br />

des mouvements sociaux qui accouchèrent des<br />

grandes mutations de l’Afrique nouvelle<br />

(Alger, 1956 ; Sharpeville, Grand-Bassam, 1958 ;<br />

Conakry, 1977 ;Cotonou, Libreville, 1990 ;<br />

Bamako, Tananarive, 1991...)<br />

A toutes celles qui, les mains nues<br />

pour leurs enfants, pour la liberté,<br />

ont toujours été les premières à se dresser<br />

en remparts de la démocratie.<br />

Ce paratexte fait référence aux grands événements historiques de l’Afrique<br />

contemporaine qui ont bouleversés nos sociétés. La particularité de ce paratexte est de<br />

rappeler ce que notre mémoire collective a trop souvent tendance à oublier. Par rapport<br />

à tous les événements évoqués, les femmes ont très souvent été le premières, parce que<br />

n’ayant rien à perdre, à initier des actions de petites ou de grande envergures, à<br />

descendre dans la rue pour réclamer la justice et la liberté pour leurs enfants.<br />

Les différentes dédicaces inscrites au début de chaque partie du roman est ici un<br />

rappel de tous les visages que nous avons évoqués. Il y a successivement les visages de<br />

la jeune fille rebelle, de la mère, de la Maternité, de la révolutionnaire et de l’amazone<br />

des années 90.<br />

La nièce de l’imam dévoile l’amazone des temps modernes. Dans ce roman,<br />

Oumou, Gros Gaillard et bien d’autres femmes créent l’ALTO, une organisation sociopolitique.<br />

Dans le cadre de cette organisation, elles élaborent un discours théorique qui<br />

valide et justifie leurs actions. Elle veulent libérer Missiran d’un gouvernement<br />

phallocratique, à la limite mysogine. Leur capacité organisationnelle ne se limite donc<br />

pas à la seule défense des intérêts des femmes. Leurs discours remettent en cause tout<br />

un système social bâti sur la terreur, le mensonge et la médiocrité.<br />

Mais leurs initiatives ne s’arrêtent pas aux seuls discours validants ou<br />

invalidants. Les femmes s’immergent dans la praxis révolutionnaire, réussissent à<br />

renverser les dictateurs de Missiran. Elles prennent le pouvoir avec l’appui concerté

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