RENE MALLIEUX - Namaste Mountainguides
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Et René écrit :<br />
La traversée de la mer de Glace devient une vraie séance de patinage grâce aux<br />
semelles « Vibram » ; pas de piolets pour nous aider maintenant, ni nous encombrer<br />
par la suite. Nous avançons à corde tendue. Une fissure forme un coude vers son<br />
milieu. Les « Vibram » de Gaston dérapent sur une épaisse couche de verglas. Mon<br />
compagnon me fait monter sous lui, passe sur mon épaule et se dégage de ce<br />
passage un peu « comprimant ». Hissage des sacs. Par une traction sur la corde,<br />
j’esquive le coude et la difficulté.<br />
Certaines parties de nos individus sont mouillées au contact du verglas et du froid.<br />
« Gaston gagne un petit surplomb. Ce n’est pas du 5 » dit-il en sortant.<br />
Je passe en pensant qu’en ce serait peut-être bien du 5 !<br />
Le Mont Blanc se couvre de plus en plus. Il ne faut pas traîner. Il commence à<br />
neiger. Le vent hurle. Je rejoins Gaston dans une petite brèche.<br />
Il grelotte, moi aussi. Pas possible de continuer, nous bivouaquerons ici, déclare<br />
Gaston. Le sommet est une vingtaine de mètres plus haut. Nous passons les<br />
vestes. Blottis l’un contre l’autre, sur une large vire, nous mangeons.<br />
Vers 21h, nous étendons nos sacs de couchage à 70 mètres du sommet.<br />
Un coup de coude de Gaston me secoue. « Regarde ». Le spectacle est inouï, la<br />
pleine lune sur la mer des nuages ; seuls les hauts sommets émergent ; le Mont<br />
Blanc, le Grand Seigneur des lieux, semble braver les flots sur sa coupole d’argent.<br />
Quelle récompense !<br />
Pas question de descendre au clair de lune. Je m’endors. Nouveau coup de coude,<br />
mon compagnon ne veut rien me laisser perdre d’un spectacle qui se déroule en<br />
dessous de nous.<br />
Nous nous levons avec le jour. Vers 6 heures, nous quittons notre terrasse en<br />
rappel. Enfin, le soleil nous réchauffe mais le glacier de la Charpoua est encore très<br />
dur quand nous l’abordons. Sans piolets et en « Vibram », nous avançons<br />
prudemment.<br />
Vers 10h30, nous nous désaltérons au refuge de la Charpoua.<br />
René Mallieux.<br />
Quelques extraits de la brochure du CAB, 1947.<br />
Toujours avec Gaston Rebuffat, René réussit :<br />
- La Traversée de l’Aiguille du Plan,<br />
- L’Aiguille du Midi, le Petit Dru,<br />
- La 1 ère ascension –d’une seule traite- de l’Arête Sud-est de l’Aiguille du<br />
Roc et par la même occasion, la deuxième descente du Couloir Aiguille<br />
du Roc-Bec d’Oiseau.<br />
Superbes escalades et solide amitié.<br />
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