Altiero Spinelli fonds - European University Institute

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Chambeiron
la construction européenne par le biais d'une
transformation institutionnelle, correspond bien
aux exigences actuelles et si elles sont bien à
l'ordre du jour de l'actualité.
En d'autres termes, existe-t-il, dans nos pays respectifs,
aussi bien au niveau des gouvernements
qu'au sein des opinions publiques, une volonté
suffisante pour justifier le dépassement de la construction
européenne actuelle, et pour quoi faire ?
N'y a-t-il pas, au sein de notre Assemblée, une
surestimation de la sensibilité des opinions publiques
à l'égard de ce qu'on nomme communément
l'esprit européen? Admettons-le franchement,
meme si cela peut etre désagréable à entendre : la
Communauté, en tant qu'institution, est loin de
susciter partout un enthousiasme égal.
Les promesses que l'Europe des Six d'abord, des
Neuf ensuite, des Dix enfin seraient une chance
irremplaçable pour les travailleurs, pour les paysans
ont fait rapidement piace à une inquiétude, à
un mécontentement nés de la montée du chomage,
de la persistance de l'inflation, de la fermeture
d'usin"es, de la disparition de milliers et de milliers
d'exploitations agricoles familiales, de l'incapacité
de la Communauté de faire face aux défis dans le
domaine de l'énergie ou de matières premières.
L'absence de fermeté à l'égard des désordres monétaires,
engendrés par la politique dominatrice
des États-Unis, a fait germer le doute quant à la
volonté commune de s'opposer à la perspective
d'une Europe vassalisée et réduite progressivement
à un sta tut de (( super - sous-traitant ». Et je
n 'évoque pas la question des droits de l'Homme,
trop souvent envisagée, notamment au sein de
notre Assemblée, avec un esprit de sélectivité
évident.
Peut-on affirmer que, dans la recherche de solutions
communautaires aux grands problèmes auxquels
sont confrontés nos pays, toutes les virtualités
que recèlent les traités ont été explorées? Un
nouvel habillage juridique ne fera-t-il pas apparaìtre
la Communauté camme plus attachée à la
forme qu'au contenu d 'une politique efficace,
cherchant, dans une sorte de fuite en avant, un
moyen d'esquiver ses responsabilités? On invoque
généralement le fait national pour expliquer les
grippages des institutions, camme s'il y avait des
États entièrement acquis à l'idée européenne et
d'autres qui le seraient moins ou pas du tout. C'est
peut-etre oublier un peu vite que le conflit des
forces sociales qui caractérisent nos pays respectifs
a sa projection naturelle au niveau de l'Europe.
Qu'on le veuille ou non, le fait national existe. Il
n'est pas, camme on le prétend un peu vite, l'expression
d'un égoi"sme, voire d'un chauvinisme
détestable. Il est une réalité vivante, solidement
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ancrée dans le terreau historique de nos pays, et
on ne gommera pas cette réalité, meme avec la
plus belle construction juridique.
Dans nos sociétés, le droit n'a jamais été autre
chose que le reflet des mreurs, la traduction, au
plan juridique, d'un lent murissement des idées. Il
est trop simple d'incriminer la loi, au motif que le
juge l'applique mal. Nous devons savoir faire la
part du reve et de la réalité. Ce qu'attendent de la
Communauté les peuples de nos pays, c'est qu'elle
apporte des réponses positives et tangibles aux
grands problèmes de l'heure. Ce n'est pas le cadre
juridique qui constitue le frein, mais l'absence de
volonté politique. Il existe incontestablement,
parmi les peuples de la Communauté, une volonté
profonde de voir se développer la coopération
entre les pays de la Communauté. Si la célébration,
un peu triste, du 25• anniversaire de la signature
du Traité de Rome a fait apparaìtre l'échec
d'une certaine politique dans le cadre d'une crise
profonde, elle ne doit pas cependant conduire au
renoncement. Il faut inventer les moyens d 'une
coopération européenne nouvelle et efficace et
aider à créer un véritable esprit européen. Mais
gardons-nous de construire des cathédrales aussi
longtemps que la foi sera absente.
Der Prasident.- Das Wort hat Frau Spaak.
Mme Spaak.- Monsieur le Président, Mesdames et
Messieurs, camme le rappelle l'exposé des motifs
de M. Spinelli, toutes les propositions déposées au
cours des années pour pallier les insuffisances des
structures des Communautés et passer à une meilleure
intégration se sont enlisées dans ce qu'il
appelle joliment (( les méandres diplomatiques ».
Cinq éléments fondamentaux nous obligent cependant
aujourd'hui à aller de l'avant et à renforcer
l'Union politique européenne. Je les cite dans le
désordre. La crise économique qui frappe les dix
États de la Communauté européenne, chacun
d'eux incapable d'en sortir isolément sans la solidarité
des neuf autres. L 'élargissement prévu à
l'Espagne et au Portugal. Le role pacificateur que
doit jouer l'Europe dans un monde où se multiplient
les conflits. Dans le dialogue Nord-Sud,
poursuivre et intensifier une politique qui a déjà
porté ses fruits. Enfin, dans nos relations avec les
États-Unis, nous comporter en partenaires égaux,
responsables des intérets de nos peuples.
HAEU AHUE HAEU AHUE
Je félicite M. Spinelli pour son rapport et suis
d'accord avec son analyse. M. Spinelli a une large
expérience du fonctionnement de la Communauté,
et, mieux qu'un autre, il peut en dénoncer les
faiblesses, tout en définissant les améliorations
indispensables. Il le fait en termes clairs et vigou-
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