1 Mazarin. Les lettres et les arts, Isabelle Conihout et Patrick Michel ...
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« <strong>Mazarin</strong> » compose donc ici un corpus intermédial dont historiens, historiens de l’art,<br />
historiens du livre <strong>et</strong> musicologues examinent <strong>les</strong> multip<strong>les</strong> fac<strong>et</strong>tes. Fac<strong>et</strong>tes dont la source<br />
est économique, bien sûr, puisque le marché de l’art alors en pleine expansion réclame des<br />
sommes considérab<strong>les</strong>. Il faut ainsi saisir <strong>les</strong> formes d’enrichissement du cardinal ministre <strong>et</strong><br />
l’usage des capitaux (non pas en discordance avec <strong>les</strong> pratiques du temps, comme le signale<br />
Claude Dulong, mais bien dans leur prolongement : le mythe du « rapace des Abbruzzes » ou<br />
de « l’avare sicilien » témoigne plus des attaques de ses adversaires ou de l’ostracisme<br />
touchant <strong>les</strong> étrangers que d’une rupture avec <strong>les</strong> manières des Grands). C’est ce qui perm<strong>et</strong> à<br />
Jean Delumeau de montrer comment, même si <strong>Mazarin</strong> n’a pas vraiment joué un rôle<br />
novateur dans la création artistique de son époque, son activité de collectionneur ajoute au<br />
qualitatif un quantitatif aux proportions réellement étonnantes. Tel est ce qui en change la<br />
donne ordinaire, allouant au goût récent pour <strong>les</strong> collections de tous ordres une dimension<br />
inédite. L’impact des fouil<strong>les</strong> archéologiques conduites à Rome alimente c<strong>et</strong>te nouvelle manie<br />
sociale en y ajoutant le prestige de l’ancien. On doit, sans doute, souligner que <strong>Mazarin</strong>,<br />
personnellement, appréciait sans doute plus la décoration que la création artistique <strong>et</strong> s’est<br />
avéré être plus collectionneur que mécène. Ainsi, Jean-Claude Boyer nous fait saisir que le<br />
tableau que peint Philippe de Champaigne du cardinal ministre reprend le dispositif du<br />
portrait de Richelieu, en y ajoutant la présence surprenante au second plan du château de<br />
Vincennes, parce qu’il avait justement commandé la création du décor des appartements de<br />
l’aile du roi <strong>et</strong> de l’aile de la reine (à ce même Philippe de Champaigne <strong>et</strong> à <strong>Michel</strong> Doriginy,<br />
le neveu de Vou<strong>et</strong>) <strong>et</strong> tenait à en rappeler le souvenir.<br />
De même que Pascal disait d’un noble aux vêtements somptueux, « c<strong>et</strong> habit, c’est une<br />
force », <strong>les</strong> palais, <strong>les</strong> peintures, <strong>les</strong> meub<strong>les</strong> d’Extrême-Orient sont autant de façons, pour<br />
<strong>Mazarin</strong>, de publier sa puissance. Ce sont ces formes de publication, ces manières de se<br />
rendre public, qui sont ici étudiées attentivement — à titre d’exemple, on peut simplement<br />
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