1 Mazarin. Les lettres et les arts, Isabelle Conihout et Patrick Michel ...
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mentionner le fait que la bibliothèque de <strong>Mazarin</strong> qui comptait 40 000 volumes en 1652 (par<br />
rapport à 15 000 pour la bibliothèque royale ou autant pour la Bodleian Library) ne formait<br />
pas une collection privée, elle a justement été une des premières à être ouverte au public (à<br />
l’instar de la Bibliothèque Vaticane). Par ailleurs, comme le saisit <strong>Patrick</strong> <strong>Michel</strong> en<br />
comparant <strong>les</strong> cardinaux Barberini <strong>et</strong> <strong>Mazarin</strong>, l’émulation entre Grands compte pour<br />
beaucoup dans le développement des collections de tous genres. Il faut donc souligner, d’un<br />
point de vue théorique, combien <strong>les</strong> pratiques artistiques (des reliures aux peintures, des<br />
tapisseries aux vases, des palais aux bijoux) sont à la fois instrumentation d’une jouissance <strong>et</strong><br />
poétique du pouvoir.<br />
Il est impossible de rendre compte de toutes <strong>les</strong> approches ni de tous <strong>les</strong> travaux de<br />
qualité qui font ce livre, c’est bien leur variété qui constitue l’intérêt de l’ouvrage. Sans<br />
hiérarchie des <strong>arts</strong> (ce qui est déjà tout à fait notable <strong>et</strong> témoigne indirectement des enjeux<br />
théoriques que je viens de souligner), <strong>les</strong> études s’attachent autant à un lit brodé qu’aux<br />
monuments du Pont aux changes, aux palais <strong>et</strong> châteaux aménagés par la volonté du cardinal<br />
qu’aux fresques commandées <strong>et</strong> aux tableaux ach<strong>et</strong>és, aux bijoux étonnants qu’au mobilier<br />
fastueux, aux reliures de vélin citron qu’aux incunab<strong>les</strong> ou aux ouvrages hébraïques de la<br />
bibliothèque composée par Gabriel Naudé. La puissance est ainsi captée dans <strong>les</strong> analyses de<br />
ces matérialités des œuvres en passant des <strong>arts</strong> à l’iconographie <strong>et</strong> aux livres.<br />
L’histoire qui en est alors livrée passe également par l’examen de la construction de<br />
l’obj<strong>et</strong> <strong>Mazarin</strong> à l’intérieur de l’historiographie : que ce soit par l’élaboration de ses louanges<br />
sur le moment (qu’analyse Giuliano Ferr<strong>et</strong>ti) ou par l’héritage du personnage dans <strong>les</strong><br />
manuels scolaires <strong>et</strong> <strong>les</strong> textes savants des historiens depuis le 17 e siècle jusqu’aux Anna<strong>les</strong><br />
(qu’étudient Laurent Avezou <strong>et</strong> Christian Amalvi). Un des points ici <strong>les</strong> plus intéressants<br />
concerne le « non-usage » de l’histoire par <strong>Mazarin</strong> subtilement mis en évidence par Chantal<br />
Grell : là où Richelieu s’était appuyé sur des constructions historiographiques, son successeur<br />
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