questions de stratégie - Gauche Anticapitaliste
questions de stratégie - Gauche Anticapitaliste
questions de stratégie - Gauche Anticapitaliste
You also want an ePaper? Increase the reach of your titles
YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.
par <strong>de</strong>s institutions et le droit.<br />
L’espace politique public a besoin d’institutions politiques<br />
spécifiques. Si l’on admet qu’il n’y a pas d’autodépassement<br />
spontané possible ni souhaitable <strong>de</strong>s institutions<br />
politiques dans les processus révolutionnaires, il faut donc<br />
se poser la question <strong>de</strong>s bases et <strong>de</strong>s principes sur lesquels<br />
on s’engage pour construire <strong>de</strong>s institutions politiques<br />
efficaces et démocratiques. J’en indiquerai trois :<br />
• le pluralisme et la libre expression et confrontation<br />
<strong>de</strong>s programme et propositions <strong>de</strong>s partis, réseaux,<br />
groupements, etc.<br />
le respect du suffrage universel (y compris s’il nous est<br />
défavorable... dans ce cas-là on ne dissout pas ou on ne<br />
supprime pas l’Assemblée..) et <strong>de</strong> la proportionnelle<br />
comme base <strong>de</strong> choix <strong>de</strong> la représentation politique.<br />
L’institution <strong>de</strong> cette représentation en Assemblée constituante<br />
qui définit à la fois les règles générales du jeu<br />
politique et qui agit, délibère, légifère et exécute en<br />
réduisant donc la distance et l’autonomie du pouvoir<br />
exécutif et en corrigeant ainsi les dérives antidémocratiques<br />
et « bonapartistes » <strong>de</strong>s institutions bourgeoises actuelles.<br />
Cette représentation politique nationale ne s’oppose pas<br />
à d’autres types <strong>de</strong> représentation issus <strong>de</strong>s mobilisation,<br />
mais on peut imaginer un système comme par exemple<br />
celui d’une double chambre permettant <strong>de</strong> les articuler.<br />
Cette articulation, même conflictuelle, est alors une<br />
double réponse à l’impasse <strong>de</strong> la voie « soviétique », rappelée<br />
plus haut, et d’une conception purement formelle<br />
et abstraite <strong>de</strong> la politique, telle que la vie politique sous<br />
domination <strong>de</strong> la bourgeoisie qui scin<strong>de</strong> le politique et<br />
le social et qui met <strong>de</strong>s barrières <strong>de</strong>vant toute incursion<br />
du politique dans le social dés lors que cela pourrait<br />
toucher à la propriété privée. Notez que cette restriction<br />
du champ politique s’est encore accentuée avec la<br />
« gouvernance » néolibérale et <strong>de</strong>s institutions non élus<br />
du type Banque mondiale, FMI, etc.<br />
Avec ainsi une citoyenneté qui ne s’arrête point où<br />
commencent les droits sociaux et économiques, <strong>de</strong> tels<br />
principes généraux ne résolvent pas tout. Par exemple, quel<br />
pourrait être la base <strong>de</strong> pouvoir à l’échelle européenne ?<br />
Qui déci<strong>de</strong>, <strong>de</strong> quoi et à quel échelon...? Mais si marque<br />
<strong>de</strong> fabrique il doit y avoir dans notre réflexion, le creuset<br />
est plutôt dans cet héritage critique du meilleur ou du<br />
moins pire au choix du « marxisme révolutionnaire » ou<br />
du « trotskisme ouvert ». La bibliographie rappelle que<br />
<strong>de</strong> bonnes choses ont été écrites dans <strong>de</strong> bonnes revues<br />
par <strong>de</strong> bons camara<strong>de</strong>s qu’il s’agisse d’Artous, <strong>de</strong> Samary<br />
voire <strong>de</strong> Salesse ou <strong>de</strong> Coutrot.<br />
les institutions dans la transition.<br />
la combinaison <strong>de</strong> mobilisations sociales<br />
et <strong>de</strong> processus électoraux comme fil<br />
conducteur. démocratiser quoi et jusqu’où ?<br />
une assemblée constituante comme<br />
alternative au « bonapartisme structurel »,<br />
qu’est-ce À dire ?<br />
<strong>de</strong>s formules <strong>de</strong> gouvernement...<br />
aux conditions <strong>de</strong> participation<br />
À <strong>de</strong>s institutions gouvernementales.<br />
<strong>questions</strong> À la révolution citoyenne.<br />
Un autre problème <strong>de</strong>meure toutefois : entre ce modèle<br />
et la situation présente, que faire avec les institutions<br />
existantes ? Et comment penser et agir dans la transition ?<br />
Nous sommes un certain nombre à avoir été formés à un<br />
certain type <strong>de</strong> réponses : au travers <strong>de</strong> la mobilisation<br />
Les institutions, piège ou levier<br />
sur un programme <strong>de</strong> revendications qui fait système<br />
(un programme <strong>de</strong> transition) et qui va <strong>de</strong> l’autodéfense<br />
et <strong>de</strong> la satisfaction <strong>de</strong>s revendications jusqu’à la mise<br />
en place d’un gouvernement. Mais comment passer <strong>de</strong><br />
l’un à l’autre ? Révélatrice <strong>de</strong> ces difficultés, la question<br />
qui a pu faire le charme indéfinissable <strong>de</strong> débats sans<br />
fins <strong>de</strong> congrès sur la bonne formule <strong>de</strong> gouvernement,<br />
algébrique ou arithmétique, avec <strong>de</strong>s <strong>de</strong>grés <strong>de</strong> précision<br />
et <strong>de</strong>s marges d’interprétation variables, avec <strong>de</strong>s intentions<br />
<strong>de</strong> pédagogie politique pas forcement évi<strong>de</strong>ntes à<br />
comprendre à large échelle. Nous avons <strong>de</strong> fait oscillé<br />
entre formule générale pas forcement très fonctionnelle<br />
ici et maintenant (gouvernement <strong>de</strong>s travailleurs, soit<br />
mais comment ça marche ou au service <strong>de</strong>s travailleurs<br />
ce qui ne nous avance pas beaucoup plus) et formules<br />
relevant d’une pédagogie politique sophistiquée (gouvernement<br />
PS PC sans ministre bourgeois)<br />
Si on regar<strong>de</strong> au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> cette noble tradition trotskiste,<br />
avons-nous <strong>de</strong>s réponses institutionnelles plus satisfaisantes<br />
avec, par exemple, la révolution citoyenne dont<br />
on a déjà débattu ? L’un <strong>de</strong>s intérêts rési<strong>de</strong> peut-être dans<br />
une plus gran<strong>de</strong> lisibilité dans un horizon spatiotemporel<br />
prévisible avec un calendrier et <strong>de</strong>s étapes définies.<br />
Le schéma est connu : victoire électorale sur la base<br />
d’une majorité politique contre la droite et alternative<br />
au social-libéralisme avec le Front <strong>de</strong> gauche comme<br />
force politique centrale, alliée à une partie <strong>de</strong>s Verts et<br />
minorité du PS. Il n’y a a priori rien d’absur<strong>de</strong>, au vu<br />
<strong>de</strong> la profon<strong>de</strong>ur et <strong>de</strong> la gravité <strong>de</strong> la crise (cf situation<br />
grecque et Syriza) mais cela laisse place à <strong>de</strong>s <strong>questions</strong><br />
lour<strong>de</strong>s : quelles transformations institutionnelles, quel<br />
gouvernement, quelle participation gouvernementale<br />
<strong>de</strong> notre courant ?<br />
On pressent les limites et faiblesse <strong>de</strong> ce schéma qui ne<br />
relève guère d’un socialisme par en bas mais <strong>de</strong> conquêtes<br />
d’institutions parlementaires et municipales éventuellement<br />
appuyées par <strong>de</strong>s mobilisations. Ce qui laisse peu<br />
<strong>de</strong> place pour une dynamique d’auto-organisation avec<br />
le risque <strong>de</strong> relation « instrumentale » à la mobilisation<br />
populaire qui appuie une révolution par en haut mais qui<br />
n’est pas l’acteur central. Une autre question concerne<br />
l’esprit <strong>de</strong>s institutions : s’agit-il <strong>de</strong> l’achèvement et <strong>de</strong> la<br />
démocratisation d’un État républicain dans l’héritage <strong>de</strong><br />
Jaurès... mais Jaurès seulement, ou aussi feue l’Union <strong>de</strong><br />
la gauche et Mitterrand ? Ou faut-il inventer <strong>de</strong> nouvelles<br />
institutions et <strong>de</strong> nouvelles façons <strong>de</strong> les faire vivre ?<br />
2. Que faire dans les<br />
institutions ?<br />
Ces <strong>de</strong>rnières considérations invitent à passer à <strong>de</strong>s<br />
<strong>questions</strong> plus pratiques : que faire dans les institutions ?<br />
Précisons toutefois que nous nous limiterons ici aux institutions<br />
électives en privilégiant celles au sein <strong>de</strong>squelles<br />
nous avons quelque expérience soit dans la situation<br />
française quelques municipalités et conseils régionaux.<br />
du crétinisme parlementaire<br />
au crétinisme anti-institutionnel<br />
Ces adjectifs qualifient <strong>de</strong>ux façons <strong>de</strong> ne pas se poser<br />
la question pour ne pas faire <strong>de</strong> politique. Quelles<br />
réponses apportent en effet à cette question « le meilleur<br />
<strong>de</strong>s traditions du mouvement ouvrier », qui en déci<strong>de</strong><br />
et comment les interpréter ? Les réponses comme<br />
précé<strong>de</strong>mment sont largement déterminées par les grilles <strong>de</strong><br />
38 Journées d’étu<strong>de</strong>