questions de stratégie - Gauche Anticapitaliste

Il y a quatre caractéristiques qui donnent pour moi sa particularité
à la « révolution citoyenne » :
1. Elle est permanente. Elle tranche avec toute vision mécanique
de fin de l’histoire : il n’y a pas de révolution achevée, définitive.
Elle peut être remise en question par le suffrage universel et doit
sans arrêt se remettre en question et donc donner les preuves de
son utilité et du progrès humain qu’elle permet.
2. Elle doit reposer sur un fait majoritaire. Cette question
renvoie bien sûr à notre échec du xx e siècle : les urnes, le suffrage
universel ne sont pas une concession. Ils font partie intégrante
de notre projet. Très longtemps dans le mouvement ouvrier,
la démocratie représentative a été synonyme de démocratie
bourgeoise. C’est une erreur d’analyse : c’est le cas tant que le
capitalisme y voit son intérêt et aujourd’hui qui ne voit pas qu’il
s’exonère de la souveraineté du peuple, nommant là un gouvernement
de « techniciens », décidant de traités qui soustraient
les politiques économique du vote des parlements, reculant les
élections ailleurs, contournant les résultats des référendums etc.
Il y a dans l’ultralibéralisme une vision totalitaire en devenir au
nom de la souveraineté absolue du marché. C’est donc nous qui
devons revendiquer le suffrage universel comme au centre de
notre projet émancipateur.
3. Le mot citoyen renoue avec la grande Révolution française,
ce moment ou le peuple devient acteur, une nation de citoyens
libres et émancipés capables de décider de leur destin collectif.
Nous renouons ainsi avec Jaurès qui, mieux que Marx sur ce
point, unifie les conquêtes démocratiques et les conquêtes sociales.
Citoyen et prolétaire ne font qu’un. Et d’ailleurs si une classe est
étrangère pour Jaurès à ce qu’il nomme la patrie républicaine ce
n’est pas le prolétariat mais la bourgeoisie.
4. Enfin elle ne s’imagine pas sans une forte implication
citoyenne, avant, pendant et après le processus de prise de
pouvoir. Voilà pourquoi il est si important que le Front de gauche
se donne pour objectif d’initier un front du peuple. Ce n’est pas
seulement parce que le terme nous convient mieux que Front
populaire qui renvoie à une construction politique dominée par
un Parti socialiste que l’on ne peut en outre comparer à l’actuel
PS, c’est aussi par la réalité de ce qu’il entend rassembler au nom
de l’intérêt général. Voilà pourquoi nous devons développer les
assemblées citoyennes et les fronts thématiques, véritables comités
de base pour nous d’un processus de révolution citoyenne.
C’est tout cela que nous avons voulu condenser pendant la campagne
présidentielle avec la vi e République. Elle est la synthèse
absolue de la révolution citoyenne Il ne s’agissait pas seulement
d’un changement d’institutions même si de ce strict point de vue
il y a déjà matière à bouleversement vis-à-vis de la monarchie
républicaine que constitue la v e . La vie va plus loin dès son mode
d’élaboration retenue qu’est l’Assemblée constituante. Elle donne
les pleins pouvoirs aux citoyens, elle casse la frontière entre les
« politiques » et le peuple, elle affirme qu’il n’y pas de démocratie
si elle n’est pas aussi sociale, ce qui remet en question au final
l’appropriation sociale des moyens de production.
Pour conclure : concrètement cette stratégie nous donne notre
feuille de route pour les deux ans à venir qui seront faits de
mobilisations sociales et d’élections. Nous devons être du côté
des salariés en lutte, nous devons essayer d’obtenir des victoires
partielles en faisant pression sur le Parlement nous devons préparer
les conditions pour passer devant le PS aux élections européennes
dont la forme de scrutin le permet. Ce peut même être le cas pour
d’autres forces de l’autre gauche en Europe. Ce serait incontestablement
un accélérateur dans la situation et la preuve aux yeux
de notre peuple qu’une alternative existe à gauche.
Photothèque Rouge/JMB
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