questions de stratégie - Gauche Anticapitaliste

dotent les salariés peuvent assumer des fonctions de contrôle de
secteurs échappant au marché mais aussi à une logique étatique
comme pour la protection sociale (un des enjeux de la mobilisation
de 1995 contre la réforme de la Sécurité sociale par Juppé).
Dans le respect strict de l’indépendance syndicale et de l’autonomie
du mouvement social, pour la Gauche anticapitaliste, il s’agit
de construire un front social et politique, afin de regrouper sur
toutes les questions essentielles la plus grande diversité de forces
sur une plateforme porteuse d’alternative réelle à l’ordre existant.
Il convient de garantir les conditions d’une démocratie interne
pour le fonctionnement des forces politiques alternatives comme
d’appuyer la construction d’un syndicalisme de masse, lutte de
classe, unitaire et démocratique et co-acteur de la transformation
sociale.
Il s’agit de développer les structures et organisations favorisant
le travail et l’élaboration communes entre militants politiques,
syndicaux, associatifs, chercheurEs/, expertEs, citoyenNEes engagéEs.
œuvrer à ce que les grands axes des réformes de rupture
soient communs aux forces politiques anticapitalistes/antilibérales,
au mouvement syndical et au mouvement social et écologique.
Il faut agir résolument en faveur de l’unité la plus large dans la
lutte autour des objectifs définis en commun pour construire un
rapport de forces ouvrant un horizon aux résistances, ouvrant le
champ des possibles. De construire la convergence des luttes, et
défendre l’auto-organisation des oppriméEs. Pour l’unification
de l’ensemble des travailleurEs et oppriméEs, ce qui suppose de
faire de la bataille contre les discriminations et oppressions une
question centrale et non annexe.
Tout ceci pose des questions concrètes et quotidiennes de relation
des forces politiques aux mouvements sociaux qui ne saurait être
ni substitutiste ni suiviste et acritique.
Dans un mouvement social comme celui sur les retraites, le
politique peut émettre un avis sur la mobilisation, proposer des
perspectives sur ce terrain appuyant les équipes combatives et
pas que sur celui d’une mobilisation référendaire dans les urnes.
En réponse à une mobilisation des salariés comme celle de Florange,
le politique doit formuler des propositions alternatives
(projet de loi sur l'interdiction des licenciements boursiers et de
réappropriation publique sous contrôle des salariés), mais il peut
et doit aussi prendre l’initiative pour favoriser l’unité la plus large
de la gauche sociale et politique autour d’objectifs communs (nationalisation),
être facilitateur des avancées du mouvement social.
À partir des mobilisations et/ou de positions institutionnelles, il
est tout aussi déterminant de contribuer à construire l’alternative
ici et maintenant, et d’œuvrer à donner du pouvoir et des moyens
d’organisation aux salariéEs et à la population. Se faire le soutien
et l’aide d’expériences d’auto-organisation et d’autogestion
(quartier, entreprise, réseau de distribution…) même si l’on sait
que celles-ci sont menacées de récupération et ne peuvent à elles
seules suffire à enclencher la transformation sociale.
Il s’agit de favoriser en particulier lorsque l’on détient le pouvoir
municipal, la mise en place de structures et d’organisations permettant
de subvenir à certains besoins populaires. De chercher
à développer les liens entre formes alternatives de production
alimentaire, à commencer par l’agriculture biologique paysanne,
mais aussi les formes alternatives d'occupation de l'espace et de
l'habitat y compris dans les quartiers touchés par les phénomènes
de relégation.
Au niveau municipal, être le défenseur et le constructeur de
services publics sous le contrôle des usagers, et défendre leur
gratuité : l’eau, la restauration scolaire, le ramassage des déchets
et le nettoyage des voies publiques, travailler avec les mouvements
sociaux et essayer de transformer le rapport aux institutions au
travers de fonctionnements institutionnels alternatifs comme
celle du budget participatif.
Au-delà, combiner processus électoraux et mobilisations sociales, le
social et le politique dans une stratégie de transformation sociale,
c’est aussi définir ce que doivent être les contours et les tâches
d’un gouvernement de rupture, mettant en œuvre des mesures
d’urgence mais aussi une transformation plus substantielle de la
société y compris dans les formes de représentation et de pouvoir.
Nécessité de préciser la perspective à porter dans le cadre d’un
processus constituant : gouvernement et élus sous contrôle (rotation
et limitation stricte des mandats des élus, de leur revenu,
révocabilité…), représentation des mouvements sociaux, pouvoir
des organisations syndicales et sociales dans les entreprises, les
services publics et les administrations,…
Pour résumer, une stratégie pour une révolution écosocialiste
suppose l’articulation entre élections, mobilisations, expériences
sociales alternatives.
L’élaboration et la promotion d’un projet de société écosocialiste
fondée sur l’extension sans précédent de la démocratie et la rupture
avec les institutions existantes.
La volonté de poser en permanence la question du pouvoir à
commencer par l’exigence de la constitution d’un gouvernement
qui engage une politique de rupture, favorable à la majorité de
la population et sous son contrôle.
Une présence sur le terrain électoral et institutionnel, par la défense
intransigeante des intérêts de la population, la rotation et
la limitation des mandats et du revenu des élus, le compte-rendu
de leur mandat à la population, le travail avec les mouvements
sociaux et à l’échelle locale la volonté d’engager des fonctionnements
institutionnels alternatifs.
La volonté de favoriser l’unité, les mobilisations les plus larges
et leurs convergences pour modifier le rapport de forces et les
consciences et construire des majorités d’idées.
La volonté de décloisonner les champs du social et du politique,
par l’élaboration commune de réponses alternatives et le soutien à
des expériences sociales alternatives, la construction au quotidien
d’un front social et politique.
Remarque 1 : le film n’est pas terminé mais le processus bolivarien
au Venezuela et ses limites ont posé ces questions.
Effondrement des partis institutionnels, victoire électorale,
processus constituant… Mais après des années de régression des
mouvements sociaux et en l’absence de bloc social innervé par
des forces politiques de masse (et portant un projet de rupture !),
les avancées sociales démocratiques se sont vite confrontées à la
bourgeoisie et l’appareil d'État : il y a eu des réactions populaires
victorieuses aux coups d'État mais une vraie difficulté à répondre
aux logiques bureaucratiques, clientélistes, délégataires de l’appareil
d'État. Chavez a essayé d’y répondre de manière pragmatique :
révocabilité des élus, missions thématiques contournant l'État…
Remarque 2 : le changement social radical dépend aussi de son
extension relativement rapide à d’autres pays, puis à un ensemble
continental, puis..
Nécessité d’une stratégie internationale/internationaliste,
anti-impérialiste/anticolonialiste.
En Europe, il faut concevoir une alternative politique à la fois
dans un cadre national et dans le cadre continental pour faire
pièce de manière internationaliste à l’Union européenne.
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