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L’“UNIVERSEL“ ET SES FUSÉES L’“UNIVERSEL“ ET SES FUSÉES<br />

prévoyait l’introduction dans l’armée de huit batteries de fusées. Seul détail gênant :<br />

la Suisse ne disposait alors d’aucune fusée. Le Département militaire accepta alors<br />

avec reconnaissance les offres d’un réfugié hongrois, Ladislas Lukaczy, qui avait<br />

débarqué à Bâle en janvier 1852 et qui fut, pour un temps, considéré comme un<br />

sauveur. Si, dans un premier temps, les essais entrepris à Thoune, furent relativement<br />

satisfaisants, ils s’avérèrent par la suite de plus en plus déplorables. D’autre part, les<br />

relations entre Lukaczy et les autorités fédérales s’étaient tendues, à la suite d’un<br />

incident concernant directement Genève. Une brochure anonyme, publiée dans cette<br />

ville en 1853, intitulée Notes et croquis. Souvenir des essais faits à Thoune en<br />

septembre 1853 livrait des détails précis sur le fonctionnement des fusées du<br />

Hongrois. Ce dernier protesta violemment en alléguant qu’il y avait eu violation du<br />

« secret ». Le Département militaire fédéral se vit dans l’obligation d’exiger du<br />

Département militaire genevois la destruction des brochures. Le 5 janvier, Balthazar<br />

Decrey, chef de ce Département annonçait que 504 brochures avaient été saisies chez<br />

l’imprimeur, plus celles de l’ex chef d’état-major (Frey Hérosé), du général Dufour<br />

et les deux constituant le dépôt légal exigé par la chancellerie, le lot étant ainsi<br />

complet. Aussitôt acheminées à Berne, elles y furent détruites. Lukaczy disqualifié,<br />

il ne restait plus au Département militaire fédéral à se tourner une fois encore vers<br />

Müller, mais l’essai de ses fusées à Niederglatt (mai 1860) ne donna que des résultats<br />

médiocres. Finalement, le modèle adopté, sorte de monstre hybride, ne dut rien ni à<br />

Pictet, ni à Hale. Il se rapprochait du système Lukazcy-Augustin, revu par Müller et<br />

ne constitua qu’une arme fort médiocre. Genève, qui avait la charge de deux<br />

batteries, s’efforça des les « refiler le plus rapidement possible à d’autres cantons<br />

sous prétexte que la charge financière était trop lourde pour un « canton surtout<br />

agricole ». La première école de recrues de fusées avait eu lieu en 1861 et la dernière<br />

en 1867. Un mois et demi plus tard, un arrêté fédéral mit fin à l’existence de l’arme.<br />

Un des épisodes les plus piteux de l’histoire militaire suisse s’achevait ainsi. De<br />

nombreuses raisons expliquent cette faillite : tergiversations des instances militaires<br />

et politiques, crédits insuffisants accordés pour les essais, technologie encore<br />

embryonnaire, intrigues pour imposer tel ou tel modèle. Il est certain que si Pictet,<br />

qui avait toujours été solidement appuyé par son ami Dufour, avait pu travailler dans<br />

de meilleures condition, son modèle, qui offrait une importante innovation<br />

technologique, aurait pu s’imposer.<br />

De la fusée à l’obus à percussion<br />

Ayant définitivement pris congé des fusées, son esprit fécond se tourna vers un objet<br />

nouveau : la mise au point de fusées à percussion (Fuze ; Zünder) pour obus et<br />

projectiles divers. En simplifiant, on peut dire que le problème se posait ainsi :<br />

Comment faire exploser une charge creuse, ou pour les fusées à la Congreve, une<br />

tête bourrée d’explosifs, à un moment déterminé, soit en l’air, soit au contact direct<br />

de l’objectif, soit après un certains nombre de ricochets. Pictet était parvenu à mettre<br />

18 Le Brécaillon<br />

au point un système ingénieux qui se fixait sur la pointe de l’obus qui, grâce à un<br />

mécanisme complexe, le faisait exploser dès qu’il touchait le sol. Plusieurs essais<br />

furent entrepris à Thoune, et une fois encore Dufour était massivement intervenu en<br />

faveur de son ami. Les essais de 1854 donnèrent 90% de réussite et ceux de 1858<br />

atteignirent la perfection. Mais l’histoire des fusées se répéta. Différents modèles<br />

étrangers furent essayés parallèlement et, finalement, c’est le système prussien<br />

Wahl-Neumann qui fut adopté. Mais cette fois Pictet, qui s’était réservé le droit de<br />

Fuséens dans la cour de la caserne de Genève : on reconnaît le manège au<br />

fond de la cour. Il s’agit d’une reconstitution vers 1900 (B.P.U)<br />

vendre son invention à l’étranger, n’attendit pas d’essuyer un refus définitif et reprit<br />

son bâton de pèlerin. Il s’adressa à nouveau à Woolwich, retournant en Angleterre,<br />

puis se tourna vers le Brésil, la Prusse les Pays-Bas, la Belgique, la Russie, le<br />

Wurtemberg, la Bavière puis la Diète allemande, réunie à Francfort. Si,<br />

généralement, au niveau militaire, les propositions furent bien accueillies, elles<br />

échouèrent au niveau politique ou économique. A une date qu’il n’est pas possible<br />

de préciser, Pictet s’associa avec un Allemand d’origine, Heinrich Böttcher,<br />

spécialiste en explosifs, qui avait présidé aux destinées du laboratoire de Thoune.<br />

Le Brécaillon<br />

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