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TRACES DE LA GRANDE GUERRE À GENÈVE<br />

LE MONUMENT FRANÇAIS, LES VOLONTAIRES SUISSES ET LA SOCIÉTÉ<br />

CAPITAINE EDOUARD JUNOD<br />

Philippe COET<br />

Dans les années d’immédiat après-guerre, le culte du souvenir connaît en Suisse une<br />

période relativement foisonnante pour un pays non belligérant. Ce culte s’exprime<br />

essentiellement de deux manières : pour les Suisses, il a un caractère militaire<br />

affirmé et est entretenu sur la base de l’expérience de la mobilisation, de la solidarité<br />

et de la camaraderie développées entre soldats pendant les longs mois passés sous<br />

les drapeaux. Il se fonde sur la satisfaction du devoir accompli, sur la conviction<br />

d’avoir sauvé le pays des affres de la guerre, sur les sacrifices consentis jusqu’à, pour<br />

certains, perdre la vie. Les mobilisés se regroupent, on érige dans de nombreuses<br />

villes des monuments à la mémoire des disparus, on commémore le 10 e puis le 20 e<br />

anniversaire de la « Mob » de 1914.<br />

Quant aux ressortissants des pays belligérants, eux aussi se rassemblent en<br />

associations, souvent rattachées à des organisations actives dans leur pays d’origine<br />

; eux aussi érigent des monuments aux morts de leurs communautés.<br />

Ces deux manières de cultiver le souvenir ne sont pas incompatibles. En réalité la<br />

frontière entre les deux est très perméable : Suisses et étrangers – du moins les<br />

ressortissants des pays alliés – soutiennent volontiers leurs initiatives respectives et<br />

participent ensemble aux diverses manifestations commémoratives.<br />

Pour qui sait observer, il subsiste à Genève de nombreuses traces de ce culte du<br />

souvenir : les plaques apposées sur les murs du <strong>Musée</strong> Rath qui expriment la<br />

reconnaissance de la colonie française ou des anciens internés et prisonniers de<br />

guerre ; les tombes de soldats belges dans le cimetière de Châtelaine ; les<br />

monuments aux morts italien et allemand si proches dans le cimetière de Saint-<br />

Georges ; et bien entendu le monument à la mémoire des soldats genevois morts au<br />

service de la patrie, érigé dans le Parc Mon Repos.<br />

Mais le premier objet de cette étude, un objet qui réunit en lui des composantes<br />

suisses et étrangères, c’est le monument aux Français de Genève et aux volontaires<br />

suisses morts pour la France. Il incarne remarquablement le puissant besoin de<br />

commémorer qui s’empare alors aussi bien des Suisses que des étrangers résidant en<br />

Suisse.<br />

Un souvenir tôt entretenu<br />

Si un service commémoratif à la mémoire des Suisses tombés en France est organisé<br />

en mars 1920 au temple de Saint-Gervais, avec la participation de représentants des<br />

autorités genevoises et françaises, mais aussi d’autres pays alliés 1 , ce n’est qu’en<br />

juillet que se matérialise un premier geste de reconnaissance.<br />

58 Le Brécaillon<br />

Le Journal Français du 10 juillet contient un appel de la Société des volontaires<br />

suisses de la Grande Guerre 1914-1918 à participer non seulement à la<br />

manifestation, mais aussi à la souscription pour l’acquisition d’un drapeau. Il est en<br />

effet prévu une cérémonie les 17 et 18 juillet avec remise dudit drapeau par le<br />

Maréchal Joffre et inauguration d’une plaque au cimetière de Châtelaine. A noter que<br />

l’Union des mobilisés français de Genève soutient les organisateurs et demande à ses<br />

membres d’assister à l’événement. Le samedi 17 a lieu une fête de nuit ; le<br />

lendemain le Maréchal Joffre – qui la veille a serré « cordialement la main à deux<br />

gendarmes genevois engagés volontaires qui combattirent vaillamment avec la<br />

Légion, MM. Martin et Armand… » - remet leur bannière aux volontaires.<br />

L’assemblée se rend ensuite en cortège à Châtelaine où est dévoilée une plaque<br />

offerte par la Société des officiers français de Genève. On peut y lire : « 1914 1918<br />

Aux vaillants volontaires suisses de la Grande Guerre morts en France pour le droit<br />

et la justice ». Citons ici les propos du président des volontaires suisses, M. Eggly,<br />

lesquels sont révélateurs de l’état d’esprit de certains en Suisse romande : « Nous<br />

savons qu’il y a eu chez nous, dans notre libre pays, sur notre sol sacré, des hommes,<br />

des officiers même, qui n’ont pas craint de souhaiter la défaite des armées alliées,<br />

qui ont osé, eux républicains de race, applaudir les hordes du Nord. Nous en<br />

demandons pardon à la France et si le sang de nos morts peut racheter les fautes de<br />

Le Brécaillon<br />

TRACES DE LA GRANDE GUERRE À GENÈVE<br />

La plaque du cimetière de Châtelaine.<br />

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