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TRACES DE LA GRANDE GUERRE À GENÈVE TRACES DE LA GRANDE GUERRE À GENÈVE
Monuments franco-suisses
Le monument du col des Roches
Outre Genève et Lausanne, il existe
plusieurs monuments franco-suisses.
Ainsi à Chindon, près de Reconvillier, est
inauguré le 28 septembre 1919 un
monument en l’honneur des combattants
français et italiens et des volontaires
suisses, provenant de la vallée de
Tavannes et du vallon de Tramelan. Cette
région « n’a pas donné moins de vingtsix
de ses enfants au Moloch de la
guerre».
De même est dévoilé le 15 août 1920 à
Delémont, en présence de M. Eggly, de
Genève, président de l’association des
volontaires suisses, un monument en
l’honneur des combattants issus des
districts de Delémont et de Laufon. Situé
dans le cimetière, il porte les noms de 15
Français, de 9 Suisses et d’un Italien.
On trouve dans le cimetière de Bienne un
monument qui réunit lui aussi volontaires
suisses et soldats alliés. Son
inauguration rassemble le 1 er juillet 1923 de nombreux représentants des autorités
suisses, françaises et italiennes, de la colonie romande et du Souvenir français.
Il n’a malheureusement pas été possible de documenter le monument du col des
Roches.
(La Patrie Suisse, n° 686, 7 janvier 1920, p. 12 ; n° 705, 29 septembre 1920, p. 231-
232 ; n° 783, 26 septembre 1923, p. 251).
défilé devant l’édifice. « Le Comité a décidé de faire tirer une carte postale
représentant le monument et de la faire vendre dans l’enceinte réservée pendant
l’inauguration. Le prix en sera de dix centimes seulement… »
A noter cet incident : l’Union catholique française refuse de s’associer à
l’événement parce qu’il n’y a pas de croix sur le monument. Le Journal Français du
23 août se contente de rappeler que des catholiques pratiquants participent au projet,
que la croix de guerre y figure et que des symboles religieux n’y ont pas leur place
puisque les morts ne partageaient certainement pas les mêmes convictions
religieuses ou philosophiques… 6
Nous citerons deux passages particulièrement intéressants des discours prononcés le
31 août. L’auteur du premier est le Consul général de France, M. Réau : « Lorsque
retentit l’appel tragique de la patrie en danger, 7000 Français qui vivaient
paisiblement dans l’hospitalière Genève, d’un même élan, partirent sans regarder en
arrière ; 818 ne sont pas revenus (…) Plus du dixième du contingent français de
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Genève a ainsi succombé… » Pour rappel, selon l’annuaire statistique de 1963,
Genève abritait 35’768 Français en 1910 contre 26’751 en 1920.
L’autre citation est extraite de l’allocution de l’ambassadeur de France à Berne, M.
Allizé : « Si les quarante Suisses inscrits ici allèrent à la France, délibérément,
consciemment, donnés tout entiers au sacrifice pressenti, c’est qu’ils la voyaient
avec un esprit qui ne trompe pas, celui qu’ils tenaient de leurs ancêtres mêmes et de
leur histoire nationale : cette sensibilité intellectuelle de la justice et ce
discernement mystique du droit… » En réalité le monument comporte 42 noms de
volontaires, auxquels 3 noms ont été ajoutés.
Si la mention « mort pour la France » existe pour les Français depuis 1915, elle ne
s’étend aux « engagés au titre étranger tués ou morts dans les mêmes circonstances
» qu’à partir de février 1922. Ce monument, rappelant des corps qui reposent ailleurs
mais sans être un cénotaphe par sa forme, va donc perpétuer le souvenir des disparus
en essayant de surmonter cette dichotomie spatiale si bien relevée par Annette
Becker. 7
Il est temps maintenant de s’intéresser plus précisément aux volontaires suisses et
d’en dresser un portrait assez général. Il ne sera malheureusement pas possible de
suivre l’exemple de Claude Duneton qui, dans un roman historique, raconte en détail
l’histoire des 27 hommes qui figurent sur le monument aux morts de la commune de
Lagleyrade. 8
Des volontaires
En 1917, Gustave Babin écrit à propos de la Légion : « Les Suisses – après les
Français – ont apporté le plus fort contingent, animés toujours des magnifiques
qualités qui en firent autrefois les meilleurs serviteurs de la vieille monarchie
française ». 9
Le nombre de volontaires mérite en effet que l’on s’y arrête, tant les chiffres
mentionnés semblent, malgré quelques variations, étonnamment importants.
Dans une brochure publiée en 1915, M.-C. Poinsot avance l’un des rares chiffres
précis rencontrés dans la littérature consacrée aux volontaires : 1’467 Suisses se
seraient engagés au 1 er janvier 1915. Ce chiffre ne nous avance guère puisqu’il date
du début de la guerre. Il n’en reste pas moins remarquable puisque ces engagements
ont eu lieu en 5 mois. Mais cette période correspond précisément à la grande vague
d’enthousiasme des débuts. Se confirme ainsi le constat de S. Audoin-Rouzeau et A.
Becker à propos du volontariat en général, qualifié de lame de fond. Ces deux
auteurs avancent le nombre de 30’000 étrangers rejoignant l’armée française dès le
commencement des hostilités. 10
En novembre 1919, le Journal Français articule le chiffre de 8’000 volontaires
suisses. En 1920, la Revue militaire suisse affirme que le nombre de volontaires a
dépassé les 10’000. Un chiffre que reprennent en 1932 l’ancien légionnaire G.-Jean
Reybaz et en 1934 un autre vétéran, L. E. Augustin.
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