Assises auto - Féderation - La cgt
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Les enjeux de la place du travail da<br />
la vie syndicale et la construction d<br />
Fabien GACHE, DSC Renault<br />
Stratégies patronales :<br />
conséquences et issues<br />
Les exposés et le débat de ce matin ont<br />
montré la fi nalité recherchée par le patronat<br />
de la fi lière <strong>auto</strong>mobile, ses conséquences<br />
pour les salariés – et, plus généralement,<br />
pour la société –, ainsi que<br />
les propositions de la CGT pour répondre<br />
aux besoins de la population et à l’intérêt<br />
collectif.<br />
Prise en compte<br />
par les syndicats CGT<br />
Pour porter ses propositions, la CGT dispose<br />
de plusieurs outils : formation syndicale,<br />
tracts, échanges avec les salariés,<br />
presse, interventions devant les instances<br />
représentatives du personnel, etc.<br />
Une approche trop restrictive<br />
Affi rmer que le quotidien des salariés est<br />
consécutif des stratégies d’entreprise est<br />
juste. Mais si l’on en s’arrête là, cela ne<br />
risque-t-il pas de renforcer le sentiment<br />
d’impuissance déjà très développé chez<br />
les salariés ?<br />
Une force syndiquée<br />
encore trop faible<br />
et insuffi samment armée<br />
Face aux moyens de communication<br />
considérables mis en œuvre par le patronat,<br />
à l’intérieur comme à l’extérieur<br />
des entreprises, la CGT ne peut pas se<br />
contenter de publier des tracts. Notre objectif<br />
doit être de mettre en mouvement<br />
les militants et les syndiqués, mais cela<br />
implique d’accroître leur nombre, de leur<br />
donner des arguments pour contrer le discours<br />
patronal et de démontrer concrètement<br />
que l’action collective peut changer<br />
leur quotidien. Il s’agit d’un passage obligé<br />
si nous voulons construire le rapport<br />
de force dont les salariés ont besoin.<br />
Le constat<br />
Aucune entreprise n’a échappé à la mise<br />
en concurrence, qui est de règle au sein<br />
de la fi lière <strong>auto</strong>mobile, dans les grands<br />
groupes, voire entre services. Chaque entité<br />
est devenue un centre de profi ts dont<br />
le niveau de profi tabilité déterminera l’affectation<br />
d’activité.<br />
<strong>La</strong> fl exibilité a transformé la vie sociale<br />
en supprimant les temps de repas, en<br />
réduisant les temps de pause ou en faisant<br />
fonctionner les installations de façon<br />
continue, supprimant les pauses communes<br />
entre travailleurs. Les droits syndicaux<br />
ont également été remis à plat et,<br />
dans certains cas, purement éradiqués.<br />
« <strong>La</strong> victimisation »<br />
au centre des débats<br />
<strong>La</strong> dégradation des conditions de travail<br />
et de la santé des salariés est exprimée<br />
de plus en plus fortement par les syndicats<br />
CGT et la souffrance au travail se<br />
généralise à toutes les catégories professionnelles.<br />
Pour y répondre, les militants tentent<br />
d’utiliser au mieux les instances représentatives<br />
du personnel en s’y investissant<br />
beaucoup mais sans se sentir forcément<br />
soutenus par les salariés.<br />
Les interventions de la CGT sont justes,<br />
souvent globalisantes mais se focalisent<br />
peut-être trop souvent sur la nécessité<br />
de changer la stratégie des entreprises,<br />
laissant de côté le quotidien des salariés,<br />
ou ne l’abordant que sous l’angle de la<br />
victimisation.<br />
Les militants eux-mêmes<br />
atteints par la désespérance !<br />
Tout ceci n’est pas sans conséquence<br />
sur les militants, surtout lorsque la mobilisation<br />
des salariés n’est pas au rendezvous.<br />
Certains désespèrent et accusent<br />
parfois les salariés d’accompagner et<br />
d’être soumis au système.<br />
Le discours de la CGT est aussi peutêtre<br />
ressenti par les salariés comme en<br />
décalage avec ce qu’ils ressentent et leur<br />
forme de résistance individuelle, qui ne se<br />
voit pas toujours.<br />
<strong>La</strong> modifi cation sociologique des entreprises<br />
n’est pas non plus sans conséquence,<br />
comme le montre l’exemple de<br />
Renault où, en vingt-cinq ans, la proportion<br />
d’ouvriers est passée de 65 % à 35%<br />
tandis que celle des cadres passait de 5 %<br />
à 27 %.<br />
Comment aborder<br />
la syndicalisation<br />
et la construction<br />
du rapport de forces ?<br />
A partir du vécu exprimé par leurs militants,<br />
les syndicats CGT de Renault ont<br />
constaté qu’il n’était pas toujours facile<br />
pour eux de proposer aux salariés d’adhérer<br />
à la CGT et de s’y investir. Nous avons<br />
donc proposé une recherche/action aux<br />
syndicats de nos treize établissements et<br />
de notre réseau commercial.<br />
Le but de cette recherche/action était<br />
d’élaborer une nouvelle approche syndicale<br />
pour renforcer le lien avec les salariés.<br />
Pour y parvenir, nous nous sommes<br />
posés les questions suivantes :<br />
• Que connaissons-nous du travail réel<br />
des salariés ?<br />
• Pourrait-on recréer du lien avec eux en<br />
s’intéressant précisément à leur travail, à<br />
ce qu’il font quotidiennement ?<br />
• Comment aider les salariés à formuler<br />
leurs besoins sur ce qui leur permettrait<br />
de mieux faire leur travail ?<br />
• Comment passer d’une résistance individuelle<br />
à une action collective, sur des<br />
objectifs atteignables ?<br />
Faire du syndicat un outil plus effi cace<br />
pour les salariés, pour améliorer leur vie<br />
concrète au travail<br />
Cette pratique syndicale est apparue<br />
comme un moyen permettant de tisser<br />
des liens nouveaux et de redonner<br />
confi ance aux salariés dans leur capacité<br />
à agir. Son objectif était de nous aider à<br />
augmenter le taux de syndicalisation au<br />
sein de notre entreprise, en menant des<br />
activités répondant aux attentes des salariés.<br />
Déroulement de la recherche/action<br />
Pour organiser cette démarche, nous<br />
avons demandé de l’aide au cabinet<br />
Emergences. Nous avons d’abord eu un<br />
échange entre des militants des différents<br />
sites et des chercheurs.<br />
Sur les treize syndicats de la Maisonmère,<br />
quatre n’ont pas souhaité participer<br />
à la démarche. Au sein des neuf autres, et<br />
dans notre réseau commercial, quarante<br />
militants ont mené pendant vingt mois<br />
une réfl exion collective sur nos pratiques<br />
syndicales et sur la meilleure façon de<br />
construire avec les salariés.