Assises auto - Féderation - La cgt
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sphère industrielle. C’est une crise de<br />
soutenabilité d’un modèle de croissance<br />
dont l’industrie <strong>auto</strong>mobile était devenue<br />
assez largement solidaire en délocalisant<br />
et en faisant pression sur les salaires. Le<br />
combat pour l’augmentation des salaires<br />
dans l’<strong>auto</strong>mobile a donc un sens, non<br />
seulement pour ceux qui en bénéfi cieraient<br />
mais pour l’ensemble de la population.<br />
Les chiffres montrent en effet que<br />
les pays qui ont le plus souffert de la crise<br />
sont ceux qui avaient mis l’accent sur le<br />
crédit des ménages (Irlande, Espagne,<br />
Royaume-Uni…) plutôt que sur leur pouvoir<br />
d’achat. On peut également noter que<br />
les constructeurs qui s’en tirent le mieux<br />
sont ceux qui proposent des véhicules<br />
correspondant aux pouvoir d’achat des<br />
ménages : Hyundai, Fiat, Dacia…<br />
Le cas français : un emblème<br />
du divorce de deux mondes<br />
En France, cette question du pouvoir<br />
d’achat s’est traduite par une diffi culté très<br />
forte, pour les constructeurs, à vendre des<br />
voitures de leurs marques à leurs salariés.<br />
En France, l’âge moyen des véhicules n’a<br />
cessé de croître, les ménages renouvelant<br />
moins fréquemment leurs véhicules,<br />
alors que les ventes de pièces détachées<br />
et de véhicules d’occasion sont en augmentation.<br />
De plus, les dépenses liées<br />
à l’<strong>auto</strong>mobile sont concurrencées par<br />
d’autres dépenses, notamment celles<br />
liées aux télécommunications. Ainsi, en<br />
dix ans, les 20 % de ménages les plus<br />
pauvres ont réduit leurs achats de voitures<br />
neuves de moitié.<br />
Les constructeurs estiment que, compte<br />
tenu des améliorations technologiques<br />
qui leur sont apportées, le prix des voitures<br />
augmente moins vite que l’infl ation,<br />
mais le fait est qu’il faut toujours plus de<br />
mois de salaire pour acheter une voiture<br />
de milieu de gamme. Cela explique que<br />
les constructeurs rencontrent tant de diffi -<br />
cultés à trouver des débouchés pour leurs<br />
véhicules.<br />
On assiste en fait à l’épuisement d’un<br />
paradigme commercial. Comme il est de<br />
plus en plus diffi cile de vendre des voitures<br />
neuves aux ménages, les constructeurs<br />
se sont lancés dans une course à<br />
l’innovation, entretenant alors une dynamique<br />
de divorce avec leurs clients. Il sera<br />
possible de proposer une très grande diversité<br />
de produits, renouvelés de plus en<br />
plus vite et à coût constant, mais cela supposera<br />
de mettre l’ensemble de la fi lière<br />
sous pression : les usines devront être le<br />
plus fl exibles possible, une grande partie<br />
de l’effort d’innovation devra être accompli<br />
par les sous-traitants, etc. <strong>La</strong> fi lière risque<br />
donc de souffrir d’un déphasage entre<br />
l’offre des constructeurs et la demande<br />
des ménages.<br />
2. Le véhicule électrique,<br />
les espoirs et les questions<br />
qu’il suscite<br />
Le véhicule électrique peut-il offrir une<br />
porte de sortie ? Certains pensent que, en<br />
raison de son caractère innovant, il ne serait<br />
pas aberrant de le fabriquer dans des<br />
pays qui soutiennent l’activité <strong>auto</strong>mobile.<br />
Pourtant, la Fluence, le premier véhicule<br />
électrique que sortira Renault, ne sera<br />
pas fabriqué en France. Parallèlement,<br />
certains acteurs veulent se lancer sur ce<br />
marché avec la REVA, fabriquée en Inde.<br />
Rien n’assure donc que le véhicule électrique<br />
ouvrira la voie vers une réindustrialisation.<br />
Pour autant, nous considérons<br />
que le véhicule électrique est incontournable,<br />
l’explosion de la demande mondiale<br />
n’étant pas compatible avec l’utilisation<br />
d’une énergie fossile. Le cœur de la<br />
croissance mondiale se trouve en effet en<br />
Chine, qui n’a pas de pétrole. Par conséquent,<br />
dès 2006, il a été très clair pour les<br />
<strong>auto</strong>rités et les constructeurs chinois qu’il<br />
n’y aurait pas de croissance durable sans<br />
véhicule électrique.<br />
Dans ce domaine, la France dispose d’un<br />
certain nombre d’atouts et n’est pas en<br />
retard. Il existe dans notre pays une forte<br />
mobilisation en faveur de l’électrique,<br />
avec le soutien des pouvoirs publics.<br />
Mais pour Carlos Ghosn, seul le pouvoir<br />
politique pourra imposer la voiture électrique,<br />
en apportant un soutien massif aux<br />
constructeurs. Il est donc temps d’instaurer<br />
une sorte de « new deal » <strong>auto</strong>ur de<br />
l’<strong>auto</strong>mobile entre les citoyens, qui exigent<br />
des véhicules peu polluants, l’Etat<br />
et les contribuables, qui investiront beaucoup<br />
d’argent, et les constructeurs, qui<br />
devront prendre des engagements fermes<br />
sur la relocalisation de l’assemblage et<br />
de la chaîne d’approvisionnement en<br />
contrepartie des aides publiques. Avec<br />
le véhicule électrique, c’est une fenêtre<br />
d’opportunité stratégique, politique et syndicale<br />
qui s’ouvre à nous pour reprendre<br />
l’ensemble des dossiers de la fi lière <strong>auto</strong>mobile<br />
et renégocier les politiques industrielles<br />
menées aujourd’hui en Europe.<br />
Présentation disponible sur le site fédéral :<br />
www.ftm-<strong>cgt</strong>.fr<br />
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