UNIVERSITÉ PARIS XI FACULTÉ DE MÉDECINE ... - Kb.u-psud.fr
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<strong>UNIVERSITÉ</strong> <strong>PARIS</strong> <strong>XI</strong><br />
<strong>FACULTÉ</strong> <strong>DE</strong> MÉ<strong>DE</strong>CINE <strong>PARIS</strong>-SUD<br />
Année : 2010 N°<br />
Thèse pour le Doctorat en médecine<br />
Présentée et soutenue publiquement le<br />
par M lle Elsa Brunet<br />
Née le 24/12/1980<br />
à Castres (81)<br />
Un spiromètre électronique miniature est-il un outil utile pour le<br />
dépistage de la BPCO chez les fumeurs, en médecine générale ?<br />
Président : Professeur Marc Humbert<br />
Directeur : Professeur Patrice Marie<br />
- 0 -
TABLE <strong>DE</strong>S MATIÈRES<br />
Table des matières 1<br />
Table des figures 3<br />
Table des tableaux 4<br />
Table des abréviations 5<br />
Introduction 6<br />
1. Ce que l'on sait de la BPCO 7<br />
1.1. Épidémiologie 8<br />
1.2. Physiopathologie 10<br />
1.3. Facteurs de risque 12<br />
1.4. Évaluation du syndrome bronchique dû à la BPCO 13<br />
1.4.1. Le diagnostic de la BPCO 13<br />
1.4.2. La technique de la spirométrie standard 14<br />
1.4.3. Classification de la BPCO 15<br />
1.5. Symptomatologie 16<br />
2. Les nouvelles données 19<br />
2.1. Prévalence du tabagisme 19<br />
2.2. Bronchite chronique et BPCO 20<br />
2.3. Le cannabis 21<br />
2.4. Le rapport VEMS/VEM6 21<br />
3. La spirométrie chez le médecin généraliste 22<br />
Matériel & méthode 27<br />
1. Description de l'étude 27<br />
2. Ce que l'étude a cherché à évaluer et les critères de jugement 28<br />
2.1. Caractériser la population concernée par ce dépistage 29<br />
- 1 -
2.2. Mesurer le rapport VEMS/VEM6 et détecter les patients ayant un rapport<br />
anormal<br />
30<br />
2.3. Mettre en évidence la modification de prise en charge 31<br />
3. Recueil de données 31<br />
Résultats 32<br />
1. Généralités sur la population étudiée 32<br />
2. Nombre de fumeurs déjà explorés 36<br />
3. Prévalence de l'obstruction bronchique possible 37<br />
4. Caractéristiques des patients ayant un rapport VEMS/VEM6 < 0,8 41<br />
5. Modification de la prise en charge 43<br />
6. Bénéfice du dépistage de la BPCO 47<br />
Discussion 49<br />
1. Qualité et validité des résultats 49<br />
2. Principaux résultats 50<br />
3. Comparaison avec d'autres études 53<br />
4. Les limites de la spirométrie en médecine générale 57<br />
4.1. Comparaison avec la spirométrie classique 57<br />
4.2. Nécessité d'une formation sur la qualité de la spirométrie 57<br />
4.3. Risque de surestimation des résultats 60<br />
4.4. Outil motivationnel pour le sevrage tabagique ? 61<br />
4.5. Potentiels effets secondaires 62<br />
5. L'implication pour de futures recherches 64<br />
Conclusion 65<br />
Références 66<br />
Annexes 70<br />
Résumé 82<br />
Summary 83<br />
- 2 -
TABLE <strong>DE</strong>S FIGURES<br />
Figure 1 : Répartition des patients en fonction de leur sexe 32<br />
Figure 2 : Répartition des patients en fonction de leur âge 33<br />
Figure 3 : Catégories professionnelles 34<br />
Figure 4 : Quantité de tabac par jour 35<br />
Figure 5 : Durée du tabagisme 36<br />
Figure 6 : Répartition des patients selon leur rapport VEMS/VEM6 38<br />
Figure 7 : Modification de prise en charge des patients par le médecin généraliste 47<br />
- 3 -
TABLE <strong>DE</strong>S TABLEAUX<br />
Tableau I : Traces d’explorations respiratoires antérieures dans le dossier 37<br />
Tableau II : Rapports VEMS/VEMS6 des hommes 39<br />
Tableau III : Rapports VEMS/VEMS6 des femmes 39<br />
Tableau IV : Rapports VEMS/VEMS6 chez les moins de 35 ans 40<br />
Tableau V : Rapports VEMS/VEMS6 chez les patients âgés entre 35 et 50<br />
ans<br />
40<br />
Tableau VI : Rapports VEMS/VEMS6 chez les plus de 50 ans 41<br />
Tableau VII : Rapports VEMS/VEM6 < 0,8 selon le sexe 41<br />
Tableau VIII : Rapports VEMS/VEM6 < 0,8 selon l’âge 42<br />
Tableau IX :<br />
Rapports VEMS/VEM6 < 0,8 selon la quantité de tabac<br />
consommée et la durée du tabagisme<br />
42<br />
Tableau X : Prise en charge des 109 patients après l’utilisation du Piko6® 43<br />
Tableau <strong>XI</strong> : Prise en charge des patients ayant eu un rapport anormal 44<br />
Tableau <strong>XI</strong>I : Modification de la prise en charge chez les moins de 35 ans 45<br />
Tableau <strong>XI</strong>II :<br />
Tableau <strong>XI</strong>V :<br />
Tableau XV :<br />
Tableau XVI :<br />
Tableau XVII :<br />
Modification de la prise en charge chez les patients âgés d’au<br />
moins 35 ans<br />
Modification de la prise en charge chez les patients ayant obtenu<br />
un rapport VEMS/VEM6 < 0,8<br />
Comparaison de la modification de prise en charge avec les<br />
explorations antérieures, chez les patients ayant un rapport<br />
VEMS/VEM6 < 0,8<br />
Comparaison de la modification de prise en charge avec les<br />
explorations antérieures, entre les hommes et les femmes<br />
Comparaison de la modification de prise en charge avec les<br />
explorations antérieures, entre les patients âgés de moins de 35<br />
ans et ceux âgés d'au moins 35 ans<br />
45<br />
46<br />
47<br />
48<br />
48<br />
- 4 -
ABRÉVIATIONS<br />
ANTADIR :<br />
BPCO :<br />
CV :<br />
CVF :<br />
<strong>DE</strong>P :<br />
EFR :<br />
FEV1 :<br />
FMC :<br />
FVC :<br />
GOLD :<br />
IMC :<br />
OMS :<br />
PMSI :<br />
SPLF :<br />
TVO :<br />
VEMS :<br />
VEM6 :<br />
Association Nationale pour le Traitement À Domicile l’Innovation et la<br />
Recherche<br />
Broncho-Pneumopathie Chronique Obstructive<br />
Capacité Vitale lente<br />
Capacité Vitale Forcée<br />
Débit Expiratoire de Pointe<br />
Explorations Fonctionnelles Respiratoires<br />
Forced Expiratory Volume in one second<br />
Formation Médicale Continue<br />
Forced Vital Capacity<br />
Global initiative for chronic Obstructive Lung Disease<br />
Indice de Masse Corporelle<br />
Organisation Mondiale de la Santé<br />
Programme de Médicalisation des Systèmes d'Information<br />
Société de Pneumologie de Langue Française<br />
Trouble Ventilatoire Obstructif<br />
Volume Expiré Maximal en une Seconde<br />
Volume Expiré Maximal à la sixième seconde<br />
- 5 -
INTRODUCTION<br />
La broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO) est une maladie<br />
chronique inflammatoire, affectant les bronches. L’exposition au tabac en<br />
demeure la principale cause. En 2005, en France métropolitaine, on comptait<br />
30% d’hommes et 23 % de femmes, de 18-74 ans, qui fumaient<br />
quotidiennement [1].<br />
La BPCO est d’une part, encore mal connue du grand-public, et d’autre part,<br />
sous-diagnostiquée, y compris aux stades sévères. Elle concernerait 44 millions<br />
de personnes dans le monde, dont trois millions de personnes en France. Le<br />
ministère de la Santé en France a mené à partir de 2005, pour une durée de cinq<br />
ans, un « programme d’action national BPCO » afin d’améliorer la prévention et<br />
la prise en charge de cette maladie [2]. La prévalence de la BPCO augmente<br />
rapidement dans les pays en voie de développement ; son impact demeure<br />
marqué aux États-Unis et en Europe. Au Royaume-Uni, les études statistiques<br />
relèvent une nette augmentation du nombre de consultations auprès des<br />
généralistes durant ces deux dernières décennies [3]. Cette pathologie entraîne<br />
une morbidité importante caractérisée par la dégradation de la qualité de vie, les<br />
handicaps, les exacerbations, les hospitalisations à répétition, les complications.<br />
- 6 -
En 2003, la BPCO était la douzième cause de morbidité chronique et devrait<br />
atteindre la quatrième place des maladies génératrices d’handicaps en 2020.<br />
Actuellement, elle est la quatrième cause de décès en Europe. Elle est annoncée<br />
comme la troisième cause de décès dans le monde en 2020, derrière les maladies<br />
neurovasculaires et coronariennes [4]. La mortalité est stable chez l’homme,<br />
mais augmente chez la femme, en lien avec une augmentation du tabagisme<br />
féminin. Par son impact socio-économique profond, elle engendre des dépenses<br />
de santé considérables. C’est dire si la BPCO est un problème de santé publique<br />
de premier plan.<br />
Les médecins généralistes voient en consultation la majorité des adultes<br />
fumeurs. Mais ceux qui prescrivent une spirométrie de référence, indispensable<br />
pour poser le diagnostic de la BPCO et réalisée dans des établissements<br />
médicaux ou chez un pneumologue de ville, sont encore trop peu nombreux. Et<br />
rares sont les généralistes qui possèdent un appareil spirométrique de dépistage<br />
dans leur cabinet [5].<br />
1. Ce que l’on sait de la BPCO<br />
Une de ses caractéristiques est son évolution « à bas bruit ». En l’absence de<br />
prise en charge adaptée, elle altère progressivement l’anatomie et la fonction<br />
- 7 -
pulmonaire. À terme, elle peut conduire à une insuffisance respiratoire<br />
chronique sévère, à des complications aiguës et à des décès prématurés. La<br />
maladie pulmonaire obstructive pourrait être comparée à un iceberg ; seule la<br />
partie émergente est visible. Or cette partie visible correspond à un stade tardif<br />
de la maladie, ce qui implique que sa prise en charge est d’autant plus retardée.<br />
Ainsi, il paraît urgent de trouver une solution pour détecter la partie immergée<br />
de cet iceberg. Sachant, par ailleurs, que l’obstruction bronchique augmente le<br />
risque de mortalité liée aux maladies cardiaques, cancers pulmonaires et<br />
accidents vasculaires cérébraux ischémiques, on comprend qu’il était temps de<br />
classer les maladies d’obstruction bronchique comme étant des priorités de santé<br />
publique (loi relative à la politique de Santé Publique du 9 août 2004) [2].<br />
Diminuer à terme la <strong>fr</strong>équence de la BPCO dans la population générale et<br />
diminuer la morbi-mortalité liée aux stades sévères de la maladie sont les<br />
objectifs d’une telle politique de prévention et de diagnostic précoce [Annexe 1 :<br />
axes 3 et 4 du « plan BPCO »].<br />
1.1. Épidémiologie en France<br />
Concernant la prévalence de la BPCO, les données sont rares car les études<br />
sérieuses reposent uniquement sur des données spirométriques (obtenues par des<br />
spiromètres classiques, faiblement disponibles) et ne concernent pas des<br />
- 8 -
échantillons représentatifs de la population générale [6]. Selon une étude<br />
épidémiologique menée par les pouvoirs publics en collaboration avec les<br />
professionnels de santé et les représentants des malades, on peut estimer<br />
qu’entre 6 à 10% de la population des plus de 40 ans serait concernée, soit entre<br />
1,76 et 2,9 millions de personnes. En 2005, 1,4 millions de patients atteints de<br />
bronchite chronique et de BPCO, soit seulement la moitié des patients concernés<br />
si l’on considère que la population totale est de trois millions de personnes,<br />
étaient suivis par leur médecin généraliste (données de l’observatoire Thalès,<br />
échantillon représentatif de 1200 médecins généralistes qui fournissent en ligne<br />
les données de leurs consultations). Les patients faisaient l’objet d’un suivi<br />
conjoint pneumologue / médecin traitant, dans 45% des cas. Selon les données<br />
nationales du PMSI 2005, un peu plus de 84 000 patients étaient hospitalisés<br />
chaque année pour BPCO, engendrant 105 800 hospitalisations par an, pour une<br />
dépense estimée à 370 millions d’euros (hors passage en service d’urgences) [2].<br />
Pourquoi tant d’incertitudes sur ces taux ? D’une part, car tout le monde<br />
n’adopte pas la même définition de la BPCO (bronchite chronique et BPCO<br />
doivent être différenciés), d’autre part, car les patients, ne ressentent pas les<br />
symptômes au stade précoce, et ont donc recours au système de soins<br />
tardivement. Par ailleurs, les médecins généralistes n’utilisent pas<br />
systématiquement la spirométrie de référence pour confirmer le diagnostic. Il est<br />
- 9 -
donc difficile de détecter avec précision tous les cas existants de BPCO.<br />
Selon l’observatoire de l’ANTADIR 2005, entre 67 000 et 89 000 personnes<br />
sont prises en charge à domicile en oxygénothérapie ou ventilation non invasive.<br />
Entre 2000 et 2003, la BPCO aurait causé 3 % des décès en France. Au cours de<br />
la période 2000-2005, parmi les décès survenus chez les adultes âgés de 45 ans<br />
ou plus, résidant et décédés en France métropolitaine, 15 600 décès par an en<br />
moyenne comportaient une notion de BPCO, figurant sur les certificats de décès.<br />
Pour moitié de ces décès, la BPCO était notée en cause initiale (cause associée<br />
dans les autres cas) [7]. Le taux de mortalité d’un patient atteint de BPCO aurait<br />
été de 5 pour 1000 à cette période [2].<br />
La BPCO représentait en 2005 un poids médico-économique de l’ordre de 3,5<br />
milliards d’euros par an et correspondait à la première cause d’arrêt de travail<br />
pour maladie respiratoire.<br />
1.2. Physiopathologie<br />
Définition<br />
Selon les recommandations GOLD de 2009 [8], la BPCO est caractérisée par<br />
une limitation des débits aériens, non réversible, acquise progressivement au<br />
cours du temps et associée à une réponse inflammatoire anormale des poumons,<br />
- 10 -
en réaction à des particules inhalées nocives.<br />
Histoire de la maladie<br />
1/ Initialement, les bronches sont soumises, via l'exposition tabagique, à une<br />
réaction inflammatoire chronique correspondant, d'une part, à une infiltration<br />
tissulaire par des lymphocytes T et des polynucléaires neutrophiles, et d'autre<br />
part, à une élévation du taux de macrophages alvéolaires. Si l'exposition au<br />
tabagisme est arrêtée de façon précoce, l'essentiel de ces lésions peut régresser.<br />
2/ Si le tabagisme est poursuivi, les lésions vont se développer (hypertrophie des<br />
muscles lisses, fibrose), toucher les voies aériennes distales (ou<br />
bronchioles) ainsi que la microcirculation pulmonaire. Puis va apparaitre<br />
progressivement un trouble ventilatoire obstructif.<br />
3/ Les voies aériennes distales sont alors modifiées de façon irréversible<br />
[Annexe 2]. Le rapport ventilation-perfusion est altéré.<br />
4/ À un stade très évolué, l'hypercapnie est constante [9].<br />
L’emphysème constitue un sous-groupe de la BPCO, défini par les anomalies<br />
anatomiques suivantes : destruction des espaces aériens distaux au-delà des<br />
bronchioles terminales, sans fibrose, à l’origine d’une hyperinflation<br />
pulmonaire. On distingue deux types d’emphysème, variant selon la localisation<br />
de l’anomalie pulmonaire : l’emphysème centro-lobulaire et pan-lobulaire.<br />
- 11 -
L’identification des atteintes tissulaires par la tomographie chez des patients<br />
asymptomatiques ou peu symptomatiques pourrait constituer un examen de<br />
détection précoce en cours d’étude [3].<br />
1.3. Les facteurs de risque<br />
Tabagisme : plus de 80% des cas. L’intensité et l’ancienneté de l’exposition au<br />
tabac augmente le risque de survenue de BPCO. La morbi-mortalité de la BPCO<br />
chez les fumeurs de cigares ou de pipes est un peu moins élevée que chez les<br />
fumeurs de cigarettes, mais plus importante que chez les non-fumeurs. La<br />
prévalence de la BPCO en 2007 était de 28 % chez les femmes et de 16% chez<br />
les hommes par tranche de 10 paquets-années [10].<br />
Exposition professionnelle : 15% des cas : industrie minière, secteur du textile,<br />
secteur agricole (silos).<br />
Exposition domestique : fumées, produits domestiques.<br />
Contexte social : Les ouvriers et employés sont plus touchés que les cadres et<br />
professions libérales. La précarité et la malnutrition sont des facteurs pouvant<br />
favoriser l’apparition d’une BPCO.<br />
Facteurs endogènes : déficit en alpha-1 antitrypsine (moins de 1% des BPCO),<br />
l'hyperréactivité bronchique, la prématurité, le reflux gastro-oesophagien [9]. La<br />
- 12 -
echerche de gènes de susceptibilité est en cours.<br />
Enfin, le rôle du déséquilibre entre les protéases et les anti-protéases au sein du<br />
tissu pulmonaire, ainsi que l’action du stress oxydatif restent à être explorés [3].<br />
1.4. L’évaluation du syndrome obstructif dû à la BPCO<br />
1.4.1. Le diagnostic de la BPCO<br />
La mesure-clé de la fonction respiratoire par la spirométrie de référence est le<br />
rapport de Tiffeneau défini par le rapport VEMS/CV. Cet examen non-invasif<br />
est en général réalisé dans des structures hospitalières, au sein du service des<br />
EFR, ou dans des cabinets de pneumologie de ville. Selon les recommandations<br />
de la SPLF de 2003, la spirométrie de référence est indiquée :<br />
o<br />
en présence de symptômes respiratoires (tels que toux chronique,<br />
expectoration chronique, dyspnée d'effort)<br />
o<br />
en l'absence de symptômes chez un patient à risque de BPCO ; c'est-àdire<br />
exposé à des facteurs de risque reconnus.<br />
Un rapport VEMS/CV (ou FEV1/FVC selon l’American Thoracic Society<br />
ou ATS) post-bronchodilatation inférieur à 0,70 (ou 70%) affirme le<br />
diagnostic du TVO dans le cas de la BPCO.<br />
La European Respiratory Society (ou ERS) a proposé une autre définition,<br />
- 13 -
eposant sur la limite inférieure de la normale (88-89% de la normale théorique<br />
selon le sexe hommes-femmes, ou valeur normale prédite par les équations de<br />
régression -1,64 déviation standard résiduelle). Cette définition est plus<br />
rigoureuse car elle prend en compte les variations physiologiques du rapport<br />
VEMS/CV, mais est plus complexe que celle proposée par l’ATS [6]. Dans ce<br />
travail de thèse, nous ferons référence au rapport défini par l’ATS.<br />
La diminution des débits aériens mise en évidence par la spirométrie est non<br />
complètement réversible après bronchodilatation dans le cas de la BPCO, à la<br />
différence de l’asthme. Autrement dit, une amélioration des débits est possible<br />
sous traitement (bronchodilatateurs et/ou anti-inflammatoires stéroïdiens), mais<br />
sans normalisation.<br />
1.4.2. La technique de la spirométrie standard<br />
Pour plus de simplicité, la capacité vitale prise en compte dans les<br />
recommandations est la capacité vitale forcée (ou CFV). L’analyse de<br />
l’expiration forcée permet d’obtenir des boucles débit-volume. La chute du<br />
rapport VEMS/CVF est un indice précoce et sensible de BPCO. Toutefois, lors<br />
des manœuvres forcées, il existe un risque de surestimation du rapport (et donc<br />
de sous-estimation de l’obstruction bronchique). En effet, l’expiration forcée<br />
peut diminuer la CV, via le collapsus expiratoire qu’elle provoque, collapsus qui<br />
est par contre limité lors des manœuvres lentes. La mesure de cette CV lente<br />
- 14 -
elève du pneumologue. Lorsque les deux CV sont disponibles, il est plus<br />
logique de tenir compte de la valeur la plus élevée des deux pour le calcul du<br />
rapport VEMS/CV. À défaut, c’est la CVF qui sera utilisée [Annexe 2].<br />
La spirométrie forcée est un exercice dynamique exigeant un effort important et<br />
une coopération indispensable de la part du sujet. Au cours de cette manœuvre,<br />
le sujet doit inspirer au maximum puis souffler le plus fort, le plus vite et le plus<br />
longtemps possible en gardant le thorax bien droit. Il faut respecter un intervalle<br />
de repos de une à deux minutes entre chaque essai. On peut aller jusqu’à huit<br />
essais pour obtenir trois essais acceptables. La spirométrie classique n’est pas<br />
sans risque chez certains patients. En effet, elle peut déclencher un<br />
bronchospasme chez un patient asthmatique ; une aggravation de l’hypoxémie<br />
d’un patient emphysémateux. En cas d’infarctus du myocarde ou de<br />
pneumothorax de moins de deux mois, l’EFR ne doit pas être réalisée.<br />
Différents débitmètres peuvent être utilisés en EFR, dont certains nécessitent<br />
d’être calibrés chaque jour [11].<br />
1.4.3. Classification de la BPCO<br />
La sévérité de la maladie est basée sur le degré d’obstruction bronchique, lequel<br />
repose sur le VEMS seul. Plus la diminution du pourcentage de VEMS par<br />
rapport à la valeur prédite est importante, plus le TVO est sévère. La BPCO a<br />
été classée en quatre stades de sévérité, selon le niveau de VEMS mesuré. Cette<br />
- 15 -
classification a été remaniée en 2009, dans le dernier rapport GOLD. Le stade 0<br />
ou dit “à risque” n’existe plus. Le stade I correspond à une BPCO peu sévère ; le<br />
stade II à une BPCO moyennement sévère, le stade III à une BPCO sévère, et le<br />
stade IV à une BPCO très sévère [Annexe 4].<br />
Les personnes en France atteintes de BPCO, en 2005, étaient réparties entre les<br />
différents stades de la façon suivante [2]:<br />
o<br />
50 à 55% avaient un VEMS normal, ou stade I, avec une grande<br />
imprécision toutefois, en raison de la <strong>fr</strong>équence des non-diagnostics ;<br />
o<br />
35 à 40% des cas avaient un VEMS compris entre 50 et 80% de la<br />
normale, ou stade II ;<br />
o<br />
10 à 15% des cas, soit entre 175 000 et 400 000 personnes ( d’après les<br />
chif<strong>fr</strong>es des patients déclarés en ALD) avaient un VEMS inférieur à 50 % de la<br />
théorique, ou stade III-IV<br />
1.5. La symptomatologie<br />
Jusqu’il y a quelques années, il était d’usage de définir la bronchite chronique<br />
comme point de départ de la BPCO. La symptomatologie correspondait alors à<br />
une toux chronique productive au moins trois mois par an pendant au moins<br />
deux années consécutives, sans autre cause de toux chronique retrouvée. En<br />
- 16 -
2002, une étude insistait à la fois sur le sous-diagnostic de la bronchite<br />
chronique en France, sur le manque d’attention porté aux symptômes<br />
respiratoires et sur le rôle joué par le tabagisme. La prévalence de la bronchite<br />
chronique était estimée alors à 4,1 %, chif<strong>fr</strong>e qui passait à 10,4% en présence de<br />
comorbités [12]. Mais il fallait aller plus loin. Certains auteurs ont établi qu’une<br />
BPCO modérée pouvait survenir sans aucune expression clinique [13]. Il est<br />
ainsi estimé que deux tiers des malades atteints par la BPCO ne le savent pas<br />
[6]. De plus, il existe une faible corrélation entre l’importance des signes<br />
cliniques et la sévérité de l’obstruction des voies aériennes [14]. Les symptômes<br />
respiratoires sont le plus souvent sous-estimés par les patients fumeurs ou exfumeurs.<br />
L’examen clinique ne devient informatif pour le diagnostic de BPCO<br />
qu’aux stades tardifs de la maladie (distension thoracique, cyanose,<br />
hippocratisme digital, œdèmes des chevilles). L’auscultation pulmonaire<br />
pouvant révéler des râles bronchiques, des râles crépitants ou une diminution du<br />
murmure vésiculaire est relativement peu spécifique de la BPCO. Par ailleurs,<br />
une auscultation normale n’exclut pas le diagnostic de la maladie. La mesure de<br />
l’IMC est intéressante car la maigreur constitue un facteur indépendant de<br />
mortalité.<br />
Tous les fumeurs et ex-fumeurs doivent de fait être considérés comme patients à<br />
risque de BPCO, qu’ils aient ou non des signes respiratoires et quel que soir leur<br />
- 17 -
examen clinique.<br />
Une étude <strong>fr</strong>ançaise publiée en 2003, a révélé que la moitié des patients<br />
interrogés, âgés de plus de 45 ans et ayant fumé plus de 10 paquets-années, se<br />
savait atteinte de « bronchite chronique », 17% d’emphysème et 16 % de BPCO.<br />
La sévérité de la maladie respiratoire était souvent sous-estimée par les patients<br />
alors-même qu’ils se plaignaient d’un retentissement sur leur qualité de vie [15].<br />
Une étude belge, publiée en 2007, avait pour but d’évaluer, d’une part, la<br />
prévalence de BPCO non diagnostiquée dans une population à risque, et d’autre<br />
part, la présence de symptômes respiratoires prédictifs du diagnostic de BPCO.<br />
Une BPCO a été objectivée chez quasiment la moitié de la population des<br />
fumeurs, âgés entre 40 et 70 ans avec un tabagisme supérieur ou égal à quinze<br />
paquets-années, consultant un médecin généraliste. Deux tiers d’entre eux ont<br />
été détectés précocement. Sur 146 patients, 17,1% avaient déjà un diagnostic de<br />
BPCO ; 46,6% ont été diagnostiqués grâce à des EFR. Le sous-diagnostic de<br />
BPCO était plus <strong>fr</strong>équent dans les catégories d’âge comprises entre 40 et 59 ans.<br />
Par ailleurs, l’étude a révélé que, parmi les symptômes respiratoires signalés par<br />
les patients, le wheezing (son aigu à type de sifflement audible à l’inspiration et<br />
l’expiration sans stéthoscope) était le seul signe significativement plus <strong>fr</strong>équent<br />
chez les patients BPCO que chez les non-BPCO [16].<br />
Le dépistage de la maladie à un stade précoce, pré-clinique, s’avère donc<br />
- 18 -
indispensable, et ceci a été souligné par les principales conférences de<br />
consensus. La recherche des symptômes respiratoires chez les patients à risque<br />
n’étant pas suffisante, il faudrait pratiquer de façon plus large les EFR. Le plus<br />
souvent, les médecins généralistes pensent au diagnostic de BPCO chez les<br />
patients à risque, mais ne pensent pas toujours à avoir recours à des EFR ou au<br />
spécialiste pour confirmer le diagnostic. Selon une étude <strong>fr</strong>ançaise publiée en<br />
2005, il faudrait idéalement demander une EFR chez tout fumeur ou ex-fumeur<br />
de plus de 40 ans, quel que soit son sexe [17].<br />
Il est connu que la détection précoce d’une maladie n’a d’intérêt que s’il existe<br />
un traitement efficace. Or, une seule mesure thérapeutique est reconnue comme<br />
efficace car ayant un impact sur l’évolution de la maladie : le sevrage tabagique<br />
total et définitif.<br />
2. Les nouvelles données<br />
2.1. La prévalence du tabagisme<br />
En France métropolitaine en 2005, l’usage du tabagisme quotidien était<br />
globalement en baisse depuis quelques années mais il présentait une relative<br />
stabilité parmi les femmes depuis les années 1980. La diminution entre 2000 et<br />
2005 s’avérait la plus forte chez les jeunes adultes. Chez les femmes de 25-34<br />
- 19 -
ans, cette baisse de prévalence apparaissait surtout chez les femmes enceintes.<br />
Par contre, aucune diminution n’était observée chez les 45-54 ans. La quantité<br />
de tabac consommée quotidiennement était supérieure en 2005 par rapport à<br />
2000 (14,8 cigarettes par jour contre 13,9). La proportion des grands<br />
consommateurs de tabac parmi les fumeurs réguliers était à la hausse en 2005<br />
pour les deux sexes, surtout au-delà de 50 ans [1].<br />
2.2. Bronchite chronique et BPCO<br />
La bronchite chronique simple (ancien stade 0) n’est plus incluse dans la<br />
nouvelle classification de la BPCO. Le lien entre la bronchite chronique et la<br />
survenue d’une obstruction bronchique est en effet débattu. L’anamnèse de la<br />
BPCO n’est pas aussi univoque qu’on veut bien le croire car elle recèle encore<br />
bien des inconnues [9]. Le dépistage de la BPCO basé sur les seuls symptômes<br />
tels que la toux, les expectorations, ou la dyspnée, n’est pas significatif.<br />
L’absence de bronchite chronique clinique ne signifie pas absence de risque de<br />
BPCO. En 2002, une étude danoise concluait que les symptômes de toux et<br />
expectorations, définissant le stade 0 GOLD de la BPCO (admis jusqu’en 2003)<br />
n’était d’aucune aide pour identifier des patients à risque de développer une<br />
BCPO, qu’ils soient fumeurs ou non. Il fallait alors s’orienter vers de nouvelles<br />
mesures cliniques permettant de détecter ces patients à risque [18].<br />
- 20 -
Néanmoins, l’importance du message de santé publique selon lequel toux et<br />
expectorations chroniques ne sont pas des symptômes normaux demeure<br />
inchangée et la présence de ces signes doit déclencher la recherche d’une cause<br />
sous-jacente.<br />
2.3. Le cannabis<br />
De nos jours, il faut penser à tenir compte de la consommation de cannabis qui<br />
est en augmentation chez les jeunes [2]. La relation dose-effet a été démontrée<br />
entre la quantité de cannabis inhalée et l’apparition de l’obstruction bronchique.<br />
Un joint de cannabis équivaut, en termes d’impact sur la fonction respiratoire, à<br />
la quantité de tabac contenue dans deux cigarettes et demie à cinq cigarettes<br />
[19].<br />
2.4. Le rapport VEMS/VEM6<br />
Il est désormais possible de mesurer le VEM6, correspondant à la durée de<br />
l’expiration standardisée à six secondes, à la place de la CV. Le rapport<br />
VEMS/VEM6 constitue un paramètre unique, fiable et reproductible. Il a été<br />
validé pour la réalisation d’études de dépistage et de détection précoce de la<br />
BPCO avec une sensibilité de 94 à 95% et une spécificité de 93,1 à 97,4% ; une<br />
valeur prédictive positive et une valeur prédictive négative, respectivement de<br />
- 21 -
89,8 à 98,6% et de 91,1 à 96% (chif<strong>fr</strong>es variables selon les études citées)<br />
[20,21]. La mesure du VEM6 est moins contraignante et moins dangereuse que<br />
celle de la CVF. En effet, cette dernière dure au moins 20 à 30 secondes avant<br />
qu’un plateau volume-temps soit atteint et peut conduire à des syncopes chez<br />
certains patients. La mesure VEM6 est par conséquent plus aisée et plus rapide à<br />
réaliser pour le plus grand nombre de sujets [5].<br />
À l’image de ce fait nouveau, des spiromètres portables, mesurant le rapport<br />
VEMS/VEM6, dont certains peuvent être connectés sur un ordinateur, sont<br />
désormais à la disposition des médecins généralistes.<br />
À noter que l’utilisation du peak-flow ou débitmètre expiratoire de pointe (<strong>DE</strong>P)<br />
n’est pas recommandé pour le dépistage de la BPCO. En effet, les désavantages<br />
du <strong>DE</strong>P sont nombreux : manque de sensibilité en cas d’obstruction des petites<br />
voies aériennes, résultat très dépendant de l’effort fourni par le patient, grande<br />
variabilité inter et intra-individuelles, moins bonne précision que les spiromètres<br />
[22].<br />
3. La spirométrie chez le médecin généraliste<br />
La population est dans l’ensemble beaucoup plus sensibilisée et éduquée par<br />
rapport aux chif<strong>fr</strong>es tensionnels et aux anomalies glucido-lipidiques qu’aux<br />
- 22 -
valeurs spirométriques. Seulement 8% de la population <strong>fr</strong>ançaise des plus de 40<br />
ans connaissaient le terme de BPCO en 2005 [2].<br />
Le rôle du médecin généraliste est primordial, notamment dans :<br />
o l’évaluation du souffle pour les sujets à risque ;<br />
o<br />
l’aide au sevrage tabagique.<br />
Jusqu’à récemment, des questionnaires standardisés et validés étaient les seuls<br />
outils d’aide chez le médecin généraliste pour identifier les sujets à risque<br />
[Annexe 5]. L’établissement de scores permettait d’estimer le risque de BPCO<br />
et ainsi d’indiquer une exploration fonctionnelle. Toutefois, cette évaluation<br />
avait des limites car elle reposait uniquement sur des symptômes cliniques et<br />
pouvait être source de nombreux faux négatifs.<br />
L’interrogatoire et l’examen clinique ne sont pas suffisamment sensibles ni<br />
spécifiques pour le dépistage de la BPCO en médecine générale. La détection<br />
précoce de BPCO chez des patients asymptomatiques ayant montré un net<br />
bénéfice à long terme, l’utilisation de la spirométrie en soins primaires dans le<br />
cadre du dépistage devenait intéressante. Plusieurs critères ont été établis pour<br />
l’utilisation d’outils de détection précoce de maladies. La spirométrie pour la<br />
détection de la BPCO chez des adultes fumeurs remplit ces conditions :<br />
o<br />
la maladie, en l’absence de détection précoce, entraîne une morbidité et<br />
- 23 -
une mortalité importantes, représentant un problème de santé publique majeur ;<br />
o<br />
il existe un traitement, qui est plus efficace s’il est mis en route de façon<br />
précoce avant le développement des symptômes plutôt qu’après ;<br />
o il existe une méthode acceptable et efficace de détection et de suivi qui :<br />
• réduit au minimum les taux de faux-positifs et de faux-négatifs ;<br />
• est relativement simple d’utilisation et abordable ;<br />
• est non-invasif et éthiquement défendable ;<br />
• et qui prend compte un plan d’action pour minimiser les possibles effets<br />
secondaires [22].<br />
Or, les mesures spirométriques de référence, basées sur des critères bien précis,<br />
étaient jusque là assez strictes et difficilement réalisables en médecine générale.<br />
Des études menées chez des généralistes pratiquant la spirométrie de diagnostic<br />
ont montré une faible acceptabilité des manœuvres, induisant des résultats<br />
incorrects, par manque d’entrainement et par défaut de rappels réguliers de<br />
notions de base. Ainsi, l’assouplissement des critères ATS et un effort<br />
concernant la facilité de réalisation des mesures étaient nécessaires pour obtenir<br />
une meilleure acceptabilité et donc une meilleure interprétation des résultats.<br />
Des spiromètres d’appoint et miniatures, plus simples d’utilisation, ont été<br />
produits dans ce sens [23]. Il existe trois types d’appareils de manœuvre<br />
- 24 -
d’expiration [11,24] :<br />
o<br />
des appareils de poche ou portatifs (poids compris entre 35 gr et 390 gr),<br />
autonomes, certains pouvant se raccorder à un ordinateur ;<br />
o<br />
des appareils de bureau (poids compris entre 750 gr et 4,5 kg),<br />
autonomes, ayant pour certains une imprimante intégrée ou pouvant être<br />
connectés à un ordinateur ;<br />
o des appareils non autonomes [Annexe 5].<br />
Pour chaque type d’appareil, ont été établis quatre niveaux, selon le nombre et le<br />
type de paramètres ventilatoires mesurés :<br />
o niveau 1 : 1 paramètre ventilatoire : le VEMS par exemple ;<br />
o<br />
niveau 2 : 2 paramètres ventilatoires : VEMS et VEM6 par exemple,<br />
c’est le cas du Piko-6® ;<br />
o niveau 3 : au minimum trois paramètres mesurés ;<br />
o<br />
niveau 4 : appareil permettant de réaliser une spirométrie forcée et lente,<br />
au minimum une courbe débit-volume complète et une mesure de la CV lente.<br />
Voici quelques modèles de spiromètres de diagnostic validés, utilisables en<br />
cabinet : Piko6®, Spirobank®, Simplicity®, One-Flow®, Datospir 70®,<br />
Datospir 120®, SpiroPro®, EasyOne®, MicroLoop®, Spirostar®,<br />
Pneumotrac®…[Annexe 5].<br />
- 25 -
Dans ce contexte d’effort national de prévention de la BPCO, il semblait<br />
intéressant d’essayer d’identifier les patients à risque de BPCO et de tester leur<br />
souffle au cours d’une consultation chez le médecin généraliste, quelle que soit<br />
leur symptomatologie. La médecine de soins primaires paraissait la mieux<br />
placée pour caractériser la population cible de ce dépistage et les six mois de<br />
stage chez le praticien of<strong>fr</strong>aient idéalement les moyens de réaliser cette étude.<br />
Ce travail devait permettre, de repérer les sujets ayant un rapport<br />
VEMS/VEM6 anormal. Surtout, l’objectif principal de cette étude était de<br />
favoriser, grâce à la spirométrie miniature, une meilleure prise en charge<br />
des fumeurs.<br />
Pour ce travail, a été choisi l’appareil portatif Piko6®, de niveau 2, pesant 35<br />
grammes, car pratique, peu coûteux, et d’utilisation facile. L’appareil seul coûte<br />
55 euros. Associé à ses accessoires (adaptateur + 10 embouts buccaux à usage<br />
unique), le prix passe à 65 euros. Les embouts buccaux coûtent entre 0,46 à 0,75<br />
centimes d’euros l’unité, selon la quantité commandée, et selon qu’ils sont avec<br />
ou sans filtre [Annexe 6]<br />
- 26 -
MATÉRIEL ET MÉTHO<strong>DE</strong>S<br />
1. Description de l’étude<br />
Cette enquête d’observation, descriptive, prospective a été réalisée sur une<br />
période de six mois, entre le 2 mai 2007 et le 31 octobre 2007, au cours du stage<br />
de niveau 1 chez le praticien, dans trois cabinets de médecins généralistes. Les<br />
trois maîtres de stage étaient installés dans le département des Hauts-de-Seine à<br />
Bagneux, Clamart et Bourg-la-Reine. Les deux premiers médecins étaient<br />
inscrits en secteur 1 et le troisième en secteur 2. Deux d’entre eux exerçaient la<br />
médecine du sport.<br />
Tous les fumeurs âgés de 18 ans et plus venant consulter leur médecin ont été<br />
sollicités pour participer à l’étude, quelque soit leur motif de consultation ou<br />
leurs symptômes. Seule une information orale a été délivrée aux patients sur le<br />
but et les moyens de cette enquête. Il leur était expliqué brièvement que ce test<br />
permettait de mesurer leur souffle et de détecter une éventuelle « bronchite du<br />
fumeur » ou plus exactement la BPCO. À noter que ce terme était quasiinconnu<br />
de la plupart des patients.<br />
Dans les cas où le motif de consultation était délicat, il n’a pas été jugé opportun<br />
d’interroger ni de tester le patient. Lorsque la salle d’attente était pleine (plages<br />
- 27 -
horaires de consultations sans rendez-vous ou urgences rajoutées entre deux<br />
patients), les inclusions étaient stoppées par manque de temps.<br />
Il n’a été fait qu’une seule enquête par fumeur même si les personnes<br />
consultaient plusieurs fois durant les six mois d’enquête. Le spiromètre<br />
miniature pourrait probablement permettre de suivre l’évolution de la mesure du<br />
souffle des fumeurs au cours du temps, mais ce n’était pas ici le but de cette<br />
étude.<br />
2. Ce que l’étude a cherché à évaluer et quels ont été les critères de<br />
jugement<br />
Le travail présenté dans cette thèse a cherché à évaluer l’intérêt, dans le cabinet<br />
du médecin généraliste, de dépister la BPCO chez les fumeurs âgés d’au moins<br />
18 ans, à l’aide du Piko6®.<br />
Le critère de jugement était un rapport VEMS/VEM6 anormal (< 0,8).<br />
L’enquête individuelle comprenait trois parties :<br />
2.1. La première partie permettait de caractériser la population<br />
concernée par ce dépistage.<br />
Un questionnaire était posé à tous les patients fumeurs actifs, âgés d’au moins<br />
18 ans et comportait les questions suivantes :<br />
- 28 -
o Quel âge avez-vous ?<br />
o Quelle est votre profession ?<br />
o<br />
o<br />
Combien de cigarettes fumez-vous par jour et depuis combien d’anneés?<br />
Avez-vous déjà eu des examens complémentaires (radiographie<br />
thoracique, EFR ) ou consulté un pneumologue ?<br />
Le tabagisme était ici le seul facteur de risque pris en compte. La quantité de<br />
tabagisme tenait compte du nombre de cigarettes, cigares, cigarillos et pipes<br />
fumés quotidiennement avec les équivalences suivantes : 1 pipe = 5 cigarettes et<br />
1 cigare ou cigarillo = 2 cigarettes [1].<br />
2.2. La deuxième partie visait à mesurer le rapport VEMS/VEM6<br />
et à détecter ceux ayant un résultat anormal.<br />
Le Piko6® mesure le volume expiré à la première seconde (VEMS en ml), le<br />
volume expiré à la sixième seconde (VEM6 en ml), et calcule le rapport<br />
VEMS/VEM6 (en pourcentage). Un seul bouton permet de déclencher les<br />
mesures, d’accéder aux résultats précédents, ou d’arrêter l’appareil en cas de<br />
mauvaise manipulation. Des embouts jetables à filtre étaient utilisés pour chaque<br />
sujet. Une explication quant à la réalisation de la mesure était donnée, avec, au<br />
besoin, la technique mimée devant le patient. Les différentes mesures<br />
- 29 -
apparaissaient successivement à l’écran après chaque utilisation, dans une zone<br />
de couleur correspondante : vert, ou jaune, ou rouge. Un rapport supérieur à 0,8<br />
était considéré comme normal (zone verte), comme incertain et à contrôler entre<br />
0,7 et 0,8 (zone jaune), et comme pathologique s’il était inférieur à 0,7 (zone<br />
rouge). Trois mesures successives étaient réalisées en fin de consultation pour<br />
chaque patient et le rapport VEMS/VEM6 le plus élevé était saisi et analysé. En<br />
cas de mauvaise expiration (incomplète, gênée par la toux, ou insuffisamment<br />
forcée), l’appareil le détectait automatiquement et émettait un signal continu tout<br />
en affichant un point d’exclamation à l’écran. Au cours de ces six mois de tests,<br />
il fallait veiller à paramétrer son spiromètre régulièrement, et à nettoyer<br />
l’embout plastique à l’eau savonneuse, pour des raisons évidentes d’hygiène.<br />
2.3. La troisième partie permettait de mettre en évidence la<br />
modification de prise en charge, induite par cette mesure de<br />
souffle.<br />
Cela consistait en un questionnaire des médecins - maîtres de stage, chez qui le<br />
stage était réalisé. Les questions suivantes étaient posées :<br />
o<br />
Quelle a été la prise en charge du patient suite aux résultats de la mesure<br />
du souffle (prescription d’une radiographie thoracique, d’EFR, patient adressé<br />
- 30 -
à un pneumologue, modification du traitement ou mise en route d’un traitement<br />
spécifique, prescription de dispositifs ou de médicaments d’aide au sevrage<br />
tabagique) ?<br />
o<br />
La réalisation de cette détection précoce apporte-t-elle une amélioration<br />
quant à la prise en charge de vos patients ?<br />
Une fois le test technique effectué, les patients étaient systématiquement<br />
informés sur le sevrage tabagique et son intérêt, quelle qu’était la prise en<br />
charge.<br />
2. Recueil des données<br />
Les données ont été recueillies à l’écrit sur un carnet puis reportées<br />
secondairement dans un ordinateur portable à l’aide du logiciel ACCESS. Les<br />
résultats ont été exploités grâce au logiciel EXCEL 2003. Les données ont été<br />
croisées et analysées grâce au logiciel Sphinx Plus 2 .<br />
- 31 -
RÉSULTATS<br />
1. Généralités sur la population étudiée<br />
Au total, 109 patients fumeurs âgés de 18 ans et plus ont été inclus dans l’étude.<br />
Figure 1 : Sexe des patients<br />
Sur ces 109 personnes, 62 % (68 personnes) étaient de sexe masculin, et 38 %<br />
(41 personnes) de sexe féminin.<br />
- 32 -
Figure 2 : Âge des patients<br />
Parmi ces patients, presque 1 patient sur 2 (52 patients soit 48 % de la<br />
population testée) avait plus de 35 ans. 26 patients avaient plus de 50 ans, autant<br />
de patients avaient un âge compris entre 35 et 50 ans, et 1 patient sur 2 (soit 57<br />
personnes) avaient un âge compris entre 18 et 35 ans. L’âge moyen était de 39<br />
ans.<br />
- 33 -
Figure 3 : Catégories socioprofessionnelles<br />
45% des patients inclus, soit 49 personnes, étaient employés de profession.<br />
Les participants ont tous été interrogés sur leur consommation tabagique<br />
(quantité et durée). Les éventuelles périodes d’arrêt temporaire du tabagisme ont<br />
- 34 -
été prises en compte. 45 % d’entre eux fumaient maximum 10 cigarettes par jour<br />
alors que les 55 % restant en fumaient plus de 10 par jour (Fig. 4). La<br />
consommation moyenne était de 11 à 15 cigarettes par jour.<br />
Figure 4 : Quantité de tabac consommée par jour<br />
- 35 -
Figure 5 : Durée du tabagisme<br />
La durée moyenne de consommation était supérieure à 10 ans ( de 11 à 30 ans).<br />
Sur les 109 personnes interrogées, 75 personnes (soit 69 %) fumaient depuis<br />
plus de 10 ans alors que 34 personnes (soit 31 %) fumaient depuis moins de 10<br />
ans (Fig. 5).<br />
2. Nombre de fumeurs déjà explorés sur le plan respiratoire<br />
Avant de réaliser la mesure du souffle avec le Piko6®, il était demandé à chaque<br />
patient si une imagerie thoracique avait déjà été prescrite, ou s’il avait déjà subi<br />
des EFR ou consulté un pneumologue.<br />
- 36 -
Tableau I : Répartition des patients de l’étude en fonction de traces<br />
d’explorations respiratoires antérieures dans le dossier<br />
Traces explorations<br />
antérieures<br />
Nombre<br />
La différence avec la répartition de référence est très significative.<br />
chi2 = 101,08, ddl=3, 1-p = > 99,99 %.<br />
Le chi2 est calculé avec des effectifs théoriques égaux pour chaque modalité.<br />
Intervalles de<br />
confiance<br />
Oui 24 14,2% < 22 < 29,8%<br />
Non 84 69,2% < 77,1 < 85%<br />
Ne sait pas 1 0,0% < 0,9 < 2,7%<br />
Total 109<br />
3. Prévalence de l’obstruction bronchique possible<br />
Sur 109 patients inclus, 104 sont parvenus à expirer correctement. En effet, cinq<br />
patients n’étaient pas en mesure, soit de comprendre la consigne, soit d’expirer<br />
au moins six secondes, ou enfin de souffler dans de bonnes conditions (asthénie,<br />
dyspnée, ou toux trop intense). Parmi ces 104 patients, 85 (soit 82 % des<br />
patients ayant pu correctement expirer) ont obtenu un rapport VEMS/VEM6<br />
supérieur à 0,8 et considéré comme normal. 19 patients (soit 18% des patients<br />
ayant correctement expiré) ont révélé une obstruction bronchique possible.<br />
Parmi ces 19 patients, le rapport VEMS/VEM6 était considéré comme incertain<br />
et à recontrôler (soit entre 0,7 et 0,8) chez 14 patients et comme pathologique<br />
- 37 -
d’emblée (soit inférieur à 0,7) chez 5 patients (Fig. 6).<br />
Figure 6 : VEMS/VEM6<br />
Les sujets ayant un rapport inférieur à 0,7 étaient systématiquement adressés à<br />
un pneumologue pour une EFR complémentaire. Une radiographie thoracique<br />
leur était également prescrite. Quant aux sujets présentant un souffle anormal<br />
avec un rapport compris entre 0,7 et 0,8, un bilan spécialisé leur était fortement<br />
recommandé, d’autant plus si ces patients se plaignaient de toux et/ou<br />
d’expectoration chronique et/ou de dyspnée d’effort.<br />
- 38 -
Tableau II : Rapports VEMS/VEMS6 des hommes<br />
VEMS/VEM6 Nombre Intervalles de confiance<br />
Incapables d’utiliser le Piko6® 4 0,3 % < 5,9 < 11,5 %<br />
< 0,7 4 0,3 % < 5,9 < 11,5 %<br />
de 0,7 à 0,8 11 7,4 % < 16,2 < 24,9 %<br />
> 0,8 49 61,4 % < 72,1 < 82,7 %<br />
Total 68<br />
La différence avec la répartition de référence est très significative.<br />
chi2 = 82,24, ddl=3, 1-p = > 99,99 %.<br />
Le chi2 est calculé avec des effectifs théoriques égaux pour chaque modalité.<br />
Tableau III : Rapports VEMS/VEMS6 des femmes<br />
VEMS/VEM6 Nombre Intervalles de<br />
confiance<br />
Incapables d’utiliser le Piko6® 1 0,0 % < 2,4 < 7,2 %<br />
< 0,7 1 0,0 % < 2,4 < 7,2 %<br />
de 0,7 à 0,8 3 0,0 % < 7,3 < 15,3 %<br />
> 0,8 36 77,8 % < 87,8 < 97,8 %<br />
Total 41<br />
La différence avec la répartition de référence est très significative.<br />
chi2 = 86,51, ddl=3, 1-p = > 99,99 %.<br />
Le chi2 est calculé avec des effectifs théoriques égaux pour chaque modalité.<br />
- 39 -
Tableau IV : Rapports VEMS/VEMS6 chez les moins de 35 ans<br />
VEMS/VEM6 Nombre Intervalles de confiance<br />
Incapables d’utiliser le Piko6® 0<br />
< 0,7 1 0,0 % < 1,8 < 5,2 %<br />
de 0,7 à 0,8 3 0,0 % < 5,3 < 11,1 %<br />
> 0,8 53 86,4 % < 93 < 99,6 %<br />
Total 57<br />
La différence avec la répartition de référence est très significative.<br />
chi2 = 140,82, ddl=3, 1-p = > 99,99 %.<br />
Le chi2 est calculé avec des effectifs théoriques égaux pour chaque modalité.<br />
Tableau V : Rapports VEMS/VEMS6 chez les patients âgés<br />
entre 35 et 50 ans<br />
VEMS/VEM6 Nombre Intervalles de confiance<br />
Incapables d’utiliser le Piko6® 1 0,0 % < 3,8 < 11,2 %<br />
< 0,7 0<br />
de 0,7 à 0,8 6 6,9 % < 23,1 < 39,3 %<br />
> 0,8 19 56,0 % < 73,1 < 90,1 %<br />
Total 26<br />
La différence avec la répartition de référence est très significative.<br />
chi2 = 35,23, ddl=3, 1-p = > 99,99 %.<br />
Le chi2 est calculé avec des effectifs théoriques égaux pour chaque modalité.<br />
- 40 -
Tableau VI : Rapports VEMS/VEMS6 chez les plus de 50 ans<br />
VEMS/VEM6 Nombre Intervalles de confiance<br />
Incapables d’utiliser le Piko6® 4 1,5 % < 15,4 < 29,2 %<br />
< 0,7 4 1,5 % < 15,4 < 29,2 %<br />
de 0,7 à 0,8 5 4,1 % < 19,2 < 34,4 %<br />
> 0,8 13 30,8 % < 50,0 < 69,2 %<br />
Total 26<br />
La différence avec la répartition de référence est très significative.<br />
chi2 = 8,77, ddl=3, 1-p = 96,75 %.<br />
Le chi2 est calculé avec des effectifs théoriques égaux pour chaque modalité.<br />
4. Caractéristiques des patients ayant un rapport VEMS/VEM6 anormal<br />
(VEMS/VEM6 < 0,8 )<br />
Tableau VII : Rapports VEMS/VEM6 < 0,8 selon le sexe<br />
VEMS/VEM6 < 0,8 Nombre Intervalles de confiance<br />
Homme 15 60,6 % < 78,9 < 97,3 %<br />
Femme 4 2,7 % < 21,1 < 39,4 %<br />
Total 19<br />
La différence avec la répartition de référence est très significative.<br />
chi2 = 6.37, ddl=1, 1-p = 98,84 %.<br />
Le chi2 est calculé avec des effectifs théoriques égaux pour chaque modalité.<br />
- 41 -
Tableau VIII : Rapports VEMS/VEM6 < 0,8 selon l’âge<br />
VEMS/VEM6 < 0,8 Nombre Intervalles de confiance<br />
> 50 ans 9 24,9 % < 47,4 < 69,8 %<br />
35 à 50 ans 6 10,7 % < 31,6 < 52,5 %<br />
< 35 ans 4 2,7 % < 21,1 < 39,4 %<br />
Total 19<br />
La différence avec la répartition de référence n’est pas significative.<br />
chi2 = 2, ddl=2, 1-p = 63,21 %.<br />
Le chi2 est calculé avec des effectifs théoriques égaux pour chaque modalité.<br />
Tableau IX: Rapports VEMS/VEM6 < 0,8 selon la quantité de tabac<br />
consommée et la durée du tabagisme<br />
Durée < 10 ans ≥ 10 ans Total<br />
Quantité de tabac<br />
≤ 10 cigarettes / j 0 4 4<br />
> 10 cigarettes / j 0 15 15<br />
Total 0 19 19<br />
Deux modalités n’ont aucun effectif ce qui ne permet pas une analyse statistique du tableau.<br />
- 42 -
5. Modification de la prise en charge<br />
Cette partie concerne la prise en charge réalisée par les médecins généralistes<br />
en fin de consultation, après réalisation du test du souffle. À la question Quelle<br />
a été la prise en charge du patient suite aux résultats de la mesure du souffle ?,<br />
les résultats ont été les suivants :<br />
Tableau X : Répartition des patients de l’étude en fonction de la prise en<br />
charge après l’utilisation du Piko6®<br />
Prise en charge<br />
Nombre<br />
Aucune 70 55.2%
des BPCO déjà connues. L’élément « sevrage tabagique » correspond à une prise<br />
en charge spécifique ayant conduit à la prescription de traitements substitutifs<br />
nicotiniques ou à des traitements médicamenteux d’aide au sevrage. Mais il était<br />
rappelé à tous les patients, et ce quel qu’était le résultat du test respiratoire,<br />
l’intérêt du sevrage tabagique.<br />
Tableau <strong>XI</strong> : Répartition des patients ayant un rapport VEMS/VEM6<br />
anormal, en fonction de leur prise en charge<br />
Prise en charge Nombre Intervalles de<br />
confiance<br />
Aucune 6 10.7%
Tableau <strong>XI</strong>I : Modification de la prise en charge chez les moins de 35 ans<br />
Modification Nombre Intervalles de confiance<br />
Oui 16 16,4 % < 28,1 < 39,7 %<br />
Non 39 56,4 % < 68,4 < 80,5 %<br />
Ne sait pas 2 0,0 % < 3,5 < 8,3 %<br />
Total 57<br />
La différence avec la répartition de référence est très significative.<br />
chi2 = 36.74, ddl=3, 1-p = 99.99%.<br />
Le chi2 est calculé avec des effectifs théoriques égaux pour chaque modalité.<br />
Tableau <strong>XI</strong>II : Modification de la prise en charge chez les patients âgés<br />
d’au moins 35 ans<br />
Modification Nombre Intervalles de confiance<br />
Oui 24 32,6 % < 46,2 < 59,7 %<br />
Non 24 32,6 % < 46,2 < 59,7 %<br />
Ne sait pas 4 0,4 % < 7,7 < 14,9 %<br />
Total 52<br />
La différence avec la répartition de référence est très significative.<br />
chi2 = 15.38, ddl=3, 1-p = 99.85%.<br />
Le chi2 est calculé avec des effectifs théoriques égaux pour chaque modalité.<br />
Dans cette catégorie d’âges, il y a eu une augmentation de 18 % des modifications<br />
de prise en charge par rapport aux moins de 35 ans.<br />
- 45 -
Tableau <strong>XI</strong>V : Modification de la prise en charge chez les patients ayant<br />
obtenu un rapport VEMS/VEM6 < 0,8<br />
Modification Nombre Intervalles de confiance<br />
Oui 18 84,7 % < 94,7 < 104,8 %<br />
Non 0 0<br />
Ne sait pas 1 0,0 % < 5,3 < 15,3 %<br />
Total 19<br />
La différence avec la répartition de référence est très significative.<br />
chi2 = 32.32, ddl=3, 1-p = 99.99%.<br />
Le chi2 est calculé avec des effectifs théoriques égaux pour chaque modalité.<br />
La deuxième question posée aux médecins généralistes était : La réalisation de<br />
cette détection précoce apporte-t-elle une amélioration quant à la prise en<br />
charge de vos patients ? Pour 40 cas sur 109 (soit 36,7%), les trois maîtres de<br />
stage estimaient que le résultat de la spirométrie apportait une amélioration de la<br />
prise en charge du patient. Dans 63 situations (soit 57,8%), cela ne changeait<br />
rien à leur démarche. Pour six personnes, ils ne se prononçaient pas (Fig. 7).<br />
- 46 -
Figure 7 : Intérêt pour le médecin généraliste<br />
6. Bénéfice du dépistage de la BPCO<br />
Tableau XV : Comparaison de la modification de prise en charge avec les<br />
explorations antérieures, chez les patients ayant un score VEMS/VEM6 < 0,8<br />
Déjà<br />
explorés<br />
Jamais<br />
explorés<br />
Ne sait pas<br />
Total<br />
Modification 6 12 0 18<br />
Pas de modification 0 0 0 0<br />
Ne sait pas 1 0 0 1<br />
Total 7 12 0 19<br />
Plusieurs modalités n’ont aucun effectif ce qui ne permet pas une analyse statistique du tableau.<br />
- 47 -
Tableau XVI : Comparaison de la modification de prise en charge avec les<br />
explorations antérieures, entre les hommes et les femmes<br />
Déjà explorés Jamais explorés Ne sait pas Total<br />
Hommes Femmes Hommes Femmes Hommes Femmes Hommes Femmes<br />
Modification 9 2 20 9 0 0 29 11<br />
Pas de<br />
modification<br />
8 3 26 25 1 0 35 28<br />
Ne sait pas 2 0 2 2 0 0 4 2<br />
Total 19 5 48 36 1 0 68 41<br />
Plusieurs modalités n’ont aucun effectif ce qui ne permet pas une analyse statistique du tableau.<br />
Tableau XVII : Comparaison de la modification de prise en charge avec les<br />
explorations antérieures, entre les patients âgés de moins de 35 ans et ceux<br />
âgés d’au moins 35 ans<br />
Déjà explorés Jamais explorés Ne sait pas Total<br />
< 35<br />
ans<br />
≥ 35<br />
ans<br />
< 35<br />
ans<br />
≥ 35<br />
ans<br />
< 35<br />
ans<br />
≥ 35<br />
ans<br />
< 35<br />
ans<br />
≥ 35<br />
ans<br />
Modification 5 6 11 18 0 0 16 24<br />
Pas de<br />
modification<br />
3 8 36 15 0 1 39 24<br />
Ne sait pas 1 1 1 3 0 0 2 4<br />
Total<br />
9 15 48 36 0 1 57 52<br />
Plusieurs modalités n’ont aucun effectif ce qui ne permet pas une analyse statistique du tableau.<br />
- 48 -
DISCUSSION<br />
1. Qualité et validité des résultats<br />
Cette enquête remplissait la condition de reproductibilité, dans la mesure où tous<br />
les patients ont été interrogés de la même façon et par la même personne. Les<br />
questionnaires ayant été remplis pendant les consultations, nous pouvions nous<br />
assurer de la bonne compréhension des questions en temps réel et ainsi tous les<br />
questionnaires ont pu être exploités.<br />
Ce travail comportait plusieurs biais de recrutement. En effet, seuls les patients<br />
consultant leur médecin généraliste ont été pris en compte. Or ces patients<br />
étaient en général porteurs de co-morbidités (hypertension artérielle, diabète,…).<br />
Les patients non consommateurs de soins étaient donc sous-représentés.<br />
Les lieux de stage, tous les trois situés en milieu urbain, n’étaient pas non plus<br />
représentatifs de la population générale.<br />
Par ailleurs, seuls les patients fumeurs actifs ont été inclus. L’ouverture de<br />
l’étude aux patients ex-fumeurs aurait permis d’évaluer la fonction respiratoire<br />
des patients à distance de l’arrêt total du tabac. Mais l’inclusion de ces patients<br />
aurait nécessité un temps plus long à l’interrogatoire (motivations et date de<br />
l’arrêt, nombre de rechutes, etc.) et aurait peut-être découragé ou inquiété<br />
- 49 -
certains patients si le rapport VEMS/VEM6 venait à être anormal.<br />
2. Principaux résultats<br />
Un des objectifs de la thèse était de mesurer le souffle de tous les patients<br />
fumeurs âgés d’au moins 18 ans, sans leur faire préciser auparavant leur<br />
symptomatologie respiratoire, afin d’identifier les sujets ayant un résultat<br />
anormal. Un autre objectif était de cibler le type de population concerné par<br />
le dépistage de la BPCO à l’aide d’un spiromètre miniature type Piko6®.<br />
Les données de ce travail ont mis en évidence deux groupes de sujets : un<br />
groupe (13 % de la population testée) ayant un souffle anormal et au sein duquel<br />
se trouvaient des sujets à haut risque de TVO, et un autre groupe (5% de la<br />
population testée) ayant un souffle pathologique et à très haut risque de TVO.<br />
C’est ce dernier groupe qui était particulièrement intéressant et recherché par les<br />
tests de dépistage.<br />
Même si les résultats ne sont pas représentatifs de la population générale, force<br />
est de constater que le tabagisme est tenace et important puisque la majorité des<br />
sujets interrogés fumaient depuis plus de 10 ans, et plus de 10 cigarettes par<br />
jour. En convertissant cet usage en « paquets-année », la majorité de<br />
l’échantillon avait une consommation tabagique supérieure à cinq paquets-année<br />
- 50 -
(un paquet-année est déterminé par le nombre de cigarettes fumées par jour<br />
divisé par 20 et multiplié par le nombre d’année de consommation). Par ailleurs,<br />
les 19 patients chez qui un trouble ventilatoire possible avait été détecté<br />
fumaient depuis au moins 10 ans, de quantité variable (car certains ont<br />
diminué au cours du temps le nombre de cigarettes quotidiennes consommées),<br />
et pour 79% d’entre eux (soit 15 personnes sur 19), la quantité quotidienne<br />
de tabac était supérieure à 10 cigarettes.<br />
Autre constat : les hommes seraient plus à risque de développer une BPCO que<br />
les femmes. 22 % des hommes testés ont obtenu un rapport VEMS/VEM6<br />
anormal contre 10 % des femmes testées, soit une proportion hommes/femmes<br />
rapportée aux 19 personnes ayant eu un VEMS/VEM6 inférieur à 0,8,<br />
respectivement de 78,9% (IC 95% : 60,6% à 97,3%) et de 21,1% (IC 95% :<br />
2,7% à 39,4%).<br />
Concernant les catégories d’âges, parmi les 109 personnes incluses, 35% des<br />
plus de 50 ans, 23% des patients âgés entre 35 et 50 ans et 7% des moins de 35<br />
ans ont obtenu un rapport VEMS/VEM6 inférieur à 0,8. Et parmi les patients<br />
ayant obtenu un rapport VEMS/VEM6 anormal (soit inférieur à 0,8) et<br />
nécessitant par conséquent des explorations complémentaires, ces catégories<br />
d’âges se répartissaient de la façon suivante : neuf personnes, soit 47,4% (IC<br />
95% : 24,9% à 69,8%), avaient plus de 50 ans ; six d’entre eux, soit 31,6% (IC<br />
- 51 -
95% : 10,7% à 52,5%), avaient entre 35 et 50 ans, et plus surprenant, quatre<br />
personnes, soit 21,1% (IC 95% : 2,7% à 39,4%) avaient moins de 35 ans. Ces<br />
quatres participants avaient précisément 25, 30, 32 et 34 ans.<br />
L’ensemble de ces résultats révèlent qu’il faut être vigilant vis-à-vis de la BPCO<br />
dès 35 ans.<br />
L’autre objectif de cette enquête était de déterminer s’il y avait un intérêt pour<br />
le médecin généraliste ou pas de réaliser régulièrement ce dépistage. La BPCO<br />
était généralement peu recherchée dans la population de fumeurs consultant leur<br />
médecin traitant. Des explorations pulmonaires antérieures au test Piko6®<br />
(EFR, imagerie ou consultation de spécialiste) n’avaient été demandées que chez<br />
22 % (IC 95% : 14,2% à 29,8%) de la population testée.<br />
Dans 40 cas sur 109, soit 36,7 % de la population testée, le résultat du Piko6® a<br />
eu un impact sur la prise en charge effectuée par le médecin généraliste. 28,1%<br />
des moins de 35 ans (IC 95% : 16,4% à 39,7%) et 46,2% des patients âgés d’au<br />
moins 35 ans (IC 95% : 32,6 % à 59,7%) sont repartis du cabinet avec une<br />
nouvelle prise en charge sur le plan respiratoire, en plus de la prise en charge du<br />
motif pour lequel ils étaient venus initialement. De la même façon, ce<br />
changement s’est opéré pour 43% des hommes et 27% des femmes,<br />
indépendamment de l’âge et des caractéristiques de leur consommation<br />
tabagique. En ce qui concerne les 19 patients ayant obtenu un rapport<br />
- 52 -
VEMS/VEM6 anormal, le médecin a modifié le suivi du patient dans 94,7% des<br />
cas (IC 95% : 84,7% à 104,8%). L’utilisation de ce nouvel instrument de mesure<br />
va dans le sens d’une amélioration de la qualité de prise en charge des patients :<br />
Parmi la population testée, des syndromes obstructifs ont été dépistés alors<br />
qu’ils auraient été ignorés sans cet outil.<br />
Ces trois médecins n’étaient pas formés à l’utilisation de ce spiromètre et ne<br />
l’utilisaient pas auparavant. Cela peut expliquer leur réticence initiale quant à<br />
l’adoption du spiromètre miniature. Ils ont par contre tous reconnu l’utilité de<br />
cette mesure du souffle quant à la sensibilisation du fumeur vis-à-vis du sevrage<br />
tabagique, et ce, quels qu’étaient le résultat du rapport VEMS/VEM6.<br />
3. Comparaison avec d’autres études<br />
Plusieurs études avaient déjà démontré que la spirométrie chez le médecin<br />
généraliste était réalisable en pratique, que ses résultats étaient fiables et que le<br />
dépistage de maladies obstructives pulmonaires basé sur un questionnaire seul<br />
était insuffisant. Ainsi, l'objectif de l’étude DIDASCO [25], menée en 1999 dans<br />
la région de Bruxelles, était notamment d’évaluer la compétence des médecins<br />
généralistes à dépister des maladies respiratoires obstructives chroniques à des<br />
stades précoces à l’aide de moyens simples. La détermination de la pertinence<br />
- 53 -
des résultats du spiromètre miniature, reposait sur la comparaison entre la<br />
spirométrie de référence dans une population cible avec l’association<br />
questionnaire–spirométrie miniature chez des patients se plaignant de<br />
symptômes respiratoires (toux chronique, rhinite allergique, gêne respiratoire).<br />
Les médecins généralistes furent formés lors de cours intensifs de douze heures<br />
portant sur les aspects diagnostiques de l’asthme et de la BPCO, puis sur la<br />
réalisation de spirométries ainsi que sur l’interprétation de leurs résultats. Ce<br />
travail a permis de détecter 7,4% de nouveaux cas de syndromes obstructifs dont<br />
45 % de femmes âgées entre 35 et 70 ans. 42% des patients n’auraient pas été<br />
détectés sans spirométrie (c’est-à-dire avec le questionnaire seul). De la même<br />
façon, lors d’une étude canadienne publiée en 2005, la spirométrie de dépistage<br />
en médecine générale, réalisée chez tous les fumeurs âgés d’au moins 35 ans,<br />
avait permis de détecter 9 % de nouveaux cas de BPCO et 11% de faux-positifs.<br />
Parmi ceux qui avaient une BPCO confirmée, il y a eu une modification de leur<br />
traitement dans 41 % des cas [26]. Toujours la même année, en France, un<br />
travail réalisé à Saint-Étienne montrait une bonne corrélation pour le VEMS, le<br />
VEMS6 et le rapport VEMS/VEM6 entre les résultats donnés par le Piko6® au<br />
cours de consultations de médecine générale, chez 51 patients fumeurs, âgés de<br />
40 à 60 ans, et ceux obtenus par une spirométrie standard avec boucle débitvolume<br />
[27].<br />
- 54 -
Ce travail de thèse s’inscrit également dans le mouvement entamé lors de la<br />
campagne de sensibilisation « Capital Souffle » sur la mesure du souffle,<br />
réalisée en 2005 dans sept villes <strong>fr</strong>ançaises auprès de 8294 personnes, hommes<br />
et femmes de plus de 16 ans, fumeurs, ex-fumeurs ou non-fumeurs. L’objectif<br />
principal consistait en un recueil de données démographiques, à l’aide d’un<br />
questionnaire, couplé à une sensibilisation des personnes sur la mesure du<br />
souffle. L’objectif secondaire était de constater l’impact immédiat de ce test sur<br />
la population, à l’aide du spiromètre miniature Piko-6®. Le rapport<br />
VEMS/VEM6 était normal (> 80%) pour 79,4% des sujets, à contrôler de<br />
nouveau (entre 70 et 80 %) pour 15,5% des sujets et pathologique (< 70% ) pour<br />
5,1% des sujets. Parmi les personnes ayant un rapport inférieur à 0,8, 58,5%<br />
étaient fumeurs. 79% des sujets ayant un rapport inférieur à 0,7 n’étaient pas<br />
suivis pour une maladie respiratoire chronique [28].<br />
Remarquons qu’il y a une distinction à faire entre les termes « campagnes de<br />
sensibilisation » (« screening » en anglais), « dépistage organisé » et « dépistage<br />
individuel » (« case finding » en anglais). L’exemple type de la campagne de<br />
sensibilisation est la campagne « Capital Souffle », menée dans des stands<br />
d’information, localisés dans des centres commerciaux. Le test du souffle était<br />
ainsi proposé au tout-venant. Dans le cas de notre travail, il s’agissait plutôt d’un<br />
- 55 -
« dépistage organisé » c’est-à-dire une action de détection systématique de cas<br />
possibles de BPCO, au sein d’une population cible bien définie, a priori en<br />
bonne santé et non demandeuse. En effet dans notre situation, les personnes<br />
testées étaient des patients consultant un médecin, ayant des facteurs de risque<br />
de BPCO et la consultation se concluait par des conseils ou une prise en charge<br />
spécifique selon les résultats du test obtenus.<br />
Autre point de discussion, concernant le type de spirométrie pratiquée en<br />
médecine générale, beaucoup d’études évoquent aussi bien la spirométrie<br />
d’appoint de diagnostic que celle de dépistage. Cette différence repose sur le<br />
type et le niveau du spiromètre acheté.<br />
La spirométrie pratiquée chez le médecin généraliste présente de nombreux<br />
avantages, qu’elle soit utilisée comme outil diagnostique ou de dépistage. Ces<br />
outils de mesure du souffle, dont la pertinence est hautement acceptable,<br />
permettraient au généraliste, non seulement de diagnostiquer ou d’exclure une<br />
BPCO, mais aussi de confirmer un asthme, d’objectiver l’efficacité d’un<br />
traitement de l’asthme, de classer correctement des patients atteints de BPCO<br />
selon leur degré de sévérité, d’optimiser la prise en charge thérapeutique des<br />
patients BPCO ou encore de détecter les patients non-répondeurs [23, 29].<br />
- 56 -
4. Les limites de l’utilisation de la spirométrie en médecine générale<br />
4.1. Comparaison avec la spirométrie classique<br />
La confirmation du dépistage par une méthode de certitude est obligatoire. Dans<br />
le cas de la BPCO, le diagnostic se fait par la spirométrie standard qui est<br />
actuellement le test respiratoire le plus répandu, reproductible et fiable, à<br />
condition que le matériel soit adéquat et utilisé par un personnel formé [8]. Le<br />
Piko6® ne permet pas de faire le diagnostic différentiel avec l’asthme, puisque<br />
le test-post-bronchodilatation n’est pas effectué avec le Piko6®.<br />
4.2. Nécessité d’une formation sur la qualité de la spirométrie<br />
Pour mieux apprécier la prévalence de la BPCO, tout le monde s’accorde à dire<br />
qu’il faut mieux former les médecins généralistes à la pratique de la spirométrie<br />
à large échelle. Cette formation pratique peut être réalisée en France par le biais<br />
de la FMC. Les médecins peuvent aussi se former à la réalisation d’une<br />
manœuvre d’expiration forcée grâce à un cédérom fourni gratuitement par la<br />
SPLF [11]. Ce cédérom a été créé afin de diffuser la technique d’expiration<br />
forcée auprès du plus grand nombre de professionnels de santé amené à<br />
examiner des patients à risque de développer une BPCO. C’est un nouvel outil<br />
d’aide au diagnostic plus précoce et à une meilleure prise en charge des patients.<br />
- 57 -
Plusieurs études ont montré l’importance d’une formation initiale, mais aussi<br />
d’un contrôle des connaissances à intervalles réguliers, afin de garantir<br />
l’efficacité et la validité du diagnostic précoce de la BPCO [5,23,30]. Aux États-<br />
Unis, de nombreux centres médicaux de prévention possèdent un spiromètre<br />
d’appoint mais ces derniers sont peu utilisés en pratique par manque de<br />
formation, de temps et de rentabilité. Une étude avait ainsi mis évidence l’intérêt<br />
de rappels des connaissances et de travaux pratiques, au moins à court terme :<br />
dans les trois mois suivants une formation, le nombre de tests spirométriques<br />
réalisés avait augmenté de 59 % [31].<br />
Le travail d’une thèse soutenue à Lille en 2007 avait comme objectif principal<br />
d’évaluer l’utilisation en pratique quotidienne du Piko6® par 193 médecins<br />
généralistes ayant suivi une formation spécifique. Moins de 18 mois après la<br />
séance de formation, 62% des médecins interrogés utilisaient le mini-spiromètre<br />
électronique. 87% d’entre eux comptaient l’utiliser régulièrement pour assurer<br />
un dépistage systématique chez les sujets à risque. La majorité des médecins<br />
utilisateurs (62%) avaient testé au maximum dix patients depuis leur formation.<br />
93% de ces praticiens l’utilisaient moins de cinq fois par semaine. Les critères<br />
principaux motivant la mesure du souffle étaient le tabagisme (99%) et la<br />
présence de signes fonctionnels (97,5%). Les degrés moyens d’aisance dans la<br />
manipulation du Piko6® et de confiance dans la mesure indiquée étaient<br />
- 58 -
espectivement de 3,36/5 et de 3,40/5. Enfin, les principales causes de nonutilisation<br />
de l’appareil étaient le manque de temps disponible au cours des<br />
consultations (53%) et un intérêt restreint pour l’appareil par rapport à la<br />
clinique (30%). Tout comme notre travail, bien qu’il existe encore une réticence<br />
de la part de certains médecins généralistes à utiliser un nouvel outil de<br />
dépistage dans leur pratique, cette étude lilloise a démontré la possibilité de<br />
tester régulièrement le souffle des patient fumeurs en consultation de routine,<br />
sous réserve d’une formation initiale [32].<br />
Pour les spiromètres d’appoint de niveau élevé (3 ou 4), il est vivement<br />
recommandé aux médecins généralistes de respecter les mises à jour à la fois<br />
théoriques et pratiques, avec l’aide, idéalement, d’un pneumologue, ou d’un<br />
technicien des EFR. Par conséquent, ces formations et cet investissement tant<br />
financier qu’humain, paraissent, pour des raisons évidentes de logistique et de<br />
coût-efficacité, plus adaptées à des maisons médicales, centres de santé<br />
municipaux ou cabinets de groupe, qu’à des praticiens exerçant seuls.<br />
En Angleterre, où les maisons médicales de prévention sont mises en avant, les<br />
médecins généralistes sont incités financièrement à développer la pratique de la<br />
spirométrie dans leur cabinet mais la qualité de ces tests demeure incertaine.<br />
Une étude anglaise de 2005 a exploré la possibilité d’une formation continue via<br />
internet. Elle a démontré la faisabilité et l’utilité d’un contrôle à distance en télé-<br />
- 59 -
expertise par un référent spécialiste, des tests spirométriques réalisés par le<br />
médecin généraliste. Celui-ci enregistrait les résultats obtenus par son appareil<br />
spirométrique sur son ordinateur, les envoyait par mail sécurisé à un<br />
pneumologue, lequel supervisait les résultats afin de les confirmer ou les<br />
infirmer, et aidait le généraliste dans les cas incertains [33].<br />
4.3. La surestimation des résultats : risque de faux-positifs ?<br />
La limite inférieure de la norme varie avec l’âge de l’individu. Le rapport<br />
VEMS/CV diminue avec l’âge chez les sujets sains et il faut tenir compte de<br />
cette donnée lors de l’interprétation des résultats du test spirométrique. Il y a un<br />
risque non négligeable de faux positifs possibles chez les sujets âgés et de faux<br />
négatifs chez les sujets jeunes. Ceci est non seulement valable pour le Piko6®<br />
mais aussi pour les EFR, a fortiori lorsque les résultats approchent la limite<br />
inférieure de la norme. Il faut dans ces cas tenir compte des facteurs de risque,<br />
de la qualité de l’examen, du pourcentage de VEMS par rapport à la valeur<br />
prédite et toujours avoir en tête les conséquences d’une classification erronée<br />
d’un patient. Tout médecin doit accepter l’incertitude [5].<br />
- 60 -
4.4. Le spiromètre de dépistage : outil motivationnel pour l’arrêt du<br />
tabac ?<br />
Les diverses études menées sur le sujet n’ont pas montré de différence<br />
statistiquement significative [34]. Par conséquent, même si une étude<br />
observationnelle menée en Pologne en 2003 [35] a suggéré que la spirométrie,<br />
suivie d’un entretien immédiat, pouvait améliorer légèrement le sevrage<br />
tabagique au-delà d’un an, l’Agence de Recherche et de Qualité de la Santé des<br />
États-Unis d’Amérique a conclu que la mesure du souffle apportait un faible<br />
bénéfice dans ce but [23].<br />
4.5. Les potentiels effets secondaires de la spirométrie<br />
Le dépistage de la BPCO à l’aide du spiromètre miniature a un certain coût :<br />
d’une part, cela induit l’achat d’un appareil et de ses embouts jetables, d’autre<br />
part, le test demande une certaine disponibilité pour le médecin tant au niveau<br />
de la réalisation du test que de la formation. Toutefois, ce coût est modéré<br />
compte tenu de l’utilisation régulière qui en sera faite. De plus, il n’y a pas<br />
d’effets secondaires du test en lui-même, autre que l’occasionnel inconfort, qui<br />
ne dure que quelques minutes.<br />
L’exploration d’un test anormal coûte également du temps et de l’argent. Le<br />
- 61 -
temps passé par le patient en transports, puis en attente et enfin en cabine d’EFR<br />
est estimé au total de une à trois heures. Il ne faut pas non plus négliger l’impact<br />
psychologique de l’annonce du diagnostic de la BPCO et des changements<br />
environnementaux et médicaux que cela entrainerait.<br />
L’autre effet secondaire possible, serait la fausse réassurance des fumeurs ayant<br />
un rapport VEMS/VEM6 normal et le risque qu’ils renforcent leurs habitudes<br />
tabagiques. Mais cette éventualité est aisément contournable en insistant auprès<br />
des ces patients sur le fait que l’arrêt du tabac demeure important quelle que soit<br />
leur fonction respiratoire, afin de diminuer le risque de développer les autres<br />
maladies liées au tabac [5].<br />
Si l’on tient alors compte des différentes objections évoquées ci-dessus, on peut<br />
se poser la question de l’intérêt réel et des conséquences d’une utilisation large<br />
de la spirométrie de dépistage en médecine générale. Certains auteurs estimaient<br />
en 2005 que les avantages d’une telle diffusion de ces appareils n’étaient pas<br />
démontrés [36,37]. Le dépistage serait peu efficient pour la prévention des<br />
exacerbations. Par ailleurs, l’intérêt de débuter précocement un traitement chez<br />
des patients asymptomatiques n’a pas été démontré. Des études d’intervention<br />
thérapeutique précoce à base de bronchodilatateurs par voie inhalée étaient en<br />
cours en 2008. Les effets à long terme de ce type de traitement n’ont pas encore<br />
- 62 -
été établis [23].<br />
Le nombre d’études puissantes, ayant démontré de façon significative, avec un<br />
haut niveau de preuve, la capacité des médecins généralistes à dépister<br />
précocement la BPCO dans leurs cabinets et à en améliorer la prise en charge est<br />
certes encore relativement faible. Mais absence de preuve ne signifie pas<br />
absence d’efficacité [38]. Avec notre travail, les patients ont été con<strong>fr</strong>ontés à<br />
leur fonction respiratoire souvent pour la première fois et un avis de spécialiste a<br />
été demandé pour 18% d’entre eux. Ce test du Piko6® a permis non seulement<br />
d’évoquer le sujet du sevrage tabagique mais aussi d’être plus attentif aux comorbidités<br />
habituellement liées à la dysfonction pulmonaire. En effet, il amenait<br />
chez les patients, qu’ils soient asymptomatiques ou non, et quels qu’étaient les<br />
résultats, une réflexion sur les risques médicaux, qu’ils n’auraient peut-être pas<br />
eue sans ce test. De tels moments de prévention, au cours d’une consultation de<br />
routine, devraient augmenter les chances de succès d’un sevrage tabagique. Ce<br />
travail a également permis de sensibiliser les non-spécialistes à la BPCO et leur<br />
permettre d’aborder systématiquement la question du tabagisme.<br />
- 63 -
5. L’implication pour de futures recherches et la pratique clinique<br />
Les données épidémiologiques actuelles et surtout à venir étant inquiétantes, il<br />
paraît urgent et nécessaire de continuer à développer des études plus larges,<br />
concernant la validation et l’application en pratique de médecine générale de<br />
méthodes efficaces permettant de diminuer la morbi-mortalité des maladies<br />
obstructives respiratoires.<br />
On pourrait compléter ce travail de thèse avec les objectifs suivants :<br />
o<br />
Déterminer lors d’une consultation de pneumologie associée à la<br />
réalisation d’EFR avec test de réversibilité, le nombre de BPCO diagnostiquées<br />
parmi les sujets qui avaient un rapport VEMS/VEM6 du Piko6® à contrôler ou<br />
d’emblée pathologique,<br />
o<br />
o<br />
Déterminer l’impact à plus long terme de ce type de dépistage.<br />
Mesurer l’impact réel de la sensibilisation à l’arrêt du tabac, c’est-à-dire<br />
comptabiliser le nombre de personnes ayant stoppé leur consommation<br />
tabagique après avoir réalisé le test de dépistage de la BPCO, à plus ou moins<br />
long terme.<br />
- 64 -
CONCLUSION<br />
Ce travail, réalisé sur un échantillon de 109 fumeurs, a démontré que la mesure<br />
du souffle à l’aide d’un spiromètre miniature par le médecin généraliste est tout<br />
à fait réalisable lors d’une consultation de routine. Il y a un bénéfice à pratiquer<br />
ce test chez les patients de plus de 35 ans qui fument depuis plus de 10 ans,<br />
quelle que soit leur consommation quotidienne. Ce test de dépistage a permis de<br />
détecter de façon précoce, chez des fumeurs asymptomatiques ou qui<br />
minimisaient leurs symptômes, un possible trouble ventilatoire obstructif pour<br />
18% d’entre eux. Ce premier résultat devait être complété par un bilan spécialisé<br />
qui attesterait ou non du diagnostic de BPCO. Enfin, l’utilisation de ce<br />
spiromètre a également contribué, de façon subjective, à sensibiliser les patients<br />
au sevrage tabagique. Cette étude souligne la nécessité de développer et<br />
d’encourager la diffusion des spiromètres miniatures en soins primaires. De nos<br />
jours, de nombreux spiromètres d’appoint et miniatures utilisables en médecine<br />
générale existent. Afin d’éviter les faux-positifs et d’améliorer la prise en charge<br />
des patients à risque, il est nécessaire que les médecins généralistes soient<br />
formés, surtout s’ils décident d’utiliser des spiromètres d’appoint plus<br />
sophistiqués que le Piko6®. De nombreuses études insistent, en effet, sur la<br />
formation des médecins généralistes à une bonne utilisation et à une<br />
interprétation des résultats livrés par ces appareils [15,16,17].<br />
- 65 -
RÉFÉRENCES<br />
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- 69 -
ANNEXE 1<br />
Plan BPCO 2005-2010 en 6 axes et leurs mesures<br />
AXE 1 : Développer les connaissances épidémiologiques<br />
• confier à l’Institut de Veille Sanitaire la surveillance épidémiologique de la<br />
BPCO,<br />
• soutenir des projets de recherche dans le domaine épidémiologique.<br />
AXE 2 : Soutenir la recherche sur la BPCO<br />
• soutenir la création d’une Fondation de recherche sur le poumon,<br />
• mettre en place un appel d’of<strong>fr</strong>es pour des projets de recherche sur la<br />
BPCO et soutenir la création de cohortes nationales de malades pour favoriser la<br />
recherche, notamment clinique et thérapeutique,<br />
• initier des projets de recherche innovants sur la prévention de la BPCO et<br />
l’éducation thérapeutique,<br />
• développer des partenariats européens de recherche.<br />
AXE 3 : Prévenir la BPCO dans la population générale<br />
• développer des campagnes d’information sur la BPCO et sur la préservation<br />
du « capital souffle » et les dangers du tabac,<br />
• développer des actions de dépistage sur la BPCO en médecine de ville, sur<br />
les lieux de travail,<br />
- 70 -
• développer des actions d’éducation pour la santé en faveur de la lutte contre<br />
le tabagisme,<br />
• améliorer l’accessibilité au sevrage tabagique,<br />
• renforcer l’application de la loi relative au tabagisme passif,<br />
• mettre en place des procédures permettant d’utiliser les taxes sur le tabac,<br />
pour financer la recherche, l’information et l’aide au sevrage.<br />
AXE 4 : Renforcer la formation et l’information des professionnels de santé<br />
sur la BPCO<br />
• former les médecins généralistes au diagnostic et à la prise en charge de la<br />
BPCO et au sevrage tabagique,<br />
• former les pneumologues aux nouveaux enjeux de la prise en charge de la<br />
BPCO,<br />
• former les kinésithérapeutes à la BPCO et notamment à la réhabilitation<br />
respiratoire,<br />
• développer le nouveau métier de « coordinateur de soins » pour les<br />
personnes atteints de maladie, notamment de BPCO.<br />
AXE 5 : Améliorer l’accès aux soins, la diagnostic précoce et la qualité de la<br />
prise en charge des malades atteints de BPCO<br />
• réaliser une étude sur la prise en charge des exacerbations à l’hôpital,<br />
• harmoniser les pratiques de prise en charge des exacerbations et du suivi au<br />
long cours et développer les modes innovants de prise en charge,<br />
- 71 -
• améliorer l’accessibilité aux soins de réhabilitation respiratoire et<br />
d’éducation thérapeutique,<br />
• améliorer la coordination des soins et développer des filières structurées de<br />
prise en charge.<br />
AXE 6 : Développer l’information, l’éducation pour la santé et la<br />
réhabilitation respiratoire, l’accompagnement des malades et de leur<br />
entourage, en lien avec les associations de patients.<br />
• faire un état des lieux de l’information disponible et des besoins à couvrir,<br />
• développer, mutualiser et diffuser l’information sur la BPCO,<br />
• remettre ( et expliquer ) à chaque malade un document d’information sur la<br />
BPCO lors des consultations de prévention, de diagnostic ou de suivi,<br />
• soutenir les initiatives des associations en faveur de l’accompagnement et<br />
de l’insertion socioprofessionnelle des malades et de leur entourage,<br />
• renforcer le soutien psychologique et l’accompagnement social des malades<br />
et de leur entourage au cours du suivi.<br />
- 72 -
ANNEXE 2<br />
Aspect typique et “pièges” de l’exploration fonctionnelle du déficit ventilatoire<br />
bronchique dans la BPCO<br />
- 73 -
A : Schéma de la courbe débit-volume expiratoire (tracé du haut) d’un patient<br />
présentant une obstruction bronchique marquée (courbe en trait continu). Tous<br />
les débits expiratoires instantanés sont diminués par rapport aux débits<br />
théoriques (courbe en pointillés). Les débits moyens comme le VEMS ou le<br />
débit expiratoire médian 25-75 sont également diminués. Ceci est illustré par<br />
une courbe volume-temps d’expiration forcée (partie haute du tracé du bas) où<br />
le VEMS ne représente qu’environ 50% de la CV (contre environ 75% en<br />
l’absence d’obstruction). Dans cet exemple, la CVF mesurée sur la courbe débitvolume<br />
est identique à la CV mesurée sur le spirogramme (tracé du bas) au<br />
cours d’une manœuvre lente (partie inférieure du tracé du bas).<br />
B : quelques “pièges” de l’exploration fonctionnelle du déficit ventilatoire<br />
obstructif. Schéma de la courbe débit-volume expiratoire (tracé du haut) d’un<br />
patient présentant une obstruction bronchique marquée (courbe en trait continu).<br />
Tous les débits expiratoires instantanés ne sont pas diminués par rapport aux<br />
débits théoriques (courbe en pointillés). En effet, le <strong>DE</strong>P est normal. Par contre,<br />
les débits expiratoires à bas volume pulmonaire sont fortement diminués. De<br />
même, les débits moyens comme le VEMS ou le débit expiratoire médian 25-75<br />
sont également diminués. Ceci est illustré par une courbe volume-temps<br />
d’expiration forcée (partie haute du tracé bas) où le VEMS ne représente<br />
qu’environ 50% de la CV forcée et encore moins de la CV lente. En effet, dans<br />
cet exemple, la CVF mesurée sur la courbe débit-volume est très diminuée par<br />
rapport à la CV mesurée sur le spirogramme (tracé du bas) au cours d’une<br />
manœuvre lente. Cette diminution est liée à une distension dynamique. Cette<br />
diminution de la CVF majore la valeur du rapport VEMS/CVF par rapport au<br />
VEMS/CV. <strong>DE</strong>P : débit expiratoire de pointe. CVF : capacité vitale forcée.<br />
CVL : capacité vitale lente. VC : volume courant. VRI : volume de réserve<br />
inspiratoire. VRE : volume de réserve expiratoire.<br />
SPLF 2003. Diagnostic, niveaux de sévérité selon la spirométrie, organisation<br />
du suivi.<br />
- 74 -
ANNEXE 3<br />
La classification de la BPCO selon les stades de gravité<br />
Stade<br />
Caractéristiques<br />
I : BPCO peu sévère VEMS/CV < 70 %.<br />
VEMS ≥ 80 % de la valeur prédite<br />
avec ou sans symptômes chroniques<br />
(toux, expectoration).<br />
II : BPCO moyennement sévère VEMS/CV < 70 %.<br />
50 % ≤ VEMS < 80 % de la valeur<br />
prédite.<br />
III : BPCO sévère VEMS/CV < 70 %.<br />
30 % ≤ VEMS < 50 % de la valeur<br />
prédite.<br />
IV : BPCO très sévère VEMS/CV < 70 %.<br />
VEMS < 30 % de la valeur prédite ou<br />
VEMS < 50 % de la valeur prédite en<br />
présence d’insuffisance respiratoire<br />
(PaO2 < 60 mmHg) ou de signes<br />
cliniques d’insuffisance cardiaque<br />
droite.<br />
Recommandations GOLD 2009<br />
- 75 -
ANNEXE 4<br />
Critères cliniques faisant évoquer le diagnostic de BPCO (selon Sadoul)<br />
Sadoul P, Polu JM. Aspects cliniques de la bronchite chronique. Bull<br />
Physiopathol Respir 1973 ; 4 : 861-78.<br />
Il faut évoquer l’existence d’une BPCO devant la présence d’un seul des critères<br />
ci-dessous.<br />
Ces critères n’ont pas de valeur diagnostique en eux-mêmes, mais leur<br />
association augmente la probabilité d’une BPCO. La spirométrie reste<br />
indispensable pour le diagnostic, l’évaluation de la sévérité et la surveillance.<br />
1) Toux chronique (> 2-3 mois)<br />
– Intermittente ou quotidienne<br />
2) Expectoration chronique<br />
– Quel que soit son type<br />
3) Dyspnée<br />
– Caractéristiques habituelles<br />
• Persistante (présente tous les jours)<br />
• Progressive<br />
• Décrite comme un effort respiratoire anormal, un manque d’air, une oppression<br />
thoracique<br />
• Apparaissant ou s’aggravant :<br />
- 76 -
• à l’exercice<br />
• au cours des exacerbations<br />
– Intensité : on peut utiliser une échelle catégorielle en 5 grades*<br />
Grade 1 : dyspnée pour des efforts importants ou au-delà du 2e étage.<br />
Grade 2 : dyspnée au premier étage, à la marche rapide ou en légère pente.<br />
Grade 3 : dyspnée à la marche sur terrain plat à allure normale<br />
Grade 4 : dyspnée à la marche lente<br />
Grade 5 : dyspnée au moindre effort (parole, habillage, rasage...)<br />
– Il est également important d’évaluer la limitation d’activité induite par la<br />
dyspnée.<br />
4) Exposition aux facteurs de risques<br />
– Tabagisme, en premier lieu<br />
– Professionnels : particules organiques et inorganiques, toxiques chimiques<br />
– Domestiques : fumées de cuisine et de chauffage<br />
- 77 -
ANNEXE 5<br />
Easy-One® Datospir 120®<br />
- 78 -
Spirobank®<br />
Spirolab®<br />
- 79 -
ANNEXE 6<br />
PIKO-6®<br />
Accessoires à utiliser pour le Piko6®<br />
- 80 -
ANNEXE 7<br />
- 81 -
RÉSUMÉ<br />
Objectifs : Caractériser la population cible du dépistage de la BPCO à l’aide du<br />
Piko6®, en médecine générale et étudier la modification de prise en charge des<br />
fumeurs induite par cette mesure du souffle.<br />
Méthodes : Étude quantitative prospective réalisée à l’aide d’un questionnaire<br />
suivi d’une spirométrie de dépistage proposée à tous les fumeurs âgés d’au<br />
moins 18 ans, vus en consultation de médecine générale entre le 02/05/2007 et<br />
le 31/10/2007.<br />
Résultats : 109 patients inclus. L’âge moyen était de 39 ans. La prévalence d’un<br />
possible syndrome obstructif, correspondant à un rapport VEMS/VEM6 à<br />
contrôler ou pathologique (soit inférieur à 0,8) était de 18% (19/109). Parmi ces<br />
19 sujets, 78,9% étaient des hommes ; tous fumaient depuis au moins 10 ans, et<br />
79% des cas fumaient au moins 10 cigarettes par jour ; 47,4% avaient plus de 50<br />
ans, 31,6% avaient entre 35 et 50 ans, et 21,1% avaient moins de 35 ans ; 94,7%<br />
sont repartis du cabinet avec une prise en charge spécifique. Les médecins ont<br />
conclu à l’amélioration de cette prise en charge, grâce à ce test, pour 36,7 % de<br />
la population testée. L’intérêt du sevrage tabagique a été rappelé à tous les<br />
patients inclus.<br />
Conclusion : Le Piko6® est un outil facilement utilisable lors d’une<br />
consultation de médecine générale. Il a fait preuve de son efficacité dans le<br />
dépistage de la BPCO, notamment chez les fumeurs âgés d’au moins 35 ans et<br />
fumant depuis plus de 10 ans. De plus, il permet une prise de conscience de la<br />
nécessité de l’arrêt du tabagisme.<br />
Mots Clés : broncho-pneumopathie obstructive chronique ; dépistage ;<br />
médecine générale ; Piko6® ; spirométrie ; VEMS/VEM6.<br />
- 82 -
SUMMARY<br />
Objectives : Characterize the target population of COPD case finding, in family<br />
medicine offices, by using the Piko6® spirometer, and evaluate the impact of<br />
this breathing test on patients’ management.<br />
Methods : Prospective study based on the outcomes of a questionnaire followed<br />
by a hand-held office spirometry measurements, offered to all smokers aged 18<br />
at least, having consulted family practitioners between 05/01/2007 and<br />
10/31/2007.<br />
Results : 109 patients included. The mean age was 39 years old. The prevalence<br />
of a possible airway obstruction, related to a FEV1/FEV6 ratio uncertain or<br />
pathological (less than 0,8), was 18% (19/109). Among these 19 subjects, 78,9%<br />
were men, all of them smoked for at least 10 years, and 79% of them smoked 10<br />
cigarets at least each day ; 47,4% were aged more than 50 years old, 31,6% were<br />
aged between 35 and 50, and 21,1% were aged 35 at least ; 94,7% had a specific<br />
management. The physicians concluded that this test improved patients’ care for<br />
36,7 % of the whole population tested . All the patients included were given a<br />
smoking cessation advice.<br />
Conclusion : The Piko6® is an acceptable and useful tool in general practices,<br />
for COPD case finding, particularly in smokers aged 35 at least, who smoke for<br />
at least 10 years.<br />
Keys Words : case finding ; chronic obstructive pulmonary disease ;<br />
FEV1/FEV6 ; Piko6® ; family medicine ; spirometry.<br />
- 83 -