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13 Mai 1900

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0<br />

LE NUMÉRO 5 CENTIMES<br />

Organe Cfu.oticl.ien. cl© Défense Sociale et ï-telicfieu.s©<br />

RÉDACTION ET ADMINISTRATION : Toulouse, rue Roquelaine, 25<br />

LE NUMERO S CENTIMES<br />

ABONNEMENTS<br />

Trot» moto fibt œoto<br />

CHts<br />

B^te-Garonne et «parlement, nmltrophe.. ^. • £ |» J- » £<br />

Départements non limitrophes, - y / * # ; * 10 tfe W tt. 40 S<br />

Ranger (Umonpo-^^.^ - ^ - g ^ ^ fj^cg<br />

S&se uftnànde àc changement cTedreoe doit être acccmpajinUc ie «O casiima<br />

Lût, Aveyron, Corrèze Cantal<br />

fiers, Htes-Pyrênées, Basses-Pyrénées, L&ndes<br />

Tarn-eî-Garonr.e, Lot-et-Garonne<br />

ÉDITIONS RÉGIONALES<br />

Tarn, Aude, Hérault, Pyrénées-Orientales<br />

Haute-Garonne, Ariège<br />

Edition du matin spéciale à Toulouse<br />

ANNONCES â RÉCLAMES, FAITS DIVERS & LOCALES<br />

Les annonce, et réclame* taJU divers et locales .ont recj» flans nos bureaux.<br />

(6, rue Roquelaine >f . r, chez no. ear-<br />

•espondants, ainsi çueTa». toute, le. affence. ûepùSScite deîarto, des dCparUmeai»<br />

et de l'étranger.<br />

FIL TÉLÉGRAPHIQUE SPÉCIAL Dimanche <strong>13</strong> <strong>Mai</strong> <strong>1900</strong>. - 10" Année. - N° 2,936 BUREAUX A PARIS: 26, RUE FEYDEAU<br />

Pour se faire une idée rigoureusement<br />

exacte du scrutinde dimanche dernier et<br />

des résultats qu'il a donnés, il ne faut<br />

pas lire les statistiques frelatées que le<br />

ministère a communiquées à la presse.<br />

• Ces statistiques trahissent beaucoup<br />

trop d'inquiétude, de dépit et de mautaise<br />

foi.<br />

Il est vrai que, malgré leur vif désir<br />

de s'éloigner le plus possible de la vérité,<br />

les mathématiciens gouvernementaux<br />

qui les ont établies, n'ont pu s'empêcher<br />

de mentionner les éclatantes<br />

victoires nationalistes de Paris et les<br />

échecs significatifs subis, dans les départements,<br />

par les tenants les plus<br />

considérables de la République dreyfusiste.<br />

<strong>Mai</strong>s ce serait faire preuve de naïveté<br />

çue de prêter la moindre attention aux<br />

chiffres émanant de la place Beauvau.<br />

Véritablement, la source est trop douteuse.<br />

Et, pour notre part, nous estimons<br />

que la lecture de la presse ministérielle<br />

nous suffit très largement pour<br />

nous permettre de donner une signification<br />

aux élections du 6 |mai.<br />

Ce qu'elles ont signifié ?<br />

. C'est le Siècle, c'est l'Aurore, c'est la<br />

Petite République, c'est le grave et solennel<br />

Temps, si peu expansif d'ordinaire,<br />

qui nous l'onf dit.<br />

Ce sont les journaux qui, de près ou<br />

de loin, touchent à la caisse des Rothschild<br />

qui l'ont crié sur tous les toits, en<br />

demandant, les uns, l'arrestation immédiate<br />

du général Mercier et des chefs du<br />

mouvement nationaliste, les autres, des<br />

mesures susceptibles de mettre les électeurs<br />

au pas, de régulariser le suffrage<br />

universel et de le corriger de ses petites<br />

Imperfections.<br />

Car, depuis huit jours, on a découvert<br />

que ce pauvre suffrage universel avait<br />

beaucoup d'imperfections et de tares.<br />

Pensez donc : en plein Paris, dans la<br />

cité contre laquelle on ne gouverne pas,<br />

d'après Grambetta, ila envoyé coucher les<br />

candidats de Reinach et nommé une majorité<br />

franchement hostile au gouverne<br />

ment !<br />

En présence d'un événement si gros<br />

de conséquences, les hommes les plus<br />

calmes parmi les dirigeants de la politique<br />

du chambardement se sont contentés<br />

d'affirmer qu'il était urgent de modifier<br />

le mécanisme électoral tel qu'il fonctionne<br />

actuellement chez nous.<br />

<strong>Mai</strong>s le Syndicat dreyfusard ne compte<br />

pas dans son sein que des hommes.<br />

Il comprend aussi des femmes qui, au<br />

l'eu de surveiller chez elles leur pot au<br />

feu, passent leur vie à disserter sur les<br />

choses de la cuisine politique.<br />

Nous ne contesterons pas le talent,<br />

l'esprit et le brio avec lesquels quelquesunes<br />

d'entre elles s'acquittent de leur<br />

tâche.<br />

<strong>Mai</strong>s, femmes avant tout, se laissant<br />

Beaucoup trop facilement entraîner par<br />

f l0ll g ue > Par la passion, et aussi par<br />

leurs nerfs, il ieur arrive souvent de<br />

mettre leurs petits pieds dans les plats<br />

qui se trouvent autour d'elles etde casser<br />

les tas de vaisselle péniblement édifiés<br />

par ceux qu'elles croient défendre.<br />

C'est ce que vient de faire, dans la<br />

fronde, M m0 Clémence Royer, une des<br />

femmes les plus autorisées et les plus<br />

connues du mouvement féministe.<br />

Révolutionnaire, apôtre du drapeau<br />

rouge, M Clémence Royer est, naturellement,<br />

dreyfusiste, et, comme ses<br />

coreligionnaires, elle est profondément<br />

lri 'itée contre le suffrage universel<br />

Et son irritation, elle ne sait pas la dis-<br />

Wûnler.<br />

ne peut pas la contenir et si, à<br />

«Mô délie, les fourbes, les hypocrites et<br />

« iâches du sexe fort, perpètrent en<br />

J^ence quelque crime contre les élec<br />

^rs qui ne les veulent plus, avec une<br />

Incluse dont il faut lui savoir gré, la<br />

«dactrice de la Fronde apprécicainsi le<br />

Enrage universel<br />

UâtrâT^I' grâce au<br />

5U ffragc<br />

" au ni ' î ul donne ai{ plus imbécile<br />

t B/»» ^ fripon un droit égal à celui<br />

Vomis par Paris, Ils sentent très bien<br />

que le pays s'éloignera de plus en plus<br />

d'eux.<br />

Ils voient le mouvement patriotique<br />

d'opposition nationale qui s'est formé<br />

contre eux, s'étendre dans tout le pays,<br />

prendre corps et s'organiser jusqu'au<br />

fond de nos plus petits hameaux.<br />

Et reniant leurs propres doctrines, les<br />

bonneteurs du ministère qui n'ont pu<br />

faire sauter la coupe dimanche dernier,<br />

à Paris, ne rêvent que dictature et<br />

coups d'Etat.<br />

Le suffrage universel est devenu leur<br />

bête noire.<br />

Ils ne veulent plus en entendre parler<br />

et, d'ores et déjà, ils cherchent les<br />

moyens les plus expéditifs pour le supprimer<br />

et le détruire.<br />

Demain, lorsque le scrutin sera clos,<br />

ils essaieront de passer des paroles aux<br />

actes et, si le peuple leur en donne<br />

le temps, ils réaliseront le programme<br />

dont Mme Clémence Royer a bien voulu<br />

nous donner un avant-goût.<br />

<strong>Mai</strong>s ils n'en auront pas le temps.<br />

Encouragée par Paris, la province qui,<br />

sur de nombreux points a déjà manifesté<br />

son dégoût à l'endroit de la République<br />

dreyfusiste, fera, elle aussi, entendre sa<br />

voix.<br />

En se défendant, ello défendra le suffrage<br />

universel, sur lequel Reinach ne<br />

posera pas ses mains crochues, — Mme<br />

Clémence Royer dut-elle en être un peu<br />

suffoquée.<br />

Victor LESPINE!<br />

CONTRE LES MISSIONNAIRES<br />

On lit dans le Gaulois :<br />

Le gouvernement vient d'appliquer pour la<br />

première fois la récente circulaire adressée aux<br />

ôvêques par le ministre des cultes, et interdisant<br />

les « missions ». C'est une petite ville du<br />

diocèse de Soissons, Ligny-en-Tliiérache, que<br />

le ministère a choisie comme théâtre de cet<br />

exploit. La mission dont U s'agit avait été con<br />

fiée aux Lazaristes, et ceux-ci so montraient<br />

enchantés de l'accueil sympathique de la popu<br />

lation, lorsque, sur une dénonciation envoyée<br />

directement à Paris, le président du Conseil<br />

télégraphia au préfet de l'Aisne, qui télégraphia<br />

au curé de Ligny-en-Thiérache l'ordre de<br />

congédier les missionnaires.<br />

Ainsi fut-il fait.<br />

Cette exécution prouve d'abord que le gou<br />

vernement n'entendait pas, comme le croyaient<br />

innocemment un certain nombre do catholiques<br />

trop confiants, s'arrêter aux menaces<br />

dans la voie d'empiétement conlre l'autorité<br />

eligieuse et de persécution où il est entré.<br />

On remarquera, d'autre part, quo les religieux<br />

qui étrennent la guillotine sèche du ministre<br />

des cuites appartiennent précisément à une<br />

congrégation autorisée, et même à l'une des<br />

congrégations autorisées qui passent pour entretenir<br />

avec le gouvernement les relations les<br />

meilleures. Preuve que toutes les congrégations<br />

et non pas seulement les congrégations non<br />

reconnues, sont menacées, visées, et en quelque<br />

manière condamnées d'avance par la trop<br />

fameuse circulaire.<br />

Il est profondément regrettable que<br />

M. le curé de Ligny-en-Thiérâche n'ait<br />

pas répondu à l'injonction préfectorale en<br />

demandant la production du texte légal<br />

sur lequel ce fonctionnaire prétendait l'appuyer.<br />

On nous dit bien que le préfet de l'Aisne<br />

n'a lui-même agi que sur injonction de<br />

M. Waldeck-Rousseau, auteur de la fameuse<br />

circulaire.<br />

<strong>Mai</strong>s, précisément, cette circulaire prétend<br />

s'appuyer sur un texte qui n'est juridiquement<br />

qu'un faux.<br />

L'AFFAIRE FHIHPP<br />

L'ambassade britannique a fait savoir<br />

« que ni l'ambassadeur, ni 'aucun membre<br />

de l'ambassade, n'a ajouté foi à la version<br />

de l'histoire racontée par M. Dameron, gendre<br />

du portier de l'ambassade ».<br />

Si l'ambassade s'était bornée à dire que<br />

l'ambassadeur, comme son entourage, avait<br />

ignoré les trafics, de Pliilipp, il n'y aurait<br />

eu là rien que de fort naturel. Ce qui est<br />

exorbitant c'est de faire savoir que l'ambassadeur<br />

et les membres de l'ambassade<br />

« n'ajoutent aucune foi à la version de<br />

l'histoire racontée par M. Dameron » quand<br />

cette version a été acceptée par toute la<br />

presse, même la presse dreyfusiste, qu'elle<br />

a subi le contrôle des débats publics.qu'elle<br />

a paru concluante aux plus incrédules et<br />

qu'elle a été suivie d'un verdict de culpabilité<br />

dont personne n'a contesté la justice.<br />

N'a-t-on pas là une nouvelle preuve<br />

du crédit qui se peut accorder aux démentis<br />

diplomatiques, conséquence de la divulgation<br />

des crimes de haute trahison?<br />

Ajoutons que le concierge de l'ambassade,<br />

beau-père de M. Dameron a été ren<br />

voyé de l'emploi qu'il occupait.<br />

MILLE<br />

ET<br />

LES DROITS DE L'HISTOIRE<br />

u<br />

; ' Wuu uu urou egai a cctui<br />

^ hirnl mt 9^nie, ou du plus grand<br />

a9it,'oi^i'<br />

cel(e foule anonyme parle,<br />

^ahit ouZ e ' Gouverne et, par ses actes,<br />

$ a tholo0f ycux du monde ses tares<br />

5 ^ Fra t ir<br />

S<br />

en se communiquant<br />

de l'eocemni entiere^ Par la contagion<br />

^cadenn<br />

' ne feraient que hâter sa<br />

Cett<br />

Si Sa mort ' *<br />

bien la Cour! 'e citation, qui complète si<br />

tes Co]! Peus ée qui animait, l'autre jour,<br />

propos . montés du. Temps, lorsqu'ils<br />

versPi jent de canaliser le suffrage xmih<br />

tut' ? é Peint à merveille l'état d'unie<br />

dreyfusards.<br />

La Cour de cassation vient de trancher<br />

une question des plus intéressantes.<br />

Voici ce dont il s'agit :<br />

Un journal, sur la foi de mon ami l'académicien<br />

et historien Henry Houssaye,<br />

ayant affirmé quo le maréchal de Bourmont<br />

avait trahi la France et l'Empereur,<br />

« en passant à l'ennemi », la veille<br />

même de Waterloo, le petit-fils du maréchal,<br />

M. de Bourmont, lui adressa une<br />

lettre de rectification.<br />

Le journal refusa d'insérer.<br />

M. de Bourmont recourut aux tribunaux,<br />

qui ordonnèrent l'insertion.<br />

Le journal se pourvut en cassation.<br />

Le ministère public avait conclu au<br />

rejet de l'insertion, développant cette<br />

thèse générale que les droits de l'histoire<br />

posent avant les droits de la famille,<br />

et que, si le droit d'insertion en<br />

ces matières était consacré, le journalisme<br />

le plus estimé, le journalisme historique<br />

deviendrait impraticable.<br />

<strong>Mai</strong>s la Cour de cassation n'a pas admis<br />

cette thèse, rejetant le pourvoi formé<br />

par le journal en question contre<br />

l'arrêt de la cour d'appel, qui l'avait condamné<br />

à insérer la réponse de M. de<br />

Bourmont.<br />

Nous sommes de cet avis, et, dans la<br />

question posée, nous nous mettons résolument<br />

contre les avantages professionnels<br />

dont on voudrait nous doter.<br />

Non, il n'est pas vrai de dire que les<br />

droits de la famille doivent être primés<br />

par les droits de l'histoire, quand on a<br />

affaire à des événements d'ordre contemporain.<br />

Ce n'est pas en quelques années que<br />

l'histoire s'écrit et alors que les passions,<br />

encore allumées, couvent sous la cendre<br />

des années.<br />

Voilà plus de cent ans que la Révolution<br />

accomplit sa sinistre tâche, et on' a<br />

pu voir, il n'y a pas déjà si longtemps,<br />

qu'il fut impossible à la Comédie-Française,<br />

de représenter une pièce qui s'appelait<br />

Thermidor et, plus récemment,<br />

on s'en allait crier : « Vive le Roi ! » au<br />

Diiguesclin de Paul Déroulède et « Vive<br />

l'Empereur ! » à Y Aiglon.<br />

Je ne connais rien de plus abominable,<br />

que de confondre, sous prétexte<br />

d'impartialité, le pamphlet avec l'histoire.<br />

L'histoire, c'est l'examen froid, rassis,<br />

calme, des faits accomplis.<br />

Le pamphlet, c'est presque de la vivisection.<br />

On écorche un homme qui, bien que<br />

mort, est encore tout chaud ; il saigne<br />

sous le scalpel.<br />

Et c'est une étrange prétention que de<br />

se dire historien, pour-les choses qui se<br />

rapportent au siècle présent.<br />

Malgré soi et quelque précaution que<br />

l'on prenne en vue de se garantir de l'inévitable<br />

parti-pris, on tombe dans une<br />

des deux alternatives fatales : on est, ou<br />

un apologiste, ou un détracteur.<br />

Il s'agit donc, avant d'établir les droits<br />

de l'histoire, de régler ou commence<br />

l'histoire ?<br />

Elle ne saurait effectivement commencer,<br />

je le répète, qu'au moment précis<br />

où les passions s'éteignent.<br />

Il faut être tout à fait mort, moralement<br />

et physiquement, froid et glacé,<br />

pour entrer dans l'histoire.<br />

<strong>Mai</strong>s l'histoire n'existe pas encore à<br />

l'égard d'un homme, tant que son cadavre<br />

est promené parmi la foule, comme<br />

un drapeau, et y exalte les sentiments.<br />

C'est même à ce point de vue, que tant<br />

de fois nous avons protesté contre la manie<br />

regrettable des ministres de l'instruction<br />

publique successifs, d'introduire<br />

dans les manuels du baccalauréat, les<br />

événements contemporains.<br />

Des abus lamentables ont eu lieu.<br />

On a vu des professeurs, sans tact et<br />

sans mesure, apprécier passionnément<br />

certains faits prétendus historiques, en<br />

présence des descendants directs de<br />

ceux-là mêmes qui en furent les héros.<br />

Oui, certes, la loi qui régit le droit de<br />

réponse dans les journaux, est absurde<br />

et abusive.<br />

La presse de bonne foi est à la merci<br />

de l'imbécile riche dont on a très imprudemment<br />

prononcé le nom, alors<br />

même que ce nom appartient incontestablement<br />

à la critique.<br />

Néanmoins, j'ai l'esprit trop large et<br />

trop indépendant, surtout trop loyal,<br />

pour vouloir jamais augmenter les privilèges<br />

de la presse, déjà pas mal exorbitants,<br />

au détriment du public.<br />

Et j'estime, à rencontre de l'avocat<br />

général auprès de la Cour de cassation,<br />

qu'il n'y a pas de journalisme historique<br />

et que les deux mots, journal et<br />

histoire, jurent d'être accouplés et sont<br />

la négation- l'un de l'autre.<br />

Qu'on n'ait pas le droit de réponse a<br />

l'égard d'un livre tiré à un nombre res<br />

treint d'exemplaires, qui forcément ne<br />

fait qu'un dommage restreint et qui fut<br />

longtemps médité avant d'être écrit, je<br />

l'admets volontiers.<br />

<strong>Mai</strong>s qu'on appartienne, pieds et<br />

poings liés, dans la personne de ses as<br />

cendants immédiats, de son père ou de<br />

son grand-père, à un monsieur qui vous<br />

sabre une réputation d'un coup de plume<br />

et la flétrit en passant — cela à un million<br />

d'exemplaires — c'est inacceptable<br />

N'a-t-on pas vu l'immonde Taxil publier<br />

les Amours de Pie IX et les afficher<br />

sur les murs ?<br />

Est-ce de l'histoire, cela?<br />

Non, c'est de l'ordure.<br />

Et la cour de cassation vient de rendre<br />

un arrêt, au principe duquel nous sous<br />

crivons pleinement.<br />

11 serait vraiment monstrueux qu'un<br />

citoyen, quand son père où son aïeu"<br />

est vilipendé, ne pût pas, en termes<br />

polis, bien que formels, essayer, par lo<br />

droit de réponse, d'établir que le reproche<br />

est mal fondé.<br />

11 nous semble, au contraire, que l'histoire<br />

loin d'y perdre, a tout à gagner x<br />

celte controverse.<br />

Paul de CASSAGXAC.<br />

comme c'est à craindre, nous conduire au régime<br />

plébiscitaire, au régime césarien, Entre<br />

deux maux...<br />

Il paraît, décidément, que la République<br />

est bien malade, puisque, non seulement<br />

l' Univers se déclare prêt à se rallier au<br />

nationalisme et au césarisme, mais encore<br />

à s'y rallier « ardemment ».<br />

« Ardemment ! » que nous voilà doncloin<br />

des anathêmes lancés naguère à ces pauvres<br />

répractaires qui n'ont pas eu besoin,<br />

eux, de tant de ralliements pour se retrouver<br />

aujourd'hui ce qu'ils ont toujours été<br />

— des nationalistes 1<br />

TRIPATOUILLAGES<br />

Les embarras du gouvernement commencent,<br />

et, en dépit de son optimisme de commande au<br />

sujet des élections municipales du 6 mai en<br />

province, il lui arrive, de-ci, de-Ià, quelques<br />

mésavïStures, sous forme de rectifications,<br />

qui gêneraient des personnages moins cyniques.<br />

Ainsi une note officieuse parue dans divers<br />

journaux d'Angers et du département signale<br />

comme battu dimanche dernier M. Bodinier,<br />

sénateur et conseiller général do <strong>Mai</strong>ne-et-<br />

Loire, et donne pour raison de sa prétendue<br />

défaite' qu'il comptait parmi les membres du<br />

Sénat ayant fait au gouvernement une opposition<br />

incessante.<br />

M. Bodinier réplique ceci tout simplement :<br />

que n'étant point candidat, aux élections munir<br />

cipalcs, ii lui paraît difficile d'avoir été battu,<br />

et que., par suite, l'allégresse gouvernementale<br />

n'a pas do raison d'être. On ne peut coller son<br />

homme avec plus d'à-propos.<br />

Le gouvernement s'était vanté, parait-il, que<br />

la ville de Dax comptait, à son sons, parmi les<br />

huit sous-préfectures dites réactionnaires qui<br />

devaient changer leur fusil d'épaule et passer<br />

de droite à gauche, pour complaire au ministère.<br />

Or, il s'est passé à Dax ceci<br />

: que la liste<br />

patronnée par le sénateur Milliès-Lacroix,<br />

connu pour son acharnement dreyfusard et<br />

pour ses palinodies sans nombre à l'égard du<br />

ministère Waldeck-Rousseau, a été battue à<br />

plate couture par la liste concurrente patronnée<br />

par M. Théodore Denys. député républicain,<br />

mais nettement antiministériel.<br />

Dix-huit cents suffrages pour celle-ci, neuf<br />

cents pour l'autre, voilà le bilan ! Il est topique,<br />

et si le gouvernement est content, c'est<br />

qu'il n'est pas difficile à satisfaire.<br />

Voici un autre exemple de la véracité ministérielle.<br />

11 s'est passé, à Orange, où M. Gapty,<br />

maire depuis seize ans, avait donné, il y a<br />

quelques mois, à M. Jaurès, l'autorisaiion de<br />

tenir, dans le théâtre antique — rien que cela !<br />

— une réunion en faveur du traître.<br />

Et voilà que, dimanche dernier, la liste de<br />

M. Capty et M. Capty, maire, lui-même, sont<br />

restés sur le carreau! Or, on nous donne cette<br />

défaite, pour un succès. Le gouvernement si<br />

montre, comme on le voit, content de peu.<br />

<strong>Mai</strong>s il faudrait avoir de la candeur de reste<br />

pour être dupe de cette prétendue satisfaction.<br />

LETT!<br />

SIGNE DES TEMPS<br />

On lit dans l'Univers :<br />

Nous sommes ici, en toute sincérité, de fermes<br />

constitutionnels. Nous croyons l'avoir<br />

prouvé amplement. <strong>Mai</strong>s si l'heure venait où lo<br />

ehcix devrait se faire entre ces deux partis»<br />

l'hésitation ne serait pas possible. Plutôt quo<br />

de voir la République verser dans le socialisme<br />

« «wui irions, ardeimaenWaunatioiuilisiae.àût-il<br />

Combien les nationalistes gagneront-ils<br />

de sièges? — Le spectre clérical. —<br />

Le duc d'Orléans et M. Rochefort.<br />

Léon Xtll et les élections. — Le portrait<br />

de Bianqui, par M. de Tocqueville.<br />

— Blanquistes et nationalistes.<br />

— Le cas du citoyen Ranson. — La<br />

réunion de ce soir dans îe quartier de<br />

la Sorbonne. — Coup de bourse !<br />

Paris, 10 mai.<br />

Le Gouvernement fait dire partout que<br />

les nationalistes gagneront seulement cinq<br />

voix au scrutin de ballottage ; les nationalistes<br />

soutiennent, au contraire, qu'ils en<br />

gagneront quinze ou seize ! Pour écraser<br />

leurs concurrents, les candidats républi<br />

cains évoquent le fameux spectre clérical<br />

et la « lèpre dévorante du clergé ». Toutes<br />

les vieilles formules du temps de Paul Bert<br />

sont exhumées. Dans les réunions publiques,<br />

les vieilles barbes nous parlent de<br />

« Escobar » et de « Loyola ». Si les nationalistes<br />

triomphent, ce sera le P. du Lac<br />

qui gouvernera la France. Tout le monde<br />

sait, d'ailleurs, que les jésuites ont dépensé<br />

30 millions pour faire nommer les<br />

patriotes dont vous connaissez les noms.<br />

Trente autres millions viennent de sortir<br />

de la caisse du P. du Lac, dans le but de<br />

favoriser les 27 candidats de la Patrie<br />

française. Telles sont les bourdes qu'on<br />

sert au peuple le plus spirituel de la terre<br />

D'après les commérages des dreyfusistes,<br />

le duc d'Orléans serait, naturellement, dans<br />

l'affaire. Le prince se cache dans un châ<br />

teau situé près de Paris, tout prêt à sortir<br />

de sa retraite et à se faire proclamer roi<br />

de France, aussitôt que la victoire des nationalistes<br />

sera connue. Ai-je besoin de<br />

vous dire que Rochefort et YIntransi<br />

géan t sont vendus au parti royaliste ? Pour<br />

les lecteurs de M. Yves Guyot, ce brocan<br />

tige ne fait pas de doute.<br />

Reste Léon XIII qui surveille en personne<br />

les opérations électorales. Un citoyen disait/<br />

hier! dans une réunion du quartier<br />

des Enfants-Rouges, qu'il savait de bonne<br />

source que le Pape était venu à Paris, il y<br />

a quelques jours, et qu'il avait réuni a<br />

dîner MM. Jules Lemaître, François Coppée,<br />

le cardinal de Paris et M. Millevoye<br />

Voilà pourtant comment on écrit l'his<br />

toire à la veille du XX« siècle<br />

! Cet aperçu<br />

vous donne une idée du crédit qu'il faut<br />

accorder à certains auteurs de Mémoires<br />

du XVIIIe, tels que Barbier et Mathieu<br />

Marais, dont les racontars sont accueillis<br />

avec tant de ferveur.<br />

La plupart des socialistes qui se retirent<br />

invitent leurs électeurs à faire balle en faveur<br />

des dreyfusistes. Socialisme et dreyfusisme,<br />

aujourd'hui, c'est tout un. Seule,<br />

une minorité de blanquistes se serre autour<br />

de M. Rochefort et lui reste fidèle.<br />

Ce n'est pas un de ces phénomènes les<br />

moins curieux de ces temps-ci que l'inféodation<br />

du résidu de la secte au parti nationaliste.<br />

, . ,<br />

Vous rappelez-vous le portrait si saisissant<br />

que M. de Tocqueville a tracé du fameux<br />

Révolutionnaire<br />

: « Je vis paraître à<br />

la tribune, dit M. de Tocqueville, un homme<br />

que je n'avais jamais vu que ce jour-là,<br />

mais dont le souvenir m'a toujours rempli<br />

de dégoût et d'horreur; il avait des joues<br />

hâves et flétries, des lèvres blanches, l'air<br />

maladte, méchant et immonde, une pâleur<br />

sale, l'aspect d'un corps moisi, point de<br />

linge visible, une vieille redingote noire,<br />

collée.sur des membres grêles et décharnés;<br />

il semblait avoir vécu dans un égout<br />

et eu sortir; on me dit que c'était Bianqui.<br />

Comme vous le voyez, Bianqui était peu<br />

séduisant. Il faut pourtant lui rendre cette<br />

justice, qu'il était patriote. En sa qualité<br />

de révolutionnaire , Bianqui gardait le<br />

culte d'une France conquérante. C'est sans<br />

doute en mémoire de ce culte que les derniers<br />

disciples du vieux jacobin se sont<br />

rangés autour de M. de Rochefort et de<br />

M. Déroulède.<br />

Les socialistes d'aujourd'hui ont cessé<br />

d'être chauvins pour devenir pot-de-viniers<br />

comme les opportunistes et les radicaux.<br />

Vous connaissez l'histoire du citoyen<br />

Ranson. Quel jour curieux cette histoire<br />

jette sur la caverne du Grand-Orient 1 C'est<br />

une brouille de deux Frères Trois-Points<br />

qui nous a livré le secret de cette affaire.<br />

Quelle profonde douleur ont ressentie les<br />

chefs des loges quand ils ont vu s'ébruiter<br />

cet affreux scandale ! Ce matin, les nationalistes<br />

somment M. Ranson de se retirer.<br />

Adjuration vaine; le franc-maçon restera<br />

ferme à son banc et -les électeurs se garderont<br />

bien de le rabrouer. Le cas de M.<br />

Ranson est-il, en effet, isolé ?<br />

Ce soir, dans le quartier de la Sorbonne,<br />

grande réunion publique organisée par M.<br />

Jules Auffray. On s'attend à du grabuge.<br />

M. Auffray est un orateur de beaucoup de<br />

talent et d'une grande énergie. S'il est élu,<br />

— comme nous l'espérons, — les opportunistes<br />

et les radicaux trouveront, dans le<br />

nouvel édile, un adversaire qui leur mènera<br />

la vie dure. Le succès de M. Auffray<br />

paraît certain. Son concurrent, le radical<br />

Lefebvre, le combat par tous les moyens<br />

mais sans réussir à le désarçonner. La<br />

crànerie de M. Auffray fait plaisir aux<br />

électeurs et lui gagne bien des suffrages.<br />

Un autre candidat non moins sympathique,<br />

M. André de Fouquières, obtient dans<br />

le quartier des Archives un accueil, que<br />

bien des gens n'osaient prévoir. Franchement<br />

royaliste, il traite la cause de la Monarchie<br />

avec une maestria qui lui conquiert<br />

beaucoup d'amis. Nos adversaires ne s'expliquent<br />

pas cette faveur. De mémoire<br />

d'homme, jamais un royaliste n'avait affronté<br />

le scrutin dans ces parages révolu<br />

tionnaires. L'entreprise de M.|deFouquières<br />

est d'autant plus méritoire.<br />

*%<br />

Vers midi et demi, au moment où les<br />

clients de la taverne Pousset, sur le Boule<br />

vard, étaient en train de déjeuner, le bruit<br />

a couru qu'une tentative d'assassinat avait<br />

été faite sur la personne do M. Loubet. La<br />

nouvelle a paru absolument invraisemblable;<br />

néanmoins, des financiers qui se trou<br />

vaient chez Pousset, ont colporté la rumeur<br />

à la Bourse. Aussitôt la rente se<br />

haussait de deux sols. Voilà comment les<br />

hommes d'affaires ont accueilli cette his<br />

toire. Pauvre Loubet 1 de quel médiocre<br />

prestige il jouit. Le parquet, dit-on, fait<br />

une enquête, mais découvrira-t-il jamais<br />

les individus qui ont les premiers lancé la<br />

nouvelle ? C'est peu probable.<br />

Les mystificateurs qui ont mis en circulation<br />

la fable de l'attentat, se sont rappelés,<br />

sans doute, que quelques jours après<br />

1 élection de Loubet, la plupart des sibylles<br />

de Paris prophétisèrent que le nouveau<br />

président périrait de mort violente. On ne<br />

voit pas quelle influence cet événement<br />

exercerait sur les élections de dimanche<br />

Le choix des électeurs est déjà fait. Ceux<br />

qui sont décidés à voter dès maintenant<br />

pour les nationalistes n'auraient pas<br />

changé d'opinion après la catastrophe. M.<br />

Loubet tient si peu de place dans les<br />

préoccupations du public !<br />

Voici l'histoire que les officieux font cir<br />

culer pour démentir le bruit de l'attentat.<br />

Le président de la République faisait ce<br />

matin une visite à l'Exposition en compa<br />

gnie de M. Roussel, sous-directeur de son<br />

cabinet, quand un camelot, qui connaissait<br />

probablement de vue le président, s'approcha,<br />

des fleurs à la main, et dit :<br />

- « Monsieur Loubet ! Achetez-moi donc<br />

une botte de muguet, cela me portera<br />

bonheur. »<br />

— « Prenez-donc des fleurs à cet homme,<br />

et donnez-lui une bonne étrenne », répon<br />

dit le président en s'adressant à M. Rous<br />

sel.<br />

Ainsi fut fait. Un agent prit la botte de<br />

muguet, et M. Roussel glissa une pièce<br />

dans la main du camelot et le président<br />

continua sa route.<br />

Tel est le minime incident que des Imaginations<br />

trop vives ont transformé en attentat<br />

contre la personne du chef de l'Etat<br />

MÉNALQTJE.<br />

parti socialiste, elle s'impose ; c'est une affair»<br />

de vie ou de mort avec des ministres qui sont<br />

impuissants ou traîtres, des fonctionnaires civils<br />

et des clu%"s militaires qui sont traîtres, une<br />

coalision furieuse de tous les partis de réaction 1<br />

et de tous les pouvoirs d'exploitation. Nous périrons<br />

inévitablement si nous ne sommes pa*<br />

capables de nous défendre nous-mêmes. »<br />

Voilà ce qu'écrivent les soutiens du gouvernement<br />

Waldeck-Millerand.<br />

LA FROUSSE<br />

Paris, 12 mai.<br />

Dans les milieux militaires, on attribue le<br />

fait que contre-ordre a été donné à la convocation<br />

des troupes de la garnison d'Avignon<br />

que le général Pédoya, le nouveau commandant<br />

de la 80e division, avait faite pour son<br />

entrée officielle de ce matin, à 9 heures, dans<br />

cette ville et que la réception du général a été<br />

supprimée, à des considérations semblables à<br />

celles qui firent ajourner la revue du printemps<br />

des troupes de Paris à Vincennes, en<br />

vertu d'une décision du ministre do la guerre<br />

à l'instigation de M. Waldeck-Rousseau.<br />

Le gouvernement redoute, au moment des<br />

élections municipales, des manifestations en<br />

faveur de l'armée ; aussi, la réception du général<br />

Pédoya à Avignon a eu lieu simplement<br />

â l'hOtel de la division.<br />

D'autre part, à Paris, le général Brugère.<br />

ouverneur militaire, n'a pas encore fixé la<br />

ate de la revue ajournée de Vincennes. On dit<br />

qu'elle n'aura lieu qu'à la fin du mois.<br />

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