1 couverture - Bibliothèques de l'Université de Lorraine
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isquent sinon <strong>de</strong> lui <strong>de</strong>meurer d’un accès difficile. Mais sans rien anticiper, pour ne pas<br />
diminuer la tension dramatique. 4<br />
Ces propos éclairent d’une part la différence établie par Overhoff entre l’avant-propos et<br />
le roman en lui-même et l’effet recherché par le genre du roman d’autre part. « Quiconque<br />
veut connaître le passé ne peut seulement le considérer par le gros bout <strong>de</strong> la lorgnette », 5<br />
déclare-t-il à la fin <strong>de</strong> l’avant-propos. La seule connaissance <strong>de</strong>s faits n’est pas suffisante pour<br />
appréhen<strong>de</strong>r l’histoire. La clé qui ouvrira les portes du passé se trouve dans les individus, dans<br />
leur esprit et leur intelligence. C’est une raison supplémentaire – nous avons vu qu’à l’origine<br />
<strong>de</strong> son <strong>de</strong>ssein se trouvait le désir <strong>de</strong> faire œuvre <strong>de</strong> création – expliquant le choix <strong>de</strong> la forme<br />
du roman, préférée à la forme <strong>de</strong> l’essai. Overhoff a voulu faire parler les sources historiques<br />
qu’il a consultées et parfois même intégrées dans le cours <strong>de</strong> son roman (ainsi la <strong>de</strong>scription<br />
<strong>de</strong>s Mongols dans le rapport <strong>de</strong> Pierre <strong>de</strong> La Vigne à Hermann von Salza au tableau 6 et le<br />
début <strong>de</strong> l’exposé <strong>de</strong> l’historien Ibn al-Athir au tableau 17). Mais le travail d’écrivain, dont la<br />
première vertu est l’imagination, a pour fonction <strong>de</strong> combler les lacunes inhérentes aux<br />
sources historiques en faisant agir <strong>de</strong>s personnages, et cette fonction a pour fin d’en montrer<br />
la liberté d’action et d’inciter, par analogie, les contemporains <strong>de</strong> l’auteur à faire <strong>de</strong> même.<br />
L’avant-propos, dans l’aperçu qu’il donne, doit permettre au lecteur, comme l’a écrit<br />
Overhoff à Karl B. Glock dans la lettre citée plus haut, d’appréhen<strong>de</strong>r l’œuvre avec les<br />
connaissances historiques nécessaires sans pour autant amoindrir la tension dramatique ;<br />
Overhoff y présente <strong>de</strong>s personnages impliqués dans les situations géopolitiques mises en<br />
scène dans le roman. L’évocation <strong>de</strong>s circonstances d’actualité dans <strong>de</strong>s pays tels que le Japon<br />
ou l’In<strong>de</strong> permettra au lecteur <strong>de</strong> resituer la scène. Il ne s’agit pas non plus dans l’avantpropos<br />
d’apporter <strong>de</strong>s réponses anticipées aux questions que le lecteur se pose à la lecture du<br />
roman. C’est au lecteur lui-même d’y répondre, comme Overhoff le précisait dans son roman<br />
La Maison sans localisation, en se référant à André Gi<strong>de</strong>. 6<br />
D’une longueur <strong>de</strong> vingt pages, l’avant-propos expose la Chrétienté du XIII e siècle dans<br />
une première partie (sept pages), l’Islam dans une <strong>de</strong>uxième (quatre pages), puis le reste <strong>de</strong><br />
l’Asie dans une troisième partie (trois pages). Overhoff consacre ensuite cinq pages à<br />
4 Lettre d’Overhoff à Karl B. Glock du 09.12.1958 : „Als ein erster ‚Blick durchs Gitter‘ soll sie [die Einleitung]<br />
<strong>de</strong>m Leser nicht nur eine Gesamtübersicht geben, son<strong>de</strong>rn ihm auch das Verständnis von Einzelheiten <strong>de</strong>s Textes<br />
vermitteln, mit <strong>de</strong>nen er sonst vielleicht schwer fertig wird. Das alles ohne etwas vorwegzunehmen und damit<br />
die Spannung zu vermin<strong>de</strong>rn.“<br />
5 „Wer Vergangenes kennen lernen will, <strong>de</strong>r darf nicht nur von fern durchs Gitter spähen wollen, […]“ (Le<br />
Mon<strong>de</strong> avec Gengis Khan, avant-propos, p. 31).<br />
6 „André Gi<strong>de</strong> hat einmal bemerkt, <strong>de</strong>r Schriftsteller müsse es <strong>de</strong>m Leser überlassen, das letzte selber zu fin<strong>de</strong>n.“<br />
(La Maison sans localisation, Cologne, 1960, p. 246).<br />
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