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LES MAUVAISES LANGUES EN NEUROLOGIE - Regifax

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LE JOURNAL FAXE DE <strong>NEUROLOGIE</strong><br />

INFORMATION COMMUNIQUEE PAR L’ANLLF ET LE SNN<br />

Directeurs de la Publication : Dr H. DECHY – Dr J. VRIGNEAUD<br />

<strong>LES</strong> <strong>MAUVAISES</strong> <strong>LANGUES</strong> <strong>EN</strong> <strong>NEUROLOGIE</strong> (première partie)<br />

1) La langue qui dévie (atteintes pyramidales ou<br />

périphériques):<br />

1a. Rappel anatomique: la protrusion de la langue est<br />

réalisée par l’action conjointe des 2 génio-glosses; il s’agit<br />

des muscles les plus volumineux de la langue; chaque<br />

génioglosse porte la langue en avant et vers le côté opposé.<br />

L’action combinée des 2 génio-glosses permet de tirer la<br />

langue en la maintenant sur la ligne médiane. Tous les<br />

muscles d’une hémilangue dépendent du nerf hypoglosse<br />

sauf le styloglosse, qui peut dépendre du glossopharyngien<br />

et dont l’action consiste à relever le bout de la langue.<br />

1b. Dans les atteintes périphériques, unilatérales de<br />

l’hypoglosse, la langue en protrusion dévie du coté de la<br />

lésion, toutefois, au repos, la langue peut être déviée<br />

volontairement du coté sain mais pas du coté de la lésion!<br />

(1). Ceci s’explique de la façon suivante: la protrusion de<br />

la langue est assurée par les deux génioglosses; en cas<br />

d’atteinte du nerf XII, la déviation de la langue en<br />

protrusion du côté opposé au nerf paralysé est due à<br />

l’action non compensée du génioglosse, muscle<br />

extrinsèque dont la force est supérieure aux muscles<br />

intrinsèques. Quand la langue n’est plus en protrusion, elle<br />

peut être tournée du coté normal mais pas du coté<br />

pathologique car à ce moment ce sont les muscles<br />

intrinsèques de la langue qui sont déterminants.<br />

L’hémilangue paralysée s’atrophie rapidement, elle<br />

présente un aspect ridé avec présence de fasciculations.<br />

Une paralysie linguale ipsilatérale par rapport à un<br />

infarctus cérébral hémisphérique peut être d’origine<br />

périphérique et doit faire rechercher une dissection<br />

carotidienne.<br />

L’endartériectomie carotidienne se complique dans<br />

environ 5 % des cas d’une atteinte de l’hypoglosse. Le plus<br />

souvent, la récupération est progressive sans<br />

symptomatologie particulière. Wilson et al.(2) ont observé,<br />

lors de sections partielles de l'hypoglosse, une dysphagie et<br />

une dysarthrie survenant après quelques mois. Ce trouble a<br />

été attribué à une réinnervation aberrante. Le génioglosse<br />

était anormalement actif lors de la rétraction de la langue.<br />

1c. Lors d’atteinte centrale, les accidents vasculaires<br />

hémisphériques unilatéraux peuvent toucher le faisceau<br />

cortico-bulbaire; une déviation de la langue en protrusion<br />

s’observe entre 10 et 50 % des cas (3), le plus souvent vers<br />

le côté paralysé. Au repos, la déviation de la langue est<br />

beaucoup plus rare. Elle peut être ipsi ou controlatérale (4).<br />

Il n’y a pas d’atrophie;<br />

Une atteinte bioperculaire vasculaire produit une<br />

paralysie facio-linguo-pharyngo-masticatrice. Plus<br />

rarement, une atteinte unilatérale pure ou associée à une<br />

atteinte controlatérale n’ayant pas eu de traduction<br />

clinique, peut donner la même symptomatologie (5).<br />

Le syndrome facio-lingual par infarcissement lacunaire<br />

du genou de la capsule interne se caractérise par une<br />

faiblesse faciale controlatérale, une dysarthrie et une<br />

hémiparésie linguale avec déviation ipsilatérale à la<br />

protrusion (6). Un tableau semblable a été décrit après<br />

hématome du genou de la capsule interne (6)<br />

Dans les lésions vasculaires de la partie médiane du<br />

bulbe et plus rarement dans les lésions de la<br />

protubérance, on observe un syndrome caractérisé par une<br />

parésie pyramidale et une atteinte sensitive lemniscale<br />

controlatérale. Il peut y avoir une faiblesse de la langue<br />

ipsilatérale avec déviation du coté paralysé à la protrusion<br />

(7).<br />

2 ) les langues douloureuses<br />

2 a ) Le syndrome cou-langue de Lance et Anthony (8)<br />

consiste en une douleur du cou suivie de paresthésies de<br />

l’hémilangue ipsilatérale. Il est provoqué par la rotation du<br />

cou. Des mouvements de torsion parfois associés à de la<br />

dysarthrie et une déviation transitoire de la langue ont été<br />

décrits et attribués avec prudence à une déafférentation<br />

proprioceptive. Une pathologie de la région atlanto-axoïdal<br />

doit être absolumenr recherchée.<br />

2 b ) Les morsures de langue. Elles ont été étudiées par<br />

Benbadis et al. (9). La morsure latérale de la langue est<br />

hautement spécifique d’une crise tonico-clonique<br />

généralisée. Dans les syncopes, la morsure de langue est<br />

rare et concerne la pointe de la langue.<br />

Des morsures répétées de la langue lors d’un retard mental<br />

doivent évoquer la possibilité d’un syndrome de Lesch-<br />

Nyhan, d’un X fragile ou d’un syndrome de Rett. La<br />

neuroacanthocytose associe entre autres des morsures de la<br />

langue, une détérioration mentale et des tics de la région<br />

faciale.<br />

2 c ) Les lésions nécrotiques d’une hémilangue ont été<br />

décrites dans l’artérite gigantocellulaire de Horton ou lors<br />

d’association Ergotamine-Clarithromycine;<br />

2 d ) la névralgie du glossopharyngien produit une<br />

violente douleur au niveau de l’oreille, de la base de la<br />

langue et de la région amygdalienne ou sous l’angle de la<br />

machoire. Un déclenchement de la crise douloureuse par la<br />

mastication, le fait de parler, le bâillement ou la toux est<br />

fréquent Il peut y avoir pendant la crise de la bradycardie<br />

et une syncope (10).<br />

3) Les formes anormales de la langue. On peut distinguer<br />

la langue aux trois sillons (triple furrowed) des<br />

myasthéniques avec un sillon central et deux latéraux<br />

comme un trident et la macroglossie. Celle-ci doit faire<br />

penser à l’amyloïdose primaire, au syndrome de Down, à<br />

l’acromégalie et au crétinisme.<br />

4) L’atteinte du nerf lingual produit une anesthésie d’une<br />

hémilangue. Ceci peut se produire lors d’extraction de la<br />

3eme molaire inférieure. Le nerf lingual assure en effet<br />

l’innervation gustative (venant de la chorde du tympan) et


sensitive des 2/3 antérieurs de la langue et passe au bord<br />

lingual de la mandibule inférieure (11).<br />

…/…<br />

LE JOURNAL FAXE DE <strong>NEUROLOGIE</strong><br />

INFORMATION COMMUNIQUEE PAR L’ANLLF ET LE SNN<br />

Directeurs de la Publication : Dr H. DECHY – Dr J. VRIGNEAUD


LE JOURNAL FAXE DE <strong>NEUROLOGIE</strong><br />

INFORMATION COMMUNIQUEE PAR L’ANLLF ET LE SNN<br />

Directeurs de la Publication : Dr H. DECHY – Dr J. VRIGNEAUD<br />

J-M GERARD, Hôpital A. Paré, Mons<br />

5 ) les crises d’épilepsie linguales (12) sont rarissimes. On<br />

a décrit des crises cloniques de + ou - 20 secondes<br />

associées à des douleurs à la base de la langue, une<br />

incapacité de parler et parfois une déviation de la langue<br />

postcritique. L’EEG montre des décharges semirythmiques<br />

à 3-5 cycles par seconde. La représentation de la langue se<br />

trouve au niveau de la partie inférieure de la zone sensorimotrice<br />

du cortex.<br />

Il s’y associe parfois une déviation oculo-céphalique et des<br />

décharges cloniques du coin de la bouche.<br />

N.B.la pathologie extra-pyramidale de la langue fera<br />

l’objet d’un prochain article.<br />

Le 7 novembre 1999<br />

1) Rigg J. Distinguishing between extrinsic and intrinsic tongue weakness in unilateral hypoglossal palsy. Neurology 1984; 34: 1367-1368.<br />

2) Wilson J et al. Aberrant reinnervation following hypoglossal nerve damage. Muscle and Nerve. 1994; 17: 931-935. 3) Ghika J et al. Infarcts in<br />

the territory of the deep perforators from the carotid system. Neurology 1989; 39: 507-512. 4) Durieu I et al. La motricité linguale au cours des<br />

accidents vasculaires hémisphériques unilatéraux. Rev.Neurol. 1994; 150: 844-849. 5) Bruyn G et al.The operculum syndrome. In: Vincken J.P.,<br />

Bruyn G.W. (eds).Handbook of clinical neurology. Amsterdam. North Holland Publisch co (Ch 25) 1969; pp.776-783. 6) Bogousslavsky J et al.<br />

Capsular genu syndrome. Neurology 1990; 40: 1499-1502. 7) Aidi S et al. Hémiplégie motrice pure avc paralysie linguale ipsilatérale par infarctus<br />

du pont. Rev. Neurol. 1996; 152: 759-761. 8) Lance JW et al. Neck-tongue syndrome on sudden turning of the head. J. Neurol. Neurosurg.<br />

Psychiatry 1980; 43: 97-101. 9) Benbadis S et al.Value of tong biting in the diagnosis of seizures. Arch. intern. Med. 1995; 155: 2346-2349. 10)<br />

Farrante L et al. Glossopharyngeal neuralgia with cardiac syncope. Neurosurgery 1995; 36: 58-63. 11) Du Pasquier R et al. Atteinte du nerf lingual<br />

après extraction dentaire. Rev. Neurol. 1994; 150: 393-395. 12) Neufeld M et al. Lingual seizures. Epilepsia. 1988; 29:317-318/<br />

ANLLF :<br />

• Région Centre Est : Les prochains ateliers d’épileptologie auront lieu le jeudi 18 novembre à 18h à l’Hôtel<br />

SOFITEL, 20 Quai Gailleton, 69002 LYON, sur le thème « épilepsie au cours d’autres affections neurologiques »<br />

(Dr FISCHER, Dr THIBAULT, Dr PLUS). Inscriptions auprès du Dr F.BRUDON, Fax : 04.78.94.21.93.<br />

• Réactualisation de l’annuaire ANLLF : impérativement retourner la fiche informative pour le 1 er décembre 1999 à<br />

« Nouvelle Norme » à l’attention de Valérie – 43 Square de la Mettrie – 35700 Rennes. Merci de votre respect des<br />

délais.

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