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Lyne Fortin
Voix / Voice
Isabelle Picard
est Butterfly / Takes on Butterfly
L'Opéra de Québec présente
en octobre le célèbre opéra
Madama Butterfly de Puccini.
Lyne Fortin y tiendra le rôle de Cio-
Cio-San – Madame Butterfly –, rôle
qu'elle incarnera pour la première
fois.
La Scena Musicale : Comment
abordez-vous le personnage de
Cio-Cio-San ?
Lyne Fortin : Comme pour tous les
rôles que j’ai faits, je lis la partition,
je lis le texte, je traduis tous les dialogues…
Et à partir de ça, je laisse
parler mon instinct, je laisse monter
ce qui vient à la surface. J’essaie de
voir dans quelles circonstances, moi,
j’aurais à prononcer ces paroles-là.
Bien sûr, il y a tout le contexte. Par
exemple, Madame Butterfly est une
japonaise, à une certaine époque…
Il y a un contexte politique, militaire, économique et tout ça. Je
vais chercher certaines informations à l’extérieur, mais je me fie
surtout à ce qui est dit dans la partition… parce que c’est quand
même un livre qui a quelques centaines de pages ! Et mon plaisir,
c’est de faire marcher mon instinct là-dedans.
LSM : Est-ce que ce rôle comporte des défis particuliers ?
LF : Ce n’est pas vraiment des défis, c’est un peu comme faire du
cross country. Quand tu fais du jogging sur un tapis roulant, ce
n’est pas compliqué, il n’y a pas d’accident de parcours. Tandis
que pour faire du cross country, tu cours dans le champ, tu vas
sauter un trou d’eau, tu vas faire le tour d’une roche... Alors il y a
des obstacles à négocier. C’est surtout le défi de l’entraînement,
de l’endurance, de se connaître et d’utiliser toute sa technique
pour négocier les accidents de parcours le plus efficacement possible
pour que ce soit beau, cette affaire-là ! On ne veut pas que ça
ait l’air difficile. Je veux que les gens soient reposés dans leur siège
et qu’ils soient capable d’embarquer totalement dans l’histoire. La
sécurité a toujours été une de mes priorités. Pas parce que je ne
prends pas de risques, au contraire, mais je m’organise pour que
les gens ne le sachent pas.
LSM : C’est la première fois que vous faites le rôle. Est-ce que
l’occasion s'était déjà présentée ?
LF : On m’avait déjà demandé de faire Butterfly il y a quelques
années, mais je trouvais qu’il était un peu tôt. Ça demande une
maturité vocale et physique que je considère que je n’avais pas
avant. Il y a des rôles qui sont abordables à un certain âge seulement,
en tout cas en ce qui me concerne. Et il y a aussi des rôles
qu’on abandonne. La voix change, la texture de la voix change et
physiquement on change. C'était la même chose quand j’ai fait
Traviata : j’ai commencé à apprendre Traviata quand j’avais vingt
ans, mais je l’ai chantée pour la première fois quand j’en avais
trente. Il y a des choses qui prennent du temps à maturer. p
Lyne Fortin en Missia Pamieri (La Veuve joyeuse,
Opéra de Québec, 2002). Photo : Louise Leblanc
This fall, Canadian soprano Lyne
Fortin takes on the role of Cio-
Cio-San in Puccini's Madama
Butterfly for the first time.
LSM: How will you approach the role
of Cio-Cio-San?
Lyne Fortin: Like all roles I take on, I
begin with the score, read the text and
translate all the dialogues... From there,
I listen to my instincts, and let rise what
will come to the surface. I try to see in
what situations I would say those
words. I look at the context. For instance,
Butterfly is a Japanese woman from
a time in history... with a specific political,
military and economic context. I
search for external facts, but I always
rely on the score because it is a great
resource. I get the most pleasure out of
developing my inspiration from those
pages.
LSM: Does the role present particular challenges?
LF: They are not really challenges. I liken it to cross-country running.
Unlike training indoors, when running outside in a field, one encounters
obstacles like streams and rocks. It's the challenge of practicing,
endurance, knowing yourself and using your technique to negotiate
the twists and turns of the course most efficiently to arrive at a beautiful
outcome. One doesn't want to show that the effort is difficult. I
want the public to relax in their seats and be able to immerse themselves
totally in the dramatic experience. I always want to feel sure of
myself, not because I don't take risks – on the contrary – but just to
be sure that the listener doesn't sense I'm taking risks.
LSM: This is your first time in the role. Has the opportunity presented
itself before?
LF: I was asked to do the role several years ago, but it was too soon.
The role requires a vocal and physical maturity that I didn't feel I had
then. There are roles that should be sung only at a certain age, at least
for me. And there are roles that one gives up as well. The voice
changes, the texture and physiology of the voice change and one
changes physically as time goes by. When I took on Traviata, it was the
same – I started learning the character when I was 20, but I only sang
it for the first time when I was 30. Some things take time to mature. p
[Translation: Wah Keung Chan]
Opéra de Québec
Les 22 (19 h), 25, 27 et 29 (20 h) octobre
Madama Butterfly de Giacomo Puccini
Lyne Fortin (Cio-Cio-San), David Pomeroy (Pinkerton), Allyson
McHardy (Suzuki), Marc Belleau (Sharpless), Benoît Boutet (Goro),
Orchestre symphonique de Québec sous la direction de Giovanni
Reggioli. Mise en scène et scénographie originale de John Pascoe.
Grand Théâtre de Québec
www.operadequebec.qc.ca – (418) 529-0688
28 octobre 2005 october